Sonko-Adji Sarr
L’histoire de la création de la commission d’enquête destinée à faire la lumière sur les émeutes qui ont secoué le pays après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko dans l’affaire Adji Sarr a été évoquée hier, lors de la traditionnelle conférence de presse du gouvernement. Interpellé sur l’état d’avancement de la création de cette commission, le ministre Oumar Guèye persiste et signe que la commission d’enquête sera mise sur pied. Selon lui, le gouvernement y travaille et que les termes de référence sont en cours de préparation. Il a indiqué que toutes les personnes susceptibles d’en faire partie seront intégrées dans la commission pour que la lumière soit faite sur les évènements douloureux et malheureux qui se sont produits au Sénégal.
Samba Ndiobène Kâ hors sujet
C’est ce qu’on appelle hors sujet. Lors de la conférence de presse à laquelle il participait hier avec ses collègues Oumar Guèye et Moussa Baldé, Samba Ndiobène Kâ, au lieu de répondre aux questions qui lui sont adressées, s’est mis à égrener des réalisations. Indiquant que Moussa Baldé a été mieux servi que lui en termes de questions, il a voulu servir un discours vraiment soporifique en dissertant du Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC), du Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (PUMA) et du Programme de Modernisation des villes (PROMOVILLES). Le ministre du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale a aussi informé l’assistance des tonnes de dattes que son ministère est en train de distribuer en ce mois de Ramadan ( ne riez pas).
Un agent du GMI tombe en plein défilé
Un agent du Groupement Mobile d’Intervention (GMI) de la police nationale n’a pas pu terminer la séance de défilé organisée hier à l’Ecole nationale de police à l’occasion de l’installation du nouveau nouveau boss de la Police, Seydou Bocar Yague. En effet, l’agent en question est tombé en cours de séance. Il a été pris par deux de ses collègues qui l’ont conduit au service médical de l’Ecole de Police. Pour le moment, aucune information n’a filtré sur l’état de santé du policier. Vraisemblablement, l’agent souffrait d’une crampe.
Y en a marre protecteur des caïlcédrats de Thiès
Le mouvement Y en a marre tire la sonnette d’alarme sur l’abattage sauvage des mythiques caïlcédrats de Thiès. Selon les «Esprits de Thiès», ces espèces protégées subissent la furie des investisseurs et des autorités, sous le regard complice du service régional des Eaux et Forêts. Ces arbres qui constituaient l’identité de la ville par leur nombre sur les artères tombent un à un de manière organisée et coordonnée. Désormais le Mouvement Y en a Marre «Esprit de Thiès» s’est engagé à protéger ces espèces. Youssoufa Sy, membre de l’esprit Y en a marre de Thiès, s’est rendu aujourd’hui sur un des sites d’abattage pour s‘enquérir de la situation. A sa grande surprise, Youssoufa Sy a été sauvagement agressé par des individus qu’il a formellement identifiés. Le Mouvement Y en a marre condamne vigoureusement cette agression et compte porter plainte pour que les auteurs de cette agression répondent devant la justice. Aussi le mouvement dirigé par Aliou Sané compte poursuivre ses investigations pour identifier les auteurs et les commanditaires de ces abattages afin de les traduire devant la justice.
Panel sur la sécurité alimentaire en Afrique
Plusieurs Chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que des dirigeants d’institutions internationales telles que la B.A.D, le F.I.D.A (Fonds International pour leDéveloppement de l’Agriculture), ont participé hier au panel virtuel de haut niveau consacré à la sécurité alimentaire en Afrique, présidé par le Président Macky Sall. Le thème de cette plateforme de dialogue est : «nourrir l’Afrique, un leadership pour intensifier les innovations réussies». Tirant les conclusions des travaux, le chef de l’Etat a insisté sur la création d’une facilité de financement logée à la Banque africaine de développement (Bad) pour la sécurité alimentaire. Affaire de la cocaïne : le chef de village de Saré Maly libre On avait annoncé l’arrestation du chef de village de Saré Maly, village situé dans le département de Vélingara, après la découverte de la cocaïne chez lui par les gendarmes. En détention depuis une semaine, Sory Diao a été libéré mercredi, d’après nos confrères de koldanews, au grand bonheur des habitants et de l’association des chefs de village du département qui exigent d’ailleurs que l’affaire soit tirée au clair. Une délégation de l’association des chefs de village du département conduite par son président El hadji Aliou Badara Baldé s’est rendue à Saré Maly, pour témoigner à Sory Diao le soutien de tous les chefs de village du département. Pour El hadji Aliou Badara Baldé, tout le monde sait qu’il s’agit d’un coup monté contre Sory Diao. Ils exigent que cette affaire soit tirée au clair afin que les vrais coupables soient arrêtés et jugés.
Marche pour une perfusion de l’hôpital de Kolda
La campagne de dénonciation de l’absence de gynécologue à Kolda et des problèmes du centre hospitalier régional de Kolda a été couronnée hier par une marche pacifique de l’intersyndicale des travailleurs (SYNTRAS, SUTSAS, SAMES, SAS, SATSUS) soutenus par des syndicats d’enseignants. Mais la procession qui s’est déroulé dans le calme a dégénéré à l’arrivée. La police qui ne voulait pas que les marcheurs accèdent à la gouvernance pour remettre le mémorandum au chef de l’exécutif régional, a gazé les acteurs de la santé. Devant la détermination des marcheurs qui réclamaient le gouverneur, les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes sur la foule. Ce qui n’a pas ébranlé les blouses blanches qui ont dénoncé les maux de l’hôpital régional. Ces maux ont pour noms : vétusté du plateau technique, des ruptures de consommables au laboratoire et à la radiologie, un parc automobile non fonctionnel, absence de certaines spécialités etc
Colère du collectif des cadres de Kolda (CCK)
Restons à la marche des blouses blanches à Kolda, qui s’est mal terminée, pour dire que l’attitude du gouverneur a suscité la colère du collectif des cadres de Kolda (CCK). Dans un communiqué parvenu à «L’As», le bureau exécutif du collectif dénonce l’issue de la procession. Le collectif regrette la dispersion infondée et illégale, par la Police, d’une marche pacifique, de surcroît autorisée. Le collectif estime que les Koldois ont le droit de marcher pacifiquement pour exiger un meilleur hôpital. Le collectif, qui porte le cri du cœur des Koldois, déplore l’absence de gynécologue, l’insuffisance de pédiatres et d’anesthésiste-réanimateur, l’inexistence d’appareil d’échographie, de scanner, d’ambulance médicalisée, de fibroscopie, de myotomie et de cystotomie à l’hôpital. Il est inconcevable, aux yeux de cadres de Kolda, qu’une région de près de 900 000 habitants manque de soins médicaux normalisés. Le collectif exhorte l’Etat à trouver des solutions idoines, au plus vite, avant que le pire ne se produise.
Barth saisit un juge américain
Barthélémy Dias ne compte pas laisser la justice américaine expulser l’activiste Ousmane Toukara, accusé de terrorisme et de menaces de mort par l’Etat du Sénégal à la suite d’une plainte endossée par Pape Gallo Ndiaye. Il a décidé d’agir et de plaider le dossier de l’activiste. En effet, le maire de Mermoz/Sacré-Cœur qui avait également la nationalité de ce pays a adressé au juge de l’immigration une lettre dans laquelle il fait une corrélation entre l’interpellation de Ousmane Tounkara etl’intention prêtée au président Macky Sall de briguer un troisième mandat. Pour rappel, Ousmane Tounkara avait été jugé le 30 mars dernier, aux États-Unis, suite à une plainte de l’État du Sénégal. Le juge américain de l’ICE (Immigration and customs enforcement), chargé de l’immigration et des douanes, avait décidé de l’expulser, mais l’avocat de l’activiste avait interjeté un appel.
La Cosydep dresse sa feuille de route
Dans le cadre de la célébration de la Semaine Mondiale d’Action pour l’Education (SMAE), la coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (COSYDEP) a animé hier un point de presse pour le lancement de cet événement mondial, régional et national. Pour cette année, la SMAE est axée autour du thème “Augmentation du financement de l’éducation pour un système éducatif public résilient pendant et post covid-19”, en lien avec la campagne «Un milliard de voix».
