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22 juin 2025
À DAKAR, UN RAMADAN DANS LE PARTAGE
Des centaines de fidèles se retrouvent tous les soirs à la mosquée Massalikul Jinaan pour la rupture du jeûne. Sur place, des repas sont distribues par des "baye fall"
Le ramadan rime avec solidarité et partage. Au Sénégal, des centaines de fidèles se retrouvent tous les soirs à la mosquée Massalikul Jinaan, l’une des plus grandes d’Afrique de l’Ouest, pour la rupture du jeûne. Sur place, des repas sont distribues par des "baye fall", une branche de la confrérie des Mourides dont les membres se distinguent par leurs coiffures "dreadlocks", leurs accoutrements colorés et leur dévotion.
LAMINE CISSÉ, ÉLOGE AU PATRIOTISME
Génie militaire sorti de Saint-Cyr en 1963, directeur de la Sécurité publique pendant la grève des policiers en 1987, le Général Lamine Cissé aura marqué le Sénégal aussi bien en tant qu’officier qu’en tant qu’administrateur et diplomate
Il fut un négociateur hors pair. Assis sur un bulldozer en train de faire les travaux de terrassement de ce qui devait devenir le quartier de Pikine dans les années 1960, en tenue de général sur la zone chaude de la Casamance à la fin des années 1990, en costume de ministre dans ses bureaux douillets à la place Washington, le général Lamine Cissé a su mener une carrière qui force le respect dans les forces armées sénégalaises. Habile comme un diplomate, il pouvait aussi être ferme comme un militaire. La Nation lui rend hommage, aujourd’hui, à travers un colloque international organisé par l’ONG Partners West Africa.
Issu de la même promotion, l’ancien Cemga, Gl Mouhamadou Keita, se remémore le bon vieux temps, quand tous deux venaient de sortir de Saint-Cyr. ‘’A l’époque, témoigne-t-il, le Sénégal avait besoin d’officiers capables de participer au développement de notre pays. Très vite, nous avons été orientés vers le génie militaire. Je revois encore Lamine sur son bulldozer en train de faire les terrassements du quartier de Pikine. Pendant ce temps, j’étais vers le Nord, sur les routes menant vers les fermes rizicoles. C’était le début de nos carrières. Et cela nous avait beaucoup marqués…’’.
Très vite, le jeune officier, sorti en 1963, gagne la confiance de ses supérieurs. Commandant d’unité dès 1964, aide de camp du ministre des Forces armées Amadou Karim Gaye, plus tard commandant du contingent d’observateurs pour la supervision du cessez-le-feu entre le Front de libération Moro et le gouvernement des Philippines, il est nommé, en 1978, adjoint logistique du sous-chef d’Etat-major général des armées et chef de la Division études générales. Entre 1984 et 1987, il devient directeur de l’Ecole polytechnique de Thiès, avant d’être promu, en 1987, lors de la grève des policiers, directeur de la Sécurité publique. C’était son premier passage au très stratégique ministère de l’Intérieur.
Le géniteur du corps des auxiliaires de police
Revenant sur cet épisode un peu méconnu du grand public, le colonel Mandickou Guèye, Directeur des Archives et du Patrimoine historique des forces armées, revient sur quelques-uns de ses faits d’armes : ‘’C’est avec lui que la police a eu ses auxiliaires. Il n’y avait, auparavant, que les auxiliaires de gendarmerie. Il s’agissait de militaires de contingent qui pouvaient faire 24 mois de service. Après les trois mois de formation à Bango, ils pouvaient faire 21 mois au niveau des forces de police. Nous étions en plein ajustement structurel. Et aujourd’hui, c’est devenu une institution.’’ A la tête de cette direction, l’ancien Cemga a été au cœur de la gestion de la crise liée à la radiation des policiers. Tout comme il a été au centre des évènements de 1988, durant lesquels le Sénégal avait frôlé le chaos.
Le premier juillet 1993, Lamine Cissé est promu général de brigade, nommé inspecteur général des forces armées. Trois ans plus tard, le 1er juillet 2016, il accède à la station suprême de chef d’Etat-major général des armées sénégalaises. Il avait 57 ans, pas loin de la retraite.
