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20 septembre 2025
PAR HAWA BA ET RENÉ LAKE
LES EXIGENCES DE BON SENS
POINT DE MIRE SENEPLUS - Dépasser la simple cartographie des obstacles au développement. Mettre en avant les actions fédératrices. Décoloniser la pensée, l’action publique et individuelle. Approfondir ainsi le processus qui mène à la décolonialité
SenePlus publie ci-dessous la préface de l’ouvrage collectif "Enjeux 2019-2024, Sénégal, réflexions sur les défis d’une émergence" publié aux éditions L’Harmattan sous la direction de René Lake. L’une des dédicaces de ce recueil d’essais indique clairement l’orientation général de ce texte : "À tous les Sénégalais et amis du Sénégal qui ambitionnent des choix nouveaux afin de tourner le dos à la gestion de la misère pour une exploration commune de toutes les voies endogènes de développement harmonieux basé sur le bon sens collectif".
Où pose-t-on le pied pour aller vers le développement ? À la fourche du sentier tracé dans la savane aride, dans quelle direction s’engager pour déboucher sur l’émergence ? Au-delà des mots, des slogans et des vœux pieux, comment enfourcher le cheval de bataille pour la construction d’un futur collectif qui nous sorte de l’attentisme dans lequel nous engluent les prétextes de l’histoire d’hier et ceux de la misère d’aujourd’hui ? Les campagnes électorales offrent l’opportunité de voir fleurir toutes les réflexions et tous les engagements pour un vivre ensemble. Pour un construire ensemble.
Le 24 février 2019, le Sénégal organisait sa onzième élection présidentielle depuis son accession à l’indépendance. Un exercice routinier pour un pays présenté comme l’une des locomotives en matière de gouvernance avec une dixième place et une moyenne globale de 61,6/100 dans le dernier indice de la gouvernance Mo Ibrahim, publié en novembre 2018. Le Sénégal a une longue tradition d’organisation d’élections diverses, organisées à intervalles réguliers et disputées entre différents partis politiques, coalitions ou citoyens indépendants.
Et pourtant, paradoxalement, les rendez-vous électoraux sont toujours un moment de cristallisation. Ils révèlent des vulnérabilités institutionnelles et sociales qui, pour certains, portent potentiellement le risque de saper les fondements de l’État-nation.
L’élection de 2019 n’a pas dérogé à la règle, avec une période préélectorale marquée par des défis anciens et nouveaux qui ont nourri de fortes tensions socio-politiques. Encore une fois, la présidentielle a été marquée par de profonds désaccords sur les règles du jeu électoral portant, d’une part, sur les modalités de participation des citoyens électeurs et des potentiels candidats (inscription et distribution des cartes d’électeur, loi sur le parrainage, poursuites judiciaires), et d’autre part, sur les conditions d’organisation de l’élection (fichier électoral, rôle du ministère de l’Intérieur, de la Commission électorale nationale autonome [CENA], du Conseil national de régulation de l’audiovisuel [CNRA] et du Conseil constitutionnel). En cette absence de climat de confiance autour du processus, voilà que les enjeux autour de l’élection risquaient d’être confinés à la procédure, renforçant la thèse que le pays n’est encore qu’une démocratie procédurale.
La Grande Nuit
L’année 2020, c’est celle du soixantième anniversaire de l’indépendance du Sénégal. À l’unisson, plusieurs pays africains fêtent la fin, depuis plusieurs décennies, de l’odieuse période coloniale. Ce pan de l’histoire, coloré d’une multitude de crimes et d’attaques à la plus élémentaire humanité des soumis, semble se prolonger et rendre bien difficile la sortie du continent noir de la Grande Nuit.
Au milieu du grand sommeil, c’est le cauchemar sans fin de la haine de soi qui hante nos esprits. Il ne s’agit plus de se dresser contre le colon et le colonialisme, mais de se redresser pour s’extraire des effets et méfaits du passé qui prolongent au présent l’épaisseur de la nuit.
C’est ce sommeil qui explique qu’une figure importante de l’élite puisse publier ses mémoires post-indépendance et faire référence exclusivement au jugement laudateur porté sur son action par des Français. La caricature va jusqu’à ne citer, sur plus de 350 pages, que des auteurs de ce qu’était la métropole avant les années 60.
C’est ce sommeil qui justifie la violence, psychologique, émotionnelle et intellectuelle sans nom qui se poursuit depuis 60 ans dans l’initiation des enfants au savoir et à la connaissance. Dès leurs premiers contacts avec l’école, leur univers mental est façonné avec brutalité dans une langue étrangère à l’écrasante majorité de la société qui est la leur. Dans la plupart des cas, le choc est tellement insupportable que les adultes qu’ils deviendront n’y feront jamais référence. Quelle manière habile de ne jamais questionner l’absurdité d’un système qui refuse les évidences de bon sens !
C’est ce sommeil qui prolonge l’extraversion monétaire. À grande échelle, comme nulle part ailleurs, le lien ombilical avec la métropole ancienne est maintenu par un instrument d’échange dont le seul avantage est d’inciter à l’importation et de favoriser le rapatriement à l’extérieur des revenus générés dans l’ancienne colonie. Les élites d’ici et de toute l’Afrique francophone ont pourtant l’illusion d’être bénéficiaires de cet instrument qui hypothèque en fait toutes les chances d’un développement économique. L’inexistence d’un tel modèle sur le reste de la planète ne semble pas inciter au réveil.
C’est ce sommeil qui perpétue le renoncement à assurer sa sécurité pour la confier à l’ancienne puissance coloniale tout en sachant que les interventions militaires unilatérales sont toujours rejetées par les peuples. L’argument est celui du réalisme pour des micro-États d’une Afrique balkanisée qui n’ont pas les moyens de se défendre face à des attaques extérieures. Cette approche est à contre-courant de l’histoire qui suggère l’alternative d’une coalition internationale dans laquelle l’ancien colonisateur n’a pas toute la marge de manœuvre. Cette « multi-dépendance » est une alternative bien plus réaliste et constructive que celle générée par la prolongation des interventions unilatérales françaises en Afrique.
Cet ouvrage collectif ne revient pas sur la topographie des complexes du colonisé qui empêchent le développement. Des tonnes de pages ont déjà été écrites sur ce drame des opprimés. Cette compilation de textes écrits avec des sensibilités différentes ambitionne plutôt de dépasser la simple cartographie des obstacles et des freins au développement et de mettre en avant les exigences de bon sens qui pourraient être fédératrices d’une action commune. Elle prétend participer de manière hardie à décoloniser la pensée et l’action publique et individuelle. Les exigences de bon sens apparaîtront clairement au fur à mesure de l’approfondissement du processus qui mène à la décolonialité.
Dans les centaines de pages qui suivent, il ne s’agit pas de déférer aux passions des auteurs au lieu d’employer leur raison. L’ambition est d’entretenir une réflexion commune, mais plurielle sur notre présent et notre futur communs. L’espoir est de générer de la lumière plutôt que de diffuser de la chaleur qui attise les contradictions. Cependant, il n’est pas question pour autant d’effleurer les sujets et de les survoler sans en affronter les écueils.
Un groupe de citoyens concernés
Les résistances à la réflexion autonome, au développement d’une pensée et d’une action endogène sont multiples et multiformes. Le courage des auteurs est mis à l’épreuve. Le test est vite passé parce qu’il s’agit d’un groupe de citoyens concernés qui vivent dans leur quotidien leur désir de progrès pour tous. Tous s’accordent à dire que l’état dans lequel se trouve le pays est le résultat de choix. Les choix auraient pu être différents. Mais aujourd’hui, la posture de victime n’est pas une option. Des dynamiques internes doivent initier des mouvements endogènes susceptibles de réparer les blessures infligées par d’autres, mais également, aujourd’hui, principalement par nous-mêmes.
L’expression du moindre changement qui profiterait au plus grand nombre est souvent castrée sous un label disqualifiant. Tantôt c’est une référence au populisme, au gauchisme, à une certaine radicalité idéaliste ou encore à une forme d’extrémisme destructeur. Peu importe si le changement préconisé relève du simple bon sens et de l’évident intérêt du plus grand nombre, pour ne pas dire de l’ensemble de la communauté.
Autre stratégie des conservatismes : s’opposer au changement, à l’évolution, au nom de la tradition, de l’héritage ancestral. L’idée est toujours la même : hier, c’était mieux. Préserver le passé, avancer en reculant vers des pensées et pratiques rétrogrades, c’est toujours mieux parce que cela maintient le système en l’état et continue de bénéficier à ma caste, à ma secte, à mon groupe, à ma classe. Et puis les références d’hier sont connues. Les changer, les modifier, y compris, pour les améliorer significativement, fait prendre le risque de l’inconnu qui pourrait remettre en question non seulement l’ordre établi, mais aussi la hiérarchie des pouvoirs anciens.
Toutes ces formes de lutte contre le progrès sont vivaces et pleines d’énergie dans notre société.
L’élection présidentielle a été un prétexte pour le site d’informations et d’opinions SenePlus.com et ses analystes de lancer, relancer la conversation nationale pour qu’ensemble nous puissions dire que nous n’acceptons plus la misère. Nous ne voulons plus d’une adaptation à la misère. Nous voulons exprimer et mettre en œuvre une ambition pour le pays, pour nos populations. L’ambition va au-delà de la gestion de la misère. Dans cette expression, les auteurs mettent en avant leur capacité à accepter l’imperfection du consensus contre l’idéalisme d’une utopie.