Revue annuelle des Mines et de la Géologie
A l’instar de son collègue de la Santé, le ministre des Mines et de laGéologie a procédé hier à la validation de la revue annuelle conjointe (RAC) 2021 de son département ministériel. A l’entame de son propos, le ministre Oumar Sarr a souligné que le Sénégal a entamé depuis 2019 la mise en œuvre de la deuxième phase (2019-2023) du Plan Sénégal Emergent (PSE), référentiel unique de la politique économique et sociale du Sénégal. Avant de préciser que seuls trois projets du secteur minier sont en cours d’exécution. Il s’agit du projet d’accélération de l’exploitation de l’or ; du projet de développement de la filière phosphates/fertilisants et du projet d’accélération de l’exploitation des gisements de zircon. Selon l’édile de Dagana, l’édition 2021 de la revue annuelle conjointe (RAC) a permis d’analyser les performances du secteur minier en 2020 en termes de réalisations et de difficultés rencontrées. Toutefois, indique-t-il, l’année 2020 a été marquée par l’apparition de la pandémie de la Covid-19 qui a eu des impacts négatifs sur tous les secteurs d’activités dont celui des Mines et de la Géologie. Ce qui a perturbé les prévisions du PSE pour l’économie. Par ailleurs, le ministre rappelle que le Sénégal a mis en place un Programme de Résilience Economique et Social (PRES) financé par le Fonds «Force Covid-19» pour soutenir les populations durant cette période de crise sanitaire. A ce propos, le secteur des Mines et de la Géologie a bénéficié d’une enveloppe supplémentaire d’un milliard de francs CFA sur son budget, qui a été affectée au programme « GEOLOGIE », exécuté par la structure en charge de la prospection minière.
Le coût des dépenses militaires du Sénégal
Le secteur de l’armement n’a pas connu la crise sanitaire. Malgré le fléchissement des économies à cause de la covid-19, les pays africains ont dégagé des budgets conséquents pour équiper leurs forces de défense et de sécurité. Le rapport 2020 de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) révèle que les dépenses militaires des pays africains ont grimpé de 5,1%. Cette tendance s’est observée dans plusieurs pays de la zone francophone du continent, notamment la Côte d’Ivoire qui a consacré plus de 607 millions $ à l’armement. Ces dépenses militaires englobent notamment les dépenses en achats d’armements, en pensions militaires ou même les dépenses concernant les forces paramilitaires. Si l’Afrique du Nord reste la région du continent qui consacre le plus de financements aux dépenses militaires, en Afrique subsaharienne le classement est dominé par deux pays anglophones, à savoir : l’Afrique du Sud et le Nigeria. En Afrique francophone, c’est la Côte d’Ivoire qui détient la palme du pays ayant consacré le plus de dépenses au secteur militaire (12e africain). Quant au Sénégal, classé 16e sur 146 pays africains, il a dépensé 393 millions $, soit 1,6% du PIB.
L'ENTAME AMBITIEUSE DE JOE BIDEN
René Lake analyse sur VOA, la prestation du nouveau président amércain marquée par la réaffirmation d'une Amérique engagée à transcender ses nombreux défis, devant le Congrès mercredi
René Lake analyse sur VOA, la prestation du nouveau président amércain marquée par la réaffirmation d'une Amérique engagée à transcender ses nombreux défis, devant le Congrès mercredi.
RÉPONSE AU MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Cheikh Oumar Hanne semble décidément le seul satisfait de sa propre gestion du système universitaire sénégalais - COMMUNIQUÉ DU SUDES/ESR
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal Sudes /Enseignement supérieur et recherche (Sudes/ESR) daté du 29 avril 2021et signé de son secrétaire général, Oumar Dia, à propos de la dernière sortie médiatique du ministre de l'Enseignement supérieur.
"Le Sudes/ESR se réjouit qu’après quatre courriers officiels demeurés sans réponse, monsieur Cheikh Oumar Hanne daigne répondre, par voie de presse, à une conférence de presse qui ne lui était même pas prioritairement destinée. Le Sudes/ESR se réjouit de plus que la réponse du ministre prenne la forme d’une « mise au point ». Cela nous donne l’occasion d’informer encore une fois l’opinion des raisons objectives qui ont menées un syndicat aussi responsable que le Sudes/ESR à cette extrémité qu’est le dépôt d’un préavis de grève.
Monsieur le ministre Hanne se délivre un satisfécit pour sa gestion du sous secteur de l’enseignement supérieur, se vantant d’avoir livré des infrastructures dans les différentes universités publiques du pays, réformé les retraites et augmenté les revenus des enseignants du supérieur. Quant à nos critiques sur la gouvernance des universités, monsieur le ministre se réfugie derrière un autre syndicat auquel il attribue la paternité d’une réforme dont le résultat net est l’érosion de l’autonomie des universités à travers la mise en place de conseils d’administration où les enseignants-chercheurs sont minoritaires.
Nonobstant le fait que monsieur le ministre cite pêle-mêle et s’attribue des réalisations qui précèdent sa nomination, il est incompréhensible, si son autosatisfaction est justifiée, que les acteurs des universités publiques fassent montre d’une telle insatisfaction. Ne parlons-nous pas du même système universitaire qui a vu le syndicat dont se drape le ministre partir en grève pour trois jours, l’intersyndicale de l’UVS réclamer les moyens de travailler, les étudiants de l’UGB décréter 72h de grève et de journées sans ticket, les étudiants de l’Université Iba Der Thiam marcher de Thiès à Diamniadio, les étudiants de l’Université Alioune Diop de Bambey décréter une grève illimitée et l’Université Assane Seck de Ziguinchor vivre une année blanche ? M. le ministre Hanne semble décidément le seul satisfait de sa propre gestion du système universitaire sénégalais.
Concernant la gouvernance des universités le ministre se contente d’accuser un autre syndicat d’être à l’origine de la loi dont le Sudes/ESR déplore le vote. D’une part, le Sudes/ESR s’adresse au gouvernement, pas à un autre syndicat. D’autre part il est malvenu pour un ministre de la République d’accuser un syndicat d’être responsable de la perte d’autonomie des universités sénégalaises. Cette loi pose un problème de fond et n’est pas conforme aux engagements internationaux de la République du Sénégal. Le Sudes/ESR espère que le ministre en prendra conscience et organisera les discussions qui mèneront à sa modification substantielle.
Concernant les infrastructures, le ministre se réjouit de la réception « d’amphithéâtres en préfabriqué ». Le Sudes/ESR estime qu’il n’y a là nul motif de réjouissance. Transférer dans le supérieur le fléau des abris provisoires ne saurait tenir lieu de construction d’infrastructures. Ce qui est indéniable, c’est que l’amphithéâtre de l’Université de Ziguinchor qui aurait du être achevé en 2009 ne l’est toujours pas, qu’il n’y a nulle construction d’infrastructure d’envergure à l’Ucad malgré les 80000 étudiants que compte ce fleuron de l’enseignement supérieur sénégalais, que les étudiants de Thiès marchent sur Diamniadio pour réclamer l’achèvement de leurs infrastructures, que les universités de Diamniadio et de Kaolack n’ont toujours pas vu leurs campus sortir de terre et louent à prix d’or maisons et immeubles, etc. De plus, les extensions que réclame le Sudes/ESR ne sont rien d’autre que l’application des décisions déjà prises par le président de la République suite à la CNAES pilotée à l’époque par le professeur Souleymane Bachir Diagne.
