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24 juin 2025
Par Cheikh Kalidou NDAW
N’ENTERREZ PAS SI VITE LE TROISIÈME MANDAT
Se baser uniquement sur l'hypothèse de la peur de l’embrasement du pays, une sorte de veto de la rue, pour espérer que Macky Sall n’envisage pas d’y aller en 2024 est une vision, dont la réalisation nous ravirait certes, mais que nous ne partageons pas
Les récents évènements ayant suivi l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, dans le contexte de l’affaire de viol présumé commis sur la personne de Adji Sarr, employée comme masseuse dans un salon «Sweet Beauté», ont gravement secoué notre pays. Les émeutes qui en ont découlé, exacerbées par la mort de treize jeunes manifestants, ont donné des sueurs froides aux tenants du pouvoir en place et plongé le Sénégal dans une situation de tension quasi inédite. Le pouvoir a vacillé comme jamais il n’a été menacé par une furie, certes spontanée dans son explosion, mais nourrie dans la durée par des années de frustrations économique et sociale et par une ribambelle de sentiments d’injustice.
A cet égard, la cristallisation de la colère des jeunes, diplômés ou non, qui peinent, depuis bien longtemps, à entrevoir leur avenir avec sérénité, tant les perspectives d’emploi et de carrière sont presqu’inexistantes, a particulièrement été illustrée par les internautes sénégalais. Ces derniers, ayant lancé et alimenté le hashtag « #FreeSenegal » tout au long des manifestations, continuent de le faire pour dénoncer la situation dans laquelle se trouve notre pays. Dans ce contexte, la libération et la mise sous contrôle judiciaire de Ousmane Sonko, alors que le Parquet avait requis un mandat de dépôt à son encontre, analysées comme une reculade du pouvoir en place pour apaiser la situation sociale, ne manque pas d’avoir des incidences majeures sur le jeu politique sénégalais.
Et au centre de ce jeu, se trouve sans nul doute la question du troisième mandat du Président Macky Sall. Le Président a toujours refusé de clairement prendre position sur la question et restait, récemment encore, lors d’une émission sur les médias nationaux, «Le grand entretien», très évasif, estimant qu’il n’était pas encore temps de s’exprimer sur la question et qu’il le ferait le moment venu.
Profitant de la pression populaire sur le régime, galvanisé par une montée soudaine de sa popularité, Ousmane Sonko s’est engouffré dans la brèche politique ouverte par les tensions pour régler cette question et disqualifier son adversaire désigné. Il a ainsi estimé, parlant du président de la République, qu’«il n’a qu’à déclarer publiquement et sans ambiguïté, et le Peuple le lui réclame, qu’en 2024, il fera ses bagages et il quittera, d’une manière ou d’une autre». Il faut dire que ce coup politique était habilement joué. L’occasion était très belle pour la laisser passer.
De son côté, en n’évoquant pas la question dans son allocution à la Nation, tenue quelques minutes après la conférence de presse de Ousmane Sonko, le Président a sans doute esquivé une grenade politique lancée par l’opposition, une nouvelle fois, mais n’a pas pour autant mis fin au débat. Loin de là. L’éminent penseur Boubacar Boris Diop, faisant une analyse de ces récents évènements et de leurs répercussions politiques certaines, n’a pas hésité à déclarer que la question du troisième mandat était désormais réglée.
Selon lui, en effet, «même dans ses rêves les plus fous, Macky Sall n’ose plus l’envisager. En plus du Peuple sénégalais, ses parrains étrangers, dont l’avis est d’ailleurs beaucoup plus important pour lui, s’y opposeront fermement. En voulant empêcher Sonko d’être candidat en 2024, Macky Sall a créé les conditions pour ne pas l’être lui-même. Pour 2024, Macky s’est mis hors course tout seul, comme un grand». Il est vrai que situation penche plutôt en faveur d’une disqualification de Macky Sall pour 2024 et, en le disant, nous ne sommes pas loin de penser la même chose que Boubacar Boris Diop. La raison à cela tiendrait toutefois plus d’une crainte, de la part de Macky Sall et de son camp, d’un soulèvement populaire plus violent, plus grave, que celui récemment vécu plutôt que d’un angélisme politique ou d’une volonté soudaine de respecter les règles du jeu. Cependant, se baser uniquement sur cette hypothèse de la peur de l’embrasement du pays, une sorte de veto de la rue, pour espérer que Macky Sall n’envisage pas d’y aller en 2024 est une vision, dont la réalisation nous ravirait certes, mais que nous ne partageons pas totalement.
De notre point de vue, les choses sont moins simples que cela. En effet, nous pensons qu’il existe presque «50 nuances» de troisième mandat et qu’il s’agirait de les avoir à l’esprit pour ne pas que les magiciens politico-constitutionnalistes nous sortent un nouveau tour de passe-passe en 2024. La première est celle qu’a peut-être entendu écarter Boubacar Boris Diop, celle d’un Président Sall se présentant malgré tout en 2024, au risque d’un soulèvement de la population qui lui contesterait alors le droit de concourir pour un troisième mandat. Nous estimons, comme lui, qu’au regard des évènements politiques récents, c’est peu probable. Mais contrairement à lui, nous ne l’excluons pas.
En effet, s’il y a une chose que ces émeutes nous ont rappelée –elles ne nous l’ont pas apprise–, c’est que le Président Sall n’est pas d’une oreille très délicate. Son refus initial d’écouter les appels de la Société civile, autorités religieuses y compris, la déclaration presque va-t’en-guerre de son ministre de l’Intérieur, la répression inédite des manifestations ayant causé plusieurs victimes et son allocution assez tardive, somme toute restée en surface, pour essayer d’apaiser la situation du pays au bord du gouffre, sont autant de signaux ne nous assurant en rien que nous avons en face un homme de dialogue et de paix, qui fera tout et renoncera à tout pour ne pas embraser son pays. Nous ne lui prêtons aucune intention malveillante, mais nous estimons que son apparent jusqu’au-boutisme entêté n’augure rien de bon dans cette hypothèse. Il faut alors espérer qu’il saura se comporter en homme d’Etat qui tient parole et n’ira pas dans ce sens-là.
La deuxième nuance –ou hypothèse, si l’on veut– est celle dont personne ne parle à notre sens, en tout cas pas encore. Nous l’appellerons celle d’un troisième mandat par personne interposée. Le principe est simple.
Le Président décide de ne pas y aller lui-même, notamment pour les raisons que nous venons d’exposer, mais choisit son candidat, le candidat de la majorité sortante qui, s’il gagne, lui assurera ses arrières et fera en sorte qu’il ne soit inquiété, pas le moins du monde, par rapport à sa gestion qui, faut-il le rappeler, n’a pas toujours été irréprochable. Cette hypothèse serait plus crédible s’il y avait un numéro 2 déclaré et assumé dans le camp du Président, mais en l’absence de Premier ministre –le poste ayant été supprimé par le Président pour des raisons obscures–, il est difficile de l’envisager. Difficile ? Non, pas tant que cela, en fait ! En effet, le Président, à notre avis, semble avoir anticipé le coup. Ce qui montre qu’il n’est pas si mauvais stratège que cela. Et dans cette partie d’échecs, sa reine, la pièce maîtresse, s’appelle peut-être monsieur Idrissa Seck. Surprise ! Il n’aura échappé à personne que Idrissa Seck, désormais bombardé président du Conseil économique social et environnemental, est maintenant au gouvernement ou, à tout le moins, restons formels, dans la majorité présidentielle. Mais de facto, compte tenu de son poids politique –il est arrivé deuxième à la dernière Présidentielle de 2019– et de l’absence d’une figure concurrente, c’est le numéro 2 de cette majorité derrière Macky Sall.
A cela s’ajoute que Monsieur Seck est un «frère libéral» de longue date du Président Sall. Ils ont sans doute plus en partage qu’en désaccord. Du reste, ce n’est un mystère pour personne que Idrissa Seck convoite la Présidence depuis longtemps et qu’il serait probablement prêt à conclure un de ces deals politiques, dont lui seul a le secret, avec Macky Sall, si celui-ci décidait de partir en lui cédant les clés de maison.