Homme de défis, il prendra sa mission à cœur, au grand bonheur de l’armée nationale et de son chef, le président de la République Abdou Diouf. L’un de ses plus grands dossiers a été incontestablement le dossier casamançais. Pas mal d’acquis ont été enregistrés durant son magistère. Il en est ainsi des patrouilles conjointes à la frontière avec la Guinée-Bissau, de la reconnaissance, par la Guinée-Bissau, de l’existence de bases rebelles sur son territoire… Ce qui était loin d’être évident, selon le colonel.
Homme de dialogue, le général savait aussi être très ferme quand les circonstances l’exigeaient. C’était le cas, face aux Bissau-Guinéens, quand ces derniers s’amusaient à réfuter l’évidence de la présence de bases rebelles sur leur territoire. Très jeune officier à l’époque, membre de l’équipe de négociation en tant que traducteur, Colonel Guèye se rappelle : ‘’Avec lui, j’ai vu pour la première fois de ma vie quelqu’un taper du poing sur la table. Cette expression, j’en entendais juste parler. Peut-être même je l’utilisais. Mais c’est avec le général que je l’ai vécu pour la première fois. Il avait vraiment tapé du poing sur la table pour amener les gens à la raison. Après, il nous a demandé de le laisser s’expliquer avec son homologue, le général Ansoumane Mané, dans leur patois, comme il le disait.’’
Aux origines de l’opération Gabou
Après quelques minutes d’échanges en mandingue (tous les deux étant des Mandingues), tout fut rentré dans l’ordre. ‘’S’adressant à nouveau à la salle et aux Bissau-Guinéens, reprend notre interlocuteur, il avait expliqué : ‘C’est comme quand les Portugais vous recherchaient ; vous fuyiez et vous vous réfugiez en territoire sénégalais. Vous ne pouvez donc pas dire que si nous recherchons les rebelles, ils restent sur le territoire sénégalais qui est sous notre contrôle. Cela n’a pas de sens.’’’
Aussi, rappelle le directeur du Musée des forces armées, le général avait entamé la lutte contre la circulation des armes dans cette zone frontalière. Comment se passait le trafic ? Comment les gens prenaient les armes pour aller les revendre à des prix défiant toute concurrence… Autant de questions qu’il n’a eu de cesse de se poser. Selon colonel Mandickou Guèye, c’est ce processus qui avait mené à la suspension du général Mané, suite à l’appréhension de ses proches dans cette affaire qui mettait en péril la sécurité au niveau de cette zone frontalière. S’ensuivit une mutinerie qui avait amené aux troubles de 1998 et à la célèbre opération Gabou menées par les forces sénégalaises en Guinée-Bissau. Le général était déjà appelé à exercer d’autres fonctions, précise notre interlocuteur.
Excellent officier d’Etat-major, l’enfant de Sokone (centre du Sénégal) accordait une importance capitale à la conception. Pour lui, une bataille sans conception n’est pas une bataille. Il avait aussi cette qualité de s’entourer des meilleurs officiers de l’armée pour concevoir ensemble, avant de s’engager dans des opérations. En tant que général, l’enfant de Sokone ne rechignait pas à aller sur le théâtre des opérations. Un jour, rappelle colonel Guèye, citant un autre officier, il était parti en Casamance, jusqu’aux frontières, près d’une base rebelle. ‘’Quand l’officier lui a dit : ‘Mon général, il y a les rebelles devant.’ il lui a répondu : ‘Ah bon ? Il faut aller me les montrer.’ Et lui-même était passé devant. L’officier me dit que tout le monde était inquiet qu’on lui tire dessus. Il a fallu que quelqu’un, parmi ses grands subordonnés, le rattrape pour lui dire qu’en fait, les rebelles sont dans les bois et que c’était risqué pour la délégation d’aller plus loin. Ce qui démontre son courage. Il était général, mais il était toujours prêt à aller au front’’.
