SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
20 septembre 2025
Par Timba Bema
VERS UN BOOM DE LA LITTERATURE AFRICAINE EN FRANCE ?
Avec l’explosion de l’autoédition, l’entrée d’Amazon, Rakuten, Cdiscount, la pression vers la numérisation, l’érosion du lectorat qui est de plus en plus âgé et surtout la baisse de rentabilité, l’industrie du livre tend à se concentrer
Dans un article paru en septembre 2020 dans Literary Hub, Alvaro Santana-Acuña explique comment les éditeurs espagnols, pour élargir leur marché naturel à bout de souffle, suscitèrent le boom de la littérature sud-américaine dans les années 60. La mesure de ce succès est le nombre de tirages, mais aussi de prix espagnols remportés par les écrivains sud-américains, ainsi que le prix Nobel de littérature, l’étalon international.
On en compte six à ce jour : Gabriela Mistral (1945), Miguel Angel Asturias (1967), Pablo Neruda (1971), Gabriel Garcia Marquez (1982), Octavio Paz (1990) et Mario Varga Llosa (2010). Des écrivains connus et lus à travers le monde et dont certains le seront encore dans 100 ans.
Pour en arriver au prix Nobel de littérature, des ingrédients ont contribué à la montée en puissance de la littérature sud-américaine. On peut notamment citer : la starisation des écrivains, la marchandisation de la littérature (dans le sens de sa démocratisation ou popularisation), le formatage des textes (en fonction des attentes réelles ou supposées du public, les éditeurs suscitaient des nouvelles ou des sagas de plusieurs centaines de pages), le rôle primordial des intermédiaires tels que les agents littéraires et les traducteurs, la conviction chez différents acteurs de la chaîne du livre que les écrivains sud-américains apportaient quelque chose nouveau, et surtout la création d’un marché transnational (un ouvrage publié à Madrid était vendu tel quel en Espagne et en Amérique latine).
Depuis les années 2000, l’édition traditionnelle connaît une crise mondiale alors que de 1955 à 1971 les parutions ont été multipliées par 6 aux États-Unis et par 3 en France et en Allemagne. Avec l’explosion de l’autoédition, l’entrée de nouveaux acteurs comme Amazon, Rakuten, Cdiscount, la pression vers la numérisation, l’érosion du lectorat qui est de plus en plus âgé et surtout la baisse de rentabilité, l’industrie du livre tend à se concentrer. Les petits éditeurs ferment les uns après les autres, les libraires leur emboîtent le pas.
À ces éléments, il faut ajouter un entre-soi rendu public à l’occasion de l’affaire Metzneff en France ou du prix Nobel de Littérature. Certains auteurs ont tenté maladroitement de formuler des excuses, sinon des explications. Mais, ces scandales ont surtout dévoilé l’envers du monde littéraire, sa face sombre, en complet décalage avec les mouvements qui contestent les modèles et hiérarchies promus par les sociétés. C’est dans ce contexte de doute profond que l’édition française lorgne l’Afrique francophone comme dans les années 60 l’édition espagnole se tourna vers l’Amérique latine. Assistons-nous aux prémices d’un boom de la littérature africaine en France ?
Les auteurs africains publient en France depuis les années 20. Parmi les premières œuvres de fiction, on relève Les trois volontés de Malic du sénégalais Amadou Mapaté Diagne (1886-1976) parut en 1920 à la Librairie Larousse, Force-Bonté du sénégalais Bakary Diallo (1892-1978) sorti en 1926 aux Éditions Rieder ou encore L’esclave de Félix Couchoro (1900-1968) dans La dépêche africaine, une revue née de la scission du Comité de Défense de la Race Nègre en 1927. Toutefois, c’est dans les années 50 qu’on va assister à une prolifération de titres par des Africains venus poursuivre leurs études supérieures dans ce qui s’appelait alors la métropole. On peut citer ici des auteurs tels que Senghor, Mongo Béti, Camara Laye, Bernard Dadié, Ferdinand Oyono, Sembène Ousmane, etc. Ils publiaient à compte d’éditeur chez Le Seuil, Buchet Chastel, Julliard, Plon et Présence Africaine. On ne parle pas encore d’une stratégie éditoriale ciblée vis- à- vis de l’Afrique, puisque ces parutions suivent le cursus classique de sélection des textes.
C’est plutôt dans les années 60 que l’on voit apparaître un nouvel acteur, PierreJean Oswald (PJO), en rupture avec les pratiques éditoriales de l’époque. Fondée en 1967, PJO publie des auteurs tels que Tchicaya U’Tamsi, Jean-Baptiste Tati Loutard, Maxime N’Debeka, Patrice Kayo, Puis Ngandu, Kum’a Ndumbé III, à travers ses deux collections phares « Théâtre africain » et « Poésie/prose africaine ». Il lance également l’édition à compte d’auteur, dans un contexte de guerre froide où les idées de gauche sont farouchement combattues.
Après sa faillite en 1977, son fonds est racheté en 1978 par L’Harmattan, qui continue d’être le premier éditeur de textes en français d’auteurs africains en France et désormais en Afrique à travers ses antennes locales. Tandis que L’Harmattan reprend le principe de l’édition à compte d’auteur, Hatier à travers « Monde noir », Actes Sud à travers « Lettres africaines » et Gallimard à travers « Continents noirs » adoptent successivement le principe d’une collection dédiée à des auteurs africains.
À ses débuts, la collection « Continents noirs » lance un appel à manuscrits à l’issue duquel Ainsi va l’hattéria du Béninois Arnold Sènou est publié en 2005. Il s’agit d’un premier roman et le concours remplit parfaitement son rôle en ce sens qu’il fait connaître un nouveau talent. L’expérience n’a toutefois pas été reconduite. L’éditeur n’ayant peut-être pas été convaincu de sa pertinence éditoriale ou commerciale. Quoi qu’il en soit, l’auteur a disparu du paysage littéraire, ce qui marque donc l’échec, sur le long terme du moins, de cette initiative. Quinze plus tard, Jean-Claude Lattès récidive en lançant le prix Voix d’Afrique qui fonctionne également sur le mode du concours. En effet, de jeunes plumes soumettent un manuscrit inédit au comité de lecture du prix, avec à la clé une publication du lauréat par l’éditeur.