Concernant les recrutements, si l’on considère les chiffres de l’année 2015, il avait été calculé que si le Sénégal voulait atteindre la norme définie par l’UNESCO pour les pays pauvres, il devait recruter immédiatement 3316 enseignants-chercheurs, compte non tenu de l’augmentation de la population estudiantine. Le ministre Hanne se réjouit d’avoir fait recruter 400 enseignants-chercheurs en deux ans. Non seulement on est loin du compte mais en plus le ministère met les universités dans une situation inconfortable puisqu’après leur avoir demandé de recruter ces enseignants-chercheurs, il ne leur a pas alloué les rallonges budgétaires qui leur auraient permis de les rémunérer. Quand le Sudes/ESR demande le recrutement de 500 enseignants-chercheurs par an pendant dix ans, il fait donc preuve d’une très grande responsabilité ne tenant pas seulement compte des normes mais également de la situation budgétaire du pays.
Concernant l’UVS, même si le Sudes/ESR continue à estimer qu’il s’agit d’une mauvaise réponse à un vrai problème – celui de la massification de l’enseignement supérieur sénégalais– il n’en est pas moins solidaire de nos collègues qui font marcher cette université et soutient leur lutte pour que le gouvernement leur donne les moyens de remplir adéquatement leur mission.
Par ailleurs M. le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation accuse certains responsables du Sudes/ESR d’arrogance, d’immaturité et de déficit de considération envers les autorités académiques. Le Sudes/ESR se contentera de continuer à apprécier objectivement les actes des autorités universitaires et ministérielles. Ainsi, le Sudes/ESR a-t-il eu l’occasion de saluer publiquement l’action positive du recteur de Dakar qui a collaboré avec le Sudes/ESR pour régler un certain nombre de problèmes épineux auxquels l’Ucad était confrontée depuis quelques années déjà. Le Sudes/ESR salue également les efforts de Madame le Recteur de Thiès qui s’est organisée, malgré le refus du ministère de lui allouer les crédits promis, pour payer les salaires des enseignants-chercheurs recrutés à la demande dudit ministère. Enfin, le Sudes/ESR profite de cette occasion pour remercier chaleureusement M. Mamadou Talla, ministre de l’Éducation Nationale avec lequel il a eu une collaboration fructueuse pour faciliter le détachement dans les universités publiques sénégalaises d’enseignants du moyen secondaire. Le Sudes/ESR espère avoir un jour le bonheur de féliciter publiquement son ministre de tutelle mais il faudrait que ce fut pour un acte méritoire. En attendant, le Sudes/ESR reste à la disposition du gouvernement pour travailler à l’amélioration de notre système d’enseignement supérieur conformément à son crédo qui est : « Le Sudes/ESR au service de l’École, de l’Université et des Enseignants. »"
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LES BOUTEILLES NEUTRES ECHAPPENT A TOUT CONTROLE
Ex-ministre de l’Environnement sous le régime du Président Abdoulaye Wade, Thierno Lô soulève des scandales à propos de la gestion et la distribution du gaz butane
Ex-ministre de l’Environnement sous le régime du Président Abdoulaye Wade, Thierno Lô soulève des scandales à propos de la gestion et la distribution du gaz butane. Selon lui, la plupart des bouteilles de gaz de 12,5 kilos doivent être retirées du marché pour des raisons de sécurité. Il interpelle également le ministre du Pétrole et des Énergies, Aïssatou Sophie Gladima sur plusieurs points concernant la distribution du butane.
Le constat, prévient-il, est que ces bouteilles, appelées ’’bouteilles neutres’’, échappent à tout contrôle et ne respectent pas la norme. Elles continuent à circuler et Thierno Lô indexe la multinationale française Total fait partie de ceux qui les remplissent avant de les mettre sur le marché, alors que l’enseigne française est consciente du danger qu’elles constituent.
"L’État du Sénégal n’a pas le droit de regarder faire"
À l’en croire, les autorités sont au courant et laissent faire. "En cas de drame, il ne faudra s’en prendre qu’à nous", regrette-t-il. Dernièrement, "devant la profusion de bouteilles de 12,5kg non identifiées sur le marché, le Ministère du pétrole et des énergies, pour des raisons de sécurité, a jugé nécessaire d’interdire tout embouteillage ne respectant pas les normes de sécurité, pour préserver les citoyens et éliminer tout risque que présente une telle pratique", dans un communiqué. Lequel soulignait que "chacune des sociétés de distribution de gaz est tenue de disposer de son propre parc de bouteilles, identifiables à ses marques et couleur."
CE PARRAINAGE EST PLUS QUE LÉGAL...
La rencontre du gouvernement face à la presse a servi de tribune à Oumar Gueye pour se prononcer sur la décision de la Cour de justice de la CEDEAO demandant à Etat du Sénégal de supprimer la loi sur le parrainage dans un délai de 06 mois
La rencontre du gouvernement face à la presse a servi de tribune à Oumar Gueye pour se prononcer sur la décision de la Cour de justice de la CEDEAO demandant à Etat du Sénégal de supprimer la loi sur le parrainage dans un délai de 06 mois.
Les explications du ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des Territoires laissent entendre que l’Etat n’appliquera pas cette décision. « Ce parrainage n’est pas tombé du ciel. Il a été évoqué lors du dialogue politique et ce parrainage avait fait l’objet d’une loi à l’Assemblée nationale. Donc, du point de vue de la légalité, ce parrainage est plus que légal par rapport à notre constitution et à notre législation », a déclaré le ministre porte-parole du Gouvernement, rappelant qu’au Sénégal on vote depuis plusieurs siècles.
« Le Sénégal est un pays de droit. C’est un pays de démocratie éprouvée et cette démocratie se consolide », soutient le ministre. Qui, dans le même sillage, ajoute que tous les systèmes démocratiques au monde ont leur système de filtre pour les élections. Il n’y a pas un seul qui n’a pas de filtre.
Au Sénégal, ce qui a été choisi, c’est le parrainage citoyen. Et dit-il : « s’il n’y avait pas ce parrainage, on aurait affaire à 139 candidats en une seule journée pour voter. Il faudra plusieurs jours pour faire une élection. De ce point de vue, nous n’avons aucun problème au niveau du gouvernement par rapport à ce que le CEDEAO a dit ». Oumar Guèye annonce une sortie prochaine du ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome pour apporter plus de détails sur cette décision.
Par ailleurs, Oumar Gueye s’est prononcé sur la commission d’enquête qui sera mise en place par le Gouvernement du Sénégal pour apporter la lumière sur les évènements du mois de mars dernier qui ont occasionné 13 morts et plusieurs blessés. « Cette commission verra le jour et elle sera inclusive pour que la lumière soit faite sur ces événements douloureux et malheureux », rassure le porte-parole du gouvernement.
LES VÉRITÉS D’ALIOU SALL
Macky Sall, la politique et Petro-Tim…le frère du président de la République veut embrasser un destin national
Finalement disculpé après des années de soupçon, le frère du président Macky Sall sait que son patronyme sera toujours un atout autant qu’un handicap. Désormais, il se concentre sur la politique. Pour embrasser un jour un destin national ? Il jure ne pas vouloir brûler les étapes.
« Pas question de parler de gaz ou de pétrole ! » Lorsque nous l’approchons, fin 2020, Aliou Sall nous prévient : certains sujets sont tabous. Le frère cadet du président et maire de Guédiawaye s’en doute pourtant : difficile de retracer son parcours sans évoquer le scandale lié à l’attribution, en 2012, de blocs gaziers et pétroliers à l’entreprise Petro-Tim.
Révélée deux ans plus tard, l’affaire défraye la chronique, attirant sur Aliou Sall une attention dont il se serait volontiers passé. Peut-être aurait-il été plus à l’aise pour nous parler après le 29 décembre 2020. Ce jour-là, la justice sénégalaise finit par prononcer un non-lieu dans le cadre de l’enquête ouverte en 2019.
Disculpé mais loin d’être blanchi aux yeux d’une partie de l’opinion, Aliou Sall sait que son nom reste synonyme, pour ses plus farouches détracteurs, de népotisme et de corruption. Il sait aussi qu’il se trouvera toujours quelqu’un pour rappeler les soupçons qui ont pesé sur lui.