Par ailleurs, l’ancien Cemga a aussi été le grand artisan de ce qui est devenu le Musée des forces armées. ‘’C’est lui qui est au début et à la fin de tout ce processus ayant mené à la création de cette institution. D’abord, c’était une division Archives musées au niveau de la Dirpa, à l’époque commandée par le commandant Mamadou Lamdou Touré. Et quelques années plus tard, on a créé la Direction du musée des forces armées. Et tout ça, c’était sous son magistère. Aujourd’hui, la direction est devenue très célèbre, au-delà même de nos frontières’’, souligne le directeur.
Un chef à l’écoute de ses hommes
Au-delà de ses qualités d’officier, le général est aussi réputé pour ses grandes qualités humaines. Nos interlocuteurs sont unanimes là-dessus. Ils peignent tous ‘’un chef très humble’’, à l’écoute de ses hommes. Mandickou Guèye : ‘’Par exemple, dans le dossier casamançais, j’étais chargé de toujours vérifier les deux textes : les communiqués conjoints et le mémorandum d’entente. Lesquels devaient être rédigés en versions française et portugaise. J’étais chargé de vérifier la conformité de la version portugaise. Un jour, il m’a appelé pour me dire : ‘Mandickou, vous savez, vous avez une lourde charge. Je m’accroche à vos lèvres. Si vous me demandez de signer, je signe. Si vous me dites de ne pas signer, je ne le ferai pas.’ Il est l’humilité à tous les coups’’.
Autre chose qui l’a particulièrement marqué, c’est son sens élevé des responsabilités et du patriotisme. Selon lui, le général Cissé avait toujours les mots idoines pour doper ses troupes. Il lui disait : ‘’N’oublie pas que nous travaillons pour notre Nation. Et je ne veux pas que demain, dans l’histoire, qu’on dise qu’un capitaine Mandickou Guèye avait fait signer à un général Lamine Cissé un document qui pouvait porter atteinte aux intérêts du Sénégal.’’ ‘’Je me suis alors senti très chargé. Je sentais le fardeau. Cela m’a davantage poussé à la responsabilité’’.
Né le 31 décembre 1939 à Sokone, de père et de mère mandingues, le général était très fier de ses origines. A Dakar, sa maison ne désemplissait pas de membres de sa grande famille. Sa fille Fatou Cissé s’en réjouit : ‘’Le général était quelqu’un de très famille, avec une très grande famille, mach’Allah, très élargie. Ainsi, on avait toujours accès aux tantes, aux grands-tantes, aux cousins, parents que l’on voyait souvent à la maison. C’était l’occasion de garder ce lien avec nos origines et c’est très important. Il faut savoir d’où l’on vient pour mieux apprécier ce que l’on est. Pour nous, c’était une fierté d’appartenir à cette famille Cissé.’’
A la question de savoir quel genre de père était le général, la jeune fille éclate de rires : ‘’On ne dirait pas un père militaire. Bien au contraire… On aurait du mal même à croire qu’il était militaire. C’était un père très, très aimant, mais également présent, même si, physiquement, il n’était pas toujours là. C’est l’un des absents qui était le plus présent. Il a ainsi inculqué le sens de la rigueur et de l’excellence aux membres de sa famille, sans trop les brusquer.’’
Un père libéral
Equilibré, mesuré, pédagogue, l’ancien Cemga a grandi sans son père décédé très tôt. Pour sa fille, il est un maitre ès patriotisme. ‘’Le général était, dit-elle, quelqu’un qui avait le sens de l’engagement, nuit et jour pour son pays, mais également pour les principes auxquels il a toujours cru, à savoir la paix, le dialogue, la cohésion sociale entre les communautés, les générations… J’ai l’habitude de dire que c’est un master class du patriotisme’’.
De son brillant passage à la tête du ministère de l’Intérieur, entre 1997 et 2000, sa fille a de vagues souvenirs. ‘’Mes parents aimaient raconter qu’un jour, j’avais demandé à passer la nuit au bureau avec lui. L’autre chose que j’ai pu constater avec l’âge, c’est qu’ils (les parents) ont réussi à ne pas apporter cette tension des élections de 2000 au niveau de la famille. On a eu cette chance de ne pas subir la pression’’, confie-t-elle.
