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20 juin 2025
Par Mamadou Oumar NDIAYE
CES TRAINS MUNICIPAUX QUI ARRIVENT A L’HEURE…
En perspective des élections locales de janvier prochain, « Le Témoin » a choisi de jeter un coup de projecteur sur les success stories— mais si, mais si ça existe — de nos mairies.
Et si, pour une fois, on s’intéressait aux trains qui arrivent à l’heure ! En perspective des élections locales de janvier prochain, « Le Témoin » a choisi de jeter un coup de projecteur sur les success stories— mais si, mais si ça existe — de nos mairies.
A l’opposé de l’image d’Epinal de ces collectivités dont les édiles sont considérés au niveau de l’opinion comme d’indécrottables vendeurs de terrains, autrement dit des spéculateurs fonciers, et aussi des adeptes de la politique de « cantinisation » à outrance, - fraudeurs à l’état civil et autres joyeusetés, nous, pour une fois, voulons montrer qu’il y a d’autres types de maires.
Des maires qui investissent — en particulier dans l’éducation et la santé mais pas seulement —, qui sont proches de leurs administrés, qui ont su rendre leurs communes attractives aux investisseurs. Des maires, surtout, qui gèrent leurs budgets, souvent maigres, en bons pères de familles comme on dit. Qui ont à cœur d’améliorer les conditions de vie de leurs mandants et d’éradiquer un tant soit peu la pauvreté dans leurs terroirs.
Vaste chantier, on en conviendra, tant les ressources de nos collectivités locales sont limitées même si l’Etat, par le biais des fonds de concours et de dotation, tente de leur venir en aide. Avec l’assistance de consultants, nous avons donc choisi 20 mairies, dont nous estimons qu’elles sont bien gérées — pour ne pas dire qu’elles sont les mieux administrées du pays — afin de les faire connaître à nos lecteurs au cours des prochains mois. Bien sûr, comme toute œuvre humaine, ce travail sera critiqué et ne fera pas l’unanimité. Nous en sommes conscients.
Mais nous avons tenté d’être les plus objectifs — si tant est que l’objectivité existe — possible dans le choix des communes composant ce Top 20. Lequel se veut représentatif de nos collectivités puisque celles qui ont été retenues se situent dans presque toutes les régions de notre pays même si nous avons volontairement écarté le département de Dakar pour des raisons aisément compréhensibles. Bien évidemment, elles sont majoritairement dirigées par des maires APR mais on y trouve aussi des édiles de partis alliés à la formation présidentielle et aussi, en infime minorité hélas, de l’opposition. Les femmes non plus n’occupent pas le gros du peloton, loin s’en faut, même si elles y figurent.
Enfin, l’importance du budget ne joue pas dans ce choix puisqu’on trouve dans ces 20 happy des communes rurales très pauvres mais, on l’a dit, bien gérées. A preuve, nous commençons cette série de reportages par une commune du fin fond de la région de Kolda, celle de Médina Chérif. Les critères qui ont fondé notre choix se basent sur les réalisations, l’innovation, la bonne gouvernance et la transparence. Accessoirement, le budget. Bonne lecture et à dans 20 semaines inch’Allah pour connaître la commune la mieux gérée du Sénégal ! Du moins, à nos yeux…
MAGISTRATURE, LES RAISONS D'UN MALAISE
Il y a grogne aussi bien au sein des procureurs qu’au niveau des juges du siège
L’accession du président Macky Sall au pouvoir coïncide avec la démission de trois magistrats et des problèmes à n’en plus finir au sein de ce corps prestigieux. Selon nos sources, ces démissions ne sont pas fortuites car provenant d’une accumulation de frustrations qui découleraient de la Chancellerie. D’autres départs pourraient même suivre, nous assure-t-on.
Un vent de rébellion souffle au sein de la magistrature. A tout le moins, un vent de frustration. Qu’on le reconnaisse publiquement ou non, un malaise couve au sein de cette auguste corporation. Il y a grogne aussi bien au sein des procureurs qu’au niveau des juges du siège. Selon des sources dignes de foi, et c’est un secret de polichinelle, il existe un véritable fossé entre les anciens et les jeunes magistrats. Pour étayer ses propos, notre interlocuteur nous renvoie à la démission au sein de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums) du premier président de la cour d’appel de Kaolack, le juge Ousmane Kane. Ce dernier avait épuisé sa capacité à supporter les «insultes» de jeunes magistrats à l’endroit de la hiérarchie judiciaire.
Opposé à son subordonné Yaya Amadou Dia à propos d’accusations portées par ce dernier contre lui, le teigneux juge Ousmane Kane avait claqué la porte de l’UMS. Yaya Amadou Dia lui-même avait démissionné avec fracas et en pleine audience lors du procès de Karim Wade lorsque le fils de l’ancien président de la République était jugé pour enrichissement illicite. Il protestait contre la manière dont le président Henry Grégoire Diop dirigeait les débats. Mais la démission la plus spectaculaire, c’est sans doute celle du juge thiessois Ibrahima Hamidou Dème qui s’est lancé dans la politique.
Une des raisons de la grogne des magistrats, c’est la non- tenue du Conseil Supérieur de la Magistrature depuis un an. Selon notre interlocuteur, beaucoup de magistrats, qui étaient en détachement, attendent toujours d’être réintégrés sans compter des postes vacants non encore occupés dont le plus emblématique est celui de doyen des juges d’instruction du tribunal régional hors classe de Dakar. Mais surtout, la plus grande source de frustration, celle qui a fait que les juges sont vent debout contre le président de la République c’est la réforme inédite entreprise par ce dernier et instaurant un régime de retraite à la carte, ou à la gueule du client. Selon que l’on sera accommodant avec le pouvoir ou rebelle, on ira à la retraite à 65 an ou 68 ans ! Il suffit pour avoir le droit de bénéficier d’un bonus de trois ans, de courber l’échine pour se retrouver à la tête des bonne juridictions…
Enfin, certains jeunes magistrats rebelles ne veulent plus que la chancellerie se mêle des dossiers qu’ils jugent. Selon l’un d’entre eux, dans plusieurs dossiers, il y a eu la main mystérieuse de l’Exécutif. Si certains ne veulent pas obtempérer, ils sont mis au frigo et ramenés au niveau du ministère. « C’est le cas de beaucoup de jeunes magistrats qui sont affectés au ministère car la Chancellerie n’a pas une mainmise sur eux. C’est pourquoi, les magistrats demandent toujours l’indépendance de la justice » a martelé notre source.
Selon toujours ce dernier interlocuteur, cette immixtion de l’Exécutif est devenue plus patente avec l’avènement du président Macky Sall au pouvoir. « Jamais dans l’histoire judiciaire du pays, on n’a vu autant de dossiers où les hommes politiques sont mis en cause que sous l’actuel président. Or, lorsque la politique entre par la porte, le droit sort par la fenêtre », soutient notre juge.
A l’en croire, si l’on n’y prend garde, beaucoup de jeunes magistrats risquent de quitter le corps. Rien que cette semaine, deux magistrats ont décidé de rejoindre les rangs des avocats où ils se sentent plus libres.
DISPUTE, AUTOUR D’ENFANTS MINEURS, ENTRE UN VEUF ET SON BEAU-PERE !
Hier, un linge sale s’est lavé non pas en famille mais plutôt en audience publique devant le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye.