Avec son projet #Enjeux2019, SenePlus a voulu offrir aux Sénégalais, aux amis du Sénégal et aux candidats à la présidentielle de 2019 une opportunité d’être informés et peut-être édifiés, sans parti pris, sur les questions de fond qui touchent à la vie du citoyen et de la nation. Pendant plusieurs mois, SenePlus, qui se veut un espace d’exploration et d’expression libre et plurielle des décideurs et des leaders d’opinion, s’est ouvert à des universitaires, des éditorialistes, des activistes, des experts, des citoyens concernés, de diverses générations et avec des regards croisés, qui ont scruté les grandes problématiques et les secteurs-clés du sociétal, du culturel, de l’économique et du politique.
Ces analyses se sont intéressées aussi bien aux questions strictement nationales qu’à celles concernant notre environnement géopolitique et stratégique immédiat, mais aussi global. Ainsi, la sécurité, la diplomatie, l’éducation, la justice, la monnaie et les médias ont été passés à la loupe. Un accent tout particulier a été mis sur des sujets sensibles dans la société sénégalaise tels que le traitement des enfants, les violences faites aux femmes, les enjeux de l’enseignement en langues nationales et les défis environnementaux grandissants.
Avec #Enjeux2019, SenePlus a redonné vie, corps et voix à l’intellectuel public sénégalais. Les analystes que l’on entendait de moins en moins ont planché sur les questions majeures et partagé avec tous savoir, interrogations et propositions pour un Sénégal en progrès. Cet espace dans lequel s’est déroulé cet exercice a été celui d’une acceptation de la dissidence. Les propos contraires, les critiques ne sont pas des ennemis. Les voix dissidentes participent à la construction de réponses pertinentes et constructives.
De la démocratie procédurale, vers une démocratie substantielle
Enfin et en somme, #Enjeux2019 s’est voulu une pierre précieuse dans l’édifice dont l’ambition est de faire évoluer la démocratie, encore largement procédurale, vers une démocratie substantielle, où le fond prime sur la forme. Participer à l’œuvre de bâtir une citoyenneté forte. Appuyer sur les leviers d’une démocratie délibérative et participative.
À une époque où le citoyen a peu de lisibilité sur l’offre politique, sur les partis politiques et leurs orientations idéologiques, où l’accent est plutôt mis sur des individualités présentées comme des messies, quoi de plus salutaire que de poser le débat en termes de faire société ensemble ?
Où voulons-nous aller et comment y parvenir ? Qui décide de l’agenda et qui s’assure du contrôle de conformité entre le cahier des charges et la mise en œuvre ? Comment s’assurer que les actes sont conformes aux promesses ?
L’ambition de cet ouvrage est aussi de servir de référence aux amis du Sénégal, en particulier aux agences bilatérales et multilatérales dans le secteur du développement international. Ils trouveront ici ce que des Sénégalais et des amis du Sénégal, des acteurs et militants du développement pensent être les véritables priorités pour le pays. S’ils ont l’ambition de donner un coup de main à portée réelle, ils sauront quoi faire et comment le faire.
Cette compilation de textes est une ambitieuse initiative et vous livre sur plus de 500 pages les réflexions des nombreux contributeurs sur le Sénégal de 2019 et sur ce que devrait être le Sénégal de 2024. L’ouvrage comporte trois parties.
Une première partie examine les défis chroniques auxquels fait face la société sénégalaise. Ces défis sont à la fois la cause et la résultante de vulnérabilités multiples et imbriquées de plusieurs manières. Ces vulnérabilités sont d’abord symboliques et concernent notre être, notre rapport à nous-mêmes et à l’autre : les contributions sur les langues nationales, la culture et leur place dans les politiques publiques en attestent largement. Elles sont aussi économiques, politiques et sociales. Et c’est parmi ce que la nation renferme de plus cher que la somme de ces trois types de vulnérabilité se manifeste, à savoir, les enfants, avec la lancinante question des talibés ; les femmes, prises entre le marteau du patriarcat et l’enclume de la faillite de l’État à les protéger et garantir leurs droits socio-économiques, civils et politiques ; et enfin les familles, qui payent le lourd tribut de la crise multiforme que vivent nos sociétés.
La deuxième partie traite de la culture et de la société. Elle renferme des contributions de très haute facture sur les politiques culturelles, les jeunes, la santé et la protection sociale, les médias, l’éducation, et plus largement, la justice sociale.
Enfin, la troisième partie regroupe l’ensemble des contributions traitant de l’économique et du politique avec des analyses pointues sur l’état des institutions et les besoins en matière de réformes, les performances et politiques économiques en rapport avec la demande sociale. La question du franc CFA est abordée, avec à la clé le débat sur la souveraineté monétaire ou encore la souveraineté tout court après 60 ans d’indépendance. Le Sénégal étant situé dans une région fortement affectée par des défis sécuritaires, les interpellations sont multiples. Quel est le véritable niveau de préparation face au danger terroriste qui menace le pays ? Quelle stratégie d’alliance régionale et internationale pour faire face aux dangers croissants ? Quelles réponses aux menaces intérieures qui semblent de plus en plus agitées ?
Au vu de tous ces challenges, politiques et économiques, comment faire de nos cultures et de nos fondements sociétaux de véritables ressorts d’élévation de la jeunesse ? Comment transformer le dividende démographique, les nouvelles technologies de l’information et les ressources naturelles nouvellement découvertes, en leviers pour élaborer ensemble un nouveau contrat social sénégalais ?
Les pages de cet ouvrage collectif sont moins une injonction qu’un possible. À la suite du projet #Enjeux2019 pointe celui de #Consensus2019-2024. Il doit s’appuyer sur les acquis de notre vivre ensemble, de notre génie politique, de nos atouts économiques et de l’impérieuse nécessité de bâtir une société plus juste et plus équitable, surtout à l’endroit des plus jeunes, des femmes, des personnes vivant avec un handicap.
N’ayons pas peur du vertige qui parfois accompagne les pas en avant. Soumettons-nous au vertigo, à ce que les anglophones appellent « Falling Forward », tomber en avant pour progresser. Cela revient à s’appuyer sur les leçons du passé pour en sortir et construire aujourd’hui et demain.
Demain est un autre jour qui n’a pas encore été entamé. Il est inédit. Les pages de son histoire sont encore vierges. À nous de les écrire avec nos mots, notre regard, notre vision, nos espoirs, nos doutes, nos nuances, nos ambitions, notre détermination et tout notre engagement.
Dans ses points de presse, le leader de Pastef s’emploie désormais, à s’établir comme une force de proposition plus que de critique de l’action gouvernementale
Le leader du Pastef/Les patriotes multiplie, depuis le mois de juin, les rencontres avec la presse nationale et internationale, dans le but de rebondir sur les sujets brûlants de l’actualité : tournées politico-économiques de Macky Sall, loi sur le terrorisme, troisième vague de Covid-19. Ces déclarations à la presse, qui ont pour objet de segmenter l’information et d’imposer son propre agenda. Il urge, pour lui, de proposer une autre source d’information par rapport à l’actualité du moment et à installer un peu plus l’ancien candidat au scrutin présidentiel de 2019 comme le principal opposant au régime de Macky Sall.
Le rendez-vous se veut immuable et l’exercice réglé comme du papier à musique. Pour rien au monde, le leader des jeunes patriotes, Ousmane Sonko, n’entend rater sa rencontre avec le groupe de journalistes qui ont fait le déplacement jusqu’à son siège sis sur la VDN, afin d’assister à son point de presse du vendredi 31 juillet 2021. Le leader du Pastef compte rebondir sur l’actualité du moment, avec la flambée de l’épidémie de la Covid-19.
Très en verve derrière son pupitre, le député émet une kyrielle de griefs à l’encontre du régime de Macky Sall coupable, à ses yeux, de la dégradation de la situation sanitaire, avec la troisième vague de la Covid-19.
Le monologue de plus d’une heure de temps dans la langue de Kocc Barma (NDLR : wolof) s’achève sur une série de propositions pour redresser la barre. L’ancien candidat à la Présidentielle de 2019 semble être rompu à la tâche. Depuis la mi-juin, il multiplie les points de presse et autres déclarations (18 juin, 2 juillet, 31 juillet et 6 août). Il entend ainsi figer dans le marbre son adresse aux Sénégalais, à travers des échanges réguliers avec la presse nationale et internationale.
A travers cette tribune, l’ex-inspecteur des impôts veut aussi offrir un autre discours alternatif à la communication gouvernementale. Tout y passe : la loi sur le terrorisme (modification du Code pénal), tournées politico- économiques, le recours aux nervis, l’ingérence française au Sénégal, l’influence des conseillers occultes (Nicolas Sarkozy et Tony Blair) du chef de l’Etat, entre autres.
Ousmane Sonko entend, par ailleurs, occuper le champ médiatique, afin de se présenter comme la principale force d’opposition et de proposition contre Macky Sall.
Pour El Malick Ndiaye, Secrétaire national à la communication et l’image du Pastef, cette initiative en matière de communication entre en droite ligne des missions que s’est fixées Pastef/Les patriotes, dans sa volonté d’éveiller le peuple sur un certain nombre de sujets ayant trait à la gestion du pays.