LES TERMES DE L’ACCORD ENTRE ETUDIANTS ET AUTORITES UNIVERSITAIRES
Après la pluie, c’est le beau temps dans le temple du savoir.
Suite à la délibération du Conseil d’administration du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) en sa séance du jeudi 15 avril 2021, le recteur et président de l’assemblée de l’UCAD, le Directeur du Coud et les représentants des étudiants se sont rencontrés hier au rectorat. A l’issue de la réunion, des accords ont été trouvés autour du système de codification, de l’assainissement du campus social et de la levée de la suspension des Amicales.
Après la pluie, c’est le beau temps dans le temple du savoir. Les autorités universitaires et les Amicales d’étudiants ont rapproché leurs positions sur certains nombres de questions qui ont secoué dernièrement l’UCAD. Dans un communiqué conjoint reçu tard dans la soirée par «L’AS » et signé par le Recteur de l’UCAD, Ahmadou Aly Mbaye et le Directeur du Coud, Maguette Sène, il a été mentionné les termes de l’accord. Il est ressorti des discussions d’importants accords aux termes desquels, les parties ont convenu de la mise en place d’une plateforme numérique pour la codification avec des critères essentiellement basés sur l’excellence et le mérite.
Toujours, selon les termes de l’accord, les étudiants se sont engagés à accompagner le COUD dans le processus d’assainissement du campus social, à identifier et expulser toute personne n’ayant pas le statut d’étudiant de l’UCAD. «Les étudiants s’engagent aussi à combattre toute forme de violence, de port ou de possession d’armes au sein de l’espace universitaire et le cas échéant, à terminer le processus de renouvellement du bureau des Amicales dans la paix », lit-on dans le communiqué parvenu à la rédaction.
Qui informe également que les étudiants s’engagent à ne pas céder une chambre à une personne n’ayant pas le statut d’étudiant de l’UCAD, ni à l’héberger sous peine de sanctions disciplinaires et d’exclusion du campus social. Les étudiants ont aussi promis d’accompagner le COUD dans la mise en place d’un système d’identification et de contrôle au niveau des accès et des résidences universitaires.
En contrepartie, le Recteur s’est engagé à soumettre au conseil restreint de l’assemblée de l’Université la demande des étudiants relative à la levée de la suspension des Amicales d’étudiants ; la poursuite du processus de renouvellement des bureaux des Amicales.
LE MEDIATEUR DE L’UCAD EXPLICITE LA RESOLUTION
La résolution du conseil restreint de l’Assemblée de l’Université Cheikh Cheikh Anta Diop n’a pas été bien appréciée par tous les composants du temple du savoir.
La résolution du conseil restreint de l’Assemblée de l’Université Cheikh Cheikh Anta Diop n’a pas été bien appréciée par tous les composants du temple du savoir. Vu les enjeux, le Centre des œuvres universitaires de Dakar n’a pas souhaité donné suite à la proposition de fermer le campus social. Pendant ce temps, les étudiants se sont radicalisés en rejetant toute tentative de suspendre les amicales constitués dans toutes les facultés ou écoles et instituts. Joint au téléphone par «L’AS», le médiateur de l’UCAD Ndiassé Diop a tenu à expliciter la résolution en soutenant que les négociations vont bon train. A préciser d’ailleurs, selon des sources, qu’un accord a été signé hier entre les étudiants et les autorités universitaires.
Voulant éradiquer la violence dans le temple du savoir, le conseil restreint de l’Assemblée de l’Université Cheikh Anta Diop s’est heurté à la résistance des étudiants. Ces derniers ont compris que les autorités universitaires veulent supprimer leurs amicales. Or, selon le médiateur de l’UCAD, il ne s’est pas agi de suppression des amicales mais plutôt de suspension. «Quand on ne sait pas là où on va, on s’arrête un peu. C’est ça l’esprit», souligne Pr Ndiassé Diop. Qui soutient que les renouvellements des quatre grandes amicales de l’Université ont déjà commencé et que les étudiants en compétition veulent que le processus continue. «Mais cela ne pourra se faire que s’ils s’inscrivent dans la logique de bannir la violence. Je pense que si les étudiants s’accordent avec l’autorité sur le fait qu’il faut bannir la violence et qu’il faut donner les chambres aux ayants droit, la paix sera retrouvée rapidement. Ce que les gens perçoivent comme une entorse, à mon avis, ne l’est pas. Personne ne devrait cautionner la violence et je crois que les étudiants l’ont eux-mêmes compris», a déclaré le Professeur Ndiassé Diop.