Poursuivi pour détournement de mineurs, Mamadou Fall a nié les faits devant la barre du tribunal de Pikine Guédiawaye. Son beau-fils, Mouhamadou Mansour Sy Cissé, l’avait attrait à la barre car il refuse de lui remettre ses deux enfants issus de l’union avec sa fille décédée. L’affaire est mise en délibéré pour le 15 juillet prochain.
Hier, un linge sale s’est lavé non pas en famille mais plutôt en audience publique devant le tribunal des flagrants délits de Pikine-Guédiawaye. Un père de famille du nom de Mouhamadou Mansour Sy Cissé a décidé, après le décès de sa femme, de réclamer la garde de ses enfants. Malheureusement, il sera confronté au refus catégorique de son beau-père, Mamadou Fall, qui ne comprend pas les raisons pour lesquelles son beau-fils l’accuse d’avoir détourné ses petits-fils.
A la barre, Mouhamadou Mansour Sy Cissé a expliqué qu’il a divorcé avec la maman de ses enfants depuis 2018. « Elle m’avait supplié de lui laisser la garde des enfants puisque j’étais instable car ne restant pas sur place. Puisqu’elle était malade, je n’ai pas voulu de tiraillements et je lui avais laissé la garde temporairement. Entre temps, je me suis remarié. Ainsi, quelques jours avant la fête de la Tabaski de 2019, j’ai demandé à mon ex épouse que les enfants viennent passer la fête chez moi. Malheureusement, quelques semaines avant la fête, elle est décédée. J’ai demandé, après plusieurs mois d’attente, que le prévenu me remette mes enfants, mais il refuse tout en me demandant leurs actes de naissance », a expliqué le plaignant.
Selon le prévenu, Mamadou Fall, le père biologique des enfants a fui ses responsabilités. « Ma défunte fille a eu un Avc chez lui. Il m’a dit qu’il n’y avait personne avec elle à la maison car il servait au Walo. Je suis allé à Mbour pour la récupérer et l’amener à bord d’une ambulance médicalisée au niveau de l’hôpital de Fann. Les frais étaient de l’ordre de plus d’un million FCFA. Il n’a sorti aucun franc pour soulager la maladie de ma fille mourante. Avec l’hospitalisation de ma fille, il m’a demandé de garder les enfants à la maison.
Après le décès de ma fille, ses parents sont venus réclamer les enfants. On est tombé d’accord pour qu’il récupère le garçon et que la fille puisse revenir après la fête de Tabaski pour continuer les études. Après cela, grande a été ma surprise, donc, de constater une plainte au commissariat de Pikine dans laquelle on me reproche le délit d’enlèvement », a expliqué le prévenu.
La présidente du tribunal lui a alors demandé s’il est prêt à restituer les enfants à leur père biologique. « Si c’est la décision du tribunal, je suis prêt à l’exécuter car je suis un citoyen qui respecte les lois et règlements de son pays », a promis M. Fall. Dans le même sillage de l’interrogatoire d’audience, le maître des poursuites, Saliou Ngom, a fait comprendre au grand-père qu’il n’a aucun droit sur les enfants du moment que leur père biologique est vivant et les réclame.
L’avocate de la partie civile, Me Fatou Sarr, a soutenu que les faits sont constants. « M. Cissé a demandé depuis l’enquête préliminaire que son beau-père lui donne ses enfants. Ces derniers lui ont été confiés et celui qui a confié est le père. La rétention des enfants s’est faite contre la loi. C’est une détention illégale d’enfants mineurs. Je sollicite la restitution des enfants sous astreinte de 100 mille FCFA par jour de retard. Vous ordonnerez l’exécution provisoire et la contrainte par corps au maximum », a plaidé la robe noire. Le procureur de la République, Saliou Ngom, faisant la genèse de l’affaire, a expliqué que c’est suite au décès de son exfemme que la partie civile a décidé de réclamer ses enfants à son beau-père qui refuse de les lui remettre. « Il ne s’agit pas de détournement de mineurs. Il s’agit d’un cas de non représentation d’enfants. Il y a une cassure entre la famille du mari et celle du beau-père. Je requiers une peine d’apaisement et la requalification des faits en non représentation d’enfants » a précisé le maître des poursuites.
L’avocat de la défense, Me Pape Mor Niang, a posé une véritable équation juridique qui a nécessité par la suite des éclairages aussi bien de l’avocate de la partie civile que du parquet. Selon lui, son client est poursuivi pour détournement de mineurs. « Il a expliqué comment les enfants ont atterri entre ses mains. Ces derniers sont venus vers lui par l’entremise de leur père. Si ce dernier s’était comporté en bon père de famille, nous n’en serions pas là. Le grand-père a eu à exercer le rôle de père pour ces enfants. C’est une garde de fait à la suite du décès de leur maman. S’il y a des reproches à faire, c’est à la partie civile qu’il faut les adresser... Il faut que les éléments constitutifs du délit soient bien établis...
Si le père voulait réellement récupérer les enfants, il y a des voies de recours légales prévues par la loi. C’est un père irresponsable qui n’a jamais agi en vrai père de famille. Le délit de détournement n’est pas établi car le père a donné volontairement les enfants au prévenu. Je demande de bien vouloir débouter la partie civile de sa demande », a plaidé Me Niang. L’affaire est mise en délibéré pour le 15 juillet prochain.
A LA DECOUVERTE DE MEDINA CHERIF, COMMUNE DE REFERENCE AU CŒUR DU FOULADOU
A 6 kilomètres de Diaobé, plus grand marché hebdomadaire de la sous-région, sur la route nationale, on débouche sur Médina Chérif, le chef-lieu de la commune éponyme où vivent 16 mille âmes reparties entre 57 villages
Longtemps laissée en rade dans la marche du pays, la commune de Médina Chérif (région de Kolda), affiche aujourd’hui un visage avenant tant sur le plan de la réalisation de services sociaux de base que concernant l’exploitation efficace de ses potentialités. Une prouesse locale réalisée sous la conduite du maire de cette commun rurale, Mamadou Gano, qui s’est illustré de fort belle manière avec une gestion orthodoxe et novatrice au profit des populations de cette localité nichée dans le Sénégal des profondeurs. Une commune aux ressources financières extrêmement modestes, certes, mais bien gérées sous la houlette d’un maire, justement, professeur à la faculté des sciences économiques et de gestion de l’UCAD. Ceci expliquant sans doute cela ! Reportage…
A 6 kilomètres de Diaobé, plus grand marché hebdomadaire de la sous-région, sur la route nationale, on débouche sur Médina Chérif, le chef-lieu de la commune éponyme où vivent 16 mille âmes reparties entre 57 villages. Au centre de la région de Kolda, cette commune d’une superficie de 300 Km² est sortie de l’anonymat grâce à des avancées significatives notées sous la houlette de son maire, Mamadou Gano. Exemple : tout juste à l’entrée du village se dresse, devant le visiteur, le deuxième collège de la commune réalisé sous l’ère de l’actuel édile de la localité à travers un partenariat entre sa municipalité et un organisme français. Dans les parages, un groupe d’élèves devise après la fin des cours. Sac sur le dos, sourire au visage, Issaga Baldé, en compagnie de ses camarades, ne cache pas sa joie en évoquant les réalisations dont bénéficie sa communauté depuis quelques années. « Nous sommes vraiment heureux car nous étudions dans de bonnes conditions depuis que ce CEM a ouvert ses portes. Nous ne sommes plus obligés de quitter Médina Cherif pour pouvoir poursuivre très loin d’ici nos études comme le faisaient nos frères et sœurs il y’a juste quelques années. Mais ce qui nous a le plus aidés, en plus de ce collège, c’est l’installation des panneaux solaires dans notre village. Car, ils nous permettent de bien réviser nos cours la nuit une fois à la maison alors qu’avant, nous faisions cela à la lueur des bougies », apprécie, juché sur sa bicyclette, l’élève en classe de 3ème.
