La marine intercepte une pirogue de 71 migrants
Les nombreux chavirements de pirogues de migrants en mer n’ont pas découragé les jeunes qui tentent de rejoindre l’Europe. En tout cas, au Sénégal comme en Gambie, l’émigration clandestine ne faiblit pas. Pour preuve hier, la direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa) informe que la vedette «Ferlo» de la Marine nationale sénégalaise a intercepté samedi, vers 19h40, à 90 km au large de Djifer, la pirogue «Serigne Babacar Sy». Selon la même source, elle serait partie de Bara (Gambie) à destination des Iles Canaries, avec à bord 71 candidats à l’émigration dont 16 Sénégalais et 55 Gambiens. Les migrants ainsi que leurs convoyeurs sont remis à la police qui a ouvert une enquête.
Mary Teuw, candidat par A ou par B…
La bataille de Saint-Louis aura à coup sûr lieu entre Mansour Faye et Mary Teuw Niane. Celui-ci a indiqué hier, dans l’émission Jury du dimanche (Jdd), qu’il sera candidat quel que soit alpha. Il prévoit ainsi d’utiliser toutes les dispositions que lui permettent la loi et le code électoral pour se présenter. Parce que, dit-il, à Saint-Louis, l’APR, c’estle parti de Mansour Faye. Ce qui fait que même si le parti décide autrement, il partira sous sa propre bannière. MTN contre le couvre-feu Restons toujours avec l’ancien ministre de l’Enseignement Supérieur qui s’est également prononcé sur la gestion de la crise sanitaire. Face à la chaîne de contamination inquiétante de la Covid-19, il a appelé à prendre toutes les dispositions pour arrêter la propagation. Seulement il dit dans la foulée constater que les autorités testent très peu de personnes. Malgré la situation, Mary Teuw Niane pense qu’il ne faudrait pas revenir au confinement et au couvre-feu. Aujourd’hui, souligne-t-il, la population est à bout et les gens ont des besoins économiques à satisfaire. L’ancien ministre pense qu’il y a véritablement une certaine pauvreté qui s’est installée et que la classe moyenne commence à perdre son pouvoir d’achat.
Le Douanier Léon Youga Faye inhumé hier
Le Douanier Léon Youga Faye, tué récemment à Rosso Sénégal, repose désormais au cimetière catholique de Mont-Rolland où sa dépouille a été accompagnée ce week-end par une foule nombreuse, après la cérémonie de levée du corps à l’hôpital Saint Jean de Dieu de Thiès. La tristesse était à son comble lors de la levée du corps, en présence de ses frères d’arme qui ont rendu les honneurs à sa dépouille. C’était devant la famille inconsolable, qui a versé beaucoup de larmes, mais aussi les religieux de l’église. Les témoignages ont été unanimes sur l’homme, qui était le soutien de plusieurs familles. Bernard Mendy, son couturier attitré, révèle que le défunt lui avait récemment remis un tissu pour les besoins de la tenue qu’il devait porter le 15 août prochain. D’un commerce très facile, selon les témoignages, il était également la générosité personnifiée et il partageait tout avec sa famille, ses amis, ses voisins. Il s’y ajoute que la violence n’a jamais fait partie de sa vie et il était toujours souriant.
Arrestations de deux élèves de Terminale
A la fin de cette année scolaire, les élèves sont en train en s’illustrer à travers des comportements répréhensibles. Alors qu’on parle encore de l’exclusion de l’élève du lycée de Sanghé qui avait blessé un surveillant, des élèves dans la commune de Nemataba ont saccagé leur lycée. Des jeunes du village de Diamweli dans la commune de Nemataba, département de Vélingara, en colère, ont incendié les cases construites pour loger les enseignants et les tables bancs de l’école. Ils ont agi ainsi pour protester contre la décision du chef de village et de certains notables leur interdisant l’accès aux salles de classes pour organiser une soirée dansante. Alertés, les gendarmes se sont rendus sur les lieux et ont procédé à l’arrestation de deux élèves en classe de Terminale. Ils continuent de traquer d’autres jeunes.
