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20 septembre 2025
BONI NE CONNAIT PAS LE DISCOURS «DIPLOMATIQUE»
Son style de communication peut gêner certains. N’étant pas un adepte de la langue de bois, Boniface Ndong tient souvent un discours franc et direct. A l’image de sa dernière sortie sur le cas Pierria Henry. Décryptage.
Son style de communication peut gêner certains. N’étant pas un adepte de la langue de bois, Boniface Ndong tient souvent un discours franc et direct. A l’image de sa dernière sortie sur le cas Pierria Henry. Décryptage.
On a beaucoup aimé Boniface Ndong comme ancien international de basket, talentueux et intraitable sous le panier. Aujourd’hui devenu coach des Lions, il va falloir aussi qu’on s’adapte à une certaine rigueur dans sa démarche mais surtout à son discours, franc, direct et sans langue de bois.
Un style de com’ qui apparaît dans les propos de Boni. En témoigne sa dernière sortie mercredi, dans Le Quotidien, à l’issue de la première journée du Tournoi de Dakar, en balançant cette phrase-choc : «Sans Pierria Henry, on ne peut pas gagner l’Afrobasket.»
Certains ont dû bondir de leur siège en entendant de tels propos. Une manière de reprocher au sélectionneur des Lions de fouler au pied tout esprit collectif, préférant s’attarder sur des individualités. Si des propos de ce genre peuvent agacer les joueurs, ils mettent aussi sous pression le coach-lui même qui d’ailleurs a rappelé que l’objectif qu’on lui a assigné en prenant les rênes de l’Equipe nationale masculine, c’est de remporter le trophée continental. «On a mis dans mon contrat comme objectif : gagner l’Afrobasket 2021», a-t-il tenu à préciser. Ce qui a le mérite d’être clair pour le technicien sénégalais qui, pour atteindre cet objectif, veut réunir toutes les conditions de succès. Il n’est donc pas question, selon lui, qu’il y ait un maillon faible à même de faire grincer la machine.
«Vous connaissez nos meneurs, aucun d’entre eux n’a disputé une finale de l’Afrobasket. Donc, si j’aspire à gagner une finale, j’ai besoin de Gorgui, de Maurice, de Pierria. C’est pour cela que je me suis battu pour l’avoir», a tonné Boni. Qui dans la même foulée a lancé un deadline à Tacko Fall. «Il attend des documents administratifs pour pouvoir rejoindre le groupe. S’il ne vient pas dans une semaine, je déciderai de l’écarter», a-t-il tranché net. Une telle tonalité dans le discours, il faudrait s’y habituer car l’homme n’entend pas emprunter une «voie de contournement» pour dire ce qu’il pense et ce qu’il veut.
Loin d’être un adepte du discours diplomatique, «Boniface est un homme de principe qui ne badine pas avec le tâtonnement, l’inorganisation, l’improvisation», souffle un de ses proches. Et sous cet aspect, on a en mémoire sa démission-surprise et avec fracas de son poste de Manager général de l’Equipe nationale en mars 2015. Un départ ponctué par une lettre salée envoyée au ministre des Sports, Matar Ba, à qui il réclamait une dette dû par ses services.
La Fédération sénégalaise de basket qui connaît bien son technicien devra donc s’habituer au style de com’ de Boni. Comme d’ailleurs les joueurs qui doivent considérer la sortie de leur coach concernant Pierria Henry comme une source de motivation et en prouvant sur le parquet que le basket est d’abord un sport collectif.
CHITA, LE MAL DÉCELÉ ET LE REMÈDE TROUVÉ
Pour s’être toujours arrêté au stade des quarts de finale du Mondial de beach soccer, le Sénégal veut forcer son destin en Russie, en tuant le chat noir. Ibrahima Ndiaye Chita donne la recette
Pour s’être toujours arrêté au stade des quarts de finale du Mondial de beach soccer, le Sénégal veut forcer son destin en Russie, en tuant le chat noir. Ibrahima Ndiaye Chita donne la recette.
Ibrahima Ndiaye Chita a laissé entendre que le mal empêchant à l’Equipe nationale du Sénégal de beach soccer de dépasser le cap des quarts de finale en Coupe du monde a été décelé et le remède trouvé. «On a eu assez d’expérience pour voir là où ça cale. On a pu trouver quelques remèdes et on s’est attelé à ça et particulièrement par rapport à la profondeur de notre banc», explique le Manager général. Qui argumente : «En général, on déplaçait 12 joueurs mais il n’y avait que cinq qui se battaient et les autres c’est comme s’ils étaient là pour faire de la figuration bien vrai que j’ai beaucoup de respect pour ces joueurs. Pour cette fois-ci, les gosses (ils sont 14) qu’on va déplacer, c’est sûr qu’ils n’iront pas là-bas pour des vacances. Ils vont tous mouiller le maillot ; que ce soit les titulaires ou bien les autres qui seront sur le banc.»
Emmagasinant une somme expérience pour avoir participé à six Coupes du monde et s’apprêtant à disputer une septième en Russie, Chita promet : «On prend l’engagement d’être parmi les quatre meilleures équipes du monde.» Non sans attirer l’attention sur le fait «qu’une victoire ne se décrète pas». Mais qu’il va falloir se battre sur le terrain pour l’arracher, à en croire le manager des Lions de la plage qui ont quitté Dakar mercredi très tôt le matin. «La Coupe du monde regroupe les 16 meilleures du monde et que chacune d’entre elles voudra rentrer avec le trophée. Le Sénégal ne sera pas en reste. On voudra écrire l’histoire de notre football, en étant la première équipe africaine à aller jusqu’en finale de Coupe du monde et pourquoi pas la gagner. C’est dans nos cordes. Mais comme je le dis tantôt, ça ne se décrète pas», tient-il à relativiser.
La motivation et l’expérience sont là
Pour Chita, la motivation est de mise chez les joueurs qui avaient été reçus au Palais par le Président Macky Sall au lendemain d’un septième sacre, à domicile pour la première fois. «Je crois que les garçons sont motivés surtout quand ils ont été reçus par le président de la République et dans son message, il a promis d’être à Moscou si les gosses se hissent en finale du Mondial. Donc moi, je crois qu’il n’y a pas meilleure motivation qu’un tel discours. On va donc défendre crânement nos chances parce qu’on ne va pas défendre seulement le Sénégal mais tout le continent africain. On en a assez de toujours stagner, de ne pas dépasser les quarts de finale», argumente l’ancien international. Parlant de l’état d’esprit de l’équipe, Ibrahima Ndiaye Chita parle «d’une très bonne entente et d’une très bonne ambiance» au sein du groupe dont il loue «la discipline». «Ils sont toujours à l’écoute des critiques, même si des fois nous sommes durs avec eux. Mais ils parviennent à encaisser et à gérer. Je crois que c’est l’essentiel», soutient-il.
Sur la liste de 14 joueurs choisis par le staff technique, Chita de relever que ceux qui n’ont jamais disputé une compétition sont au nombre de «quatre à cinq joueurs». «Je crois qu’on a la base. Alseyni Ndiaye, ce sera sa 7ème Coupe du monde, il y a Sylla qui est là, Jean, Ndour qui est là depuis 2013, Raoul depuis 2011 et Babacar. Vous voyez, la base, elle est là, l’expérience aussi. Derrière, il y a les jeunes. Même si nous voulons gagner la Coupe du monde et faire une bonne prestation à Moscou, il faudrait aussi penser à l’avenir. C’est pourquoi dans le groupe, on a intégré les jeunes qui sont au maximum cinq. C’est pour vous dire que la relève est assurée.» La 11e édition de la Coupe du monde Russie 2021 aura lieu du 19 au 29 août 2021 en Russie. Quatre fois quart de finaliste de la Coupe du monde, en 2007 (Brésil), 2011 (Italie), 2017 (Bahamas) et 2019 (Paraguay), le Sénégal est logé dans la poule D, avec le Portugal, champion du monde en titre, Uruguay et Oman.
