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19 juin 2025
AMDY FAYE, À LA RÉCUPÉRATION DES TRAJECTOIRES SCOLARES PERDUES
Après avoir récupéré des ballons durant une douzaine d’années, l’ancien international sénégalais redresse aujourd’hui les trajectoires scolaires perdues à Touba où l’école française était interdite jusque-là
Le coup est dur. La nouvelle, terrible. Elle annihile toute une stratégie. Si les ides de mars 44 av. J.-C. avaient mis un terme à l’idée que César se faisait de Rome, ceux de 2021 poignardent les rêves d’Amdy Faye d’acquisition de 2000 m2 de terrain tant convoités pour y poursuivre la construction d’une vision moderne de l’enseignement en français dans une « ville sainte ». La faute à un litige foncier tapis dans l’ombre du dossier d’achat pour mieux faire mal au dernier moment.
Avec des convictions aussi enracinées que les baobabs sénégalais capables de résister aux feux de brousse, Amdy Faye ne semble pas ébranlé par la mauvaise nouvelle. « C’est un tacle par derrière. Le projet va continuer malgré ce contre-temps. Je compte multiplier les entretiens et conciliabules avec les marabouts et autres propriétaires terriens pour lever ces obstacles inhérents à la gestion du foncier là-bas», sourit-il à la terrasse d’un restaurant du centre de Dakar où il est de passage. Pourtant un an plus tôt, l’atmosphère était toute autre.
24 février 2020, l’air chaud de L’Harmattan souffle aux abords désertés de la grande Mosquée de Touba qui accueille plusieurs millions de personnes lors de son Magal (pèlerinage) annuel. Les petites bourrasques de vent soulèvent une poussière ocre s’échappant des nombreuses constructions d’une ville en perpétuels travaux. Dans ce cadre où les nouvelles de la pandémie de Covid-19 venues de l’Orient et de l’Occident commencent à poindre, l’heure n’est pas encore aux masques, mais aux turbans version sahélienne pour couvrir les visages malgré un mercure à plus de 40° C.
Des initiales prémonitoires
Dans l’arrière-plan de cette scène digne d’un décor des premiers Mad Max de George Miller, un bolide s’est silencieusement garé. Du Hummer rutilant, ce n’est pas Mel Gisbon qui en sort, mais Amdy Faye. » La voiture me permet de rallier Dakar en un peu plus d’une heure. Depuis que je vis ici (à Touba, Ndlr), je donne rendez-vous devant la mosquée pour que mes invités ne se perdent pas », s’excuse presque l’ancien footballeur professionnel qui n’a pas pris un gramme, dix ans après avoir raccroché les crampons.
200 élèves
Avec son riche parcours, l’ancien international sénégalais est une attraction de la ville, même si l’homme préfère la discrétion. Quart-finaliste de la Coupe du Monde en 2002, vainqueur de la Coupe de France en 2003, celui qui fut avec Tony Sylva les deux premiers Sénégalais à être passés d’une école de football sénégalaise (Aldo Gentina) à une autre en France (Monaco), s’est retiré des terrains de foot après plus d’une dizaine d’années d’une carrière professionnelle qui l’a conduit à Monaco, donc, puis Fréjus pour un prêt avant que Jean-Marc Ferreri envoyé par Guy Roux ne le convainc à rejoindre Auxerre. « Il n’y a pas de hasards. Fréjus, Monaco et Auxerre correspondent à l’envers des initiales de mon nom », plaisante Amdy Moustapha Faye appelé AMF par certains proches.
Après l’Abbé-Deschamps, il franchit la Manche avec une escale d’un an et demi dans le port de Portsmouth. Il n’a pu goûter à la terre ferme et promise dans la maison de Newcastle avant une pige non concluante d’un match aux Glasgow Rangers (Écosse) et à Charlton. C’est finalement à Leeds United après deux ans passés dans la ville de Stoke que Faye a fini sa carrière. Le temps de faire ce rappel flash-back de sa vie d’avant, sa carriole moderne avec clim à fond se faufile entre charrettes et calèches et autres Peugeot 404 vintage transformées en taxi brousse.
Le paysage de cette ville de Touba qui s’agrandit à vue d’œil change au bout d’un quart d’heure. La forte densité autour de la grande mosquée a laissé place à des habitations un peu plus disparates. La voiture s’immobilise dans le parking informel d’un immeuble de deux étages aux couleurs marron et jaune. « Voici l’école privée Cheikh Saliou Mbacké que j’ai mise en place en 2016. Elle accueille les élèves de la Sixième à la Terminale. De 66 élèves, la première année, ils sont désormais plus de 200, cinq ans plus tard », présente sommairement le désormais gestionnaire d’un établissement scolaire. Le choix de l’emplacement n’est pas fortuit. « Nous sommes dans le quartier de «Guédé», c’est la cité du savoir de Touba. Beaucoup d’érudits y habitent, on peut dire que c’est la cité universitaire de la localité».
Professer à la place du khalife
Mettre en place une école française dans le cœur du savoir de la cité religieuse de Touba est un exploit aussi important que de remporter la Coupe de France pour celui qui fut désigné, avec le Finlandais Teemu Tainio, meilleur milieu de terrain de Ligue 1 en 2003. « Ce type d’enseignement n’était pas autorisé par les autorités religieuses. En dehors des écoles coraniques, sont tolérées celles en langue arabe. J’ai réussi à disposer d’une dérogation exceptionnelle fournie par les autorités religieuses afin d’y implanter une école française qui forme également à certains métiers cosmétiques (fabrication du savon) et à la création d’énergie à travers les panneaux solaires ».
Pour Amdy Faye, la lumière est venue d’une aube troublée par des questions. « En visite à Touba, j’ai assisté à la prière du matin (6 heures). En sortant de la mosquée, j’ai remarqué que tous les adolescents embarquent dans les transports en commun pour aller à Mbacké (la ville voisine) », raconte-t-il. Une situation ubuesque qui lui a été expliquée par le fait qu’il n’existait pas d’école française à Touba. Face à cette absence, les familles qui voulaient mettre leurs enfants dans ce modèle d’éducation étaient obligées de les inscrire dans des établissements situés en dehors de la ville. « C’est ainsi que j’ai entamé les démarches auprès du Serigne Sidy Moctar Mbacké, le Khalife des Mourides (du 1er juillet 2010 à sa disparition le 10 janvier 2018, Ndlr) pour disposer d’une autorisation d’établir une école française à Touba. Comme lorsqu’il avait taggué « AMF professionnel en 1996 » sur la peinture fraîchement posée de la chambre de sa mère occasionnant le courroux de cette dernière, l’ancien joueur de Newcastle aime arriver à ses fins. Pour convaincre les autorités religieuses de Touba, ses arguments étaient marqués du sceau du bon sens. « Mon discours était simple. La cité est devenue une ville importante, ses enfants peuvent s’y former tout en respectant les caractères spécifiques d’une ville religieuse. Et l’école a un volet social très important, elle accueille les enfants de familles qui n’ont pas beaucoup de moyens financiers », détaille-t-il.