Un poids lourd en feu sur l’autoroute à péage
Un camion de transport de béton s’est renversé hier, sur l’autoroute à péage, à la sortie de Keur Massar, dans le sens Dakar-Aibd. Aussitôt, le poids lourd a pris feu, occasionnant un ralentissement de la circulation. Obligeant la fermeture de la sortie 8.
Les visites suspendues dans les prisons
Face à la recrudescence de la pandémie de covid-19, le directeur de l’administration pénitentiaire a pris des mesures restrictives pour épargner les prisons du virus. Dans un communiqué parvenu à «L’As», le colonel Jean Bertrand Bocandé informe qu’avec la hausse progressive de la courbe épidémiologique du coronavirus, les visites familiales aux détenus au sein des établissements pénitentiaires sont suspendues à compter d’aujourd’hui, et jusqu’à nouvel ordre, pour une meilleure protection sanitaire du milieu carcéral. Cependant, l’administration pénitentiaire accepte les plats venant de l’extérieur les week-ends.
Renvoi des étudiants de l’EISMV
L’Etat du Sénégal est en train de pénaliser les étudiants sénégalais inscrits à l’école Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaire de Dakar (EISMV). Les étudiants sénégalais sont renvoyés des salles d’examen à cause des arriérés de paiement du ministère de l’Enseignement Supérieur. L’administration de l’école a pris la décision ferme de renvoyer les étudiants des pays qui n’ont pas payé les frais de scolarité. Selon la note du directeur de l’école, les arriérés dus au 31 janvier 2021 s’élèvent à 442 440 022 CFA en plus des 10 millions pour la solidarité due au titre de 2021. Ce qui porte à 794,940 millions l’ardoise que le Sénégal doit à l’école. D’autres pays sont dans la même situation que le Sénégal. Il s’agit du Bénin, du Burundi, du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. Les examens vont se poursuivre sans les étudiants ressortissants de ces pays.
Décès du présumé agresseur du chef de l’Etat malien
La personne qui avait tenté d’agresser le Président de la Transition du Mali est décédée hier, au Centre hospitalier universitaire (CHU) du Point G. L’annonce est du gouvernement qui informe l’opinion publique que suite à l’agression perpétrée contre le chef de l’État, le Colonel Assimi Goïta, le 20 juillet 2021 à la Grande Mosquée de Bamako, une enquête a été ouverte pour tentative d’assassinat et d’atteinte à la sûreté de l’État. Selon la même source, l’auteur de l’agression a été immédiatement appréhendé par les services de sécurité. Au cours des investigations qui ont permis de mettre en évidence des indices corroboratifs des infractions susvisées, l’état de santé du présumé agresseur s’est dégradé, indique-t-on. Ainsi il est admis au CHU Gabriel Touré, puis au CHU du Point G, où il est décédé. Pour déterminer les causes du décès, les autorités ont demandé une autopsie. Cependant, le gouvernement rappelle que ce décès ne fait pas obstacle à la poursuite de l’enquête déjà en cours au niveau du parquet de la commune II, surtout que les premiers indices collectés et les informations recueillies indiquent qu’il ne s’agissait pas d’un élément isolé. Il promet de communiquer les résultats de l’autopsie et les suites des investigations dans les prochains jours.De toutes les façons, il y a rien de surprenant….
Démission d’Ansoumana Dione
C’est une lettre salée que le président de l’association sénégalaise pour le suivi et l’assistance aux malades mentaux (ASSAMM) a adressée au ministre de la Santé et de l’Action Sociale pour lui faire part de sa décision de quitter son département. Et ce, de manière définitive ou du moins tant que Abdoulaye Diouf en tiendra les rênes. Ansoumana Dione reproche au maire de Yoff, entre autres griefs, la non-restitution du siège de l’Assamm à Kaolack «confisqué et fermé en 2013» par le Pr Awa Marie Coll Seck. A l’en croire, Abdoulaye Diouf Sarr s’était engagé en 2017 à restituer le local. Mais il tarde à honorer sa décision. Pis, renchérit-il, le ministre de la Santé a fait fi de la note technique, signée en avril 2020, par la Directrice Générale de l’Action Sociale pour la restitution du siège de Kaolack. A cela s’ajoute la question de l’errance des malades mentaux surtout en cette période de pandémie. Nommé en mai 2020, conseiller à la Direction générale de l’Action Sociale, dans l’espoir de pouvoir dérouler, enfin, son programme de retrait des malades mentaux de la rue, surtout avec l’avènement de la Covid-19 au Sénégal, Ansoumana Dione n’a rien pu faire. Il révèle que toutes ses tentatives pour la prise en charge des malades mentaux errants, notamment en cette période de Covid-19, sont jusque-là restées vaines parce que le ministre n’accorde aucune considération à cette couche vulnérable.