DIRE QUE LE PRÉSIDENT A PROVOQUÉ LA TROISIÈME VAGUE EST UN FAUX DÉBAT
Ibrahima Seck milite pour des mesures de restriction dans la lutte contre le Covid-19, mais pas généralisées dans le pays
Pr Ibrahima Seck milite pour des mesures de restriction dans la lutte contre le Covid-19, mais pas généralisées dans le pays. Dans cet entretien, le chef du Service de médecine préventive et de santé publique à la Faculté de médecine de l’Ucad insiste sur l’importance du vaccin et balaie les rumeurs qui l’accompagnent. Pr Seck écarte tout lien entre la sévérité de la 3ème vague de coronavirus et les tournées économiques du président de la République.
L’Etat a décidé de rendre gratuit l’accès à l’oxygène dans le privé comme le public. Comment appréciez-vous cette décision ?
La tension sur l’oxygène anime aujourd’hui le débat national en ce qui concerne la prise en charge des cas sévères. C’est une bonne chose qu’une telle mesure soit prise par l’Etat. Je salue l’initiative du chef de l’Etat visant à rendre gratuite la fourniture de l’oxygène à tous les patients concernés du public comme du privé.
Quel impact cette décision peut-elle avoir sur la lutte contre le Covid-19 ?
L’impact est considérable. Il y avait un problème de coût et de disponibilité. En mobilisant aujourd’hui les gaziers pour améliorer la production et en rendant gratuit l’accès à l’oxygène, l’impact est qu’il y aura une amélioration de la disponibilité et de l’accessibilité de cet oxygène pour tous les patients concernés. Je rappelle que ce ne sont pas tous les malades atteints de Covid-19 qui en ont besoin. Cet oxygène est un des intrants nécessaires pour la prise en charge des cas sévères qui sont en détresse respiratoire avec une hypo-oxygénation.
Cette 3ème vague est sévère en termes de contamination et de décès. Quels sont les facteurs qui l’ont accélérée ?
Les facteurs favorisants n’ont pas beaucoup changé. On a tous constaté qu’il y avait un relâchement dans le respect des mesures barrières. Le port du masque avait été abandonné, le respect de la distanciation physique aussi. Les cérémonies religieuses, coutumières et funéraires qui occasionnent des rassemblements avaient repris de plus belle sans aucun respect des mesures barrières. Donc, tous les facteurs favorisant la transmission du virus au sein de la communauté étaient bien présents. C’est ce qui explique, à mon avis, cette explosion des cas. Il s’y ajoute l’apparition des mutants qui n’existaient pas lors de la 1ère et de la 2ème vague. C’est le variant Delta qui est incriminé. Il se caractérise par une forte contagiosité (1 personne malade peut contaminer très rapidement 6 à 8 personnes) et une plus grande sévérité des cas. On observe actuellement des cas sévères chez les sujets jeunes sans comorbidité et les femmes enceintes. Ce qui était rare avant.
Scientifiquement, est-il prouvé que les tournées économiques du président de la République ont provoqué ou accéléré cette 3ème vague ?
3ème vague ? (Rires) Vraiment, je pense que c’est un faux débat, car si on regarde la carte de répartition des cas, on ne retrouve pas plus de cas dans les localités visitées lors de la tournée présidentielle (Matam, Kaffrine, Tamba, Kédougou et Sédhiou). Au contraire, l’épicentre de la pandémie est dans la région de Dakar. C’est dans les 5 départements de la région de Dakar (Dakar, Pikine, Guédiawaye, Keur Massar et Rufisque) où on retrouve presque 70% des cas déclarés.
Que faut-il faire concrètement pour contenir ce variant ?
Il faut, plus que jamais, amener les populations à respecter les interventions non pharmaceutiques. Il faut éviter systématiquement les rassemblements inutiles. Si le rassemblement est inévitable, il faut faire respecter les mesures barrières, le port du masque, la distanciation physique, se laver les mains avec de l’eau savonneuse ou avec du gel hydro-alcoolique. Voilà ce qu’il faut faire. Il faut en plus un contrôle rigoureux et permanent.
Ne pas imposer de restrictions connues lors des 2 premières vagues a-t-il été une bonne stratégie ?
Cela est aussi un grand débat. Faudrait-il encore lors de cette 3ème vague appliquer les mesures de restrictions sur les déplacements ou le confinement, le couvre-feu ? Est-ce que cela sera supportable par les populations qui tirent l’essentiel de leurs revenus au niveau du secteur informel ? Donc la question se pose avec acuité. Je pense qu’on peut les appliquer, mais pas de manière généralisée et permanente. Il faut les appliquer de manière sélective en fonction de l’incidence des cas par zone géographique et surtout pendant une période d’au moins deux semaines. Ensuite, il faut évaluer l’efficacité de ces mesures. Si à la suite de leur application le nombre de cas a diminué, il faut un allègement. Sinon il faut augmenter graduellement les mesures. Cela doit aussi s’accompagner d’une bonne campagne de sensibilisation. Il ne faut jamais appliquer les mêmes mesures pour tout le pays. Pour me faire comprendre, j’utilise cette métaphore : quand la cuisine de votre maison prend feu et que les sapeurs-pompiers viennent éteindre le feu, ils ne vont certainement pas arroser indifféremment toute la maison. Ce serait inefficient. Ils se concentreront au niveau du foyer et ensuite mettront des mesures conservatrices tout autour.
Comme quoi par exemple ?
Comme je viens de l’expliquer précédemment, il faut veiller au respect des interventions non pharmaceutiques (port du masque, respect de la distanciation sociale, interdiction des rassemblements, fermeture des lieux de culte, réglementer la charge dans les transports en commun, éviter certains regroupements inutiles au niveau de la région de Dakar, etc.). Après, il faut évaluer au bout de deux à trois semaines. En fonction des résultats obtenus, juger de l’opportunité d’alléger ou de renforcer les mesures barrières. C’est comme ça qu’il faut aller graduellement avant d’arriver au stade extrême d’état d’urgence ou de couvre-feu.
Mais rien n’est fait depuis cette déclaration du Président, menaçant de revenir à l’état d’urgence alors que la situation s’aggrave de jour en jour. L’Etat est-il en train d’abandonner les populations ?
Je n’ai pas ce sentiment. L’Etat est en train de faire ce qu’il peut. Vous avez mentionné entre autres les mesures de gratuité envers l’oxygène par exemple. Il y a aussi la sensibilisation sur le port du masque. On a tendance à penser que la réponse à une urgence sanitaire doit être uniquement l’affaire du ministère de la Santé. Je le répète, la réponse à une pandémie est nationale, multisectorielle. Elle interpelle tout le monde, particulièrement dans le respect des interventions non pharmaceutiques. Par contre, la riposte contre la pandémie, c’est le cœur de métier du ministère de la Santé. Cela doit se faire dans une approche pluridisciplinaire. Le ministère de la Santé doit pouvoir regrouper toutes les disciplines qui sont censées l’aider à gérer ce problème de santé publique. Concernant la transmission de la maladie au sein de la communauté pour freiner la propagation, c’est le concours de tous les ministères pour amener les populations à adopter un comportement favorable à la santé. Les ministères des Transports, de la Famille, de la Jeunesse, de la Communication etc. tout le monde doit participer à la réponse nationale. La sensibilisation doit même être relayée par les autres ministères. Vous, les journalistes, pouvez utiliser les mots les plus appropriés pour faire comprendre aux populations l’importance de se prémunir. Il faut que les journalistes soient formés à la Communication sur les risques et l’engagement communautaire (Crec) et non à la communication de crise. Il s’agit plus de communiquer sur les risques encourus pour attraper la maladie et sur ce qu’il faut faire pour l’éviter et le dire dans toutes les langues en termes simples. Si tout cela est fait, le ministère de la Santé pourra se concentrer sur la riposte contre la pandémie.
Comment doit s’organiser cette riposte ?
