Révolte contre Mbackiyou Faye
Les propriétaires et résidents de la Cité Touba Renaissance, située aux Mamelles, dans la commune de Ouakam à Dakar, sont très en colère contre Mbackiyou Faye. Leur association reproche au gérant de Promobilière de n’avoir pas respecté ses promesses lors de l’achat des terrains. Prévoyant de tenir une manifestation sur la place centrale de la cité le samedi 17 avril à 10 heures, les membres de l’association des propriétaires et résidents de la Cité Touba Renaissance déclarent que l’engagement ferme de Mbakiyou Faye de viabiliser la totalité du lotissement qui doit se matérialiser par une alimentation en électricité, la construction d’égouts etle bitumage de la voirie ne s’est pas concrétisé. Ils précisent que conformément aux engagements mentionnés dans les actes de ventes, ils exigent de Promobilière la restitution des espaces publics de la cité, vendue, selon eux, par Mbackiyou Faye. Ils lui demandent également la mise aux normes du système d’évacuation des eaux (usées et pluies), la mise aux normes du bitumage, le rattrapage des trottoirs pour rendre accessibles les garages et l’évacuation de la totalité des gravats. Les membres de l’association justifient la tenue de leur manifestation par le silence des autorités. D’après eux, toutes les autorités censées intervenir pour régler leurs problèmes ont été sollicitées. Il s’agit du maire de Ouakam, du préfet de Dakar, du sous-préfet des Almadies, des ministres successifs de l’Urbanisme et du Cadre de vie, ainsi que de la Direction de l’urbanisme, de la Direction de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation du Sol (DSCOS), de l’Office National de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), du ministre de l’Environnement et de la Direction de l’Environnement.
Les rencontres de Macky Sall à Bruxelles
Le Président Macky Sall a bouclé hier sa visite officielle de deux jours à Bruxelles. Mais avant de prendre les airs pour se rendre à la République du Congo, il a rencontré la Commissaire européenne en charge des partenariats internationaux, Jutta Urpilainen. Une rencontre qui a permis au Sénégal de bénéficier d’un soutien dans le cadre de la nouvelle stratégie Europe, notamment dans la relance économique. Ainsi, le chef de l’Etat a profité de l’occasion pour insister sur les opportunités en Afrique et sur la nécessaire réforme de la gouvernance économique mondiale.
Macky Sall à l’investiture de Denis Sassou Nguesso
Denis Sassou Nguesso prêtera serment demain devant quelque 700 invités, dont une vingtaine de chefs d’État africains et de nombreux représentants internationaux. Parmi eux, le Président Macky Sall qui est arrivé à Brazzaville hier en provenance de la Belgique où il était en visite officielle. Avec Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Alpha Condé de la Guinée, Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo, Teodoro Obiang Nguema de Guinée équatoriale, Faustin-Archange Touadera de la République centrafricaine, Idriss Deby Itno du Tchad, Umaro Cissoco Embalo de la Guinée-Bissau, Faure Gnassingbé du Togo et George Weah du Liberia, il assistera à la prestation de serment de Denis Sassou Nguesso, réélu à la tête du Congo lors du scrutin du 21 mars 2021. A son arrivée à Brazaville, il a été accueilli par son homologue congolais, qui va encore passer cinq bonnes années à la tête de son pays. Après un bref tête à tête au salon d’honneur du pavillon présidentiel de l’aéroport International Maya-Maya de Brazzaville, Macky Sall a été accompagné jusqu’à son lieu de résidence par son hôte.
Massaly gagne son procès contre Thiaye Diaby
Le responsable de l’Alliance pour la République (Apr), Thiaye Diaby, a été condamné à une peine de 3 mois avec sursis et une amende de 100.000 Fcfa par la troisième chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance (Tgi) de Dakar, au terme du procès qui l’opposait à Mouhamadou Lamine Massaly. Reconnu coupable du délit de diffamation pour avoir déclaré que l’ancien inconditionnel de Abdoulaye Wade détient une voiture de luxe de marque BMW X5 que lui a offerte le Président Macky Sall, Thiaye Diaby doit également payer 3 millions Fcfa, en guise de dommages et intérêts, au plaignant qui demandait 30 millions Fcfa.
Augmentation du nombre de patients atteints de covid-19
Le nombre de patients atteints de coronavirus a connu une légère augmentation hier par rapport à la veille (mardi 13 avril). De 172 avant-hier, il est passé à 185 ce mercredi. Cette augmentation est due au fait que les autorités sanitaires ont enregistré beaucoup plus de cas positifs que de personnes déclarées guéries. Sur 1511 tests réalisés dans le bilan du jour d’hier, 65 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 4,30%. Par contre, 49 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris. Selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale, les cas positifs de ce 14 avril sont composés de 21 cas contacts et de 44 cas issus de la transmission communautaire. Les contaminations communautaires d’hier sont réparties comme suit : 03 à Almadies, Ouakam, Plateau et Yoff ; 02 à Médina, Mbour, Ziguinchor, Parcelles Assainies et Yeumbeul ; 01 à Amitié 1, Arafat, Diamniadio, Fann Hock, Golf Sud, Keur Massar, Maristes, Ngor, Niary-Taly, Ouest Foire, Point E, Rufisque, Scat Urbam, Sicap Karack, Dioffior, Goudiry, Kaolack, Kédougou, Louga, Saint Louis, Sédhiou et Tivaouane. Annonçant que 17 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation, Abdoulaye Diouf Sarr et ses collaborateurs ont révélé que 03 nouveaux cas de décès ont été enregistrés.
370.037 personnes déjà vaccinées
Les autorités sénégalaises restent toujours fidèles dans leur logique de combattre le coronavirus par le vaccin, comme le recommande l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Ainsi, en dépit de la polémique sur les doses de AstraZeneca, Johnson & Johnson et Sinopharm, le ministère de la Santé et de l’Action sociale poursuit tranquillement sa campagne de vaccination sur l’étendue du territoire national. Et à cet effet, 7766 personnes ont été vaccinées mardi dernier. Ce qui porte le nombre total d’individus ayant déjà pris leurs doses à 370.037. Un nombre que les autorités sanitaires espèrent voir augmenter de manière considérable dans les mois à venir. Cependant, elles appellent toujours les populations au respect strict des mesures de prévention individuelle et collective. Depuis l’apparition du coronavirus au Sénégal jusqu’à présent, le pays compte 39.560 cas de covid-19, dont 38290 guéris et 1084 décès.