Après avoir récupéré des ballons pendant 15 ans, l’ancien milieu de terrain s’occupe désormais des trajectoires destinées à être hors du circuit de la formation classique des jeunes citoyens de son pays. Pour ce faire, il a investi une vingtaine de millions de FCFA en 2016 pour retaper ce qui était un immeuble d’habitation à l’origine afin d’accueillir soixante élèves, une dizaine de professeurs et de personnel administratif ainsi que l’équipement adéquat des salles de classe.
« A 9 ans, j’ai perdu mon père. Hormis un grand frère qui ne vivait pas avec nous, je n’avais que des sœurs ainées. Pour aider ma mère, j’avais décidé d’arrêter l’école pour aller travailler dans une poissonnerie. En devenant professionnel, j’ai su l’importance de l’école, car même dans les premières années de ma carrière à Auxerre où j’étais devenu titulaire indiscutable, j’avais le plus bas salaire de l’équipe. J’ai pu avoir une revalorisation salariale que pour les trois dernières années (2000-2003) de mon contrat », confesse-t-il.
Une chance pour les mariées précoces
Dans sa quête de donner aux jeunes la chance qu’il n’a pas eue de faire des études, les résultats commencent à être au rendez-vous. « Nous avons une moyenne générale de 14/20 pour les CM 2, une classe importante car elle permet d’accéder au collège par un concours d’entrée », précise Saliou Diané, le surveillant général de l’établissement. La mixité n’est pas encore totalement respectée dans les effectifs avec 60% de garçons. La scolarité des filles est un objectif. A Touba, certaines filles se marient très jeunes. A cause du manque d’école et des déplacements dans les autres villes, elles arrêtent très tôt leur scolarité. Souvent bien avant la majorité.
«Depuis 2016, nous accueillons un nombre croissant de jeunes filles désirant poursuivre leurs études même mariées ». C’est le cas de Awa D., 18 ans et élève de Première. « Malgré un léger retard dû à ma situation (matrimoniale), j’ambitionne de devenir médecin. C’est mon rêve depuis que je suis toute petite. Si cette école n’existait pas à Touba, je n’aurais eu pas la possibilité de poursuivre mes études. Je ne pense pas que mon époux serait d’accord de me laisser partir tous les jours au lycée de Mbacké », pense la jeune femme. Une position que confirme Maguette F., 17 ans. Elle dirige l’amicale des élèves. « Je ne suis pas mariée, mais l’école nous permet de continuer à entretenir nos rêves. Le mien est de devenir journaliste », sourit-elle en nous pointant du doigt.
Un an, donc, plus tard, le projet est ralenti par le litige foncier mais aussi par les effets collatéraux du Covid-19 car comme les autres établissements scolaires au Sénégal, l’école Cheikh Saliou Mbacké de Touba était fermée d’avril à octobre 2020. Ce qui induit des dépenses supplémentaires pour payer le corps professoral et administratif alors que ce type d’établissement était privé de la scolarité des élèves. « C’est une période difficile mais je préfère ne pas m’appesantir sur ça car nous faisons du social donc je ne vais pas parler d’argent perdu », estime Amdy Faye. Cependant il y a eu certaines avancées significatives. « L’Etat a compris le sens de notre initiative. Le ministère de l’Education nationale nous a fourni des équipements tout neufs comme des chaises et des tables pour les élèves. Ce qui allège le budget et nous permet de continuer à faire du social car le quart des élèves ne paie pas leur scolarité », explique Amdy Faye. Confiant de la résolution « au plus vite » du litige foncier, il continue à se projeter : « En lieu et place d’un immeuble transformé, nous allons construire une école moderne, avec toutes les infrastructures nécessaires. Des salles de classe adaptés, un gymnase, et pourquoi pas une piscine, énumère-t-il. Et qui sait ? Dans quelques années, ce sera une université».
COMBIEN TOUCHENT LES PIEUVRES DE LA RÉPUBLIQUE?
Depuis 20 ans à 30 ans, ce sont toujours les mêmes qui défilent au palais à l’occasion du 1er mai, fête du Travail. Ces patrons des organisations syndicales et patronales sont de vrais cumulards
Depuis 20 ans à 30 ans, ce sont toujours les mêmes qui défilent au palais à l’occasion du 1er mai, fête du Travail. En plus de la longévité, ces patrons des organisations syndicales et patronales sont de vrais cumulards qui captent les ressources au détriment des jeunes.
Le taux de chômage au Sénégal qui se situe à 17% environ touche majoritairement les jeunes dont les moins de 20 ans représentent 55% de la population. Pendant ce temps, des vieux de plus de 60 ans battent des records de longévité et deviennent champions dans le cumul de postes. Dans le patronat comme dans le syndicat, ce sont les mêmes têtes qui occupent la scène depuis 20 ans pour certains, 30 ans pour d’autres, au détriment des jeunes.
Le personnage le plus emblématique reste Mamadou Racine Sy. Réputé puissant, l’homme d’affaires et acteur politique est omniprésent dans la sphère publique et privée. PDG du King Fahd Palace, il est aussi le président du Conseil d’administration (Pca) de l’Ipres. Ici, Racine Sy gagne 2 millions par mois, car les jetons de présence sont passés en 2015 de 150 000 f à 300 000 F pour les membres du conseil d’administration et les indemnités du Pca de 1 à 2 millions.
Au même moment, Racine Sy est vice-président du CA de la Caisse de sécurité sociale. Et dès que son mandat termine à l’Ipres, il devient Pca de la Caisse de sécurité sociale (Css) dans un jeu de chaises musicales avec Mody Guiro et Mademba Sock. Racine Sy est également le Pca de Bolloré Sénégal.
Dans le secteur de l’hôtellerie, il est alpha et oméga. Patron d’hôtel, Président de la Fédération des organisations hôtelières du Sénégal, il devient Pca de l’Agence de promotion touristique du Sénégal. Fort de sa puissance dans ce secteur, Mamadou Racine Sy est officiellement installé comme président du Conseil sénégalais du tourisme le 7 septembre 2019 par le ministre Alioune Sarr.
Sur le plan politique, si le hold-up contre Aïssata Tall Sall avait marché en 2014, il serait aujourd’hui le maire de Podor.
La CSS achète des billets d’avion à la société de Racine Sy
Avec autant de postes, le conflit d’intérêts n’est jamais loin. Dans son rapport 2013, la Cour des comptes mentionne des pratiques qui relèvent du flagrant délit. « La Cour a relevé que la CSS (Caisse de sécurité sociale : Ndlr) a effectué en 2010 et 2011 plusieurs achats de billets d’avion à l’agence SENEGAL TOURS faisant partie du groupe Sénégal HOTELS dont M. Mamadou Racine Sy, PCA de la CSS, était aussi le Président Directeur général. En 2011, ces achats ont atteint le montant de 74 783 641 FCFA », souligne la Cour qui soulève le caractère illégal de ce procédé.
Malgré ces cumuls et manquements, il n’a jamais été inquiété. Au contraire, c’est lui qui s’est payé la tête de Mamadou Diagne Sy Mbengue, ancien DG de l’Ipres muté à la SN Hlm, suite à un différend avec Racine.