Avant, il faut une bonne préparation. Il faut que le système de santé soit outillé avec des plateaux techniques renforcés. Le plateau technique renforcé veut dire 3 choses : Il faut des structures de prise en charge adéquates, des équipements, matériels, produits et médicaments, et du personnel qualifié. Ensuite, il faut savoir que la riposte doit être menée au niveau de 3 fronts : prise en charge correcte des cas, le dépistage des cas suspects et la prévention. Si tout cela est fait, il faut aussi assurer la résilience du système de santé par le maintien du fonctionnement des autres services de santé essentiels non Covid-19 (Pev, santé maternelle et infantile, la lutte contre le paludisme, le diabète, Hta, etc.). Au total, la riposte doit reposer sur une bonne préparation, une surveillance adéquate, un bon système de dépistage et de prise en charge des cas, sans oublier de continuer à faire fonctionner les autres services de santé.
Les hôpitaux sont aujourd’hui saturés
Il faut renforcer les capacités d’accueil, et pour cela présentement, à défaut de pouvoir construire des hôpitaux comme l’on fait les Chinois en 10 jours. Il faut de l’imagination, de la créativité pour arriver à augmenter les capacités d’accueil des hôpitaux. Il faut réorganiser certains services chirurgicaux qui ne sont pas nécessaires dans l’immédiat et les réaffecter dans la riposte. D’autres services non urgents devraient simplement être reportés sine die.
L’approche Cte est-elle une stratégie pérenne ?
Oui, parce qu’on ne sait pas quand est-ce cette pandémie se terminera. Il faut apprendre à vivre avec le virus. En tout cas, ce n’est pas demain la fin. Il faut essayer de mettre en place des stratégies pérennes jusqu’au jour où on nous dira que maintenant on est à zéro cas. Actuellement en Europe, certains pays parlent de 4ème vague ou de 5ème vague, alors qu’ici au Sénégal on en est à la 3ème.
Avec ces vaccins, est-ce qu’on peut avoir une immunité contre le Covid-19 ?
Tout à fait. Lorsqu’au sein d’une population on vaccine près de 70% à 80%, on entraîne une immunité collective provoquée. Cela veut dire que les 30% restants seront protégés par les 70% qui sont vaccinés. Il faut inciter la population à se faire vacciner.
Que le ministre de la Justice dise que malgré sa vaccination il est un cas positif ne sape-t-il pas les efforts de l’Etat dans le cadre de la campagne de vaccination ?
Encore une fois, ce n’est pas parce qu’on est vacciné qu’on ne peut pas attraper la maladie. Il faut que les gens le sachent. La vaccination ne protège que contre les formes graves. Elle n’évite pas d’être infectée si on est exposé. Ainsi, si le ministre de la Justice est devenu positif après sa vaccination, cela est bien possible. Ce sur quoi il faut insister, même vacciné, c’est continuer à respecter les gestes barrières. Le port du masque, la distanciation physique, le lavage des mains doivent être observés en permanence.
Pour le vaccin Johnson & Johnson, l’Agence américaine du médicament parle de «risque accru» de développer une malade neurologique. Est-ce que c’est sûr de l’injecter aux Sénégalais ?
Oui, il est sûr, car il a reçu l’autorisation de l’Agence américaine du médicament (Fda). Cependant, il y a eu des effets secondaires à type de syndrome de Guillain-Barré qui est une atteinte neurologique signalée chez certaines personnes ayant reçu ce vaccin. Des études de pharmacovigilance ont été menées et ont montré que ce sont des cas très rares. C’est pourquoi l’Agence américaine du médicament l’a toujours autorisé.
CHELSEA DE MENDY SACRE
Le Chelsea de Thomas Tuchel, vainqueur de la dernière Ligue des champions et le Villarreal d’Unai Emery, vainqueur de l’Europa League, s’affrontaient à Belfast ce mercredi soir. Un match à deux visages
Les blues de Chelsea ont remporté hier la super coupe d’Europe. L’équipe d’Edouard Mendy qui affronté celle de Boulaye Dia (Villarreal) a su malgré un match difficile aller chercher la victoire aux tirs aux buts. Dia qui faisait face à Mendy pour son premier match officiel avec son nouveau club a vite fait sortir son talent.
Le premier match européen de la saison était intense, entre deux équipes qui avaient à cœur de remporter le premier titre continental de l’exercice 2021-2022. Le Chelsea de Thomas Tuchel, vainqueur de la dernière Ligue des champions et le Villarreal d’Unai Emery, vainqueur de l’Europa League, s’affrontaient à Belfast ce mercredi soir. Un match à deux visages. Lors d’une première période largement dominée par Chelsea, Hakim Ziyech avait ouvert le score. Mais Villarreal s’est montré impressionnant en seconde période, et Gerard Moreno a égalisé pour envoyer tout le monde en prolongations. En première période, la domination des Blues était flagrante. Hakim Ziyech et N’Golo Kanté, capitaine ce soir, inquiétaient déjà Sergio Asenjo lors des premières minutes de la rencontre (7e et 9e). Mais il faut attendre quasiment la demi-heure de jeu pour voir le Marocain trouver la faille. Marcos Alonso, très bon ce soir, trouvait Havertz dans la profondeur à gauche. L’Allemand centrait vers la surface et trouvait Hakim Ziyech, qui croisait sa frappe pour tromper le gardien de Villarreal (27e, 1-0). Ziyech sortait en revanche quelques minutes plus tard sur une blessure à l’épaule, et laissait sa place à Christian Pulisic.
Villarreal parvient en revanche à se remettre dans le match. En fin de première période, Boulaye Dia obligeait Mendy à intervenir (33e). Puis, quelques secondes plus tard, Alberto Moreno envoyait le ballon sur la barre transversale d’une magnifique reprise de volée, néanmoins trop puissante pour trouver le cadre (45e). Après la pause, le sousmarin jaune passe à la vitesse supérieure. Très tôt, Gerard Moreno trouve le poteau des cages du gardien sénégalais des Blues (53e), qui se montre solide malgré l’insistance de joueurs comme Estupiñan (68e). Mais quelques minutes plus tard c’est Moreno qui égalise sur une splendide passe de Dia. Une égalisation qui enverra les deux équipes en prolongations. Christian Pulisic obtenait l’une des plus grosses occasions des prolongations, mais manquait de peu le cadre de Sergio Asenjo (100e).
Coaching gagnant signé Tuchel
Quelques minutes avant la fin des prolongations, Thomas Tuchel faisait le choix osé de sortir Edouard Mendy, énorme pendant ce match, pour faire entrer Kepa Arrizabalaga dans la cage des Blues. Choix osé, mais gagnant. Car Kepa arrêtera le deuxième tir d’Aïssa Mandi, qui relançait Chelsea après le tout premier tir arrêté par Asenjo précédemment face à Kai Havertz. Puis, lors de la mort subite, Kepa Arrizabalaga plonge du bon côté face à Raúl Albiol et repoussait le tir, mettant fin à la séance et offrant le titre à Chelsea. Chelsea remporte la deuxième Supercoupe d’Europe de son histoire, grâce à un pari gagnant de Thomas Tuchel. Villarreal devra attendre encore un peu pour remporter le deuxième titre de son histoire. Unai Emery qui, malgré ses quatre Europa League gagnées, n’a jamais réussi à décrocher la Supercoupe.
Edouard Mendy vs Boulaye Dia duel de Lions
Le duel Boulaye-Mendy a tenu toutes ses promesses. Un match qui s’est vite intensifié avec un rythme imposant de la part des partenaires du gardien de but des lions. Mais l’attaquant s’est très vite illustré mettant en exergue l’étendue du talent de son compatriote en sélection nationale. Sur une profondeur, l’ancien du Stade de Reims se retrouve entre les deux défenseurs de Chelsea, d’une frappe limpide à mi- hauteur, il bute sur l’incontournable Edouard Mendy. Le portier des Lions sauve les siens de l’ouverture du score et empêche ainsi l’autre lion de briller dans sa nouvelle équipe avec cette finale. C’est en seconde période que Villareal, vainqueur de la ligue Europa égalise. Sur un une-deux avec Gérard Moreno, le Sénégalais, qui en premier temps se bat contre le défenseur pour conserver la balle, puis d’une talonnade sert magnifiquement Moreno qui trompe Mendy. Sortie à la 85e minute, l’attaquant des Lions de la Téranga a fait une très bonne sensation qui comptera sans doute pour la suite des différentes compétitions dont son nouveau club jouera, notamment Laliga qui débutera ce week-end.