Appel pour des retrouvailles de la famille libérale
La question des retrouvailles de la famille libérale reste toujours d’actualité, malgré la migration d’Idrissa Seck et de la bande à Oumar Sarr vers la mouvance présidentielle. Lors d’un point de presse à Pikine, le Collectif des mouvements de soutien à la Première dame Marième Faye Sall ont remis le sujet au goût du jour. Sous la houlette de Arona Sarr, les inconditionnels de la patronne de la fondation «Servir Le Sénégal» ont salué les actions du chef de l’Etat et de son épouse, avant d’inviter le locataire du Palais à renouer le fil du dialogue avec tous les hommes et femmes politiques faisant partie ou étant issus du Parti Démocratique Sénégalais (Pds). Selon les membres du collectif, le boss de l’Alliance pour la République (Apr) doit aussi travailler avec Karim Wade pour consolider, selon eux, les acquis du libéralisme. Les diplômés de la pêche et de l’aquaculture réclament du travail Le Collectif national des Diplômés de la Pêche et de l’Aquaculture (Cndpa) veut plus de considération de la part du chef de l’Etat envers leur ministère de tutelle. Ses membres soutiennent que le Président Macky Sall n’a pas encore accordé à leur secteur l’importance et l’attention qu’il mérite par rapport aux autres. Se prononçant sur les recrutements annoncés par l’Etat dans la fonction publique, ils sont monté au créneau pour exiger de la transparence dans ces recrutements. Rappelant leur importance pour la marche de l’économie du pays, ils demandent plus de considération de la part du gouvernement.
Défaut d’éclairage public sur la Vdn 3
La circulation sur la Vdn 3 pendant la nuit est très préoccupante pour les automobilistes qui empruntent ce tronçon. C’est le noir total durant cette période, faute d’éclairage public. Une situation qui contraste d’avec la volonté de l’Etat du Sénégal de réduire les accidents de la circulation. La peur au ventre, les usagers expriment leur désolation totale par rapport à ce fait alarmant qui risque de porter un grand préjudice aux conducteurs et autres passagers obligés de s’en remettre à Dieu. Hormis la crainte d’accidents, le manque d’éclairage favorise l’insécurité et les agressions. Les gens se demandent même où est passé l’argent destiné à l’éclairage de ce tronçon routier inauguré en grande pompe par les autorités.
Audit de la DER
Les jeunes de Pikine veulent l’audit de la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (Der) avant d’y injecter encore les financements promis par le chef de l’Etat. Ils estiment que les 08 milliards annoncés par cette structure n’ont pas produit l’effet escompté, à savoir la réduction du chômage. D’où, la nécessité, selon les jeunes de Pikine, de revoir le mode de financement de cette structure.
Pas plus de 5 bacheliers depuis 20 ans
Sous la conduite du chef de village, les populations Mboro Bonau, village situé à moins de 2 kilomètres de Mboro, sont sorties pour exprimer leur mal vivre. Elles ont dénoncé le désenclavement qui met en péril tous leurs rêves de sortir de la pauvreté. Selon Serigne Mor Tine, directeur de l’école, la localité souffre d’un sérieux problème d’accès, ce qui fait qu’il est extrêmement difficile d’avoir des enseignants prêts à servir au niveau de l’établissement. Les élèves travaillent dans des conditions pénibles, avec un manque criant d’intrants et les locaux sont dans un état de délabrement très avancé. Pour toutes ces raisons, dit-il, l’école date de plus de 20 ans, mais il est impossible de compter 5 bacheliers dans le village.
Soulagement des populations à Notto Gouye Diama
La construction de la piste de désenclavement entre Notto Gouye Diama-Keur Omar-Keur Malal, réalisée dans le cadre du Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC) a été perçue par les populations locales comme une libération. Ainsi, elles ont invité le Conseil municipal de Notto Gouye Diama conduit par le maire Maguèye Ndiaye, par ailleurs membre du Conseil Economique Social et Environnemental (Cese) et la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) locale, pour célébrer la mise en service. Avant, ces localités étaient reliées à Notto Gouye Diama par une route sablonneuse qui défiait les véhicules les puissants et les plus sophistiqués. Pour aller faire une course au chef-lieu de la commune ou écouler les produits maraîchers, il fallait perdre toute une journée. Avec cette piste, cette situation va désormais relever d’un mauvais souvenir, car les véhicules de transport viennent jusqu’au village en peu de temps.
Le PAISD fiance 8 projets à Goudiry
Le député et président du Conseil Départemental de Goudiry, Djimo Souaré a déclaré que le comité de sélection du le Programme d’Appui aux Initiatives de Solidarité pour le Développement (PAISD) a donné un avis favorable pour le financement de 8 projets dans sa collectivité sur les 23 sélectionnés au niveau national. Ces projets portent sur les secteurs de l’éducation et de la santé. Ils sont estimés pour un montant de 714.600.000 FCFA
F CFA, LA FARCE DE MAUVAIS GOÛT DE MACRON ET OUATTARA
La France en difficulté en Afrique utilise toujours la même recette : apporter en surface quelques modifications à son édifice néocolonial pour que rien ne change. C’est ce procédé que Paris, sous pression, a appliqué à nouveau avec la réforme du F CFA
Le gouvernement français a rendu publics les deux principaux textes de la « réforme » du franc CFA d’Afrique de l’Ouest – dont un n’a jamais été soumis aux parlementaires. Ces documents confirment que rien ne change : le contrôle de l’État français sur cette monnaie reste identique. Emmanuel Macron et Alassane Ouattara n’ont rien fait d’autre qu’une belle opération de communication.
Il n’aura échappé à aucun observateur attentif que la France est en difficulté sur le continent africain. Son emprise sur les pays de la zone franc, ce que certains appellent son « pré carré », est de plus en plus contestée par les populations des pays concernés.
Paris a déjà été confronté à plusieurs reprises à une telle situation dans le passé. Pour s’en sortir, le gouvernement français a toujours utilisé la même recette : apporter en surface quelques modifications à son édifice néocolonial afin de faire croire qu’il prend en compte les critiques, tout en ne changeant rien au fond. L’idée est à la fois de gagner du temps et de reprendre la main, voire de resserrer son contrôle.
C’est ce procédé que les autorités françaises, sous pression, ont décidé d’appliquer à nouveau avec la réforme du franc CFA d’Afrique de l’Ouest, annoncée à Abidjan le 21 décembre 2019 par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara.
Cette réforme, adoptée par les députés français en décembre 2020 et par les sénateurs en janvier 2021, vise ainsi à débarrasser le « système CFA » de ses aspects les plus embarrassants, ceux qui ont nourri les critiques répétées des mouvements pour l’émancipation monétaire en Afrique francophone : l’acronyme franc CFA, la représentation française au sein des instances de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’obligation pour celle-ci de déposer la moitié de ses réserves de change auprès du Trésor français.
Mais dans le même temps, et c'est l’objectif principal, elle maintient les fondamentaux du « système CFA » : la parité fixe avec l’euro, la liberté de transfert des capitaux et revenus, et la tutelle du Trésor français sur le franc CFA et la BCEAO à travers sa prétendue « garantie » de convertibilité.
Cette stratégie apparaît de manière évidente lorsque l’on examine attentivement les nouveaux textes qui ont été adoptés et qui viennent d’être rendus publics par le gouvernement français, mais aussi quand on s’intéresse à la manière dont les parlementaires ont été utilisés, pour ne pas dire dupés.