Parmi les cinq romans sélectionnés, Abobo Marley de l’Ivoirien Yaya Diomadé l’a remporté en 2020. Contrairement à l’initiative de Gallimard, Voix d’Afrique affiche dès le départ sa volonté de s’inscrire dans le temps. Sa collaboration avec Radio France International, qui a installé ses nombreux prix dans le paysage culturel africain milite en ce sens. Dans le même mouvement, le prix Orange du livre en Afrique est lancé en 2019 à la suite d’une association entre la Fondation Orange, qui décerne le prix Orange en France, et l’Institut français qui pilote un réseau de 98 établissements à travers le monde. Son but est de récompenser un écrit en langue française publié sur le continent. À la différence des autres prix, l’ambition de celui-ci est de promouvoir non seulement les auteurs, mais aussi les éditeurs locaux.
En 2019, le prix a été attribué à Djaïli Amadou Amal pour son roman Munyal, les larmes de la patience paru en 2017 chez Proximité au Cameroun. Ce roman est réédité en 2020 par Emmanuelle Collas sous le titre Les impatientes, lauréat du Goncourt des lycéens. Le deuxième gagnant du prix est le marocain Youssouf Amine Elalamy pour C’est beau, la guerre publié en 2019, qui est une coédition de Le Fennec au Maroc et Le Diable Vauvert en France.
Les stratégies des éditeurs français pour capter les écrits africains en français, malgré des nuances, reposent sur deux approches : le modèle de la collection et celui du concours. Tandis que la collection vise à regrouper des textes en fonction de l’origine de leur auteur, le concours consiste en la mise en compétition de plusieurs ouvrages dont les meilleurs sont insérés dans le circuit commercial français et international. Ce dernier modèle se retrouve dans presque tous les arts soutenus par des fonds français.
On compte notamment le prix RFI Théâtre, le prix Découverte RFI en musique, différents prix décernés dans le cadre des Rencontres de Bamako dédiées à la photographie, des Rencontres Chorégraphiques et le Fespaco pour le Cinéma. Le marché français est ainsi alimenté par des fictions africaines et surtout de nouvelles voix. En matière de discours, d’esthétiques et de thématiques, on ne relève pas de contraste notoire avec ce qui se publie en France par le canal traditionnel de sélection des textes. Les sujets abordés sont par exemple la décolonisation, le conflit de générations, l’immigration, les violences faites aux femmes, les problèmes sociaux et politiques. Le contexte général des pays africains francophones est marqué par le renforcement des régimes tyranniques, après l’échec du printemps démocratique dans les années 90.
Toutes proportions gardées, la situation ressemble à celle qui prévalait avant le boom de la littérature sud-américaine dans les années 60. Avec l’augmentation sensible du nombre d’auteurs africains publiés par des éditeurs d’importance et les prix remportés par ceux-ci tels que le Goncourt des lycéens, le Renaudot, on est en droit de se demander si on est en train d’assister aux prémices d’un boom.
Pour l’apprécier, nous retiendrons deux critères relevés du boom latino-américain à savoir la conviction chez différents acteurs de la chaîne du livre que les écrivains africains apportent quelque chose de nouveau, et surtout la création d’un marché transnational, étant entendu que la starisation, le formatage, les agents littéraires font désormais partie des pratiques courantes. La domination coloniale a façonné sur le long terme la pensée en Afrique. En effet, c’est un continent qui peine à déployer sa narration de son passé, de son présent et de son futur. Celle-ci est encore une contre-narration en ce sens qu’elle s’oppose, s’écarte, réfute le discours occidental qui l’encercle. L’une des conséquences est que les humanités africaines sont balbutiantes, et que leur influence sur les consciences reste faible, du fait de l’asphyxie des champs intellectuels et artistiques par les tyrannies.
Les pays d’Amérique du Sud connaissaient des régimes comparables dans les années 60 et leur contestation donna des textes percutants tels que Monsieur le Président (1946) de Miguel Ángel Asturias, Moi, le suprême (1974) d’Augusto Roa Bastos, Le Recours de la méthode (1974) d’Alejo Carpentier, publiés essentiellement au Mexique, en Argentine et en Espagne. Contrairement à l’édition espagnole, la française n’offre pas aux dissidents d’Afrique un espace où leur créativité pourrait germer, éclore, fleurir et resplendir comme des astres dans la nuit froide. La France n’est pas encore ce lieu à partir duquel un discours libre sur l’Afrique, forgé par des Africains, se construit, s’article, brique par brique, où des esthétiques nouvelles prennent corps dans le courage et dans l’audace. Ce qui tend à confirmer que les acteurs du livre ne croient pas que ces auteurs sont les vecteurs de démarches littéraires innovantes.
De plus en plus d’Africains remportent des prix d’importance en France. Toutefois, les textes récompensés ne sont pas issus des collections spécifiques ou du mécanisme du concours. Ils n’ont pas encore gagné le prix Goncourt, la plus grande distinction littéraire en France. En Espagne, une vingtaine de Sud Américains figurent dans le palmarès du prix Cervantès qui n’existe que depuis 1976, alors que le Goncourt a été créé en 1903 et que, comme indiqué plus haut, les Africains sont édités en France depuis 1920. En outre, l’écrivain africain, contrairement à son homologue sud-américain publiant en Espagne dans les années 1960, n’a pas l’assurance que ses textes seront distribués dans toute l’Afrique. C’est au niveau du livre scolaire qu’on observe un embryon de marché transnational, pour des fictions au programme dans plusieurs pays.
En dehors de ce marché, la plupart des ouvrages parus en France sont peu lus en Afrique. Un des arguments les plus souvent invoqués est le prix du livre. Avec une moyenne de 22 EUR en France soit 14 000FCFA sans compter les frais de transport et la marge du distributeur local. Dans la zone CFA, environ 50 % de la population vit avec moins de 30 EUR par mois, et la proportion de ceux qui peuvent acheter un livre neuf est faible.
La pénétration du format poche, dont le prix oscille autour de 6,5 EUR en France soit 4 000 FCFA, est plutôt insignifiante. On assiste de temps en temps à la publication africaine de quelques œuvres à travers des partenariats. Ces initiatives sont limitées dans le temps en ce sens qu’elles se réduisent souvent à un tirage. Elles ne donnent pas non plus lieu à des activités promotionnelles des livres, puisque les éditeurs locaux ne prennent pas de risque économique dans de telles opérations financées de bout en bout.