Par ailleurs, le médiateur de l’UCAD estime que le COUD n’a pas retenu l’idée de fermer le campus social, le temps de faire le toilettage de la structure. Ainsi, dit-il, des solutions alternatives ont été proposées et les négociations continuent. «Mais il faut comprendre que ce n’était pas la volonté du conseil restreint de faire une entorse à des droits auxquels les étudiants peuvent légitimement faire référence. Il s’est agi, sur la demande du conseil restreint, de fermer le COUD jusqu’à nouvel ordre pour participer à une sorte d’assainissement du campus. Parce qu’il y a beaucoup d’étudiants non ayants droit qui habitent le campus », souligne-t-il.
LES CODIFICATIONS, SOURCE DE TOUS LES PROBLEMES A L’UNIVERSITE
Toujours selon le médiateur de l’UCAD, le constat est que les codifications sont la source des maux que le campus traverse. «Ce sont les codifications qui donnent lieu à des quotas de chambres donnés aux amicales. Charge à ces derniers de les distribuer », relève Monsieur Diop. Il estime dans la foulée que le conseil restreint de l’Université a préconisé et demandé au COUD d’opérer des codifications en distribuant les chambres sur la base du mérite. Il s’agit, précise-t-il, de s’appuyer sur les résultats des universités pour recevoir les demandes et distribuer les chambres en fonction du mérite. «Bien entendu, on va extraire dans les chambres à distribuer un pourcentage réservé au quota social, c’est-à-dire aux handicapés et à certaines personnes malades», assure-t-il. En attendant, le médiateur laisse entrevoir qu’avec l’appui des étudiants et la compréhension de tous, on pourra faire sortir du campus ceux qui n’y ont pas droit et donner les chambres au mérite. «C’est cela aujourd’hui qui fait son bonhomme de chemin dans les négociations entre les étudiants et les autorités. Nous avons bon espoir qu’on pourra avoir un dénouement de la crise une fois que les esprits seront apaisés et que chacun prendra conscience de l’intérêt à faire de sorte que la paix règne dans le campus social comme dans le campus pédagogique. Parce que l’université ne peut pas s’accommoder de troubles», explique Monsieur Diop.
UN PROTOCOLE SIGNE ENTRE LE RECTORAT ET LE COLLECTIF DES AMICALES D’ETUDIANTS
Il estime en définitive que les étudiants savent que tous les malentendus viennent souvent des codifications. Et que lorsqu’ils peuvent déboucher sur mort d’homme, les autorités ne peuvent plus croiser les bras, ajoute-t-il. «C’est des situations exceptionnelles qu’il convient de régler par des mesures fermes. Tout cela doit être revu. Et le campus social ne peut plus être considéré comme un endroit où des gens vivent sans y avoir droit», a-t-il conclu. A noter que les négociations entre étudiants et autorités ont débouché sur des conclusions. Selon des sources, un protocole a été même signé entre le rectorat et le collectif des amicales d’étudiants dont la teneur n’a pas été encore communiquée. Même si nos interlocuteurs n’ont pas voulu s’épancher sur le contenu en attendant le communiqué officiel, tout porte à croire qu’un accord a été trouvé entre les différents acteurs.
Un débrayage mercredi prochain et une grève totale le jeudi : c’est le plan d’actions annoncé par le G 20 hier, vendredi 16 avril lors d’une conférence de presse. Il dénonce le «manque de réaction du gouvernement face aux préoccupations des enseignants».
