Leur dernière poignée de main remonte à plus de dix ans : le président ivoirien Alassane Ouattara et son prédécesseur Laurent Gbagbo doivent se rencontrer ce mardi 27 juillet, une première depuis leur duel à l’élection présidentielle de 2010 qui avait débouché sur une violente crise.
Après un premier contact téléphonique au début du mois de juillet, ce face-à-face prévu au palais présidentiel à Abidjan devrait constituer un geste de plus vers l’apaisement de la vie politique en Côte d’Ivoire, dans la continuité du retour de M. Gbagbo dans le pays le 17 juin.
… Depuis le retour de Laurent Gbagbo, acquitté par la justice internationale de crimes contre l’humanité, le mot réconciliation est sur toutes les lèvres. Elle n’est pourtant pas évidente, tant l’histoire entre les deux hommes reste intimement marquée par les violences post-électorales de 2010-2011.
Cette crise née du refus de M. Gbagbo, au pouvoir depuis 2000, de reconnaître sa défaite à la présidentielle face à Alassane Ouattara a fait plus de 3 000 morts. … Selon lui, le camp du président en exercice « interprète cette rencontre comme une reconnaissance de la légitimité et de la légalité d’Alassane Ouattara par Laurent Gbabgo. De façon aussi visible et officielle cela n’avait pas encore été acté. C’est symboliquement très important ».
(Le Monde avec AFP)
45 000 HECTARES DE FORETS PERDUS CHAQUE ANNEE ?
Un ancien ministre sénégalais de l’Environnement a affirmé que le Sénégal perd 45 000 hectares (ha) de forêts chaque année. D’après les données les plus récentes le chiffre est caduc
Le quotidien sénégalais Direct News a titré le 30 juin 2021 : « Le Sénégal perd 45 000 ha (hectares) de forêts chaque année ».
L’information, attribuée à l’ancien ministre sénégalais de l’Environnement, Ali Haïdar, a également été relayée par plusieurs médias sénégalais dont Emedia.
Pourtant, la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification, l’UNCDD, nous a indiqué qu’elle ne recueille pas de données sur la couverture forestière et les pertes. Elle nous a ainsi suggéré de vérifier « auprès des autorités sénégalaises ou des organisations intergouvernementales mandatées à cet effet ».
Le même chiffre figure dans ce document du ministère sénégalais de l’Environnement et de la Protection de la nature publié en septembre 2006. Le document, qui porte sur la politique forestière du Sénégal sur la période 2005-2025, cite le rapport Forest Resources Assessment (FRA) publiée régulièrement par la FAO.
La Direction des Eaux et Forêts explique que pendant plusieurs années, « puisqu’il n’y avait pas d'autres études pendant la rédaction des rapports de FRA, les 45 000 ha étaient utilisés par extrapolation ».
Une régression de 40 000 hectares par an sur la période 2005-2010
La Direction des Eaux et Forêts a précisé à Africa Check qu’à partir de 2005, « le taux de régression des forêts qui était (toujours) de 45 000 ha/an dans le rapport FRA 2005, a régressé ».
« Il a été ainsi estimé à 40 000 ha par an pour la période 2005-2010 et c'est ce taux qu'on continue d'appliquer », explique le service forestier.
La DEFCCS souligne que le ralentissement de la régression des forêts a été constaté à l’aide de la cartographie nationale réalisée par le Projet de gestion durable et participative des énergies traditionnelles et de substitution (PROGEDE) suivie par des inventaires et sur la base des observations faites par diverses institutions de recherche et de développement de ressources forestières au Sénégal, comme le Centre national de recherches forestières (CNRF) de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA).
La Direction des Eaux et Forêts explique le ralentissement de la dégradation de la forêt par l’expansion des formations forestières naturelles au niveau de quasiment toutes les zones écologiques du pays.
En outre, le service forestier insiste qu’au Sénégal, on assiste à « une dégradation », c’est-à-dire « le passage d’une strate supérieure à une autre moins dense, mais pas à une déforestation ».
Olimata Faye, ingénieure des Eaux et Forêts à l’Inspection régionale des Eaux et Forêts de Kaffrine (centre-ouest) et correspondante nationale FRA, ajoute qu’il est préférable d’éviter « le mot déforestation qui est utilisé par beaucoup de responsables pour parler de la dégradation de la strate forêt selon la nomenclature de la FAO ».
Comment la dégradation des forêts est-elle évaluée ?
Olimata Faye explique que « pour le changement d’affectation des terres, c’est une cartographie diachronique qui se fait généralement. C’est-à-dire une interprétation des images d’un même lieu en des dates différentes ».
Mais pour le Sénégal, cela n’a pas été le cas, précise Mme Faye. Elle rappelle qu’il y avait une étude (voir page 11) de la FAO qui avait évalué ce changement en 2005 dans le cadre de l’évaluation des ressources forestières mondiales.
« Ce taux était alors ramené à 40 000 (hectares) suite aux observations faites par des experts nationaux, certains projets comme le PROGEDE qui avaient fait une cartographie et un inventaire national et les reboisements réalisés par la DEFCCS et d’autres structures », indique-t-elle.
« Cette méthode, poursuit Olimata Faye, est bien acceptée dans le cadre de cette évaluation. Mais depuis, d’autres études n’ont pas suivi, et toujours dans le même cadre, la méthode d’extrapolation est utilisée ». Ce qui veut donc dire : « enlever chaque année 40 000 ha de la strate de forêt et les reverser dans les autres strates ».
Enfin, Mme Faye précise qu’au niveau national, il n’y a pas à sa connaissance une étude qui a confirmé ou infirmé ces données.
Conclusion : Ali Haïdar a utilisé une donnée caduque
L’ancien ministre sénégalais de l’Environnement, Ali Haïdar, affirme que le Sénégal perd 45 000 hectares de forêt par an.
Les données de la Direction des eaux et forêts indiquent que le taux de 45 000 ha est caduc.
Les autorités forestières précisent également que depuis la période 2005-2010, c’est le taux de 40 000 ha de forêt perdus par an qui est appliqué, à la suite d’un rapport publié par la FAO.
PLUS DE 300 000 DOSES DE VACCINS SINOPHARM RÉCEPTIONNÉES
Dakar, 27 juil (APS) - Le ministre de la Santé et de l’Action sociale a réceptionné mardi à l’Aéroport international Blaise Diagne un lot de 332.118 doses du vaccin sinopharm, a appris l’APS de source officielle.
’’Une acquisition de l’Etat du Sénégal qui vise à accélérer le processus de vaccination’’, a salué le ministère sur son compte twitter .
Il s’agit du troisième lot de vaccins Sinopharm réceptionné par les autorités depuis le lancement de la campagne de vaccination, le 23 février dernier.
’’Nous avons réceptionné cet après-midi 332118 doses de vaccin de Sinopharm et 136.800 doses de Johnson And Johnson. La stratégie de vaccination se poursuit afin de protéger au maximum la population. Stop COVID, ensemble nous vaincrons’’, a tweeté Abdoulaye Diouf Sarr.
Quelque 656.250 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin contre le nouveau coronavirus depuis le début de la campagne nationale de vaccination, a annoncé mardi le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
La flambée des nouveaux cas de contaminations au nouveau coronavirus a engendré une ruée vers les lieux et sites de vaccination notamment à Dakar, épicentre de l’épidémie.
Depuis le 2 mars 2020, le Sénégal a recensé 58.523 personnes infectées. Parmi les personnes ayant déjà contracté le virus, 45.768 ont recouvré la santé et 1.300 autres en sont mortes.
A ce jour, 11.454 patients sont encore sous traitement dans les centres dédiés ou à domicile, d’après les données du ministère de la Santé.
TROIS JUGES NOMMÉS AU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Le Conseil constitutionnel est désormais au grand complet avec la nomination par le président de la République de trois nouveaux membres, a appris l’APS de source officielle, mardi.