Mabousso Thiam décédé
L’ancien Dg de l’Adpme Mabousso Thiam est décédé hier des suites d’une maladie. Artiste, le fils de l’ancien Premier ministre Habib Thiam sera inhumé ce lundi au cimetière de Yoff.
Vente illégale de produits pharmaceutiques
Le marchand ambulant I. D. ainsi que son acolyte L.D. sont déférés au parquet pour vente illégale de produits pharmaceutiques. Les mis en cause sont tombés dans les filets de la Police de Grand Yoff au cours d’une opération de sécurisation, en possession des médicaments prohibés. Ils sont interpellés et conduits avec leurs produits contrefaits à la Police avant d’être placés en garde à vue. Au terme de la garde à vue, les deux marchands sont présentés au procureur.
Détention de chanvre indien
Le tailleur F. Gn. de nationalité malienne est bien particulier. Il est devenu dépendant de la drogue. Le tailleur s’est rendu nuitamment à la zone de captage pour prendre sa dose quotidienne. Mais il a eu la malchance de tomber sur une patrouille des hommes du Commissaire Abdou Sarr de Grand Yoff. Les limiers ont trouvé par devers lui un cornet de chanvre indien. F. Ng sera déféré au parquet au terme de sa garde à vue.
Ivresse publique
Maçon de profession et récidiviste, M. D. croupit à la citadelle du silence pour détention d’arme blanche et ivresse publique manifeste. Le quidam qui habite le quartier Khar Yalla est tombé au quartier Arafat. Ivre comme un Polonais, M. D. qui perturbait le sommeil des habitants dudit quartier détenait une arme blanche. Interrogé par les limiers sur les raisons de sa possession d’arme blanche, M.D parle de défense. Suffisant pour être placé en garde à vue et ensuite déféré au parquet.
Kédougou : un accident fait 48 blessés
Les transporteurs doivent être prudents sur les routes en cette période de retour de fête de tabaski. Sinon beaucoup d’accidents seront enregistrés. Déjà hier, un bus s’est renversé à hauteur du village de Kenioto-Peul, non loin de la commune de Kédougou. Le bilan de l’accident est de 48 blessés dont deux grièvement.
Un deuxième corps repêché à la plage de Niokhop
La série de noyades continue. Hier, un deuxième corps a été repêché après les trois cas de noyade, à la plage de Niokhop à Kayar. Les dépouilles d’Abdou Aziz Ka et d’Abou Ka ont été déposées à la morgue de l’hôpital régional de Thiès. Les recherches se poursuivent pour retrouver un autre jeune porté disparu.
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DES SLOGANS NE FONT PAS L’ÉMERGENCE
De plus en plus des dirigeants africains ne jurent que par l’Émergence. Mais comprennent-ils réellement le concept ? Les anciennes colonies françaises remplissent-elles les conditions de l’émergence ? Pourquoi le Sénégal ne peut pas être émergent ?
La trouvaille de la plupart des anciennes colonies françaises d’Afrique c’est l’émergence. Un concept qu’il mangent à toutes les sauces et qui a donné naissance à des plans des développement avec des horizons divers : 2025, 2035, 2040, etc. Le concept est en vogue et est particulièrement omniprésent dans des contextes de campagne électoraux, meilleur moment pour promettre citoyens monts et merveilles au citoyens. Et tant pis pour ceux qui y croient aux promesses électorales.
Dans cette troisième partie de l’entretien accordée à AfricaGlobe Tv et AfricaGlobe.net le docteur Dembélé Moussa Dembélé, analyse le concept de l’émergence. Son sentiment c’est que les dirigeants africains ne comprennent pas réellement la quintessence de ce concept ou du moins ils en ont une vision réductrice de cette réalité.