Une blessure toujours ouverte
En mars dernier, quand il défend publiquement l’exécutif sénégalais bousculé par les manifestations qui suivent l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko (un « déchaînement de passions morbides », selon lui), des internautes lui répondent immédiatement par un « Aliou Sall, où sont nos 400 000 [FCFA] ? ». Multipliée par quinze millions (le nombre d’habitants du Sénégal), la somme correspond aux 6 000 milliards de FCFA que l’État aurait perdu dans cette affaire.
Que reproche-t-on exactement à Aliou Sall ? En deux mots, de s’être servi de son lien de parenté avec le président de la République pour aider son ancien collaborateur, l’Australo-Roumain Frank Timis, à obtenir un contrat d’exploration gazière et pétrolière pour deux blocs offshore sénégalais. Et d’avoir empoché au passage un joli pactole. Selon des révélations de la BBC, dans le documentaire Un scandale à dix milliards de dollars, Aliou Sall aurait touché un pot-de-vin de 250 0000 dollars lorsque Frank Timis a revendu les droits d’exploration des blocs via la société Agritrans, créée par Aliou Sall et gérée par son oncle, Abdoulaye Thimbo.
C’est la diffusion de ce reportage en juin 2019 qui pousse la justice à ouvrir une enquête et contraint Aliou Sall à démissionner trois semaines plus tard de la tête de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), poste auquel son frère l’avait nommé par décret présidentiel en 2017.
Aliou Sall dans son bureau de la mairie de Guediawaye, en octobre 2020
Une décision prise à regrets, et même à contre-cœur. « La situation ne me laisse pas le choix, dit-il alors à Macky Sall. Je vais partir. » Il adresse alors au président une lettre de démission, qu’il rend publique et dans laquelle il affirme vouloir « laver son honneur » et « protéger les [s]iens ».
Presque deux années se sont écoulées, et il a toujours du mal à s’y faire. « Macky Sall ne m’a rien demandé, mais j’ai été contraint de démissionner, explique-t-il aujourd’hui. Je ne l’ai pas accepté et je ne l’accepte toujours pas. »
« Mon grand frère reste mon patron »
Affable et souriant, le maire de Guédiawaye nous reçoit alors dans les locaux de sa mairie, conquise en 2014. Et c’est sous le regard du chef de l’État, dont le portrait officiel trône dans son bureau, qu’il explique avoir agi pour protéger l’Alliance pour la République (l’APR, le parti présidentiel) et son aîné. « Dans la hiérarchie halpulaar, quoi qu’il arrive, mon grand frère reste mon patron. C’est comme ça. »
Tout au long de sa carrière, poursuit-il, il a dû prendre certaines décisions en fonction de lui. La première fois, c’était au début des années 2000. Macky Sall, brièvement passé par le parti And-Jëf / Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS, d’obédience maoïste), gravit les échelons auprès de son mentor, Abdoulaye Wade, au sein du Parti démocratique sénégalais (PDS). Envoyé à Fatick, dans ce Sine Saloum où il a grandi, « Macky » se retrouve opposé à « Aliou », qui reste lui un militant actif de l’extrême-gauche sénégalaise.
« Presque par apostasie », le second finit par se mettre au service du premier, qu’il rejoint au sein du PDS. Aurait-il pu en être autrement ? « Difficile de continuer à appartenir à l’extrême-gauche quand on a un frère Premier ministre », analyse un opposant qui les a côtoyés.
« J’étais dans un parti qui n’envisageait pas d’aller au gouvernement, se souvient Aliou Sall. Macky, lui, avait un boulevard électoral devant lui. Pourquoi le gêner ? » Les années suivantes, il continuera toutefois à évoquer publiquement ses liens avec l’AJ/PADS et à se décrire comme « un homme de gauche ». « Le cœur à gauche, mais le portefeuille à droite », rétorque en souriant un membre de la gauche sénégalaise.
Malheureux en affaires
En 2006, le maoïste converti au libéralisme devient chargé des affaires économiques à l’ambassade du Sénégal en Chine. C’est la campagne présidentielle de son frère qui le pousse, fin 2011, à rentrer au pays. Après l’élection, il envisage de revenir en politique mais ne trouve pas sa place au sein de l’APR. « Pas de fils de ni de frère de au sein du parti présidentiel », résume Aliou Sall. Il se tourne alors vers le secteur privé. « Et ça ne m’a pas porté bonheur », avance-t-il, avant de se reprendre : « Je ne veux pas parler de pétrole ! »
Aliou Sall refusera donc de revenir sur sa relation avec Frank Timis, rencontré en 2010. Deux ans plus tard, c’est pourtant l’homme d’affaires australo-roumain qui joue les facilitateurs dans l’octroi des blocs Saint-Louis et Cayar offshore profonds au chinois Wong Joon Kwang, directeur général et actionnaire unique de Petro-Tim. À l’époque, les décrets d’attribution sont signés de la main d’Abdoulaye Wade.
Lorsque, arrivé au pouvoir, Macky Sall avalise la concession d’exploration, en juin 2012, son frère devient le gérant de la société Petro-Tim Sénégal. Les contrats sont ensuite cédés à la société Timis Corporation, qui les revend à son tour aux compagnies Kosmos et British Petroleum – pour dix milliards de dollars, selon la BBC. Face à la pression de l’opposition, Aliou Sall quitte ses fonctions au sein de la société fin 2014 – un autre épisode dont il ne souhaite pas parler.
Batailles politiques
Retour à la politique et à la conquête de la mairie de Guediawaye, « pas évidente du tout ». À l’époque, il a hésité. Où tenter sa chance ? Fatick, le fief de Macky Sall, où il a lui-même fait ses armes, est exclu. La commune de Pikine, gérée par son oncle Abdoulaye Thimbo, également.
Ce sera donc Guediawaye, l’une des principales banlieues de Dakar. Mais les cadres APR du département rechignent à faire de la place au frère du chef de l’État et c’est au terme d’une « âpre bataille politique » qu’Aliou Sall parvient à s’imposer. Ce combat, il le gagne seul, sans le soutien du parti ni celui de son frère, à qui il n’a pas demandé son avis, tient-il à préciser. « De toute façon, j’aurais été mal à l’aise de réaliser cette conquête avec le soutien du président. »
Ses relations avec les « apéristes » s’améliorent. « Tu t’es bien débrouillé, il va bien falloir que l’on t’accompagne », lui disent certains. En janvier 2015, c’est cette fois avec le soutien du parti qu’il est élu à une large majorité à la tête de l’Association des maires du Sénégal. « À l’époque, certains disaient qu’il avait été parachuté, qu’il avait forcé la main à certains pour être là où il était. Mais finalement, son élection n’a pas posé de difficultés », se souvient un maire APR.
« Quand on doit être un relai entre l’État et les maires, c’est un avantage de pouvoir parler au président, admet Aliou Sall. Certains problèmes sont ainsi résolus de manière informelle ». Mais il veut être plus qu’un « frère de ». Il évoque d’ailleurs avec une certaine amertume plusieurs décisions prises à contre-cœur. Comme lorsqu’il a renoncé à être candidat aux élections législatives de 2017 alors qu’il les avait « déjà presque gagnées » ou quand il a démissionné de la CDC. « Pourtant, si le président me proposait à nouveau une position publique, je n’hésiterais pas », lâche-t-il.
« Un conflit d’intérêt évident »
Quant à son fauteuil de maire, pas question de l’abandonner, « quitte à ce que le gouvernement tombe », ose-t-il. Regrette-t-il de s’être embarqué dans l’aventure du gaz ? « Pas du tout, répond Aliou Sall. Petro-Tim, si c’était à refaire, je le referai. Quoi qu’on puisse en dire, c’était une belle aventure. »
La remarque fait sourire Abdoul Mbaye. Premier ministre de Macky Sall de 2012 à 2013, il a contre-signé les décrets avalisant l’octroi des permis à la société de Frank Timis. « Participer, et participer de manière délictueuse, c’est différent. D’autant plus qu’Aliou Sall n’a pas fait grand-chose : l’exploration a été réalisée par Kosmos. Il était surtout là pour s’assurer que les intérêts de la famille étaient pris en compte. »
Depuis qu’il a quitté le gouvernement de Macky Sall, ce banquier réclame plus de transparence sur l’affaire Petro-Tim – un « scandale innommable », à l’en croire. Il a d’ailleurs lui-même déposé plainte, mais la procédure est « au point mort ».