Dakar, 27 juil (APS) – Le Conseil constitutionnel est désormais au grand complet avec la nomination par le président de la République de trois nouveaux membres, a appris l’APS de source officielle, mardi.
Le chef de l’Etat a procédé, lundi, à la nomination de trois nouveaux magistrats au Conseil constitutionnel, portant ainsi au complet le nombre de sept Sages composant cette juridiction, rapporte notamment un communiqué du ministère de la Justice.
Le document rendu public mardi annonce ainsi que la magistrate, Aminata Ly Ndiaye, précédemment Premier Président de la Cour d’Appel de Thiès, a été nommée pour terminer le mandat de Bousso Diao Fall, défunte membre de la juridiction constitutionnelle.
Mamadou Badio Camara, ancien Premier Président de la Cour suprême et Youssoupha Diaw Mbodj, ancien Premier Avocat général près la Cour suprême intégrent la haute juridiction, fait-on savoir.
Le ministère de la Justice indique dans le même temps que Seydou Nourou Tall, Professeur titulaire des Universités, actuellement membre du Conseil constitutionnel, en devient le Vice-Président.
La composition du Conseil constitutionnel était incomplete à la suite du décès de l’une de ses membres en janvier, et à la fin du mandat de deux autres, fin juin.
Le Conseil constitutionnel a dernièrement rejeté des recours de l’opposition, alors ’’qu’elle ne peut délibérer qu’en présence de tous ses membres, sauf empêchement temporaire de trois d’entre eux au plus, dûment constaté par les autres membres’’, selon la loi organique encadrant son fonctionnement.
L’arrêt portant sur un rejet d’un recours de l’opposition contre la récente modification du Code pénale et du Code de procédure pénale a ainsi soulevé de vives critiques émanant d’acteurs politiques et de spécialistes du droit.
TOUT SUR LA RESURGENCE DE LA POLIO AU SENEGAL
Au Sénégal, des cas de poliomyélite ont été relevés en avril dans les trois départements de la région de Diourbel. Qu'est-ce que la polio ? Comment se manifeste-t-elle ? Pourquoi refait-elle surface au Sénégal ? Réponses à toutes ces questions
Dix cas de poliomyélite ont été relevés au niveau national à la date du 21 mai 2021, selon le chef de la division surveillance épidémiologique au Ministère de la Santé et de l'Action sociale, Dr Boly Diop. Dans le détail, il s’agit de trois cas environnementaux, c'est-à-dire des cas trouvés dans des eaux usées, et de sept cas humains identifiés à Touba et Diourbel (respectivement à environ 190 km et 160 km à l'est de Dakar), précise Dr Diop à Africa Check.
Le chef de la brigade régionale d’hygiène de Diourbel, le capitaine Falilou Sarr, a rappelé que le Sénégal qui a éradiqué la poliomyélite en 2020 est resté pendant dix ans sans aucun cas.
Effectivement, le 25 août 2020, la Commission africaine de certification de l’éradication de la poliomyélite (ARCC), qui est l’organisme indépendant chargé de suivre et de superviser le processus de certification sur le continent, avait déclaré officiellement, que la Région africaine de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est exempte de poliovirus sauvage.
La décision de la Commission africaine de certification de l’éradication de la poliomyélite est intervenue après un processus exhaustif de documentation et d’analyse sur plusieurs décennies de la surveillance de la poliomyélite, de la vaccination et des capacités de laboratoire des 47 États membres de la Région, qui comprenait des visites de vérification sur le terrain dans chaque pays.
Qu'est-ce que la poliomyélite ?
Communément appelée polio, la poliomyélite est une maladie très contagieuse provoquée par un virus. Elle envahit le système nerveux et peut entraîner une paralysie totale en quelques heures. Selon l’OMS, la poliomyélite touche principalement les enfants de moins de 5 ans.
Dr Dahy Ka, infectiologue au service des maladies infectieuses et tropicales du Centre hospitalier universitaire de Fann à Dakar, confirme à Africa Check que la « poliomyélite antérieure aiguë (PAA) encore appelée maladie de Heine-Medn ou paralysie infantile est une maladie infectieuse aiguë et contagieuse ». La poliomyélite est « une maladie à déclaration obligatoire », c'est-à-dire qu’il faut la déclarer dès qu’il y a un cas, prévient le spécialiste.
Toutefois, l’OMS assure que dans la plupart des pays, l’action mondiale a permis de renforcer les capacités de lutte contre d’autres maladies infectieuses en développant des systèmes de surveillance et de vaccination efficaces.
Symptômes et mode de transmission de la poliomyélite
La poliomyélite se manifeste d'abord par « des symptômes de type grippal (fièvre, fatigue, céphalées) pouvant s'accompagner de vomissements, raideur de la nuque et douleurs dans les membres », peut-on lire sur le site de l'Institut Pasteur.
Une paralysie irréversible (des jambes généralement) survient chez une personne infectée sur 200 environ, poursuit l'article qui indique que « sans mesure palliative, entre 5 et 10 % des patients paralysés meurent par asphyxie du fait de la paralysie des muscles assurant la ventilation ».
L'OMS indique que le virus de la poliomyélite se multiplie dans l'intestin et se transmet d'une personne à une autre principalement par voie fécale-orale. La transmission est aussi possible par voie aérienne à partir de sécrétions rhino-pharyngées, souligne Dr Dahy Ka.
Comment prévenir la polio ?
En l'absence de traitement, la vaccination est la seule action médicale préventive, indique l'Institut Pasteur. Selon l'OMS, il existe deux types de vaccin contre la poliomyélite.
Il y a le vaccin anti poliomyélite inactivé (VPI) qui, selon le Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec « protège contre les trois types de poliovirus plus 90 % des personnes ayant reçu deux doses et près de 100 % de ceux qui ont reçu la troisième dose de 6 à 12 mois plus tard ». L'OMS souligne qu'il « comprend des souches inactivées (mortes) des trois types de poliovirus (et) fait l'objet d'une injection intramusculaire réalisée obligatoirement par un agent de santé qualifié ». Même s'il prévient l'infection, le VPI n'interrompt pas la transmission du virus, prévient l'OMS.
Le vaccin poliomyélite oral (VPO) est le deuxième type de vaccin contre la polio. Il contient des souches vivantes et atténuées de polivirus et se prend par voie orale. ll ne nécessite donc pas le recours à des agents santés qualifiés, souligne l'OMS qui précise que c'est « le seul moyen efficace d'arrêter la transmission du polivirus en cas de flambée épidémique », puisque trois doses de VPO confèrent « une immunité à vie ». Ce vaccin présente toutefois un inconvénient, « la possibilité d'induire la maladie chez certaines personnes vaccinées et l'introduction dans la nature de souches de polivirus vivantes », selon l'Institut Pasteur.
Le Sénégal utilise le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO) et le vaccin polio à virus inactivé (VPI) relève le Dr Ousseynou Badiane, directeur du Programme élargi de vaccination. Le « VPO protège contre la polio de types 1 et 3 et le VPI protège contre les types 1, 2, 3 », ajoute-t-il
Poliomyélite dérivée d'une souche vaccinale
Cette note de l’OMS indique que « le VPO peut entraîner l'apparition d'une poliomyélite paralytique associée au vaccin (PPAV) et d'un polivirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDV) ». Les deux phénomènes sont semblables mais distincts, précise le document.
Le premier est causé par « la modification génétique, dans l'intestin, de la souche vaccinale atténuée présente à l'origine dans le VPO », précise l'OMS. La PPAV « est associée à l'administration d'une dose unique de VPO à un enfant ou peut survenir chez un proche contact non vacciné ou non immunisé du vacciné qui excrète le virus muté », ajoute l'agence onusienne.
