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22 septembre 2025
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
LA BOMBE À RETARDEMENT DE LA LOI SUR LE TERRORISME
EXCLUSIF SENEPLUS - Le pari de Macky Sall, ce n’est pas d’appliquer la loi aux opposants (sauf émeutes égalables à celles de mars), mais l’intimidation. La France a donné son feu vert pour la mort lente de la démocratie sénégalaise
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 12/07/2021
La responsabilité de la France engagée sur l’article 279-1 du Code pénal
Sur la radio Sud FM, le 25 juin, j’avais interpellé l’ambassadeur français, Philippe Lalliot, sur la possible implication-ingérence-complicité de la France dans le processus normatif (diffuser son modèle juridique et appui à la rédaction) de la nouvelle et controversée loi terroriste au Sénégal. Comment en étais-je arrivé à ce soupçon ? Par l’investigation, par la méthode du faisceau d’indices et par analogie.
« Une expérience professionnelle d’au moins 8 années dans la rédaction des lois, textes réglementaires et décrets ». C’était l’annonce, sous la référence 2021/EEJSENLER/6264, publiée courant février 2021 par Expertise France, agence publique française de recrutement d’experts (majoritairement français).
Cet expert en juriste spécialiste en normes, lois et règlements était sollicité pour apporter un appui rédactionnel normatif (l’annonce insistait sur les grandes capacités rédactionnelles du postulant) dans le cadre de la Stratégie nationale de Protection sociale (SNPS,2016-2035) initiée par le gouvernement sénégalais. Il y est question d’un système de protection sociale à la française garantissant à chaque citoyen sénégalais un revenu minimum et une couverture maladie à tous. Rien moins que ça !
Cet oiseau rare, vous ne le trouverez pas partout en France. Hormis l’école bordelaise et toulousaine de droit public (en déclin) et quelques cabinets d’avocats, c’est la section internationale du Conseil d’Etat français qui se positionne généralement pour ces missions de courte durée fort de ses compétences de conseiller pour la préparation des projets de loi, et normes auprès du gouvernement et parlement. Certains membres du Conseil d’Etat sont en position de disponibilité pendant une durée limitée pour exercer des fonctions privées. Cela tombe à pic : l’annonce s’adressait à un indépendant ou entrepreneur individuel, pour une courte mission de 10 jours.
Regardons ensemble la page web dédiée aux relations internationales du Conseil d’Etat. Deux aspects en lien avec notre problématique devraient retenir notre attention : le Conseil d’Etat ambitionne de promouvoir le droit continental (droit français) et d’harmoniser les concepts juridiques pour garantir la confiance des investisseurs au-delà des frontières françaises. Dans la nouvelle loi anti-terrorisme sénégalaise, il y a de façon cachée et indirecte ces deux dimensions-là, politico-juridiques, que nous verrons plus loin dans mon argumentaire.
Les liens entre la présidence du Sénégal et le Conseil d’Etat français sont historiques. Dans les années 2000, au secrétariat général de la présidence du Sénégal, j’avais rencontré le conseiller juridique de Me Abdoualye Wade (entre 2001 et 2005), le français Henri Savoie. Niché dans un petit bureau avec une assistante, à l’écart des autres collaborateurs suspicieux et/ou jaloux, ce maître des requêtes du Conseil d’Etat, au demeurant abordable, était l’émanation d’une coutume senghorienne entre la France et le Sénégal. Malgré la disparition de cette coopération « néocoloniale », le Conseil d’Etat français entretient toujours des relations d’influence très fortes avec la présidence du Sénégal, accentuées par les réseaux élitistes (énarques et HEC) dont les membres sont nombreux dans les antichambres du Palais de Roume.
Certains intellectuels africains du système me rétorqueront que mon exemple « Expérience dans la rédaction de normes » s’inscrit dans le domaine banal de la coopération et de l’expertise française en matière de la sécurité sociale (modèle depuis 1945). Premièrement, la France est experte en tout au Sénégal (ferroviaire, énergie, téléphonie, modèle social, etc.), et donc dans une position monopolistique, laissant un champ d’action politique très limité aux sénégalais. Secondement, au XXIème siècle, le Sénégal ne compte-t-il pas assez de hauts-fonctionnaires de talent pour rédiger seuls des normes ? Tiens ! Macky Sall, récemment, soutenait, au sujet de la gouvernance financière, que l’Afrique ne devait plus être considérée comme un « bébé » ! Des mots, encore des mots ! Et enfin, tout modèle extérieur peut-il être transposable au Sénégal ?
Cette question vaut aussi pour le terrorisme. Je m’en explique. L’article 279-1 du Code pénal, contesté par les opposants, j’ajouterai à juste titre, reprend partiellement l’article 2 de la convention internationale pour la répression du financement du terrorisme (9/12/1999, New-York). Ce texte était une proposition de la France, ce pays étant fer de lance dans cette lutte. Dès 2007, le Sénégal s’aligne sur la définition française du terrorisme qui va encore plus loin que celle de la convention internationale. En effet, la notion de trouble à l’ordre public, apparue pour la toute première fois en 1789 (art.10 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen), y est mentionnée. En 2016, le législateur sénégalais ajoute l’adverbe « gravement » (« de troubler gravement à l’ordre public ») sur le modèle de l’article 421-1 du Code pénal français. En 2021, l’article 279-1 du Code pénal ne changera pas de mouture, à l’exception de la peine calquée sur celle de la France, comme souligné par l’ancien ministre de la Justice, Me Amadou Sall : la réclusion criminelle à perpétuité (à la française) en lieu et place des travaux forcés (condamnations et peines sénégalaises). À l’école, dans un tel cas de figure, les élèves ironiseraient sur l’attitude de leur condisciple : « Oh le vilain copieur ! »
Sur la page « France diplomatie », il y est énoncé : « La France se mobilise à tous les niveaux avec ses partenaires internationaux ; elle renforce les capacités de ses partenaires à combattre le terrorisme ». Et ce pour, entre autres, protéger les intérêts (sic) et les ressortissants français à l’étranger. Face à la menace du terrorisme et aux lourdes pertes que la France a subies tout au long de son histoire, cette action internationale et l’entraide judiciaire sont plus que souhaitables et légitimes. J’ai déjà plaidé pour la suprématie du droit à la vie sur les libertés publiques dans un édito (voir Démissionnez au nom de l’honneur et du droit à la vie). Ce que je reproche à la France, à travers ses réseaux d’influence en droit public, c’est d’avoir contribué à introduire dans la loi pénale sénégalaise sur le terrorisme la notion floue d’ordre public. Cette dernière, combinée avec les infractions de droit commun, en nombre de 14 (de 2007 à 2016, elles ont augmenté de 4), dans l’article 279-1 du Code pénal, est une bombe à retardement.