Contrairement au boom latino-américain, la stratégie commerciale des éditeurs français ne vise pas à constituer et à exploiter un marché transnational. Le foisonnement des auteurs africains d’expression française en France est le signe de la vitalité de cette littérature, qui peine tout de même à imposer sa présence depuis 1920. Sans les soutiens institutionnels et privés à travers les instituts français, les résidences d’artistes, les fonds d’aide à la création, à la traduction ainsi qu’à la diffusion, elle n’irriguerait pas autant le circuit éditorial français. De plus, la multiplication de prix accordés à ces auteurs montre la limite des modèles de la collection et du concours.
À partir des deux critères que nous avons retenus à savoir la conviction chez différents acteurs de la chaîne du livre que les écrivains africains apportent quelque chose de nouveau et le marché transnational du livre, le phénomène auquel nous assistons n’est pas annonciateur d’un boom. Il semble ici que seule une révolution du regard porté sur les lettres africaines la rendrait possible. Elle passe par la déghettoïsation de ces narrations, l’insertion des auteurs dans la machine éditoriale y compris dans les jurys des prix prestigieux
Par Timba Bema
Jeune écrivain camerounais vivant à Lausanne,
Timba Bema a été en 2019 lauréat du Grand prix littéraire d’Afrique noire pour son premier ouvrage poétique «Les seins de l’amante»
En dédiant un album au regretté Thione Seck qui fut son cousin, Assane Ndiaye rend hommage à celui qui l’avait publiquement désigné comme son successeur naturel. Il a donc repris dix chansons de son mentor. Le Témoin l’a rencontré. Entretien…
Vous venez de sortir un album titré « Thione Seck ». Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
C’est très simple ! Thione Seck fut une très grande personnalité. Comme il le disait à propos de Serigne Touba, il s’est adressé à nous par ses paroles, ses actes et ses écrits. Il a vraiment rempli sa mission de très belle manière. Ce qui fait qu’il est éternel et qu’il vivra toujours parmi nous. En ma qualité de jeune frère et disciple à qui il a tout appris, j’ai décidé de choisir sur son répertoire des titres phares. C’est un rappel de mémoire pour les jeunes qui n’ont pas eu l’occasion de découvrir ses titres d’anthologie. Thione est immortel et Inch’Allah, dans quinze ou vingt ans encore, d’autres personnes vont continuer à lui rendre hommage d’une façon ou d’une autre…
Comment s’est déroulé le choix des titres?
Thione avait déjà lui-même interprété toutes les chansons. Il les avait chantées et même reprises plusieurs fois et sous différentes formes. J’ai grandi sous son ombre avec cette belle musique traditionnelle. Comme je le rappelle souvent, c’est moi qui tenais le micro de son joueur de Xalam. J’étais très jeune et je n’avais pas encore commencé à chanter, mais il m’arrivait de me pencher de temps en temps sur le micro pour chantonner. J’ai donc voulu reprendre les morceaux dans leur version originelle. C’est-à dire comme Thione, lui-même, les avait chantés à leur sortie. C’est un répertoire très riche et le choix ne fut pas facile. J’ai opté pour huit morceaux traditionnels et deux morceaux en version moderne. Ce qui donne un concept qui regroupe hier et aujourd’hui.
Wally Seck a participé à l’album. Comment s’est faite la collaboration ?
La collaboration fut simple et naturelle. Quand je lui ai parlé de l’idée, il l’a très bien accueillie. Mieux, il m’a demandé de le faire au studio de son chef d’orchestre Papis Ndiaye. Ce qui m’a vraiment touché. Il m’a également demandé de choisir le titre sur lequel il viendra volontiers donner de la voix. C’est une attitude et des paroles qui m’ont procuré énormément de plaisir. Il aurait pu juste se contenter de me dire oui et de rester dans son coin. Mais il a fait plus et mieux en me montrant qu’il aime plus le projet que moi. Il se l’est approprié et a tout fait pour que cela aboutisse. Il m’a donc mis en rapport avec Papis Ndiaye, son chef d’orchestre, qui a accompli un énorme boulot.
Lors de votre dernier anniversaire, Thione Seck avait déclaré qu’il serait désormais votre invité d’honneur pour de tels évènements
Je vous disais que Thione seck vit en moi. Si vous vous rappelez bien, il avait dit que partout et à chaque occasion que vous allez organiser, je serais de la partie Inch’Allah. Ce qui prouve encore que Seul Dieu est Omniscient. Il est le Seul Maître de l’univers et de nos destins. Mais il faut retenir que sa venue au cours de mon dernier anniversaire m’a marqué à jamais. Je ne pourrai jamais oublier son geste. Je ne parle pas seulement de ma carrière, mais de toute ma vie. C’est un jour historique qui restera dans les annales. Surtout après que le Bon Dieu a décidé de le rappeler à ses côtés. Cela donne une autre dimension et une autre portée à son intervention. Je ferai en sorte qu’il soit fier de moi là où il se trouve à Yoff. Je ferai tout pour ne pas avoir à faire ou dire une chose qu’il n’aurait pas approuvée. J’ai encore la chair de poule en me rappelant cette fameuse soirée. Cette nuit fut source d’un bonheur incommensurable pour moi. Cela dit, cet album n’est pas celui de Assane Ndiaye, c’est plutôt une manière d’authentifier et de confirmer les paroles de Thione Seck.
Certains disent que vous êtes un grand chanteur qui est passé à côté d’une grande carrière à cause de sa discrétion…
Je ne vais pas avoir cette analyse et cette vision d’avoir passé à côté d’une grande carrière musicale. A mon avis, j’ai eu une très belle carrière et un parcours élogieux. Certes, il y a eu des hauts et des bas. C’est Dieu qui façonne les gens et tout dépend de la nature de l’individu. Naturellement, je suis une personne très réservée (Nitou Kersa La). C’est vraiment ma nature.
Comment comptez-vous faire pour fructifier l’héritage de Thione qui vous avait désigné publiquement comme son héritier ?
Effectivement, c’est Thione seck qui m’avait publiquement désigné comme son successeur. Je suis donc obligé de respecter cette volonté. Je ne vais ménager aucun effort pour être à la hauteur de ses attentes. Il faut cependant garder à l’esprit qu’actuellement, au sein de la famille et au niveau musical, c’est Mapenda Seck le doyen. C’est lui l’aîné et le patriarche de la fratrie. Je prie pour que Dieu lui prête longue vie. Je n’ai qu’un seul objectif, ne ménager aucun effort pour que Thione soit fier de Assane Ndiaye à qui il a tout appris.