Dans cette configuration, Idrissa Seck serait alors désigné candidat de la majorité et pourrait s’appuyer, outre sa base personnelle non négligeable - même si d’aucuns pensent qu’elle s’est depuis étiolée-, sur l’armada politique du Président Sall et de ses alliés, notamment la plateforme Benno bokk yaakaar. Il serait alors un prétendant plus que crédible pour la magistrature suprême. Il n’est d’ailleurs pas à exclure que ce soit là la véritable raison du ralliement de Idrissa Seck à la majorité présidentielle. En tout état de cause, nous ne le soupçonnons que très fortement. Une troisième nuance, qui est peut-être une variante de la deuxième, serait, en ayant à l’esprit les différences de système politique entre les deux pays, un scénario à la congolaise où le Président Joseph Kabila, sous la pression internationale, n’ayant pas pu se représenter pour un autre mandat, a manœuvré en vue de confisquer la victoire de son principal opposant, Martin Fayulu, et de consacrer un outsider politique, en la personne de Félix Tshisekedi, qu’il jugeait peut-être plus manipulable, conformément à l’esprit d’un adage bien de chez nous : ku la àbbal ay gët, fu ko neex ngay xol (Qui vous prête ses yeux vous fait regarder dans la direction qu’il souhaite).
Ayant en main l’appareil d’Etat et organisant les élections, Macky Sall pourrait aussi tenter ce coup-là. Après tout, tant que l’objectif, qui est de garder le pouvoir, peut être atteint par ce biais, pourquoi pas ? Si le Congo n’est sans doute pas le Sénégal et que désormais certaines manœuvres politiques frauduleuses risquent de braquer les Sénégalais et de finir dans un soulèvement contre le pouvoir, la possibilité reste là. En useront-ils ? C’est là une autre question. Quatrième nuance. Le scénario russe à la sauce Vladimir Poutine : «Je m’en vais sans vraiment m’en aller, mais je reviendrai à coup sûr.» Le Président fait désigner un candidat de la majorité et devient le Premier ministre de celui-ci s’il gagne, le temps d’un mandat. Ce faisant, il fait d’une pierre deux coups : il garde la réalité du pouvoir politique et met, par la même occasion, en échec les dispositions de la Constitution qui lui interdisent de faire plus de deux mandats consécutifs. Le seul obstacle à cette possibilité, c’est la suppression du poste de Premier ministre. Encore que cela peut tout aussi marcher avec le scénario Seck même si, il faut le souligner, c’est très peu probable. Dans tous les cas, rien n’empêche le Président Sall de faire rétablir le poste de Premier ministre si jamais il voudrait aller dans ce sens. L’avenir nous le dira.
Enfin, cinquième nuance et non des moindres, c’est le scénario Alassane Dramane Ouattara en Côte d’Ivoire et, à quelques égards, celui de Alpha Condé en Guinée Conakry. Nous savons que Alassane Ouattara s’est présenté à un troisième mandat indu, auquel il avait dit renoncer, après le décès de son Premier ministre et candidat désigné, monsieur Amadou Gon Coulibaly. Alpha Condé en a fait de même en ciselant sa Constitution à sa mesure. Nous avons été tous témoins de ce qui s’est passé dans ces deux pays. C’est un bras de fer politique qui a eu raison de la vérité constitutionnelle. La France, parrain en chef des chefs d’Etat ouest-africains, a laissé faire ; son Président Emmanuel Macron allant même jusqu’à cyniquement arguer, sans grande considération pour le Peuple ivoirien, que monsieur Ouattara se présentait malgré lui, qu’il n’avait pas eu le choix à la suite du décès de son Premier ministre et candidat désigné. Quelle indécence !
En Guinée, la «colère de l’Hexagone» n’était que de façade. L’on ne peut pas dire, là non plus, que grand-chose ait été tenté par le parrain pour faire barrage au projet de monsieur Condé. Les félicitations tardives, peu chaleureuses dans la forme, n’y auront rien changé. A l’arrivée, le Président Condé a eu son nouveau mandat. Et tant pis s’il a tordu la main à sa Constitution. Et tant mieux si la France peut exploiter cette faiblesse d’une mal-réélection pour mieux faire avancer le pion de ses intérêts dans ce pays. Tout cela pour dire que si, en 2024, Macky Sall met en exécution le projet qu’on lui prête d’un troisième mandat, assurément anticonstitutionnel, le salut du Peuple sénégalais et de son opposition politique ne viendra certainement pas de la France. En tout cas pas celle de monsieur Macron qui perpétue allègrement les pratiques de la vieille France-Afrique, comme dans le vieux monde qu’il dédaignait. Mais peut-être que monsieur Macron ne sera plus Président de la France en 2024… Compte tenu de tout cela, ce n’est pas une vaine banalité que de dire, le combat contre le troisième mandat de Macky Sall se jouera d’abord dans l’arène politique sénégalaise et probablement pas ailleurs.
L’opposition politique a, à cet égard, un rendez-vous historique à honorer. Son premier défi, si le Président Sall décide d’y aller, ce sera surtout de se rassembler. Mais encore faudra-t-il ne pas attendre le dernier moment pour y songer. Car, et attention, au fond, la posture du «ni oui ni non» du Président Sall cache une stratégie politique : celle de la division et l’éparpillement. L’opposition compte plusieurs figures présidentiables qui, si elles se liguent très tôt contre lui et préparent le terrain en conséquence, peuvent lui mener la vie dure dans les urnes. Mais si les opposants n’en prennent pas collectivement conscience, il y aura un retard à l’allumage de leur machine politique qui profitera au régime de Sall. C’est une stratégie du diviser pour mieux régner. Or, se préparer, pour l’opposition, c’est aussi s’assurer que le fichier électoral est irréprochable ; c’est préparer une organisation matérielle rigoureuse qui puisse faire éviter des fraudes électorales si bien pensées et exécutées qu’il lui sera difficile d’apporter la preuve de leur commission. Enfin, et c’est toujours dans l’hypothèse où Macky Sall décide d’y aller en 2024, il faudra éviter le piège de la justice constitutionnelle.
En effet, il faut rappeler que nous nous retrouverons alors dans la même configuration que celle de 2012. Abdoulaye Wade qui n’avait plus le droit de concourir pour un troisième mandat avait néanmoins eu le sésame du Conseil constitutionnel, qui avait estimé que son premier mandat ne comptait pas, car ayant été accompli sous l’empire d’une Constitution précédente qui n’était en vigueur en 2012 et que, au surplus, la nouvelle loi constitutionnelle n’avait pas vocation à avoir des effets rétroactifs. C’est un précédent légal que peut tout à fait faire valoir le Conseil constitutionnel si le Président Sall décide de se représenter. Or, si l’opposition joue le jeu de la justice en saisissant cet organe de la constitutionnalité d’un troisième mandat du Président Sall, elle ne pourra, en toute logique, que respecter le verdict du juge, qu’il aille dans son sens ou non.
A notre avis, une telle démarche constituerait un piège qu’il vaudrait mieux éviter. Le combat est plus politique que juridique. En réalité, il l’a presque toujours été dans les tripatouillages et distorsions de Constitution à des fins politiques personnelles.
En conclusion, nous pensons que les dés d’un troisième mandat ou non ne sont pas encore jetés. Les différentes hypothèses que nous avons évoquées ne viennent pas simplement d’une imagination fertile, elles dérivent de l’observation de situations concrètes qui, soit ont déjà pris corps dans notre pays, soit dans d’autres, y compris dans notre sous-région. Il ne faut, dès lors, pas penser que le débat à propos de ce fameux troisième mandat est clos. Au contraire, il nous semble qu’il ne fait que commencer. En tout état de cause, nous estimons qu’il y a lieu de ne pas enterrer la question bien trop vite.