Pour ce qui est du PVDV, l'OMS fait savoir qu'il s'agit d'une souche de polivirus « très rare issue de la modification génétique de la souche originale contenue dans le VPO ». Sous certaines conditions, « une souche de PVDV peut subir des modifications et reprendre une forme susceptible de causer une paralysie chez l'homme et d'acquérir une capacité ce circulation prolongée ». L'agence onusienne précise que cela survient « lorsque la vaccination systématique ou les activités de vaccination supplémentaires ne sont pas correctement menées, laissant une partie de la population exposée au poliovirus ».
Des cas de PVDV ont été signalés en 2017 en Syrie, en 2018 en République démocratique du Congo, au Nigeria, en Somalie et en Papouasie Nouvelle Guinée.
Pourquoi la polio refait surface au Sénégal ?
Le chef de la brigade régionale d’hygiène de Diourbel, où les cas de poliomyélite ont été signalés, impute le retour de la poliomyélite au relâchement dans la vaccination.
Le directeur du Programme élargi de vaccination, Dr Ousseynou Badiane, joint par Africa Check, explique qu’au début de la pandémie de la Covid-19, « il y a eu effectivement une baisse des performances » due à plusieurs causes notamment le fait que les autorités « avaient demandé aux Sénégalais de réduire leur déplacement, de rester chez eux ». Mais, poursuit Dr Badiane, « tout le monde s’est très vite ressaisi. Des directives du ministère de la Santé pour une sensibilisation accrue avaient été reçues ».
Dr Badiane précise toutefois que « de tout temps, certaines zones, comme Touba, sont moins vaccinées que d’autres ». Quand les premiers cas de polio ont été déclarés en 2020, une enquête de voisinage pour avoir une idée sur la couverture vaccinale a été menée sur des enfants de plus de 5 ans à Touba, il s’est avéré que « 45 % n’avaient pas reçu le vaccin polio à virus inactivé », précise-t-il.
L’OMS et l'Unicef avaient d’ailleurs, le 6 novembre 2020, alerté le monde, sur le risque de résurgence de maladies comme la poliomyélite et la rougeole du fait notamment de la pandémie de la Covid-19.
Pour faire face à la résurgence de la polio, les autorités sanitaires sénégalaises ont lancé en mai 2021 une campagne de vaccination de rattrapage qui a permis de vacciné 34 224 enfants âgés de 3 à 5 ans dans la région de Diourbel.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
DEVOIRS DE VACANCES
EXCLUSIF SENEPLUS - Voici ce que je pense être de la résilience, d’utilité publique et de lutte contre cette pandémie qui bousille notre quotidien, hypothèque notre avenir, tue... nos vieux et depuis peu, nos jeunes aussi
Il paraîtrait que lors du dernier Conseil des ministres, Sa Majesté aurait dit (décrété plutôt) à sa cour rapprochée : "vous pas bouger cet hivernage ; vous pas aller en vacances à l’extérieur, vous rester à vos postes pour lutter contre le Covid".
Avec toute l’impertinence respectueuse qui sied quand je m’adresse à votre Honneur, permettez (l’autre aurait dit « souffrez ») que je questionne votre décret-loi et suggère irrespectueusement d’autres ordres (décrets) à donner.
Ils sont en vacances et ils ne vont pas ...en vacances à Paris ou dans quelques îles exotiques, que vont-ils foutre pendant leurs trente jours de résidence à domicile ? Conduire progéniture et petits fils à la piscine du pote hôtelier ? Amener « bonbonne » tous les soirs au resto au bord de la mer après l’avoir déposé l’après-midi à son salon de manucure, coiffure, ou autre salon de thé très privé ?
Ils peuvent aussi avec leurs potes de farniente, organiser des tours de méchoui et de pétale de gueule dans leurs champs et autres vergers bien camouflés derrière de hauts murs. Avec les maîtresses et autres secrétaires ; bien sûr pas de madame qui est occupée ailleurs avec les copines à dilapider le « sursalaire » de monsieur le ministre de mari. Dans le meilleur (pire ?) des cas, ils peuvent aussi continuer à aller au bureau, téléphoner à tous les potes et à toutes les maîtresses du bout du monde, en rigolant bien haut, bien loin des 29-30 degrés du dehors. Ils peuvent aussi... ne rien foutre de votre interdiction de voyager en inventant un « motif impérieux » voire très impérieux du genre fiston ou la bru très malade là où elle étudie : Paris, Lisbonne, Montréal, New York, ou pourquoi pas en Chine. Ou tient, le Japon ? Histoire d’aller voir les Jeux avec le « deuxième bureau » ! Admettez, votre Altesse, que c’est très peu productif, ni anti-Covid.
Permettez que je partage avec Votre Majesté, le fruit de mes longues journées de confinement, de lectures diagonales de la presse, d’écoute d’une seule oreille de nos bandes FM, des coups d’œil furtifs aux programmes très peu instructifs de nos télés. Surtout la vôtre, qui est en principe, permettez-moi de vous le rappeler, la nôtre ! Même si mon jeune frère DG de notre très peu télé publique, RAS, s’évertue maladroitement et vainement à nous faire croire que les seules activités qui sont d’utilité publique sont vos activités et celles de vos ministres. Mais bon, passons...
Alors, voilà donc ce que je pense être de la résilience, d’utilité publique, de vacances citoyennes et de lutte contre cette saloperie de Covid qui bousille notre quotidien, hypothèque notre avenir et tue... nos vieux et nos vielles. Et depuis peu, nos jeunes aussi.
Vous décrétez :
Art 1 : 5 mois de retenue de salaires de tous vos ministres. Ils gardent leurs avantages.
Art 2 : 3 mois de retenue de salaires pour tous les DG avec moins de trois brisques ; 5 mois de salaires pour les DG de plus trois briques ;
Art 3 : vous envoyez à l’ancien, l’honorable président inamovible, de l’Assemblée, un projet de loi instituant une retenue de salaire de dix mois (oui 10) pour les députés de la majorité. Je sais bien qu’on dit qu’une loi est générale, non particulière, ni discriminatoire et bla-bla, mais depuis quelque temps maintenant, vous prenez des lois avec l’aide très zélée de cette majorité justement, qui sont très discriminantes, à visée très ciblée comme celle contre les millions de Sénégalais « terroristes » qui oseraient porter des brassards rouges au centre-ville près de votre auguste demeure, sur les routes cahoteuses (et chaotiques) de nos villages abandonnés.
Pour les autres députés (opposition et/+ou apparentés), connaissant leur patriotisme et ne voulant être pointés du doigt comme de très peu honorables, ils vont « s’autoretenir » (d’accord le verbe n’existe pas, mais on se comprend non ?).
Art 4 : Concerne aussi tous les privilégiés que j’ai omis, mais dont vous détenez sous vos puissants coudes les dossiers. Ils seront taxés à hauteur de 90% de leurs indélicatesses et, ils évitent (très provisoirement, parce que je suppose que Boy Sonko n’acceptera pas qu’ils échappent aux rigueurs de la loi) le séjour très peu farniente de Rebeuss.
Art 5 : Tous au bled, au village, à la ville natale, au quartier résidentiel (ils peuvent y aller avec leurs voitures de fonction puisqu’ils vont bosser, lutter contre le Covid, en menant de puissantes campagnes de proximité contre le Covid tueur. Vous vous rappelez Majesté, les campagnes que les Maos (vous en fûtes, parait-il) menaient pendant les vacances. Quand ils avaient encore quelques idées très populistes, bizarres même, mais tout compte fait très utiles. Voilà : tous près du peuple, dans le peuple, pour le peuple. Contre le Covid assassin.
Art 6 : a) cette campagne n’est pas un prétexte pour mener une campagne locale anticipée ;
a) si leur travail s’avère utile, les électeurs s’en souviendront quand même dans six mois ;
c) Il est absolument interdit de drainer des foules ni de faire « khawarés » avec Tam-tams et titi quanti. Et les masques sont obligatoires ; les gels aussi, et à distance raisonnable.