La fausse procédure démocratique
Contrairement à ce que le gouvernement leur a fait croire, les parlementaires français n’ont pas été consultés. Le processus d’approbation auquel ils se sont soumis et auquel certains ont sincèrement cru était dans les faits sans objet et sans effet : tout avait été déjà décidé et même déjà mis en œuvre.
Regardons cela dans le détail. Il faut d’abord noter que la réforme repose sur deux nouveaux textes. Le premier est un accord de coopération monétaire, signé le 21 décembre 2019 par les ministres des Finances des huit pays de l’UMOA (Union monétaire ouest-africaine) et par le ministre français de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Lemaire. Il remplace un précédent texte datant du 4 décembre 1973. Le second document est une convention de garantie, signée le 10 décembre 2020 par Bruno Lemaire et Tiémoko Meyliet Koné, gouverneur de la BCEAO.
Cette convention de garantie prévoit, comme le faisait la convention de compte d’opérations de 1973 qu’elle remplace, que la France prête sa monnaie (des euros) à la BCEAO lorsque cette dernière manque de réserves de change pour couvrir ses engagements extérieurs. Il a fallu que le sénateur communiste Pierre Laurent insiste pour que ce texte soit rendu public.
Premier problème : bien que constituant le cœur de cette pseudo « réforme », le texte de la convention de garantie n’a jamais été porté à la connaissance des parlementaires – ce qu’ils n’ont pas relevé. S’il a été depuis mis en ligne par le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, une annexe n’a elle pas encore été rendue publique.
Deuxième problème : bien avant que le texte de l’accord de coopération monétaire soit soumis aux parlementaires, certaines de ses dispositions étaient déjà appliquées « sur la base d’un avenant à la convention de compte d’opérations antérieure », signé en octobre 2020 sous l’empire de l’accord de coopération monétaire de 1973, nous indique le ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance.
Troisième problème : la réforme dans son entièreté était déjà appliquée bien avant que les parlementaires ne l’adoptent, puisqu’elle est entrée en vigueur le 1er janvier, alors que les sénateurs ne l’ont approuvée que le 28 janvier et que le président Macron a promu la loi correspondant le 3 février. Est-ce bien constitutionnel étant donné que l’article 53 de la Constitution française stipule qu’un traité international ne peut prendre effet qu’après avoir été ratifié ou approuvé ? Le ministère nous répond que « la convention de garantie a été conclue et mise en œuvre sous l’empire de l’accord de coopération monétaire de 1973 ».
En somme, les parlementaires ont participé sans le savoir à une opération de communication, voire à une farce : qu’ils approuvent ou pas les changements, cela n’avait aucune incidence sur le déroulement des opérations décidées et menées par le Trésor français.
Il faut dire que dans le fond les changements apportés par cette « réforme » ne sont qu’apparents, comme nous allons le voir.
Sur le « départ » des représentants français
Première modification induite par les deux textes : il n’y a plus de représentants français au sein du Conseil d’administration de la BCEAO, de son Comité de politique monétaire et de sa Commission bancaire (AC, art. 10). C’est censé être un progrès et montrer à l’opinion publique que la France renonce à son influence. En réalité, ce « départ » des représentants français des instances de la BCEAO est nominal. Car d’autres formes de contrôle sont mises en place pour le pallier, comme le laisse voir le texte de l’accord, qui précise :
- « Le Comité de politique monétaire de la BCEAO comprend une personnalité indépendante et qualifiée, nommée intuitu personæ par le Conseil des ministres de l’UMOA en concertation avec le Garant [le gouvernement français]» (AC, art. 4).
- « Afin de permettre au Garant de suivre l’évolution du risque qu’il couvre, la BCEAO lui transmettra régulièrement les informations dont le contenu et les modalités de transmission seront précisés par échange de lettres entre eux. La coopération est également assise sur la tenue de rencontres techniques organisées en tant que de besoin entre les différentes parties, selon des modalités à convenir entre elles » (AC, art. 5).
- « Les Parties à l’accord se réunissent à la demande de l’une d’entre elles lorsque les conditions le justifient, notamment en vue de prévenir ou de gérer une crise » (AC, art. 6).
On constate que, en plus de ces dispositions, la France continue à exercer un contrôle politique de manière informelle et hors des textes puisque les détails de la mise en œuvre de la convention de garantie sont déterminés « par échange de lettres » entre la BCEAO et le ministère des Finances français.
Sur la fin du compte d’opérations et la « garantie » française
Autre évolution apparente apportée par la réforme : la BCEAO n’est plus obligée de laisser la moitié de ses devises au Trésor français sur ce qu’on appelait le « compte d’opérations ». Les montants placés au niveau du Trésor français sont désormais « transférés sur un ou plusieurs comptes que la BCEAO désigne » (AC, art. 10). Fin 2019, la BCEAO avait accumulé 6252 milliards de francs CFA (9,5 milliards d’euros), soit 76% du total de ses réserves de change, dans son compte d’opérations auprès du Trésor français. La BCEAO a donc maintenant la possibilité théorique de placer librement ses réserves de change dans les actifs de son choix.
Mais le compte d’opérations disparaît-il vraiment ? En réalité, le Trésor français continue à maintenir son rôle putatif de « garant » de la convertibilité du franc CFA à taux fixe, ce qui signifie qu’il autorise la possibilité d’un découvert « non plafonné » en euros à la BCEAO en cas d’épuisement de ses réserves officielles (CG, art. 2). Or une telle disposition requiert l’ouverture préalable d’une ligne de trésorerie dans les écritures comptables du gouvernement français (CG, art.2).
Autrement dit, le compte d’opérations disparaît pour réapparaître sous une nouvelle forme, moins onéreuse pour le gouvernement français (il n’est plus tenu de verser à la BCEAO des intérêts sur ses réserves au taux nominal de 0,75%), et qui lui assure un contrôle politique similaire. C’est la magie de la « réforme » à la française…
Conditions préalables à l’activation de la garantie française
Ce n’est pas tout. L’activation de cette « garantie », de cette possibilité de découvert, reste assortie des mêmes conditions drastiques qui l’ont toujours rendue superflue. La BCEAO va continuer à faire ce qu’elle a toujours fait, à savoir s’astreindre à maintenir un taux élevé de couverture de l’émission monétaire – le rapport entre les réserves de change de la BCEAO et ses engagements à vue –, ce qui rend la garantie française inutile.
Entre 1960 et 2020, la BCEAO n’a ainsi bénéficié de découverts auprès du Trésor français que durant la période 1980-1990, découverts qui avaient généralement servi à faciliter le rapatriement des capitaux et revenus des entreprises françaises craignant une dévaluation du franc CFA (voir Pigeaud et Sylla 2018 : 114-115)
Le système CFA comporte par ailleurs un dispositif d’alerte que la réforme ne change pas : le signal que le niveau de réserves a atteint un niveau critique est donné lorsque le taux de couverture de l’émission monétaire est inférieur ou égal à 20 %. Dans un tel cas, avant de solliciter la garantie française, la BCEAO doit utiliser les Droits de tirages spéciaux (DTS) de ses États membres auprès du Fonds monétaire international (FMI) ou les convertir en devises. Elle doit aussi procéder au « ratissage », c’est-à-dire récupérer les devises détenues par les organismes publics et les banques de la zone UMOA.