Par Un Sénégalais lambda
AUTOPSIE D’UNE CRISE COLLECTIVE
Le Sénégal, notre cher pays, vient de vivre au cours de ce dernier mois une des crises les plus sombres de sa jeune histoire
Le Sénégal, notre cher pays, vient de vivre au cours de ce dernier mois une des crises les plus sombres de sa jeune histoire. La République a vacillé pour une histoire de mœurs, qui sous d’autres cieux plus sereins, aurait certes fait les choux gras de la presse et alimenté les gorges chaudes, au regard du statut de l’un des protagonistes, mais n’aurait jamais contribué à installer la chienlit. Celle-ci s’est traduite par un bilan provisoire de 13 morts et des milliards de francs partis en fumée. Alors que s’est-il passé pour qu’une simple étincelle se transforme en feu de brousse menaçant d’emporter tout sur son passage dans un pays présenté jusqu’ici comme une oasis de stabilité ? Sociologues, politologues et autorités politiques ne manqueront d’apporter une réponse à cette question essentielle. Mais permettez-nous de vous soumettre humblement le fruit de nos réflexions en espérant qu’elles seront utiles pour l’avenir.
Au commencement était un déséquilibre démographique : perspective 2050
Les événements des 3, 4 et 5 mars 2021, les « trois glorieuses » pour paraphraser Mamadou Oumar Ndiaye (Le Témoin), se sont caractérisés par un soulèvement populaire déclenché majoritairement par de très jeunes manifestants. Il suffit simplement de jeter un coup d’œil sur l’âge des personnes décédées qui varie entre 17 ans et 20 ans pour se convaincre que les évènements que nous venons de vivre constituent à bien des égards une révolte juvénile.
En effet, parmi les victimes, seul Moussa Dramé de Ndoffane avait 35 ans. Triste constat mais ce n’est point une surprise. Il y a lieu de rappeler qu’en 2010 déjà, les projections des nations unies estimaient que la population africaine qui était de 1,2 milliard d’habitants doublerait pour s’établir à 2,5 milliards d’âmes à l’horizon 2050. Mais le plus grand défi de cette perspective se situe au niveau de la jeunesse. En effet, plus de la moitié de cette population aura moins de 25 ans. Le Sénégal ne saurait échapper à ce défi démographique qu’il devra transformer en opportunité à l’heure où l’on constate un vieillissement inquiétant de la population dans certains grands pays (Italie, Japon) voire un recul démographique.
Dans un récent rapport, l’Agence Française de Développement (AFD) mentionnait que « Si, dans les prochaines décennies, rien n’est fait pour doper la création d’emplois de qualité tout en contenant la croissance démographique, la massification du chômage chez les jeunes ou la multiplication des emplois précaires pourraient constituer un facteur de très forte contestation sociale et de mobilité forcée. ».
Par conséquent, la configuration de notre population, composée majoritairement de jeunes, impose à nos dirigeants et impétrants de placer les problématiques de jeunesse au cœur des politiques publiques. A défaut, nos pays auront à gérer le pire des scénarios : la déflagration d’une véritable bombe sociale avec ses contrecoups qui vont du grand banditisme au terrorisme. 2050 se prépare maintenant.
Une crise des 3 pouvoirs
La confiance de nos concitoyens dans les institutions de la République s’est largement effritée. Pire, elle a tout simplement disparu. En réalité, l’Affaire Ousmane SONKO- Adji SARR n’a été que le révélateur de ce que l’on savait déjà. Pourquoi, en dépit des incertitudes sur la véracité des faits, l’écrasante majorité des Sénégalais connaissait déjà l’épilogue de cette sordide histoire? Un opposant placé sous mandat de dépôt, sali et délesté de ses droits civiques. La politique politicienne considérée par bon nombre de sénégalais comme le champ des actions malhonnêtes, des lois et décisions contraires à l’intérêt national a pris une telle importance que la parole de l’exécutif s’est dévalorisée à force de volte-face, ruses, duperies, nuances et autres wax waxeet honteusement qualifiés de génie politique par les spécialistes de la laudation.
Dans notre marigot politique, ravaler son vomi est devenu le vil jeu favori et la VAR n’y fait rien. La transhumance politique est institutionnalisée à telle enseigne qu’elle ne choque plus une population qui a fini par l’intégrer et en est totalement blasée. Le spectacle désolant que nous offre notre parlement relayé par les chaînes de télévision est caractéristique de la déliquescence du pouvoir législatif. Une statistique résume à elle seule la qualité de la vie parlementaire. Aucune proposition de loi d’envergure n’a été votée depuis 2012. C’est dire que qualifier cette institution de chambre d’enregistrement de l’exécutif n’est point exagéré. Quid du pouvoir judiciaire ? L’affaire de mœurs qui a récemment secoué la République a montré que les justiciables n’ont pas confiance en leur justice, surtout lorsque les protagonistes sont issus du personnel politique. Ils estiment qu’elle n’est ni indépendante, ni impartiale. Pire, ils la jugent corrompue ou assujettie à l’exécutif. Ont-ils tort ou raison ? Il serait fondamentalement injuste de jeter l’ensemble des membres de notre Temple de Thémis avec l’eau du bain car beaucoup de femmes et d’hommes qui l’animent sont dignes, de bonne foi et assument leurs fonctions avec toute l’éthique et la déontologie qui sous-tend leur serment. Toutefois, force et de reconnaître que les procès médiatiques impliquant des célébrités et, partant des hommes politiques, constituent les têtes de gondoles de Dame Justice. Et en la matière, ce qui nous a été donné de voir au cours des dernières années donne une image peu reluisante du pouvoir judiciaire.
Une classe politique au dessus des lois
De nombreux observateurs l’ont relevé avant votre serviteur et ce n’est pas prêt de s’estomper. Le personnel politique, tous bords confondus, prend ce pays en otage et se croit au dessus des Lois. Certes, il peut être admis que les hommes politiques ne sont pas des citoyens ordinaires. En revanche, ils sont des justiciables comme tout le monde. C’est à croire que les affaires politico-judiciaires se suivent et se ressemblent dans ce pays. Aussi loin que nous grimpons dans l’arbre à remonter le temps, les prévenus se bornent toujours à crier au complot de la part de leurs adversaires ou ennemis politiques et évitent soigneusement d’aborder le fond du dossier. C’est de bonne guerre de faire dans la victimisation pour gagner la bataille d’une opinion qui n’aime pas les victimes du fameux « toroxal gorr ». L’illustration la plus parfaite à ce sujet d’ailleurs a été donnée par un journaliste, Pape Ngagne NDIAYE de la TFM pour ne pas le nommer. Invitant Monsieur Cheikh Bamba DIEYE du FSD/BJ sur le plateau de son émission Faram Facce, le tonitruant autodidacte lui a indiqué en substance que « vous les hommes politiques, même si l’on vous arrête pour conduite sans permis, vous crierez au complot de vos ennemis politiques ». C’est tout dire et les exemples sont légion. L’affaire Aminata Lo DIENG, éclipsée par celle impliquant Ousmane SONKO, paraît déjà bien lointaine. Pendant cette période où il est très impopulaire de citer la France en exemple, les récentes affaires politico judiciaires de l’Hexagone impliquant tour à tour, François FILLON, Gérald DARMANIN, George TRON, Edouard BALLADUR, François LEOTARD et Nicolas SARKOZY, pour ne citer que ceux la, doivent nous édifier. Nous pourrions également traverser l’Atlantique pour convoquer l’affaire de harcèlement sexuel dans laquelle le Gouverneur de l’Etat de New York Andrew CUOMO est accusé. Tous se sont soumis à la justice de leurs pays sans pousser de cris d’orfraies en pointant du doigt leurs adversaires politiques. In fine, ce sont nos hommes politiques, du pouvoir comme de l’opposition, qui contribuent à discréditer la justice, selon leurs intérêts du moment.