Par Pape NDIAYE
GUERRE OLYMPIQUE TOKYO 2021, LA DEROUTE DES «MERCENAIRES» SENEGALAIS
Les mauvaises langues, quant à elles, prétendent que notre pays a remporté la médaille d’or du saut en hauteur… budgétaire (800 millions de francs CFA environ pour une délégation de huit athlètes !)
La flamme olympique 2021 s’est éteinte depuis dimanche dernier à Tokyo. Sur le plan sportif, le Sénégal a fait chou blanc puisqu’il n’a gagné aucune médaille. Les mauvaises langues, quant à elles, prétendent que notre pays a remporté la médaille d’or du saut en hauteur… budgétaire (800 millions de francs CFA environ pour une délégation de huit athlètes !).
Pour mieux cerner les dérives de cette grosse désillusion de l’histoire des participations du Sénégal aux Jeux olympiques depuis 1964, il nous plait de vous relayer cette thèse.Une thèse anecdotique qu’un ancien Chef d’Etat major des armées (Cemga) nous avait confiée lorsque nous nous étions étonnés de voir que de nombreux jeunes étrangers (guinéens, maliens, gambiens etc.) nés au Sénégal et vivant parmi voulaient toujours s’enrôler dans l’Armée. Une Armée sénégalaise qu’ils admirent beaucoup pour son prestige, sa discipline et son professionnalisme. Hélas, faute de certificats de nationalité, ces chers jeunes hôtes étrangers n’arrivent pas à être de valeureux « Jambaars ». C’est ainsi qu’un projet de grand dossier intitulé « Demain, la Légion étrangère ? » nous avait frôlé l’esprit. Nous nous demandions en effet si, à l’image de la fameuse Légion étrangère française, notre pays ne pourrait pas disposer d’un corps composé uniquement de jeunes d’autres pays africains. A cet effet, nous avions soumis ce projet à un notre Cemga d’alors pour qu’il instruise la Dirpa de nous faciliter le travail.
Alors que nous n’avions pas encore fini de dérouler les grands axes de notre dossier, l’officier-général nous avait répondu ceci : « Demain, la Légion étrangère sénégalaise ? Ça pouvait être un très bon sujet de réflexions ! Dans la forme, c’est bien…Mais dans le fond, « Le Témoin » aurait du mal à convaincre les observateurs ou experts militaires avertis car une Légion étrangère n’a jamais gagné une guerre ! Allez visiter l’histoire des guerres au monde, vous ne verrez aucune Légion étrangère qui a gagné une guerre » nous avait dit, avec beaucoup d’humour, ce général histoire de nous pousser à mettre une croix sur ce projet fut-il un sujet de réflexions. Il est vrai que comparaison n’est pas raison. Mais en parlant de « Légion étrangère », nous ne pouvons-nous empêcher de penser aux binationaux du monde sportif. Sous d’autres cieux, on les surnomme les « mercenaires » du sport dont la plupart partent évoluer dans des clubs peu médiatisés et souvent de faible niveau pour des raisons économiques.
Dans le lot, on retrouve des binationaux sénégalais comme d’autres pays. Et dès l’appel à casting olympique, ils se précipitent pour venir marcher, courir, sauter, lancer et grimper sous les couleurs du Sénégal.
Certes, rien que d’avoir choisi de concourir pour le Sénégal constitue une preuve de patriotisme. Et nous tenons à remercier tous ces binationaux pour leurs services ou « déplacements » rendus à la Nation. Mais cette réponse à l’appel de la patrie ne suffit pas ! Car, les Jeux olympiques sont une compétition pour sportifs de très haut niveau qui font autant travailler la tête et le cœur que les jambes, les mains et les pieds. Il est vrai que nos « binationaux » se sont physiquement donnés à fond pour se qualifier aux Jeux olympiques de Tokyo 2021 là où les athlètes nationaux ont lamentablement échoué.
Sur les 9 athlètes, seuls 5 se sont qualifiés sur le terrain africain et les autres sont des invités voire des repêchés. Les couleurs nationales étaient défendues par Ibrahima Diaw (tennis de table), Jean-Pierre Bourhis (canoë-kayak), Mbagnick Ndiaye (judo), Ndèye Bineta Diongue (escrime), Louis François Mendy (athlétisme), Jeanne Boutbien (natation), Steven Aimable (natation), Adama Diatta (lutte) et Chiara Costa (Tir).
Parmi ces 9, les cinq athlètes qualifiés sont tous des binationaux c’est-à-dire des sportifs « étrangers » qui évoluent en temps normal sous d’autres cieux, loin des pistes et ateliers sénégalais quasi-inexistants. Une prépondérance des binationaux qui montre, en creux, la faillite de l’athlétisme sénégalais. Ce, malgré d’immenses moyens financiers consentis par le chef de l’Etat Macky Sall qui a certainement fermé les yeux sur la dérive budgétaire tablée à 800 millions CFA environ. Ce, rien que pour permettre au ministère des Sports de mettre nos athlètes dans de bonnes conditions de préparation et de participation.
Sans oublier les multiples appuis financiers et autres bourses décrochées par le très connecté Mamadou Diagna Ndiaye, président du Comité national olympique et sportif sénégalais (Cnoss). Lequel méritait vraiment que sa délégation lui offre ne serait-ce qu’une médaille de bronze… Jeux olympiques en…Gambie Au finish, nos représentants ont tous été éliminés dès leur entrée en lice à Tokyo. Même pas une place de quart de finaliste aussi bien chez les athlètes binationaux enrôlés que les athlètes nationaux cooptés.
Par contre, officiels et athlètes ont tous réussi la prouesse de décrocher « l’envers » de la médaille de primes. Ici, il ne s’agit de jeter la pierre de la désillusion sur qui que ce soit. Pour autant, il n’est pas interdit de constater la grande déception des Sénégalais vis-à-vis de leur athlétisme — mais aussi du judo et du basket-ball, disciplines dans lesquelles notre pays a pendant longtemps joué les premiers rôles en Afrique — dont les cumuls de lamentables résultats ne sont jamais à la hauteur des fonds de voyage décaissés. Mais si nous avions un judoka à Tokyo, les basketteurs, eux, n’ont même pas pu se qualifier pour les JO… Ce que l’on constate également avec amertume, c’est que le sport sénégalais dans son ensemble est devenu une source d’enrichissement financier pour ses dirigeants et un réceptacle d’affairistes, de magouilleurs, de rabatteurs et de négociants tous azimuts.
Et dans tous les domaines ! Nous prenons Dieu à témoin, si les Jeux olympiques de Tokyo 2021 avaient été annulés en raison de la pandémie, fédéraux et dirigeants sénégalais allaient les créer de toutes pièces… en Gambie voisine.
Quitte à y déployer un bataillon sportif de mercenaires fait de bric et de broc pour s’assurer, au moins, dans le pire des cas qu’il y aura un budget à dégager et des primes à payer. Et de s’assurer également que sur les starting blocks financiers, il y aura un vrai grand départ de marchés d’équipements sportifs valant la peine d’aller jusqu’en Turquie (suivez notre regard…) pour les exécuter.
Le plus frustrant, c’est que les athlètes de retour à Dakar (même si d’autres se sont volatilisés vers leurs pays d’accueil) n’ont même pas eu la courtoisie diplomatique et l’élégance sportive de nous rendre les « lambeaux » de notre très cher drapeau national qu’on leur avait confié lorsqu’ils s’envolaient vers le pays du Soleil Levant. Un drapeau que le peuple leur avait remis propre et intact lors de leur départ vers le Japon. Le général avait raison lorsqu’il disait qu’une légion étrangère n’a jamais gagné une guerre. Evidemment mourir pour la patrie d’autrui, c’est faire le con comme disent les militaires !