A deux kilomètres de là, se trouve Némakounda. Une localité de la commune de Médina Cherif qui jouxte les villages de Djiattafa, de Saré Koba et de Kossanké, localités réputées les plus difficiles d’accès de toute la zone. Là également, la construction d’un pont de franchissement témoigne des réalisations du maire aux yeux de ces populations longtemps déconnectées du reste du monde notamment en période d’hivernage. Sur place, à quelques mètres de l’ouvrage, c’est sur un ton empreint de soulagement qu’Abdoulaye Diao raconte ce qui était jadis un calvaire de toute une communauté. « Les habitants de plus de 20 villages empruntaient ce trajet. Mais dès que les premières gouttes de pluie touchaient le sol, toute cette partie de notre commune était coupée du reste du monde. Car pour la traversée, c’était un véritable calvaire. L’eau pouvait arriver jusqu’au torse de ceux qui s’aventurait à emprunter ce chemin. Mais le plus difficile, c’était de voir des femmes qui, pour des raisons sanitaires, surtout celles en période d’accouchement, peinaient à rallier le poste de santé situé de l’autre côté du village de Kossanké. Mais Alhamdoulillah ! Notre municipalité, avec l’aide de ses partenaires, a pris en charge cette problématique à laquelle étaient confrontés nos villages », témoigne notre interlocuteur entouré de ses amis sous un arbre à palabre.
La gent féminine, au cœur du sursaut !
Dans les remarquables efforts déployés par leur maire pour sortir de l’ornière une contrée de 16 mille habitants, les femmes de Médina Chérif ne sont pas en reste. Avec l’appui financier et matériel de la municipalité, elles ont investi divers secteurs d’activités en vue de participer pleinement à l’essor de leur terroir. Présidente d’une coopérative, Binta Diao est une d’entre elles. La quarantaine, vêtue d’un sobre habit traditionnel, c’est avec fierté que Binta s’épanche sur le rôle que joue la gent féminine dans le développement de sa commune aux côtés du maire. Pour aborder le sujet, elle s’assoit avant d’enlever le foulard qu’elle pose minutieusement sur ses jambes. « En tant que femmes et actrices de développement, nous sommes mobilisées très tôt pour ne pas rester derrière. Mais pour cela, nous nous sommes organisées en coopérative avec plusieurs groupements de femmes en son sein. Puis, avec l’appui de notre municipalité, les membres de la coopérative ont toutes pu bénéficier de formation ainsi que du matériel comme les moulins qui nous permettent de transformer notre production. Ainsi, présentement, nous nous activons dans les domaines du maraichage, de la riziculture, et même dans l’élevage. Et ce sont toutes ces activités que nous menons, en collaboration avec la municipalité, qui nous assurent actuellement des conditions de vie décentes au sein de nos ménages », confie avec une grande satisfaction Binta Diao, leader des femmes au cœur du combat pour le développement de Médina Chérif.
«NOUS SOMMES PASSES DE 5 % A PLUS DE 50 % D’ACCES A L’EAU POTABLE AVEC LA REALISATION DE 4 FORAGES»
A la tête de la municipalité de Médina Chérif, dans la région de Kolda, Mamadou Gano, grâce à une gestion remarquable sur plusieurs secteurs, a réussi à intégrer notre Top 20 des maires du Sénégal.
A la tête de la municipalité de Médina Chérif, dans la région de Kolda, Mamadou Gano, grâce à une gestion remarquable sur plusieurs secteurs, a réussi à intégrer notre Top 20 des maires du Sénégal. Dans cet entretien accordé au « Témoin », M. Gano explique la particularité de sa mission, les potentialités qu’offre sa commune, les réalisations effectuées sous son magistère, ainsi que les quelques obstacles auxquels lui et son équipe font face.
Le Témoin : Vous êtes l’un des maires dont la gestion est citée en exemple dans toute la région de Kolda. Parlez nous donc de ce que vous avez fait à la tête de la commune de Médina Cherif depuis votre élection en 2014 ?
Mamadou GANO – À notre arrivée, en 2014, nous avons trouvé que Médina Chérif souffrait d’un manque grave d’infrastructures sociales de base. Par exemple, dans toute la commune, il n’y avait que deux postes de santé. Or, nous sommes dans une zone densément peuplée mais très enclavée surtout pendant l’hivernage. A partir de ce constat, la première chose que nous avons faite, c’est de donner aux populations des services sociaux de base. L’autre aspect, c’est le fait qu’en tant qu’élu local, j’ai jugé nécessaire d’apporter du nouveau par rapport à ce qui se passait dans les relations entre administrateurs et administrés. De ce fait, nous avons mis l’accent sur l’inclusion et la participation des citoyens dans la gestion des affaires locales. Cela nous permet chaque année, d’abord sur les opérations budgétaires, de faire ce qu’on appelle les budgets participatifs. Un mode de gestion qui se traduit par des rencontres dans tous les villages pour que les populations expriment leurs véritables préoccupations. Ensuite on organise ce qu'on appelle des foras de zone où les représentants de chaque village se retrouvent avec l'équipe municipale pour discuter des investissements prioritaires à réaliser dans chaque zone, et les charges à prendre dans le cadre du fonctionnement. Une fois que ce processus est fini, on élabore ce qu'on appelle un plan d'investissement annuel. Ensuite, on part vers l'élaboration et le vote du budget proprement dit, un processus qui nécessite aussi d'inviter d'autres acteurs pour s'assurer que les préoccupations exprimées par les populations ont été bien prises en compte par l'équipe municipale. Tous les trois mois, on se retrouve non pas seulement les conseillers mais aussi les populations qui sont directement représentées et elles peuvent nous aider à évaluer l’exécution du budget. Donc, tout se fait dans la transparence. En tant que maire, nous rendons compte aussi bien à l'équipe municipale qu’aux populations.
Qui dit Médina Chérif dit également Anambé, zone dans laquelle se trouve l’une des plus grandes vallées rizicole du pays. Pourquoi cette potentialité n’a-t-elle pas eu un impact décisif pour le développement de votre localité ?
Effectivement, la commune de Médina Cherif abrite l’essentiel du potentiel hydroélectrique du bassin de l’Anambé, notamment sa partie aménagée. Sur les 16000 hectares aménagés, la commune dispose à elle seule de 2600 hectares. Si la surface du bassin de l’Anambé est répartie entre cinq communes, notre localité à elle seule dispose de 50 % de cette surface. Nous avons également au minimum entre 6000 et 10.000 hectares « rizicultivables » et non aménagés. L’exploitation éventuelle de cette surface ira de soi avec un développement fulgurant de cette localité. L’autre avantage est aussi le fait que notre localité est bien arrosée par deux cours d’eau que sont le fleuve d’Anambé et celui de Kayanga. Mais malheureusement, la municipalité de Médina Chérif ne tire pas profit des milliards de francs que draine le bassin de l’Anambé. Ce qui s’explique surtout par l’absence d’infrastructures marchandes. Par exemple si on n’avait un grand marché ou une gare routière, ça allait créer d’autres activités économiques dans la contrée. Ce qui ferait que chaque jour ou chaque semaine, la municipalité allait pouvoir récupérer des recettes de ces infrastructures. Mais malheureusement, notre commune ne perçoit pas beaucoup de taxes. Actuellement, l’essentiel de nos ressources proviennent principalement du marché à bétail et de l’impôt sur le minimum fiscal qu’on appelle taxe rurale en général. C’est pourquoi, nous sommes allés chercher des partenaires, en développant la coopération et le partenariat public-privé.