Des médias au jeu troublant
Soyons clairs, il serait illusoire de croire que les médias sont impartiaux et ont un traitement de l’information situé à équidistance des chapelles politiques. Dans toutes les grandes démocraties de ce monde, il y a autant de lignes éditoriales que de sensibilités politiques. En France, “Le Figaro” et “Valeurs Actuelles” sont de droite là ou “Libération” où “Marianne” sont clairement de gauche. Aux états-Unis, le “New York Times”, le Washington Post” ou “CNN” sont de sensibilité démocrate alors que “Fox News” et d’autres médias de moindre envergure soutiennent ouvertement le parti républicain. Et les exemples foisonnent dans tous les pays. Au Sénégal, ce n’est pas nouveau non plus. Qu ne se souvient pas du journal “SOPI” avec ses articles au vitriol contre le régime du Président Abdou Diouf? Seulement, c’était au siècle dernier, à une époque où la petite lucarne n’était pas disponible dans tous les foyers et la distribution de la presse n’était pas numérique. Nos braves journalistes nous ont tellement rabâché la réthorique de Beaumarchais selon laquelle “les commentaires sont libres, les faits sont sacrés” que nous en sommes arrivés à la confondre avec la devise du journalisme. Cependant, ce qui est apparu depuis quelques temps, c’est que la sacralité des faits n’est même plus un postulat. La propension de plus en plus marquée de certains organes à travestir les faits sur fond de désinformation et de fake news tous azimuts est entrée dans les mœurs. Pis, la course au “shocking” est devenue une mode sur les plateaux télés. Les médias détiennent un énorme pouvoir, (le quatrième) en ce qu’ils façonnent l’opinion, ses humeurs, ses leurres et ses lueurs. Cette lourde responsabilité à l’heure de l’information instantanée et continue ne doit être transformée ni en phosphore, ni en silex.
Des réseaux sociaux vecteurs de haine, de violence et de médiocrité
Ils étaient sensés nous rapprocher mais ils ont creusé des tranchées très profondes au sein de notre société. Ils étaient sensés accélérer l’information et démocratiser son accès mais ils ont encouragé la désinformation, le lynchage médiatique et les fake news. Ils étaient sensés nous faire aimer les uns les autres mais ils ont davantage véhiculé la haine et la violence. Ils étaient sensés nous donner une infinité d’opportunités, ils sont devenus l’opium du peuple et endorment notre jeunesse “addicted” sous l’effet de pass internet bazardés par les opérateurs télécoms. Ils ont pour nom Facebook,Twitter, Instagram, WhatsApp, YouTube, TikTok, Snapchat. Une quinzaine d’années après l’introduction au Sénégal de l’aîné d’entre eux, Facebook, il devient impérieux de s’interroger sur l’impact des réseaux sociaux sur notre société et surtout, sur notre jeunesse. L’apparition des réseaux sociaux a telle permis à nos jeunes d’être mieux instruits? Nous sommes tentés de répondre par la négative lorsque l’on entend un professeur d’université dire sur les ondes d’une radio de la place que 89% des nos étudiants n’ont pas le niveau. Il suffit simplement d’apprécier leur expression écrite ou orale pour se faire une idée. La société est-elle mieux informée? Peut-être mais notre conviction est qu’elle est mieux désinformée tant les « fake news » concurrencent à longueur de journée l’information juste et vraie. A cet égard, le récent livre de Samuel LAURENT intitulé « Twitter va t-il tuer la démocratie ?» est une référence en la matière. Nombre de nos compatriotes ont relevé qu’ils n’ont jamais imaginé avant ces évènements des 3 glorieuses que les sénégalais pouvaient être aussi violents. Là aussi, les réseaux sociaux ont largement contribué à répandre la compétition d’invectives et de vulgarité à laquelle notre jeunesse participe au quotidien. Plus tu es extrême et plus on te like. Ces insanités sont le germe de la haine et de la violence qui s’est exprimée récemment. La formule magique est bien connue « gars yi partazé leen.... »* Ces nouveaux outils sont tellement nocifs que les patrons de la Silicon Valley qui les ont créés les interdisent à leurs enfants. CQFD.
A suivre...
QUELLES INFRASTRUCTURES POUR RECEVOIR LE GAZ LE NATUREL LIQUEFIE ?
« Cette centrale ne peut être fonctionnelle que si et seulement si y a du gaz naturel liquéfié »
Mercredi dernier, un groupe d’investisseurs privés sénégalais a lancé la construction d’une centrale électrique. Le but est de réduire les consommations de combustibles grâce aux performances attendues du fonctionnement des unités de production au gaz. Quelles infrastructures pour recevoir le gaz le naturel liquéfié ?
Sous la présidence du ministre du Pétrole et des Energies, Sophie Gladima, West African Energy (WAE), un consortium composé d’investisseurs sénégalais, a procédé mercredi dernier à la pose de la première pierre de l’une des plus grandes centrales électriques de notre pays. Une centrale d’une puissance de 300 MW installée au Cap des Biches, dans le département de Rufisque. D’un coût global de 220 milliards de Francs CFA (394 millions de dollars américains), cette infrastructure, entièrement financée par des privés nationaux sénégalais, est pilotée par l’ancien ministre Samuel Sarr. Et si l’on en croit les dirigeants de West African energy, la centrale devrait être fonctionnelle en 2023. « Cette centrale ne peut être fonctionnelle que si et seulement si y a du gaz naturel liquéfié », font savoir nos sources. Lesquelles poursuivent en soulignant que même si le gaz naturel liquéfié, exploité par Bp, sort du puits à Saint-Louis à partir de 2023, Samuel Sarr et Cie pourraient se heurter à d’autres difficultés. « Ses investisseurs vont être confronté à des problèmes d’infrastructures pour recevoir le gaz naturel liquéfié. Lequel ne peut être transporté que par des camions spécialisés avec des températures de -162 degrés pour relier le Port et le lieu de la Centrale. Il peut aussi passer par des pipelines. Mais le problème est que la construction de pipelines peut durer plus de 10 ans. Et pour le faire, il va falloir déloger des populations de Saint-Louis à Rufisque.
Macky donne le marché de la concession de construction d’infrastructures à Elton
Cela représente un coût de centaines de milliards », expliquent des experts du milieu des hydrocarbures. Nos interlocuteurs font savoir, à cet effet, que si les infrastructures ne sont pas disponibles, les initiateurs de ce projet ne pourront utiliser que du fuel, comme la Senelec, ou encore du charbon de bois. Toutefois, nos sources de révéler en exclusivité au Témoin, que l’Etat a donné récemment une concession à la société pétrolière Elton, propriété du milliardaire sénégalo-mauritanien Abdourahmane Ndiaye, pour construire des infrastructures pour recevoir du gaz naturel liquéfié au Port autonome de Dakar. « Mais l’l’Etat du Sénégal doit nous dire si Elton a l’exclusivité après avoir construit les infrastructures c’est-à-dire si c’est elle seulement qui pourra transporter le gaz au Sénégal. Si c’est le cas, ça serait très grave. L’état doit faire une règlementation sur cette affaire. Il doit libéraliser ce transport afin que chacun puisse avoir l’opportunité de transporter du gaz naturel liquéfié quitte à faire payer un frais de passage comme cela se fait dans le transport du pétrole notamment avec Diprom et Senstock, DOT », soutiennent en conclusion nos interlocuteurs.
Bref, compte tenu de toutes ces contraintes, reste à savoir si Samuel Sarr et Cie n’ont pas mis la charrue avant les bœufs !
Par Mamadou Oumar NDIAYE
POLITICIENS, RENDEZ-NOUS NOS MANDATS LOCAUX
A défaut de pouvoir les y contraindre, faudra-t-il donc en arriver à supplier à genoux nos tout-puissants politiciens afin qu’ils consentent enfin à organiser les élections locales ?
C’est donc reparti pour février 2022 au moins ! L’Assemblée nationale vient en effet de voter le report sine die des élections locales. Nul ne sait au juste quand est-ce qu’elles se tiendront même si on sait que la majorité présidentielle opte pour février prochain tandis que l’opposition, elle, entend se battre pour que le scrutin ait lieu avant la fin de l’année. En attendant que ces messieurs et dames de la classe politique — majorité et opposition confondues — veuillent bien s’entendre sur une date, nous reproduisons cet article que nous avions publié il y a quelques mois. Et qui n’a rien perdu de son actualité !