Toujours est-il que, pour ce coup-ci, une section sénégalaise de « mercenaires » sportifs n’a jamais remporté une médaille de guerre olympique. D’où la déroute de Tokyo….
L'UCESA ET LE CESE ANALYSENT LA PERCEPTION DES CITOYENS SENEGALAIS
La vulnérabilité climatique du Sénégal du fait de sa position géographique et les stratégies nationales et non-gouvernementales d’adaptation et d’atténuation, sont évoquées
La délégation de l’Union des Conseils économiques et sociaux et Institutions similaires d’Afrique (UCESA), conduite par son Secrétaire général en exercice, Monsieur Younes BENAKKI, également Secrétaire général du CESE du Maroc, a terminé, le 06 août 2021, sa visite de travail à Dakar.
Cette mission technique inscrite dans le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route de mandature marocaine avait pour principal objectif d’échanger avec les conseillers du CESE du Sénégal mais aussi de coordonner et de suivre l’enquête sur le climat confiée au Cabinet international Opinionway qui concerne 10 pays africains. Concernant le Sénégal, cette enquête sur «la perception, les préoccupations et les attentes des citoyens africains face aux changements climatiques» met l’accent sur l’érosion côtière.
Dans la journée du 03 août, le troisième Vice-président du Bureau du CESE, Maitre Moustapha NDIAYE, a présidé les travaux tenus en format hybride eu égard au contexte sanitaire. Le vice-président était assisté des Honorables conseillers Woré Gana SECK, Présidente de la Commission du Cadre de Vie, du Développement durable et de l’Environnement, Fodé DIOP, Rapporteur de ladite Commission, Maïmouna Isabelle DIENG, Présidente de la Commission spéciale du Plan, des Études générales et de la Synthèse, de l’administration et des membres du Groupe de travail sur l’UCESA et l’action climatique. Le Cabinet Opinionway était représenté par son Directeur général Afrique de l’Ouest et ses Chargés d’études qualitatives basés respectivement à Abidjan et à Dakar. Au nom du Président Idrissa SECK, Me Moustapha NDIAYE a souhaité la bienvenue à la délégation marocaine, rappelant la singularité des relations entre le Sénégal et le Maroc ainsi que les liens particuliers unissant les Sénégalais et les Marocains qui se sentent chez eux des deux côtés, un sentiment renforcé par la convention d’établissement de 1964.
Me NDIAYE s’est « félicité du dynamisme du partenariat entre les CESE des deux pays «, d’autant plus qu’il avait pris part à la visite de travail que le Président Idrissa Seck avait effectuée à Rabat en février 2021, et au cours de laquelle le Sénégal et le royaume du Maroc ont fait l’état des lieux de la coopération bilatérale et échangé sur les différents projets et initiatives de l’UCESA sous mandature marocaine. À ce titre, le Vice-président NDIAYE a demandé à la délégation marocaine de transmettre, au nom du Président du CESE du Sénégal, ses «chaleureuses félicitations et remerciements » à son homologue M. Ahmed Réda CHAMI, « qui assure avec brio et de manière inclusive» la présidence en exercice de l’organisation faîtière.
Evoquant la vulnérabilité climatique du Sénégal du fait de sa position géographique et les stratégies nationales et non-gouvernementales d’adaptation et d’atténuation, le Vice-président du CESE a «salué la contribution scientifique et l’expertise avérée des Conseillers, acteurs incontournables sur la question des changements climatiques, respectivement, au sein de la société civile et d’organisations socioprofessionnelles comme Green Sénégal, la Plateforme des Acteurs non-étatiques, le Conseil des organisations non-gouvernementales d’appui au développement ou encore l’ordre des Architectes, qui se préoccupe, à juste titre, de cette question, de même que le Réseau des journalistes du littoral».
En retour, le Secrétaire général de l’UCESA, Younes BENAKKI, a transmis les chaleureuses salutations du Président CHAMI à son homologue du Sénégal. Il a axé son intervention sur les «relations séculaires entre le Sénégal et le Maroc» et les différents chantiers de l’UCESA, en termes de réformes des textes et des statuts, d’élaboration d’une charte sociale ambitieuse pour le développement durable de l’Afrique et le plan d’action climatique. Soulignant les grands axes du projet d’enquête, dont l’objectif est d’assurer le portage politique par les CESE africains, M. BENAKKI a mis l’accent sur «l’importance de cette mission d’échanges et de partage d’informations». Il s’agit, pour l’UCESA, «d’être à l’écoute des Conseillers du CESE du Sénégal» afin de recueillir leurs observations sur les effets du dérèglement climatique au Sénégal et les stratégies nationales et non-gouvernementales d’adaptation et d’atténuation et d’apporter des correctifs si nécessaire. Leur expertise a été saluée, notamment pour leurs rôles d’acteurs majeurs sur les questions de changements climatiques au Sénégal, respectivement, au sein de la société civile et d’organisations socioprofessionnelles, comme Green Sénégal, la Plateforme des Acteurs non-étatiques, le Conseil des organisations non-gouvernementales d’appui au développement (CONGAD), ou encore l’ordre des Architectes, qui se préoccupent, à juste titre, de cette question.
Au titre des orientations prospectives, les Honorables Conseillers du CESE ont recommandé, entre autres actions-phares, d’assurer un «portage politique» du rapport final d’enquête par l’Assemblée des Conseillers à la COP 26 de novembre 2021 à Glasgow (Ecosse) et de s’y référer pour promouvoir la participation citoyenne et une série d’actions de plaidoyers et d’ateliers de partage de bonnes pratiques, sur la base d’une feuille de route plus inclusive. A l’issue de cette mission de l’UCESA à Dakar, l’objectif visé est d’assurer la tenue prochaine de l’atelier régional de restitution du rapport-pays et d’élaborer des recommandations sur les actions de plaidoyer à mener, pour la mise en cohérence des initiatives en faveur «d’une justice climatique effective, d’une croissance verte inclusive et d’un mouvement vert africain renforcé par la participation citoyenne». Les discussions ont pris fin après les observations du Président de séance, Maître Moustapha NDIAYE, et la satisfaction des Conseillers exprimée à l’endroit de la délégation marocaine et du Cabinet Opinionway pour ce projet innovant basé sur une démarche méthodologique riche d’enseignements pour toutes les parties prenantes.
Où en est l’enquête d’Opinionway sur le cas du Sénégal ?
Au titre du Rapport intermédiaire de la phase qualitative, le Directeur général Afrique de l’Ouest du Cabinet Opinionway, qui a fait une présentation en virtuel, a restitué les résultats bruts issus du forum citoyen digital et des 06 focus groupes réalisés à Dakar, Guédiawaye, Mbour et Tambacounda sur l’adaptation au changement climatique en zone côtière. Il a été noté, de la part des personnes sondées, un écart significatif entre le savoir-faire de l’Etat en matière de lutte contre le dérèglement climatique et le faire-savoir auprès des citoyens, ce qui nécessite l’adoption d’une approche plus inclusive. En effet, bien que conscients du phénomène du changement climatique, les cibles ont montré une absence de connaissances des mesures prises par l’Etat afin d’y faire face. Les prochaines étapes consisteront, d’une part, à préparer le lancement de la phase quantitative de l’enquête et, d’autre part, à partager le rapport préliminaire de la phase qualitative avec le CESE, en vue de la préparation de la phase de restitution du rapportpays, en relation avec les autorités compétentes. Le chargé d’études qualitatives au Sénégal, qui a pris part aux travaux, en présentiel, était le modérateur des entretiens individuels avec les leaders d’opinion, responsables d’organisations socioprofessionnelles et d’ONGs, intervenant sur le dérèglement climatique (IPAR, CONGAD, Green Sénégal, IED, Initiative africaine pour la lutte contre la désertification) sur la base du questionnaire et de la note méthodologique proposés par le Cabinet Opinionway.