En France, le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel (voire la Cour de cassation), gardiens des libertés publiques, peuvent limiter les effets liberticides d’une loi anti-terroriste. Au Sénégal, je doute que la Cour suprême puisse en faire de même. D’ailleurs, historiquement parlant, le Sénégal a toujours fait primer la doctrine du développement sur la sauvegarde des libertés, réservées, disait-on, aux pays riches. Rappelez-vous aussi de cet épisode en mars 2021 ! Ousmane Sonko, en route vers le tribunal, avait été placé en garde à vue pour trouble à l’ordre public. Si le rapport de force politique, avec des émeutes plus poussives, avait été du côté du gouvernement, celui-ci n’aurait-il pas profiter de cette aubaine ? Avec la complicité du maître des poursuites, l’article 279-1 du Code pénal aurait été opposé à cet encombrant opposant pour s’en débarrasser sur les exemples de Karim Wade et de Khalifa Sall. On ne le saura jamais mais cette hypothèse est plausible au vu des déclarations va-t-en-guerre du ministre de l’Intérieur et de certains alliés de Macky Sall.
Le trouble à l’ordre public en matière de terrorisme, dans un Etat où la conservation du pouvoir est une profession de foi pour les dirigeants, est une arme dangereuse pour la paix et la démocratie. C’est comme si on mettait entre les mains d’un régime autocratique la bombe nucléaire ! Certes, l’article 279-1 du Code pénal date de 2007, mais Me Abdoulaye Wade a su raison garder. C’est d’autant plus vrai que cette loi anti-terroriste a été surtout pensée et préparée par Macky Sall et Nicolas Sarkozy, alors ministres de l’Intérieur tous deux et très complices. De surcroît, les émeutes de mars 2021 sont à nulles autres pareilles dans l’histoire politique du Sénégal. C’est pourquoi elles sont dans le viseur de Macky Sall.
Le deal entre Macky Sall et la France saute aux yeux. Il faut un mobile, n’est-ce pas ? La puissance dominante de la sous-région ne peut pas se payer le luxe de perdre la bataille de Dakar (La France est en difficulté : sa diplomatie et ses renseignements généraux sont à la peine). Il convient de rétablir et maintenir la sécurité publique au profit des intérêts français nombreux au Sénégal (et malmenés en mars 2021) et au regard des défis sécuritaires de la sous-région (les présidences concomitantes de l’Union Européenne par Macron et de l’Union Africaine par Macky Sall en 2022 ne doivent rien au hasard : Macron a beaucoup œuvré pour que la présidence échoit à Macky). La France, silencieuse pendant les émeutes de mars 2021, valide la possibilité que Macky Sall use et abuse (espèrent-ils préventivement) de l’article 279-1 du Code pénal, pour reconquérir le pouvoir tant que l’ordre public est préservé. Macky Sall profite donc de la convergence des intérêts entre la communauté internationale (stabilité) et lui (pouvoir).
Le pari de Macky Sall, ce n’est pas d’appliquer la loi aux opposants (sauf si émeutes égalables celles de mars), c’est plutôt l’intimidation. Car finalement, cette nouvelle mouture de la loi sur le terrorisme (l’article 279-1 du Code pénal ne connaît aucune modification substantielle), sans avoir été encore promulguée, fait déjà peur ; c’est une arme dissuasive (comme la bombe nucléaire) : aucune manifestation d’ampleur contre elle, comparable à la mobilisation du 23 juin 2011, en perspective. L’article 279-1 du Code pénal existait déjà dans le droit positif sénégalais, il faut alors en faire une piqûre de rappel aux opposants les plus radicalisés. Macky Sall n’a-t-il déjà pas réussi son tour de force ?
Avec l’ordre public à la française (adapté aux réalités historiques de la France mais pas à celles du Sénégal) et avec l’article 279-1 du Code pénal, la France a donné son feu vert pour la mort lente de la démocratie sénégalaise, pourtant meilleur rempart contre le terrorisme. Avec les nouveaux articles L29 et L30 du nouveau Code électoral, la loi sur le parrainage, les nervis, les nouveaux servants en chef des polices et l’article 279-1 du nouveau Code pénal, l’ombre de l’instabilité (ou stabilité-autocratie) plane au-dessus de la Téranga.
Si le Sénégal veut être à l’abri des aléas du commerce mondial, le pays de la Teranga ne doit plus continuer à importer ses denrées de première nécessité. C’est ce qu’a indiqué le président de la République ce samedi lors de l’inauguration du Domaine agricole communautaire (DAC) de Keur Momar Sarr. Macky Sall, avec sa nouvelle politique de modernisation de l’agriculture, s’oriente visiblement vers le futur pour assurer la souveraineté alimentaire qui constitue, selon lui, la seule voie de salut
Ayant déjà exprimé sa volonté de voir le Sénégal atteindre la souveraineté alimentaire à l’instar des Etats-Unis, de la Chine ou de l’Inde, le président de la République a affirmé sa volonté de ne plus voir son pays dépendre des exportations pour disposer de denrées de première nécessité. Selon lui, cette dépendance expose la nation sénégalaise à une vulnérabilité dont elle peut se passer. « Si nous voulons être à l’abri des aléas du commerce mondial comme nous l’avons vécu en 2020 avec la covid-19, nous ne pouvons plus continuer à importer nos denrées de première nécessité. Continuer à dépendre des importations pour nous nourrir, c’est nous exposer à une grande vulnérabilité dont nous ne pouvons nous libérer qu’en assurant au plus vite notre autosuffisance alimentaire. Il n’y a aucun doute que nous avons les moyens d’atteindre cet objectif. Nous avons la terre, nous avons l’eau. Mais nous avons surtoutles ressources humaines et la volonté politique », a déclaré Macky Sall, ce samedi lors de la cérémonie d’inauguration du Domaine agricole communautaire (DAC) de Keur Momar Sarr.
Le chef de l’Etat s’exprimait devant la présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT), Aminata Mbengue Ndiaye, le ministre du Développement industriel, Moustapha Diop, les autorités administratives locales, ainsi que certains de ses partisans qui, malgré la consigne du locataire du Palais d’éviter les rassemblements, ont tenu à être présents pour le remercier et lui témoigner leur sympathie. Ainsi, sous les applaudissements nourris de l’assistance, le président de la République a lancé un appel à la jeunesse sénégalaise à s’approprier des domaines agricoles qui constituent une solution au chômage et un moyen de réussite sociale pour les jeunes. « Je lance un appel aux jeunes pour qu’ils adhèrent à cette nouvelle politique agricole qui leur donnera les moyens de leur succès. Ils seront formés et soutenus, mais je voudrais dire que nous n’atteindrons pas nos objectifs si nous ne rompons pas avec certaines vieilles méthodes de production. Et c’est toute la particularité des domaines agricoles communautaires », a-t-il précisé.
Pour lui, le Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC), c’est comme une déclinaison du Plan Sénégal émergent(PSE) pour un investissement massif dans l’agriculture, la modernisation des méthodes et outils de production, la maîtrise de l’eau et le développement des chaînes de valeur par la transformation locale des produits. Avec les autres DAC, poursuit le chef de l’Etat, celui de Keur Momar Sarr à Louga fait partie des quatre premiers sites opérationnels pour les onze prévus pour la phase pilote. « Ces programmes ont été entièrement financés par l’Etat du Sénégal à travers le Budget Consolidé d’Investissement (BCI) avec un partenariat avec Locafrique.