‘’Ousmane Sonko a toujours été proche du peuple sénégalais. A chaque fois qu’il y a des sujets brûlants, il a toujours pris la parole pour dire aux Sénégalais la vérité. A mon avis, quand on aspire à diriger ce pays, il est tout à fait normal de faire entendre sa voix sur ces questions. C’est la situation du pays qui le demande. Il (Ousmane Sonko) peut rester deux à trois mois sans faire de déclaration. Cependant, si la situation du pays l’exige et qu’il y ait nécessité de faire une sortie médiatique, soyez sûr qu’on le fera’’, renseigne le cadre des patriotes.
‘’Il s’est imposé comme le principal opposant dans le pays’’
D’après lui, cette sortie veut aussi tordre le cou à certaines critiques qui accusent le leader du Pastef d’être le plus illustre pensionnaire du ‘’ministère de la Parole’’. Cette posture contribue à faire du Pastef un instrument de propositions pour tenter d’améliorer la vie des Sénégalais.
‘’Sur la Covid-19, ce sont les populations qui lui ont demandé de parler. Je pense que ça a porté ses fruits. Parmi les 14 propositions formulées par Sonko, lors de son dernier point de presse, le 31 juillet 2021, certaines ont été reprises par le ministère de la Santé (NDLR : redéploiement de certains secteurs de la santé pour assister tous les covidés). Par ailleurs, il y a aussi la suppression du HCCT et Cese pour libérer des fonds dans la lutte anti-Covid, soutient-il.
Cette volonté d’échanger régulièrement avec le peuple répond-elle à un besoin de cultiver une certaine rivalité avec Macky Sall et s’imposer, de facto, chef de l’opposition ? Le chargé de communication du parti botte en touche. ‘’Macky Sall est un homme du passé. On ne cherche plus d'antagonisme avec lui. Nous voulons qu’il termine son mandat pacifiquement. Il doit le faire. Macky Sall n’est pas un adversaire du Pastef. Notre logique, c’est nous et le peuple’’, déclare le responsable national des patriotes.
En outre, cette communication vise-t-elle à ‘’présidentialiser’’ un peu plus la figure d’Ousmane Sonko ? Oui, rétorque Moussa Diaw, enseignant en sciences politiques à l’UGB, qui estime que ce duel au sommet que recherche Sonko passe par une présence quasi permanente sur le terrain politico-médiatique.
‘’La volonté de Sonko et de ses camarades est de ne pas céder le terrain face à Macky Sall. Il fait en sorte que les citoyens se rappellent de lui, en développant sa stratégie communicationnelle très agressive envers le pouvoir. Et comme la nature a horreur du vide, il s’est imposé comme le principal opposant dans le pays. Donc, il se doit d’être à l’écoute des Sénégalais pour renforcer sa crédibilité. Il veut s’inscrire dans une perspective d’avenir et se proposer comme une alternative crédible aux yeux du peuple’’, analyse-t-il.
‘’Il est dans une logique de gouvernance et d’assurance, et de perspective pour le peuple’’. Selon plusieurs observateurs, ce désir de communication entend renforcer ce positionnement plus ‘’présidentialiste’’, en gommant progressivement cette figure de ‘’trouble-fête’’ et d’’’antisystème’’ au sein de la classe politique sénégalaise.
Dans ses points de presse, Ousmane Sonko s’emploie, désormais, à s’établir comme une force de proposition plus que de critique de l’action gouvernementale. Sur ce, son déplacement à Ngaye (12 juillet), après son point de presse du 2 juillet, pour faire la promotion du patriotisme économique, vient consolider ce nouvel ajustement de l’image de Sonko.
‘’Ousmane Sonko profite du déficit communicationnel dans la majorité pour établir un dialogue avec les Sénégalais et les rassurer, et de se projeter dans l’avenir. Il veut aussi montrer qu’il est prêt, si jamais les Sénégalais lui font confiance pour relever les défis auxquels le pays est confronté. Il est dans une logique de gouvernance et d’assurance et de perspective pour le peuple’’, argue l’universitaire.
Le flou sur le statut du chef de l’opposition profite à Ousmane Sonko
Pour Ibrahima Bakhoum, journaliste et analyste politique, le flou entourant le statut du chef de l’opposition prévu dans la loi, laisse le champ libre à Ousmane Sonko qui, de facto, s’est imposé comme le chef de cette même opposition à Macky Sall.
Par ailleurs, la mise en place de cette stratégie de rendez-vous régulier avec le peuple sénégalais peut être considérée comme un moyen de séquencer ses messages et d’offrir aux Sénégalais une lecture alternative par rapport à l’actualité présente.
‘’L’opposition au Sénégal existe à travers les visages et des voix. Si l’opposition reste muette, les premiers commentaires des journalistes seraient de dire qu’elle est inexistante ou invisible. Dans le cas d’Ousmane Sonko, le fait de donner rendez-vous aux Sénégalais dans des rencontres régulières, on peut en déduire qu’il a un programme et qu’il veut le délivrer de manière séquentielle. Il peut ainsi, sur la base de son programme, interpeller régulièrement les Sénégalais et leur proposer un certain nombre de solutions pour résoudre leurs difficultés’’, argue-t-il, avant de préciser que ce format peut entraîner des remous au sein de la mouvance présidentielle, dans la mesure où il dispose de sources d’informations venant des gens du pouvoir.
‘’Il peut semer la zizanie au sein du pouvoir, dans la mesure où personne ne sait qui informe Ousmane Sonko. Car les responsables au pouvoir peuvent être soupçonneux, car ils ne savent que ce qu’ils diront pourra être rapporté à Sonko. En outre, quand Sonko dit que le président a reçu des infos par rapport au virus Delta, dès le mois d’avril et qu’il n’a pas donné suite à cette alerte ; ce genre d’information peut mettre en mal tout le pouvoir’’, déclare Ibrahima Bakhoum.
Risque de banalisation de sa parole
Toutefois, cette volonté d'apparaître comme une source de proposition alternative et de critique permanente peut entraîner le risque d’une banalisation de la parole d’Ousmane Sonko et une perte d’intérêt pour son discours. ‘’Cet exercice est risqué, car ce n’est pas toutes les semaines qu’on aura des choses intéressantes à dire. Si Ousmane Sonko délivre le même message aux Sénégalais, il risque alors d’entre inaudible pour l’opinion publique et de voir son discours banalisé’’, poursuit-il.
Ainsi, l’ancien directeur de publication de ‘’Sud Quotidien’’ invite les journalistes à la prudence, dans la mesure où, le format adopté, la déclaration de presse, peut entraîner un changement de paradigme avec des politiques qui informent et des journalistes qui communiquent.
Selon lui, la seule manière de ne pas tomber dans ce piège, c’est de pousser les journalistes à renforcer leurs capacités à mener à bien le travail de vérification et d’investigation concernant les thèmes que développe Ousmane Sonko. ‘’Il y va de la responsabilité des journalistes de s’appuyer sur les déclarations d’Ousmane Sonko comme plan de base pour mener à bien leurs investigations. En cas de manquements et de contrevérités, ils doivent venir apporter la contradiction à M. Sonko et mettre côte-à-côte ses allégations par rapport à la réalité des faits ; montrer les vrais faits. Cette déclaration peut être une source d’investigation pour les journalistes. A eux d’aller faire le travail de vérification qui est à la base de leur métier’’, clame-t-il avec force.
En ce qui concerne la digitalisation des moyens de communication d’Ousmane Sonko, à travers l’importance particulière accordée aux plateformes numériques (Youtube, Tik Tok) et les réseaux sociaux (Twitter, WhatsApp, Facebook), le journaliste Ibrahima Bakhoum y voit l’avenir de toute forme de communication politique. ‘’Il est impensable, pour un parti politique, de faire sans la digitalisation, car les anciens meetings, on peut dire que c’est révolu. Chacun peut maintenant se faire son propre meeting, depuis la maison, tout en restant lié à des milliers de personnes via les réseaux sociaux. Ousmane Sonko et ses conseillers ont bien compris cela, car ils peuvent mobiliser des milliers de personnes, rien qu’en restant dans leurs locaux, car un meeting coûte cher’’, ajoute le formateur.
DEAL AUTOUR DES CERTIFICATS DE RÉSIDENCE
La délivrance de ce document a toujours revêtu des enjeux bien spécifiques, à la veille des élections, surtout locales. Mais cette année, la question a atteint des proportions rarement égalées
Afin de lutter contre les transferts illégaux d’électeurs, la loi exige la production d’un certificat de résidence pour l’inscription sur les listes électorales de certains citoyens. Le hic, c’est que les maires ou leurs délégataires chargés de les délivrer sont accusés de les instrumentaliser pour en faciliter l’obtention à leurs potentiels électeurs, en privant les adversaires des mêmes facilités.
Cela peut paraitre très anodin. En temps normal, il suffit de se rendre chez n’importe quel chef de quartier, de demander un certificat de domicile moyennant 200 F CFA ou moins, pour ensuite disposer facilement du certificat de résidence au niveau de la mairie où le contrôle est presque inexistant. Le document étant si banal que les maires ne s’en occupent que très peu. Souvent, ils délèguent cette compétence à des agents de moindre envergure.
Mais, en période d’élections, surtout territoriales, la donne change de façon radicale. Le banal document devenant très précieux. Pour beaucoup de maires, c’est la clé du succès. Moyen de transfert massif d’électeurs, le certificat de résidence peut aussi être utilisé pour empêcher les probables adversaires de s’inscrire sur les listes électorales.