À supposer que ses réserves de change baissent jusqu’au seuil d’alerte (les 20 %), elle doit, en plus des dispositions de « ratissage », durcir sa politique monétaire afin de reconstituer rapidement ses réserves de change.
Si malgré toutes ces mesures la BCEAO fait face à une insuffisance de réserves de change, il est prévu qu’elle « informe dans les meilleurs délais le Garant de l’activation possible de sa garantie et des montants susceptibles d’être appelés [utilisés] » (CG, art. 5). Le souhait de voir activer la garantie française pour un premier tirage doit être notifié « cinq jours ouvrés Target [le système de paiements de la zone euro] » à l’avance (CG, art.6).
Mais un tel scénario reste toujours très peu probable, car même s’il n’y a plus de représentants français dans les instances de la BCEAO pour faire en sorte que le système fonctionne sans avoir besoin de la « garantie » française, le dispositif de contrôle qui avait cours avant la réforme reste lui aussi bien là. La France, en tant que « garant », a toujours son mot à dire pour « prévenir » une crise ou aider à la résoudre. En effet, la « fin » du compte d’opérations et le « départ » des représentants français des instances de la BCEAO ont été compensés par des garde-fous institutionnels, dont :
Un système de reporting : « Le Garant est préalablement informé des changements substantiels dans la gestion des réserves de change » de la BCEAO (CG, art. 3).
Un retour possible avec voix délibérative du représentant français au Comité de politique monétaire de la BCEAO : lorsque le taux de couverture de l’émission monétaire est inférieur ou égal à 20%, « le Garant peut, en complément des dispositions prévues dans les statuts de la BCEAO, désigner, à titre exceptionnel et pour la durée nécessaire à la gestion de la crise, un représentant au Comité de Politique Monétaire de la BCEAO, avec voix délibérative » (AC, art 8.)
Un retour possible avec voix consultative des représentants français au Conseil d’administration et à la Commission bancaire de la BCEAO : « Pour prévenir ou gérer une crise, le Garant peut demander, à titre exceptionnel et pour la durée nécessaire à la gestion ou à la prévention de la crise, à participer sans voix délibérative aux réunions du Conseil d’Administration de la BCEAO et à la Commission Bancaire de l’Union, pour y porter sa position. » (CG, art. 4)
Conditions financières associées à l’activation de la garantie
Dernier point qui confirme que rien ne change : en cas d’activation de la garantie, hypothèse décidément hautement improbable, « la BCEAO, ou les institutions habilitées qui lui succèdent, a l’obligation de placer au moins 80 % de tout flux entrant de devises sur cette ligne de trésorerie » (CG, art. 7). Cette disposition qui paraît difficile à mettre en œuvre (au regard notamment du délai de recouvrement des recettes d’exportation) confirme que le système du compte d’opérations est redéployé sous une nouvelle forme et, surtout, que la garantie, l’autorisation de découvert, doit avoir un caractère exceptionnel et temporaire. Dans un tel cas, la BCEAO devra aussi payer un taux d’intérêt débiteur basé sur le taux de prêt marginal au jour le jour de la Banque centrale européenne (BCE).
Dans le passé, la France a eu, rappelons-le, deux attitudes quand les banques centrales de la zone franc ont souhaité faire activer la garantie française afin de maintenir la parité du franc CFA vis-à-vis de la monnaie française. Soit elle a procédé à une dévaluation du franc CFA comme en 1994, soit elle a fait appel au FMI qui a octroyé les liquidités nécessaires en contrepartie de politiques d’austérité et de libéralisation économique, comme cela a été le cas pour la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) au milieu des années 2010. D’ailleurs, dans un document intitulé « Gestion des réserves internationales de la Cémac » et publié en 2018, le FMI soulignait qu’il « existe des incertitudes quant à la capacité du Trésor français, qui lui-même doit respecter les règles plus larges de la zone euro, à offrir ce type de garantie à grande échelle pour une période indéfinie. »
Pendant tout le reste du temps, ce sont les États africains qui ont, dans les faits, avec leurs réserves de change, garanti eux-mêmes la valeur du franc CFA et donc sa parité fixe avec l’euro. Comme l’a écrit en 1980, Bernard Vinay, ex-directeur de la Banque centrale des États d’Afrique centrale et du Cameroun (l’actuelle BEAC) : « La garantie est virtuelle aussi longtemps que les instituts d’émission (africains) disposent de réserves … Lorsque les pays de la zone franc disposent de réserves de change, cette garantie est purement nominale puisqu’elle n’est pas mise à contribution ». Les autorités françaises savent tout ceci parfaitement. Le député qui a été le rapporteur sur le projet de réforme a lui-même dit à ses collègues : « Le pari est fait qu’il en ira de même à l’avenir ».
La prétendue garantie française a toujours été un prétexte permettant à la France d’avoir un contrôle politique sur les affaires économiques et monétaires des pays de la zone franc.
D’une pierre plusieurs coups
Avec ce tour de passe-passe, Paris réussit donc provisoirement à sauver son empire monétaire pour quelques temps encore.
Le gouvernement français fait en plus d’une pierre deux coups, puisque l’un des objectifs cachés de la réforme était de doubler la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a l’ambition de créer une monnaie unique pour les quinze pays qui la composent, dont les huit pays de l’UMOA qui utilisent le franc CFA.
Les chefs d’État de la Cédéao ont en effet élaboré une feuille de route pour l’avènement de leur monnaie unique régionale qu’ils ont choisi d’appeler eco (diminutif d’Ecowas, acronyme anglais de la Cédéao). Le jour même où la Cédéao devait se prononcer sur le futur de cette monnaie, MM. Macron et Ouattara ont annoncé, sans avoir consulté quiconque, que le franc CFA serait rebaptisé eco. Le couple franco-ivoirien a ainsi opéré un vol pur et simple n’ayant pour autres buts que de créer de la confusion et de substituer au projet d’intégration monétaire de la Cédéao celui de la France, laquelle cherche à étendre l’usage du franc CFA à d’autres pays de la région.
Derniers éléments à souligner :
- Le nouvel accord de coopération monétaire et la convention de garantie ne font nulle part état d’un changement du nom franc CFA en eco. Soit un autre élément de la blague franco-ivoirienne.
- Bien que l’accord de coopération et la convention de garantie soient entrés en vigueur, ils n’ont toujours pas été publiés sur le site web de la BCEAO dont les statuts n’ont pas non plus été modifiés, ne serait-ce que pour prendre en compte les évolutions relatives à la présence française dans ses instances.