Au début, nous avions eu quelques difficultés mais je crois que c’est le moment de se réjouir de la bonne exécution de cette convention qui nous permet aujourd’hui d’inaugurer ce DAC de Keur Momar Sarr et dans deux mois ou trois, nous pourrons faire de même à Keur Samba Kane et à Sangalkam », annonce Macky Sall.
«ALAMANE» AU VILLAGE DE THIOBON
Le village de Thiobon, commune de Kartiack, cadre d’une activité culturelle dénommée «Alamane (déformation du mot français amende) qui remonte à la nuit des temps
Ibou MANE (Correspondant) |
Publication 12/07/2021
C’est connu ! La culture, cette dimension essentielle de l’épanouissement des êtres humains, des sociétés, de leur identité et de leur projet collectif commun est le plus clair moyen d’expression du diola. La parfaite illustration en a été donnée au village de Thiobon, commune de Kartiack, cadre d’une activité culturelle dénommée «alamane (déformation du mot français amende) qui remonte à la nuit des temps. Une cérémonie traditionnelle initiée par les femmes du quartier Amanque et placée sous le sceau de la solidarité, du partage et du développement local.
Le Blouf ! Une contrée du département de Bignona riche d’une certaine tradition d’organisation de manifestations et de pratiques culturelles et cultuelles multiséculaires et qui sont en rapport avec les aspirations, les exigences des terroirs, des communautés locales ; et ce en matière d’éducation, de morale, d’affirmation de l’identité culturelle voire de promotion des valeurs culturelles. Toute une richesse tant soit peu minée aujourd’hui par le phénomène de la globalisation sous-tendu par l’avènement des Tic et la prolifération des réseaux sociaux qui ont fini d’impacter les fondements socioculturels de bon nombre de contrées et de communautés. Ce qui est toutefois loin d’être le cas au niveau du village Thiobon, un des sanctuaires des traditions culturelles et cultuelles diola. Une localité du Blouf où les femmes continuent encore et toujours à jouer leur rôle de gardiennes des traditions et des valeurs ancestrales en se mobilisant à chaque fois pour préserver la société contre certaines dérives, certains aléas de la vie et pour donner des orientations par rapport au devenir de la société. C’est le cas la semaine dernière avec l’organisation pendant trois jours d’une cérémonie traditionnelle dénommée «alamane» exclusivement dédiée à la gent féminine.
«Alamane» : sens d’un rite
En pays diola, les rites interviennent dans l’interprétation et le traitement de désordres individuels ou collectifs et où ils constituent des moments privilégiés de la vie sociale des villages. Des rites hérités de la tradition en milieu diola et qui constituent l’ensemble de toutes les croyances léguées par les ancêtres et qui se transmettent de génération en génération. C’est le cas de l’«alamane», qui comme tous les rites, est une pratique sociale. Une amende collective infligée par le Kumpo (masque) à une tranche d’âge ou de sexe à la suite d’une faute. Celle-ci pourrait être commise par une ou quelques personnes, mais la sanction concernera toute une catégorie de personnes selon la volonté du Kumpo. Ce rite mobilise donc toute la société ou plutôt toute une génération de personnes. Celui du quartier Amanque à Thiobon n’a pas dérogé à la règle
A l’origine, l’insulte d’une jeune fille à l’endroit d’une vieille dame
«Ce qui justifie cet alamane est que nous les femmes sommes organisées en génération. Et la jeune génération a commis une faute grave ; et ce, à travers l’une d’elle qui a offensé voire insulté une vieille dame», explique Gnima Diémé. La présidente des femmes d’Amanque pour qui, conformément à la tradition héritée de nos ancêtres, quand une jeune femme offense une personne âgée, elle écope d’une lourde sanction. « Une manière de l’éduquer à notre manière afin que cela inspire toutes les autres filles de sa génération», ajoute-t-elle. Et le pire est que cette sanction, alamane, a une incidence collective car elle engage, dit-elle, la responsabilité de toutes les autres filles de la génération de celle incriminée. Et à Amanque dans le village de Thiobon, la nature de la sanction collective pour toute cette génération et qui s’apparente à un dédommagement au profit de toute la communauté a consisté en l’octroi d’un bœuf, de trois sacs de riz, de trois sacs d’oignon, d’un sac de mil, d’un sac de sucre, de dizaines de caisses de boissons, d’un sac de lait en poudre. En outre, toutes les filles de cette génération ont donné chacune deux poulets. Et c’est encore loin d’être fini en termes de sanction et de compensation du côté des coupables. Car pour ce qui relève de la sanction concernant exclusivement la jeune fille coupable et incriminée, c’est un bouc qui est là mis en contribution également en guise de dédommagement individuel ; et ce, en plus d’un sac de riz.
Et cette dernière a également dégagé une somme de 100 000 francs Cfa pour la prise en charge des griots et animateurs qui ont un rôle prépondérant dans le cadre de la célébration de l’alamane. Dimension de l’événement oblige et pour conjurer le mauvais sort suite à cette entorse à la stabilité sociale, chaque membre de la communauté était tenu aussi d’apporter quelque chose pour l’atteinte des résultats escomptés. «Ici les femmes se sont toujours respectées ; donc s’il y a une qui bafoue les fondements de notre communauté, de notre tradition, il nous faut donc agir pour préserver l’harmonie, la cohésion sociale et la paix au niveau local. C’est tout le sens de notre alamane ici à Amanque», martèle à nouveau Gnima Diémé. En plus pour la présidente des femmes, de telles activités culturelles vivifient la tradition et perpétuent les valeurs ancestrales, etc
Forts relents culturels et festifs
Pour les femmes d’Amanque, une telle activité culturelle est également une occasion pour la communauté de revisiter les expressions et facettes culturelles locales ; et ce, avec le déroulement d’activités telles que la danse du Kumpo qui fut pendant trois jours la grande attraction de cet événement ; le Kumpo qui est accompagné en de pareilles occasions d’un autre animal broussard costaud et noir appelé Agomola, et d’Essama de petite taille toujours armé de bâton. Une cérémonie d’alamane marquée en outre, et entre autres, par des danses folkloriques, la traction d’une pirogue au niveau du bras de fleuve de Thiobon ; l’apparition et l’exhibition à la place publique des femmes des différentes générations en tenue traditionnelles ; des pratiques rituelles au niveau du bois sacré des femmes, etc. Toute une série d’activités qui ont de quoi conforter l’importance que les femmes accordent à la tradition. Des valeurs héritées des ancêtres et qui constituent également, selon les femmes d’Amanque, une dimension essentielle de leur épanouissement, de leur identité et de leur projet collectif commun.
D’ailleurs signe des temps, ces rites jadis dévolus exclusivement à des activités festives se sont adaptés à l’heure de la globalisation. Chose bien comprise par les femmes d’Amanque qui ont mis à profit la célébration de leur activité pour s’appesantir et s’imprégner des questions d’entreprenariat et de développement ; et ce, à travers l’implication d’actrices de développement dans l’organisation d’un forum dans le cadre de leurs activités.