A défaut de pouvoir les y contraindre, faudra-t-il donc en arriver à supplier à genoux nos tout-puissants politiciens afin qu’ils consentent enfin à organiser les élections locales ? Eh oui, on en est là dans ce pays présenté comme le phare de la démocratie en Afrique et qui est en passe d’en devenir la lanterne rouge ! Alors que le mandat de tous élus locaux a expiré depuis juin 2019, ces braves hommes et femmes sont toujours en fonction et exercent leurs missions (c’est-à-dire en gros vendre des terrains et construire des cantines au prétexte de trouver des recettes) comme si de rien n’était par la grâce d’un décret présidentiel. Un décret qui leur accorde apparemment plus de légitimité que le mandat populaire !
En tout cas, nous vivons une situation extraordinaire qui voit les politiciens d’un pays, le nôtre, refuser systématiquement — du moins, dans leur grande majorité — de soumettre de nouveau au vote des citoyens ceux d’entre eux qui avaient bénéficié de leurs suffrages pour siéger dans les assemblées locales. A ce qu’on sache, le Sénégal n’est pas en état de guerre, ne connaît pas de troubles intérieurs ni de catastrophe naturelle, Dieu merci ! Et même la pandémie de coronavirus n’a pas fait le poids face à la maestria de nos médecins et doctes professeurs et aux performances en matière de gestion de crise de nos dirigeants ! A preuve, le Sénégal n’a-t-il pas été sacré deuxième pays du monde à avoir le mieux géré cette satanée pandémie qui a bouleversé le monde entier et dont les ravages ne ont pas près de s’arrêter ? Or, presque nulle part elle n’a empêché la tenue à bonne date d’élections. A commencer par le pays le plus atteint du monde, les Etats-Unis d’Amérique, qui ont organisé leur élection présidentielle.
Le Mali a fait ses législatives durant cette période. La France, en pleine pandémie, a organisé ses municipales. Le Brésil, la Bolivie, le Chili, le Venezuela ont tenu leurs scrutins. Et même la Russie et la Biélorussie ! Pour dire que dans les pays où la démocratie est ancrée — ou même là où on essaie de l’implanter —, le respect du calendrier électoral est sacré. Sauf si le Ciel s’abat sur la tête des citoyens de ces pays-là, les élections ont lieu à bonne date. Le Sénégal constitue l’exception qui confirme la règle, hélas ! Ce qui est désolant dans ce pays où, encore une fois, il n’y a ni conflit armé ni crise sanitaire majeure mais où les politiciens font tout pour refuser de remettre leurs mandats en jeu. Et permettre au peuple qui leur a remis ces mandats soit de les confirmer en les réélisant soit de les révoquer. Car enfin, dans la démocratie, un système à propos duquel l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill a dit qu’il est mauvais « mais elle est le moins mauvais » de tous, les citoyens choisissent leurs dirigeants par le biais des élections. Ne pouvant pas tous être aux affaires, c’est-à-dire gérer la cité ou légiférer — dans certains pays comme aux Etats-Unis juger —, ils choisissent donc parmi eux des gens dignes de confiance pour les envoyer dans l’Exécutif, le Législatif et, dans certains cas on l’a vu, le Judiciaire. Autrement dit, ils se font représenter. D’où la notion de démocratie représentative comme conçue par ses initiateurs.
Bien évidemment, un tel système, pour bien fonctionner, suppose que les élus remettent à intervalles réguliers leurs mandats au peuple qui les sanctionne positivement ou négativement. Schématiquement, c’est comme cela que les choses doivent fonctionner. Mais apparemment, au Sénégal, les citoyens n’ont plus d’emprise sur leurs élus ! Lesquels, au contraire, prétendent leur dicter leur loi et leur agenda. Prenant prétexte du fait que la dernière présidentielle n’avait pas été transparente, en tout cas que le processus électoral était vicié et que le fichier n’était pas fiable, nos politiciens refusent d’organiser les élections municipales tant que ce processus ne serait pas évalué et que le fichier ne ferait pas l’objet d’un audit ! L’ennui, c’est que cela fera bientôt deux ans que ces messieurs et dames discutent sur le sexe des anges électoraux sans qu’une perspective claire se dégage. Ce que c’est donc compliqué d’organiser des élections dans ce pays ! Car enfin, bien avant le fameux Dialogue national qui s’est terminé en queue de poisson, une « commission politique » dirigée par un général discutait déjà depuis des mois sur l’évaluation du processus électoral ainsi que sur le fichier. Une commission qui a poursuivi ses travaux durant le Dialogue…
De report en report, glissons vers… 2024 !
Jusque-là, en tout cas, le résultat le plus tangible des discussions picrocholines de nos politiciens — mais aussi de la frange politisée de la Société civile —, c’est que les locales, qui devaient se tenir en juin 2019, ont été repoussées au mois de mars 2021 « au plus tard » mais ne semblent malheureusement pas pouvoir être organisées à cette nouvelle date ! Car, aussi bien l’évaluation que l’audit n’ont pas été effectués et nul n’est vraisemblablement pressé de voir ces conditions remplies.
A propos de l’audit, d’ailleurs, on tend la main à l’Us Aid pour le financer. Et pourquoi pas l’Etat quand on sait que le Sénégal fait quand même partie des « cinq à six pays du monde à ne pas enregistrer de récession en 2020 » comme le soutient fièrement notre ministre des Finances et du Budget ! Censées donc se tenir en mars « au plus tard », vraisemblablement repoussées au mois de novembre « au plus tôt » — c’est nous qui le disons ! —, les élections locales risquent de se chevaucher avec les législatives prévues en 2022. On voit d’ici le scénario si elles avaient lieu effectivement en novembre. Des partis politiques — sans doute instrumentalisés par le pouvoir — viendraient exiger que l’on évalue encore le nouveau processus, que l’on audite le fichier et l’on repartirait pour un autre tour.
Concertations, Dialogue, report des législatives et, par voie de conséquence, de la présidentielle de 2024. Ne riez pas puisque, en République démocratique du Congo (RDC), c’est exactement ainsi que les choses s’étaient passées permettant à l’alors président Joseph Kabila de gagner un an supplémentaire à la tête de ce pays. C’est ce qu’on avait appelé à l’époque le « glissement ». Un glissement fort possible au Sénégal au train où vont les choses. En tout cas, les politiciens de ce pays mènent les citoyens — les pauvres cons que nous sommes — en bateau. Et plutôt que de rendre des comptes à ce brave peuple, on a plutôt l’impression que c’est ce dernier qui leur est redevable ! Les Sénégalais sont donc priés d’attendre sagement que leurs politiciens au sens large — c’est-à-dire y compris les militants d’organisations de la Société civile qui vivent du business des élections — aient fini de discuter de choses sérieuses avant de consentir enfin à fixer la date à laquelle ils souhaitent lui remettre leurs mandats. Tout cela est d’autant plus navrant — exaspérant devrait-on dire — que le Sénégal peut tout de même se prévaloir d’avoir réussi deux alternances au sommet de l’Etat qualifiées d’exemplaires en Afrique. Et au cours desquelles on a vu des présidents sortants battus qui ont appelé leurs adversaires pour les féliciter. Mais bon Dieu, les textes, le fichier et le processus qui ont permis de réaliser des alternances peuvent quand même servir à organiser des élections locales, non ? Qui peut le plus peut le moins même si, c’est vrai, ces alternances, c’était pendant le printemps démocratique sénégalais…
Si l’on n’a bien compris, il convient de ne surtout pas badiner sur les durées de validité des cartes nationales d’identité, des permis de conduire, des attestations d’assurance. Gare au citoyen ou/ et au conducteur qui se promènerait avec une de ces pièces dont l’échéance aurait expiré. On voit d’ici nos policiers et nos gendarmes se frotter les mains de la bonne affaire qu’ils vont faire en verbalisant — ou rançonnant, c’est selon — le brave citoyen contrevenant en question. En revanche, les mandats de nos élus peuvent avoir expiré depuis des lustres, ces braves gens continueront toujours de nous représenter en toute légitimité ! Mais ne parlons pas de sujets qui fâchent et demandons plutôt à nos politiciens quand est-ce qu’ils cesseront enfin de se foutre de notre gueule ?