- L’accord et la convention de garantie n’ont pas été soumis aux parlements des pays de l’UMOA. Il semblerait que ce passage devant les instances démocratiques ne soit pas nécessaire car il s’agirait d’un « accord en forme simplifiée ». Pourtant, le régime d’émission de la monnaie est une prérogative parlementaire dans la plupart des Constitutions des pays francophones d’Afrique de l’Ouest.
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BOUAKÉ : ALLIOT-MARIE ET VILLEPIN N'EXPLIQUENT PAS LE MYSTÈRE DES SUSPECTS RELÂCHÉS
Comme celui de Michel Barnier la veille, les témoignages des anciens ministres Michèle Alliot-Marie et Dominique de Villepin n'ont pas permis, mardi, d'expliquer l'étrange impunité dont ont bénéficié les auteurs présumés du bombardement
Comme celui de Michel Barnier la veille, les témoignages des anciens ministres Michèle Alliot-Marie et Dominique de Villepin n'ont pas permis, mardi, d'expliquer l'étrange impunité dont ont bénéficié les auteurs présumés du bombardement qui a tué neuf soldats français à Bouaké, en 2004.
La France a-t-elle tout fait pour rechercher les auteurs du bombardement qui a tué neuf de ses soldats à Bouaké, en novembre 2004 ? En charge du portefeuille de la Défense, Michèle Alliot-Marieétait à l'époque en première ligne. À la barre de la cour d'assises de Paris, elle a tenté d'expliquer une nouvelle fois, mardi 13 avril, comment elle s'est mobilisée après la pire attaque subie par l'armée française depuis vingt ans.
Au centre des préoccupations des juges, la journée du 16 novembre 2004, dix jours après le bombardement meurtrier de l'aviation ivoirienne, où le Togo a proposé à la France de lui livrer huit mercenaires biélorusses en fuite, dont des pilotes soupçonnés de l'avoir mené. Parmi eux figure Yury Sushkin, qui a dirigé le raid et fait partie des trois accusés jugés en leur absence car introuvables.
"Il fallait que le drame de Bouaké ne se reproduise pas à un autre endroit"
Contrairement à ses collègues d'alors, Michel Barnier (Affaires étrangères) et Dominique de Villepin (Intérieur), Michèle Alliot-Marie ne nie pas avoir été informée de la proposition togolaise de livrer les pilotes. Mais, visiblement mal à l'aise, elle hésite dans ses souvenirs et indique même avoir été informée à deux moments différents de cette arrestation.
La deuxième fois, raconte-t-elle, "j'ai dit, cette fois-ci on les récupère". "Mais là, on m'a dit qu'il y avait un problème" juridique, "je ne sais pas qui au cabinet estimait que ce n'(était) pas possible". Puis elle livre une information inédite : "J'ai demandé s'il y avait possibilité de monter une opération de la DGSE pour les récupérer. Je m'en souviens, c'était un après-midi et j'ai eu la réponse le lendemain matin : ils sont déjà repartis".
La cour s'étonne de ses propos, notamment sur un obstacle juridique et rappelle au témoin que la cheffe de la direction juridique de son ministère à l'époque, Catherine Bergeal, qui a témoigné au procès, et le conseiller juridique de son cabinet, David Sénat, interrogé pendant l'instruction, ont tous les deux affirmé n'avoir jamais été saisis de cette question.
Comme d'autres responsables de l'époque, Michèle Alliot-Marie souligne qu'elle devait surtout gérer à l'époque le "chaos" provoqué par le bombardement de Bouaké et la destruction, en représailles, par Paris de l'aviation ivoirienne, à l'origine de violentes manifestations anti-françaises.
"C'est facile quand on est ici à Paris de dire on aurait pu faire ceci, faire cela. J'avais des militaires sur le terrain et des milliers de Français à évacuer, il fallait que le drame de Bouaké ne se reproduise pas à un autre endroit, c'est ça qui était important", plaide-t-elle.
"La priorité numéro 1 n'était pas la priorité juridique. D'autres auraient pu réagir" sur la question des suspects, souligne la ministre en égratignant au passage Michel Barnier, qui a témoigné ne pas avoir été informé de l'épisode togolais bien que son ambassadeur à Lomé ait envoyé un télégramme sur le sujet. "J'ai trouvé ça étrange", glisse Michèle Alliot-Marie.
De Villepin nie avoir été informé
Interrogé lundi par la cour, Michel Barnier avait expliqué qu'il avait été tenu à l'écart du dossier ivoirien par l'Élysée car ce dossier concernait avant tout "les militaires". Plus tôt mardi, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Dominique de Villepin, a écarté toute responsabilité dans l'épisode togolais. L'un des policiers de l'ambassade française à Lomé, rattaché au service du coopération du ministère de Dominique de Villepin, avait pourtant été informé par les Togolais et avait fait remonter l'information en France.
Dominique de Villepin assure ne pas avoir reçu cette information et souligne qu'en tant que "ministre de l'Intérieur, et pas de l'extérieur", il n'était ni "concerné", ni "informé" des évolutions de la crise ivoirienne, et donc pas non plus des "dysfonctionnements" français dans l'enquête.
"L'information a été transmise à deux ministère et a été traitée. On peut ne pas aimer la réponse mais elle a été faite et assumée", résume-t-il à l'adresse de ses deux anciens collègues du gouvernement. Les plaidoiries des parties civiles sont prévues mercredi, avant le réquisitoire et le verdict, attendu jeudi ou vendredi.
LES LOCALES PEUVENT SE TENIR EN 2021
L’opposition ne recule pas. Elle tient au respect du calendrier électoral et l’organisation, en 2021, des élections locales.
L’opposition ne recule pas. Elle tient au respect du calendrier électoral et l’organisation, en 2021, des élections locales. En conférence de presse, ce mercredi, les membres du Front national de résistance ont fait remarquer que Macky Sall a marqué le pas et a été dans des dilatoires continus malgré leurs nombreuses condamnations et dénonciations.
« Malgré tous ces retards et avec le démarrage du processus électoral le 2 avril 2021, nous pensons, nous réaffirmons qu’il est possible d’organiser les élections locales en 2021 », a déclaré Saliou Sarr, expert du Front national de résistance dans le domaine des élections. Faisant une démonstration technique, il explique quatre étapes qu’il juge importantes et nécessaires pour organiser les élections.
« La première étape c’est l’audit du fichier en 90 jours qui se termine mi-mai et l’évaluation du processus 60 jours en fin mai. Les résultats de ces deux opérations et ceux du dialogue politique vont impacter le code électoral et le code des collectivités territoriales. C’est pourquoi, il y a une seconde étape qui va concerner la revue du code électorale et celle des collectivités locales et certains points en suspens qui seront discutés pour une durée de 30 jours », explique-t-il. Avant de poursuivre : « la troisième étape, c’est la révision exceptionnelle des listes électorales pour une durée de deux mois. Elle sera consacrée essentiellement aux jeunes qui atteindront l’âge de voter. La quatrième étape sera consacrée au dépôt des candidatures. C’est le Code électoral qui a 80 à 85 jours avant la date des élections ».