Pour Abdoul Mbaye, le nœud du scandale se niche dans la manière dont les contrats ont été signés par Abdoulaye Wade puis avalisés par Macky Sall. « Nous avons signé ces décrets en nous basant sur un rapport présenté par le ministre [de l’Énergie] de l’époque [Aly Ngouille Ndiaye], qui était faux », dénonce-t-il. L’ancien Premier ministre l’assure, il n’avait pas connaissance des liens qui existaient alors entre Petro-Tim et Aliou Sall, « un conflit d’intérêt évident. »
« Lorsque le pétrole est apparu, tout ce que l’opposition a vu, c’est le frère du président qui travaillait avec une compagnie qui bénéficiait du bloc, rétorque Aliou Sall. C’était du pain béni pour eux ! L’ensemble de cette affaire était destiné à affaiblir le président. » Les révélations de la BBC ? « Un tissu de mensonges », ajoute-t-il. Il avait d’ailleurs menacé de porter plainte contre la chaîne pour diffamation avant de se raviser – « Je ne pouvais pas me payer les services d’avocats à Londres ! ». Les pots-de-vin qu’il aurait perçus en jouant l’intermédiaire auprès de Timis ? « Inimaginable », pour lui qui n’était qu’un « employé ». Quant au versement qu’aurait reçu Agritrans, « il n’existe tout simplement pas ».
Si la justice a depuis donné raison à Aliou Sall, les suspicions d’Abdoul Mbaye restent intactes. « On savait que l’action engagée à l’initiative du gouvernement n’était pas destinée à obtenir des résultats, mais à le blanchir. Tout est bloqué par le président lui-même, c’est clair. Il faudra attendre son départ [du pouvoir] pour que le dossier soit traité, et peut-être compter sur des actions internationales. »
Aliou Sall, lui, rêve de rester en politique le « plus longtemps possible ». Tout en demeurant loyal à son frère. « Je ne serai pas candidat pour lui succéder, mais je ne veux pas insulter l’avenir. En politique, il est dangereux de vouloir sauter les étapes. »
par l'éditorialiste de seneplus, ousseynou bèye
MAKHTAR DIOUF, UN REBELLE À LA TÊTE BIEN FAITE
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est de la race de ces anticonformistes qui questionnent incessamment leur société pour lui faire accoucher le meilleur. Nous découvrons dans son dernier ouvrage, la qualité d’un intellectuel dans le sens plein du terme
Ousseynou Bèye de SenePlus |
Publication 29/04/2021
Dans mon micro-univers d’intellectuel insoumis, tel est le titre du dernier ouvrage publié récemment par l’économiste de renom, Makhtar Diouf, édité par NEAS dans sa collection « Essai, monde d’hier, monde de demain ».
Cet intellectuel « libre » et fier de l’être nous invite à la fois à entrer dans son intimité et à revisiter l’essentiel de ses écrits, quatre décennies durant. Une mine d’informations et d’idées. Un vrai trésor.
Avant d’en arriver aux écrits (essais, conférences, articles, correspondance…), l’auteur commence par « quelques éléments d’autobiographie », et dès l’entame de son propos précise :
"Ce texte n’est pas un Mémoire. L’auteur de Mémoire est généralement une personnalité publique, souvent politique (ce que je ne suis pas), qui raconte des événements passés dans lesquels il a été à la fois témoin et acteur…
L’autobiographie se situe à un niveau beaucoup plus modeste… Je me contente ici de présenter quelques séquences de ma vie qui ont jalonné mon parcours intellectuel.
Le ton est donné : nous n’avons affaire ni à un professeur assis sur son piédestal en train de contempler son nombril, encore moins à un politicien soucieux, avant tout, de faire passer ses arguments, d'imposer son point de vue, de « vendre » des projets prêts-à-porter. « L’intellectuel insoumis » n’en sera que plus à l’aise pour traiter de tous les sujets qui intéressent la société, y compris (nous devrions dire : ‘avant tout’)… des sujets politiques. Évidemment, le plus souvent, sous l’éclairage des théories économiques, son domaine de prédilection.
Mais, commençons par le commencement : la vie intime ou la vie tout court de l’enfant de la Médina. Pour le reste, le lecteur sera renvoyé aux écrits de l’auteur qui agrémentent toute la deuxième partie de l’ouvrage.
L’autobiographie
De la Médina à la Gueule-Tapée
« Un royaume d’enfance », comme dirait Senghor, dans ces quartiers populeux (même pour l’époque) de la Médina (anciennement appelé « Alwar ») et de la Gueule-Tapée, abrite cette vie qui commence un 19 mars 1942, dans « la grande maison familiale ». Ceux de la génération de l’auteur (et les moins vieux !), natifs de ces lieux quasi paradisiaques, se souviendront avec beaucoup de nostalgie, des endroits emblématiques de ces quartiers. Le cimetière « Alwar » de Soumbedioune, lieu sacré s’il en est ; la baie éponyme avec ses pirogues multicolores et son marché aux poissons qui ne désemplissait pas de ses femmes aux tenues bigarrées ; les Abattoirs de la Corniche-Ouest où venaient, comme des moutons de Panurge, se faire égorger les gros bœufs après avoir traversé tranquillement tout le quartier ; le dispensaire Polyclinique de l’Avenue Blaise Diagne qui recevait quotidiennement pendant les grandes vacances les courageux – et les moins courageux - candidats à la circoncision ; les soirées de kasak, véritables fêtes populaires et les salles de cinéma « Pax », et « Rio », interdites au garçon, Makhtar, car « notre éducation familiale est stricte » ; le grand canal en chantier qui ira longer le futur Lycée Maurice Delafosse, en construction ; des écoles coraniques à chaque coin de rue, et l’école primaire de la Médina (aujourd’hui école Alassane Ndiaye Allou, l’emblématique instituteur, reporter d’alors, un autre intellectuel de son temps) avec ses directeurs de l’époque, tout aussi exceptionnels : Pape Guèye Fall, Abdou Camara…
Chacun de ces lieux est associé à des souvenirs d’enfance de l’auteur qui se plaît à nous les restituer avec délectation. En même temps, le septuagénaire d’aujourd’hui saisit l’occasion pour nous faire, avec beaucoup d’émotion, des confidences sur ses parents :
"Mon père qui repose au cimetière de Soumbedioune deux ans seulement après ma naissance ; rien sur sa date et son lieu de naissance…
Ma mère, elle, a quitté ce monde en 1989 à l’âge de 87 ans…"
En 1953 le lycée Van Vollenhoven « considéré à l’époque comme centre d’excellence », ouvre précocement ses portes au brillant élève qui a dû sauter le CE1 dans son cursus primaire. C’est le lieu d’évoquer les amis d’enfance ainsi que les associations de jeunesse. Mais un souvenir lui restera en particulier : le cortège du Général de Gaulle venu, en 1958, nous « donner » l’indépendance :
"Nous sommes des milliers de jeunes debout le long de la baie de Soumbedioune à crier à son passage : 'Indépendance, Momsarew !'…
L’après-midi je ne vais pas à la Place Protêt… Je n’ai jamais compris pourquoi certains de nos aînés, parce que présents et brandissant des pancartes ont cherché à passer à la postérité comme les revendicateurs exclusifs de l’indépendance, jusqu’à créer un club de « Porteurs de Pancartes ».
Signes précurseurs de l’insoumission…
Les navettes entre Dakar et Paris
Avec la première partie du baccalauréat, le jeune homme embarque pour la première fois pour la France où il est inscrit pour des études de ‘Télécommunication-Signalisation’ à l’École nationale d’aviation civile (Enac). Guère intéressé par cette filière, il prépare seul la deuxième partie du bac et obtient, très fier, son diplôme :
"C’est, je puis dire, la plus grande satisfaction intellectuelle de ma vie, car je n’avais jamais mis les pieds dans une classe de Terminale."