LA REHABILITATION DE LAT-DIOR DEBOUCHE SUR DU COLMATAGE
Prévu comme plan B suite à l’indisponibilité de Demba Diop, le stade Lat Dior de Thiès est-il définitivement fonctionnel ?
Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès |
Publication 06/08/2021
La dernière inspection de la Caf pour les besoins de l’homologation du stade Lat Dior de Thiès s’est effectuée ce jeudi 5 août 2021, en l’absence de la presse qui n’a pas été invitée. Mais déjà, nombre de Thiessois disent constater beaucoup de manquements dans les travaux de réhabilitation et de réaménagement de l’infrastructure sportive où, depuis quelques temps, l’équipe nationale du Sénégal joue ses matches à domicile.
Prévu comme plan B suite à l’indisponibilité de Demba Diop, le stade Lat Dior de Thiès est-il définitivement fonctionnel ? C’est le jeudi 4 juin 2015 que le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne procédait au lancement en grande pompe des travaux de réhabilitation et de réaménagement de l’infrastructure sportive. « Ces travaux de mise aux normes vont conférer à cette infrastructure une place de choix dans la carte sportive du Sénégal. C’est une réponse à une vieille et légitime doléance de la jeunesse de Thiès de disposer de ce cadre d’expression de sa passion sportive », déclarait le chef du gouvernement, selon qui « cet acte s’inscrit dans la vision du chef de l’Etat de réaliser des infrastructures d’envergure et de proximité afin d’offrir à la jeunesse sénégalaise, les conditions optimales pour faire éclore ses multiples talents et réaliser ainsi de plus grandes performances sportives ». Aussi de remarquer : « le stade Lat Dior viendra ainsi compléter une carte sportive qui se densifie renforçant du coup les capacités de notre pays à pouvoir abriter des manifestations internationales d’envergure.»
Selon l’entrepreneur Mbaye Faye, Directeur général de la Compagnie sénégalaise de travaux publics (Cstp/Sa), en charge desdits travaux de réhabilitation, pour un montant de 1 milliard 850 millions 123 mille 059 FCFA, « l’Etat du Sénégal a manifesté sa volonté de faire du stade Lat-Dior une infrastructure aux normes internationales ». Une opération de charme qui devrait donc à court terme permettre au stade régional de Thiès de se mettre à niveau concernant les standards internationaux, avec en ligne de mire une homologation définitive. Mais, avait regretté M. Faye à l’époque, « des manquements avaient été notés dans le projet initial, c’est-à-dire dans le marché de base pour que la Confédération africaine de football (Caf) puisse l’homologuer ».
MANQUEMENTS DANS LES TRAVAUX DE REHABILITATION
Le stade devait être réhabilité avec une capacité d’accueil de 20 000 places, un nouveau revêtement en pelouse naturelle combiné à un système d’arrosage, un éclairage sportif performant et l’aménagement de vestiaires et de toilettes entre autres.
En plus d’un système de vidéo surveillance, d’aménagement de salles destinées au contrôle antidopage et aux officiels techniques, d’une cabine de presse fonctionnelle, pour ainsi mettre Lat Dior aux normes requises de la Confédération africaine de football (Caf). Toutefois, nombre de Thiessois, qui dénotent sur les lieux « un problème d’inondation suite aux récentes premières fortes précipitations », de regretter des « manquements dans les travaux de réhabilitation et de réaménagement de l’infrastructure sportive ».
En ville, les gens dénoncent « un travail de colmatage qui laisse à désirer » et « ne convainc personne ». Ils auraient souhaité qu’« on confie ce genre de travail à des professionnels et non des entrepreneurs qui ont plutôt adopté la pédagogie du tape-à-l’œil, du bricolage, du colmatage ». Beaucoup de Thiessois s’offusquent du « manque de sérieux constaté dans le travail ». Et de déplorer « l’état d’insalubrité désolant dans lequel se trouvent les alentours du stade », « la vétusté du mur de clôture avec des fissures en a plus finir ».
Selon nos interlocuteurs, « il y a beaucoup de choses à refaire concernant les parages, les terrains annexes (d’échauffement), le pourtour ». Aussi de remarquer que « le stade n’a plus de piste athlétique, du coup l’athlétisme est à l’agonie à Thiès ». Aujourd’hui, beaucoup de Thiessois soupçonnent les autorités compétentes d’avoir, dans l’attribution du marché des travaux de réhabilitation et de réaménagement du stade, misé sur le « copinage » pour malheureusement finir par « se cogner la tête plutôt que de se doter d’un stade moderne et fonctionnel ».
Des citoyens de la cité du rail qui reprochent au ministère des Sports et à la Fédération sénégalaise de football (FSF) d’« être complètement passés à côté », d’« avoir échoué faute d’être à la hauteur », de « n’avoir pas réussi leur politique sportive ».
«VOTER AUGUSTIN SENGHOR SERAIT TRAHIR LE FOOTBALL SENEGALAIS»
C’est l’avis de l’ancien international sénégalais, Amdy Moustapha Faye
A quelques heures de l’élection du président de la Fédération Sénégalaise de Football, le débat se poursuit. Ils sont nombreux à penser que le candidat Mady Touré gagnera si l’élection est transparente. C’est l’avis de l’ancien milieu des Lions, Amdy Faye. Il soutient dans la foulée que « voter pour Augustin Senghor serait trahir le football sénégalais ».
En marge de l’élection du président de la Fédération Sénégalaise de Football, ils sont nombreux parmi les acteurs du football à spéculer sur la transparence. Laquelle, selon eux, va constituer le principal problème. Le président de l’académie de Génération foot l’avait effleuré lors de la présentation de son programme. « S’il y a de la transparence, je gagnerais les élections » avait indiqué Mady Touré.
C’est également l’avis de l’ancien international sénégalais, Amdy Moustapha Faye « La balle est dans le camp des votants, c’est-à-dire les présidents de clubs. Ils ne doivent pas se laisser faire. Il ne faut pas qu’ils votent pour des privilèges ou quoi que ce soit comme c’est arrivé dans le passé. Car, il faut le dire, des choses louches se trament en coulisses », prévient l’ancien Lion. Il dit sensibiliser pour le bien du football sénégalais.