Faisant la récapitulation de ces différents délais, il indique : « on tombe à 7 mois 25 jours, donc un peu moins de 8 mois. Si l’on prend comme date de départ le 2 avril 2021 pour l’évaluation du processus, on voit bien que techniquement, nous pouvons bel et bien organiser les élections locales au mois de décembre 2021 au plus tard ». Il a, dans le même sillage, précisé que toutes les autres parties prenantes sont aussi pour l’organisation des élections en décembre 2021. D’ailleurs, rappelle-t-il, la société civile a proposé la date du 19 décembre. « Seul le pouvoir de la majorité est pour l’organisation des élections en janvier 2022 », regrette M. Sarr.
Et met en garde le chef de l’Etat et son régime
A l’en croire, les membres du Front national de résistance sont plus que jamais mobilisés et solidaires dans le combat autour de la conduite des processus démocratiques, républicains citoyens et sociaux dans notre pays et dans la lutte pour demander le respect du calendrier électoral. « Nous n’accepterons pas un nouveau forcing du président Macky Sall. L’opposition met en garde Macky SALL et son régime de toutes les conséquences qui pourraient encore découler de cette dangereuse situation », prévient-il.
En conséquence, l’opposition tient à exiger l’organisation des élections locales en 2021, des élections législatives en 2022 et l’élection présidentielle en 2024. De même, l’opposition exige aussi l’application de tous les accords consensuels issus de la commission politique du dialogue national.
L’opposition appelle tous les partis à lancer sans délai le cadre d’unité d’action démocratique pour imposer la tenue des élections locales en 2021. « Nous sommes en train de finaliser la création d’un mécanisme de concertation et de coordination des luttes démocratiques et sociales qu’appelle la situation actuelle. Ce mécanisme va nous permettre de coordonner et de mutualiser toutes les initiatives et actions communes de la lutte au niveau local comme au plan national et au niveau de la diaspora », avertit-il.
Par Yoro DIA
LE CHEVAL DE TROIE DES ONG
L’homosexualité est un particularisme que l’Occident veut universaliser en avançant masqué derrière des valeurs comme la liberté ou les droits de l’Homme, mais surtout en enfourchant le cheval de Troie des Ong
Dans son livre Appels d’empire, le grand politologue libanais Ghassan Salamé explique que dans le projet colonial, «souvent le missionnaire précédait le militaire». Aujourd’hui, «c’est l’humanitaire qui précède le militaire». Ce que Salamé théorisait dans les années 1990, il le vivra dans la pratique quand il a été représentant spécial des Nations unies en Libye, un pays où l’humanitaire Bernard-Henri Levy a précédé les militaires de l’Otan. BHL est venu en Libye, a lancé un appel, a fait le tour des télés et magazines, a rencontré Sarkozy, et on connaît la suite : une guerre qui détruit la Libye qui, plus de dix ans après, a du mal à ses relever. Les humanitaires et certaines Ong en général jouent le même rôle de cheval de Troie de l’arrogance occidentale dans le choc des valeurs. L’universel est toujours l’universalisation d’un particularisme. L’homosexualité est un particularisme que l’Occident veut universaliser en avançant masqué derrière des valeurs comme la liberté ou les droits de l’Homme, mais surtout en enfourchant le cheval de Troie des Ong, comme elle a eu à le faire avec les missionnaires et les explorateurs pour préparer et justifier la colonisation, ou avec des humanitaires pour justifier et légitimer certaines interventions et ingérences militaires comme en Libye ou en Somalie.
Pour comprendre le discours des Ong, il faut juste en tracer le financement. Ainsi, on comprend aisément la dernière position d’Amnesty Sénégal, qui part en croisade pour la défense des gays. Tracer le financement permet de comprendre pourquoi certaines Ong sont devenues des rentiers de la tension électorale ; d’où ce débat sans fin sur le Code électoral, malgré le fait que l’alternance soit devenue la respiration naturelle de notre démocratie. Pour sauver leur financement, certaines Ong sont prêtes à nous condamner à un éternel recommencement.
Nous ne sommes pas dans le choc des civilisations qu’annonçait Samuel Huntington, mais nous sommes dans un choc de valeurs. Et dans celui-ci, nous devons défendre nos valeurs, mais aussi rappeler à l’Occident ses valeurs, dont une des plus importantes est le relativisme culturel si cher à Levi Strauss ; en d’autres termes rappeler à l’Occident le fameux, «vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà». Nous sommes au-delà des Pyrénées, où un particularisme qui s’appelle polygamie est une valeur qu’on ne cherche pas à imposer de l’autre côté.
Dans ce choc des valeurs, pour permettre à l’Occident de redécouvrir cette grande valeur du relativisme culturel, on devrait poser le débat sur l’interdiction et la persécution légale de la polygamie. On leur dirait alors, si vous n’acceptez pas la polygamie (qui est un particularisme chez nous) en Europe, alors ne nous imposez pas un débat sur l’homosexualité. Quelle serait la réaction de l’opinion en France ou en Angleterre, si des Ong islamiques cherchaient à poser le débat et à imposer la polygamie comme valeur universelle, et mettaient la pression sur les gouvernements pour faire légaliser cette valeur ? Ce serait Shoking évidement. Toute chose étant égale par ailleurs, c’est la même chose pour nous en ce qui concerne la légalisation de l’homosexualité. Oublier volontairement ses propres valeurs comme le relativisme culturel, et vouloir nous imposer un débat sur l’homosexualité, par le biais du cheval de Troie des Ong ou le chantage politico-économique, relève de l’arrogance. Une arrogance si occidentale.
LA SECTION DE RECHERCHES CHANGE DE PATRON
Le commandant Abdou Mbengue s’en va, le capitaine Aliou Ndiaye s’installe. Le nouveau nommé quitte Thiong pour Colobane. La distance n’est pas loin, mais le défi est immense !
La Section de recherches change de chef. Le commandant Abdou Mbengue s’en va, le capitaine Aliou Ndiaye s’installe. Le nouveau nommé quitte Thiong pour Colobane. La distance n’est pas loin, mais le défi est immense !
C’est lui maintenant qui hérite de l’affaire qui oppose Adji sarr à Ousmane Sonko. Un dossier brûlant, un baptême de feu alors pour l’ancien patron de la gendarmerie de Thiong. Mais, le capitaine Aliou Ndiaye n’a jamais été loin de cette série judiciaire à plusieurs épisodes. On se rappelle du premier épisode d’ailleurs, c’était lors de la convocation du leader de Pastef par le juge d’instruction du 8e cabinet, Mamadou Seck. Le dossier avait atterri dans son fief d’alors.