Les femmes à l’heure du développement local
é et nous voudrions avec cette activité joindre l’utile à l’agréable ; ce qui justifie l’organisation de ce forum axé sur le développement», justifie Gnima Diémé. «Rôle des femmes dans le développement» ! Tel était le thème de ce forum dédié aux femmes d’Amanque regroupées autour du Gie Jumbandoor ; et thème animé par Mme Bassène Justine Manga, adjointe au maire de Nyassia, secrétaire des femmes de la commune de Nyassia et responsable au niveau de l’Association Usoforal.
Et ce, avec comme modérateur, l’historien-journaliste Mamadou Lamine Mané. Mme Bassène Justine Manga, dans sa communication, a d’abord magnifié le choix des femmes d’Amanque de s’appuyer sur le levier culturel pour tenter d’impulser le développement économique et social auniveau de leur terroir. Et s’inspirant de ses expériences personnelles en matière de développement, Mme Bassène a exhorté ces femmes à faire l’état des lieux de leur structure pour identifier les problèmes et les blocages. «Chaque fois qu’il y a des rencontres périodiques, des comptes rendus, les groupements vont bien fonctionner», argue-t-elle. L’autre combat pour gagner la bataille du développement pour les femmes, c’est de procéder, insiste-t-elle, au renouvellement de leurs structures et leur donner vie.
Et Mme Bassène de fustiger en outre ce développement archaïque dans le domaine, notamment du maraîchage et au niveau des contrées rurales et qui est loin d’atténuer la pénibilité des femmes. Une manière pour elle de prôner en retour un développement innovant, notamment avec les systèmes goutte-à-goutte pour ce qui est des blocs maraîchers des femmes. «Cela soulage les femmes et vous gagnez en termes de temps et de gain», suggère-telle.
En plus la conférencière a incité les femmes d’Amanque à s’initier, entre autres, à la transformation de nos produits, aux nouvelles technologies pour des ventes en ligne, etc.» Non sans manquer de les inviter à faire la part des choses entre la chose politique et le développement. «Car la politique, quand elle est trop présente au sein d’une association, est souvent source de division entre les membres», prévient-t-elle. Autant de suggestions, autant de stratégies brandies par Mme Bassène Justine Manga ; et autant de défis que les femmes d’Amanque, qui ont compris que le temps des événements exclusivement festifs est révolu, entendent porter et relever pour assurer le développement au niveau local, assurer leur devenir. Ainsi pour Gnima Diémé et les siennes, il incombe donc aujourd’hui de s’appuyer sur la mise en valeur des ressources culturelles, du patrimoine culturel de la communauté pour promouvoir leur intégration dans les politiques de développement local.
ABDOURAHMANE DIOUF DENONCE UN «COUP D’ETAT DEMOCRATIQUE»
Il doit avoir un consensus entre pouvoir et opposition pour le report des élections
Le report des élections locales accepté par les parties prenantes du dialogue est un «coup d’Etat démocratique». C’est la conviction de Abdourahmane Diouf qui estime que «le calendrier électoral n’appartient pas aux hommes politiques».
Pour Abdourahmane Diouf, «le calendrier électoral n’appartient pas aux hommes politiques». L’ancien porte-parole de Rewmi, invité du Jury du dimanche hier, sur Iradio, qualifie le consensus entre l’opposition et le parti au pouvoir sur le report des élections, de «coup d’Etat démocratique». Il réagissait ainsi au projet de loi portant modification du Code électoral qui sera examiné aujourd’hui par les députés. «Il y a eu une prise en otage du Peuple sénégalais. Même quand on dit avoir acté le report des élections locales parce qu’il fallait revoir le fichier et qu’il y ait un consensus entre l’opposition et le parti au pouvoir, je ne suis ni d’accord avec le parti au pouvoir ni d’accord avec cette opposition qui demande cela», déplore cet opposant au régime du Président Macky Sall.
M. Diouf, qui réaffirme que la création de son parti politique est en cours, d’ajouter : «C’est le président de la République en personne et, peut-être même, le chef de l’Apr qui décide de quand est-ce que le mandat des élus locaux arrive à terme. Cela veut dire que c’est le président de la République qui est le maître du jeu de la décentralisation, indépendamment du point de vue des populations. Ça c’est un chaos au niveau des collectivités territoriales.» Il est d’avis qu’il fallait tenir les élections à date échue. Par contre, l’ancien camarade de Idrissa Seck se dit «très heureux» que le suffrage universel direct soit acté pour les élections territoriales. «J’en parle depuis des années parce que je pensais que la démocratie que nous avons au niveau des élections locales est une démocratie tronquée. J’ai toujours considéré que la décentralisation, au Sénégal, n’est pas réellement une décentralisation. Celle que nous avons ne donne pas de pouvoir aux maires pour avoir un bilan», dit-il.
Par ailleurs, estimant que Khalifa Sall et Karim Wade ont été des «victimes», Abdourahmane Diouf a plaidé pour une amnistie pour les deux hommes politiques condamnés. «Ce qu’ils ont toujours reproché au Président Macky Sall, c’est d’avoir travaillé à une sélection hors normes pour les compétitions électorales, c’est-à-dire qu’il met en place un système de sélection qui n’est pas démocratique pour choisir ses propres candidats», a-t-il dénoncé.
WADE BANNIT BRAYA ET BENIT MAYORO FAYE
Abdoulaye Wade met en garde Ameth Fall Braya qui agit au nom du Pds alors qu’il s’est «auto-exclu du parti depuis 2019». Il réitère que Mayoro Faye est le coordonnateur départemental de Saint-Louis.
Abdoulaye Wade met en garde Ameth Fall Braya qui agit au nom du Pds alors qu’il s’est «auto-exclu du parti depuis 2019». Il réitère que Mayoro Faye est le coordonnateur départemental de Saint-Louis.
A l’approche des élections territoriales, Abdoulaye Wade veut miser sur les hommes qui lui sont fidèles. A Saint-Louis, par exemple, il a clairement tranché en faveur de Mayoro Faye. Et il a réitéré qu’il a mis une croix sur Ameth Fall Braya qui continue de convoquer des réunions «au nom du Parti démocratique sénégalais, en dehors des instances régulières alors qu’il s’est auto exclu du parti depuis 2019».
Dans un communiqué signé par le porte-parole du Pds, Tafsir Thioye, Me Wade considère «le geste de Braya comme un acte de défiance et une tentative de saborder le parti, intervenant malgré le ferme avertissement qu’il lui avait adressé en réponse à sa lettre du 25 juin 2021».
Par conséquent, il demande aux militants, aux mouvements de soutien, aux sympathisants, de «rester unis et vigilants dans la vaste mobilisation déjà enclenchée autour du frère Mayoro Faye désigné pour coordonner le parti dans le département de Saint-Louis». Il faut rappeler que Mayoro Faye était déjà confirmé patron départemental du Parti démocratique sénégalais (Pds) à Saint-Louis. Et c’est la raison pour laquelle il avait accueilli une forte délégation de responsables libéraux, dirigée par Doudou Wade, en novembre 2020, pour une Assemblée générale de relance des activités politiques avec la vente des cartes.