Art 7 : Laye Diallo et monsieur Hott, sont chargés de nous calculer tout ça. Somme que vous rendrez publique lors d’une de vos sorties télévisées très « Niangal » dont vous confierez la gestion à un comité composé de personnalités aux mains très propres.
Les Docteurs, les travailleurs de la Santé, et le ministre du Covid, nous diront quels sont les besoins en : vaccins, masques, gel, structures de santé de base, hôpitaux (régions ou départements) ; etc.
Voilà Votre Majesté. Les mauvaises suggestions d’un de vos sujets « mal pensants utilement (futilement) ! Ah oui, pour terminer, je vous informe que j’ai soumis ce texte « insoumis » à un ami juriste, Professeur, Docteur (mais) à la retraite pour voir s’il ne tombait pas imprudemment dans les « non-dits », mais bien visibles articles du Code pénal nouveau contre les probables éventuels actes et écrits terroristes. Il m’a affirmé que non. Et cela jusqu’à l’extinction de votre règne, Majesté. Mais vous savez, je ne suis que modérément convaincu. Parce que depuis quelques années, nos juristes ont la fâcheuse habitude (très naturelle parait-il) de n’être d’accord sur rien. C’est selon les bords. Leurs bords. Même votre tailleur constitutionnel de « haute couture (il y tient) a trouvé un nouveau job depuis qu’il vous a taillé tous les textes liberticides et que vous l’avez ensuite viré (pourquoi d’ailleurs l’avez-vous viré ? Il en faisait trop ou pas assez ?) ; donc son nouveau job : avocat du diable spécialisé dans « l’embrouillage » et « l’enfumage des esprits ».
Je vous souhaite de très bonnes vacances d’utilité publique. Si tant est que le Covid et ses cas positifs en constantes hausses et mortels vous en laissent le loisir. Surtout qu’il parait, que jamais de mémoire de « creuseurs de tombes », ils n’en avaient autant creusé que ces jours-ci.
Il faut saluer la gratuité de la prise en charge des cas de Covid-19 par les structures sanitaires. Néanmoins, le contexte du financement de la santé était marqué par la faiblesse des dépenses gouvernementales, des retards de remboursement des dettes
C’est le 30 janvier 2020 que l’OMS a déclaré l’épidémie de Covid-19 comme urgence sanitaire de portée internationale et le Sénégal a déclaré son 1er cas le 2 mars.
Il faut se féliciter du fait que les techniciens du ministère de la Santé aient engrangé une expertise avérée en matière de lutte contre les épidémies, édifiée graduellement, depuis plus d’une décennie. Cela nous vaut la prise en charge de multiples alertes, tout au long de l’année, qu’il s’agisse de flambées épisodiques de rougeole, d’épidémies de gastroentérites ou de dengue...
Il y a surtout eu le tournant de la fièvre à virus Ébola en 2014-2015, qui avait conduit à la mise sur pied du centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS).
La bonne gestion de la phase préparatoire de la pandémie de Covid-19 a valu à notre pays de figurer dans le top 5 des pays africains ayant fait preuve d’une grande proactivité à côté du Rwanda, du Ghana, de l’Afrique du Sud et du Kenya.
Il est vrai que l’État sénégalais a très tôt fait preuve d’un fort engagement et accepté de financer le plan de riposte élaboré par les techniciens du Ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Néanmoins, l’expérience d’Ébola nous a montré toutes les difficultés rencontrées par nos systèmes sanitaires à répondre efficacement à ce genre de défis.
Forces et faiblesses du système de santé
Dans notre pays, la pratique médicale porte encore les stigmates de l’approche coloniale, qui était surtout centrée sur le contrôle des endémies (trypanosomiase, malaria, pian, variole), d’où sa structuration verticale. Après son accession à la souveraineté nationale, notre pays, le Sénégal, a hérité de cette organisation du système, avec prédominance de la composante curative.
C’est sous ce prisme qu’il faut comprendre l’institutionnalisation progressive des pratiques de planification, découlant, de la Déclaration de la politique de santé et d’action sociale de juin 1989, qui a consacré l’approche programme. Ces orientations qualifiées, à l’époque, de nouvelles se sont matérialisées à travers un premier plan national de développement sanitaire (PNDS), pour la période 1998-2007. Un second PNDS fut élaboré́ pour la période 2009-2018 et celui en cours va s’étendre de 2019 à 2028.
Il s’en suivra mise en place d’une direction de la planification, la recherche et les statistiques (DPRS) et d’une direction générale de la santé (DGS) en vue du renforcement des activités de suivi-évaluation des activités de planification à travers la pyramide sanitaire et de mise en cohérence de la composante socio-sanitaire, avec le rattachement de l’action sociale au MSAS.
Outre ces acquis réels à consolider, il faut également saluer quelques initiatives louables comme une meilleure disponibilité et accessibilité financière des produits contraceptifs, l’introduction de nouveaux antigènes dans le programme élargi de vaccination et la mise en branle de la couverture sanitaire universelle incluant des initiatives de gratuité telles que la prise en charge des enfants de moins de cinq ans et celle des personnes âgées de plus de 60 ans (plan Sésame).
Malgré tous ces efforts, l’absence d’une politique de santé en conformité avec les objectifs de développement durable (ODD) a été déplorée, la dernière version remontant à la Déclaration de la Politique de Santé et d’Action Sociale évoquée précédemment. Elle se répercute sur les différents piliers du système sanitaire.
Il ressort donc de l’analyse sommaire des points forts et des faiblesses du système de santé sénégalais, en se basant sur les six piliers de l’OMS, une vulnérabilité certaine malgré l’existence de certains acquis indéniables.
Effets contradictoires d’un défi sanitaire inhabituel
En effet, malgré leur apparente simplicité, les gestes barrières exigent, dans un laps de temps très court, des changements de comportements touchant aux relations sociales, à la culture et même à la religion.
On a finalement réalisé qu’une communication sur les risques avait des implications socio-anthropologiques, nécessitant l’engagement communautaire et ne saurait se limiter à la simple diffusion de spots radio-télévisés.
Jamais épidémie n’aura suscité autant de rumeurs folles et de théories complotistes découlant de la domination économique et culturelle de nos pays et alimentées par l’interventionnisme de nouvelles fondations, comme celle de Bill & Melinda Gates, prétendument philanthropiques, mais très engagées dans la défense et la promotion des valeurs du libéralisme économique.
En frappant durement les pays industrialisés et en épargnant relativement les pays à revenus faibles, la Covid-19 a brouillé les repères et paradoxalement renforcé le sentiment de fierté des pays africains mis à mal par des siècles de brimades et d’humiliations. Forts de leur expertise dans la lutte contre les épidémies, plusieurs d’entre eux ont, fait preuve, tout au moins au début, de méthode, de rigueur et de savoir-faire, une démarche contrastant avec les tergiversations des leaders des principales puissances occidentales, dont la gestion catastrophique de la pandémie a induit d’énormes coûts financiers et humains.
Cette situation a également ouvert, dans nos pays, de nouveaux espaces à la médecine traditionnelle et aux plantes médicinales, contribuant à magnifier la recherche médico-pharmaceutique locale.
La crainte de la contagion par le SARS-COV2 a drastiquement réduit le taux de fréquentation des structures de soins, avec rupture de la continuité des services. Cela a engendré une prolifération de pathologies Non-Covid dépistées et/ou prises en charge tardivement, avec des risques accrus de complications fatales par manque de suivi.