Autre visage du cumul et de l’immobilisme, Baïdy Agne, président du Conseil national du Patronat (Cnp) depuis presque 20 ans. En tant que patron d’entreprise dans le secteur portuaire, il est le président du Syndicat des Entreprises de Manutention des Ports du Sénégal (SEMPOS). Il est aussi le premier vice-président du Conseil économique, social et environnemental où il gagne 1 500 000 F Cfa par mois. Dans le domaine du Sport, Baïdy Agne est le vice-président du Cnoss et président de la fédération sénégalaise de golf.
Même s’il cumule moins de fonctions, Mbagnick Diop n’en demeure pas moins un digne membre de cette classe d’hommes d’affaires pour avoir occupé la tête du Mdes depuis sa création en avril 2000. Lui aussi est membre du Cese.
Une longévité de plus en plus décriée, parce que considérée comme source d’immobilisme. En dehors de Serigne Mboup et Moustapha Cissé Lô, on voit aussi les jeunes dans la contestation. En 2016, de jeunes opérateurs privés réunis autour de la Convergence des acteurs du privé (Cap) ont fait une sortie médiatique pour dénoncer « une logique de rente ». « Cette fonction de représentation est devenue une fin en soi, un moyen de survie et d’existence», fulminaient Modou Bousso Dieng Thiane et Cie.
Mademba ignore le décret présidentiel
Si ces patrons peuvent se targuer d’avoir une entreprise, certains leaders des travailleurs ont transformé les centrales en entreprise. Ici, les secrétaires généraux ont duré, au point d’être qualifiés de ‘’fonctionnaires du privé ». Mody Guiro et Cheikh Diop ont déjà fait respectivement 20 ans à la tête de la Cnts et de la Cnts/Fc.
Quant à Mademba Sock, il n’a pas d’égal. Depuis la création de l’Unsas en 1990, soit 31 ans, il est resté le seul secrétaire général. « Nous avons posé ce débat sur la limitation des mandats depuis longtemps, mais à l’Unsas, on nous disait : ça c’est pour vous les enseignants du supérieur », sourit un ancien SG du Saes.
Aujourd’hui à la retraite, non seulement ils s’accrochent au poste, mais ils sont aussi des cumulards, Guiro et Sock en particulier. A l’heure actuelle, Mademba Sock est le Pca de l’Agence sénégalaise des énergies renouvelables (Aser). En 2012, le président Macky Sall a sorti un décret pour fixer les salaires des directeurs et Pca des différentes agences. Le DG de l’Aser a voulu se conformer à la nouvelle réglementation, mais Sock a dit niet.
« Par correspondance en date du 24 juin 2014 adressée au Directeur général de l’ASER, en réaction à la note de direction (…) fixant son salaire à 2 000 000 F CFA conformément au décret n°2012-1314 en lieu et place des 4 000 000 F CFA qu’il percevait avant, il (Mademba) a indiqué que « la loi d’orientation 2009-20 du 04 mai ne lui est pas applicable», révèle le rapport 2016 de la Cour des comptes.
Autrement, il n’est pas question pour lui d’accepter la réduction de son salaire. Dans ce bras de fer, le ministère des Finances a donné raison à Mademba Sock qui pouvait continuer à percevoir 4 millions par mois, « en attendant la mise en conformité des textes de l’ASER ».
Guiro augmente ses indemnités avec effet rétroactif
Aujourd’hui encore Mademba Sock perçoit, au pire des cas 2 millions F Cfa comme Pca de l’Aser. En tant que Pca de la Caisse de sécurité sociale, il perçoit également une indemnité qui avoisine les 2 millions. Sans compter ses indemnités de conseiller économique social et environnemental où un membre simple gagne 1 200 000 contre 1 500 000 pour un membre du bureau. Au total, Mademba Sock récolte 5 à 7 millions, avec ces 3 institutions du pays.
Son alter ego Mody Guiro est presque dans le même scénario. Membre du Conseil économique, il en est le deuxième vice-président, avec 1 500 000 par mois. Guiro sera le prochain Pca de l’Ipres à la fin du mandat de Racine Sy, si jamais la tradition est respectée. Rien qu’avec ces deux postes, il se retrouvera avec plus de 3 millions, compte non tenu de représentations internationales telles que la Confédération syndicale internationale (Csi) et le Bureau international du travail (Bit).
En août 2010, alors Pca de l’Ipres, il a porté ses indemnités de 600 000 FCFA à 1000 000 FCFA « avec effet rétroactif jusqu’en janvier 2009 », sous prétexte qu’il faut harmoniser avec le traitement des administrateurs à la Caisse de sécurité sociale (Rapport 2014 cour des comptes).
600 000 millions de subvention
La syndicaliste Marième Sakho Dansokho ne voit pas de problème dans la longévité au poste, « si ce sont les travailleurs qui le désirent ». N’empêche, elle reste convaincue qu’il faut préparer la relève. Quant au cumul de postes, elle plaide pour la décentralisation. « Je pense qu’on devrait avoir différents représentants dans les différents postes ».
Pourtant, ces montants ne sont rien comparés à la somme que les patrons de centrales peuvent gérer. En effet, depuis 2015, l’Etat a décidé d’accorder une subvention annuelle de 600 millions aux centrales. En 2015, l’enveloppe a été de 300 millions. La Cnts de Mody Guiro a reçu 115 millions, l’Unsas de Mademba Sock 78 millions, la Csa (seule centrale qui a opéré un changement) a eu 60 millions et la Cnts/Fc de Cheikh Diop 46 millions.
Or, cet argent ne tient pas compte d’une autre subvention du 1er mai de 50 millions accordée chaque année depuis 2013. Résultat des courses, les centrales syndicales comptent zéro manifestation dans leur compteur depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir.
Avec autant de liquidité, on comprend aisément pourquoi les papis refusent de céder la place, au grand dam des jeunes qui cherchent partout la queue du diable.
L'ENGAGEMENT DE L'ETAT AUPRÈS DU FMI
Le gouvernement du Sénégal va bientôt procéder à la publication du rapport de la gestion du fonds Covid-19
Nombreux sont, au Sénégal, ceux qui réclament jusqu'ici la publication du rapport sur l’utilisation des ressources du fonds force covid-19, en vain. Le Fmi, qui vient de boucler une mission au Sénégal, renseigne que le gouvernement s'apprête à sacrifier à cet exercice.
«Les autorités continuent de tenir leurs engagements en termes de reddition de comptes et de transparence dans l’exécution du PRES, et publieront, à cet effet, le rapport du comité de suivi du Fonds Force COVID-19 et l’audit de la régularité des contrats de marchés publics d’ici fin juin 202 », indique l’institution de Breton Woods.
Dans son communiqué qui a sanctionné sa dernière revue dans le pays, le Fmi souligne aussi que le Sénégal a atteint tous les objectifs quantitatifs en fin 2020 «sauf celui portant sur la part des contrats de marchés publics passés en entente directe, qui a dépassé le plafond fixé dans le programme en raison des marchés publics qui ont dû être conclus dans le cadre de l’urgence sanitaire de lutte contre la COVID-19.»