Selon lui, si les présidents de clubs votent pour Augustin, le football sera encore plus corrompu que jamais et n’avancera pas. Selon A. Faye, le candidat sortant ne devait, par principe, même pas déposer sa candidature, car ce qu’il n’a pas pu faire en 12 ans au sommet de l’instance suprême, il ne pourra le faire en 4 ans. « Il faut qu’Augustin passe la main à d’autres car c’est pas l’homme de la solution. Il a détruit le football sénégalais. S’il est reconduit, ça sera la catastrophe », prévient-il. « On doit parler avec les votants, car une prise de conscience est bien nécessaire. Il ne faut pas qu’ils cèdent à la pression de certaines hautes personnalités » indique avec hargne et détermination Amdy Faye.
Qui reste convaincu que la balle est entre les mains des votants qui sont les seuls décideurs de la bonne marche du football sénégalais. Dans la logique de la transparence tant souhaitée, l’ex- joueur de l’AJ Auxerre, qui ne cesse ces dernières années de commenter le football sénégalais, indique vouloir savoir qui va loger les votants. « Qui loge les votants ? Qui les prend en charge ?. Car, lors des dernières élections, c’était le rôle de Saer Seck. Et si on lui confie les mêmes tâches alors qu’il soutient Augustin, ça sera un réel problème. Ça doit être clair», explique Amdy Faye qui demande de la clarté.
Par ailleurs, l’ancien milieu des Lions indique n’avoir rien contre la personne d’Augustin Senghor. « Je n’ai rien contre lui. Seulement, il doit être reconnaissant envers le football sénégalais, car c’est lui qui lui a tout donné ».
Cependant, Amdy Faye dit ne point comprendre la position de certains ministres qui veulent cumuler des postes grâce au football, mais également la position de certains anciens Lions qui soutiennent le président de l’US Gorée. « Je dois dire ce qui intéresse le football sénégalais et non prendre partie pour mon propre compte comme l’ont fait certains des anciens joueurs du pays », affirme-t-il en mettant ainsi en exergue les propos de la légende sénégalaise, EL Hadji Diouf, qui a indiqué qu’il était pour la continuité en choisissant le maire de Gorée, Augustin Senghor, alors qu’il le critiquait dans un passé récent. Quoi que l’on puisse dire, la polémique est loin d’être terminée. Et risque de se poursuivre…
LES JEUNES DE LA LD-DEBOUT PARLENT DE «VIOLATION DU DROIT DE VOTE»
«Embastiller le droit de vote des citoyens.» C’est le sentiment des jeunes de la Ld-Debout par rapport à l’exigence de la carte d’identité aux primo-votants dans le cadre de la révision exceptionnelle des listes électorales
«Embastiller le droit de vote des citoyens.» C’est le sentiment des jeunes de la Ld-Debout par rapport à l’exigence de la carte d’identité aux primo-votants dans le cadre de la révision exceptionnelle des listes électorales.
«En rendant obligatoire la pièce d’identité pour l’inscription sur les listes électorales avec des délais d’exécution aussi courts, le Président Macky Sall et son gouvernement ont décidé d’écarter la plupart des jeunes, plus particulièrement les primo-votants qui représentent une écrasante majorité», dénonce le Mouvement des jeunes de la Ld-Debout.
Ces responsables de ce parti d’opposition, qui qualifient cette décision d’«inopportune» et «abusive», parlent de «violation sans précédent» du droit des jeunes à participer à l’élection de leurs mandants. «En effet, la décision d’embastiller le droit de vote des concitoyens, notamment des primo-votants, est une atteinte grave à la Constitution sénégalaise qui garantit les libertés d’expression, d’opinion et de manifestation à travers, entre autres, la participation des citoyens aux élections», regrettent-ils dans un communiqué.
Ouverte du 31 juillet au 14 septembre, la révision exceptionnelle des listes électorales exige à tout citoyen la carte nationale d’identité Cedeao pour en faire partie. L’opposition dénonce ainsi une exclusion des primovotants. «Alors qu’il était bien possible d’étendre le délai d’inscription et de permettre l’enrôlement des primo-votants sur la base de la carte d’identité nationale ou du récépissé de la carte d’identité, le Président a choisi délibérément, certainement à cause de l’échec de ses politiques en faveur des jeunes, de les écarter…», fustigent-ils.
Le Mouvement des jeunes de la Ld-Debout prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur les «violations récurrentes et répétées» de la Constitution du Sénégal et réaffirme avec «la plus grande détermination, qu’il ne cautionne aucunement ce déni au droit constitutionnel des Sénégalais à participer aux suffrages».
Par ailleurs, ces opposants demandent aux primo-votants d’aller massivement procéder au dépôt de leur dossier pour l’obtention de la carte d’identité nationale. Par la même occasion, ils invitent aussi les nombreux jeunes dont la carte d’identité porte la mention «non-inscrit» de s’adresser aux centres d’enrôlement pour une inscription massive sur les listes électorales.
CRISE SANITAIRE DE COVID-19, DELOITTE DECRYPTE LA GESTION MAROCAINE
«Le Maroc, de la résilience à l’émergence?», tel est l’intitulé du rapport que vient de publier Deloitte, sous la direction de Emmanuel Gadret et de Mehdi Serghini et avec la participation de l’économiste Alexandre Kateb.
«Le Maroc, de la résilience à l’émergence?», tel est l’intitulé du rapport que vient de publier Deloitte, sous la direction de Emmanuel Gadret et de Mehdi Serghini et avec la participation de l’économiste Alexandre Kateb. Dans ce document, ces experts de la filiale marocaine de la firme internationale de Deloitte Touche Tohmatsu décryptent l’action du Royaume du Maroc pendant ces dernières vagues du coronavirus. Tous les éléments analysés pour l’élaboration de ce Policy Paper font ressortir trois faits saillants qui caractérisent la gestion du Maroc durant les 500 jours qui viennent de s’écouler.
«Principe de précaution maximum»
Premièrement, relèvent les experts, «au niveau de la stratégie tactique d’endiguement des effets de la pandémie, le Royaume chérifien a adopté la posture du «principe de précaution maximum», instaurant l’un des confinements rigides les plus longs au monde, fermant ses frontières, et mettant en place un filet social de distribution directe d’aide aux populations inédit, malgré la prévalence du secteur informel».