L’autre hantise omniprésente au cours de cette pandémie est le risque de débordement des capacités des structures de soins, surtout dans nos pays à revenus faibles ayant des systèmes sanitaires fragiles. C’est pour minorer l’impact de cette rupture de la continuité des services et écarter tout risque de dépassement des capacités de prise en charge des cas sur la santé des populations que les sociétés savantes de notre pays ont réfléchi sur la redéfinition des parcours de soins dans les structures sanitaires. Plusieurs experts dans plusieurs disciplines médico-pharmaceutiques ont également adopté des algorithmes de prise en charge depuis le domicile jusqu’à l’hôpital de niveau 3, en fonction de la gravité du tableau clinique.
Jamais auparavant, les enjeux financiers qui agitent le monde médical ne sont apparus de manière aussi flagrante aux yeux de l’opinion se manifestant par une âpre bataille autour de l’arsenal thérapeutique utilisé pour la prise en charge étiologique des cas de Covid-19, que l’OMS s’est avérée impuissante à arbitrer.
Malheureusement, la fabrication du vaccin anti-Covid-19, qui constitue le dernier espoir de juguler cette pandémie dévastatrice a, elle aussi, subi les contrecoups des rivalités géopolitiques entre la Chine, la Russie et les pays occidentaux, mais aussi et surtout des convoitises financières des laboratoires occidentaux.
Que faire pour renforcer la capacité de résilience du système sanitaire ?
La résilience est un concept nouveau, que l’épidémie de la fièvre à virus Ébola survenue en Afrique de l’Ouest (2014-2016), a contribué à davantage populariser, qui traduit la capacité des systèmes de santé à réagir à des chocs externes. De fait, les systèmes de santé des 3 pays les plus atteints à l’époque (Guinée, Libéria et Sierra Leone) avaient des capacités limitées. Les dysfonctionnements touchant plusieurs fonctions du système de santé généralement considérées comme essentielles, avaient alors empêché, la mise sur pied d’une riposte appropriée et rapide face à la flambée. Dans des pays comme le Nigéria et le Sénégal ayant des systèmes sanitaires un peu mieux structurés, l’épidémie avait pu être circonscrite et/ou rapidement maîtrisée.
Pour ce qui est de la présente pandémie de Covid-19, certains facteurs ont fragilisé la riposte.
Il s’agit de défaillances flagrantes dans le management des ressources humaines, ce qui est désastreux, quand on sait le rôle crucial que jouent les agents de santé dans la gestion des crises émergentes et dans le maintien des services de santé lors de situations de calamité publique durable. L’État a dû procéder à des enrôlements intempestifs de personnels temporaires pour combler les gaps en matière de ressources humaines. Les équipements de protection étaient insuffisants au début et ont été prioritairement affectés aux agents de santé travaillant dans les centres de traitement des épidémies (CTE), centres dédiés à la prise en charge des cas confirmés de Covid-19. Ensuite, il a été déploré le retard de paiement des honoraires des agents recrutés dans les centres de traitement des épidémies, ce qui a contribué à les démotiver.
Contrairement aux autres crises sanitaires, qui touchaient essentiellement le continent africain, cette pandémie de Covid-19 a davantage atteint les pays développés, compromettant ainsi le soutien habituel des partenaires techniques et financiers (P.T.F), qui renforçait, tant soit peu, la résilience des systèmes de santé africains.
Plusieurs fonctions du système de santé que l’on considère généralement comme essentielles ont connu des reculs. Il en est ainsi des ressources humaines, de l’infrastructure, la logistique, l’information sanitaire, la surveillance, la gouvernance et des systèmes d’approvisionnement en médicaments.
Il faut saluer la gratuité de la prise en charge des cas de Covid-19 par les structures sanitaires. Néanmoins, le contexte du financement de la santé était marqué par la faiblesse des dépenses gouvernementales, des retards de remboursement des dettes dues aux structures et de mise à disposition des subventions. Au même moment, les dépenses privées – qui prenaient principalement la forme de paiements directs des services de santé par l’usager (out-of-pocket payments) – étaient relativement importantes.
Habituellement, l’aide extérieure dans le domaine de la santé est prioritairement orientée vers des pathologies spécifiques, dans le cadre du Fonds Mondial (infection due au virus de l’immunodéficience humaine, paludisme et tuberculose), et dans une moindre mesure, vers la santé reproductive (services de santé de la mère et de l’enfant).
L’incapacité l’État à assurer un financement satisfaisant du système de santé est aggravée par l’allocation inéquitable et l’utilisation inefficiente des ressources dévolues aux différentes structures sanitaires, notamment celles hospitalières.
Le plan d’investissement récemment élaboré par le gouvernement sénégalais a pour ambition de répondre à cette exigence, de procéder, le plus vite possible à des investissements importants et à et des réformes adéquates dans les systèmes de santé. Faute de quoi, les faiblesses préexistantes des systèmes de santé s’aggraveront.
Les gouvernements nationaux doivent élaborer et mettre en œuvre des stratégies visant à rendre leurs systèmes de santé plus solides et plus résilients. Les ressources allouées à la santé et aux autres secteurs sociaux sont apparues durant cette pandémie, plus que jamais comme les investissements utiles et non comme des gouffres financiers, que les gouvernements ont toujours cherché à éviter.
Dans le même ordre d’idées, la lutte contre la Covid-19 a aussi mis en évidence le besoin d’une plus grande flexibilité aussi au plan du capital humain (renforcement de compétences en prise en charge des urgences, réanimation, santé communautaire...), qu’à celui de la réallocation budgétaire.
Il faut impérativement relever de nouveaux défis (extrême contagiosité, confinement...) liés à la nécessité d’une nouvelle approche contre la dépendance (personnes âgées, handicapées et malades mentaux...).
Au vu des ravages causés par la Covid-19 au niveau de groupes vulnérables, sans protection sociale (travailleurs licenciés, minorités ethniques surtout aux USA...), n’est-il pas temps pour les gouvernements d’accorder la primauté à la couverture sanitaire universelle face aux schémas de médecine individuelle et/ou privée ?
Partout dans le monde, mais plus particulièrement dans les pays à revenus faibles et intermédiaires se pose la question de la souveraineté alimentaire et sur celle dans des secteurs aussi sensibles que les médicaments, les technologies...
La pandémie de Covid-19 est un révélateur des dysfonctionnements dans la gouvernance des problématiques socio-sanitaires, qui répondent à de nombreux déterminants sociaux. Ces défis embrassent la totalité de la sphère socio-économique, y compris les questions culturelles et environnementales. C’est dire que l’humanité entière est interpelée sur l’urgence et la nécessité d’opérer des ruptures courageuses dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques. À défaut, c’est l’avenir de l’espèce humaine, qui pourrait être en jeu.
Dr Mohamed Lamine Ly est spécialisé en santé publique
Pour la version complète, se référer au lien suivant :
FACE AU RISQUE DE SATURATION, LE SÉNÉGAL OUVRE DE NOUVEAUX CENTRES DU CORONAVIRUS
Deux des trois sites identifiés, sur l'ancien aéroport international de Dakar et à Guéréo, au sud-est de la capitale, sont opérationnels et devraient recevoir leurs premiers patients jeudi
Le Sénégal commence cette semaine à accueillir dans de nouveaux centres mais non plus en milieu hospitalier les malades les moins gravement atteints du Covid-19, en raison d'un début de saturation de certains services, a dit mercredi à l'AFP un haut responsable sanitaire.
Le Sénégal avait fait le choix d'hospitaliser systématiquement toutes les personnes chez lesquelles le virus était détecté, y compris celles dépourvues de symptômes plutôt que de les isoler à domicile.
"Nos structures de santé commencent à atteindre un niveau de saturation" en nombre de lits, a dit le Dr Abdoulaye Bousso, directeur du Centre des opérations d'urgences sanitaires, un des principaux responsables de la lutte contre la pandémie dans le pays.
Le Sénégal a donc décidé d'accueillir les malades avec peu ou pas de symptômes dans des centres ouverts à cet effet.