Commune de Dakar-Plateau. La guerre fait rage. Déjà, certains partis de l’opposition accusent, à tort ou à raison, le maire Alioune Ndoye d’instrumentaliser ces titres pour empêcher certains électeurs d’en disposer en vue de leur inscription sur les listes électorales. Saisi, le gouverneur de la région de Dakar, dans une note circulaire en date du 3 août, avait enjoint les autorités qui s’adonneraient à de telles pratiques, d’y mettre un terme, car ‘’contraire aux principes qui fondent l’action publique’’. Laquelle se doit d’être ‘’générale et impersonnelle’’. Par la même occasion, l’autorité administrative invitait les parties au ‘’sens élevé des valeurs de la République pour un retour à l’orthodoxie administrative, en délivrant l’acte demandé par le citoyen dès que ce dernier satisfait aux conditions d’obtention prévues par les lois et règlements’’.
Interpellé, Déthié Faye renvoie aux articles L40 et L36 du Code électoral, qui fixent respectivement les conditions requises pour avoir droit au sésame et pour s’inscrire sur les listes électorales d’une commune (voir ci-contre). Il peste : ‘’Les choses sont très claires, aux yeux de la loi. Ce sont les maires qui, de façon discriminatoire, en usent et abusent, pour s’adonner à des transferts d’électeurs qui leur sont favorables, bloquer les autres qui ne leur sont pas favorables. Il faut que ça cesse.’’
De tout temps, la délivrance des certificats de résidence a revêtu des enjeux bien spécifiques, à la veille des élections, surtout locales. Même si, cette année, la question a atteint des proportions rarement égalées. Pour Déthié Faye, c’est que les enjeux sont ‘’exceptionnels’’ et qu’il y a un vent de changement qui fait peur aux tenants du pouvoir, aussi bien sur le plan local que sur le plan national. Pour lui, la solution serait de donner compétence à la police et à la gendarmerie de délivrer de tels actes.
‘’Je pense qu’on devrait permettre aux citoyens de pouvoir obtenir ces documents par la gendarmerie et la police. Ces administrations, si le document est faux, elles peuvent le détecter facilement. Je pense que c’est la meilleure solution. Le maire, lui, il est juge et partie. Tant qu’il aura l’exclusivité, il va en abuser’’.
Un moyen de transfert d’électeurs
Dans ses conclusions, la mission d’audit du fichier électoral avait pourtant fait des propositions concrètes dans le sens d’encadrer cette délivrance. En sa recommandation 30, elle préconise : ‘’Afin de circonscrire ces pratiques tendant à délivrer illégalement les certificats de résidence pour des besoins purement électoralistes, il est nécessaire de doter les Ceda (Commission électorale départementale autonome) des moyens de contrôle de la délivrance des certificats de résidence.’’
Loin de Dakar-Plateau, à Thiès, le maire Talla Sylla est aussi accusé d’instrumentaliser la loi pour empêcher les électeurs d’avoir le certificat de résidence, après une fermeture de 15 jours de l’état civil, en pleine période de révision des listes électorales. Pour Amadou Ba, responsable à Pastef/Les patriotes, l’édile de Thiès est coupable des mêmes ‘’excès’’.
‘’Pour les certificats de résidence, Talla Sylla refuse catégoriquement de les délivrer. Il renvoie systématiquement aux autres mairies des communes avoisinantes… Ces méthodes de punition collective des populations pour empêcher l'inscription sur les listes électorales, sont une politique officielle bénie par Macky Sall lui-même…’’. Il énumère les cas de Dakar-Plateau, Notto Diobass... ‘’Désormais, dit-il, il faut plus de pièces pour obtenir un certificat de résidence que pour avoir un passeport diplomatique’’.
Dans beaucoup de communes, aujourd’hui, les maires ont repris cette prérogative qu’ils avaient pourtant déléguée à d’autres agents. ‘’Dans la commune de Dey Ali où je me trouve actuellement, à 30 km de Touba, le maire avait confié cette tâche à une secrétaire. Mais avec la révision des listes, il l’a reprise. S’il n’y avait une volonté de manœuvrer, il l’aurait laissée à la même personne. C’est valable dans beaucoup de localités. Il faut que le président de la République et la Cena s’impliquent pour y mettre un terme avant qu’il ne soit trop tard’’.
Plateau botte en touche et accuse
En tout cas, au niveau de Dakar-Plateau où la polémique ne cesse d’enfler, les proches du maire Alioune Ndoye bottent l’accusation en touche et dénoncent une mauvaise foi des partisans de l’opposition.
Dans une tribune publiée il y a trois jours sur la page Facebook intitulée ‘’Jeunesse de Dakar-Plateau’’, Sélé Dièye rappelle à qui veut l’entendre. Membre de la cellule de communication du maire, il déclare : ‘’… Ceux qui ne comptent en réalité que sur la fraude et le transfert d’électeurs étrangers à la commune n’auront pas d’autre choix que le désistement. Ceux qui veulent se convaincre que les primo-votants sont leurs militants ; ceux qui affirment sans sourciller qu’ils entendent inscrire des jeunes, s’ils ne disent pas l’avoir déjà fait et qui comptabilisent toutes ces voix à leur compte, ne trompent personne sinon eux-mêmes.’’
A l’en croire, pour disposer du certificat de résidence, il faut impérativement remplir les conditions d’obtention prévues par les lois et règlements. Et de s’interroger : ‘’Y a-t-il un cas patent d’un citoyen ayant rempli les conditions et qui aurait vu sa demande refusée ? C’est justement cela qu’il suffit de démontrer…. Quant aux plaignants qui s’imaginaient avoir le droit de récuser la signature du maire, ils devront bien méditer le silence du gouverneur et celui du sous-préfet par rapport à cette question qui est pourtant la quintessence de leur lettre, et par rapport aussi à d’autres, comme la restitution aux officiers d’état civil le pouvoir de délivrer ce dit document’’.
Selon lui, les plaignants ont étalé à la face du monde leur totale ignorance des textes de la décentralisation. ‘’Parce que, souligne-t-il, l’officier d’état civil, c’est le maire ; il peut, sous sa surveillance et sa responsabilité, déléguer ses attributions à des profils indiqués ; mais il est constant que cette décision de déléguer ou pas ne dépend que de sa seule volonté. Et cela, ni le gouverneur ni le préfet ne peuvent la lui dénier, parce qu’il la tient de la loi (article 108 du CGCT)’’.
Ce que prévoit la loi
Aux termes de l’article L40 ancien du Code électoral, la commission administrative doit faire figurer sur la liste électorale les renseignements demandés par l’administration chargée de l’établissement des listes électorales et susceptibles d’identifier l’électeur. Il s’agit notamment des prénoms, nom, date et lieu de naissance, filiation, profession, domicile ou résidence de tous les électeurs.
L’alinéa 2 de l’article 1er précise : ‘’Pour toutes opérations au niveau de la commission administrative, si l’adresse domiciliaire qui figure sur la carte d’identité biométrique CEDEAO ne se trouve pas dans la circonscription électorale, l’électeur est tenu de prouver son rattachement à la circonscription par la production d’un certificat de résidence ou par la présentation de tout autre document de nature à prouver le lien avec la collectivité locale déterminée suivant les conditions posées par les articles L.36 et L.37 du présent code.’’
Il résulte de l’article L36 ancien que les listes électorales des communes comprennent : ‘’1) ceux qui y sont nés ; 2) ceux dont l’un des ascendants au premier degré y réside ; 3) tous les électeurs qui ont leur domicile réel dans la commune ou qui y résident depuis six (06) mois au moins ; 4) ceux qui figurent depuis trois (03) ans au moins sans interruption au rôle de la contribution foncière des propriétés bâties ou non bâties, entre autres.’’
Mais, dans les faits, force est de reconnaitre que la plupart des partis politiques, opposition comme pouvoir, manipulent les dispositions législatives, en vue de maximiser leurs chances de gagner dans certaines collectivités, par le mécanisme des transferts d’électeurs. Sauf que sur ce registre, les maires sortants partent toujours avec une nette avance.
LUMUMBA, LA MÉCANIQUE D'UN ASSASSINAT
Pourquoi et par qui ce jeune leader indépendantiste a-t-il été assassiné ? Déstabilisé, diabolisé, traqué, le natif d’Onalua dans le Sankuru a été, durant la dernière année de sa vie, la cible de différents groupes aux intérêts convergents
Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba, Premier ministre congolais déchu, meurt assassiné dans le sud du Congo. Son décès provoque une émotion considérable de par le monde et contribue à faire de lui une figure mythique de l’histoire des indépendances africaines. Mais pourquoi et par qui ce jeune leader indépendantiste a-t-il été assassiné ? Déstabilisé, diabolisé, traqué, le natif d’Onalua dans le Sankuru a été, durant la dernière année de sa vie, la cible de différents groupes aux intérêts convergents.
Même si elle est soigneusement éludée, la question se pose toutefois avec acuité : en pleine recrudescence de la pandémie de Covid-19, est-il raisonnable d’autoriser un rassemblement d’une telle ampleur ?
Le pèlerinage mouride rassemblera, en septembre, quelque 4 millions de fidèles. De quoi susciter les inquiétudes, alors que le Sénégal connaît une troisième vague épidémique.
Au Sénégal, mieux vaut ne pas poser la question, au risque d’être taxé d’apostasie et d’en subir les conséquences. Et pourtant, puisque celle-ci se pose, les médias se doivent bien d’en faire état.
Les 25 et 26 septembre, dans le centre-ouest du pays, se tiendra le Magal de Touba, ce pèlerinage typiquement sénégalais en hommage à Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké (Serigne Touba), le fondateur du mouridisme. Chaque année, lors de ce rassemblement, la confrérie la plus influente du pays célèbre en prières, dans la ville sainte où il repose, son fondateur et guide spirituel, à la date anniversaire (du calendrier musulman) où l’administration coloniale française l’avait contraint à l’exil au Gabon, en 1895.