Le constat qu’il fait d’emblée c’est que c’est dans la bouche des dirigeants d’anciennes colonies française (Afrique de l’Ouest et du Centre) que le concept est ancré. Et quand ils parlent émergence, ils sont justes focus sur le taux de croissance. Or la croissance n’est ni l’émergence ni le développement. De son point de vue, il y a une confusion entre croissance est développement.
Parlant justement de l’émergence, pour lui cette réaliser requiert un certain nombre de préalables que la plupart des pays qui parle démence ne remplissent pas. Pour s’en convaincre, il faut juste étudier les BRICS qui sont formellement reconnus comme des pays émergents. Mieux, la première condition pour une émergence déjà c’est la souveraineté et la monnaie est un outil de souveraine. Il se trouve que ces anciennes colonies françaises utilisent une monnaie colonies et dont certains comme Ouattara ne veulent pas en sortir sauf contraint et forcé.
In fin, le Chercheur en économie d’un point de vue critique l’inculture des dirigeants africains qui parle d’émergence. D’après lui, ces dirigeants confondent la croissance et le développement. Ils pensent que la croissance est le développement. Ce qui n’est pas le cas parce que le développement est multidimensionnel. Il prend en compte plusieurs aspect. La croissance y contribue certes, mais la croissance à elle seule ne fait pas le développement. Suivez les explications de Demba Moussa Dembélé dans la 3è partie de cette entrevue accordée à AfricaGlobe tv et AfricaGlobe.net.
PAR BIRANE DIOP
J’AI DÉVORÉ MÂLE NOIR
Elgas bouscule encore une fois les conventions sociales bâties sur des bagatelles, des postiches, et nous invite à méditer sur cette question : Qu’est-ce que c’est « Aimer » ?
Cela faisait deux mois que je n’avais pas signé un papier pour une note de lecture ou tout simplement pour aborder un sujet politique, économique ou qui relève de mon domaine d’activité, la gouvernance de l’information. Mais un écrivain majuscule m’a extirpé des caves de la paresse intellectuelle dans lesquelles je m’étais vautrées. Oui, j’avais la flemme d’écrire. C’est quand même grave pour un homme qui se bat contre la défaite de la pensée.
Cela dit, cet auteur est le polémiste El Hadji Souleymane Gassama plus connu sous le nom d’Elgas, père du pamphlet Un Dieu et des Mœurs. Il vient de publier Mâle noir, son premier roman paru aux Éditions Ovadia. Ces deux productions n’ont pas la même matrice mais elles partagent des points communs : la belle écriture et l’originalité.
Dans ce grand texte passionnant, « dérangeant et universel », le narrateur, brillant intellectuel sénégalais, docteur en Anthropologie à l’université de Caen, fan de Brel, de Desproges et du petit Arsenal, trajectoire assez analogue avec celle d’Elgas, évoque plusieurs thématiques comme : l’amour, la liberté, la condition de l’Homme noir, la vie d’immigré en Hexagone avec ses multiples soubresauts, le racisme, et son lot de conneries en toile de fond de ce que Spinoza, appelait « les passions tristes ».
Mais de toutes ces questions majeures, Elgas pointe surtout sa plume éclairée et éclairante sur une notion centrale « Aimer » dont la richesse est sans commune mesure. Que signifie « Aimer » fortement imbiber d’empathie, dans nos relations familiales, amicales, affectives ? Mieux encore, quelle place occupe ce sentiment dans les interstices de nos vies en ces temps gris, de clôtures voire de fermetures ?
Est-ce qu’on peut « Aimer » son prochain comme soi-même en faisant abstraction de sa couleur de peau, de sa langue, de son espace géographique afin d’atteindre dans toute sa plénitude le concept glissantien de la « poétique de la relation ?
D’ailleurs, c’est sur cette magnifique et terrible maxime que commence le livre à la page 11, avec ces mots « Aussi loin que je me souvienne, on ne m’a jamais appris à aimer. Je dois dire que les choses n’ont pas beaucoup évolué. Quand j’ai entrepris moi-même d’y remédier, je n’ai pas eu plus de chance ». Dès l’entame du texte, le Mâle noir porte son regard sur cet infinitif « inexprimé » qui le tiraille, et tenaille son humanité. Le narrateur est dans une quête d’Amour dont il n’arrive à toucher. Il lui est impossible d’aimer. Cette chose qui fait que l’Homme s’évade dans le sourire de son semblable est un territoire interdit pour le Mâle noir.