A ce titre, renseignent Emmanuel Gadret et ses collègues, «le Maroc a mis en œuvre une réponse multidimensionnelle à travers l’articulation de différents niveaux de responsabilité, la concertation entre différents types d’acteurs et l’imbrication des différents horizons temporels. Au niveau macro-économique, afin de répondre aux chocs externes et contribuer à l’équilibre de la balance des paiements, le Royaume a mobilisé tous les instruments de financement extérieur à sa disposition. Outre le tirage sur la ligne de précaution et de liquidité́ mise à disposition du Maroc par le Fmi, l’émission obligataire du trésor et les prêts contractés auprès des institutions multinationales, Banque africaine de développement, Banque mondiale et Fonds monétaire arabe, ont permis d’amortir le choc de la diminution des devises liées à la chute des recettes d’exportations de biens (- 7.5%), et la contraction des recettes touristiques (- 54%), dans un contexte où les importations se sont elles aussi fortement contractées, en raison notamment de la chute des cours du pétrole (- 14%)».
Réformes accélérées
En second lieu, note Deloitte, «de manière presque paradoxale, la crise de la Covid-19 a probablement servi d’accélérateur pour certaines réformes correctives de lenteurs administratives très enracinées, qui pesaient de manière structurelle sur le Doing Business du Maroc, bien que celui-ci ait progressé de manière très significative au cours des dix dernières années. Elle a permis la mise en place d’une sorte de «Pacte de responsabilité» public-privé, piloté par le ministère des Finances, et qui repose en grande partie sur un stimulus monétaire raisonné».
Ainsi souligne-t-elle, «le «Pacte pour la relance économique et l’emploi», prévoit l’injection de 120 milliards de dirhams dans l’économie, dont 75 milliards de dirhams, sous format de crédits garantis par l’Etat, sur la base d’un mécanisme de garantie géré par la Ccg (Caisse centrale de garantie), et dont la distribution sera assurée au profit des entreprises privées et publiques et 45 milliards de dirhams affectés au Fonds Mohammed VI pour l’investissement, accordé par l’Etat, les investisseurs institutionnels et les institutions financières internationales».
Ouverture de réformes structurelles
Deloitte d’indiquer enfin, que «la séquence pandémique a également ouvert la voie à des réformes structurelles, qui sont intervenues sous l’impulsion royale en amont de la remise des résultats de la Commission spéciale pour le Nouveau modèle de développement, sans toutefois entrer en concurrence avec celles-ci.
Trois axes forts constituent l’armature de cette nouvelle ambition réformatrice : un nouveau contrat social porté par l’universalisation de la protection sociale, la digitalisation comme réponse à la crise et catalyseur de la transformation post-crise, et un choc de simplification et de modernisation de l’Etat. C’est donc sous l’emblème de ce triptyque solidarité-digitalisation-simplification que le Maroc ambitionne de se positionner au croisement des dynamiques économiques lorsque la reprise économique régionale et mondiale sera confirmée, pouvant en outre s’appuyer sur la plus large campagne vaccinale d’Afrique, qui permet au Royaume de friser la barre des plus de dix millions de vaccinés complètement (2 doses) début Juillet 2021».
De l’avis de M. Gadret et ses collègues, «il reste désormais au Maroc à adjoindre aux chantiers déjà ouverts ceux, critiques, de la réforme de la justice et de l’éducation, afin de pouvoir transformer l’essai et passer du statut de «champion de la résilience» à celui de nouvelle puissance économique régionale».
LES GUIDES RECLAMENT LEUR PART
L’Association nationale des guides touristiques réclame sa part de l’enveloppe que le chef de l’Etat a dégagée dans le cadre de la relance du secteur du tourisme.
L’Association nationale des guides touristiques réclame sa part de l’enveloppe que le chef de l’Etat a dégagée dans le cadre de la relance du secteur du tourisme.
Les guides touristiques ont peint un tableau très sombre de leur situation. Selon eux, si la situation persiste, beaucoup d’entre eux ne pourront plus tenir. Raison pour laquelle Mody Wellé, président de l’Association nationale des guides touristiques au Sénégal (Angts), invite les autorités sénégalaises à se pencher sur leur sort. Même s’il reconnaît que le président de la République, à travers le Fonds de résilience, avait alloué 15 milliards de francs Cfa au Crédit hôtelier et touristique.
Sur cette somme, le ministère du Tourisme avait attribué à chaque guide, un prêt de 500 000 francs. Mais, les guides touristiques déplorent la façon dont les 50 milliards que le chef de l’Etat avait encore donné pour aider à la relance du tourisme ont été utilisés. «Des guides se sont organisés en Gie, d’autres en association pour être financés dans leurs projets. Jusqu’à présent, ils n’ont pas encore de réponse. D’autres encore ont demandé à titre personnel, un prêt de survie dans le cadre de ce Fonds. Nous ne demandons pas de l’aide, ni de la charité. On ne nous a jamais entendus quand le tourisme marchait. C’était d’ailleurs le contraire, puisque c’est nous qui donnions de l’argent», déplore le président de l’Angts.
A l’en croire, leurs requêtes est d’autant plus motivée, car à l’heure actuelle, il n’y a plus de touristes. «Il n’y a donc plus de travail pour nous et plus de revenus. Etant donné que la plupart des guides sont des travailleurs indépendants, le Crédit hôtelier et touristique a décidé d’attribuer 8 milliards aux entreprises afin de les aider à faire face à leurs salaires et charges. Les guides sont des travailleurs indépendants par essence ; de ce fait ils se donnent des salaires et ils ont des charges. Donc pourquoi les exclure de ce Crédit hôtelier ?», s’interroge Mody Wellé.
Ainsi, en plus de cette doléance, l’Association des guides touristiques invite les autorités à ouvrir les frontières pour les touristes ; d’ailleurs le mois de novembre prochain devra marquer la reprise du tourisme au Sénégal. «Certaines branches (restaurants, transports, etc.) ont ouvert et d’autres l’ont fait partiellement. Mais il n’en est pas encore de même pour le tourisme. Parce que pour venir au Sénégal, il faut avoir un motif impérieux. Nous considérons qu’au regard de l’évolution de la vaccination dans le monde, les gens qui sont vaccinés et qui disposent d’un test négatif devraient être admis au Sénégal. Et nous espérons que d’ici novembre, les touristes qui voudraient venir au Sénégal pourront le faire. Encore que les plus optimistes parmi les spécialistes pensent que l’ouverture formelle des frontières et la reprise totale de l’activité touristique se feront à l’horizon 2023. Donc d’ici 2023, tout le monde subira la crise et déjà, nous les guides, nous sommes quasiment morts. Et si le gouvernement nous laisse encore, on sera encore sur le bord de la route. C’est pourquoi nous lançons un appel aux autorités pour qu’on nous écoute et qu’on nous aide», fulmine M. Wellé.