Et ce, après qu’il a été confirmé aussi Secrétaire général national adjoint du Pds chargé de la Communication, de la presse et de la veille médiatique après le «remaniement» du Secrétariat national. Mais cela n’a pas empêché Ameth Fall Braya, qui avait soutenu le candidat Macky Sall lors de la Présidentielle de 2019, de revendiquer le poste de Secrétaire général de la fédération départementale du Pds. Malgré tout, en avril dernier, Braya avait annoncé sa candidature aux prochaines Locales sous la bannière du Pds, se considérant comme le coordonnateur départemental «légitime». Il est même allé jusqu’à déclarer que c’est la vente des cartes du Pds qui déterminera la personne qui dirigera le parti dans le département.
Par Madiambal DIAGNE
ALPHA CONDÉ AIME LE CEEBU JËN MAIS PAS LE SÉNÉGAL
Le président guinéen a toujours eu la conviction que sans son pays, le Sénégal allait mourir de faim. Il adore chercher à gêner le Macky Sall
Les frontières terrestres entre la Guinée Conakry et certains de ses pays voisins restent toujours fermées. La décision avait été prise par le Président Alpha Condé, à la veille de l’élection présidentielle de son pays pour, disaient certains médias, contrecarrer des opérations de déstabilisation venant de l’Extérieur. Ses opposants considéraient que la manœuvre était pour empêcher à de nombreux ressortissants guinéens, de retourner dans leur pays pour voter. Le Président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Emballo, ne put accepter cet état de fait et l’a fustigé avec virulence, devant ses pairs de la Cedeao. Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux le montre d’ailleurs, lors du Sommet de la Cedeao du 19 juin 2021 à Accra. Mais le silence du Sénégal sur cette question semble renforcer la colère de Alpha Condé. Le Président Macky Sall a adopté une ligne de conduite qui voudrait que c’est la Guinée qui avait décidé unilatéralement de fermer ses frontières, et qu’elle la rouvre de son propre chef si cela lui chante. Le Sénégal n’a rien à négocier de ce point de vue et s’interdit officiellement tout commentaire public et garde systématiquement le silence devant les instances internationales, quand la question de la fermeture des frontières de la Guinée est évoquée.
Par exemple, lors du Sommet de la Cedeao, en visioconférence, du 23 janvier 2021, quand le Président Patrice Talon du Bénin avait soulevé la question de la fermeture des frontières pour protester contre une grave violation des règles de la Cedeao, (parce que le Nigeria avait fermé pendant plus de 18 mois ses frontières terrestres avec certains de ses pays voisins), le Président Macky Sall était resté de marbre d’autant que, consentit-il à lâcher, le Sénégal ignore encore les raisons de la décision de la Guinée. Alpha Condé promit d’écrire à ses pairs pour «communiquer les griefs à l’encontre du Sénégal et de la Guinée-Bissau». Jusqu’à présent, un tel document n’est encore parvenu à aucune autorité de la Cedeao. Il est à noter que la Guinée a levé la mesure de fermeture de ses frontières terrestres avec la Sierra-Leone depuis février 2021.
Les conséquences de la fermeture des frontières
Le Président Condé a toujours eu la conviction que sans la Guinée, le Sénégal allait mourir de faim. D’ailleurs, quand le Sénégal avait décidé de fermer ses frontières avec la Guinée, suite à l’épidémie d’Ebola (2014-2016), il disait à Ibrahim Boubacar Keïta, chef d’Etat du Mali, à Conakry en novembre 2014, que «la Guinée nourrit le Sénégal». Alpha Condé se gaussait du Sénégal qu’il comptait punir pour son outrecuidance. Dans une chronique en date du 10 novembre 2014, nous disions : «Hé oui ! Si tant est que la Guinée nourrit le Sénégal, que Alpha Condé nous laisse mourir de faim.» Cet épisode Ebola avait été mal digéré par les autorités guinéennes. Ainsi, quand le Sénégal avait recensé son premier cas de Covid-19 en mars 2020, la Guinée s’était empressée de faire la leçon au Sénégal, indiquant que «la Guinée ne fermera pas pour autant ses frontières avec le Sénégal». On a vu que la réalité sanitaire avait fini par rattraper tous les pays ! Il reste que la Guinée semble plus souffrir que le Sénégal de la fermeture des frontières terrestres. Les médias font état de certaines pénuries de biens et denrées de consommation courante et des activités économiques au ralenti, sinon même compromises.
C’est ainsi que dans une chronique en date du 7 avril 2021, Yoro Dia écrivait dans Le Quotidien : «Le Président Alpha Condé ferma sa frontière avec le Sénégal. A Dakar, on ne s’en rendit même pas compte. Ce fut un non-évènement. Sept mois après, il a fallu que Condé en parle à Jeune Afrique pour que le Sénégal se rappelle et se souvienne que la frontière était toujours fermée.» Le chef de l’Etat guinéen semble chercher à trouver un prétexte pour rouvrir la frontière. C’est ainsi que la Guinée a profité du dernier Sommet de la Cedeao à Accra, pour signer avec le Sénégal un accord de coopération militaire et sécuritaire. Cet accord était dans le circuit diplomatique depuis plus de deux ans. Mais, dès sa signature, la Guinée l’a présenté comme un «premier pas vers la réouverture des frontières avec le Sénégal». Mieux, l’Assemblée nationale guinéenne a fini de ratifier le texte, le dimanche 4 juillet 2021. Du côté du Sénégal, la procédure de ratification se fera selon le rythme habituel. Mais puisque Alpha Condé semble ne pouvoir rester sans parler du Sénégal, il déclara, le 18 juin 2021, qu’il va procurer de l’électricité au Sénégal, avec la hausse envisagée de la production du barrage de Kaleta. Comme si le Sénégal lui avait fait une telle demande ! Il faut dire Alpha Condé tiendrait à jouer un rôle dans la vie publique sénégalaise. Qui ne se rappelle pas que le 19 février 2019, il avait invité à Conakry, le Président Abdoulaye Wade, farouche opposant à Macky Sall, pour, disait-il, «éviter au Sénégal de brûler à cause de l’élection présidentielle» ?
Pourtant, le 28 mars 2021, en visite à Tormélin, Alpha Condé ne pouvait s’empêcher de jubiler devant les déboires du Sénégal. Evoquant les émeutes de mars 2021, il déclara : «Tous ceux qui nous insultent, tous ces cris de la «Guinée va brûler», tout se fait à Dakar. Tous ceux qui voulaient que la Guinée brûle, nous tous voyons ce qui se passe chez eux. Dieu ne dort pas.» Alpha Condé semble adorer le jeu de chercher à gêner le Président Macky Sall. Lors de la crise gambienne, suite à l’élection de Adama Barrow, Alpha Condé et son homologue mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avaient ouvertement cherché à maintenir Yahya Jammeh au pouvoir. Dans un article en date du 24 janvier 2017, nous soulignions leur opposition déterminée aux décisions de la Cedeao d’obliger Yahya Jammeh à rendre le pouvoir.