«MON AMBITION EST DE METTRE A LA DISPOSITION DE NOTRE PAYS UNE ARMEE ANCREE DANS SON CŒUR DE METIER»
Le nouveau Chef d’Etat-Major Général des Armées (Cemga), le Général Cheikh Wade, a reçu hier des mains du ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba, le fanion du commandement.
Le nouveau Chef d’Etat-Major Général des Armées (Cemga), le Général Cheikh Wade, a reçu hier des mains du ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba, le fanion du commandement. Prononçant son premier ordre du jour, le nouveau Cemga a exprimé son ambition de mettre à la disposition du pays une Armée résolument ancrée dans son cœur de métier
C’est par un dépôt de gerbe au Mémorial du souvenir etla signature du livre d’or qu’a démarré la cérémonie solennelle d’installation du nouveau Cemga. Se réjouissant du choix porté sur sa personne pour occuper le poste, le Général Cheikh Wade s’est engagé à mettre à la disposition du pays une Armée résolument ancrée dans son cœur de métier et en mesure de faire face fermement et avec succès aux différentes formes de vulnérabilités pouvant mettre en péril son intégrité, sa sécurité et son unité. «Mon intention est de prioriser, à tous les échelons, la préparation et le soutien aux opérations en faisant atteindre aux différentes composantes un haut degré d’efficience face au spectre des menaces actuelles ou probables, à brève ou moyenne échéance», ajoute le successeur de Birame Diop.
Ainsi, compte mettre en œuvre une politique de formation adaptée à chaque catégorie de personnels et un entraînement continu des formations organiques, en s’appuyant sur un soutien logistique flexible et cohérent. «Je veux doter les Armées de capacités adéquates pour conduire avec efficacité ses missions», ajoute-t-il. A cet effet, il entend s’appuyer sur les actions décisives et opportunes initiées par son prédécesseur afin d’ériger le système d’hommes en socle d’une efficacité opérationnelle. «La mise en service du Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines (SIGRH) va être parachevée, marquant ainsi un tournant décisif dans ce domaine», informe le Général Cheikh Wade.
A l’en croire, cet outil innovant de pilotage, de planification et d’aide à la décision, à la formalisation des parcours professionnels des personnels militaires, récemment validée et diffusée, devrait permettre d’opérer une meilleure gestion prévisionnelle des effectifs, des emplois et des compétences. Par ailleurs, il annonce que le recrutement d’officiers sous contrat et la réactivation du corps des officiers de réserve seront les autres innovations majeures de régulation des flux en vue d’une meilleure adéquation entre les besoins et les profils requis. Quant au recrutement national des militaires du rang, il devrait de plus en plus être ciblé vers les profils et besoins prioritaires exprimés par les Grands Commandements et Services.
Dans le domaine de la formation, le nouveau Cemga renseigne que des programmes infrastructurels innovants, déjà entamés pour moderniser les plateaux pédagogiques de leurs écoles et centres de formation, de même que la récente création d’écoles techniques des Armées et Services, et enfin, la mise sur pied d’un pôle d’excellence de l’enseignement militaire supérieur, seront parachevés et consolidés. Ils doivent tous concourir à relever les standards de formation des personnels. « Il nous faudra poursuivre cette quête de qualité dans la formation de nos ressources humaines, si nous voulons disposer d’un instrument de défense crédible et performant. Aussi, dans un souci d’efficience et de cohérence, la restauration effective du Commandement des écoles s’impose pour une meilleure prise en compte de tout le spectre de la politique de formation jusqu’à l’enseignement militaire supérieur», souligne-t-il.
«LES OBJECTIFS VISENT A GARANTIR AUX ARMEES UNE AUTONOMIE LOGISTIQUE»
S’agissant de la logistique des Armées, le Général Wade affirme que les efforts initiés par l’Etat depuis 2013, dans le cadre du plan stratégique horizon 2025, ont permis d’améliorer significativement les conditions de vie et de travail des personnels ainsi que les capacités opérationnelles des composantes, mais de nombreux défis subsistent. Il entend aussi poursuivre et accélérer cette montée en puissance, dont les objectifs visent à garantir aux Armées une autonomie logistique au niveau national. «Nous devons tout mettre en œuvre pour assurer une bonne disponibilité technique opérationnelle et la préservation des matériels majeurs, dont le niveau élevé de maintenance demeure le seul gage d’une longue durée de vie et donc de rentabilité des investissements substantiels consentis par l’Etat», rassure le nouveau patron des Armées sénégalaises.
«J’EXHORTE LES MILITAIRES A FAIRE PREUVE DE TENUE ET RETENUE DANS L’USAGE DES RESEAUX SOCIAUX»
En cette période où l’accès à la communication et à l’information s’est généralisé par le biais des réseaux sociaux, le Général Cheikh Wade a exhorté les hommes de troupe à faire preuve de tenue et retenue dans leur usage. «Il y va de la préservation de l’image des Armées, et du devoir de réserve auquel tous les personnels sont tenus.
En effet, dans la pratique, il est fortement probable que le fil ténu de conservation et de défense du secret soit rompu, et souvent de façon insoupçonnée», indique le nouveau Cemga. Il en appelle aussi à cette valeur fondamentale, l’intégrité, dans son sens le plus profond et le plus large. Il demande instamment aux militaires, toutes catégories confondues, et plus particulièrement au leadership, de l’adopter comme l’unique boussole morale qui mène vers la voie du succès et les chemins de l’honneur. « C’est le lieu d’insister sur le respect scrupuleux du bien commun et de se remémorer que notre engagement sacerdotal est de se mettre au service exclusif de la patrie, des Armées et de leurs intérêts suprêmes », peste-t-il.
Pour sa part, le ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba, a promis soutien et assistance au nouveau Cemga. «Dans cette noble et redoutable entreprise que vous appréhendez avec intelligence et fermeté, je vous assure de mon soutien total et de celui de tous mes collaborateurs, afin d’atteindre le seul but qui vaille : la stabilité de notre pays, la sécurité de nos concitoyens et le développement de notre cher pays le Sénégal», indique Me Sidika Kaba.
«JE LUI AI OFFERT 5 MIROIRS POUR QU’ELLE SE REGARDE..»
Poursuivie en justice par l’architecte Pierre Goudiaby Atepa pour le délit de diffamation, Aby Ndour n’a pas varié dans ses accusations, puisqu’elle a répété, devant la barre, qu’elle a été victime de chantage sexuel de la part du plaignant.
La peine de six (6) mois avec sursis pourrait être infligée à la chanteuse Aby Ndour si le tribunal applique à la lettre le réquisitoire du parquet. Poursuivie en justice par l’architecte Pierre Goudiaby Atepa pour le délit de diffamation, la chanteuse n’a pas varié dans ses accusations, puisqu’elle a répété, devant la barre, qu’elle a été victime de chantage sexuel de la part du plaignant. Ce dernier qui réfute ces accusations réclame la rondelette somme de 50 millions Fcfa à la mise en cause à l’encontre de qui le ministère public a requis la peine de 6 mois avec sursis. L’affaire a été mise en délibéré jusqu’au 6 mai prochain.
Habillée d’une veste de couleur verte assortie d’un pantalon blanc, Aby Ndour a confirmé ses accusations. D’emblée, elle a tenu à préciser qu’elle n’a aucune relation avec le plaignant. Possédant une buvette sur la corniche, elle a reçu, dans le courant de l’année 2016, la visite de Atepa. «Par la suite, à chaque fois qu’il passait sur la corniche, il venait me rendre visite.Dès fois, il m’appelait à partir d’un numéro privé. C’est son numéro de France que j’ai. Il est l’auteur de tout ce qui s’est passé entre nous. Il m’a appelée et proposé le restaurant et m’a embarquée dans un 4×4 noir jusqu’à la statuette de Senghor où il m’a dit : «Je t’offre des terres». Ne se limitant pas là, il a osé me dire « beuthieuk dioté niou nek pape ak doom et goudi bou jote niou nek lenneen», raconte la sœur de Youssou Ndour.