LES ÉTUDIANTS PARTAGÉS ENTRE JOIE ET INQUIÉTUDE
On se croirait dans une véritable aérogare. Dans le campus social, beaucoup d’étudiants quittent les résidences (pavillons)
Hier, c’était la fermeture effective du campus social de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Les étudiants se sont pliés à la décision de l’autorité, mais n’ont pas manqué de décrier la situation. Certains se réjouissent à l’idée de rentrer à la maison pour retrouver leur famille, tandis que pour d’autres ce sont des vacances «anticipées, forcées», car n’ayant pas encore fini le second semestre.
On se croirait dans une véritable aérogare. Dans le campus social, beaucoup d’étudiants quittent les résidences (pavillons). Ils obtempèrent à l’instruction de l’Assemblée de l’Université Cheikh Anta Diop qui leur avait accordé un délai de 5 jours (depuis le 31 juillet) pour quitter leurs résidences.
A 13 heures déjà, le défilé bat son plein. La cadence est donnée par cet avis du Coud nettement lisible, suffisamment explicite et affiché au seuil de tous les pavillons du campus social : «A l’occasion de la fermeture du campus, le Service de l’hébergement demande aux résidents de ne laisser aucun bagage dans les chambres. Les logements 2019-2020 sont ainsi arrivés à terme et l’accès aux chambres à la réouverture sera soumis à de nouvelles codifications (2020-2021). Aucune réclamation ne sera prise en compte concernant les cas de vol ou de perte de bagages.»
Pour les étudiants, il n’y a plus de temps à perdre pour quitter le temple du savoir. Il y en a qui n’ont pas attendu le jour j pour obtempérer. Déjà depuis l’annonce, plusieurs étudiants ont quitté leur chambre. Matelas, sacs à dos, valises, écrans et autres bagages sont placés en dehors des pavillons. Les étudiants recourent à plusieurs moyens pour faire évacuer leurs affaires. Si certains transportent leurs bagages sur la tête, d’autres par contre font appel aux taxis.
Au niveau du pavillon G (celui des filles), parents, tuteurs ou des proches de la famille, ainsi que des amis viennent aider leurs parentes étudiantes. Sandra Kabou, étudiante à l’Inseps, la vingtaine, teint clair, presse le pas, sac et valise en mains, range ses bagages dans un taxi qui doit la conduire au port pour prendre le bateau et rentrer à Ziguinchor. «C’est vraiment désolant. La décision, pour nous, est un peu brusque. Du coup, on n’a pas eu le temps de se préparer. Mais on est obligé de rentrer, vu que c’est aujourd’hui qu’ils vont fermer le campus», déplore-t-elle.
Une autre étudiante, répondant au nom de Mame Gnima Mendy, nuance un peu la version de son amie. «On doit quitter tout de suite. C’est un peu triste parce que ce sont deux sentiments mélangés. D’une part on a la nostalgie de la famille parce que rester à l’Université ce n’est pas facile, mais d’autre part nos amies vont beaucoup nous manquer. C’est sûr, mais juste leur dire de tenir le coup, 2 mois ce n’est pas beaucoup», confie-t-elle sur un air triste. «On est content d’une part, mécontent aussi d’autre part, mais c’est la vie. Puisque la décision a été prise, on ne peut que se soumettre», déclare Mamadou Dieng, étudiant à la Faculté des sciences et techniques, en se dirigeant vers la grande porte du campus social, valise sur la tête, sac, matelas entre les mains.
Les étudiants dans l’angoisse
Le campus connaît depuis 4 jours déjà un flux d’étudiants en partance pour les vacances ou/et fuir la pandémie de Covid-19 avec des cas suspects recensés. Partout, on voit des étudiants trimbaler leurs affaires. «On a vraiment un sentiment de désolation. Des étudiants s’attendaient à ce que le campus ferme à la fin du mois d’août. A la grande surprise, on nous dit qu’il faut quitter aujourd’hui. Vraiment c’est un sentiment de désolation, de pression voire d’obligation qui est là. Et on est obligé de le faire parce que c’est ce qui est recommandé, ce qui nous est imposé. J’ai tellement de bagages. Je suis obligé de laisser ici certains parce que je viens de Ziguinchor. Donc, je ne peux pas tout emporter», renseigne Félicien Diatta qui attendait son frère. Pour d’autres locataires du campus, ils ne font que subir la rigueur de la décision, mais l’année n’est pas encore finie. «Comme tout étudiant normal on tend vers les vacances, mais l’idéal aurait été qu’elles ne soient pas ainsi. Faire un semestre et vouloir partir en vacances, c’est un peu compliqué. On part en vacances, mais pas avec une tête tranquille», affirme Lamarana Diallo, étudiant en Licence 2 à la Faculté des sciences et techniques. Un peu plus tard, vers 15 heures, le départ se fait toujours dans le calme, contrairement au niveau du pavillon U très réputé en matière d’ambiance. On entend quelques étudiants scander avec un brin d’amusement : «Il faut des dérogations.»
Un message vite perçu par Abdoulaye Faye, chef de la Section hygiène et qualité, qui était juste en bas de ce pavillon. «Les étudiants sont condamnés à partir avant 17 heures, parce qu’ils ont reçu la notification signée par le recteur qui est le président de l’Assemblée de l’Université avec tous les directeurs concernés pour ce 5 août (hier). Il n’y a pas de dérogation. Les restaurants universitaires ont tous fermé aujourd’hui à 14 heures, à l’exception de l’Université Ahmadou Moctar Mbow (Uam) qui est sur la Vdn parce qu’ils doivent faire leurs examens le 14 août. Même les boutiquiers et les multiservices vont fermer à 17 heures. Concernant les autres restaurants, aussi bien le campus social et la périphérie, à savoir la Fastef, l’Esea, Cité Claudel et Esp, ils ont tous fermé depuis 14 heures. Il n’y aura pas de dîner aujourd’hui», a fait savoir M. Faye.