Un quart de la population
Même si elle est soigneusement éludée au Sénégal, la question se pose toutefois avec acuité : en pleine recrudescence de la pandémie de Covid-19, est-il raisonnable d’autoriser un rassemblement d’une telle ampleur ? À Touba, le Magal réunit traditionnellement plus de 4 millions de Sénégalais venus de tout le pays et de la diaspora, soit près du quart de la population nationale.
S’interroger sur cette question de santé publique ne relève pas du blasphème. On en voudra pour preuve les mesures énergiques qu’a pris l’Arabie saoudite afin de contenir la contamination des fidèles lors du hajj – l’un des cinq piliers de l’islam. En juillet 2021, seuls 60 000 Saoudiens et étrangers résidant dans le royaume – tous dûment vaccinés – ont été autorisés à fouler les lieux saints. Avant la pandémie, en 2019, ils étaient 2,5 millions venus du monde entier…
En période de Covid-19, les pèlerinages posent un défi de santé publique qu’il est bien délicat de résoudre. L’Inde en fournit un exemple édifiant. En mars 2020, les cas de Covid-19 avaient crû de plus de 10% en 24 heures après la découverte d’une importante vague de contagion liée à un rassemblement du Tablighi Jamaat, une congrégation musulmane fondamentaliste.
Un an plus tard, après quelques mois d’accalmie qui avaient pu laisser à penser que la situation sanitaire était à nouveau sous contrôle, l’Inde a connu une spectaculaire deuxième vague. Le 24 avril 2021, elle comptait 349 000 nouveaux cas – contre moins de 15 000 cas par jour un mois et demi plus tôt.
En cause, des meetings politiques aux quatre coins du pays, dans un contexte de campagnes électorales multiples, mais aussi des rassemblements religieux, comme le Kumbh Mela – considéré comme le pèlerinage le plus important du monde car réunissant des millions de fidèles –, durant lequel les hindous sont invités à aller se baigner dans le Gange pour se laver de leurs péchés.
ÉLECTION AU SUFFRAGE UNIVERSEL DIRECT, UNE OPPORTUNITÉ POUR LES FEMMES ?
La loi sur la parité a permis d’avoir plus de femmes dans les instances électives et semi-électives. Le nouveau Code électoral qui permet désormais l’élection des maires au suffrage universel direct peut-il accentuer davantage le leadership féminin ?
La loi sur la parité, adoptée en mai 2010, a permis d’avoir plus de femmes dans les instances électives et semi-électives. Le nouveau Code électoral qui permet désormais l’élection des maires au suffrage universel direct peut-il accentuer davantage le leadership féminin ? De belles perspectives se dessinent, selon les femmes leaders interrogées, même si le combat est loin d’être gagné.
Le nouveau Code électoral, adopté le 12 juillet 2021, peut-il aider à avoir plus de femmes comme Maires ? Beaucoup de femmes leaders le pensent. Elles estiment que cette nouvelle disposition sonnera le glas des manœuvres politiciennes qui accompagnaient souvent le choix d’une personnalité après la proclamation des résultats, avec notamment le pouvoir donné aux Conseillers de choisir le Maire. Aïda Sopi Niang, Coordonnatrice du Mouvement du 23 juin (M23), par ailleurs Conseillère municipale à la Ville de Dakar, estime que de meilleures perspectives se dessinent pour la gent féminine. Toutefois, elle est d’avis que les femmes doivent se donner les moyens de bien se positionner sur le terrain politique.
Mme Niang pense également que la caution peut ne pas être, pour ces joutes électorales, à l’avantage des femmes souvent confrontées à un manque de moyens financiers. « Le nouveau mode de désignation des Maires peut aider les femmes à progresser, mais la caution peut constituer un blocage pour la plupart d’entre elles si elle atteint un certain montant. Si c’est le cas, l’objectif est de promouvoir les femmes bourgeoises, c’est-à-dire celles qui ont des capacités financières, alors que la majorité participe activement à la vie communautaire », affirme-t-elle.
Estimant que la majorité des femmes auront du mal à verser la caution exigée, Aïda Sopi Niang met l’accent sur la nécessité de trouver une alternative.
Aminata Faye Dièye, Conseillère municipale à la Mairie de Mermoz-Sacré-Cœur, salue l’adoption du nouveau Code électoral qui est, selon elle, « une avancée majeure » pour la démocratie sénégalaise. Mais, elle souligne n’avoir pas attendu cette disposition juridique pour se lancer dans la compétition électorale. « J’avais décidé de poser ma candidature et d’être tête de liste majoritaire. L’avantage du nouveau mode d’élection des Maires est qu’il permet aux populations de connaître et de choisir leur Maire. Auparavant, les Conseillers municipaux les élisaient à leur place », souligne Mme Faye.
Toujours est-il que pour notre interlocutrice, les femmes ne doivent pas dormir sur leurs lauriers. « La loi est impersonnelle. Tout dépend de la bataille qu’elles vont mener pour figurer en bonne position. Il faut qu’elles cherchent à se faire une place dans les mouvements citoyens et les partis politiques. Cela ne sera pas facile, car les hommes ne laisseront jamais les femmes jouer les premiers rôles », ajoute-t-elle.
L’ancienne ministre et ancienne présidente du Conseil des femmes sénégalaises (Cosef), Hawa Dia Thiam, qui s’est toujours battue pour une meilleure représentativité des femmes partage cet avis. Elle les encourage à faire bouger les lignes malgré des acquis importants enregistrés ces dernières années grâce à la loi sur la parité. Mme Thiam les invite à redoubler d’efforts pour conquérir les villes, même si elle reconnaît que leur parcours ne sera pas lisse avec les coalitions électorales en 2022. Selon elle, cette donne peut déjouer les pronostics. « Avant l’adoption du suffrage universel direct, il arrivait que l’élection d’un Maire soit négociée ; un toilettage a été opéré avec le nouveau Code électoral. Mais, les femmes doivent poursuivre leur combat pour bien se positionner en dépit de l’émergence des coalitions électorales. Nous comptons également sur la volonté politique et la collaboration des hommes pour une meilleure représentativité des femmes en respectant la loi sur la parité », souligne Hawa Dia Thiam. C’est toute l’importance, dit-elle, des formations initiées dans l’optique de renforcer les capacités des femmes et de promouvoir une représentation qualitative dans les instances de décision. La formation est le meilleur levier sur lequel les femmes doivent s’appuyer pour opérer de grands changements en dépit de la nouvelle loi électorale.
Cependant, les femmes souhaitent que celles qui aspirent à diriger les collectivités territoriales soient compétentes et engagées. « C’est important d’impulser des changements, notamment à la base. La loi sur la parité constitue un acquis important. La liste paritaire est une condition de recevabilité des listes électorales, mais nous n’avons pas encore la moitié des femmes au niveau des instances électives. La nouvelle disposition peut donc aider », ajoute l’ancienne Ministre, par ailleurs Présidente de la plateforme « Les Femmes Debout ».
Mme Thiam pense que les femmes qui sont à des postes de responsabilité peuvent aider leurs sœurs à gravir les obstacles. « Beaucoup d’efforts ont été faits dans ce sens », reconnait-elle, invitant alors les femmes à se lancer à la conquête des villes et à faire du lobbying pour atteindre leurs objectifs.
KEUR MASSAR, UN NOUVEAU DEPARTEMENT ET 1000 PROBLEMES
Les défis sont à la fois sécuritaires, sanitaires, fonciers, mais surtout environnementaux
Fraichement installé comme préfet du quarante-sixième département du pays, Sahite Fall a enregistré son premier cas de meurtre dans la journée du 27 juillet. Un homicide qui montre que les chantiers du nouveau département sont énormes. Les défis sont à la fois sécuritaires, sanitaires, fonciers, mais surtout environnementaux. Reportage
Keur Massar n’a été érigée en département qu’en début juillet et le moins qu’on puisse dire, c’est que l’insécurité galopante y hante le sommeil des populations.
En face du centre commercial, lundi, un groupe de jeune gens est confortablement assis autour d’un cireur de chaussures. La discussion tourne autour du meurtre commis la veille sur un jeune citoyen dans la commune. Ce qui a vite fait de créer une psychose avec la prolifération des armes blanches qui étaient en vente libre lors des semaines qui ont précédé la Tabaski. « Le fait d’ériger Keur Massar en département est une bonne chose. Mais il faut des infrastructures de base comme un poste de police dans chaque commune. Le nombre d’agressions a vraiment augmenté. Chaque jour, on fait face à des actes de banditisme. Ce fut le cas avant-hier où un jeune a été sauvagement tué par des agresseurs. Donc nous ne sommes plus en sécurité » s’indigne El Hadj Ka, la trentaine, habillé d’une chemise à manches courtes, exposant ses muscles saillants.
Selon nos interlocuteurs, la sécurité est le plus grand défi du nouveau département. La peur est telle que rares sont les habitants qui osent s’éterniser dans les rues à certaines heures de la nuit. Dans cet espace tenu par les jeunes, il se passe souvent des scènes qui montrent la témérité des agresseurs. Un client qui sort d’un magasin peut être suivi et se voir dépouillé de ses biens dans des ruelles désertes. Beaucoup de cas d’agressions selon ce mode opératoire sont souvent constatés. Et il n’est pas rare que ces bandes d’agresseurs soient poursuivies par des mécaniciens qui n’hésitent pas à les lyncher.