Deux des trois sites identifiés, sur l'ancien aéroport international de Dakar et à Guéréo, au sud-est de la capitale, sont opérationnels et devraient recevoir leurs premiers patients jeudi, a dit le Dr Bousso. Les trois sites ont une capacité de 400 lits, a-t-il précisé.
UNE OPPOSITION VICTIME DE SA PROPRE TURPITUDE
Recours contre les lois modifiant le code pénal et le code de procédure pénal et la nouvelle loi électorale
En saisissant le conseil constitutionnel pour inconstitutionnalité de lois, après le vote des lois modifiant le code pénal et le code de procédure pénal sur le terrorisme et la nouvelle loi électorale, l’opposition parlementaire chercherait logiquement que le juge des élections statuât sur les recours présentés. En effet, à travers cette saisine, la demande d’arbitrage au juge constitutionnel est manifeste.
La modification de la loi sur le code pénal et le code de procédure pénal qui existe depuis 2007 vise à intégrer les formes nouvelles du terrorisme relatives à son financement et à la piraterie maritime transfrontalière, conformément aux standards internationaux, tandis que la nouvelle loi électorale résulte de l’application des points d’accord du dialogue politique sur les élections locales qui pointent à l’Horizon et des recommandations sur l’audit du fichier électoral et du processus électoral.
Naturellement, le conseil constitutionnel saisi a le devoir républicain de statuer sur la requête de l’opposition parlementaire. Comme attendu, des décisions sont rendues sur les recours par le conseil constitutionnel, déclarant lesdites lois constitutionnelles .Cette affaire aurait pu relever de la normalité républicaine si, dans le fond, l’opposition parlementaire avait invoqué des arguments juridiques sérieux pour contester les décisions du conseil constitutionnel, mais faute d’en avoir, elle s’arcboute sur des arguties juridiques assez superfétatoires sur la forme.
Dans le fond, il est impossible de contester la constitutionalité desdites lois du fait qu’il s’est agi d’adapter des standards internationaux à une loi ancienne sur le terrorisme votée en 2007 par ceux-là même de l’opposition qui étaient au pouvoir hier. S’agissant de la nouvelle loi électorale, les dispositions des articles L29 et L30 n’ont jamais bougé depuis le code électoral consensuel de 1992, en plus du fait que le conseil avait rendu la même décision sur la même question en 2019.
Dans la forme, l’opposition, soutient que le conseil constitutionnel ne devait pas statuer alors que trois de ces membres sont absents. Comment vouloir une chose et son contraire ? Comment demander au conseil constitutionnel de statuer et dire, après décision, que celui-ci ne peut pas statuer ?
Non seulement, il y a un problème de cohérence qui se pose sur la démarche de l’opposition, mais, plus fondamentalement, deux remarques importantes qui les renvoient à leurs copies, s’imposent :
Premièrement, le conseil constitutionnel a toujours statué sans la présence de tous ses membres, lorsqu’en l’occurrence la majorité est présente ; Il en était ainsi à plusieurs reprises avec la présence trois membres sur cinq antérieurement et, aujourd’hui, de quatre membres sur sept, rien de nouveau sous les cieux.
Deuxièmement, la loi organique sur le conseil postule que celui-ci ne peut délibérer qu’en présence de tous ces membres sauf empêchement temporaire de trois d’entre eux au plus, dument constatés par les autres. Il s’agit ici de trois membres d’entre eux au plus qui vont être désignés ultérieurement ; temporaire s’applique ici à l’institution et aux membres et non à des personnes intuitu personae et, en l’espèce, ceux dont les mandats sont arrivés à expiration ou disparus vont être remplacés par d’autres membres, d’où le caractère provisoire. C’est dire qu’il ne peut en aucun cas se présenter une situation de vide institutionnel, même si trois parmi les sept ne sont plus membres du conseil constitutionnel.
Au surplus, le conseil constitutionnel a tenu à expliciter la régularité de sa composition lors de la délibération sur les recours de l’opposition relatifs à la modification de la loi sur le code pénal et le code de procédure pénal et la nouvelle loi électorale et, en attendant de pourvoir trois membres, l’institution peut bien connaitre des recours.
Kadialy Gassama, Economiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque
LES JEUNES, LES RESEAUX SOCIAUX ET LA DEMOCRATIE
Souleymane Bachir Diagne pointe ses projecteurs sur l’état de la démocratie dans le monde, en insistant sur le cas des Etats-Unis fraîchement sortis de l’ère Trump.
Dans un monde qui bouge à une vitesse vertigineuse, tous les schémas sont bousculés. Le Professeur Souleymane Bachir Diagne, qui enseigne à l’université Columbia aux Etats-Unis et dont la spécialité est de l’histoire des sciences et la philosophie islamique, pointe, dans cette interview, ses projecteurs sur l’état de la démocratie dans le monde, en insistant sur le cas des Etats-Unis fraîchement sortis de l’ère Trump.
Pour ce philosophe considéré comme l’un des meilleurs au monde, la vitesse qui imprime la cadence des mutations observées partout dans le monde exige une attention particulière sur les jeunes et les réseaux sociaux. Dans ce premier jet de notre entretien, le Pr Souleymane Bachir Diagne conseille une prise de conscience urgente des enjeux, si l’Afrique ne veut pas rater les grands rendez-vous de l’histoire.
Bonjour Professeur. Nous vous remercions d’avoir bien accepté de vous entretenir avec nous. Le prétexte de cette interview, ce sont nos 10 ans d’existence que nous célébrons. Et que nous avons choisi de le faire coïncider avec le premier anniversaire du décès de Babacar Touré.
Justement, avec ce préambule, j’aimerais dire à quel point je suis heureux de participer à la célébration de ce 10ème anniversaire parce que la presse, c’est important en régime démocratique. Et un journal qui fête ses 10 ans, c’est un journal qui a grandi. J’en profite donc pour saluer la mémoire de Babacar Touré. C’est quelqu’un pour qui j’avais une énorme considération. Et je suis heureux de pouvoir participer ainsi à cet hommage qui est rendu à cette figure irremplaçable qu’il aura été pour la presse sénégalaise et la démocratie sénégalaise en général.
Merci pour cet hommage. Il y a de plus en plus de personnes émettent des doutes sur la viabilité de la démocratie comme système politique capable de prendre en charge les préoccupations du citoyen. Peut-on parler de la crise de la démocratie dans nos pays ? Ou même d’une crise à un niveau mondial, au regard de ce qu’on observe en terme de montée de l’intolérance, du racisme etc ?
Absolument. Je pense qu’il faut d’abord commencer par le monde dans sa globalité et dire qu’il y a une crise réelle de la démocratie et que cette crise est mondiale. On vit un moment où, il y a une compétition ouverte entre des régimes plutôt autoritaires, mais qui tablent sur leur propre efficacité économique et qui mettent, pour ainsi dire, les démocraties sur la défensive. On a vu des crises absolument inouïes auxquelles on n’aurait pas pensé, il y a simplement quelques années, se manifester. Lorsque par exemple, la démocratie américaine elle-même a été très fortement chahutée. Et il est clair qu’aujourd’hui, il y a un effort aussi – il ne faut pas se le cacher – pour discréditer la démocratie. Du coup, il y a une sorte de tentation de dire, mais après tout, la démocratie, c’est un régime comme un autre. Est-ce qu’il n’est pas préférable d’aller vers des régimes qui manifesteraient une plus grande efficacité. On pourrait douter que la démocratie soit véritablement efficace pour faire face à un certain nombre de défis (…).
D’ailleurs, un de vos collègues le Pr Djibril Samb, dans son dernier ouvrage, évoque ce qu’il nomme ‘’Post-démocratie’’, en invitant à penser à un autre système qui serait meilleur. Cela rentre peut-être dans ce cadre-là aussi ?