Inscrit en Sciences économiques, il va étudier la matière qu’il venait de découvrir et pour laquelle il eut un véritable coup de foudre. A la Faculté, il rencontrera Moustapha Niasse, étudiant en droit, alors leader des étudiants de l’Union progressiste sénégalaise et qui deviendra son ami pour la vie. Rebelle au parti de Senghor et de l'actuel président de l'Assemblée nationale, il n’en adhère pas pour autant au PAI, parti marxiste d’opposition, alors fort coté dans les milieux étudiant et universitaire. Du reste, ses amis marxistes ne le trouveront jamais « assez clair ». Marginalisé à Droite comme à Gauche, sans que cela ne le dérange nullement, il s'explique :
"Je suis d’une indépendance d’esprit qui ne me permet pas d’être embrigadé dans le carcan d’un parti politique…"
Cette période sera marquée par des allers et retours incessants entre Dakar et Paris.
Retour sur Dakar. Inscrit une première fois au Département de Sciences économiques, il est vite déçu par le niveau des enseignants qu’il trouve très bas (surtout comparés à ceux de Paris) ; parmi eux, « un certain Abdoulaye Wade » :
"Il leur manque, écrit-il, beaucoup en termes de formation pour être de véritables économistes."
Nouveau tour à Paris après l’examen de 3e année. Poursuite des études en sciences économiques ; inscription en Doctorat en même temps qu’une formation d’Inspecteur des Impôts et une autre en Administration des entreprises.
Diplômé de grandes écoles, le jeune Makhtar rentre à nouveau à Dakar. Embauché à la Sar comme cadre administratif, il démissionnera la même année (1968) :
"… Je ne supporte pas l’ambiance. Je dois dire que je suis aussi choqué par l’exploitation dont les travailleurs africains, ouvriers et employés, sont l’objet dans cette entreprise qui pourtant engrange de gros bénéfices."
Un autre retour à Paris pour terminer et soutenir sa thèse… en usant de stratagème, car "lorsqu’on n’est pas étudiant membre du parti de Senghor, il faut user de ruse pour pouvoir aller étudier en France."
Recruté comme Assistant au département d’Économie de l’Université de Paris I, il comptera parmi ses collègues Alpha Condé, futur président de la République de Guinée. C’est en juin 1969 qu’il soutient sa thèse de Doctorat d’État. Il est admis avec la mention « Très bien », « le maximum qui à l’époque est conféré par la Faculté ».
Une nouvelle fois rentré dans sa ville natale, le jeune universitaire rejoint la Faculté de Sciences économiques, comme chargé de cours : "Quand j’intègre le département d’Économie, je suis bien accueilli par les deux seuls Africains qui y sont en poste…"
Par contre ses relations avec ses collègues expatriés ne sont pas toujours des meilleures, « compte tenu de leurs comportements seigneuriaux de temps colonial… ».
Parallèlement, Makhtar Diouf enseignait dans certains établissements d’enseignement supérieur. Déclinant alors de nombreuses offres pour des postes à l’extérieur, autrement mieux rémunérés.
En conclusion de cette carrière universitaire et de ces prestations sous contrat avec l’État sénégalais, l’universitaire n’est pas peu fier : "En tout cas, je me sens honoré d’avoir participé avec mes collègues de la Faculté comme de l’Enam à la formation de grands cadres du pays, ayant occupé d’importantes responsabilités dans le privé comme dans le public."
Il les cite nommément ; on y trouve, pêle-mêle : d’anciens Premiers ministres ou ministres, un président d’Assemblée nationale, des Ambassadeurs, des Directeurs de société…
Cependant, l’universitaire a fait l’objet de nombreuses tracasseries dans l’exercice de ses fonctions de la part du régime senghorien, alors très répressif et particulièrement frileux face à toute contestation, ou même de simples critiques dans un cadre purement scientifique. Il se souvient :
"C’est depuis l’époque de Senghor que je suis perçu comme un perturbateur par le régime, du fait de mes conférences très suivies à l’Université, au Centre Daniel Brottier, à la Chambre de Commerce… Il est vrai que je ne fais pas partie de ceux qui caressent le régime dans le sens du poil. Lorsque je dis du ’’socialisme africain’’ de Senghor qu’il n’est ’’ni socialisme ni africain’’, cela en égratigne plus d’un."
L’auteur termine cette partie autobiographique en abordant de nombreux thèmes, fort variés – le sport même, particulièrement le football dont il fut un grand adepte et pratiquant, aura sa part de revue et d’analyse. D'un « micro-univers », ne nous amène-t-il pas alors à un « macro-univers » ? En tout état de cause, il ne serait pas aisé, ici, de relever toutes ces questions, de façon exhaustive. Nous en abordons brièvement trois, dans l’ordre où l’auteur lui-même les présente : ses relations avec le marxisme, celles avec l’Islam, et celles avec Cheikh Anta Diop. Un choix arbitraire ou subjectif ?… C’est selon…
Ses rapports avec le Marxisme
Pour ce qui est de sa relation au marxisme, l’auteur, dès le départ, campe le débat : "Il m’a souvent été collé l’étiquette de marxiste. C’est ici, je crois, le lieu d’apporter des éclaircissements sur ce point."
On peut relever que le contact initial de Makhtar Diouf avec cette grande doctrine qui a dominé les 19e et 20e siècles fut des plus ambigus ; il revient sur cette première rencontre qui eut lieu à la faveur du cours d’un éminent « marxologue » : "Dans son cours sur le marxisme, je suis séduit par la partie économique, mais dérouté par la partie philosophique. Et il y a de quoi, pour un jeune Sénégalais qui entend dire que pour Marx il n’y a pas de créateur, que Dieu n’existe pas."
La documentation que le jeune universitaire, quelque peu perturbé, va chercher dans les bibliothèques parisiennes ne le mènera pas loin : aucune preuve de « l’inexistence d’un Dieu créateur ». D’autre part, il confesse : "… Je suis aussi rebuté par le matérialisme historique selon lequel la lutte des classes est le moteur de l’histoire."
Et de préciser :"Du peu que je connais de l’histoire de l’Afrique, je ne vois pas en quoi la lutte de classes a pu être le moteur déterminant de l’histoire du continent."
Enfin, l’universitaire « rebelle » n’est guère adepte du terme de « dictature du prolétariat », pourtant concept fondamental dans la doctrine politique de Karl Marx.
« La cause est entendue » : Makhtar Diouf n’est pas marxiste.
Pourtant l’ambiguïté demeure, car il ne cache pas son adhésion totale à l’économie politique marxiste. La prise de position est nette, claire et précise : "Pour moi, Marx est le plus grand de tous les économistes connus jusqu’à ce jour, et Le Capital est le meilleur ouvrage d’Économie politique."
Il ne sera donc pas surprenant de voir l’enseignant accorder une large place dans ses cours à l’Économie politique marxiste. Même s’il a toujours eu à cœur d'en faire « une présentation objective ».
Par ailleurs, dans sa pratique militante (syndicale, culturelle, politique), Makhtar Diouf a souvent compté parmi ses « compagnons de lutte » des militants communistes, dont certaines de ses fréquentations parisiennes, alors qu’il était jeune étudiant. Il ne sera cependant jamais membre de leurs organisations politiques. C’est du reste, lors du regroupement avec des membres du PIT (Parti de l’Indépendance et du Travail) d’obédience marxiste, autour du journal Ande Sopi (Ànd Soppi, devrait-on écrire !) qu’il fait la connaissance du président Mamadou Dia, fondateur de cet organe. C’est la naissance d’une belle et longue amitié avec le Grand Mawdo qu'il évoque avec émotion.
Ses rapports avec l’Islam
"Mon cheminement avec l’Islam est dans une certaine mesure celui de la plupart des jeunes de ma génération issus des grandes villes du pays. L’école coranique avant l’école française, tous les jours de la semaine sauf le jeudi."