Concrètement, quels sont les retombés d’une telle politique sur la marche de votre commune ?
Que ça soit sur le plan national ou sur le plan international, nous avons noué plusieurs partenariats et les résultats sont manifestes. Grâce à une coopération espagnole, nous avons obtenu une ambulance pour le poste de santé d’Anambé. Notre partenariat avec les Français nous a permis aussi de construire un collège dans le même village. On est passé de zéro bâtiment (100 % abris provisoires) en 2016 pour arriver à la construction de 12 salles de classe en fin 2018. Dans ce projet, notre partenaire a débloqué 70 % du financement et la municipalité a assuré le reste. Grace à une autre coopération allemande, la commune a pu obtenir également un deuxième collège. Nous avions aussi mis le curseur sur le volet santé. En effet, il y avait beaucoup de problème d'accès aux soins de santé. Avec notre partenaire, nous avons construit un poste de santé que nous avons équipé avant de recruter le personnel. Ce qui a été vraiment un acquis considérable. Pour Anambé, nous avons recruté aussi une sage-femme tandis qu’à Médina Cherif la maternité est en phase d’être rénovée. Dans la même dynamique, la commune a pu acquérir deux autres ambulances. C’est dire que la municipalité a consenti beaucoup d’efforts et nous attendons que le ministère de la Santé nous appuie pour mieux prendre en charge le personnel recruté
Sur le plan de l’élevage, qu’est ce qui est à l’actif de votre municipalité au profit des populations de votre commune très actives dans ce secteur ?
Vous savez, l’hydraulique est au cœur de toute activité d’élevage. Et en ce sens, nous avons beaucoup travaillé dans la réalisation de forages avec nos partenaires. D’ailleurs, nous sommes passés de 5 % à plus de 50 % d’accès à l’eau potable avec la réalisation de quatre forages. Le premier, qui a été construit par le MCA, est déjà en service et il y a trois autres du PUDC qui sont en cours d’achèvement et seront livrés cette année ci. Et ces trois forages vont raccorder chacun, avec 12 kilomètres de réseau, plusieurs villages très peuplés. Pour mesurer les efforts consentis dans ce domaine, à mon arrivée à la tête de cette municipalité, seules les populations du village d’Anambé avaient de l’eau potable laquelle provenait d’ailleurs de Diaobé. Donc aujourd’hui, sur ce plan, c’est aussi l’ensemble des éleveurs de la zone ainsi que les maraichers qui sont bien servis pour le développement de leurs activités. En plus de cela, d’ici un mois, nous allons lancer un ambitieux programme avec comme principal objectif : une famille, une vache. L’idée est d’ailleurs en pratique avec d’abord les groupements féminins de la commune très engagées dans ce domaine
Quels sont les obstacles auxquels vous êtes confrontés et qui retarderaient l’envol économique de cette contrée malgré les efforts déployés sous votre magistère ?
Actuellement, l’un des principaux blocages qui se dresse devant nous est le problème de mise en valeur. C’est-à-dire comment créer le plus de valeur ajoutée en mettant en place des unités de transformation qui apporteraient toute une chaine de valeurs. Or, si vous avez une chaine de valeurs, et qu’il y a des chainons manquants, cela ne signifie pas grand-chose. C’est pourquoi, actuellement, nous sommes en train de négocier avec des partenaires. L’un d’entre eux, qui est un Sénégalais ayant créé une grande usine de production de pâtes d’arachides, va bientôt s’implanter à Médina Chérif dans le cadre d’une convention municipale. Par ailleurs, l’une des difficultés majeures à laquelle nous faisons face c’est le manque de pistes rurales. Cette situation contribue le plus à plonger notre localité dans l’enclavement. Pourtant Médina Cherif peut, si des routes y sont réalisées, constituer un grand carrefour sous régional. Ce, dans la mesure où la commune est à mi-chemin des localités de Ouassadou et de Kandjia, qui sont respectivement frontalières avec la Guinée Bissau et la Gambie. C’est pourquoi, nous sollicitons vraiment l’Etat central afin que les autorités concernées se penchent sur la résolution de cette problématique rurale.
Nous sommes à six mois des élections locales qui, manifestement, tombent dans un contexte où le pouvoir en place fait face d’un coté à de rudes contestations et, de l’autre à des dissensions internes quant au choix des candidats devant conduire les listes de la majorité. Ne craignez-vous pas, en tant que maire membre de l’APR, que cette situation risque de vous pénaliser lors de cette échéance face à une opposition décidée à conquérir les municipalités aux mains de la mouvance présidentielle ?
En 2012, nous avons travaillé pour élire le président Macky Sall par rapport à son projet politique. Aux élections locales, nous nous sommes battus aussi pour que la coalition Benno Bokk Yakaar puisse remporter la majorité des communes du Sénégal. Et sur les 557 collectivités, il y a 500 communes contrôlées par l'APR et ses partis alliés. C'est le même travail que nous sommes en train de refaire. Donc, tant que cadre du parti, et en tant qu'un des alliés de la première heure du président de la République, mais surtout grâce à mon bilan applaudi par les populations de ma commune, je n’ai pas de soucis à me faire concernant ces élections à venir. Cependant, des rivalités internes ne manquent souvent pas parce qu’il s’agit d’élections. Ce qui est le plus important, c'est de permettre au parti, à la mouvance présidentielle de gagner largement ces élections et de permettre au président de la République de gouverner librement jusqu'à la fin de ce second mandat. Nous avons l'espoir de rempiler, les réalisations sont là, les populations ont compris et continuent de nous soutenir.
Portrait : Gano, un maire au parcours atypique
Son parcours force l’admiration ! Fils de paysan, né à Anambé, village où le chemin menant vers la conduite des troupeaux et les travaux des rizières était plus prisé que celui de l’école, Mamadou Gano a eu la chance d’opter pour les salles de classe ! Ce fut le départ d’une aventure hautement chaotique mais empreinte de courage et d’ambition. L’enfant Gano prit ainsi la route de Hawaraba, village où il obtint, en 1991, son certificat de fin d’études élémentaires. Puis, après avoir fréquenté le collège d’enseignement moyen de Dabo, localité située à des kilomètres de son village natal, Gano il atterrit à Kolda où, il décrochera, au lycée Alpha Molo Baldé, le baccalauréat en série S2. Nous sommes en 1999. Un diplôme qui lui ouvre les portes du l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. « Dans mon village, je suis le premier à avoir obtenu le baccalauréat. Et, aussi, le premier à avoir décroché la licence et la maîtrise. A l’époque, dans la contrée, et même dans les zones environnantes, c’était chose rare de voir quelqu’un qui a le Bac. Même en 2012, il n’y avait pas beaucoup de cadres dans cette commune et donc, quelque part, la communauté était gérée par des illettrés qui, malheureusement pour nous, n’avaient pas de vision politique, économique ni sociale pour le développement de cette commune », nous raconte le maire dans l’enceinte de son domicile situé au cœur du village d’Anambé et bercé par les cris d’oiseaux. « Aujourd’hui, j’ai réalisé mon rêve qui était de devenir professeur de sciences économiques à l’Université !» s’exclame fièrement Mamadou Gano qui est assurément une illustration de la méritocratie républicaine et aussi une preuve que l’ascenseur social fonctionne fort heureusement dans ce pays.