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MACKY SALL DOIT DÉMISSIONNER ET ORGANISER UNE PRÉSIDENTIELLE ANTICIPÉE
Pour Me Abdoulaye Tine, le président doit prendre acte de la demande de la Cour de Justice de la CEDEA sur le parrainage et en tirer les conséquences
Le Sénégal doit "réduire à néant" la législation sur le parrainage électoral selon la décision de la cour de justice de la Cédéao, estime Abdoulaye Tine, avocat et membre de l'USL, l'Union sociale libérale qui avait saisi la cour en 2019. Pour Me Tine, le président sénégalais Macky Sall "doit prendre acte de cette demande de la Cour en démissionnant et en organisant des élections anticipées".
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NOUS ASSISTONS DE PLUS EN PLUS EN AFRIQUE À DES DÉMOCRATIES SANS OPPOSITION
Élections en Guinée, Côte d'Ivoire, Centrafrique, au Bénin ou au Congo... L'Afrique vit-elle une régression démocratique ? Analyse d'Alioune Tine, fonddateur du Think thank AfricaJom Center
Élections en Guinée, Côte d'Ivoire, Centrafrique, au Bénin ou au Congo... L'Afrique vit-elle une régression démocratique ? "Nous assistons de plus en plus à des démocraties sans opposition" - Alioune Tine, fondateur du laboratoire d'idées AfrikaJom Center.
Par Alioune Badara BÈYE
IMPÉRATRICE NOIRE AUX PHALANGES DIGITALES DORéES
Pour appartenir à l’universel, Aminata Sow Fall transcende les considérations crypto-personnelles. Elle n’appartient à aucun clan, aucune secte, mais à tout un monde amoureux de la culture en général, de l’écriture en particulier
C’est l’inoubliable Ndiaga Mbaye qui disait : « Suul Ker duko tere feeñ », enterrez une ombre, elle sera toujours là.
Le 80e anniversaire de la diva des lettres sénégalaises a confirmé cet adage car la dimension de l’icône des lettres sénégalaises et africaines ne pouvait faire l’objet d’aucune discrimination surtout que cette dimension dépasse les frontières africaines. Pour appartenir à l’universel, Aminata Sow Fall transcende les considérations crypto-personnelles. Elle n’appartient à aucun clan, aucune secte, mais à tout un monde amoureux de la culture en général, de l’écriture en particulier. Mes relations avec Aminata Sow Fall ne sont ni conjoncturelles ni circonstancielles, mais elles datent de plus de 40 ans.
Aminata est d’abord une sœur, une ainée, une référence très liée avec ma sœur Ndella Bèye Sabara, qui était l’une des conseillères techniques du Ministre d’Etat Assane Seck. Aminata Sow Fall, avec qui j’ai toujours entretenu des relations fraternelles et professionnelles, m’a toujours montré son affection, son attachement tout en m’accordant sa confiance.
Avec feu Mamadou Traoré Diop, nous fumes ses collaborateurs les plus constants. Mon admiration pour Aminata n’est pas seulement humaine, elle est aussi professionnelle car son écriture qui nous unit est d’une qualité qui forge le respect dès les premiers signes. Son style montre son ancrage dans les valeurs trans-temporelles et s’inscrit toujours dans une dynamique d’enracinement sans renoncer à l’ouverture utile. Cette grande dame des lettres a toujours su se démarquer de toute influence occidentale pour la confirmation de son enracinement. Cela ne l’a pas empêchée d’être lauréate du Prix littéraire d’Afrique Noire (1976), du Prix International des Lettres Africaines, Lauréate du Prix de l’Académie française, Docteur honoris causa de plusieurs universités américaines et européennes … Ses romans (Le Revenant, La Grève des bàttu, L’Appel des arènes, l’Empire du mensonge….) sont tous des chefs d’œuvre, enseignés dans les plus grandes universités du monde et traduits dans plus de 20 langues étrangères.
Que dire d’Aminata Sow Fall sinon qu’elle est connue comme une femme de refus, ouverte, toujours accrochée aux racines de la terre première ? Présidente de l’AES, elle a été célébrée par l’Association des Ecrivains du Sénégal à l’occasion de l’édition 2012 de la Journée Internationale de l’Ecrivain Africain dont elle fut la marraine. Une Association dont le siège, Keur Birago, a souvent accueilli les cérémonies de dédicaces de certaines de ses œuvres. Sur le plan international, grâce à son appui, j’ai pu accéder pour la première fois au poste de Président de la FIDELF (Fédération Internationale des Ecrivains de Langue Française) et participer aux travaux de l’Union des jeunes écrivains Afro-asiatiques à Tachkent (URSS), sans compter son rôle déterminant dans l’organisation du 1ersymposium littéraire international de Brazzaville tenu en 1987 sur le thème : « Les écrivains accusent l’Apartheid ».
S’agissant de son premier roman « Le Revenant », qui lui a valu immédiatement une reconnaissance internationale, Aminata Sow Fall avait refusé systématiquement que les NEAS en tropicalisent le contenu. Et c’est au moment où elle était venu retirer son manuscrit dudit roman que les NEAS ont finalement cédé à ses exigences ; on connait la suite. Femme de principes, elle a démissionné du Haut Conseil de l’Audiovisuel (HCA) quand on a voulu lui imposer d’avaliser des choses qui heurtaient sa conscience. Elle fit la même chose à la CENA pour ne pas avaliser certaines dérives, renonçant ainsi à tous les avantages que lui conférait son statut de membre de cet organe. Membre du jury international du Prix des 5 Continents, elle avait encore démissionné de ce juteux poste pour préserver sa dignité d’écrivain et sa liberté de jugement.
Aminata Sow Fall mérite tous les témoignages faits à son endroit à l’occasion de son 80e anniversaire. Je félicite les confrères et consœurs qui ont contribué à cette page du « Témoin » dont le mérite revient au directeur de publication Mamadou Oumar Ndiaye et son Rédacteur en chef Diarra qui ont vite compris que Aminata Sow Fall n’est pas une pépite isolée mais plutôt un diamant noir au milieu de l’océan distillant ses rayons tous azimuts pour illuminer les espaces de liberté et de création.
Je profite de l’occasion pour féliciter Fadel Lô pour la grande page culturelle du « Témoin ». Aminata Sow Fall est un modèle pour les générations actuelles et à venir par son talent, son humilité, sa simplicité, son sens du partage et sa générosité légendaire. Elle a compris que même si l’écriture est un acte solitaire, la finalité est le partage des idées, des rêves incandescents et des hallucinations essentielles.