Si les étudiants des instituts privés qui ont des parents à Dakar ont des maisons où loger avant la réouverture du campus social le 4 octobre, ceux qui proviennent des régions affichent leur inquiétude. Certains ne savent pas où aller. «Normalement je suis censé rentrer chez moi, mais je ne peux pas pour le moment, vu que je n’ai pas encore fini mes cours. Donc, je cherche un logement provisoire. Mais ce soir, je suis obligé de partir comme tout le monde», se désole Oulimata Diarra, étudiante à l’Institut supérieur de finance (Isf), mais aussi au Département d’histoire.
IL FAUT QUE CETTE AFFAIRE SOIT TIRÉE AU CLAIR
Seydou Guèye s’est prononcé sur les propos tenus par Dr Babacar Niang et qui lui ont valu une plainte de la part du ministre de la Santé et de l’action sociale
Pour Seydou Guèye, les propos tenus par Dr Babacar Niang sont suffisamment graves dans le contexte actuel pour ne pas être tirés au clair. Le ministre, coordonnateur de la Communication à la Présidence, s’exprimait hier sur la Rfm.
Seydou Guèye s’est prononcé sur les propos tenus par Dr Babacar Niang et qui lui ont valu une plainte de la part du ministre de la Santé et de l’action sociale.
Sur Rfm, le ministre, porte-parole et coordonnateur de la Communication de la présidence de la République, a fait savoir que cette affaire doit être tirée au clair. Selon lui, c’est une bonne chose que Dr Niang se soit rendu à la convocation parce que «cela participe à l’éclatement de la vérité».
Et M. Guèye d’ajouter : «Le dossier est entre les mains de la justice. Il faut juste souhaiter, demander, exiger que cette affaire soit tirée au clair parce que ce sont des propos suffisamment graves dans le contexte actuel où on n’a pas besoin de dispersion, mais de mobilisation de toute la Nation vers un seul et même objectif : Barrer la route au Covid-19 et faire en sorte que le Peuple sénégalais et les populations soient protégés et épargnés.»
Poursuivant ses propos, il soutient que cette affaire sera gérée «comme toute autre affaire qui engage deux citoyens sénégalais, quelle que soit leur qualité, ou toute affaire qui met en conflit l’Etat et les citoyens en fonction de ce qui sortira comme vérité de la décision judiciaire». Selon lui, «s’il y a des conséquences qui sont du ressort de la gestion de l’Administration et de celle des services de l’Etat, l’autorité habilitée à prendre des décisions les pendra, conformément à la réalité de la situation».
Toutefois, précise-t-il, «pour l’instant on n’est que sur des hypothèses, des propos entendus, une plainte. Il faut laisser à la justice le soin de faire son travail». Dr Babacar Niang, patron de Suma Assistance, en parlant de la crise sanitaire du Covid-19 dans les médias, avait déploré le trafic dans la gestion du matériel des Centres de traitement des épidémies (Cte).
A l’en croire, ce matériel public destiné à la lutte contre le Covid19 a été vendu à des établissements privés. Suffisant alors pour que le ministre de la Santé lui serve une plainte afin de s’expliquer sur ses allégations.
LES DÉRIVES AUDIOVISUELLES AU MENU DE LA RENCONTRE ENTRE LA DIRECTION DE LA CINÉMATOGRAPHIE ET JAMRA
Le directeur de la cinématographie, Germain Coly, a discuté «des dérives cinématographiques» avec Jamra représentée par Mame Mactar Guèye, le Comité de défense des valeurs morales (Cdvm) et Daaral Qur’an représentés par Adama Mboup
Le directeur de la Cinématographie, Germain Coly, a reçu en audience, mardi dernier, une délégation de l’ONG islamique Jamra et du Comité de défense des valeurs morales (Cdvm). Cette rencontre leur a permis d’échanger sur les productions cinématographiques qui, de l’avis de Jamra, participent à la dépravation des mœurs et autres valeurs sénégalaises.
Le directeur de la cinématographie, Germain Coly, a discuté «des dérives cinématographiques» avec Jamra représentée par Mame Mactar Guèye, le Comité de défense des valeurs morales (Cdvm) et Daaral Qur’an représentés par Adama Mboup.
Au cours des échanges, les sieurs Guèye et Mboup ont exprimé à Monsieur Coly leur préoccupation sur «les dérives audiovisuelles récurrentes, à l’actif de certains producteurs de séries télévisées, dont certaines séquences heurtent régulièrement la sensibilité de l’opinion publique». D’après le communiqué qui a sanctionné la rencontre, cette entrevue fait suite aux plaintes de Jamra contre la série « Infidèles», un film qui, entre autres, «est en déphasage avec nos valeurs culturelles».
Ainsi, Mame Mactar Guèye et Adama Mboup ont demandé au directeur de la cinématographie de rappeler à l’ordre les producteurs de séries «qui violent les lois et règlements régissant ce secteur». Ils n’ont pas manqué de déplorer le fait que cette nouvelle génération crée des séries qui ne cessent de défrayer la chronique en suscitant de vives indignations des gardiens de la morale publique qui les qualifient de «relativement excessives et à tendance au libertinage attentatoire à nos bonnes mœurs».
Désormais, ils comptent sur la perspicacité des services de la direction pour passer au crible les produits audiovisuels, notamment «les films qui ont eu à faire l’objet de leurs plaintes auprès du Cnra» et qui «font ouvertement la promotion de contre-valeurs : la défiance de l’autorité parentale, l’apologie de la fornication, la promotion de l’adultère, la banalisation de l’homosexualité, le tout sur fond de pornographie verbale».
Convoquant la loi 2004-735 du 21 juin 2004 et la loi 2002-18 du 15 avril 2002, Germain Coly estime qu’«il est fait obligation aux producteurs de soumettre à la direction de la cinématographie une demande d’autorisation préalablement aux tournages de films ou de séries télévisées». Il ajoute que la loi lui permet de s’opposer à un tournage de films ou de séries dont des séquences sont susceptibles de porter atteinte « à l’ordre public, à la sécurité nationale (prises de vues de zones classées “secret défense”), ou aux bonnes mœurs».
Ainsi, il a annoncé qu’il ne sera désormais toléré aucun tournage de film sans autorisation. Le directeur de la cinématographie et ses hôtes ont convenu de tenir des rencontres régulières d’échanges, afin de solutionner en amont les malentendus qui ne peuvent manquer de surgir entre les acteurs de l’industrie cinématographique et audiovisuelle et ceux de la grande famille consumériste sénégalaise.