Oui, d’une certaine façon. Maintenant, tout dépend de ce qu’on veut mettre sous le terme ‘’meilleur’’. C’est la raison pour laquelle, j’ai utilisé jusqu’à présent le concept d’efficacité. On peut avoir l’impression qu’un régime ou une décision rationnelle s’impose à tous et qui serait donc plus efficace. A ce moment-là, on met sous le terme ‘’meilleur’’, l’idée de la notion d’efficacité. Mais, il ne faut jamais oublier que la démocratie est d’abord et avant tout, un idéal éthique. Si on est convaincu, sur le plan éthique et philosophique, qu’un régime démocratique est le régime qui se prête le mieux à l’épanouissement de ce qu’il y a de plus important chez l’humain (…) ceci est d’abord une thèse éthique.
Et si la démocratie repose sur cet idéal éthique, à ce moment-là, la notion de ‘’meilleur’’ change totalement de sens. Et donc, cela nous conduit à dire que, si dans notre monde aujourd’hui, la démocratie est fortement chahutée, la démocratie a montré sa fragilité, sa vulnérabilité, il est quand-même important de tenir ferme l’idéal démocratique au nom de l’humain et au nom d’un certain humanisme et au nom d’une certaine éthique à introduire dans la politique. Je pense que, de ce point de vue, probablement, mon collègue et ami Djibril Samb pourrait être d’accord.
Mais si on favorise l’approche pragmatique et là j’interroge quelque chose qu’on pourrait assimiler à votre intime conviction, pour parler comme le juge, quel serait votre niveau de foi en la démocratie sous l’angle de sa capacité à survivre aux crises actuelles ? Pensez-vous que la démocratie pourra résister au temps, si on prend une échelle temporelle dans 30 ou 50 ans ? Beaucoup de personnes pensent que les perspectives sont sombres.
Je pense qu’il y a un élément de pari à considérer. Parce que mon ultime conviction ne reposera pas sur des évidences qui seraient des évidences absolument indiscutables. On a vu les démocraties s’affaisser. Il faut toujours se rappeler, il est important de regarder les leçons de l’histoire et de se rappeler qu’Hitler est arrivé démocratiquement au pouvoir et son arrivée démocratique au pouvoir a signifié la fin de la démocratie dans l’Allemagne de l’époque. Donc, les fascismes ont toujours prospéré en utilisant précisément, les mécanismes démocratiques pour aller ensuite contre ces mécanismes démocratiques.
Mais, l’un dans l’autre et justement si on se donne le temps long, ce qui fait ma conviction d’une victoire ultime de la démocratie c’est précisément le fait qu’il me semble correspondre à une vérité éthique de ce que signifie être humain. Voilà, ce sur quoi, je fonde ma conviction. D’abord que le régime démocratique est meilleur, malgré tout, y compris dans le long terme, en terme d’efficacité. Parce que, les talents humains se développent mieux dans le long terme en régime de liberté, en régime démocratique et aussi, pour ce qui est de la visée éthique qui est le moteur même de cet idéal démocratique.
On a l’impression que la discussion ou le dialogue n’est plus d’actualité, que les acteurs politiques, sociaux, n’acceptent plus ces règles du jeu.
Oui, j’ai la même impression que vous et je crois que cela fait partie de ce que nous avons convenu d’appeler une crise actuelle des démocraties. C’est-à-dire que la foi ou si vous voulez une adhésion des élites politiques à un certain nombre de règles communes, à un langage qui serait également un langage commun, cette adhésion-là ne va plus de soi. Nous sommes dans un monde qui est très divisé politiquement où, on a l’impression que les divisions politiques, les antagonismes politiques sont devenus de véritables tribalismes. On parle beaucoup de tribalisme, d’ethno-nationalisme, et quand vous parlez de tribu c’est pour dire au fond qu’on n’a même plus de langage commun. Parce qu’avoir des différends, être en désaccord, d’une certaine façon, cela suppose de s’entendre sur une langue commune et de faire référence ensemble à un certain nombre d’institutions dans lesquelles on a confiance.
Et, si ce minimum n’existe plus, vous avez évidemment des différends qui sont absolument irréconciliables. Vous avez des tribus qui ne parlent plus la même langue et vous n’avez plus des possibilités de convergence ou des possibilités de trouver des terrains sur lesquels, il est possible de bâtir des consensus. Et ceci, c’est le grand danger. La grande fragmentation, y compris du langage politique, de la confiance que l’on peut avoir dans les institutions qui imposent les règles du jeu. Si on ne s’entend pas sur les règles du jeu, évidemment, il n’y a plus aucun moyen de concilier les positions et de faire que les sociétés avancent dans l’opposition, mais également, l’accord sur un certain nombre de principes fondamentaux.
Prenons un exemple précis, la crise de la démocratie américaine. Il a suffi qu’un président battu, sortant, dise qu’’’il y a eu fraude et c’est la raison pour laquelle j’ai perdu’’, une simple déclaration, pour que la crise s’installe. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, encore, la proportion de ceux qui ont voté républicain, et qui croient ou en tout cas qui déclarent avec force que les élections ont été truquées est encore extrêmement élevée. Et tout cela a reposé simplement, sur la possibilité de dire que ‘’je n’ai pas confiance en un mécanisme qui pourtant a fonctionné pendant des décennies et des centaines d’années.
Donc, la règle minimale qui voulait que le perdant reconnaisse sa défaite et dise : ‘’vous avez gagné, félicitations’’, cette simple règle, il suffit qu’on ne soit plus d’accord pour prononcer une phrase comme celle-là, pour fausser les règles du jeu. Parce que, précisément, les antagonismes sont devenus tels que cette politique démocratique élémentaire n’est même plus possible, parce qu’on ne voit plus l’autre comme un adversaire politique, mais véritablement, l’ennemi qui appartient à l’autre tribu (…). Cela montre la vulnérabilité et la fragilité de ce régime qui est pourtant, le meilleur en dehors de tous les autres.
C’est même une fragilité globalisée. C’est un retour à la barbarie et on a l’impression que c’est mondialisé. C’est le cas en Afrique… C’est effrayant…
Mais oui, c’est effrayant (…). Dans la Constitution européenne, vous aviez cette sorte de convergence démocratique élémentaire qui faisait que les Etats européens pensaient parler la même langue démocratique. Mais vous avez des régimes, comme la Biélorussie aujourd’hui, ou des régimes très autoritaires comme le régime polonais, ou hongrois (…). Cela montre que l’idéal démocratique, l’impression où on était après la chute du mur de Berlin, que l’humanité allait tranquillement vers une sorte de consensus démocratique, ce sentiment-là n’existe plus aujourd’hui.
Mais aujourd’hui, Professeur est-ce qu’on peut mettre les réseaux sociaux dans le même puzzle de ce que vous êtes en train de décrire comme phénomène d’anarchisation de l’espace public ?
Absolument. Parce que ce sont les réseaux sociaux qui sont principalement, le multiplicateur. Au fondement de cette crise se trouve le fait que nous vivons dans un monde aujourd’hui des réseaux sociaux et de l’amplification que ces réseaux provoquent. Si on veut résumer au fond le problème, on dira qu’absolument les réseaux sociaux par la force des choses, sont aujourd’hui, constitutifs de l’espace public (…) Or, vous avez une propriété privée de l’espace public. Voilà le problème. L’espace public aujourd’hui, est déterminé Twitter, Facebook, tous ces réseaux sociaux. On demandera par exemple à Zuckerberg de contrôler une parole qui devient une parole dangereuse. On demandera à Twitter et il l’a fait, d’enlever à l’ancien Président américain Trump son compte, parce qu’il peut produire des discours qui peuvent être des discours dangereux, puisque la crise du Capitole a montré cela. Ce qui est un vrai problème.