De guerre lasse, Alpha Condé organisa l’exfiltration du tyran de Banjul, face à la détermination du Sénégal à exécuter, par la force, les mandats délivrés par la Cedeao, l’Union africaine et le Conseil de sécurité de l’Onu pour déloger Yahya Jammeh. Au demeurant, Alpha Condé finit par verser dans une certaine forme de provocation diplomatique. Le 23 août 2018, il débarqua à Dakar pour une «visite privée», sans prévenir personne. L’ambassadeur de Guinée à Dakar, qui avait commis l’imprudence (?) d’aller à l’accueil, se verra rabrouer publiquement par son «patron» qui lui lança : «Dégage, qui t’a demandé de venir !» Babacar Touré, défunt patron de Sud Communication et ami personnel de Alpha Condé, était dans tous ses états. Il ne pouvait laisser passer cette «provocation inacceptable» et refusa de le voir, non sans lui préciser que sa démarche était inconvenante et que si Macky Sall avait agi de la sorte, en débarquant incognito à Conakry, Alpha Condé en ferait un drame diplomatique. Néanmoins, Babacar Touré sauvera la situation. C’est ainsi que le Président Sall envoya son ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, pour faire une visite de courtoisie à Alpha Condé, installé dans un hôtel à Saly Portudal. Alpha Condé se plaignit de l’inconfort et le Président Sall le fera installer, pour le reste de son séjour, à la résidence présidentielle de Popenguine.
«Vous aimez le ceebu jën et les… mais vous n’aimez pas le Sénégal»
Je dois témoigner des misères de Babacar Touré devant l’attitude souvent hostile de Alpha Condé vis-à-vis du Sénégal. Leur proximité a pu nourrir quelques appréhensions d’autorités politiques sénégalaises mais BT ne reniait pas cette amitié. Il reste qu’il ne manquait jamais de dire vertement son fait à Alpha Condé. Les relations du journal Le Quotidien avec le Président Condé ont pu être difficiles. En août 2014, Alpha Condé nous menaça d’une plainte. Notre journal avait révélé la saisie, par les douanes sénégalaises, de fortes sommes en devises étrangères, à bord d’un vol spécial affrété par la Présidence guinéenne. Les sommes devaient être transbordées dans un avion de la compagnie Emirates en partance pour Dubaï. Babacar Touré avait su trouver les mots pour calmer la colère de Alpha Condé, moyennant la publication d’une précision de la Banque centrale de Guinée qui indiquait que les sommes appartenaient à l’institution monétaire. On peut également se rappeler mes chroniques citées plus haut. J’avais eu à rencontrer Alpha Condé à Dakar, en 2010. J’étais avec Mamadou Oumar Ndiaye (Le Témoin) et Abdoulaye Bamba Diallo (Nouvel Horizon). Le Président Condé souhaitait remercier les médias sénégalais qui l’avaient soutenu lors de son parcours politique. J’avais provoqué la colère de Alpha Condé en faisant un plaidoyer en faveur des médias guinéens. C’est dire que je ne manquais pas d’être sceptique dans mes relations avec Alpha Condé, quand l’Union internationale de la presse francophone (Upf) devait organiser ses 46èmes Assises à Conakry.
Babacar Touré m’ouvrit les portes de «Sékoutouréya». Alpha Condé nous reçut à déjeuner. Un plat de «ceebu jën» était au menu. L’autre surprise était que dans l’entourage de Alpha Condé, on entendait parler wolof. Aucune aspérité, l’ambiance était très cordiale. Alpha et Babacar se chambraient l’un l’autre. Cette visite se déroulait en mai 2017, dans un contexte politico-social tendu en Guinée. Un dirigeant syndical était recherché par la police, suite à de violentes manifestations. Alpha Condé fulminait parce que le dirigeant syndical se serait réfugié à l’ambassade du Sénégal à Conakry et il menaçait d’investir l’ambassade si le fugitif ne se rendait pas. Babacar Touré le toisa : «Tu sais bien que tu n’oses pas faire ça.» Le Président Condé grommela et demanda : «Où se trouve d’ailleurs l’ambassade du Sénégal ?» BT, comme piqué au vif, lui asséna : «Mais Alpha, c’est toi qui demande où se trouve l’ambassade du Sénégal, après avoir escaladé ses murs pour te sauver de Lansana Conté?» Les deux amis rirent aux éclats et Babacar lui lança : «Cher ami, tu aimes le ceebu jën et les… mais pas le Sénégal.» Alpha Condé ne relèvera pas cette pique. On évoqua les préparatifs de la manifestation de l’Upf prévue du 20 au 25 novembre 2017 et le chef de l’Etat guinéen promit un soutien des autorités guinéennes
Ma leçon publique à Condé
Je retournais à Conakry plus tard, pour peaufiner les préparatifs. J’étais accompagné de Jean Kouchner, Secrétaire général international de l’Upf. Le jour de l’audience, nous eûmes à patienter avant d’être reçus. Alpha Condé viendra lui-même à la salle d’attente pour tirer Jean Kouchner, en nous demandant, Naman Kamara, alors président de la section guinéenne de l’Upf, et moi, d’attendre. «Jean est le jeune frère de mon frère», disait Alpha Condé. J’étais sidéré par le geste et me levai pour rentrer à mon hôtel. Naman Kamara se mit en travers de mon chemin et me supplia de rester. En boudant, j’aurais mis une croix sur l’organisation de nos Assises. Quelques minutes plus tard, le protocole présidentiel vint nous chercher. Je me gardais de participer aux échanges. Je restais aussi stoïque devant les propos de Alpha Condé, qui relevait que Conakry disposait d’un hôtel Sheraton qui n’existait pas encore à Dakar ou que les déplacements des participants aux Assises seraient plus faciles car la compagnie Air Guinée devrait être lancée avant les Assises et, précision importante, «bien avant Air Sénégal».
De retour à Dakar, je racontai l’incident à Babacar Touré qui en fut tout retourné. Il me reprocha de n’avoir pas quitté l’audience. Je lui promis de relever le défi. BT m’assura qu’il ne se le fera pas raconter. Je choisis de faire de Babacar Touré l’invité d’honneur de ces Assises et il faut dire que la Guinée avait respecté tous les engagements souscrits avec l’Upf. Les travaux se déroulaient dans d’excellentes conditions. Seule ombre au tableau, un ministre guinéen, qui participait à un panel, s’était autorisé une digression malencontreuse pour s’attaquer au Sénégal sur la question des droits des journalistes. L’allusion au Sénégal était on ne peut plus inopportune et toute la salle se tourna vers moi. Je restais enfoncé dans mon fauteuil, considérant que j’aurais à répondre mais à Alpha Condé en personne, car il devait présider la cérémonie de clôture. En quelque sorte, je faisais mien l’adage selon lequel : «Quand on peut accéder au Seigneur on se passe des apôtres.» Une consœur sénégalaise, Ndeye Fatou Sy, s’empara du micro pour protester avec véhémence contre ces attaques scandaleuses contre le Sénégal. C’est ainsi que lors de la cérémonie de clôture, je m’adressai, de la manière la plus solennelle, à Alpha Condé.