A quelques mètres du centre commercial, le gérant d’un kiosque à journaux est entouré par des lecteurs. Si certains se procurent un journal avant de quitter les lieux, la plupart ne sont agglutinés que pour lire les différents titres de la presse. Ce sont certainement ceux que les Ivoiriens appellent non sans humour les « titrologues ». D’autres ont carrément pris place sur un banc de fortune installé par le vendeur. Chacun tenant un journal acquis ou prêté par le vendeur s’il n’est pas loué comme c’est souvent le cas. Dans ce lot de lecteurs, un vieil homme se distingue par la bonne humeur qu’il distille autour de lui. Interrogé sur l’insécurité, le vieux Jean Diatta ne se fait pas prier pour donner sa grille de lecture. « Il y a de cela trente ans, il y avait de fréquentes patrouilles de la police dans les quartiers. Ce qui faisait que personne ne trainait dehors à certaines heures de la nuit Et même si ces patrouilles se font toujours, elles ne sont pas aussi régulières qu’avant », déplore M. Diatta qui explique la hausse de la criminalité par l’absence de la police sur le terrain.
« Il faut un poste de police dans la commune Sud de Keur Massar ! »
Interpellée sur le défi sécuritaire, l’équipe municipale ne cache pas ses inquiétudes. Tout en magnifiant la départementalisation de Keur Massar, l’équipe municipale demeure consciente que le défi sécuritaire reste une préoccupation. « La police doit renforcer son effectif et faire de fréquentes patrouilles. Car les populations sont dans la peur. Il nous faut un poste de police dans la commune Sud de Keur Massar», plaide Matar Mbengue, chef de cabinet du maire de Keur Massar.
Selon lui, la commune Sud du nouveau département doit répondre au défi environnemental. Par exemple, avoir un hôpital de bon niveau et faire face à des maladies saisonnières comme le paludisme qui fait des ravages dans la zone. Pour le responsable politique de la mairie, il faut des infrastructures de base pour accompagner la départementalisation. Par exemple, pour chaque commune, un hôpital de bon niveau et des postes de santé. Ceci, afin de soulager les populations. Car avec la pandémie, les hôpitaux sont pris d’assaut par les habitants du département. L’autre défi, selon le chef de cabinet du maire, reste environnemental.
A l’en croire, il faut augmenter l’éclairage public. Ceci, afin d’améliorer le cadre de vie des riverains. Mais également, lutter contre le banditisme. Le volet cadre de vie englobe également le défi environnemental. C’est la raison pour laquelle M. Mbengue insiste sur un bon réseau hydraulique. Ce, dès lors qu’il existe des poches de résistance en ce qui concerne les inondations. Il s’agit également de régler définitivement le problème de l’assainissement. Les Parcelles Assainies, fortement impactées par les inondations de l’hivernage passé, sont également au cœur de ce dispositif. Ce qui fait que, malgré les assurances des autorités, les habitants demeurent inquiets. « L’année dernière, nous avions souffert avec les inondations. Ceci face à l’absence d’un bon réseau d’assainissement. Nous étions obligés de quitter nos appartements.
Le grand défi du nouveau département, c’est de résoudre le problème de l’assainissement » estime Fallou Kassé, locataire dans un immeuble de Keur Massar. Si Fallou est préoccupé par l’assainissement, son voisin de palier en appelle au règlement des voies d’accès. « Le défi majeur du nouveau département n’est rien d’autre que l’occupation anarchique des différents trottoirs. Personne ne peut passer au niveau de la station. Les trottoirs sont occupés, les voitures de Rufisque ont transformé une bonne partie de la route en garage. Vraiment le désordre qui règne à Keur Massar est insupportable », s’offusque Christophe Sagna. Cependant beaucoup de personnes pensent que le plus grand mal du nouveau département, comme partout au Sénégal, reste l’absence de civisme. « Le véritable défi de Keur Massar, c’est le niveau du civisme très bas. Ici, le degré d’indiscipline est très élevé. Honnêtement, je suis inquiète de l’avenir de ce pays. Il faut que les parents réinvestissent de nouveau dans l’éducation de leurs enfants » estime Valentine Manga, professeur de français.
A l’en croire, le développement est avant tout éducationnel. Au niveau de la gare routière du transport en commun, la majorité des chauffeurs pointent du doigt l’indiscipline de la nouvelle génération. C’est son mauvais comportement au volant et sur la route qui expliquerait les nombreux accidents constatés sur les routes du pays.
LA MAISON FAMILIALE DE SEMBENE DEVENUE UN DEPOTOIR D'ORDURES
Hélas, ce monument de la culture est aujourd’hui en train d’être banalisé, voir oublié dans son propre pays
Jean Diatta, correspondant permanent Ziguinchor |
Publication 11/08/2021
Si feu Ousmane Sembène, l’écrivain et cinéaste de renommée internationale disparu en 2007, était encore en vie, il aurait actuellement 100 ans. Hélas, ce monument de la culture est aujourd’hui en train d’être banalisé, voir oublié dans son propre pays. Tenez ! Sa maison familiale sise au quartier Santhiaba, en plein Centreville de Ziguinchor, est tombée en ruines sous le regard indifférent des autorités de ce pays. Sur le site, il ne reste plus qu’un amas de tôles rouillées et de débris sous le regard indifférent des autorités étatiques et municipales. Certains riverains utilisent même le site comme un dépotoir d’ordures
Une situation qui indigne de nombreux Ziguinchorois et particulièrement ceux qui ont connu le grand cinéaste. Le professeur Amadou Fall, chercheur et enseignant à l’Université de Ziguinchor, ne mâche pas ses mots pour dénoncer cet oubli de celui qui apparaît comme l’une des plus grandes vitrines de la culture africaine des temps modernes.
Le professeur Fall assimile à une tragédie l’état de délabrement de la maison où vécut l’homme qui a donné aux lettres ainsi qu’au septième art sénégalais leurs lettres de noblesse. ‘’Cet oubli de Sembène, je le ressens comme une tragédie, c’est une tragédie. C’est pourquoi je ne badine pas avec les mots parce qu’il y a rien de plus de tragique que l’innocence punie. Et la grande question c’est toujours qu’a fait Sembène, qu’a fait-il de mal pour qu’aujourd’hui cette maison-là qu’il a voulu acheter pour en faire un patrimoine et même un don pour la commune de Ziguinchor... soit aujourd’hui un tas de ferrailles, un tas de boue. Un endroit où, comme vous le voyez, on dépose des immondices... Et c’est ça la tragédie africaine !’’, clame le professeur Fall qui dit s’être occupé de ce grand monument. ‘’Moi, je suis quelqu’un qui s’est beaucoup occupé de Sembène, de ses actes culturels, sociaux et politiques. J’ai eu un rapport très étroit avec son neveu Abdourahmane Ndiaye Dimitri qui m’a avoué beaucoup de faits.
Par exemple que même à un an de sa mort, il était revenu avec toute une équipe de cameramen prendre des photos de sa maison natale pour dire qu’il s’est entêté à vouloir acheter cette maison pour en faire un patrimoine et même un don pour la commune de Ziguinchor. Mais malheureusement, voilà un peu l’Afrique, les collectivités locales, nous n’avons pas des gens qui soient à la hauteur de ce que nos patrimoines doivent être. Fleurir dans l’espace, disons non seulement africain mais mondial pourquoi pas ? Parce que nous avons du tonus contre-culturel, de la consistance culturelle, de la consistance intellectuelle, de la consistance sociale. C’est sous ce rapport justement que Sembène s’est placé pour vouloir faire de sa maison familiale un monument où il devait pouvoir faire éclore tous les talents de la Casamance, au-delà de la Casamance, du Sénégal et de l’Afrique’’, peste le professeur Fall.
Et de s’interroger : ‘’Qu’est-ce qui a conduit à ce que la maison de Ousmane Sembène, un monument, soit laissée comme ça à l’air libre, qu’elle se soit effondrée d’elle-même sous le poids de l’âge, mais aussi sous le coup d’une architecture traditionnelle qui n’a pas résisté au temps ? Je dois dire que cette maison n’appartenait pas à la famille de Sembène. Et donc, dès que Sembène a pris conscience, il est revenu à ses sources pour l’acheter parce que nous avons eu beaucoup d’informations de la part de ses proches et surtout de son neveu Abdourahmane Ndiaye Dimitri qui fut entraîneur national adjoint de Bonaventure Carvalho pour les Lionnes de basket, décédé l’année dernière qui connaissait bien l’attachement et l’engagement que j’avais, pour participer avec d’autres, à la revalorisation de ce patrimoine mondial qu’est Ousmane Sembène’’. Selon notre interlocuteur, le grand cinéaste a passé son enfance dans ce vieux quartier de Santhiaba où il a encore des amis qui ont vécu avec lui.
Une enfance vécue à Santhiaba
‘’Ousmane Sembène a passé son enfance ici à Santhiaba Ziguinchor. J’ai des sœurs de mon père dont l’aînée l’a bien approché, l’a bien connu. J’ai discuté avec elle, il y a à peine quatre ans, en lui demandant si elle connaissait Sembène Ousmane. Et tout de go, avec un geste véritablement affectif et radical, elle m’a avoué que ‘mais oui, c’était un ami bien qu’il était un peu plus âgé que moi’. Elle m’a avoué qu’elle a effectivement bien connu l’homme qui était, en son temps, un jeune turbulent.