En conclusion de cet hommage, si j’ai un vœu à formuler, c’est que l’impératrice aux mains de velours Aminata Sow Fall vive longtemps pour fêter son centenaire dans la ferveur, l’allégresse et la fraternité absolue.
par Abdourahmane Sarr
CANDIDAT ÉLIMINÉ EN 2012 TOUJOURS POUR LE PARRAINAGE
La Cour de Justice de la CEDEAO ne remet pas en cause le principe du parrainage. Elle demande à ce que le système inscrit dans le code électoral soit abrogé à cause de l'impossibilité de chaque parti d'avoir 1% de parrains du fichier électoral
Notre contribution de mars 2018 concernant la question du parrainage est toujours d'actualité. La Cour de Justice de la CEDEAO ne remet pas en cause le principe du parrainage qui est dans notre constitution. Elle demande à ce que le système de parrainage qui est dans le code électoral soit abrogé à cause du fait que nous avons plus de 300 partis politiques et chacun d'eux ne peut avoir 1% de parrains du fichier électoral de 6 millions d'électeurs. Ce d'autant plus que chaque électeur ne peut parrainer qu'un seul candidat et que le secret de son vote pourrait être violé de ce fait.
J’ai été par deux fois candidat indépendant à des élections dans mon pays, présidentielles et législatives. Aux élections présidentielles de 2012, nous avions déposé 12 400 signatures, le Conseil constitutionnel nous a dit que nous n’en avions déposé que 10 000 et de ces 10 000 seules 8100 étaient valables. La mission post-électorale de l’Union Européenne avait déterminé que certaines de nos signatures invalidées étaient effectivement bonnes et que le Conseil n’avait pas les moyens logistiques d’effectuer les vérifications. C’est donc l’administration qui a éliminé les candidatures indépendantes. L’Union européenne avait alors recommandé une réforme du système de validation pour permettre aux candidats rejetés de déposer un recours et de donner au Conseil constitutionnel les moyens de vérification.
Aux élections législatives de 2017, notre mouvement indépendant Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp a décidé de présenter une liste que j’ai dirigée. Beaucoup nous ont recommandé d’aller en coalition avec des partis politiques pour éviter la mésaventure de 2012. Certains nous ont même offert de nous louer le récépissé de leur parti moyennant une somme d’argent importante. Nous avons préféré investir cet argent dans la recherche de véritables parrains car nous voulions rester indépendants, partager conjoncturellement une vision claire avec nos concitoyens, et être en dehors du jeu partisan.
Nous avons réussi à obtenir le nombre de parrains requis et avons déposé notre liste qui a été cette fois-ci retenue. La liste a été retenue, mais notre message n’a pas été entendu comme je l’ai expliqué au lendemain du scrutin dans une tribune intitulée « Leçons d’un scrutin ». Il y a eu 46 autres listes qui en réalité pouvaient être consolidées en quatre : (1) Le pouvoir et tous ceux qui soutenaient le pouvoir ; (2) les frustrés du pouvoir ; (3) l’opposition ; (4) et les alternatives. Nous n’avons pas été entendus à cause de la pléthore de listes. Notre caution aurait été mieux utilisée pour communiquer avec nos concitoyens s’il y avait un nombre de listes limité en compétition et nous aurions été mieux entendu avec un temps d’antenne plus important comme la caution à risque nous en donnait le droit. Nous avons donc doublement perdu.
Dans la mesure où nos autorités n’ont pas encore réglé le problème du nombre excessif de partis politiques, leur fonctionnement, et leur financement, le parrainage me paraît essentiel pour plusieurs raisons. D’abord, il permettra aux citoyens de s’intéresser davantage aux processus et de comprendre que voter n’est pas simplement se rendre aux urnes le jour du vote. Ils devront s’intéresser un tant soit peu aux propositions des personnes qu’ils parrainent. Ensuite, il permettra à tous les candidats qui ont véritablement quelque chose à offrir au peuple sénégalais d’avoir une bonne année pour l’expliquer en allant chercher des parrains. Avoir quelque chose à offrir, ce n’est pas simplement ôte-toi que je m’y mette. Il faut avoir une alternative véritable qui expliquée en 12 mois aura le temps d’être comprise avant le vote. Le parrainage permettra aussi de mutualiser les moyens des candidats ayant des offres similaires et qui devront faire un effort de consensus pour le bien du peuple".
En 2019, nous n'avons pas déposé de candidature indépendante malgré la collecte de 11 000 parrains, le vivier ayant été épuisé, et nous ne les avons donc pas déposés en doublons. L'arrêt de la CEDEAO est donc approprié et va dans le sens du désir et des autorités, de l'opposition, et des indépendants.
Librement Abdourahmane Sarr est président CEFDEL
Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
Par Dr Mbaye Birome Diouf
MADAME LA PRÉSIDENTE DE LA RÉPUBLIQUE
Il est temps que les femmes prennent leur revanche en sortant de ce carcan dans lequel certaines traditions et pesanteurs socioculturelles les confinent malgré l’évolution du temps
Pourquoi dans un pays de droits et des libertés qui vise l’émergence devrait-il être tabou d’avoir une femme président de la République ? Le leadership des femmes monte en puissance dans l’espace politique, sur les terrains économique, socioculturel, voire même dans l’espace religieux. Cependant, cette posture continue de faire l’objet d’incompréhension voire de discours agressifs de la part de certains hommes pour cause d’extrémisme socioculturel qui contredit l’avancée du monde, ou bien de complexe de supériorité de certaines catégories d’hommes. Être femme et dirigeant n’est pas en contradiction avec un statut d’épouse, mère et d’être en mesure d’apporter le bonheur à la famille. Il est temps que les femmes prennent leur revanche en sortant de ce carcan dans lequel certaines traditions et pesanteurs socioculturelles les confinent malgré l’évolution du temps. Le chemin parcouru par les femmes est déjà très long et risque de l’être encore si la révolution pacifique qui portera celles-ci à la station suprême tarde à se réaliser.
Femme, président de la république du Sénégal !
Je vois dans mon rêve, ce président, jeune, éduquée, un vrai leader qui a à la fois une approche transformatrice de la société et une vision qui va élever le Sénégal aux stations les plus enviables en Afrique. Cette femme sera comme d’autres en Occident telles les Angela Merkel en Allemagne ou Margareth Thatcher en Angleterre. Je ne suis pas en phase avec ceux qui disent qu’une femme ne doit pas les diriger. Si ces gens-là ne refusaient pas d’avoir un regard de 360 degrés, ils verraient la réalité silencieuse d’en face. Je garde l’espoir que cela arrivera un jour, qu’une fois dirigera mon pays, je le vois dans mon rêve. Certains diront que c’est un rêve. Et rien qu’un rêve tout en oubliant qu’un rêve, un vrai rêve est une indication voire une orientation divine. Toujours est-il qu’avec une femme président de la République, le pays sera porté sur la rampe de lancement de son économie dans la paix et la concorde. L’expérience montre qu’à nombre égal et sur des positions similaires, les femmes leaders réalisent souvent de meilleures performances que les hommes. Cet idéal est d’autant plus logique que les femmes représentent 60 % de la population ; elles gagnent du terrain, elles ont un niveau d’émancipation et d’éducation très respectable, un sens du leadership et de l’organisation sans commune mesure. Au niveau terre à terre, il faut observer le fonctionnement des « tontines ». Les femmes en sont expertes. Rarement, sinon jamais, on voit des hommes gérer des « tontines ». Même s’il n’existe pas d’organisation parfaite, même si par moments les « tontines » peuvent conduire à des polémiques et, éventuellement, atterrir devant la justice, il faut reconnaître les merveilles des femmes à mettre ensemble leurs petits moyens pour réaliser des investissements et permettre aux membres de leurs regroupements de survivre dignement voire de réaliser des profits substantiels qui protègent leur dignité, et même de venir en aide à leurs époux. La femme gère le foyer, un environnement pas si simple, pour le bonheur du mari, des enfants et pour la stabilité de toute une famille proche et élargie. La femme, dans sa modestie, gère l’homme. Son efficacité n’est pas publique, mais ses grandes idées distillées dans l’intimité sont appropriées par l’homme, ce grand monsieur qui, face au monde extérieur, tient un discours remarquable, à l’aise. C’est de là que vient l’idée : « Derrière un grand homme, il y a toujours une grande femme », pour magnifier la grandeur, l’intelligence, le sens de la persuasion de la femme. Il faut visiter l’histoire de notre pays, ensuite jeter un regard sur les avancées politiques du Sénégal pour savoir que la femme a toujours été présente à toutes les étapes de la vie nationale, avec des rôles et responsabilités de grande importance.