L’exercice pouvait être délicat, surtout que ma posture de président international ne pouvait me permettre de répondre directement à des attaques dirigées contre mon pays. Je lavais l’affront sur le terrain des principes avec ces mots : «(…) Monsieur le Président de la République, en votre qualité de Président en exercice de l’Union africaine, l’Upf vous invite à faire un plaidoyer auprès de vos pairs, pour plus de liberté pour les médias et la mise en œuvre de politiques propices à améliorer l’environnement Ö combien difficile, dans lequel évoluent certains de nos médias. (…) Je me souviens. En novembre 2010, presque jour pour jour, je vous avais rencontré. C’était à l’occasion de votre première visite officielle au Sénégal, en votre qualité de président de la République de Guinée. Vous aviez eu un geste très symbolique. Votre conseiller en communication de l’époque, notre ami Rachid Ndiaye, aujourd’hui ministre de la Communication, avait contacté certains responsables de médias sénégalais pour leur indiquer que le Président Condé voulait les rencontrer pour remercier les médias et le Peuple sénégalais du soutien qui lui avait été apporté durant sa grande odyssée d’opposant politique à des régimes autocratiques en Guinée. Vous disiez vous-même que vous devez encore votre vie au Sénégal. Vous nous aviez chaleureusement reçus et nous aviez assuré de votre volonté de changer le cours de l’histoire dans votre pays. Je dirigeais l’organisation patronale des médias au Sénégal et j’étais aussi un des principaux responsables du Forum des éditeurs africains.
Ces deux casquettes ou qualités m’autorisaient à faire un plaidoyer en faveur des médias guinéens qui, de mon point de vue, restaient fragiles et demandaient vivement à être soutenus en termes, non seulement de formation en vue d’une plus grande professionnalisation mais aussi de moyens et surtout de cadre juridique pour son développement. Je dois dire, à la vérité, que notre discussion avait pu être un peu heurtée car le contexte était encore lourd et certains stigmates provoqués par le processus électoral de l’époque n’étaient pas encore cicatrisés. Nous nous étions quittés avec le constat de la nécessité de sauver les médias guinéens de tous les fléaux qui pouvaient constituer un handicap à leur épanouissement. Votre gouvernement a effectivement fait adopter des réformes très positives en matière de législation dans le secteur des médias. (…) Vous avez sans doute fait beaucoup d’efforts dans ce sens. Mais la situation des médias en Guinée, comme sans doute dans de nombreux autres pays de la sous-région, semble épouser le sort de Sisyphe. A chaque fois qu’on arrive à penser que le plus difficile est passé, un enchaînement de situations provoque un recul déplorable comme ici en Guinée.
L’Upf estime que cela ne devrait pas être une fatalité. Vous avez la légitimité et l’autorité morale pour changer davantage les choses. L’histoire a déjà retenu que vous êtes la personnalité politique qui a tenu tête à tous les despotes qui ont eu à marquer au fer rouge l’évolution politique de la Guinée. Vous avez été condamné à mort, vous avez été emprisonné, vous avez été violenté, vous avez été confiné à l’exil, vous avez subi toutes sortes de brimades et de tracasseries. Vous avez donné de votre personne, à l’avènement d’un système démocratique en Guinée. Les médias guinéens vous ont accompagné. Je ne suis pas dupe, d’aucuns ont pu vous avoir combattu avec férocité mais c’est aussi ça le jeu de la démocratie. Je vous exhorte donc à travailler à laisser à la postérité, l’image d’un homme politique qui aura parachevé son action par la promotion de médias pluriels et libres (…) Nous avons des amis en commun (je désignais du doigt Babacar Touré). Ce pays qui est aussi le mien car mon épouse est de Fouta Touba, A ce titre, je peux donc parler librement de la Guinée. Et je peux vous dire que nous sommes assez embarrassés que des organismes, prétendant agir au nom de la protection de la haute institution que vous êtes, arrivent à prendre des mesures à l’encontre des médias, au risque de mettre votre pays et votre gouvernance au banc des accusés de prédateurs de la liberté de presse.
L’opinion publique ne retiendra pas le nom de Monsieur X ou de Madame Y. C’est le nom du Pr Alpha Condé qui sera mis en cause.» Pour la petite histoire, je ne fis pas partie de la délégation qui sera reçue par le Président Condé pour évoquer le sort des journalistes guinéens.
CORRUPTION AU SEIN DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE
77% des populations ne sont pas satisfaites des mesures prises contre ce fléau
De 2014 à 2021, le niveau de corruption a pris des proportions inquiétantes au Sénégal malgré les nombreuses mesures prises par le gouvernement pour faire face à ce fléau. Et 77% des Sénégalais jugent «plutôt mal» ou «très mal » les performances du gouvernement en matière de lutte contre la corruption au sein de l’administration publique.
La corruption constitue l’un des plus gros freins au développement du continent africain. A en croire l’organisation Afrobarometer, elle cause, à elle seule, une perte annuelle estimée à 148 milliards de dollars, soit 25% du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique.
Le réseau panafricain de recherche par sondage, dans une dépêche parvenue à «L’AS», a d’emblée indiqué que l’Office National de Lutte Contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) est le symbole de l’engagement de l’Etat dans la lutte contre la corruption. Cependant, regrette-t-il, comme la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, le Sénégal reste depuis 2016 dans la zone rouge en matière de lutte contre la corruption. «Classé 67ème sur 180 pays au niveau mondial en 2020 (Transparency International, 2020), le pays connaît une stagnation après une période de progression entre 2012 et 2015 », renseigne Afrobarometer qui, dans la foulée, rappelle son sondage d’opinions réalisé récemment sur la question et qui révèle que la majorité des citoyens jugent le niveau de corruption en hausse, surtout chez les policiers et gendarmes mais aussi chez les députés, les conseillers municipaux ou départementaux, les juges et magistrats, les officiels de la Présidence et les fonctionnaires.
«Des pratiques quotidiennes de corruption ont été signalées par les usagers des services publics à travers le versement de pots-de-vin », lit-on dans le texte dont «L’AS» détient une copie. Par ailleurs, il est indiqué que les Sénégalais jugent plutôt négatives les performances du gouvernement en matière de lutte contre la corruption au sein de l’administration publique. Bien qu’ils soient conscients des effets néfastes de la corruption sur l’économie, les citoyens redoutent des représailles en cas de dénonciation des actes de corruption, souligne la note de Afrobarometer parvenue à la rédaction.