Le secteur de l’éducation va encore connaitre des remous après quelques semaines d’accalmie. Le G 20 (Syndicats d’enseignants) va décréter un débrayage le mercredi 21 avril prochain à partir de 10 heures et une grève totale le jeudi 22 avril prochain pour non-respect des engagements par l’Etat. Ce plan d’actions des syndicalistes fait suite à l’expiration de leur préavis de grève depuis le 16 janvier dernier. «Constatant le faible niveau d’exécution des points du protocole d’accord du 17 février 2014, l’indifférence du gouvernement par rapport aux nouvelles revendications et le refus du gouvernement d’instaurer un dialogue inclusif obligent le G-20 à faire face pour défendre les intérêts des enseignants», le G 20 déclare décréter ce plan d’actions en guise «d’avertissement» lors de sa conférence de presse tenue hier, vendredi 16 avril. Si le regroupement de syndicats d’enseignants n’est pas passé à l’action depuis l’expiration de leur préavis de grève, c’est parce qu’il «a tenu compte de la difficile situation que vivaient les Sénégalais avec le contexte marqué par la pandémie de la covid-19 et ses implications sanitaires et socio-économiques».
Le G 20 a profité de l’occasion pour exiger «la libération immédiate» de leur camarade Alioune Badara Dia «injustement arrêté pour diffusion de messages insurrectionnels lors des manifestations du 8 mars dernier». Selon les syndicalistes, «l’appel à la décrispation doit se manifester par la libération de tous les détenus en rapport avec ces événements».
En effet, les syndicalistes ont salué la décision du Chef de l’Etat de recruter 5000 enseignants «même s’il est conscient que la résolution du déficit du personnel enseignant est telle que seule une planification rigoureuse en fonction du respect des normes des effectifs par classe est viable».
Sur ce, le G 20 «rejette le recrutement sur dossier car, il annonce le retour du quota sécuritaire tant décrie et dépassé» et «exige la transparence dans le recrutement qui passe par une sélection par voie de concours».
LA MOBILISATIONS TOUS AZIMUTS DES PARTISANS DE MACKY SALL EST UNE MISE EN SCENE
Après les émeutes de mars dernier, suite à l’affaire « Sweet Beauté », le camp du pouvoir ne lésine pas sur les moyens pour faire des démonstrations de force en termes de mobilisations politiques
Après les émeutes enregistrées dans le pays au mois de mars dernier, suite à l’affaire opposant l’employée du salon de massage “Sweet Beauté“, Adji Sarr, à Ousmane Sonko, leader de Pastef Les Patriotes, le camp du pouvoir ne lésine pas sur les moyens pour faire des démonstrations de force en termes de mobilisations politiques. Une attitude jugée «irresponsable» par des activistes et acteurs de la société civile, qui ne voient en cela qu’une manière de berner l’Occident.
Méga rassemblements de l’Apr à Ngallèle (Saint Louis), Matam, Kaolack, Ziguinchor, Bokké Dialloubé (Podor), Pikine, Sédhiou, ou encore à Kolda, entre autres. Location de cars, bus, et confection de teeshirts, banderoles et autres plancardes, sans oublier la restauration. Tout y passe. C’est dire que les partisans du régime en place, restés groggy après les manifestations violentes de mars dernier, cassent leur tirelire pour mobiliser des foules et ainsi sonner la riposte face à des adversaires politiques quelque peu ragaillardis par les émeutes violentes de mars dernier.