Entrée en politique d’un cadre
Son rêve d’enfance réalisé, Mamadou Gano fera vite face à une réalité qui lui fera vite comprendre que les poches d’un universitaire ne sauraient à elles seules tenir face à la précarité des siens laissés au bercail. « En voulant aider ma communauté, je me suis rendu compte, à un certain moment que mon salaire ne peut régler les problèmes de toute une localité. Et j’ai compris également que le développement d’un pays va de pair avec sa bonne gestion du point de vue politique. C’est ainsi qu’en 2008, je me suis lancé en politique. Un engagement qui a coïncidé avec le lancement du parti Alliance pour République (APR). J’ai milité jusqu’à être élu maire de Médina Chérif. En ce temps, nous n’avions même pas d’électricité dans toute notre localité. L’essentiel des écoles étaient des abris provisoires. Aujourd’hui, avec mon équipe municipale, on a pu relever les défis en faveur des populations », se réjouit M. Gano. Falilou Mballo
Par Abdoulaye Bamba DIALLO
LE SENEGAL NE BRÛLERA PAS
Il est de bon ton que l’on ne se fasse pas de cadeaux entre adversaires dans l’univers impitoyable de la politique. Pour autant, le procès fait au pouvoir actuel par certains défenseurs des libertés est-il juste ?
Les réformes apportées au Code Pénal et au Code de Procédure Pénale ouvrent un nouveau champ de bataille. Cela marque un tournant entre l’opposition la plus radicale et les dirigeants de la majorité présidentielle dans leur conception réciproque de la gestion des affaires publiques. Certes, il est de bon ton que l’on ne se fasse pas de cadeaux entre adversaires dans l’univers impitoyable de la politique. Tout de même diriger un Etat exige une posture faisant prévaloir la défense et la préservation des intérêts souverains du pays quelle que soit la rudesse des coups qui vous sont portés.
Pour autant, le procès fait au pouvoir actuel par certains défenseurs des libertés est-il juste ? Le terrorisme est bel et bien une menace planétaire. A ce titre, il plane sur les cinq continents et ne devrait laisser insensible aucun Etat sérieux et responsable. Le savant et homme politique Cheikh Anta Diop a depuis longtemps établi que la sécurité est le préalable au développement. Un pays, comme le nôtre en période d’émergence et qui tend vers le développement avec le potentiel récent mis en exergue par la découverte de ses potentialités énergiques et minières, ne peut se croire à l’abri de tentations, de calculs, de luttes et de convoitises par toute sorte d’adversité ne reculant devant aucune tentative de déstabilisation pour parvenir à ses fins.
Plus que de l’ignorance ou de la bêtise, ce serait de la félonie ou de la haute trahison que de croire qu’une pandémie comme la Covid-19 ainsi que le terrorisme qui sont en passe de déstabiliser tous les Etats du Sahel en menaçant l’unité nationale, la cohésion sociale puissent laisser intact un pays comme le nôtre. Pire ou mieux, c’est selon, le terrorisme verbal, le refus du dialogue, les postures extrémistes et radicales ainsi que la défiance de plus en plus grande à l’endroit des Institutions et de ses représentants sont les manifestations les plus évidentes que le terrorisme est bien installé chez nous.
Les escarmouches des trois jours de mars dernier sont bien des manifestations de la présence terroriste sous nos cieux. L’Etat a su bien réagir avec mesure et responsabilité en usant des instruments les plus adaptés à pareille situation pour faire face à cette tentative de déstabilisation du pays. Le grand mérite du Chef de l’Etat a été d’éviter, à cette occasion, la déchirure sociale et politique, piège dans lequel certains tentent d’enserrer le pays. Le Président Macky Sall a tenu à ne faire intervenir que l’Etat et ses démembrements tenant à distance les formations politiques, en premier, son propre parti, l’Apr.
Sans oublier d’impliquer en les informant les notabilités civiles, religieuses et coutumières afin d’éviter les amalgames, manipulations et affabulations distillés au sein de l’opinion et dont les dérapages ne cherchaient qu’à distendre la cohésion nationale. En tirant des leçons de ces jours de tumulte, le Chef de l’Etat introduit les réformes et adaptation qu’exigent l’urgence et la délicatesse de la situation. Il y a bel et bien chez nous, au sein de nos populations mais surtout au sein de nos élites des enfants perdus de la République animés par une folle ambition de pouvoir et qui semblent être prêts à n’importe quelle alliance.
Les réformes apportées au Code Pénal et au Code de Procédure Pénale sont une première manifestation de la riposte à opposer aux ennemis du Sénégal. D’autres initiatives, tout aussi fermes et efficaces, devraient suivre afin d’intensifier les capacités de riposte du pays face aux agressions et attaques pouvant surgir de l’intérieur comme de l’extérieur. L’arsenal ne saurait être adapté que sur les seules forces de défense et de sécurité, la législation et la réglementation devant être à la hauteur des enjeux.
Après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis ont revu leur corpus législatif pour s’adapter aux nouvelles formes de terrorisme tout en augmentant les capacités d’investigation des services de renseignement ainsi que les capacités des armées américaines. Après les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, la France a corsé son arsenal législatif, revisité son code de la nationalité et le droit d’asile et avant de se lancer à la traque aux terroristes jusque dans l’Orient lointain et mystérieux.
Le Sénégal ne procède pas autrement que ces deux pays en essayant d’adapter sa riposte face à ces nouveaux ennemis et déstabilisateurs attirés par nos richesses et voulant faire main basse sur le pays comme le subissent déjà des Etats africains comme la Libye, le Mozambique, le Congo Démocratique, la Centrafrique sous prétexte de guérilla ou de luttes de libération nationale.
La Démocratie ne devant être ni le désordre social ni la chienlit d’une guérilla urbaine sous influence étrangère. Certes, la pauvreté, le chômage et le sans-emploi sont des plaies béantes qui fragilisent notre tissu social et peuvent être, à ce titre, des accélérateurs de la colère et de la défiance à l’ordre social. Faut-il en faire pour autant le lit de toutes les outrances et transgressions uniquement pour assouvir des desseins politiques servant ainsi de mercenaires à des puissances capitalistes ou à des nouveaux pouvoirs impériaux voulant nous contrôler et s’accaparer de nos richesses ? En cela, je suis en phase avec des dirigeants comme Vladimir Poutine, Recep Tayyip Erdogan et Paul Kagamé.
L’Occident et ses croisés ne doivent pas nous dicter la marche à suivre tout comme les nouvelles puissances impériales émergentes qui cherchent à remplacer sous nos cieux les anciens colons ne sauraient devenir de nouveaux maîtres pour nous. Il n’y a rien à gagner en sortant d’un impérialisme pour en tomber sous un autre. Il faut combattre avec la même énergie les croisés de l’Occident comme les laquais des nouvelles puissances naissantes.