Et Sembène n’a cessé de dire effectivement ce trait de caractère de sa personne qu’on a pu lire, qu’on a pu voir étant même adulte, cet homme engagé, décidé à aller au bout de ce qu’il pense être véritablement salutaire pour l’Afrique. Vous voyez donc cet homme qui a produit, du point de vue de la littérature, beaucoup d’ouvrages dont Le dernier de l’Empire où il s’attaque véritablement au président Senghor comme personne. Il a produit ‘’les Bouts de bois de Dieu’’, ‘’0 Pays mon beau peuple ‘’où il fait son autobiographie. Il a produit dans sa filmographie ‘’Ceddo’’, ‘’Guelewar’’, ‘’Emitay’’, vous voyez, tous ces éléments à marquer... Il a collaboré avec d’autres cinéastes sur ce que l’Afrique avait de réel, de beau à conserver pour que nos élites dirigeantes puissent s’abreuver à cette source originelle et construire des États réellement viables et non ce que l’on voit aujourd’hui.
Pour résumer, Sembène a été entier, il a été un critique littéraire, politique et social à tous points de vues, il a dérangé. Et notre État sénégalais, il l’a considéré comme néo-colonial. Il a critiqué nos us et coutumes qui ne seyaient pas avec l’évolution de nos États modernes. Voilà un peu ce qu’était cet homme, un autodidacte, quelqu’un qui s’est frayé un chemin à force de travail, d’acharnement et qui est aujourd’hui au ‘’Panthéon’’. Mais malheureusement, comme nous le disions, c’est une tragédie Sembène. C’est un monument qui s’est effondré, et qu’on a laissé s’effondrer en essayant quelque part de faire une censure par le silence en l’oubliant’’, tempête le professeur Fall. Il se console en constatant que s’il est ignoré chez lui, Sembène est célébré à travers le monde entier. Dans cet oubli, M. Fall impute une part de responsabilité à nos collectivités locales.
LA MAIRIE DE ZIGUINCHOR POINTEE DU DOIGT
Dans cette situation d’abandon de Sembène, la mairie de Ziguinchor est pointée du doigt. ‘’Nous confions nos collectivités locales à des gens qui ne s’émeuvent pas devant la puissance de notre patrimoine matériel et immatériel. Alors, là est un des maux les plus denses, les plus tragiques de l’Afrique. Et nous pensons que des communes, des collectivités locales comme la nôtre et comme d’autres, elles doivent être confiées... ou en tout cas il doit y avoir des commissions chargées de répertorier l’ensemble du patrimoine matériel et immatériel pour pouvoir en faire quelque chose de consistant, de solide et qui puisse permettre de promouvoir ces localités. Malheureusement, vous voyez, qui d’entre ceux-là qui nous dirigent au niveau communal, au niveau de nos collectivités connaît réellement Sembène ? Ce n’est qu’à partir de nos expressions, nos productions qu’ils connaissent sa vie, comment il a été, qu’ils connaissent ses proches issus de l’enfance, ce qu’il a pu dire de son patrimoine de la Casamance ou autre qu’il a vécu intensément’’, s’emporte le professeur Amadou Fall.
De l’avis du professeur à l’Université de Ziguinchor, Sembène Ousmane s’est taillé une place de choix dans la littérature mondiale, à travers notamment son célèbre roman ‘’Les Bouts de bois de Dieu’’ qui demeure une référence dans le monde littéraire. Notre interlocuteur de souligner qu’il avait eu, en son temps, la présence d’esprit de prendre des photos de la maison du cinéaste quand elle était encore debout parce qu’aujourd’hui elle est un tas de ferraille, un tas de boue où l’on dépose des immondices. Il signale que lui et des amis s’efforcent aujourd’hui de réhabiliter l’homme de culture qu’est Sembène car l’oublier c’est oublier la Casamance. ‘’Nous, avec d’autres, nous essayons encore de réhabiliter cet homme parce que c’est un patrimoine.
Oublier Sembène, c’est oublier la Casamance, c’est cela aussi mon slogan. Parce que Sembène a symbolisé la Casamance, Sembène a matérialisé les us et coutumes, les valeurs traditionnelles qui ont fait l’homme casamançais, qui ont fait l’Africain dans son intégralité un homme de respect, un homme qui fait un serment et qui respecte justement la parole donnée. C’est cela Sembène et sous ce rapport il dérange’’. Youssouf Conté, un voisin, estime que le spectacle qu’offre aujourd’hui le site qui abritait la maison familiale de Sembène est tout simplement écœurant. C’est à peine qu’il a pu sortir des mots de sa bouche tellement sa gorge était serrée. ‘’Au Burkina, il y a une statue qui représente Sembène Ousmane à Ouagadougou pour montrer son importance dans le cinéma africain. Ici à Ziguinchor aujourd’hui, quand on vient devant son ancien domicile qui est devenu un dépotoir comme on le voit là, c’est déprimant quoi. Je ne comprends pas. Vraiment, moi, je crois que les autorités devraient se lever un peu et surtout le maire’’ souligne Youssouf Conté.
La mairie annonce une réhabilitation
Interpellé par nos soins, Taïbou Diédhiou, adjoint au maire de Ziguinchor chargé des affaires culturelles, assure que l’institution municipale envisage d’organiser un mémorial du grand cinéaste pour le réhabiliter car il est une très grande fierté pour Ziguinchor. Répondant à ceux qui accusent la mairie d’inaction face à l’effondrement de la maison de M. Sembène, il rétorque qu’il n’appartient pas à son institution de reconstruire une maison privée de quelqu’un fut-il un grand artiste de la trempe de Sembène. ‘’Le maire Abdoulaye Baldé est en train de réfléchir pas pour reconstruire une maison de Ousmane Sembène mais quand même pour sa mémoire, voir comment on peut organiser un mémorial parce que la reconstruction d’une maison revient à son propriétaire. Donc, on est en train de travailler avec le maire pour voir comment organiser un mémorial dédié à Ousmane Sembène. Car il est quand même une fierté pour Ziguinchor, une fierté pour le Sénégal’’. En attendant que des bonnes volontés réagissent éventuellement pour rebâtir cette maison, en plus des tas d’immondices évoqués plus haut, des herbes sauvages commencent à recouvrir le site sous l’effet de l’hivernage.
LES TRAVAILLEURS SE DRESSENT EN BOUCLIERS CONTRE LE «TONG-TONG» DU CICES
Le collectif des agents du CICES, qui faisait face à la presse hier, a sonné le début de son plan d’action contre les prédateurs fonciers.
Les travailleurs du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES) ont manifesté hier leur mécontentement face à la spoliation des terres de ce patrimoine. Face aux menées des affairistes qui spolient les terres du CICES, le collectif des agents s’est dit prêt à déployer tous les moyens possibles pour préserver ce patrimoine
Le collectif des agents du CICES, qui faisait face à la presse hier, a sonné le début de son plan d’action contre les prédateurs fonciers. « Nous alertons l’Etat et l’opinion publique de notre plan d’action contre ces prédateurs fonciers. Si rien n’est fait pour arrêter ces affairistes, nous passerons à la vitesse supérieure et toutes les voies et tous les moyens seront déployés pour garder et préserver notre patrimoine », a clamé haut et fort Ibrahima Diop, porte-parole du collectif des délégués de CICES.
Selon lui, la rencontre d’hier avait pour but de dénoncer le fait que leurs terres sont en train d’être spoliées. « Le CICES est à la croisée des chemins. Et il nous faut impérativement, nous qui y travaillons, nous ériger en boucliers pour défendre notre patrimoine des lobbies affairistes. Le phénomène d’accaparement de terres a souvent été imputé à l’Etat. Et pour le comprendre, il suffit juste de porter un regard sur les politiques foncières et sur les visions du territoire produites par l’Etat », dénonce M. Ibrahima Diop.
A en croire le porte-parole, le CICES est aujourd’hui victime d’une spoliation foncière qui est le fait de prédateurs dont la seule motivation est de s’accaparer de ce qui reste de cet espace. « Présentement, il y a des gens qui prétendent détenir des baux à l’intérieur même de l’assiette foncière du CICES », fait savoir Ibrahima Diop.
Poursuivant, il assure qu’ils ne se laisseront pas faire. « Nous, travailleurs du CICES, ne nous laisserons pas faire. Nous allons nous dresser en sentinelles, nous ériger en remparts pour barrer la route à ces « dealers » d’autant plus que des efforts sont en train d’être faits par les plus hautes autorités du pays pour la rénovation du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (CICES) » a fait comprendre le porte-parole, M. Ibrahima Diop.
Remerciant le président de la République, M. Macky Sall, pour la décision prise de restaurer les infrastructures du CICES, qui constituent un patrimoine architectural à préserver, M. Diop a précisé que cette réhabilitation va répondre aux normes internationales en matière d’organisation d’évènementiels économiques et culturels. Elle va aussi s’inscrire en droite ligne de la feuille de route du directeur général, M. Salihou Keita, visant à préserver la réserve foncière pour consolider le leadership ouest africain du CICES dans l’organisation de foires et de salons professionnels.
Par Moumar GUEYE
QUI DONC ARRETERA L'HECATOMBE SUR LES ROUTES DU SENEGAL?
Le mal du ravage des transports publics persiste et perdure! La tragédie des accidents de la route décime de plus en plus notre peuple!