LES PAYS DE LA CEDEAO VERS UNE HARMONISATION DES LÉGISLATIONS ANTI-TABAC
Pour diminuer la consommation de tabac et réduire l’ampleur de ses méfaits sur la santé des populations, la fiscalité est considérée comme le moyen le plus efficace et le moins coûteux
Etienne NDIAYE (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 12/08/2021
Ouverte hier (mardi) à Saly, la Conférence régionale de renforcement de capacités en faveur d’une application effective des directives de la CEDEAO et de l’UEMOA sur l’harmonisation du droit d’accises sur les produits du tabac dans les Etats membres, vise à créer une synergie d’action visant à renforcer le plaidoyer auprès des États membres de la CEDEAO et de l’UEMOA afin de promouvoir l’application effective des directives qu’elles ont adoptées sur la taxation du tabac. La conférence permettra en outre de renforcer les capacités des participants dans l’utilisation des outils de collecte et d’analyse de données pour une application effective des directives sur la taxation des produits du tabac.
Pour diminuer la consommation de tabac et réduire l’ampleur de ses méfaits sur la santé des populations, la fiscalité est considérée comme le moyen le plus efficace et le moins coûteux. C’est pourquoi, une directive fiscale (C/DIR. 1 /12 /17) plus contraignante a été adoptée dans l’espace CEDEAO. Cette directive recommande aux Etats membres d’appliquer un droit d’accise minimum de 50% du prix de vente hors taxe (sortie d’usine) des produits du tabac importés ou locaux afin de diminuer la prévalence du tabagisme.
Trois ans après l’adoption de ce texte, il ressort toutefois de la recherche que la majorité des Etats –membres reste encore en deçà des dispositions fiscales préconisées. Certains pays continuent d’appliquer un taux d’accise inférieur à 50% tandis que d’autres se contentent du minimum requis. Le CRES (Consortium pour la Recherche Economique et Sociale) souhaite répondre au besoin de renforcement des capacités des Etats membres et de la Commission de la CEDEAO en fournissant une assistance technique pour la mise en place d’un comité régional et des comités nationaux. Ces comités seront chargés du suivi de l’application de la nouvelle directive et fourniront un appui aux administrations dans l’application de la directive.
Pour créer une synergie d’action visant à renforcer le plaidoyer auprès des Etats membres de l’UEMOA et de la CEDEAO pour appuyer l’application des directives C/DIR/17 et numéro 01/2017 /CM /UEMOA du 22/12/17, se tient depuis hier à Saly, sur initiative du CRES, une conférence régionale de renforcement de capacités en faveur d’une application effective des directives de la CEDEAO et de l’UEMOA sur l’harmonisation du droit d’accises sur les produits du tabac dans les Etats membres.
Agir pour freiner un mal sanitaire, économique et sécuritaire…
Cette session qui réunit durant trois jours deux représentants des administrations fiscale et douanière, ainsi qu’un représentant du Ministère de la Santé de chaque Etat membre, a pour but de renforcer les capacités des participants dans l’utilisation des outils de collecte et d’analyse des données, et d’autre part de faire du plaidoyer auprès des autorités présentes pour une application effective de la directive sur la taxation des produits du tabac. « Dans les pays africains, il y a beaucoup de contraintes en matière de lutte contre le tabagisme, mais nous avons identifié une solution qui est en mesure de résoudre beaucoup de problèmes.
Cette solution, c’est l’application d’une fiscalité qui permette une augmentation régulière et significative des prix des produits du tabac, parce que si les prix augmentent, il y a beaucoup de fumeurs qui, soit décrochent, soit réduisent leur consommation. Et nous avons aussi d’autres effets positifs comme l’augmentation des recettes fiscales qui permettrait aux Etats de mieux faire face à leurs dépenses de santé induites par une prévalence du tabagisme qui ne cesse d’augmenter. Donc, nous avons estimé qu’il est important de soutenir ces Etats pour avoir un cadre réglementaire favorable à l’application d’une fiscalité forte. Mais, pour mettre ces directives, il y aussi des obstacles à franchir, c’est la raison pour laquelle nous avons organisé cette conférence », a dit le Pr Abdoulaye Diagne, Directeur Exécutif du Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (CRES)
Le tabac tue plus de 8 millions de personnes chaque année, mais ce qui est le plus inquiétant, c’est que 80 % des 1, 3 milliards de fumeurs dans le monde viennent des pays à revenus faibles, parmi lesquels les nôtres. C’est pourquoi, il est temps d’agir, estime le représentant du Ministère des Finances et du Budget, Abdoulaye Diagne. Il est d’avis que l’absence de mise en œuvre des directives indiquées ici, entraine immanquablement l’absence de coordination entre les législations, ce qui favorise la contrebande. Cette contrebande, révèle-t-il, coute annuellement aux pays de l’espace CEDEAO 700 milliards de pertes de recettes et une bonne partie de ces fonds issus de la contrebande vont servir à financer le terrorisme. C’est pourquoi, pour M ; Diagne, cette conférence vient à son heure.
par Alassane Thiam
SÉNÉGAL, ENTRE REFUS DES RÈGLES ET ANARCHIE
Dans ce pays extraordinaire, dès l’aéroport, je constate déjà que les passe-droit sont monnaie courante. Les conduites à risque sont la règle, le code de la route une tolérance
Etant sénégalais de l’extérieur vivant en Europe, je souffre de l’éloignement de ma mère patrie, j’ai besoin de me retrouver sur les lieux de ma naissance, sentir l’atmosphère chaleureuse de ma petite enfance, les copains de quartiers, les parents, les odeurs qui nourrissent mes souvenirs.
Mon gros souci, est que je commence à assimiler l’ordre, le respect, le droit des usagers l’organisation dans les lieux d’accueil du public. Dans ce pays extraordinaire, dès l’aéroport, je constate déjà que les passe-droit sont monnaie courante. Un policier sans état d’âme fait passer son «protégé» au vu et su de tous. Ce n’est pas la règle, mais c’est comme ça.
D’autres travaillent d’arrache-pied pour nous permettre de rentrer rapidement chez nous pour retrouver les nôtres. Sur l’autoroute, la bande d’arrêt d’urgence est le terrain de jeu des cyclomoteurs, parfois tractés par d’autres pour se rendre chez le garagiste situé parfois à Dakar. Des voitures y circulent pour aller plus vite. Les conduites à risque sont la règle, le code de la route une tolérance. Le danger est permanent, mais «Yalla Bakhna» Dieu est bon, mais il sait reconnaitre les tendances suicidaires. Bienvenue au pays des immortels. Ma nuit fut agitée car, j’avais tellement envie de retrouver les miens et l’ambiance indescriptible de Dakar.
Le jour suivant, je décide d’envoyer des belles cartes postales à mes amis français afin qu’ils aient envie de visiter ma chère patrie que je n’arrêtais de leur «vendre». Je me dirige vers le centre-ville avec ferveur et me retrouve au bureau de poste aux murs défraichis, sans clients et, derrière les guichets, trois employés dont les yeux sont rivés sur leurs téléphones portables.
Connaissant bien mon pays, je me dirige vers celle qui me semblait sympathique et je lui dis «Bonjour Madame», je n’ai pas entendu sa réponse. J’ai oublié que la courtoisie et le sourire sont des options. Je lui demande trois timbres pour la France. «Nous ne vendons pas de timbres le samedi», me répond-elle laconiquement. Je vous garantis que je croyais que c’était une blague. Pas de timbres, le samedi … J’ai failli répondre : «les timbres c’est à quelle heure lundi ?». Je me suis retenu car j’ai peur qu’elle me repère et qu’elle me fasse le coup des timbres qui sont en rupture durant toute la semaine suivante. Le lundi, je décide d’ouvrir un compte dans un établissement bancaire. Je fus reçu par une employée en présence d’une personne dont j’ignore la fonction ou le lien de parenté avec la banquière : nièce, cousine, stagiaire ou amie…
Notre pseudo conversation est entrecoupée par des communications téléphoniques permanentes et bien entendu, non professionnelles. Je me suis rappelé que durant ma formation sur le droit du travail et management de cette définition du travail : «le temps de travail effectif est la période au cours de laquelle, le salarié est à la disposition de son employeur et se conforme à ses directives sans pouvoir vaquer librement à ses occupations personnelles».