«ILS SEMBLENT TOUJOURS SE CONTENTER D’ACTES DE FAÇADE, DE MISE EN SCENE», ABDOURAHMANE SOW, COORDONNATEUR COS/M23
Une réponse politique qui ne laisse pas de marbre certains acteurs de la société civile et/ou activistes. Joint par la rédaction, Abdourahmane Sow, coordonnateur de la Commission orientation stratégique du M23 (Cos/M23) décrit le contexte du chômage et de l’emploi des jeunes, un fléau qui perdure et résiste à toutes les politiques mises en place, pour ensuite dénoncer «le manque de sérieux et de responsabilité dénoté par ce manque de considération de la part de ces acteurs politiques». Il considère en fait que «dans ce contexte, voir certains responsables du pouvoir en place, mobiliser des centaines de millions dans des rassemblements politiques, nous informe d’un total déphasage entre ces derniers et les administrés que nous sommes», non sans estimer qu’une telle démarche ne viserait qu’à servir au chef de l’Etat des «subterfuges et des maquillages pour lui faire croire à la politique politicienne». Abdourahmane Sow trouve en réalité que «ce que nous pourrions comprendre dans cette manière de riposter de la part de certains politiques, c’est qu’ils semblent toujours se contenter d’actes de façade, de mise en scène, d’effets d’annonce pour combler et camoufler leurs limites». Considérant ainsi que le Sénégal fait partie des pays les plus pauvres et les plus endettés et que le plus petit sou devrait être dépensé de manière efficiente et efficace, M. Sow pense que c’est «au président de la République de prendre ses responsabilités, alors qu’il admet avoir compris ce message de défiance».
«C’EST POUR AMUSER LA GALERIE», MADIA DIOP SANE, COORDONNATEUR VISION CITOYENNE
Le cri d’amertume est le même pour le Coordonnateur de Vision citoyenne, un mouvement citoyen à Ziguinchor, qui se dit «scandalisé par ces nombreuses manifestations» organisées par les partisans du président Macky Sall, au moment où le régime peine à obtenir des vaccins pour l’ensemble de sa population. Toute chose qui fera dire à Madia Diop Sané qu’en réalité «c’est pour amuser la galerie», ou du moins pour «communiquer avec l’Occident». «Il (Macky Sall) est en train de vouloir montrer aux Occidentaux qu’il n’est pas impopulaire et qu’il détient toujours cet électorat-là, alors que même en 2019, Macky Sall n’a pas gagné les élections», peste M. Sané. Il a, par ailleurs, révélé que certaines personnes sont payées pour prendre part aux meetings, prenant à témoin la manifestation organisée par Doudou Ka à Ziguinchor où «il n’y avait quasiment personne quand il (Doudou Ka) a pris la parole, en dernière position». Très remonté contre ce régime qu’il qualifie «d’irresponsable», Madia Diop Sané supputera que la jeunesse n’attend plus rien du chef de l’Etat car, «même s’il (Macky Sall) le voulait, il ne peut pas réussir sa politique d’emploi». Enfonçant le clou, il considère que le chef de l’Etat a fait «pire» que son prédécesseur en terme de recule démocratique et de privation des libertés. L’activiste coordonnateur de Vision citoyenne prévient toutefois que «personne en dehors de Dieu, ne pourra nous priver de notre liberté. Celui qui tente de le faire, il nous aura en face de lui». Cela, non sans disqualifier Macky Sall pour un troisième mandat, en 2024.
«MACKY SALL DOIT QUITTER LE POUVOIR», KARIM XRUM XAX
Plus acerbe, l’activiste Abdou Karim Guèye appelé Karim Xrum Xax, qui n’y est pas allé de main morte, pense que le régime n’a pas tiré la leçon de ce qui s’est passé tout dernièrement. Il voit aussi par ces nombreuses manifestations des gens du régime en place, de la «triche» dans le but de «se jouer de sa population» pour faire les yeux doux à l’Occident. «A chaque fois, il veut montrer à l’opinion internationale et peut être certains qui n’étaient pas sortis lors des manifestations, que la population est avec lui. Mais, il sait très bien que le peuple lui a tourné le dos, depuis très longtemps», déplore-t-il. Allant plus loin, il estime que «Macky Sall doit quitter le pouvoir» pour avoir échoué dans sa politique de jeunesse caractérisée à son avis par plus de 400 morts dans la mer Méditerranéenne, 13 jeunes décédés lors des manifestations, sans oublier les blessés graves. D’ailleurs même, caractérisant cette cascade de meetings de simple «sabotage» et d’une volonté «de brûler le pays», Karim Xrum Xax fera remarquer que «certains ont peur qu’il y ait encore d’autres manifestations de colère». Tous restent ainsi unanimes que la colère de la population ne s’est pas estompée et que ces manifestations ne sont que pure provocation.