Si l’armée nationale a dû déployer certaines de ses unités dans des zones urbaines en mars dernier pour servir de bouclier et défendre les édifices publiques c’est bien parce que l’on s’est rendu à une évidence. A savoir que la Police et la Gendarmerie nationale, jusque-là, ne sont préparées et équipées que pour faire du maintien de l’ordre en encadrant des manifs, mais ne sont point outillées pour faire face à des émeutes et à des insurrections et encore moins à contenir des foules à l’assaut des casernes, des cantonnements, des sanctuaires des forces de l’ordre ou des bâtiments publics. Les errances d’un officier de la Gendarmerie, beaucoup plus fasciné par les réseaux sociaux et tourmenté par l’affect mélangeant les allégeances, ont révélé les faiblesses et insuffisances contenues dans le recrutement d’officiers supérieurs des Forces de défense et de sécurité n’ayant pas subi au préalable une formation militaire.
La Police et la Gendarmerie ont, ces dernières décennies, procédé à des recrutements d’universitaires pour renforcer les corps d’encadrement de leurs effectifs. Cela fait cohabiter en leur sein deux types d’officiers : les uns ayant une formation militaire et sécuritaire et les autres n’ayant qu’une formation sécuritaire obtenue au sein de leur école de formation spécialisée. Une mise à niveau pour plus de cohérence et de cohésion s’impose à la hiérarchie de ces forces de défense et de sécurité au sortir des évènements du mois de mars dernier. Le pays n’est pas en danger, mais il fait face à des dangers.
Le principal d’entre eux est le statut du pays qui est en train de changer. Le Sénégal était un petit pays du Sahel sans grandes richesses. Depuis l’alternance du 1er mars 2000 et durant la dernière décennie (2010- 2020), il est devenu un pays prometteur avec ses richesses minières et énergétiques. Nous avons tort de croire que cela ne va que nous apporter des richesses et du « natangué ». Quand la probabilité devient des perspectives en économie, cela suscite des convoitises et aiguise les appétits des prédateurs impérialistes. Les poursuites de l’exploitation du pétrole en Libye, des diamants et du coltan en Centrafrique et au Congo Démocratique en sont des révélateurs. L’exploitation des ressources dans ces pays ne s’opère qu’au seul profit des politiciens véreux et des capitalistes sans foi, ni loi au détriment des populations de ces territoires. Notre pays doit se prémunir d’un tel sort tout en restant un pays de démocratie et de liberté mais avec organisation et méthode et doit sans faiblir poursuivre sa marche vers le développement.
Les élections étant, alors, les seuls instruments de résolution des ambitions pour le contrôle de l’Etat et de la République. Seulement, en ces temps si difficiles, un pays se doit d’être fort dans toutes ses composantes et être en mesure d’assurer son existence. Savoir se défendre s’opère sur le champ militaire mais aussi sur le plan de sa sécurité intérieure. Les autorités actuelles seraient défaillantes et incapables si elles ne prenaient pas la mesure des dangers et des enjeux.
Par Abdou Khoudoss Niang
UNE DEMOCRATIE SANS UN ETAT DIGNE DE CE NOM ?
La démocratie n’est pas le système idéal de gouvernement de la cité des hommes, selon un politicien anglais qui ajoute que l’on n’a cependant encore rien trouvé de mieux. Et pour cette raison même, elle a toujours été… un idéal.
La démocratie n’est pas le système idéal de gouvernement de la cité des hommes, selon un politicien anglais qui ajoute que l’on n’a cependant encore rien trouvé de mieux. Et pour cette raison même, elle a toujours été… un idéal. Difficile à atteindre, en plus.
Dans les années soixante, aussitôt après l’accession à la souveraineté internationale de la majorité des pays africains colonisés, la démocratie n’est pas très à la mode sur le continent. On y redoute qu’elle ne menace l’unité de nations d’autant plus vulnérables qu’elles sortent d’une longue période historique au cours de laquelle le colonisateur, pour régner sans partage, a dû diviser les populations à outrance.
Le raisonnement méritait une certaine attention même si rien ne pouvait justifier, moralement ou politiquement, le Parti unique et les atteintes répétées aux droits de l’homme. La littérature africaine de l’époque - les romans en particulier - témoigne de cette faillite politique des nouveaux Etats.
La figure maléfique, violemment fustigée ou tournée en dérision par l’auteur, n’y est plus le petit commandant de cercle Toubab, mais le Père-de-la-Nation, fantasque et extravagant, soi-disant infaillible mais surtout d’une insondable stupidité. Ce qu’il faut toutefois rappeler c’est que la division du monde en deux blocs à l’époque de la Guerre froide est en quelque sorte l’assurance-vie des dictatures.
Le camp capitaliste se fait joliment appeler « le monde libre » mais soutient avec une rare fermeté Mobutu, Stroessner, Vargas, les racistes blancs d’Afrique du Sud et on en passe. En face, les Soviétiques ont aussi leurs alliés, qu’ils protègent envers et contre tout. C’est dans ce contexte particulier que, au demeurant, la Françafrique, se met en place et prospère. En vertu d’une division internationale du travail entre puissances occidentales, Paris garde le contrôle de ses anciennes colonies.
Si le chef d’état y est soupçonné de fricoter avec les communistes, comme le Malien Modibo Keita ou le Béninois Mathieu Kerekou, un putsch organisé depuis Paris fait accéder au pouvoir de jeunes officiers qui se disent tourmentés par un pressant désir d’instaurer enfin la démocratie ! La chute du Mur de Berlin, qui consacre l’effondrement du communisme, donne à l’Occident une sensation de toute-puissance. Il a beaucoup moins besoin des tyrans sur lesquels il s’appuyait pour contrer l’ennemi stratégique. Mieux vaut donc desserrer l’étau.
Un des temps forts de ce revirement est pour les francophones le « Discours de la Baule » en 1991. Dans cette station balnéaire, François Mitterrand déclare aux chefs d’Etat réunis – ce qu’un historien français appelle sa « basse-cour francophone » - que dorénavant Paris n’accorderait plus d’aide aux pays où la démocratie et les droits de l’homme seraient bafoués. Après cette mémorable rencontre, les présidents se précipitent chez eux. Ce sont de malins politiciens.
Chacun d’eux sait que les temps ont changé et se dit : mes amis blancs veulent la démocratie, si je ne leur obéis pas je suis cuit… Je vais donc jouer le jeu. Et c’est bien en effet d’un véritable jeu de dupes qu’il s’agit : Mobutu, Bongo et Cie acceptent ce qu’on appelle des « Conférences nationales » et peu à peu tissent leur toile. Quelques journaux sont tolérés, des centaines de partis politiques et syndicats sont autorisés, ce qui revient à étouffer toutes leurs initiatives et revendications par une formidable et dérisoire cacophonie.
Au bout du compte, les dictateurs en place remportent très démocratiquement les élections et tout repart comme avant, avec quelques nouvelles têtes. Mais force est de reconnaître que sans ces transitions, même manipulées, on n’en serait pas à la situation actuelle, nettement meilleure que celle des lendemains d’indépendance. Le système politique est partout plus ouvert, la presse est devenue un vrai pouvoir et les élections, sous haute surveillance internationale – en fait occidentale !- reflètent de mieux en mieux la volonté de la population. Il est désormais difficile de simplement imaginer des potentats quasi déments comme Macias Nguema, Bokassa, Mobutu et Idi Amin Dada. Mais… Il y a un mais… Cette démocratie clefs en main souffre précisément d’être un produit importé. Elle ne tient pas compte des forces qui travaillent en profondeur la société et souvent elle a été davantage un facteur de destruction que de cohésion et de progrès.