Foutaises ! Ces juristes de droit social ne connaissent pas le Sénégal. Ici, on est au pays de la douceur de vivre au travail. No stress… Notre sympathique banquière me décrit oralement les documents que je dois fournir pour l’ouverture d’un compte courant. N’oubliez pas que je vous disais que je connais bien mon pays … je lui demande s’il n’y a pas autre chose, elle me répond : «Normalement, non». Le terme «normalement» m’éveille des soupçons ; elle finit par fouiller dans ses dossiers pour me remettre une plaquette contenant une liste exhaustive des documents à fournir. J’étais fier de moi, ce n’était pas une banquière qui va me faire perdre mon temps.
Avec la pandémie, des situations deviennent hallucinantes : Lors d’un achat de pain dans une boulangerie, je constate qu’un employé ne portait pas de masque; je lui rappelle que le masque est obligatoire; il me répond «oui» … sans remettre le sien. Il insinue que chez lui, le client n’est pas roi. Intérieurement, il doit dire : «Celui-là c’est un «toubab» (un blanc). C’est connu, les noirs ne meurent pas de Covid. Les contrôles de police routière sont monnaie courante au Sénégal.
J’avoue que la très grande majorité des agents ont été très professionnels. Par ailleurs, un seul agent m’a fait le coup du : «Werbi sorina» (voulant dire que la fin du mois est difficile financièrement), avec un air familier. Je lui réponds que tous les mois sont longs, il y en a même qui sont plus longs que d’autres. Il sourit et me rend sympathiquement mes papiers. Malgré ce regard désabusé, les sénégalais sont formidables, avec leurs paradoxes, leurs fourberies, leur joie de vivre et leurs sens de l’accueil…
Ils sont très difficiles à définir. Nous pouvons dire qu’ils sont conservateurs et anarchistes. Nous reviendrons souvent au Sénégal car, il y a autre chose d’indéfinissable qui attire dans ce pays envoutant.
LES LOCALES DÉJÀ PIÉGÉES PAR LE CONTENTIEUX POLITIQUE
L’opposition soupçonne le pouvoir de manœuvrer en procédant à des transferts d’électeurs vers des centres d’inscription qui lui sont favorables et surtout de vouloir tenter de barrer l’inscription massive des primo-votants
La question de l’inscription des primovotants sur les listes électorales crée déjà une vive polémique. Les acteurs politiques s’entre-déchirent à son propos. L’opposition soupçonne le pouvoir de manœuvrer en procédant à des transferts d’électeurs vers des centres d’inscription qui lui sont favorables et surtout de vouloir tenter de barrer l’inscription massive des primo-votants. A l’en croire, le pouvoir tente par tous les moyens de frauder lors des prochaines locales. Du côté de la majorité, on nie ces accusations et on accuse l’opposition d’impréparation. Une chose est sûre : les germes d’un énième contentieux électoral sont semés. On croyait être sorti de l’auberge mais force est de constater que les contentieux électoraux qui pourrissent la vie politique nationale depuis des décennies sont comme le phénix, cet oiseau fabuleux de la mythologie : ils renaissent de leurs cendres.
D’après l’analyste Mamadou Sy Albert, le transfert des électeurs est devenu récurrent dans notre pays. « A chaque fois qu’il y a des élections, il y a des acteurs qui s’amusent à collectionner des électeurs et à les transporter dans des territoires. Ces électeurs, soit ils sont nés là où on les transfère, soit ils revendiquent leur appartenance à ces territoires où on les déverse. Ceci constitue un problème très sérieux dans l’organisation des élections. C’est une forme de bourrage des urnes en réalité. Lorsque vous déplacez 50 à 100 personnes, vous faussez le calcul électoral. C’est une source de tension », analyse le politologue.
MAMADOU SY ALBERT : « Nous avons un très sérieux problème de démocratie dans le processus électoral »
L’enjeu pour les partis politiques, du pouvoir comme de l’opposition, selon Mamadou Sy Albert, se trouve, pour les prochaines locales, dans les nouveaux votants. Car, aucun des acteurs ne connaît le nombre exact de ceux-là. C’est ce qui explique la bataille politique qui est en train de naitre entre les deux parties pour rafler cette catégorie d’électeurs. Comment faire pour mobiliser ces nouveaux votants, les comptabiliser dans le fichier électoral et les inciter à voter pour soi ? « C’est la source de cette tension entre les acteurs politiques autour de ces nouveaux électeurs. Chacun veut savoir exactement le nombre de ces futurs électeurs. Comment ils (Ndlr : les primo-votants) sont répartis sur le plan territorial. Donc, il y a cette bataille d’accès à l’information. Il y a aussi les maires qui ne jouent pas le jeu. Quelqu’un qui a 18 ans et qui a été à l’école, ou qui n’y a pas été, il vit dans un quartier pendant 18 ans. Cette personne-là, normalement, son accès à la carte d’identité ou au certificat de résidence devrait être automatique. Les collectivités territoriales ne sont pas outillées, le ministre de l’Intérieur ne l’est non plus. Donc, les maires se retrouvent à marchander alors que ceci est un droit civique. Le citoyen a le droit d’avoir un extrait de naissance, une carte d’identité, une carte d’électeur. Donc tout ceci, c’est pour dire que ce qui devrait être automatique devient un problème pour les maires. On note un problème très sérieux de démocratie » poursuit le politologue.
Ce qu’il faut pour avoir un consensus entre les acteurs politique !
Notre pays est réputé comme un modèle de démocratie en Afrique et c’’est évidemment valable en matière d’organisation d’élections. Les scrutins se sont toujours bien passés, les citoyens reprenant leurs activités aux lendemains des scrutins. Sans aucun souci, les citoyens vaguent à leurs préoccupations après la tenue des élections. Malgré cela, cependant, l’analyste et enseignant chercheur à l’université Cheikh Anta Diop dresse un tableau sombre sur la transparence des élections au Sénégal. Ce, encore une fois, malgré l’expérience dont le Sénégal dispose en matière d’organisation d’élections. « Albert » s’interroge sur l’incapacité du ministre de l’Intérieur à être équidistant entre les partis politiques. A l’en croire, le ministère montre qu’il est au service de la majorité. « A quelque mois des élections, les partis n’ont pas encore reçu le fichier électoral. C’est une source de conflits. Ce n’est pas seulement le parti au pouvoir qui doit disposer de ce fichier électoral. L’opposition doit pouvoir en disposer également. S’ils (ndlr : les gens de l’opposition) ne l’ont pas, ce qui se passe c’est le ministère de l’Intérieur qui crée les bureaux et aussi les centres. Donc l’opposition ne sait absolument rien du tout du processus. C’est tout ça qui fait qu’il n’y a pas une garantie de confiance entre les acteurs politiques. Mais également, il n’y a pas de respect pour le citoyen. Pour sortir de ces problèmes, il faut une démocratie totale. C’est-à-dire, à la veille des élections, mettre en place une structure indépendante et une mécanique qui réunit tous les acteurs. Si vous remplissez ces deux conditions, il peut y avoir un consensus », soutient Mamadou Sy Albert. Selon lui, que la société civile doit, au-delà de la sensibilisation, aller vers les populations pour la mise en œuvre de l’accès aux droits du citoyen et à la transparence dans les élections.