LE VETO DES NATIONS UNIES CONTRE LA LIBÉRATION DE HISSEIN HABRÉ
Les Nations Unies expriment leur opposition à une éventuelle permission pour permettre à l’ex-président tchadien, Hissein Habré, de sortir de prison pour six (6) mois, comme voulu par ses avocats, pour raison médicale
Les Nations Unies expriment leur opposition à une éventuelle permission pour permettre à l’ex-président tchadien, Hissein Habré, de sortir de prison pour six (6) mois, comme voulu par ses avocats, pour raison médicale.
A travers une note à la presse, les victimes du président Habré soulignent que dans leur lettre au gouvernement du Sénégal, les Rapporteurs sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition, sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, sur le droit à la santé et sur la torture avaient exprimé leurs «plus graves préoccupations quant à la libération temporaire de l'ancien président du Tchad, M. Hissène Habré, dans le contexte de la pandémie COVID-19, sans justification apparente de santé publique, en violation des normes internationales concernant la responsabilité des violations flagrantes des droits de l'homme. … Nous soulignons que le maintien en détention de M. Habré est essentiel pour lui permettre de répondre à des graves crimes qu'il a commis et pour garantir l'accès des victimes à la justice et à la réparation, tout en assurant l'intégrité physique du détenu.»
Ce courrier est adressé au Sénégal, au moment où le juge d’application des peines examine la requête des avocats de l’ex homme fort de N’djamena portant sur une autorisation de sortie de prison pour six (6) mois. Mes Ibrahima Diawara et François Serres ont motivé leur demande par l’état de santé de leur client, qui serait «préoccupant». «Pendant que le juge d’application des peines examine la demande des avocats de Hissène Habré pour une autorisation de sortie de prison de six mois, quatre rapporteurs de l'ONU ont rappelé au Sénégal leurs «plus graves préoccupations» quant a une éventuelle sortie de l’ex-dictateur du Tchad condamné en 2015 par les Chambres africaines extraordinaires pour sa responsabilité dans des meurtres de masse, des actes de torture et des crimes sexuels, commis lorsqu’il dirigeait le Tchad dans les années 1980», rapporte le document. Déjà, en juin 2020, le président Habré, condamné en appel à la prison à perpétuité en 2017, était retourné en prison, à Dakar, après l’expiration de son autorisation de sortie de soixante (60) jours, à lui délivré du fait de la propagation de la pandémie de Covid19. Et le texte d’ajouter que «l’intervention des rapporteurs, publiée pour la première fois le 8 juillet 2020, et rappelé aujourd’hui (hier vendredi, ndlr), avait exprimé leur préoccupations quant à la libération temporaire de Habré en avril 2020 «en violation des normes internationales » et avait indiqué qu’il était «essentiel» que Habré soit maintenu en détention, étant donnée la gravité des crimes pour lesquels il a été condamné».
Aussi, en décembre 2019, alors que les partisans de Habré insistaient pour qu’il soit remis en liberté, le Comité des Nations Unies contre la torture a écrit au gouvernement du Sénégal, pour souligner qu’une «libération prématurée d’auteurs des crimes internationaux les plus graves n’est pas conforme aux obligations [du Sénégal]» telles que définies par la Convention de l’ONU contre la torture dont l’obligation de réprimer les actes de torture et d’autres mauvais traitements par des peines prenant en compte la gravité de leur nature.
Le rapporteur du Comité a mis en garde contre le recours à «une mesure déguisée d’amnistie» et déclaré que «si d’aventure l’état de santé de Hissène Habré ne permettait pas le maintien en détention de celui-ci, il fallait que ce soit avéré». Entre autres arguments, ils ont relevé que l’ancien chef de l’État tchadien, «en raison de son âge et du temps froid qu’il fait dans son lieu de détention et de l’humidité, enchaîne grippe, rhume et angine. Cette situation met en exergue des risques patents qui s’il se voyait contaminé (par la Covid-19), comporteraient des risques considérables sur sa vie».