Ce cheminement va continuer de façon tout aussi classique : l’école française au primaire, puis au secondaire, tout en poursuivant les études coraniques le jeudi et le dimanche, « et bien entendu pendant les grandes vacances ». Mais avec l’adolescence, les distractions de tous ordres (compétitions sportives, cinémas, matinées et soirées dansantes…) l'éloignent sensiblement du religieux, « même si, sous l’œil vigilant des parents on continue à prier ». Et ce ne sont pas les séjours à l’étranger qui vont améliorer la situation. Le comble, c’est que, comme pour la plupart des disciples des daara des grandes villes, "la formation à l’école coranique que j’ai connue à l’époque se réduit au jangu gumba (njàngu gumba), c’est-à-dire apprentissage par cœur et récitations de versets du Coran sans en connaître le sens."
Mais avec l’âge, les choses vont changer. Et c’est l’occasion de se rappeler la citation d’un écrivain français, Alexis Carrel que notre auteur nous reproduit : « Un peu de philosophie éloigne de la religion, beaucoup de philosophie y ramène ».
Par la grâce donc d’une prise de conscience nouvelle, Makhtar Diouf s’initie à la langue arabe, achète des livres et se rapproche des érudits islamiques. Dans les années 70 à Paris même, il fréquente un groupe d’amis, des compatriotes portés vers la religion, dont certains sont des arabisants. Rentré au pays, il approfondit ses connaissances par des études plus pointues : "Je suis ce tafsir…, le Coran en mains pendant 13 ans sans interruption de 13 h à 17 h."
Makhtar Diouf sera même parmi les membres fondateurs du Cerid (Cercle d’études et de recherches ’’Islam et Développement’’), mouvement qui, à l’époque avait polarisé bon nombre d’intellectuels de ‘formation occidentale’ mais très motivés par la question religieuse, islamique : "structure permanente et de veille très encouragée par Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh et Serigne Madior Cissé de Saint-Louis."
L’économiste émérite poussera son engagement jusqu’à mener de façon approfondie l’étude de la zakat ; ce qui lui vaudra de donner des cours et des conférences sur le sujet dans le pays et à l’extérieur, en Afrique et dans les pays arabes. Enfin, il effectuera les pèlerinages de la Oumra et du Haj.
Pourtant « l’intellectuel insoumis » n’est jamais loin ; même en matière religieuse, il a son mot à dire. Son mot pour dire, honnêtement, ce qu'il n'apprécie pas :
"Il est certaines pratiques de l’Islam, ici à Dakar, dont j’ai du mal à m’accommoder. Comme ces appels répétés, parfois agressifs, à la prière du matin, souvent deux heures avant la prière, avec des haut-parleurs réglés au maximum."
L’intellectuel qu’il est ne se contente pas d’exprimer ses états d’âme, il les fonde sur des sources coraniques ou historiques qu’il ne manque pas de développer. Comme sa profonde conviction religieuse qu’il puise de la vérité du livre sacré :
"Je peux dire que mon ancrage permanent dans l’Islam s’explique par le constat de la véracité du message coranique."
Enfin, l’auteur, sur le point de clore cette partie autobiographique de son œuvre, abordera ses rapports avec Cheikh Anta Diop.
Sa relation avec Cheikh Anta Diop
Il est tout de même remarquable que l’éminent égyptologue soit la seule personnalité universitaire et/ou politique à qui Makhtar Diouf dédie un chapitre à part dans cette partie autobiographique de son ouvrage :
"La dimension intellectuelle de Cheikh Anta Diop est telle que l’ayant connu, je ne puis manquer d’évoquer les rapports que j’ai entretenus avec lui."
Pourtant Makhtar Diouf ne connaît personnellement Cheikh Anta Diop que sur le tard, en 1980, c’est à dire six ans seulement avant la disparition de ce dernier.
"C’est au lycée Van Vo où il a lui-même fait ses études secondaires, que nous entendions parler de lui, sans l’avoir jamais vu."
C’est donc bien plus tard qu’un de ses collègues l’accompagne à une rencontre que Cheikh Anta organise à son domicile avec les jeunes universitaires de son parti, le Rassemblement National Démocratique (RND) :
"Nous avons tout de suite sympathisé et j’ai vu qu’il me connaissait : du fait de mes articles de Ande Sopi, et par ceux de mes étudiants militants de son parti qui lui parlaient de mes cours ’’Intégration des économies africaines’’ dans lequel son nom revenait souvent."
Le savant se montra « ravi de l’existence d’un tel enseignement à l’Université », mais le chargé de cours à l’Université qui portera plus tard le nom de l’égyptologue ne s’en arrêta pas là :
"… Si bien que chacun de mes étudiants de 4e année a son livre (Les fondements économiques et culturels d’un État fédéral d’Afrique Noire), je dirai même son manuel, car tout à fait conforme à l’esprit de mon cours."
Cependant, Makhtar Diouf demeure réfractaire à « tout embrigadement dans le carcan d’un parti politique » ; mais cette fois-ci, « l’insoumission » n’aura pas l’occasion de se manifester :
"Je n’adhère pas au RND, ce qu’il (Cheikh Anta) ne m’a jamais demandé, mais je continue à le rencontrer dans son bureau du laboratoire Carbone 14 de l’Ifan."
Ceux qui ont connu Cheikh Anta Diop ne seront pas surpris par ce comportement à la fois de courtoisie et de réserve, voire de pudeur.
Il est aussi remarquable de noter qu’Abdoulaye Wade, leader du PDS, avec qui l’auteur entretenait le même commerce, par des rencontres fréquentes à son bureau, observait un comportement identique, n’ayant jamais demandé à Makhtar d’adhérer à son parti.
Quant à Cheikh Anta Diop, il acceptera de préfacer l’œuvre de son jeune collègue, Intégration économique, perspectives africaines : "Il en est d’autant plus ravi que dans la conclusion de son livre Les fondements… il avait formulé le souhait qu’un jour, de jeunes économistes africains viennent le compléter en apportant une touche plus économique au problème de l’intégration régionale africaine."
Et… un vendredi de 1986, Makhtar, souffrant, se rend au bureau de Cheikh pour s’excuser de son éventuelle absence à une table ronde prévue le lendemain (nous sommes en février, et non ‘mars’) :
Mais le bureau est fermé alors que c’est toujours à cette heure que je l’y rencontrais. Je rentre à la maison me coucher, et au début du journal parlé de 20 h de Radio Sénégal, la nouvelle tombe : le décès du professeur Cheikh Anta Diop. Au moment où je frappais à la porte de son bureau vers 17 h, il était à la morgue de l’hôpital Fann, ayant été terrassé par une crise cardiaque vers 15 h à son domicile… Géant du savoir, il l’était.
En guise de conclusion
Dans mon micro-univers d’intellectuel insoumis : rarement le titre d’un ouvrage aura si bien reflété son contenu. De la première à la dernière page de cette autobiographie, nous découvrons la qualité d’un intellectuel dans le sens plein du terme – celui-là qui pense son milieu et le monde, dans le passé et le présent, comme dans le futur ; avec le bonheur d’une fécondité rare, à même d’accoucher le devenir de l’espèce humaine, en corrélation avec le développement de sa société.
Un intellectuel, certes, mais de la race des « insoumis », ces anticonformistes positifs qui questionnent incessamment leur société pour lui faire accoucher le meilleur. Ceux-là ne peuvent pas se « contenter » de l’existant contre lequel ils sont en perpétuel combat. Pour le transformer, comme Marx l’aurait voulu, mais aussi pour le nourrir de sa spiritualité, comme Marx ne l’aurait pas imaginé. Mais comme l’aurait sûrement aimé Cheikh Anta Diop.
La deuxième partie du livre est consacrée aux écrits de l’auteur, sous le titre : Interventions sur l’actualité économique. En termes de volume elle est de loin plus importante que la première, réservée à l’autobiographie, et que nous avons pris le parti de présenter en détail, au vu de la qualité qu’elle recèle.
Cette qualité n’est pas seulement liée à sa teneur, qui en fait une mine d’informations et d’idées. C’est qu’elle révèle le talent d’une belle plume, qu’on a plaisir à lire – sans hâte. Et cela, en dépit de quelques coquilles relevées çà et là.