Aline Sitoé Diatta, les femmes de Nder, ces héroïnes à qui nous devons tant !
A l’image de Khadija, la première épouse du Prophète Mohamed (PSL), de grandes figures féminines sénégalaises continuent de faire parler d’elles. Khadija était aussi symbole des finances et de la solidarité avec notre vénéré, du fait de sa richesse venant du commerce, on lui donnait le statut de deuxième ou troisième musulmane après le Prophète (PSL). Elle a soutenu son époux de toutes ses forces, avec tous ses moyens et a marqué l’histoire de l’Islam, jusqu’à sa mort, trois ans avant l’Hégire. Aïcha, la deuxième épouse du Prophète, a combattu auprès et après son époux pour faire rayonner l’Islam. La spécificité sénégalaise nous révèle des femmes de valeur qui, a leur manière, on marqué l’histoire de notre pays. Elles sont des références pour les femmes et les hommes. On peut citer, par exemple, Aline Sitoé Diatta, cette héroïne de la résistance sénégalaise, et particulièrement de la Casamance, contre la colonisation française. Il y a aussi les femmes de Nder ont préféré la mort au nom de la liberté et pour sauver leur dignité de femmes que de céder à l’humiliation. La résistance de Nder plus connue sous le terme de résistance des femmes de Nder ou mardi de Nder (Talaatay Nder) est un épisode marquant et symbolique de la lutte contre l’esclavage dans l’histoire du Sénégal. En effet, un mardi de novembre 1819, les populations de la cité de Nder dans le royaume prospère du Waalo opposent une résistance opiniâtre à des esclavagistes marocains, maures dont la tribu vassale des Trarzas et Toucouleurs venus du nord du fleuve Sénégal et conduits par le chef Amar Ould Mokhtar. Cet épisode est connu dans l’historiographie par son issue dramatique et la conduite héroïque des habitantes qui se sont sacrifiées plutôt que d’être emmenées et réduites en esclavage Par ailleurs, d’autres femmes comme Mame Diarra Bousso se sont illustrées par leur spiritualité, leur éthique et l’exemplarité de leur éducation ainsi que la soumission à leur autorité morale. Sokhna Mame Diarra Bousso (1833-1866) est la troisième épouse de Mame Momar Anta Sali Mbacké et la mère de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur du Mouridisme. Elle est l’objet de respect absolu, de haute considération et d’une dévotion particulière dans la communauté musulmane de ce pays, particulièrement dans la confrérie mouride. Il y a beaucoup d’autres de femmes exemplaires qui se sont distinguées au fil du temps. Malgré leur absence sur terre, leur influence continue de se manifester dans la société auprès d’hommes et de femmes qui, pour éclairer leur chemin, s’inspirent des valeurs qu’elles incarnaient. La période pré coloniale sénégalaise a été marquée par des femmes exceptionnelles devenues de grandes actrices politiques. C’est le cas des reines Yassine Boubou, huitième Damel du Cayor entre 1673 et 1677. On peut aussi citer les reines Ndatte Yalla, 1810-1860, et Djembeut Mbodj du Waalo, en 1800-1846. Tous ces exemples montrent que la responsabilité de la femme n’a jamais fait défaut dans l’histoire du Sénégal.
Mame Madior Boye, première clé de voûte de la Primature
Après les indépendances, le Sénégal connaitra la première femme députée qui deviendra plus tard la première femme ministre. Celle-ci, c’est Mme Caroline Faye. Avec l’arrivée du président Abdou Diouf en 1981, elle sera rejointe par la magistrate Mme Maimouna Kane, deux femmes ministres qui ont beaucoup œuvré pour la promotion de la femme. Elles ont été les pionnières dans les espaces de décisions stratégiques. Progressivement, les femmes gagnent du terrain. Le régime libéral verra l’avènement de la première femme Premier ministre, en l’occurrence Mme Mame Madior Boye, brillante magistrate, qui officiera à la tête du gouvernement de 2001 à 2002. Au mois de mai 2010, une sorte de révolution se produira sous le régime libéral. En effet, avec le vote de la loi n° 2010-11 du 28 mai 2010 sur la parité entre hommes et femmes dans les fonctions électives, le nombre des députés femmes est passé de 33 à 64 sur un total de 150 à l’Assemblée, soit 42,7 %. Cette avancée spectaculaire met en évidence le résultat positif du combat des femmes pour le progrès et le leadership féminin. En avril 2019, le président de la République nomme un gouvernement de 32 ministres et 3 secrétaires d’État dont 25 % sont des femmes. Certes le gouvernement du Sénégal a fait des avancées louables, mais des pays comme l’Éthiopie et le Rwanda sont de loin en avance. En 2019, les femmes rwandaises détiennent 40 % des portefeuilles ministériels et représentent plus de 60 % des députés tandis qu’en 2018, en Éthiopie, le Premier ministre a confié la moitié des postes de son gouvernement (50 %) à des femmes. Les parlementaires éthiopiens ont aussi désigné une femme pour devenir présidente du pays. Même si ce poste est purement honorifique, il est bon de relever cet acte louable. Ainsi, l’Éthiopie et le Rwanda sont les rares pays africains à avoir fait des progrès visibles en matière de parité hommes-femmes. Le dernier exemple en date, c’est l’accession du pouvoir d’une femme à la tête de la Tanzanie. La vice-présidente de ce pays, Samia Suluhu Hassan, a prêté serment, vendredi 19 mars, pour succéder au président John Magufuli qui venait de décéder, devenant la première femme, musulmane en plus, à diriger ce pays d’Afrique de l’Est. Voilà beaucoup d’exemples qui montrent que le leadership suprême de la femme sénégalaise est possible et il faut le soutenir pour qu’on dise enfin, Madame le président de la République du Sénégal.