Lorsque Mitterrand prononce son discours de la Baule, un certain Juvénal Habyarimana est parmi ses auditeurs les plus attentifs. Il rentre au Rwanda et entre autres nouveautés héritées de l’ouverture démocratique, lance la Radio des Mille Collines et encourage au nom de la liberté d’expression la naissance de partis et organisations racistes dont les sinistres Interahamwe. On connaît la suite : ces « démocrates » mettront en œuvre le génocide au nom du « peuple majoritaire hutu ». Le second exemple est celui de l’ancien président malien, Amadou Toumani Touré. En 1991, il est le chef d’état-major de l’armée malienne. Le dictateur Moussa Traoré doit faire face à un soulèvement populaire. Le général Touré, au lieu de le réprimer, se range du côté des émeutiers et s’empare du pouvoir. Va-t-il s’y accrocher ? Non, il organise des élections auxquelles il ne prend pas part et quitte le Palais au profit d’un civil, l’historien Alpha Oumar Konaré. Pendant que celui-ci dirige le pays, lui se met en réserve de l’armée et s’investit dans diverses actions humanitaires ou de médiation de paix. Au bout de dix ans – les deux mandats de Konaré – il se présente et est élu puis réélu. La Constitution lui interdit de se présenter une troisième fois. Va-t-il violer la Constitution, comme certains dans son entourage l’y incitent ? Non, il ne fera jamais ça : « Je ne resterai pas un jour de plus dans ce palais… »
Le monde entier se dit : quel homme exceptionnel, ce président du Mali ! Il est courtois, à l’écoute, prêt à discuter avec ses adversaires et tellement respectueux des règles démocratiques ! Voilà pourquoi le monde entier a été si choqué par le putsch militaire qui l’a renversé le 22 mars 2012, exactement cinq petites semaines avant le scrutin présidentiel du 29 avril… Mais bien avant sa chute, il ne restait déjà plus rien du Mali, aujourd’hui amputé des deux tiers de son immense territoire, toute sa partie septentrionale, en fait. Que s’est-il donc passé pour qu’en si peu de temps le rêve malien vire au cauchemar absolu ? Rien de spécial, sinon qu’au Mali il y avait une démocratie mais pas d’Etat.
Amadou Toumani Touré, qui était par ailleurs un homme de bonne volonté, n’a jamais été accusé de s’être personnellement enrichi. Mais son entourage et les caciques, civils et militaires, du régime – il avait nommé des dizaines de généraux – étaient corrompus jusqu’à la moelle, s’enrichissant de façon outrancière et illégale. Il a suffi d’une pichenette de la rébellion touareg revenue lourdement armée de Libye pour que le Mali, colosse démocratique aux jambes d’argile s’effondre. L’exemple malien devrait faire réfléchir les autres pays africains.
La démocratie n’est-elle pas un dangereux alibi quand elle ne sert qu’à masquer l’inexistence totale de l’Etat ?
LES DEPUTES PRONENT LA REVISION DE LA LOI DE 2014
En atelier d’échanges et de sensibilisation sur le système Sénégalais de déclaration de patrimoine organisé hier, jeudi 1er juillet, les parlementaires ont appelé de tout leur vœu la révision de la loi n°2014-17 du 02 avril 2014 relative à la déclaration
En atelier d’échanges et de sensibilisation sur le système Sénégalais de déclaration de patrimoine organisé hier, jeudi 1er juillet, les parlementaires ont appelé de tout leur vœu la révision de la loi n°2014-17 du 02 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine. Laquelle loi traine des imprécisions pour jouir du plein droit sur les personnes assujetties.
Près de 10 ans après l’adoption de la loi n°2012- 22 du 27 novembre 2012 portant code de transparence dans la gestion des finances publiques, une transposition interne de la directive n°1/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009, portant code de transparence dans la gestion des finances publiques au sein de l’Uemoa, c’est seulement hier, jeudi 1er juillet 2021, lors de leur rencontre avec l’Ofnac, que les législateurs de cette même loi sont venus à déceler les imprécisions de celle-ci, à travers la loi n°2014-17 du 02 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine. Laquelle loi est imprécise par rapport aux personnes assujetties, par rapport aux dispositions de sanctions des détenteurs de l’autorité publique, des élus comme hauts fonctionnaires censés participer à la gestion des ressources de la collectivité, à l’étroitesse du champ d’application du régime de ladite loi notamment les inspecteurs des Impôts et domaines, du Trésor, du cadastre, les officiers des douanes, les opérateurs semenciers, les entrepreneurs à qui, on a confié un ou des marché (s) à coût de milliards entre autres. A ce propos, le député-maire Cheikh Seck, par ailleurs président de la commission du développement rural a clairement fustigé le non-élargissement de la loi à certains corps précités.
Ainsi dira-t-il : « Il y a des corps qui devraient être obligatoirement soumis à la déclaration de patrimoine ». Pour lui : « Des milliardaires sont cachés dans la République et pendant ce temps l’on jette à la pâture des ministres, députés entre autres ». Aujourd’hui, il urge « d’élargir l’assiette » et même de « revoir cette loi ». Parce qu’avant celle-ci (loi) « certains étaient actifs et continuent de l’être toujours. Et à ce niveau, rien n’est précis ». Donc, « cette loi est insuffisante ». Convaincu que la révision de la loi est plus que nécessaire, le député préconise « la révision des comptes administratifs de certains budgets des collectivités ». Parce que soupçonnant certains maires de n’être pas sincères avec leur budget alors que « leur compte administratif dépasse largement le milliard soumis au contrôle de l’Ofnac. Mais, pour contourner, ils déclarent un budget qui tourne aux alentours du milliard ». Cette même loi n’offre pas des dispositions de sanctions à l’Ofnac ; précise-t-il. En clair, « les sanctions prévues ne sont pas à la disposition de l’autorité administrative indépendante qu’est l’Ofnac mais à la disposition d’une autre entité », renseigne-t-il lors de l’atelier d’échanges et de sensibilisation avec les parlementaires sur le système Sénégalais de déclaration de patrimoine. D’où, la pertinence d’aller vers « la réforme de la loi 2014 », lance Awa Guèye, la deuxième vice-présidente de l’Assemblée nationale. Et pour ce faire, elle préconise de « larges concertations pour arrêter ensemble des sanctions adéquates devant permettre à l’Ofnac de contraire tous les assujettis à faire leur déclaration de patrimoine mais également à amener tous les récalcitrants à se conformer à celle-ci (loi 2014) ».
MACKY, LA GRANDE ÉPREUVE
Fixées à la date du 23 janvier 2022, les élections municipales et départementales qui ont déjà été reportées à quatre reprises depuis leur date initiale du 1er décembre 2019, semblent encore bien loin du bout du tunnel
L’organisation des élections municipales et départementales de janvier 2022 destinées à renouveler le mandat des élus locaux épuisé depuis décembre 2019, risque d’être un véritable parcours de combattant pour le président Macky Sall et son gouvernement. Pour cause, englué dans un champ politique où les oppositions sont frontales et restent marquées du sceau de la suspicion entre pouvoir et camp d’en face, le chef de l’Etat est mis au défi de tenir un scrutin consensuel, sur la base des principaux points acceptés d’accord partie au niveau du dialogue politique. Mais également en tenant compte des points en suspens au niveau de ce même dialogue comme de certaines injonctions sur le déroulé du processus électoral au Sénégal, dont la recommandation de la Cedeao de mettre un terme à son… modèle de parrainage citoyen.