Pour la compilation de ses écrits que l’auteur nous sert volontiers dans la deuxième partie, nous nous contentons, ici, d’indexer quelques titres à l’attention du lecteur friand de connaissances et qui ne manquera pas de s’en abreuver.
Interventions sur l’actualité
Ces interventions sur l’actualité portent certes, sur les questions économiques, mais embrassent également de nombreux autres domaines, fort variés : la géopolitique, la politique intérieure sénégalaise, la religion et le sport, sans compter les hommages rendus à Raymond Barre (2007) et au Grand Mawdo Mamadou Dia (2009).
Ainsi sur les questions économiques, les textes ci-dessous ont particulièrement retenu notre attention :
Le socialisme africain de Senghor : ni socialisme ni africain (1976)
Patriotisme économique et mondialisation (2010)
À propos des A.P.E. (2007)
Séparatisme et réalisme : leçon d’ailleurs (2oo5)
Le Nepad n’est pas un document africain (2006)
Problématique de l’État-nation (2013)
S’agissant de la politique intérieure sénégalaise, on peut relever, entre autres, les titres ci-après :
Candidature de Wade : du côté des valeurs éthiques et démocratiques (2012)
Acte III de la décentralisation : l’ombre de Cheikh Anta Diop (2014)
À propos de la religion, nous nous sommes surtout arrêté sur les articles relatifs à la laïcité et sur un autre ayant fait l’actualité au Sénégal et soulevé les passions : la réponse courtoise et argumentée à l'ouvrage du Professeur Oumar Sankharé :
"Il y a eu un coup d'État, le fils du président se coopte 18 mois de transition avec la promesse de vagues élections et la France dit : bravo, vive la stabilité politique !". La position française est à contrecourant de l'Afrique du 21e siècle
En soutenant la transition militaire au Tchad au nom de la sécurité du Sahel et par ricochet de l'Europe, le président français Emmanuel Macron se retrouve prisonnier d'enjeux de pouvoir à N'Djamena et d'un vieux parfum de "Françafrique" dont il entendait se départir.
"La France rentre dans une période difficile parce qu'elle va devoir justifier une position qui est assez injustifiable", estime Roland Marchal, chercheur au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris.
"Il y a eu un coup d'État, le fils du président (défunt) se coopte 18 mois de transition avec la promesse de vagues élections et la France dit: +bravo, vive la stabilité politique!+", explique-t-il à l'AFP.
Emmanuel Macron a promis vendredi, devant le cercueil d'Idriss Déby Itno, mort en combattant une rébellion dans le nord du Tchad, son soutien à la junte militaire qui a pris le pouvoir afin de préserver la "stabilité" du pays, allié majeur dans la lutte contre les jihadistes au Sahel.
"La France ne laissera jamais personne remettre en cause la stabilité et l'intégrité du Tchad", a-t-il lancé tout en appelant le fils d'Idriss Déby, le général Mahamat Idriss Déby, nouvel homme fort du régime, à promouvoir une "transition démocratique".
Mais à peine quatre jours plus tard, le président français haussait le ton et condamnait "avec la plus grande fermeté la répression" au Tchad, après la mort de six personnes - selon les autorités - dans des manifestations interdites par le pouvoir.
- A contrecourant -
"La position française se charge d’ambiguïtés, elle est fragilisée", pointe Roland Marchal. Elle est aussi, selon lui, à contrecourant de "l'Afrique du 21e siècle" et d'une jeunesse africaine braquée contre les pratiques monarchiques.
Celle-là même à laquelle Emmanuel Macron s'était adressé dans son discours de Ouagadougou en novembre 2017, promettant une nouvelle relation entre la France et ses ex-colonies, loin des dérives de la "Françafrique", de son paternalisme et de ses complicités avec des régimes peu fréquentables.
Ces déclarations sont "contreproductives", renchérit Alain Antil, expert de l'Afrique subsaharienne à l'Institut français des relations internationales (Ifri)."Cela va marquer durablement les esprits et venir confirmer, chez certains en Afrique, les pires caricatures que l'on fait de la France".
Selon les deux chercheurs, la transition démocratique promise par la junte est en outre loin d'être acquise, tant les équilibres entre clans sont complexes et les risques de conflits d'intérêt nombreux.
La France a pour sa part les yeux rivés sur le "verrou stratégique" du Tchad, entre une Libye toujours imprévisible d'où est partie la colonne de rebelles qu'Idriss Déby était allé combattre, et le Nigeria, en proie aux jihadistes de Boko Haram.
- "Demandes de démocratie" -
"Le Tchad, c'est un pays qui est au carrefour de beaucoup de menaces.C'est majeur pour la France, majeur pour le Sahel", martèle le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian."La mort de Déby change la donne de façon non négligeable", confirme de son côté une source gouvernementale française.
L'armée tchadienne, la plus aguerrie de la région, apporte un précieux soutien à Barkhane - dont le QG est à N'Djamena - et aux pays voisins du G5 Sahel dans la lutte contre le jihadisme.
Le président défunt venait d'envoyer 1.200 soldats dans la région dite des "trois frontières", une des plus vulnérables du Sahel, au carrefour du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
"Ils ont confirmé leur engagement au sein de la Minusma (force de l'ONU au Mali) et du G5 Sahel et le bataillon envoyé dans la zone des trois frontières reste sur place", se félicite-t-on d'ailleurs à Paris.
Mais pour Alain Antil, "la France est prisonnière d'une lecture trop unilatéralement géostratégique, selon laquelle une instabilité du Tchad entraînerait mécaniquement, par sa position géographique, des répercussions négatives à la fois sur l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Ouest".
"Depuis l'arrivée de Déby au pouvoir, Paris a justifié son soutien sans nuance au régime sur le mode : +c'est Déby ou le chaos+.Il ne faudrait pas que l'on passe maintenant à +la junte ou le chaos+", souligne-t-il, en pointant "les demandes de démocratie et de pluralisme des populations".
LA SUPPRESSION DE LA LOI SUR LE PARRAINAGE N’EST PAS DU RESSORT DE LA CEDEAO
Me Ousmane Sèye réagit à la décision rendue par la Cour de justice de la CEDEAO ordonnant à l’Etat du Sénégal de supprimer la loi sur le parrainage dans un délai de 06 mois
Me Ousmane Sèye réagit à la décision rendue par la Cour de justice de la CEDEAO ordonnant à l’Etat du Sénégal de supprimer la loi sur le parrainage dans un délai de 06 mois. Ce, après qu’elle considère que cette loi porte atteinte au principe de la libre participation aux élections.
D’emblée, Me Ousmane Sèye remet en cause cette décision à laquelle il ne croit même pas. « Ça m’étonnerait que la Cour de Justice de la CEDEAO prenne une telle décision. Si c’était le cas, la Cour aurait outrepassé ses compétences ».
Estimant que le principe de la Cour c’est de ne pas rendre des décisions qui portent atteinte à la souveraineté des Etats membres de la CEDEAO mais également de ne pas se substituer aux juridictions nationales, l’avocat de s’interroger : « Comment la Cour peut demander à un Etat souverain de supprimer une loi que les représentants du peuple ont souverainement votée ».
Avant d’ajouter : « ce n’est pas du ressort de la cour de la CEDEAO ». Poursuivant son argumentaire, Me Ousmane Sèye rappelle que le parrainage est un cycle démocratique qui est appliqué dans tous les Etats démocratiques du monde. Et au Sénégal, on n’a même pas appliqué le parrainage des élus mais le parrainage citoyen.
« On peut demander des réformes sur le parrainage, sur la manière de valider les candidatures mais, supprimer entièrement la loi sur le parrainage ce n’est pas du ressort de la Cour », insiste-t-il.
A l’en croire, si cette juridiction prend cette décision, elle outrepasserait « dangereusement » ses compétences. Et, prévient-il : « le Sénégal n’accepterait pas cette décision parce que le Sénégal est un Etat souverain ».