Pour combler ce manque, il se love dans les abattis du football. « Aimer une famille, des amis, des proches. Un amour. Le grand. L’élu. Je n’en savais rien mais j’en manquais fichtrement. Je voulais apprendre à aimer pour trouver cette libératrice de mon énergie. Rien de tout cela ne se décrétait. Il me restait le foot et le Boxing Day », écrit le narrateur à la page 37. Ces questions qui taraudent son esprit n’épargnent pas sa mère. Pour lui, la vision du monde de sa mère est à la fois binaire et archaïque.
Par conséquent, il s’y oppose. « Je refuse tous les combats qui semblent conditionner mon salut, et peu importe que ça soit face à ma mère. Je ne veux rien en savoir. » page 40. Comme si c’était écrit sur un parchemin, le Mâle noir fait une rencontre décisive avec une fille. Mélodie, une étudiante en géographie à la Sorbonne. Elle touche de plein fouet le cœur du Mâle noir. Grâce à cette femme blanche, il arrive à aimer d’un amour pur. Ces quelques lignes couchées à la page 130 témoignent ce sentiment de grâce. « Ce fut la première fois depuis bien longtemps qu’on m’offrait du soin, de l’attention, de la tendresse. Et je le devais à une petite orpheline dépressive ». Alors que sa mère le voyait avec une fille de sa communauté, de son peuple in fine de son pays. Avec une sénégalaise, tout simplement.
Dans ce manuscrit marqueté de divers sujets comme l’amour, la liberté, l’immigration, le racisme, Elgas bouscule encore une fois les conventions sociales bâties sur des bagatelles, des postiches, et nous invite à méditer sur cette question : Qu’est-ce que c’est « Aimer » ?
SPIRITUEL ET TEMPOREL DANS LA GESTION DES ÉPIDÉMIES AU SÉNÉGAL
Choléra, fièvre jaune, peste… l’élite religieuse et les hommes politiques ont largement contribué auprès des autorités coloniales à la lutte contre les catastrophes en favorisant l’adoption de nouvelles attitudes face à la contagion
El Hadji Gorgui Wade Ndoye |
Publication 25/07/2021
Choléra, fièvre jaune, peste… l’élite religieuse et les hommes politiques ont largement contribué auprès des autorités coloniales à la lutte contre ces catastrophes en favorisant l’adoption de nouvelles attitudes face à la contagion. Hadji Malick Sy pôle de la confrérie tidiane de Tivaoaune, face à la réticence des St- Louisiens de se faire vacciner, donna l’exemple. Il prescrit des mesures à adopter dont la « distanciation physique » ! Brochure que l’administration coloniale se précipita de traduire en français et de partager. Auparavant contre la choléra, Seydina Limaamou Laay, fondateur de la confrérie Layène fit adopter des mesures d’hygiène à Yoff dont la désinfection des habits !
L’histoire du Sénégal est traversée par d’innombrables crises sanitaires qui ont pour noms : fièvre jaune, peste, variole, choléra et autres fléaux aux noms mystérieux. Ces épidémies « furent des moments de fractures sociales, de transformation de l’espace politique et économique mais également d’expérimentation de la bio-politique et de la gouverne-mentalité et de la médicalisation de la société sénégalaise », rappelle Dr. Adama Aly Pam, chef du Département des Archives et de la Bibliothèque de l’UNESCO, à Paris, qui nous guide dans cette traversée.