Sachant là où son interlocuteur voulait en venir, elle n’a pas attendu que ce dernier termine sa phrase pour qu’elle comprenne la situation. Refusant de céder à ces propositions, elle déclare : «Depuis, Atepa me cherche des noises. Il y a eu de l’injustice, raison pour laquelle j’ai vilipendé toutes les personnes qui cherchaient à me nuire pour que je ferme mon restaurant. Il m’appelait de jour comme de nuit. Je n’en pouvais plus de ces appels, raison pour laquelle je l’ai dénoncé 4 ans après», explique Aby Ndour.
Les déclarations de la chanteuse ont été balayées d’un revers de la main par Pierre Goudiaby Atepa. Il a raconté à la barre qu’on l’a appelé pour l’informer de la vidéo publiée sur Facebook par la chanteuse. «J’étais choqué par cette publication. Immédiatement, j’ai appelé mon avocat pour qu’il porte plainte afin de laver mon honneur. Je suis pères de 5 filles qui sont là, M le président. J’ai perdu une affaire aux Nations Unies à cause de ce mensonge. Je suis le président d’honneur sur le littoral et je me bats pour la protection du littoral. Les réunions tenues chez moi sont filmées. J’ai appelé Aby Ndour à 17 h et non à 3 heures du matin», indique l’architecte qui nié avoir dragué la chanteuse. Sur un ton hautain, Goudiaby a regardé avec dédain Aby Ndour en clamant : «Elle a dit que je lui ai proposé plus de 700 millions Fcfa pour l’avoir dans mon lit. C’est faux ! Je lui ai offert 5 miroirs pour qu’elle se regarde». Une manière de dire que la dame n’est pas une grande beauté. «Le 17 juillet 2020, cette vidéo de 5 minutes de la prévenue a brisé une vie de 50 ans.
Précédemment à sa vidéo, elle avait donné rendez-vous aux Sénégalais pour s’exprimer. Certains pensaient qu’elle voulait se suicider. Mais, elle a accusé mon client de chantage sexuel. Ce qui est faux. Aby Ndour a voulu faire son commerce au niveau du rond-point qui jouxte l’ambassade Mali et le KFC. Le cardinal, Atepa et d’autres citoyens se sont levés pour s’y opposer. La dame a détruit les sculptures qui étaient sur place. Moi, j’ai essayé de réparer le préjudice en initiant une procédure contre elle que j’ai gagnée. Le délit est avéré et incommensurable», a martelé Me Ngom qui réclame 100 millions Fcfa en guise de dommages et intérêts.
ABY NDOUR ENCOURT 6 MOIS
Malgré la gravité du délit de diffamation, souligne le parquet, les prévenus s’en tirent toujours à bon assaillant. «L’honneur est comme une maladie chronique. Les faits ne peuvent pas être prouvés, car la victime est dans l’incapacité de le faire. Tout ce qu’elle a dit, a été contredite. Atepa n’est ni maire, ni préfet pour interdire à une personne d’occuper un terrain. La prévenue a dépeint Atepa comme un monstre. C’est une dame qui n’a pas eu le courage de retenir ses mots, au contraire elle vient les assumer à la barre. Pis, les appels émis ne signifient absolument rien. Elle doit savoir que sa dignité ne vaut pas mieux que celle des autres», tranche le parquetier qui a requis 6 mois avec sursis contre Aby Ndour. Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe. Me Seydou Diagne estime que sa cliente ne ment pas et qu’elle a été draguée et harcelée par Atepa. La chanteuse sera fixée sur son sort le 6 mai prochain.
LE DIALOGUE POLITIQUE EN EAUX TROUBLES
A en croire le coordonnateur du FRN, Moctar Sourang et ses camarades, la majorité est en train de s’arc-bouter sur sa décision unilatérale de faire tenir les élections locales au courant de l’année 2022
Le Dialogue Politique risque d’être bloqué avec la décision du pôle de l’opposition de suspendre sa participation aux travaux. Un scénario prévisible suite au désaccord relatif à la fixation de la date des prochaines élections locales.
L’entente précaire au sein du Dialogue Politique est aujourd’hui menacée par le désaccord sur la tenue de la date des prochaines élections locales. En effet, le Front de Résistance Nationale (FRN) a informé hier avoir suspendu sa participation aux travaux de la Commission Politique du dialogue, jusqu’à nouvel ordre. Craignant que le gouvernement suive aveuglément le pôle de la majorité sans prendre en compte l’avis des autres parties prenantes aux concertations, l’opposition a décidé de se retirer momentanément. Une manière de mettre certainement la pression sur le gouvernement. Parce que, selon le FRN, le pôle de la majorité a été mis en minorité par les pôles de l’opposition, des non-alignés et de la société civile lors de la dernière réunion de la commission politique.
A en croire le coordonnateur du FRN, Moctar Sourang et ses camarades, la majorité est en train de s’arc-bouter sur sa décision unilatérale de faire tenir les élections locales au courant de l’année 2022. Et cela, disent-ils, en dépit de l’argumentation technique et scientifique qui lui a été servie, montrant nettement et clairement la possibilité d’organiser ce scrutin, au plus tard en décembre 2021. Or, souligne le FRN, il est bien établi qu’un tel dessein de la majorité ne manquera pas de bouleverser davantage le calendrier électoral déjà mis à rude épreuve, «dans un contexte de recul net de la démocratie dans notre pays».
Il faut noter que Moctar Sourang et Cie n’ont eu de cesse de pointer un doigt accusateur sur le gouvernement qui, d’après eux, a fait exprès de ralentir le processus pour que le scrutin se tienne en 2022. Ils exigent ainsi que les Locales se tiennent dans le courant de cette année 2021 et mettent en garde le Gouvernement contre toutes les conséquences que de nouveaux reports pourront engendrer. Force est de constater que la polémique sur la tenue des locales risque de plomber le processus entamé depuis 2019. En effet, l’absence de l’opposition sur la table des concertations ôterait toute légitimité sur les consensus qui seront actés lors de ces négociations. C’est pourquoi, l’Etat devrait prendre très au sérieux cette question.
LA SOCIETE CIVILE PROPOSE L’ORGANISATION DES LOCALES EN FIN JANVIER 2022
Pour l’heure, la société civile présente au dialogue national semble avoir très bien compris la situation.
Dans un communiqué parvenu hier à «L’As», elle se dit vivement préoccupée par la suspension de la participation du pôle de l’opposition aux travaux en cours de la commission politique. Après avoir consulté des responsables de la majorité et de l’opposition, elle a appelé les pôles de la majorité et de l’opposition à faire preuve de dépassement en vue de trouver un compromis sur la date des prochaines élections locales. Elle a aussi demandé au pouvoir de fixer dans la loi l’échéance limite pour l’organisation des élections en fin janvier 2022.
Et enfin, la société civile a invité le chef de l’Etat à tout faire pour prendre un décret fixant la date des locales dans le courant du mois de décembre 2021. Pendant ce temps, l’Assemblée nationale a convoqué aujourd’hui les députés en séance plénière pour examiner le projet de loi portant report des élections territoriales et prorogation du mandat des conseillers municipaux et départementaux. Il faut dire, cependant, que jamais des élections locales n’ont été autant repoussées dans le pays. C’est la troisième fois que ce scrutin est reporté. Tout ceci est dû aux lenteurs notées dans l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral. Même si la Covid-19 peut être un bon prétexte pour expliquer de telles lenteurs, il demeure évident que le gouvernement a beaucoup trainé les pieds sur beaucoup de questions. Cela été le cas pour l’installation du Président du Comité de Pilotage du Dialogue National. Très en avance dans ses travaux et ayant fini ses termes de référence, la commission politique de feu Général Niang, était obligé d’attendre l’installation de Famara Ibrahima Sagna, qui a pris d’ailleurs beaucoup de temps, pour franchir des paliers.