Le mal du ravage des transports publics persiste et perdure! La tragédie des accidents de la route décime de plus en plus notre peuple! Le quotidien national le Soleil du 4 août 2021 s'est écrié devant l'hécatombe routière qui se chiffre à 1836 accidents en 7 mois! L'accident survenu récemment dans le Fouta sur l'axe Taredji-Ndioum vient encore une fois, de faire 12 morts et plus de 20 blessés!
Durant ma carrière de forestier dans la lutte contre le "feu de brousse", notre slogan le plus performant en langue nationale Wolof était celui-ci: "Fu daay tàkk nit a fa jaar" (Il n' y a pas de feu de brousse sans présence de l'homme). La même affirmation impérative est plus que valable pour les transporteurs et conducteurs automobiles sur les routes de notre pays. Le dicton wolof nous le rappelle en ces termes : "Fu nit faatoo ci tali, nit a fa jaar" (L'homme est responsable de tout mort sur la route).
En effet, au Sénégal, le parc automobile destiné au transport en commun est majoritairement constitué de véhicules d'une médiocrité et d'une inaptitude technique terrifiante! Il y a quelques années, j'ai eu à dénoncer les "bus de la mort" qui tuent tout et détruisent tout sur toutes les routes de notre pays. Il s'agit de ces vieux tacots qui, contrairement aux bus "Pullman" sûrs, beaux et confortables que les professionnels du transport touristique offrent aux usagers, sont de véritables tombeaux roulants. J'ai souvent parcouru l’axe Dakar - Saint-Louis et Dakar - Diourbel depuis plusieurs années, sans souci majeur. Mais tout a changé depuis l’arrivée massive de ces vieux bus réformés et indésirables sur les routes européennes et qui en dépit de leur état de délabrement avancé, débarquent au Port de Dakar et sont utilisés au Sénégal pour le transport public de voyageurs.
Ainsi, nos routes se baignent de sang humain presque quotidiennement et sont jonchées de cadavres d'hommes, de femmes et de bétail sans berger. Ce sont ces bus et véhicules similaires qui traversent quotidiennement, en toute vitesse et impunément les agglomérations très peuplées à l'intérieur du pays. Ces conducteurs ne respectent presque jamais le Code de la route!
En plus, ils ne sont pas physiquement préparés et mentalement prêts pour prendre en charge et en toute responsabilité, la sécurité de dizaines de vies en voyage sur les routes du Sénégal. Très souvent, ces poids lourds sont conduits par des gamins écervelés, inconscients et incompétents. Ils pensent souvent qu'une cigarette, un verre de café, de thé ou autre breuvage supposé tonifiant peut les aider à vaincre le sommeil et la fatigue. C'est ainsi qu'au volant de leurs guimbardes ils affrontent sans science ni conscience les dangereuses contraintes qui sillonnent les voyages.
Ces jalons de la mort sont : la distance, les pièges de la route, la fatigue, la chaleur, le sommeil, l'obscurité, les orages, les animaux errants, les arbres déracinés, les vents violents et les flaques d'eau qui attendent au tournant les conducteurs imprudents, imprévoyants et téméraires qui jouent avec la vie des personnes qu'ils croisent ou transportent à bord.
À l'époque, tout le monde semblait se réjouir de la présence de ces bus de récupération qui pourraient positivement remplacer les « 508 » plus connus sous le nom de "Ndiaga Ndiaye" et les "Super" ou autres "cars rapides" qui devraient être envoyés à la casse. Malheureusement, la plupart des propriétaires de ces véhicules s'empressent d'acheter en Europe ces vieux bus et les introduisent au Sénégal, les rafistolent sommairement en prenant soin d’y installer des échelles, un porte-bagages, des sièges supplémentaires de fortune, tout cela pour augmenter le nombre de passagers et l'espace bagages, afin de gagner le plus d’argent possible et à tout prix. Ces propriétaires véreux ne se rendent pas compte qu’en agissant de la sorte, ils rendent leur bus instable et hors-norme, donc dangereux et difficilement maîtrisable.
Ainsi, ils s’empressent de se faire délivrer des documents administratifs souvent douteux et discutables et embauchent un marmot d’une vingtaine d’années. C'est ce petit garçon sans conscience qu'ils installeront au volant du mastodonte. Ce jeunot immature, ignorant et indiscipliné, va se jeter sans méfiance sur les routes de notre pays, sans mesurer les conséquences tragiques de sa responsabilité. La vérité est que la plupart des propriétaires de véhicules de transport en commun préfèrent recruter des "étrangers" souvent peu exigeants sur leurs émoluments et prises en charge sociale.
Avec ces bambins inconscients irresponsables au volant, ils peuvent se permettre de payer des salaires de misère, sans cotisation de retraite ou de sécurité sociale, plutôt que d’embaucher des chauffeurs professionnels, mûrs, sérieux et expérimentés. Par ces comportements irresponsables, certains propriétaires de bus ou d’autres véhicules de transport public, sont les véritables commanditaires de ces hécatombes programmés d’innocents passagers qui empruntent ces moyens de transport sans aucune sécurité. À mon avis, ce sont ces propriétaires irresponsables, les vrais auteurs de ces hécatombes qui déciment notre peuple plus que la Pandémie Covid 19 ! C’est à eux qu’il faut s’en prendre. Ce sont eux qui doivent être tenus pour responsables!
Les mécaniciens et autres vulcanisateurs qui montent dans ces véhicules des pièces de rechange défectueuses et non originales, des courroies usagées, des pneus rafistolés et retaillés ont une grande responsabilité dans l'hécatombe qui décime notre peuple! Quand par hasard vous empruntez ces bus ou autres "Ndiaga Ndiaye", soyez sûrs que dans quatre-vingt-dix pour cent des cas, vous aurez le malheur de tomber sur un véhicule sale, mal entretenu, conduit par un chauffeur incompétent, indiscipliné et arrogant.
Ce chauffeur sera souvent entouré d’« apprentis » encore plus impolis, indisciplinés et parfois très violents. Comme si tout cela ne suffisait pas, ces apprentis trouvent toujours le moyen de s’accrocher comme des singes derrière les bus, quand bien même ce genre de posture acrobatique, inutile et dangereuse n’est pas prévu sur ce genre de véhicule. Qui donc arrêtera l'hécatombe sur les routes du Sénégal? Ce sont d’abord les passagers eux-mêmes qui très souvent se laissent faire et traiter comme du bétail sans réagir, sans protester, sans s’opposer ! Ils se contentent naïvement de dire « Yalla baax na » (Dieu est grand). Ainsi, la plupart d’entre eux finissent leur voyage au cimetière par la faute d’une bande de malfaiteurs (transporteurs, conducteurs, "koxeurs" et apprentis) uniquement guidés par l’appât du gain facile.
Qui donc arrêtera l'hécatombe sur les routes du Sénégal? Ce sont les propriétaires de ces véhicules dangereux qui sèment le deuil et la désolation dans les familles et partout où ils passent. Ce sont ces patrons qui installent au volant de ces engins de la mort, des bambins incompétents, indisciplinés et inconscients. Ils peuvent arrêter le massacre s’ils le veulent ou s’ils y sont contraints par la force de la loi et de la répression ! Qui donc arrêtera l'hécatombe sur les routes du Sénégal ?
C’est vous autres dirigeants des syndicats de transport terrestre. Votre rôle ce n'est pas d'agir dans la complaisance pour bénéficier des suffrages, du soutien et des faveurs de votre syndicat! Votre rôle ne consiste pas à vociférer dans les radios et télévisions en vous érigeant en avocat des chauffeurs et transporteurs, même s'ils sont manifestement fautifs par négligence, par imprudence, par inattention ou par inobservation des lois et règlements! Votre rôle ce n'est pas de menacer et d'intimider l'État par des grèves fantaisistes même quand vous avez tort! Au nom de l’éthique et de l’orthodoxie syndicales, vous avez l’obligation morale de dire la vérité aux membres de vos syndicats! Vous devez les éduquer, les former, les informer et les sanctionner quand ils sont fautifs ou quand ils mettent en péril leur propre vie ou celle des autres usagers de la route. Qui donc arrêtera l'hécatombe sur les routes du Sénégal ?
Ce sont également les autorités détentrices du pouvoir républicain qui doivent filtrer et sélectionner les véhicules aptes à assurer le transport des voyageurs, ainsi que les conducteurs autorisés à les conduire. Oui, c’est bien une obligation de l’État de faire appliquer les lois et règlements de la République en la matière. Il s’agira de prendre des mesures préventives en plombant les systèmes d’accélération de ces véhicules afin de limiter leur vitesse à 80 km/heure et empêcher ainsi les conducteurs écervelés et inconscients, de rouler à tombeau ouvert au risque de transformer la route en hécatombe.
Pour terminer, je voudrais affirmer que c’est un devoir de haute portée civique pour tous les patriotes dignes de ce nom, de se mobiliser avec détermination, pour mettre fin aux pratiques de ces professionnels du gain facile, afin qu’ils arrêtent de transformer la route en abattoir d'êtres humains, avant de nous y envoyer à notre tour, si nous n’y prenons pas garde. Enfin, que l’on arrête à jamais, d’accuser Dieu le Clément et le Miséricordieux de nous ôter la vie de manière aussi violente, aussi absurde et aussi sanguinaire! Qu’on arrête de nous tympaniser avec des « Yàllaa ka dogal » (c’est la volonté de Dieu). Dieu n’a pas besoin d’un vieux bus et d’un conducteur stupide et incompétent pour nous rappeler à Lui. Car à Lui nous appartenons et à Lui nous retournerons.(Innaa lillaa hi wa innaa ileyhi raaji uun).