La fureur de la peste et de la fièvre jaune entre collaboration des marabouts et fracture sociale
A Thiès, suite à deux cas de fièvre jaune, l’administration mit le feu aux cases indigènes et créa le nouveau quartier Randoulène en 1905. Le village des pêcheurs de Guet Ndar fut également incendié à plusieurs reprises. La même expérience est reproduite à Dakar en 1914, à la suite de l’épidémie de peste avec la création de la Médina pour abriter la population indigène. Cette mesure a été à l’origine d’une crise politique majeure entre la population léboue et l’administration coloniale. La défiance de la communauté léboue était telle que le Gouverneur général fit intervenir l’armée pour le maintien de l’ordre à Dakar. C’est dans ce contexte de crise et de défiance des populations contre les mesures sanitaires que les chefs religieux comme Elhadji Malick Sy, le Cheikh Sidya Baba furent mis à contribution afin de contribuer à la communication et à l’adoption des mesures sanitaires. Dans une série de correspondances adressées au Gouverneur, aux populations de Dakar, les chefs religieux ont rappelé les mesures à prendre en vue de sauvegarder la santé publique. Ces derniers ne se limitèrent pas qu’à préconiser des prières et aumônes, ils recommandèrent également aux populations de se conformer à la tradition prophétique de la prévention des maladies contagieuses telles que la lèpre ou la peste. La recommandation faite par Elhadji Malick Sy aux populations de Dakar était d’une extraordinaire modernité. En plus de rappeler le hadith interdisant d’entrer ou de sortir d’une localité atteinte par la peste, le marabout faisait référence aux maladies transmissibles par voies aériennes et rappelait les références bibliographiques médicales contemporains pour illustrer son propos. Face au refus des populations de Guet Ndar de se faire vacciner et de suivre les règlements sanitaires, le marabout donne l’exemple en se vaccinant lui-même. A Dakar, en 1893, le marabout Seydina Limamoulaye apporte un soutien actif à la prévention et à la lutte contre la terrible épidémie de choléra. Il recommande à la population de ne boire que l’eau préalablement bouillie et d’utiliser le chlorure d’acide phéniqué pour traiter les effets des malades. « Une épidémie est un évènement total qui révèle l’individu et le groupe dans leur vulnérabilité mais également c’est par la collaboration d’acteurs divers que les stratégies de lutte contre les épidémies peuvent aboutir à des résultats », soutient Adama Pam dans son livre « Colonisation et santé au Sénégal (1816-1960): crises épidémiques, contrôle social et évolution des idées médicales » publié en février 2018 par l’Harmattan avec la préface du grand historien Professeur Ousseynou Faye de l’Université de Dakar.
L’épidémie transforme l’espace territorial
Devant l’impossibilité de faire admettre les nouvelles valeurs, l’Administration fit recours à plusieurs solutions », souligne Pam. Parmi ces mesures, figurent l’éclatement de la ville de Dakar en ville européenne et en ville indigène, mais surtout de la partition administrative de la colonie du Sénégal en séparant Dakar du reste de la colonie. A l’intérieur de cet espace, les groupes sociaux s’affrontent et utilisent l’argument sanitaire comme arme politique. La peste de 1914 fut habilement exploitée par de nouveaux acteurs politiques indigènes, dont le député Biaise Diagne. Il ressort de cet épisode épidémique une défaillance au sein du système de gestion des épidémies. En effet, les maires des communes évitent de prendre des mesures impopulaires et rejettent sur le gouverneur général de l’A.O.F. la responsabilité des décisions relatives à l’hygiène publique. Tirant les leçons de la crise de 1914, l’administration centrale décide une réforme administrative séparant Dakar de la colonie du Sénégal en 1924. Cette réforme a le double avantage de mettre le chef-lieu de la fédération à l’abri des épidémies et de protéger l’économie de l’A.O.F. des mesures de quarantaine qui sont sans cesse imposées à son encontre à la suite des multiples épidémies qui s’y déclarent. « En effet, en protégeant Dakar on préserve l’unique port militaire de la côte atlantique, à partir duquel toutes les transactions commerciales s’effectuent avec le reste du monde, ainsi que le nouvel aéroport. Pour répondre aux normes des organisations internationales relatives à la fièvre jaune, un certain nombre de critères devaient être remplis par la colonie, en particulier un index stégomyen inférieur à 1 % ». C’est dans le cadre de cette réforme qu’un service spécial de lutte contre la fièvre jaune a été créé pour la circonscription de Dakar et dépendances. A partir de 1927 on recueille les fruits de cette politique. La fièvre jaune n’apparaît plus dans les statistiques médicales de la capitale. La maladie cesse de se manifester dans les centres urbains pour réapparaître dans les campagnes, sans toutefois mettre en péril la capitale, protégée par la vaccination.
Et l’Institut Pasteur Découvrit à Dakar le vaccin !