«NOUS DEVONS TOUS NOUS UNIR POUR COMBATTRE TOUT HOMME PUBLIC QUI S’AVENTURERA SUR CE GENRE DE SUJET»
Sans citer de nom, « Borom ndakaaru » comme l’appellent ses partisans a administré une leçon de bonne conduite aux hommes publics qui surfent sur la vague ethniciste.
L’appel de Khalifa Sall est sans ambages. En déplacement hier au siège des Forces Démocratiques du Sénégal (FDS) du Dr Babacar Diop, l’ancien Maire de Dakar s’est longuement offusqué du discours ethniciste et identitaire qui secoue le pays ces dernières années. De ce fait, le leader de Taxawu Sénégal a appelé à une « union sacrée » contre ce débat qui menace la stabilité du pays
Sans citer de nom, « Borom ndakaaru » comme l’appellent ses partisans a administré une leçon de bonne conduite aux hommes publics qui surfent sur la vague ethniciste. A la suite d’un point presse qu’il a donné avec son « jeune frère » Babacar Diop, en marge de leur rencontre, Khalifa Sall a pris son bâton de pèlerin pour aller en guerre contre le discours ethniciste qui fait rage au Sénégal depuis quelques années, accentué par l’affaire Adji Sarr Ousmane Sonko.
Tirant une leçon des leçons sur les évènements de mars 2021, le leader de Taxawu Sénégal a mis en garde les hommes publics sur la dangerosité de certaines formes de discours ethnicistes et identitaires qui sont, dit-il, très graves. « Le socle de notre stabilité, c’est qu’au Sénégal, nos pères fondateurs nous ont légué une nation qui signifie le commun vouloir de vivre ensemble. Si les gens continuent dans ces sortes de discours en revendiquant certaines positions à propos de leurs ascendances ethniques au détriment de l’intérêt supérieur de la nation qui nous rassemble tous. Le pays va en souffrir et cela va nous conduire à l’éclosion de la nation. C’est un discours dangereux et c’est à condamner. Je crois que nous devons tous nous unir pour dénoncer et combattre tout homme public qui s’aventurera sur ce genre de sujet. Et cela, là où il peut être », a condamné l’ancien maire de Dakar qui ajoute d’ailleurs que seuls les gens qui n’ont pas une idée de la menace que cela constitue en parlent.
L’autre fait à dénoncer, poursuit-il, c’est que des fois, ce sont des personnalités très connues qui tiennent ces genres de discours sans être inquiétées. « C’est cela qu’il faut combattre, flétrir et dénoncer. Parce que ce qui nous lie est plus fort que ce qui nous oppose. Mais les gens qui ont été une fois dans des pays qui ont connu ces genres de crise comme celui où se trouve le siège de l’Union Africaine ou d’autres savent bien ce que représentent les dangers de ces conflits identitaires qui sapent la cohésion entre les peuples », renchérit l’ancien édile de la capitale déchu de son poste en août 2018 dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar.
Sur la reconfiguration de la carte politique, Khalifa Sall soutient que la principale leçon des événements de mars 2021 est que les hommes politiques doivent revoir leur engagement pour le pays. Mieux, dit-il, ils doivent s’oublier pour l’intérêt général et pour le pays. « Nous sommes dans une recomposition politique. Et dans cette reconfiguration, nous devons avoir un certain nombre de principes à mettre de l’avant. D’ailleurs, le pouvoir en place est en train de se repositionner et d’élargir ses bases. Dans un jeu démocratique, quand le pouvoir se reconfigure, ce qui d’ailleurs est normal et naturel, le camp d’en face qui prône une offre différente doit aussi se reconfigurer », a-t-il dit indiquant que Babacar Diop a servi une leçon de désintéressement en déclinant le poste de ministre qui lui a été proposé lors du dernier remaniement.
DR BABACAR DIOP : «IL FAUT REINVENTER UN NOUVEAU SOCIALISME DIFFERENT DE CELUI DE COLOBANE»
Se présentant comme le précepteur du socialisme du 21ième siècle différent de celui de la «Maison du parti », Babacar Diop s’est réjoui d'accueillir une des grandes figures politiques et un homme très respecté dans l’opposition. Selon le leader du FDS, il y a une nécessité de réinventer une alternative au capitalisme. Et pour cela, il faut réinventer une nouvelle voie qui est celle qu’il appelle le socialisme du 21ième siècle. Ce socialisme, tient-il à préciser, est différent de celui de Colobane qui est un socialisme de prédation, de corruption et fondé sur le clientélisme. Ce socialisme qu’il appelle, dit-il, repose sur quatre mots à savoir le socialisme démocratique, le socialisme démarchandisé, le socialisme écologisé et le socialisme décolonisé. «Il faut bref reconstituer le projet de gauche. Je n’appelle pas à des retrouvailles de la famille socialiste. Mais j’en appelle à la reconstruction du projet du socialisme et d’un discours nouveau parce qu’il nous faut des gens qui se réclament de la gauche », a dit Babacar Diop qui invite d’ailleurs à une mobilisation pour que Khalifa Sall et Karim Wade retrouvent leurs droits politiques et civiques qui sont une des revendications du M2D. Enfin, conclut-il, il faut qu’on aille vers une présidentielle de 2024 très ouverte pour permettre à tout le monde de se présenter.
BOKK GIS GIS APPELLE À PLUS DE RESPONSABILITÉ
Pape Diop et Cie ont également regretté la prolifération du discours ethniciste au Sénégal avant d’appeler les acteurs politiques à plus responsabilité
Le Secrétariat Exécutif National de la Convergence Libérale et Démocratique / Bokk Gis Gis s’est réuni hier pour se prononcer sur la crise qui a secoué dernièrement le pays et qui s’est manifestée par de violentes manifestations partout dans le pays. Pape Diop et Cie ont également regretté la prolifération du discours ethniciste au Sénégal avant d’appeler les acteurs politiques à plus responsabilité.
Le Secrétariat Exécutif National de Bokk Gis Gis déplore les incidents tragiques notés au Sénégal suite à l’arrestation de Ousmane Sonko qui déférait à la convocation du juge dans l’affaire dite Adji Sarr. Il s’incline devant la mémoire de toutes les personnes disparues.
Dans un communiqué parvenu hier à «L’AS», Pape Diop et Cie ont indiqué que ces dernières ont sacrifié leurs vies pour la préservation des acquis démocratiques et l’exigence de politiques publiques visant au bien-être des populations.
Ainsi, Bokk Gis Gis présente ses sincères condoléances aux familles éplorées. Il exprime également sa compassion à tous ceux qui ont subi des dommages à cette occasion et invite le Gouvernement à mettre rapidement en œuvre un mécanisme destiné à les accompagner pour la relance de leurs activités. «Ces malheureux incidents sont contraires à la stabilité qui a toujours caractérisé notre pays et à notre profond attachement à la paix et à la cohésion nationale. Par conséquent, nous devons tous éviter qu’ils ne se reproduisent », lit-on dans la note parvenue à la rédaction.
Le Secrétariat Exécutif National invite de ce fait les pouvoirs publics à mettre l’accent sur les politiques sociales, sur l’emploi des jeunes, sur la sauvegarde de nos acquis démocratiques, sur les réformes à mener pour un système judiciaire plus indépendant et impartial et, enfin, sur la redynamisation des corps de contrôle et de leur autonomie. Le Secrétariat Exécutif National en appelle aussi à tous les segments de la société, en particulier la classe politique, à cultiver un sens élevé des responsabilités pour ne pas plonger notre pays dans le chaos.
A ce propos, le Secrétariat Exécutif National condamne fermement le débat ethniciste et identitaire qui a commencé à se faire jour dans notre pays et appelle ceux qui l’alimentent à se ressaisir. Cependant, le Secrétariat Exécutif National se réjouit du climat d’apaisement qui prévaut depuis la fin des manifestations et salue l’action de tous ceux qui ont œuvré pour le retour au calme. Notamment les guides religieux et particulièrement, le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké Bassirou dont la médiation et le soutien aux victimes témoignent de son profond attachement au bienêtre des populations et à la bonne marche du pays.