Le procureur de la République avait désigné la compagnie de gendarmerie de Dakar, sise à la rue de Thiong, pour entendre Ousmane Sonko pour troubles à l’ordre public. Aujourd’hui, le capitaine mène la barque même si la mer est actuellement calme. Mais, les risques d’agitation restent toujours là. En face, un homme aguerri, dur et endurci grâce à ses expériences au sein de la gendarmerie nationale.
2018-2021, c’est le temps du commandant Abdou Mbengue à la Section de recherches. Un legs lourd laissé au capitaine Aliou ndiaye dans un contexte qui l’est autant. La cérémonie de passation de service est prévue le lundi 19 avril 2021 à la caserne Samba Diéry Diallo.
HÔPITAL DE NINÉFÉCHA, DU RÊVE AU CAUCHEMAR
Portée par les rêves de grandeur de son mari, Viviane Wade avait installé cet hôpital de dernière génération en 2002. De cette infrastructure, il ne reste que le nom, des habitations vétustes, des véhicules en panne, un personnel sanitaire réduit
Situé à une quarantaine de kilomètres de la commune de Kédougou, l’hôpital de Ninéfécha a été inauguré le 6 novembre 2002 avant de mettre la clef sous le paillasson le 30 juin 2013. Après plusieurs mois de fermeture, l’hôpital a rouvert ses portes au public grâce à l’appui de la Vision mondiale avant d’être érigé en poste de santé en 2014 et intégré dans le système sanitaire de la région. Aujourd’hui, de l’hôpital de Ninéfécha, il ne reste que le nom, des habitations vétustes, des véhicules en panne, un personnel sanitaire réduit et de vieux souvenirs
C’était un joyau au cœur d’un désert médical : portée par les rêves de grandeur de son mari, Viviane Wade avait installé un hôpital de dernière génération à Ninéfécha, situé à 40 km de Kédougou. C’était en 2002. Aujourd’hui, il ne reste de cette infrastructure, qui disposait d’un bloc opératoire, d’une maternité avec hospitalisation, d’un pavillon opéré récent, d’une chaise dentaire, d’une case de soins et des logements pour les médecins et infirmiers, que l’ombre de ces outils et de ces infrastructures. Depuis sa réouverture en 2014, la structure est passée d’hôpital moderne à poste de santé avec comme personnel sanitaire un infirmier-chef de poste, une sagefemme, une matrone, un dépositaire et un agent de santé communautaire.
Trouvé dans son domicile de fonction, qui se trouve à quelques pas du poste de santé, Samba Diallo, Icp de Ninéfécha, affiche une bonne mine en cette forte période de chaleur. Malgré les conditions climatiques extrêmes et géographiques, il vit pour la prise en charge sanitaire des populations de Ninéfécha et les 23 villages que son poste polarise. Malgré cet optimisme et son engagement, les difficultés ne manquent pas : «Parmi les 14 postes de santé que compte le district de Kédougou, Ninéfécha est l’une des zones les plus difficiles d’abord à cause de son enclavement, la réticence des communautés qui sont en grande partie ancrées dans les pratiques culturelles mais aussi et surtout du fait que ces populations étaient habituées à la gratuité des soins au temps de l’hôpital avec l’Association éducationsanté.» C’est un changement qui bouleverse le quotidien des populations. Avec l’avènement de l’hôpital de Ninéfécha, elles ont bénéficié d’une prise en charge sanitaire gratuite. Avec le changement de statut de la structure, les privilèges et autres avantages ont disparu en même temps que Mme Viviane Wade annonçait son retrait du projet. Cette situation impacte la prise en charge efficace de la santé des populations.
Pour pouvoir faire face à certains impératifs ou exigences, assurer le fonctionnement correct sans rupture du service, un poste de santé a besoin de générer des ressources. «C’est pourquoi, on demande une contribution des populations par l’achat du ticket de consultation au moins pour faire face à la prise en charge du personnel communautaire, certaines charges mais, c’est difficile. Parce que les populations n’avaient pas cette habitude», enchaîne l’Icp. Il ajoute : «En hivernage, la situation est parfois intenable. C’est grâce au maire de la commune Dondo Keïta qu’on arrive vraiment à s’en sortir.» Aujourd’hui, l’hôpital de Ninéfécha, qui était une carte postale de la région, a laissé un gros vide dans la région. Le maire ne cache pas son mécontentement face au changement de statut de la structure sanitaire de Ninéfécha. Il en parle avec difficulté et émotion. «On peut dire aujourd’hui, après tous les sacrifices, et l’investissement qui a été fait ici, que la montagne a accouché d’une souris», regrette Dondo Keïta, nostalgique de son hôpital qui faisait la fierté de toute une communauté voire une région.
Amer, M. Keïta se confesse : «Au début je ne pouvais même pas dire poste de santé. Parce que je n’en voulais pas.» Il est nostalgique des offres de services, la rigueur et le professionnalisme du personnel soignant. Il faudra conjuguer au passé. «Il m’a fallu du temps pour que je me résolve à faire avec le poste de santé. Il y avait une logistique roulante très performante qui facilite la mobilité des patients et autres populations. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. La seule ambulance dont disposait la structure est en panne depuis plusieurs mois», détaille le maire de Ninéfécha.
Le véhicule du maire transformé en ambulance
Face au manque criard de logistique roulante, qui plombe les efforts du personnel soignant, le véhicule de fonction du maire a été transformé en ambulance pour les évacuations d’urgence. «Très honnêtement, le maire nous appuie énormément. Non seulement les fonds de dotation nous arrivent mais, il nous appuie en carburant pour nos différentes stratégies avancées et son véhicule est à notre disposition pour les évacuations des patients ou pour aller les chercher en cas d’urgence», poursuit l’infirmier chef de poste. Alors que l’enclavement est un sérieux problème, l’Icp est obligé d’adapter la prise en charge. «Ce sont des stratégies avancées qu’il faut mener. Plus de 97% de la population sont en stratégie avancée et mobile que je mène. Ces populations habitent à plus de 10 kms du poste de santé et il faut se déplacer pour les offrir le paquet de service sanitaire qu’il faut pour une prise en charge efficace et assistée», détaille M. Diallo.
A ses yeux, il est «impérieux que le poste puisse disposer d’une logistique roulante pour exercer dans des conditions optimales pouvant permettre d’atteindre les objectifs. Nous disposons d’une vieille ambulance héritée de l’ancien hôpital et qui ne roule plus. C’est une ambulance qui tombe en panne après chaque sortie et le poste ne dispose pas de suffisamment de ressources pour son entretien». En cette période de forte chaleur, les pathologies les plus récurrentes sont l’hypertension artérielle, la diarrhée à cause de l’hygiène. Sans oublier le paludisme, qui continue à sévir dans toute la région de Kédougou. Quid du Covid-19 ? «Tout un dispositif de formation et de communication a été mis en place pour mieux sensibiliser les populations avec l’appui des relais communautaires. Grâce à ces activités, aucun cas n’a été signalé au niveau du poste de santé», note Samba Diallo, qui se bat pour garder à vie une infrastructure en décrépitude. D’un coût d’investissement de 200 cents millions F Cfa, l’hôpital de haute pointe de Ninéfécha a été construit sur une superficie de 4 hectares par l’ancienne Première dame, Mme Viviane Wade, par ailleurs présidente de l’Association éducation santé et ses partenaires de Nanterre (France), notamment le Conseil général de Haut de Seine, dirigé à l’époque par Charles Pasqua.