Les épidémies ont aussi été le champ de l’instrumentalisation politique du fait sanitaire. A défaut de nier l’existence d’une épidémie, l’administration en minimise la gravité en lui donnant dans un premier temps un nom rassurant ou manipule les informations. La presse « métroplitaine » a contraint l’administration à réagir. Le gouverneur Carde fut contraint de rejoindre son poste à Dakar et le ministère des Colonies commit une mission chargée de combattre activement l’épidémie. La mission dirigée par M. Petit membre de l’Académie de Médecine, aboutit à la découverte à l’institut Pasteur de l’AOF de Dakar au vaccin neurotrope contre la fièvre jaune. Cette découverte essentielle permit la mise en place des campagnes de vaccination de masse contre la fièvre jaune et mit définitivement fin aux épidémies cycliques meurtrières de fièvre jaune en Afrique.
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MULTIPLE PHOTOS
ÉBLOUISSANT, LE COLOSSSE CHEIKH ANTA DIOP !
Peut-on préparer toute une conférence sur une carte de visite ? L’égyptologue congolais Théophile Obenga relève quelques qualités exceptionnelles du père de l’égyptologie, le professeur Cheikh Anta Diop, qu’il a côtoyé pendant des années
L’égyptologue congolais Théophile Obenga, disciple et compagnon de Cheikh Anta Diop, rend un vibrant hommage à son mentor, le savant sénégalais et père de l’égyptologie. Le Pr. Théophile Obenga originaire de Congo Brazzaville invité en RDC pour être honoré par ses paires, a profité a détour d’une interview pour lever un coin de voile sur une facette de la vie de Cheikh Anta Diop. Il s’agit du témoignage de souvenir qu’il garde encore de du célèbre chercheur sénégalais, lors de son passage de à Lubumbashi en République démocratique du Congo dans les années.
Théophile Obenga se rappelle que l’égyptologue était très attendu pour une conférence qu’il devrait faire face aux étudiants. Mais paradoxalement, l’invité ne faisait rien en termes de préparation. Il était plutôt zen et relaxe alors que lui Obenga s’en inquiétait. Et quand il l’incite à préparer quelque chose, surprise.
C’est sur le dos d’une carte de visite que Cheikh Anta griffonne juste 1, 2n 3, 4 comme pour rassurer Obenga qui malgré reste sceptique. Mais quand est venu le moment, Cheikh Anta a brillé de mille feux et a émerveillé son audience au point d’être porté en triomphe par les étudiants eux homme, tout colosse qu’il fut. Pour Théophile, la conférence publique qui portait sur «L’histoire ancienne de l’Afrique», tutoyait la perfection en dépit de cette absence manifeste de préparation de la part du conférencier.
Le comble c’est que ça a duré 4 tours d’horloge. « Il l’a fait sans papiers pendant 4 heures un beau discours avec une logique, un vocabulaire choisi, une éloquence», rare à tel enseigne qu’un enseignant belge président confie à Obenga que même si on n’est pas d’accord avec Cheikh Anta Diop, après l’avoir écouté, il faut vraiment l’être.
«C’était extrêmement éblouissant. C’était tellement éblouissant qu’à la fin de la conférence, les étudiants du campus ont débordé la police universitaire , ils ont soulevé Cheikh Anta Diop qui était un colosse et l’ont porté en triomphe à travers le campus. Ils l’ont soulevé comme un enfant. On ne pouvait pas les arrêter. C’était émouvant, la police était débordée», révèle l’égyptologue congolais. Face à la beauté du discours « tu ne peux qu’être admiratif», dit l’universitaire congolais qui découvrait ainsi cette autre part de Cheikh Anta Diop : son «éloquence naturelle».
Le professeur relève dans son entretien quelques comportement barbare de l’homme blanc qui a toujours la propension a considéré le Noir comme barbare et primitif. Or, rappelle le prof, à une époque, quand vous mourrez sans savoir payer vos impôts, le pouvoir colonial vous coupait un membre pour compenser le non-paiement de l’impôt, quand vous voliez un petit fromage, l’on vous pendait. C’est cela un monde civilisé ? S’interroge l’universitaire congolais qui estime que les Blancs ont «reversé les valeurs» pour mener à bien la colonisation