La promotion de la femme
Ceci peut ressembler à un rêve pour beaucoup d’hommes et même des femmes astreintes par leur culture, leur éducation, leur niveau d’émancipation ou leur manque d’ouverture au reste du monde. Pour eux, la femme ne saurait diriger des hommes. Sur le plan religieux, tels les moments de prières, ceci se comprend et ne peut point faire l’objet de débat dans notre pays. Cependant, la réalité du terrain montre bien que les femmes dirigent des hommes dans les milieux professionnels, dans les mouvements associatifs, socio-culturels et même politiques. Cela ne les empêche pas d’être de bonnes épouses à l’image de la présidente de la Tanzanie. Dans le système des Nations-unies (ONU), l’objectif ultime est l’effectivité de la parité : autant de femmes que d’hommes dans tous les services. Ceci est en passe d’être une réalité eu égard à la considération que l’ONU accorde à cette cause. Par exemple, en cas de recrutement ou d’avancement, à compétence égale, la femme est favorisée. Il est possible que le Sénégal s’approchât un jour de cet objectif, autant les femmes font parler d’elles de plus en plus. Elles ont décidé de prendre en main leur destin à travers plusieurs associations et mouvements comme l’Association des Juristes du Sénégal (AJS), la Fédération des Associations Féminines du Sénégal (FAFS), le Groupement des Femmes rurales du Sénégal (GFRS), FAWE - Sénégal (Forum for Africa Women Educationalists) qui met en exergue le rôle des femmes dans l’éducation, CLVF (Comité de Lutte contre les Violences faites aux Femmes), Siggil Jigeen (élever la femme), EDEEN (Entente pour le Devenir de l’Enfance et de l’Environnement), le Conseil Sénégalais des Femmes (COSEF) qui focalise son combat contre la marginalisation politique des femmes et qui a joué un rôle déterminant dans la mobilisation de celles-ci en vue de la loi sur le parrainage. La liste des regroupements de femmes engagées est assez longue. Des femmes qui doivent rester persévérantes, combatives, persuasives, pacifiques, ignorer leurs détracteurs pour avancer. Grâce à leurs compétences, les femmes sénégalaises sont de plus en plus présentes dans les cercles de décision politique et sur des positions de responsabilités gouvernementales. Ainsi, elles font parler d’elles à l’Assemblée nationale où elles se battent sans complexe pour imposer leur voix. Sur le plan des contradictions politiques, les femmes des bords opposés ne se laissent pas faire. C’est grâce à leur dynamisme, leur charisme, leur capacité d’influence et de mobilisation qu’elles apportent beaucoup de vitalité à la démocratie. L’image négative des femmes dans la politique, c’est malheureusement l’exploitation et la manipulation dont elles font l’objet de la part des acteurs politiques pour bénéficier de leur effet de masse contre de simples récompenses telles des T-shirts et des sommes d’argent modiques que toutes personnes qui sont dans le besoin sont obligées d’accepter. Pourtant, la réalité est que les femmes élisent les pouvoirs. Avec leur effet de masse, leur force de frappe, elles peuvent faire et défaire le « monde », changer les règles du jeu, si elles sont conscientes de leur puissance et sont organisées. Les femmes sont également représentées dans de grandes structures publiques et privées, notamment dans les secteurs financier, éducatif, de l’ingénierie et du management. Elles contribuent ainsi à rehausser l’image du pays en matière de progrès social et économique. Je rends hommage à Maïmouna Ndour, patronne de presse, elle est l’une des pionnières dans ce domaine. Elle force l’admiration de ses confrères mâles. Anta Babacar Ngom aussi, directrice générale de la Sedima. Elle réalise des performances extraordinaires dans l’agroalimentaire. Son KFC où 100 % de son personnel est féminin, est un exemple de réussite. Ainsi, elle contribue à réduire la discrimination dans le marché du travail qui favorise l’homme au détriment de la femme. Amy Sarr Fall est une autre personnalité de la presse. Jeune, intelligente et ambitieuse, elle ne passe pas inaperçue même si elle n’est pas constante dans les espaces médiatiques. Chacune de ses sorties est un rendez-vous majeur suivi par toute l’opinion. Sa revue, Intelligence Magazine, ainsi que sa stature de grande dame sereine font d’elle un leader respecté qui contribue à la promotion de la jeunesse et du Leadership féminin. Professeure Fatou Sow Sarr est Maître de conférences à l’IFAN, Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Cette dame courageuse, engagée et d’esprit ouvert, est auteure de plusieurs ouvrages et articles dont : l’entreprenariat Féminin et la transformation des rapports de pouvoir au Sénégal et Luttes politiques et résistances féminines en Afrique. Elle est également Experte en genre auprès d’Institutions des Nations Unies. Sa consœur, Docteur Fatou Diouf, professeur d’Université, une femme éloquente et intelligente, est parmi les rares femmes distinguées dans le domaine de l’économie maritime au Sénégal et en Afrique. Sans oublier l’ancienne ministre Mme Fatou Blondin Ndiaye Diop, une femme engagée et courageuse dans les combats citoyens. Ces exemples ne représentent qu’une goutte d’eau dans un océan de talents féminins. En somme, les femmes Leaders qui excellent par leur influence, sont nombreuses et présentes dans tous les secteurs d’activité où elles font valoir leurs compétences, à savoir les banques et assurances, l’ingénierie, la presse, les arts et cultures. Sur le plan africain, elles produisent jusqu’à 65 % des biens économiques du continent même si elles ne représentent que 8,5 % des emplois non-agricoles. Cela signifie que leur secteur de prédilection est l’agriculture et ses dérivées. Au Sénégal, les femmes sont des agents majeurs de développement, elles représentent près de 47 % de la force de travail. Néanmoins, elles ont besoin d’être mieux organisées en œuvrant de sorte qu’elles aient plus confiance en elles et les mêmes chances que les hommes dans l’environnement professionnel. Malgré tout ce qui précède, on ne sent pas la manifestation de leur engagement d’arriver à la station suprême. Certainement, la réalité du terrain n’est pas toujours en leur faveur. Celles qui ont tenté leur chance lors d’élections présidentielles se sont retrouvées avec des scores si bas qu’elles n’ont pas eu le courage de poursuivre l’aventure. C’est le cas, en 2012, de la styliste Diouma Dieng Diakhaté et du professeur Amsatou Sow Sidibé qui étaient les seules femmes candidates. En 2019, les trois femmes candidates ont été toutes recalées.
Le temps a-t-il changé ou, du moins, doit-il changer ?