Promotion de l’emploi : Ninéfécha, la «révolution» agricole
C’est l’heure de la révolution agricole à Ninéfécha où le maire Dondo Keïta a entrepris des actions pour trouver une solution durable et viable à la promotion de l’emploi et de l’employabilité des jeunes et des femmes du village, qui porte le nom de sa commune.
La terre ne ment pas. Le maire de la commune investit sur les jeunes de sa commune à travers l’exploitation d’un champ agricole collectif. Lors de la dernière campagne agricole, ils ont exploité 23 ha dont 10 pour le maire et 13 répartis entre les jeunes et les femmes. «Si j’ai décidé de m’engager cette année dans l’agriculture, c’est pour pousser les jeunes à en faire autant et leur permettre d’avoir une occupation utile et rentable. Surtout que la terre ne ment pas», explique le maire Dondo Keïta. Surtout que, dit-il, des jeunes d’un autre pays avaient investi dans un projet similaire. «Il était inconcevable que d’autres viennent travailler et faire profit alors qu’on a des jeunes compétents qui peuvent faire la même chose. Il était hors de question que les jeunes se lamentent du manque d’emploi alors que la terre est là et que ce sont d’autres jeunes qui viennent pour l’exploiter», poursuit le maire. Et la récolte a été impressionnante : il a récolté plus de11 t de riz paddy et obtenu plus de deux millions de francs Cfa. Avec le résultat obtenu malgré les difficultés notées, les jeunes sont plus motivés et ambitionnent de passer à l’échelle supérieure avec l’exploitation de plus de 50 ha la saison prochaine. Aujourd’hui, les perspectives sont réjouissantes. Mais, il faut faire face à certaines contraintes. «On ne dispose pas de tracteurs. On laboure beaucoup dans la zone et à titre d’exemple, même 5 tracteurs ne peuvent pas faire l’affaire lorsque vous les envoyez au village d’Assoni. A cela s’ajoute l’inadaptation des tracteurs qu’on nous envoie ici pour faire le labour», enchaîne le maire. Alexis Sadiakhou, président des jeunes de Ninéfécha, appuie : «On ne peut pas utiliser une petite daba pour faire de grosses réalisations et vivre de l’agriculture. C’est pourquoi, l’Etat doit nous doter de matériels agricoles adaptés pour permettre aux jeunes de retourner vers la terre et tourner le dos à l’émigration irrégulière.» L’autre problème est lié à l’absence de pistes de production qui ne permettent pas d’évacuer la production dans des conditions optimales. «On éprouve des difficultés à faire la récolte parce qu’on n’a pas de bonnes pistes. A cela vient s’ajouter le manque de main d’œuvre pour la récolte du riz d’autant plus qu’on ne dispose pas de batteuses», précise le maire. Même son de cloche pour la présidente du groupement «Kalané», Maoudo Diop : «On a perdu beaucoup de riz cette année faute de machine pour la récolte.» En plus, il y a le problème de la disponibilité des batteuses pour l’abattage du riz et souvent ce sont des querelles à n’en plus finir entre producteurs. «Des efforts considérables doivent être faits en ce sens pour nous doter de batteuses à faucille, c’est ce qui est adapté ici», formule Dondo Keïta. Sans oublier de mentionner la divagation des animaux. Chaque année, ce sont des hectares de riz qui sont détruits par des animaux en quête de verts pâturages. «Pour cette année, on a connu aussi des pertes inestimables à cause des feux de brousse. Par exemple, A. Diallo a perdu toute sa récolte qui a été décimée par les flammes. Y. Camara dans le village d’Assoni a perdu plus de 8 hectares partis en fumée», rappelle M. Keïta .
Il espère que le modèle de Koundara en Guinée inspire le Sénégal pour assurer la modernisation de l’agriculture et booster les récoltes. «Je me suis rendu en Guinée à Koundara. Parce que j’avais vent, à la suite des difficultés qu’on a connues cette année, qu’il y avait des machines qu’on appelle laberda. Ce sont des moissonneuses batteuses à chenille qui permettent de récolter avec le maximum de rendement, a expliqué le maire de Ninéfécha. Une machine multitâche de ce genre permet de gagner du temps, de rationnaliser des ressources et d’avoir un bon rendement», suggère-til à l’Etat du Sénégal. «La dotation d’engins de cette envergure peut aider à révolutionner de manière considérable le secteur agricole, notamment avec la politique de mécanisation», poursuit M. Keïta, qui espère un élargissement des périmètres à cultiver grâce à l’appui du Gouvernement, qui doit «mettre à la disposition des agriculteurs des moissonneuses et tracteurs à chenille pour faciliter le travail du labour et de la récolte, organiser la vente avec un prix acceptable pour le producteur».
Transformation des produits locaux : La pandémie freine les femmes
Le groupement d’intérêt économique «Kalané», debout pour le travail en langue Bedik, a vu ses activités arrêtées avec l’apparition de la pandémie du coronavirus. Mme Maoudo Diop, présidente du groupement, explique qu’elles avaient commencé l’an dernier avec la poudre de pain de singe. Mais, cela n’a pas été rentable à cause de la pandémie qui «nous a contraintes d’arrêter nos activités». Elles ont été obligées de vendre à perte le produit qui était déjà transformé en grande quantité. Jusque-là, ces femmes travaillent dans des conditions très difficiles pour ne pas dire rudimentaires. Elles ne disposent pas de lieu ou d’unité de transformation pouvant les permettre d’exercer correctement leur activité. «On a besoin d’assistance pour nous permettre d’avoir ne serait-ce qu’un lieu approprié où travailler», plaide la présidente du groupement. «Pour former le groupement, explique la présidente, nous avons vendu nos biens.» Elles souhaitent bénéficier des financements et autres projets et programmes de l’Etat qui visent à aider ou accompagner l’entreprenariat des femmes. La présidente renseigne d’ailleurs qu’elles ont déposé un projet de transformation de pain de singe, d’élevage et de transformation du fonio mais jusque-là, elles attendent d’être financées. En plus des activités de transformation, ces femmes s’investissement dans l’agriculture comme la culture du riz, de l’arachide, du fonio mais aussi le maraîchage. Elles exhortent l’Etat à les accompagner à avoir des financements souples et rapides pouvant les accompagner. Quid de la Délégation à l’entreprenariat rapide pour l’emploi des jeunes et femmes Der/Fj ? «Ce programme n’est pas arrivé ici», précise Mme Maoudo Diop