Fixées à la date du 23 janvier 2022, les élections municipales et départementales qui ont déjà été reportées à quatre reprises depuis leur date initiale du 1er décembre 2019, semblent encore bien loin du bout du tunnel. Et pour cause ! Alors que le contexte politique du pays est encore vicié parles fameux évènements de mars dernier et par suite, du «mortal kombat» que le pouvoir semble livrer avec une partie de son opposition, celle dite radicale agglutinée autour d’Ousmane Sonko de Pastef-Les Patriotes et du Mouvement de défense de la démocratie (M2D), le président de la République semble marquer le pas face aux grandes urgences du processus électoral, celles devant conduire vers une organisation normée et sereine du scrutin de janvier prochain. En effet, alors que l’essentiel du processus d’organisation des prochaines élections municipales et départementales du 23 janvier 2022 prochaine est aujourd’hui suspendu à sa décision concernant le rapport de la Commission cellulaire du dialogue politique qu’il a reçu le 26 août 2020 dernier des mains du président du Dialogue national, Famara Ibrahima Sagna, notamment la suite qu’il entendait accorder aux différents points d’accord et aux questions en suspens, Macky Sall semble pour le moment plus préoccupé par ses tournées économiques à travers le Sénégal.
Des périples sur fond de suivi de l’action gouvernementale mais organisés à la veille de chaque élection générale depuis les Législatives de 2017. Après les régions centre (Kaffrine) et Sud-Est (Kédougou) du 29 mai au 1er juin 2021 dernier puis le Nord du pays du 12 au 19 juin, la prochaine étape de ces déplacements aux allures d’une campagne électorale anticipée sera les régions de Louga, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor. D’ailleurs, s’exprimant lors du Conseil des ministres du mercredi 23 juin dernier, le chef de l’Etat a invité les membres du gouvernement « à préparer » cette prochaine étape de sa tournée économique dans ces quatre régions.
Pendant ce temps, à six mois et poussière des prochaines élections municipales et départementales, un mystère total continue d’entourer certaines questions directement concernées par le scrutin en question. Il s’agit entre autres de l’élection au suffrage universel direct des maires (sur lequel certains acteurs prêtent à Macky Sall l’intention d’apposer son véto), la question de la vacance et suppléance au poste de maire et président de Conseil départemental, celle relative aux autorités en charge de la gestion des élections ou encore à l’utilisation du bulletin unique…
Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’on est pratiquement à quelques encablures de la période limite des six mois fixée par le protocole additionnel de la Cedeao sur la démocratie et la bonne gouvernance du 21 décembre 2001, et la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance du 30 janvier 2007 pour procéder aux changements de la loi électorale. Du coup, la saisine de l’Assemblée nationale pour entériner les modalités d’organisation de ces Locales, sur la base des acquis consensuels du dialogue que Macky Sall s’était engagé à respecter, s’impose de manière instante pour rester dans la conformité du protocole additionnel de la Cedeao. Une institution dont la Cour de justice a d’ailleurs sommé «Macky Sall» de mettre fin à son modèle de parrainage citoyen qui ne garantit pas tous les droits des électeurs.
A moins de 7 mois des Locales, Macky Sall arrivera-t-il à enjamber ces divers obstacles pour arriver à une tenue consensuelle des élections, sur la base du compromis politique, ou sera-t-il amené encore une fois à recourir à l’état de fait? Ou encore au forcing, via sa majorité mécanique à l’Assemblée nationale, afin d’opérer des modifications unilatérales au Code électoral et en procédure d’urgence comme il a toujours fait quand il s’agit de grandes réformes ? C’est dire à quel point des zones d’ombre persistent encore sur la tenue sans heurts des élections municipales et départementales de janvier prochain, qualifiées par beaucoup d’acteurs de primaires pour les Législatives à venir et de test majeur vers la grande équation présidentielle de 2024
LE SCHEMA DIRECTEUR EN PHASE D’ELABORATION
L’eau est aujourd’hui un enjeu stratégique pour les états. Dans un contexte marqué par sa raréfaction et la demande croissante liée au croît démographique, les Etats sont dans les stratégies pour sa gestion efficace et durable.
La Direction de la gestion et de la planification des ressources en eau (DGPRE) du ministère de l’Eau et de l’assainissement a lancé les travaux d’élaboration d’un Schéma directeur d’aménagement et de gestion des ressources en eau (SDAGE). L’atelier a été ouvert par le ministre Serigne Mbaye Thiam.
L’eau est aujourd’hui un enjeu stratégique pour les états. Dans un contexte marqué par sa raréfaction et la demande croissante liée au croît démographique, les Etats sont dans les stratégies pour sa gestion efficace et durable. C’est ce cadre que le Sénégal a lancé les travaux d’élaboration de son Schéma d’aménagement et de gestion des ressources en eau (SDAGE).
Un outil de planification et d’aide à la décision. « Le contexte de précarité de la ressource couplé à l’augmentation de la demande en eau pour le développement économique du pays nécessite donc la recherche et le maintien d’un équilibre durable entre les ressources et les besoins, à travers une planification judicieuse et concertée des ressources en eau », a rappelé le ministre Serigne Mbaye Thiam.
En effet, selon le Directeur de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau, Niokhor Ndour, les ressources eaux douces disponibles sont estimées à 31 milliards de m3, compte non tenu des nappes aquifères. Afin de parvenir à cette gestion saine, le gouvernement du Sénégal s’est engagé dans une politique de Gestion Intégrée des Ressources en Eau, en adéquation avec les recommandations du sommet de Rio 1992. C’est ainsi qu’un Plan d’Actions de Gestion intégrée des Ressources en Eau (PAGIRE) subdivise le territoire en unités de gestion et de planification pour assurer une gestion équitable et rationnelle des ressources en eau. Ces unités sont des territoires qui présentent une certaine homogénéité sur le plan hydrologique.
Ainsi, on retrouve dans ce plan d’actions cinq (5) Unités de Gestion et de Planification (UGP) subdivisés en 28 Sous-UGP. C’est « dans la continuité de la mise œuvre du PAGIRE que le ministère a initié l’élaboration d’un Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) pour chacune des Unités de Gestion et de Planification dans le cadre du Projet Eau Assainissement en Milieu Rural (PEAMIR) financé par la Banque Mondiale » a expliqué le ministre. Avec une telle organisation, à terme, l’Etat vise à assurer une valorisation responsable et efficiente de l’eau tout en garantissant sa protection et sa durabilité. C’est l’ambition que se donne le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux pour qu’on puisse parvenir à réaliser le passage « du mode de gestion jusque-là inadéquat et peu durable des ressources en eau vers un mode de gestion structuré et discipliné autour de l’eau et fondé sur les principes et règles de la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) », a souligné Serigne Mbaye Thiam.
Selon les projections en 2030, le Sénégal comptera 22.326000 habitants et en 2050, ce chiffre sera de 38.990.000. Cet outil de planification devra permettre à l’Etat d’assurer une meilleure maitrise et une meilleure qualité de l’eau ainsi que sa protection afin que les générations futures puissent profiter des ressources en eau. Le représentant de la Banque Mondiale, Oumar Diallo, a promis l’accompagnement de l’institution qui est déjà impliquée dans le PEAMIR (Projet Eau Assainissement en Milieu Rural). Un projet dans lequel elle a mis 70,5 milliards de frs pour améliorer l’accès à l’eau en milieu rural et semi-urbain