Pour cela, il faut continuer d’investir dans la promotion humaine de la femme. Elle deviendra un jour une force incontournable qui s’imposera. Avec l’accompagnement des acteurs de la promotion des droits de la femme y compris les organismes financiers, les gouvernants et les agences des Nations Unies, plus de filles vont être scolarisées, les femmes reçoivent un encadrement, des financements et mettent de plus en plus en exergue leur fonction sociopolitique et surtout économique. Les femmes doivent être encouragées à briguer les mairies, le Parlement et au-delà. La parité doit être une réalité grâce à la vision du pouvoir central et son désintéressement. Parallèlement, l’éducation et la sensibilisation des hommes doivent être poursuivies avec une meilleure stratégie afin de susciter respect, dompter les esprits dominateurs, esclavagistes, et violents. Le discours public à l’endroit de la femme doit être empreint d’égard et de respect. La discrimination de la femme africaine doit cesser. C’est un phénomène de société qui nécessite une mobilisation pour un changement qui ne sera que bénéfique. Le chemin peut être long, mais le résultat n’est pas impossible. Tous les hommes et femmes épris de justice, les leaders d’opinion, tous ceux qui ont de l’influence sur le plan politique, culturel, social et religieux, les porteurs de voix, doivent se mobiliser pour rendre à la femme africaine toute sa dignité ; que son intégrité totale soit une réalité.
L’homme et la femme sont d’égale dignité
L’Islam estime qu’honorer la femme est le signe d’une personnalité saine, accomplie et vertueuse. Le prophète Seydina Mohamed (Paix et salut sur lui) a dit à cet effet : « Le croyant dont la foi est la plus complète est celui qui a le meilleur comportement ; et les meilleurs d’entre vous sont les meilleurs envers leurs femmes ». Contrairement à certaines spéculations, l’Islam ne considère pas la femme comme un être imprévisible ou inférieur comme c’était le cas dans la période avant l’Islam. Au contraire, la femme a autant de droits que l’homme et des devoirs qui sont conformes à ses capacités et à sa nature. Dieu s’adresse de la même manière aussi bien à la femme qu’à l’homme pour les mettre face à leurs responsabilités. Sous un autre angle, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) en son article 16 :1 stipule ceci : « Á partir de l’âge nubile, l’homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution ».
DEUX MILLE SAISONNIERS RISQUENT DE PERDRE LEURS EMPLOIS FIN MAI FAUTE DE GRAINES
Alors que le ministre de l’agriculture se targue d’une bonne campagne arachidière
Alioune Badara Diallo (Correspondant à Kaolack) |
Publication 30/04/2021
Dans une colère noire, les travailleurs saisonniers de la Sonacos Lyndiane alertent les autorités sur les menaces qui pèseraient sur eux. En effet, à les en croire, plus de deux mille d’entre eux seront mis en chômage en fin mai. La cause, il n’y pas de graines a triturer par l’huiler national. Un phénomène que connait toutes les unités industrielle de la Sonacos. Ce qui est très gênant si l’on se fie aux explications de ces pauvres Sénégalais qui tirent leurs revenus de cette usine, « c’est que le ministre de l’Agriculture a soutenu qu’un million huit cent mille tonnes de graines ont été collectées cette saisons alors qu’il n’en est rien puisque la Sonacos-Kaolack, rien que cet exemple, pour une deuxième année consécutive n’a pu atteindre les objectif de collecte qu’elle s’est fixés ». Comme un démenti aux chiffres mirifiques du Pr Moussa Baldé…
Pendant que le ministre de l’Agriculture se targue d’une excellente campagne agricole, plus de deux mille emplois saisonniers sont menacés rien qu’à la Sonacos-Lyndiane de Kaolack. Une unité industrielle où, d’ici fin mai, deux mille travailleurs seront en chômage faute de graines à triturer. La réalité serait, d’après le président de l’amicale des travailleurs saisonniers de la Sonacos de Kaolack, que « le ministre de l’Agriculture a avancé des chiffres fallacieux faisant état d’une production de plus d’un million huit cent mille tonnes de graines d’arachides cette saison alors que la réalité est tout autre ».
En effet, à en croire Mbaye Faye ; président de ladite organisation de travailleurs, les saisonniers de la Sonacos avaient misé sur l’annonce du ministre, espérant donc faire une très bonne affaire cette saison en termes de plein-emploi. Cependant, contre toute attente et à la grande surprise de ces responsables de famille, « les déclarations du ministre n’ont été qu’une manière de nous berner et de tromper notre vigilance ». Selon eux, à l’heure actuelle, la Sonacos n’emploie que deux cents jeunes environ au moment où le président Macky Sall prône l’emploi massif des jeunes.
Pourtant, déplore Mbaye Faye, la Sonacos peut faire travailler plus de 10 000 personnes si elle dispose de suffisamment de graines et tourne à plein régime. Justement, Mbaye Faye regrette que, pour la deuxième année successive, la Sonacos n’a pas atteint ses estimations de collecte. Un coup très dur pour ces travailleurs saisonniers qui vont, selon lui, faire les frais de cette situation car leurs emplois dépendent des graines collectées. Tout en décriant une mauvaise campagne arachidière, les travailleurs saisonniers de Kaolack invitent le chef de l’Etat, à travers son ministre de l’Agriculture, à voler à leur secours « en nous maintenant à nos postes respectifs pour nous éviter d’aller en fin de campagne après ce 31 mai pour ne reprendre qu’en janvier ».
Les saisonniers ont aussi rappelé au chef de l’Etat ses engagements pris en Conseil des ministres pour soutenir l’huilier national sans quoi, « la Sonacos risque de chavirer entrainant avec elle des milliers de pauvres gens qui n’espèrent que sur cette industrie pour tenir le coup surtout en cette période de pandémie de covid 19 qui a secoué et malmené les superpuissances économiques, les pays comme le notre n’en parlons pas ».
Mbaye Faye et ses camarades invitent aussi les autorités à trouver des moyens pour arrêter le phénomène de cession de nos productions aux étrangers car cette pratique tue non seulement les industries locales mais aussi les paysans. Sans compter, bien sûr, les ouvriers.
62 PATIENTS GUÉRIS, AUCUN DÉCÈS AU COURS DES DERNIÈRES 48 HEURES
Il n’y a pas eu de décès liés au Covid-19 ces dernières 48 heures. C’est ce qui a été noté sur le bilan épidémiologique d’hier comme aujourd’hui
Il n’y a pas eu de décès liés au Covid-19 ces dernières 48 heures. C’est ce qui a été noté sur le bilan épidémiologique d’hier comme aujourd’hui. Sur le bulletin sanitaire de ce vendredi 30 avril 2021, on a noté une légère hausse des nouveaux cas, 49, contre 46, hier jeudi, sur un total de tests de 1280, contre 1309, hier.
14 de ces nouveaux cas sont des contacts suivis, les 35 autres sont issus de la transmission communautaire. Il n’y a pas eu de cas importé.
La région de Dakar enregistre 26 cas de transmission communautaire. Matam et Saint-Louis enregistrent respectivement 3 et 2 cas. Koki, Oussouye, Popenguine et Ziguinchor ont chacun 1 cas.
D’après Dr El hadj Mamadou Ndiaye, Directeur de la Prévention, 62 patients ont été déclarés guéris, au moment où, 11 malades sont dans un état grave.
A ce jour, le Sénégal a enregistré 40 344 cas de Covid-19 dont 39 083 guéris et 1107 décès. Actuellement, seuls 153 patients sont sous traitement.
Par ailleurs, le ministère de la Santé et de l’Action sociale informe que 411 343 personnes ont été vaccinées sur l’ensemble du terroir national.