IBRAHIMA BAKHOUM : « Chaque Etat se donne des moyens d’avoir des lois qui correspondent à ce qu’il veut …. Le contentieux électoral ne date pas d’aujourd’hui »
Le journaliste Ibrahima Bakhoum, lui, trouve que le temps qui était réservé à la recherche de consensus pour la transparence des élections est dépassé. D’autant plus que, selon lui, on vient de sortir d’un dialogue qui n’a absolument pas abouti à grand chose. Si ce n’est, selon le vétéran de la presse sénégalaise, à une perte de temps. « On est sorti d’un dialogue où les problèmes importants n’ont pas été réglés. Quand on vous dit qu’il y a 100 points à discuter, le cœur de ces problèmes s’articule autour de deux, trois ou quatre questions. Les gens ont demandé, s’agissant du fichier électoral, à savoir qui est dedans, qui ne doit pas y figurer, qui est sorti, inscrit ou sur-inscrit. Des experts avancent qu’il y avait plus de 500 mille qui auraient dû être sur la liste. Ils ont été exclus du vote. Je ne sais pas comment. Ce qu’il nous reste, c’est l’élégance républicaine et l’esprit démocratique. Ça, nous ne l’avons pas encore. C’est pour vous dire que la période du consensus est dépassée. On va entrer dans une phase contentieuse. Pourvu que tout cela débouche sur la sérénité du Sénégal ! », souhaite Ibrahima Bakhoum. Rejoignant Mamadou Sy Albert, il confirme qu’il y a des contentieux électoraux au Sénégal depuis une trentaine d’années. Il rappelle qu’à la veille de la présidentielle de 2019, on a eu droit à des inscriptions régulières, à des non inscriptions, des sur-inscriptions et à des désinscriptions. « Dans chaque élection, il y a toujours ce que l’opposition suspecte le pouvoir de faire ou que le pouvoir fait effectivement. Les pouvoirs sont faits pour se battre afin de rester au pouvoir. Les oppositions sont également dans leur rôle de se battre pour accéder au pouvoir. Chacun joue son rôle. Mais le pouvoir a généralement le dernier mot, parce que la politique c’est un rapport de forces. S’il n’y a pas un rapport de forces suffisant pour infléchir l’attitude du pouvoir, même s’il y avait une confiance entre le parti et l’Etat, le parti au pouvoir utilise les moyens de l’Etat pour perpétuer son pouvoir et les élections en font partie. De la manière de s’inscrire sur les listes électorales, de même que de la manière de délivrance des cartes électeurs, chaque Etat se donne les moyens d’avoir des lois qui correspondent à ce qu’il veut. C’est la situation qu’on observe actuellement. Ce n’est pas la première fois qu’on assiste à des contentieux entre partis politiques » conclut le doyen Ibrahima Bakhoum.
BACARY DOMINGO MANE : « L’opposition ne doit pas être surprise de la non transparence du fichier… Elle doit se battre pour gagner le rapport de forces avec le pouvoir »
Il incombe à l’opposition de gagner la bataille du rapport de forces d’après Bacary Domingo Mané. Ceci, même si son alerte sur la tentative du pouvoir de vouloir frauder les élections est légitime. Ce rapports de forces favorable commence par la descente sur le terrain pour la conquête des électeurs. A en croire l’ancien collaborateur de Sud quotidien, les tenants du pouvoir ont prouvé qu’ils ne sont pas des modèles de transparence s’agissant de l’organisation d’élections. La dernière présidentielle, au cours de laquelle beaucoup d’irrégularités ont été répertoriées, serait la preuve de ce qu’il avance. « Il suffit simplement de se rappeler de l’élection présidentielle de 2019 où le président sortant et son équipe avaient tout fait pour empêcher des jeunes de voter. Je fais allusion à ceux qui étaient des primo-votants à cette époque. Comme nous allons vers des Locales, le régime est en posture d’étudier d’autres actes superflus pour vraiment éviter de stopper l’hémorragie. Je pense qu’ils sont légitimes, les soupçons de l’opposition qui veut déjà alerter sur la non transparence du scrutin de janvier prochain. Depuis un certain temps, on a remarqué que les autorités font tout pour créer les conditions de leur victoire. Ce sont des gens qui ne font pas dans la transparence. Depuis que Macky Sall est arrivé au pouvoir, l’opposition n’a jamais eu gain de cause concernant sa vieille doléance d’une personnalité neutre chargée des élections. Les mêmes choses risquent de se reproduire pour ces Locales à venir. Le ministre de l’Intérieur étant juge et partie va créer les conditions de victoire de son camp. Ce qui est inacceptable dans une démocratie. Aujourd’hui, c’est à l’opposition de se battre pour remporter, disons, le rapport des forces pour obliger le gouvernement à choisir une personnalité neutre chargée des élections. Pour parvenir à cet objectif, il faut qu’elle se dresse sur le terrain politique. Les victoires démocratiques ont toujours été arrachées. Donc il faut que l’opposition se batte sur le terrain » préconise en conclusion Bacary Domingo Mané.
«C’EST LE CONTEXTE QUI LUI A IMPOSÉ LE CHOIX»
Bacary Domingo Mané décortique la nouvelle dynamique de communication du leader de Pastef
Selon le journaliste et analyste politique, Bacary Domingo Mané, la nouvelle dynamique de communication du leader de Pastef, Ousmane Sonko qui semble jeter son dévolu sur les points de presse en lieu et place des conférences de presse ces temps-ci n’est pas un fait anodin. Interpellé par Sud quotidien, le spécialiste de la communication politique estime que c’est le contexte de l’«affaire Adji Sarr» qui lui a imposé le choix de cette nouvelle dynamique de communication qui semble marcher au regard de l’effet que ses sorties créent chez ses détracteurs ou adversaires.
«Ousmane Sonko a pris conscience que dans l’affaire «Adji Sarr», les choses allaient dans tous les sens au point que lui-même et son parti, le Pastef, de façon subsidiaire ne maitrisait plus tout ce qui se disait autour de ce dossier. Donc, je pense que c’est la raison pour laquelle il a décidé de changer d’approche dans sa communication. Il a pris conscience qu’il est dans un espace politique où il doit faire beaucoup attention de manière à mieux maitriser ce qu’il doit dire.
Et la meilleure façon d’atteindre cet objectif de bien communiquer, c’est évidemment de passer par le point de presse qui est une brève séance d'information consacrée à un point précis sur lequel il va faire sa déclaration. Sous ce format, la presse n’aura autre choix que de consommer tout ce qu’elle va entendre sans même ruminer quoi que ce soit.
Cette dynamique obéit donc à une volonté de maitriser la communication puisque comme je l’ai déjà dit au début de mon intervention, l’expérience de l’affaire «Adji Sarr » lui a montré que la parole politique est de l’opinion. Et lorsque vous dites opinion, ça veut dire que cela est susceptible d’interprétation.
Pour réduire la volatilité de la parole politique, il va falloir prendre un certain nombre de précautions dont la maitrise de la parole à travers le choix de ce format de communication. Personnellement, je pense que c’est le contexte qui lui a imposé le choix de cette nouvelle dynamique de communication qui semble marcher puisqu’on a vu, après chacune de ses sorties, ses détracteurs ou adversaires se précipiter dans les médias pour répliquer. Maintenant, aux yeux de certains, cette nouvelle dynamique peut paraitre comme une sorte de monologue mais si on jette un regard dans les sujets évoqués lors de ces rencontres, on se rend compte que 99% de ce qu’il a dit porte sur des faits vérifiables. Cela veut dire quelque part, aux yeux de l’opinion, Ousmane Sonko n’est pas quelqu’un qui parle pour parler.
Autrement dit, sa parole a une signification, il joue en quelque sorte le rôle de journaliste d’investigation. Sous ce rapport, il n’y a pas de crainte de voir sa parole perdre de la valeur aux yeux de l’opinion puisqu’il y a harmonie entre ce qu’il représente aux yeux des Sénégalais et ce qu’il dit. La preuve, chaque fois qu’il convoque la presse, tout le monde court pour ne pas rater ce qu’il va révéler. C’est sûr que si c’était une autre personne habituée des révélations douteuses, ces sorties n’auraient pas cet engouement».