Or, c’est cela l’espace public. Philosophiquement, l’idéal serait un espace public où des individus rationnels donnent une opinion et argumentent. Or, les réseaux sociaux qui déclarent simplement créer des tuyaux en disant que ‘’moi je ne suis responsable que des tuyaux, c’est vous qui êtes responsables des contenus’’ ; cela ne marche pas de cette manière-là. On voit que les réseaux sociaux, ce n’est pas un espace d’argumentation. Les réseaux sociaux en eux-mêmes portaient une promesse démocratique et portent toujours une promesse démocratique, parce que c’est vrai que toutes les voix s’équivalent d’une certaine façon.
Il y a bien du positif…
Oui, il y a un peu de positif (…) Les réseaux sociaux sont la meilleure et la pire des choses. Parce qu’ils offrent un espace à toutes les manipulations, à toutes les fabrications d’opinions. Parce que vous avez des spécialistes des réseaux sociaux qui orientent les opinions, qui peuvent les fabriquer… Qui peuvent se doter des articles d’ici et là, créer artificiellement une discussion et emporter l’adhésion de beaucoup ou alors diffuser de fausses nouvelles, pratiquer la désinformation, etc.
Il faut sans doute préciser que ce n’est pas un apanage purement occidental que dans nos pays, en Afrique, à Dakar, au Sénégal, on remarque qu’avec des échanges qui s’opèrent sur des sujets politiques, sociaux, etc., une certaine virulence, une certaine déviance, et même souvent un langage ordurier, des insultes, etc.
Malheureusement, oui, c’est mondialisé. Et justement, c’est la même culture, ou inculture, qui est répandue partout. Parce que le problème sur les réseaux sociaux c’est que si vous et moi, nous essayons de produire une argumentation quelque peu philosophique, elle n’attirera pas beaucoup d’attention. Elle attirera peut-être l’attention de certains, mais cela ne sera pas sûrement sur les réseaux sociaux. Donc, pour se faire entendre, il faut faire toujours dans l’outrance. Il faut être dans l’insulte, il faut avoir une voix tonitruante. Donc, malheureusement, c’est la nature même du médium qui demande une certaine forme d’outrance pour attirer l’attention dans un milieu où tout le monde a le droit et la possibilité de s’exprimer. Donc, l’insulte malheureusement, fait plus de bruit et attire davantage l’attention qu’un argument qui essaie de produire un raisonnement.
Et comment appréhendez-vous le couple réseaux sociaux-jeunesse, relativement ce qui se passe dans un pays comme le nôtre où la population est très jeune… ? Ces jeunes sont nés avec ces réseaux sociaux pour la plupart…
Plus on avance dans les générations, plus on a affaire à des générations qui sont nées avec l’internet, qui sont nées avec les réseaux sociaux. J’imagine que les jeunes, aujourd’hui, ont du mal à considérer qu’il y a eu un monde avant Internet. C’est leur monde. Ils naissent avec ces outils-là en main. Et d’autre part, tous les sondages le montrent. Qu’il s’agisse d’ailleurs du nord ou du sud, quand vous demandez la proportion les gens qui tiennent leurs informations des réseaux sociaux, non seulement, elle est très importante, elle est évidement de manière disproportionnée, bien plus importante chez les plus jeunes. Plus on est jeune, plus on prend ses informations davantage sur les réseaux sociaux avec son téléphone qu’en lisant des journaux. Et donc, démographiquement, les réseaux sociaux ont de l’importance et vont avoir de plus en plus d’importance. Parce qu’ils sont la source principale d’information et aussi désinformation pour les plus jeunes. C’est avec cela aussi qu’il va falloir essayer de compter.
N’avez-vous pas l’impression que nos sociétés bougent un peu trop vite et que cela pourrait être dangereux pour l’avenir ?
Les sociétés bougent et bougent très vite. Gaston Berger, le père de la Prospective disait que non seulement les choses vont vite mais elles vont aller de plus en plus vite, c’est-à-dire que la vitesse avec laquelle les sociétés changent va être cumulative, exponentielle. Plus ça change, plus ça va changer très vite. Les transformations vont à une vitesse absolument folle et ce sont des transformations technologiques mais évidemment aussi sociales. C’est la raison pour laquelle j’évoque ici Gaston Berger, non pas seulement pour faire une citation, mais pour donner également pour dire que c’est le moment pour faire de la bonne prospective. Nous devons avoir, non pas, le nez sur le guidon, sur le présent, mais essayer d’anticiper. Les sociétés qui s’en tireront le mieux dans ces changements immenses qui sont en train de se produire sont celles qui s’adapteront vite. Parce que sur le plan scientifique et technique, les changements qui se sont produits dans les 50 dernières années et qui vont se produire dans les années qui vont venir vont être infiniment plus importants que l’ensemble des changements qui se sont déroulés pendant des siècles. Il faut que les sociétés anticipent. Il faut une réponse de renforcement de la capacité d’anticipation. C’est ce que commande une situation comme celle-là. Supposons que nous soyons dans une voiture, sur une route que nous ne connaissons pas la nuit tombée, il faut avoir les phares les plus puissants pour pouvoir anticiper des tournants et des virages que l’on ne voit pas ou que l’on ne voit qu’au dernier moment (…) Cela demande une maîtrise profonde des connaissances qu’il faut avoir sur le déroulement du monde et cela demande aussi une bonne imagination appuyée sur une bonne connaissance sociologique.
On peut donc percevoir la jeunesse africaine, sénégalaise comme à la fois une menace et une opportunité ?
Absolument ! C’est la conséquence qu’il faut en tirer. Pour prendre une image, c’est comme ce qu’on appelle la force d’inertie en physique. C’est-à-dire quand vous avez une masse, elle se présente à vous d’abord comme un poids et il est très difficile de la faire bouger. Mais une fois que cette masse est lancée, la force d’inertie signifie que précisément elle n’est pas arrêtable. L’inertie est à la fois le poids qui pèse sur vous, qui s’oppose à ce que vous voulez faire, mais également ce qui, une fois mise en branle accompagne et amplifie vos propres efforts. Nous devons voir notre jeunesse de ce point de vue-là. Nous avons une masse énorme de jeunes. Cela signifie qu’il faut les éduquer, mettre un maximum de maîtres bien formés devant un nombre maximal de classes. Cela signifie également qu’il faut la nourrir cette jeunesse, lui trouver un emploi, etc. Par ailleurs, c’est cela la première richesse des humains, ce sont les humains eux-mêmes. Si nous regardons la démographie mondiale, la jeunesse humaine va se trouver massivement dans deux générations sur le continent africain. L’énergie humaine qui est elle-même le moteur principal de la marche de l’humanité sera sur notre continent. C’est un atout formidable. D’ailleurs, le monde s’en rend compte. La raison pour laquelle on est passé d’un discours très pessimiste, paternaliste et protecteur sur l’Afrique à une véritable compétition qui continue à se développer entre les Nations pour construire des partenariats avec l’Afrique, c’est la réalisation de ce potentiel extraordinaire africain. Ce potentiel n’est pas que constitué de nos ressources naturelles. Ça c’était la vision traditionnelle d’un continent riche en ressources naturelles à exploiter mais c’est également la richesse humaine que l’Afrique va représenter dans un futur qui n’est pas si lointain. Et cela il faut que nous le sachions mais à la condition, ceci n’est pas fatal. Le philosophe Auguste Comte à qui nous devons cette fameuse phrase : la démographie est un destin. Ce qui est vrai. La démographie est déterminante pour les évolutions de nos sociétés. Mais ce destin, il faut l’accompagner, lui donner forme, lui donner une certaine direction. Faire cela signifie mettre l’accent sur l’éducation. Cela veut dire que cette jeunesse africaine sera l’atout principal de notre continent à la condition que nous relevions le défi extraordinaire de l’éducation et de la formation. Seule une jeunesse bien formée sera, indiscutablement, l’atout du continent africain dans l’avenir.