Et près du quart (23%) des personnes qui ont cherché des documents tels que la pièce d’identité, le passeport ou le permis révèlent avoir fait un cadeau ou une faveur afin de l’obtenir, note-t-on. Toujours, d’après le réseau panafricain, plus de trois quarts (77%) des Sénégalais jugent «plutôt mal» ou «très mal » les performances du gouvernement en matière de lutte contre la corruption au sein de l’administration publique. «Ces résultats suggèrent la mise en place par les autorités de réponses institutionnelles impliquant davantage les Sénégalais dans la lutte contre ce fléau qui gangrène la société », révèle le document.
«77% DES SENEGALAIS AFFIRMENT QUE LES CITOYENS RISQUENT DES REPRESAILLES S’ILS DENONCENT DES ACTES DE CORRUPTION»
Revenant aux résultats clés, Afrobarometer a indiqué que la grande majorité (75%) des Sénégalais affirme que la corruption a augmenté dans le pays au cours des 12 derniers mois. «La hausse de la corruption est plus perçue chez les policiers et gendarmes : presque la moitié (47%) des citoyens estime que «la plupart d’entre eux» ou «tous» sont corrompus - une augmentation de 18 points de pourcentage depuis 2017. S’ensuivent les députés et les conseillers municipaux ou départementaux (+13 points de pourcentage), les juges et magistrats (+12 points), les officiels de la Présidence (+11 points) et les fonctionnaires (+7 points). Parmi ceux qui ont eu affaire à la police au cours de l’année écoulée, quatre personnes sur 10 (40%) déclarent avoir dû verser des pots-de-vin pour éviter des problèmes -une hausse de 35 points de pourcentage par rapport à 2014 », révèle la note. Malgré la conscience de l’ampleur du problème de la corruption, Afrobarometer estime en définitive que la grande majorité (77%) des Sénégalais affirme que les citoyens risquent des représailles ou autres conséquences négatives s’ils dénoncent des actes de corruption.
Par Daro KANE
AUTOCENSURE
Voulant rebondir sur les propos du patron des Apéristes, le président Macky Sall, le leader du Mouvement Gueum sa Bopp, Bougane Guèye Dani, aurait mieux fait d’y réfléchir à deux fois
Parler devant un auditoire est un art pas toujours maîtrisé par certains orateurs, qu’ils soient professionnels ou occasionnels. Voulant rebondir sur les propos du patron des Apéristes, le Président Macky Sall, le leader du Mouvement Gueum sa Bopp, Bougane Guèye Dani, aurait mieux fait d’y réfléchir à deux fois.
Depuis la sortie de Macky Sall à Thiès faisant état d’une « coalition Mburu ak soow », celle-ci attend encore son « Gloria » et les candidats désignés ou déclinant l’invite du chef de l’Alliance pour la République se relaient dans l’espace médiatique. Des propos qui se voulaient ironiques ont pris une tournure plutôt malheureuse, voire indélicate. Le champ lexical politique verse depuis cette date dans la culture « gastronomique » sénégalaise.
Si certains évoquent l’absence de lait devenu un aliment en voie de disparation dans les habitudes alimentaires des couches les plus défavorisées, d’autres évoquent leur allergie au lactose, dixit l’ancien maire de Dakar et patron de la coalition Taxawu Ndakaaru, Khalifa Sall. D’autres encore, comme Bougane Guèye Dani, soutiennent qu’un fils ayant bénéficié de la bénédiction maternelle aura sur sa table du méchoui plutôt que du « ponsé ».
Dans quel pays sommes-nous ? Dans une société où la figure maternelle est plus que sacrée, tenter d’associer l’échec d’un homme (ou d’une femme) au manque d’investissement d’une mère dans son foyer sonne comme une insulte, un outrage aux oreilles de ses compatriotes.
A la lumière de l’analyse du Docteur Cheikh Tidiane Sow, coach en communication politique, qui s’exprimait au micro de Baye Oumar Guèye dans l’émission Objection de Sud Fm, ce langage politique « empreint de cynisme n’est pas nouveau », car « bien avant le«mburu ak soow», il y a eu le fameux «wax waxeet» du Président Abdoulaye Wade ». Plus loin encore, il y a eu le célèbre surnom de Senghor à Wade qu’il appelait « Laye Njomboor » ou encore Abdou Diouf qui faisait référence au crâne rasé tel un œuf de son futur successeur et disait « Nen du fi bonde ».
Restons toujours avec le leader de Gueum sa Bopp et non moins patron du Groupe D-média qui a déclaré avoir reçu un redressement fiscal à hauteur de 2,4 milliards de nos francs. L’affaire a été rendue publique le même jour que l’annonce faite du placement sous mandât de dépôt du Directeur technique du Groupe Futurs Médias. Coïncidence ? Hasard de calendrier ?
Toujours est-il que le traitement des deux affaires présente des similitudes dans la volonté affichée par les supports des deux groupes de presse en question de s’autocensurer en choisissant de ne pas relayer les déboires de leurs « patrons ». Même si la posture à tenir pour leurs collaborateurs est de l’ordre de l’équation, l’éthique et l’objectivité voudraient qu’un « semblant » de traitement soit réservé à ces affaires. Pas facile du tout. Et lorsque le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored) s’en mêle, cela devient encore plus compliqué.
Dans un communiqué, le tribunal des pairs déplore le « manque de professionnalisme notoire » dont les journalistes ont fait état dans l’affaire opposant notamment la TFM et la 2Stv sur l’affaire des « vols de fréquence ». Suite à une plainte du patron de la première télévision privée au Sénégal contre la chaîne de Youssou Ndour, la garde à vue de Ndiaga Ndour, Directeur technique de TFM, a été complètement passée sous silence par l’ensemble des supports du Groupe Futurs Médias. Si ces derniers préfèrent observer le silence et faire l’impasse sur l’affaire, les premiers semblent prendre position en faveur de El hadj Ndiaye, patron du Groupe Origines SA et propriétaire de la 2Stv, rejoints dans cette bataille médiatico-judiciaire par le journal Lii Quotidien, relève le communiqué du Cored.
Le document pointe aussi du doigt le Groupe D-Média qui relaie les activités politiques de son patron à travers tous ses supports (radio, télé et quotidien). Un désordre noté dans le paysage médiatique et surtout un « déséquilibre informationnel » qui vaut aux concernés ce rappel à l’ordre de cette instance dirigée par Mamadou Thior.
Seulement, l’appel peine encore à être entendu car l’émission phare de la TFM a préféré se consacrer, dans son dernier numéro, à la problématique du foncier, bien loin des sujets ayant marqué l’actualité de la semaine. Alors, quelle posture pour les journalistes dont les « patrons » font l’actu dans les rubriques judiciaires ? Celle d’employés soutenant leur employeur ? Ou celle de professionnels d’un métier dont les lettres de noblesse risquent de tomber dans un passé nostalgique tenu par leurs aînés et dont le flambeau risque de s’éteindre avant sa transmission à la génération suivante ? Après le verdict du tribunal des pairs, le verdict du tribunal de l’opinion risque d’être encore plus sévère.
MACKY SALL DOIT SAVOIR QUE JE SUIS ALLERGIE AU LACTOSE
A Fatick où il a présidé le weekend dernier le meeting de déclaration de candidature organisé par son poulain Made Codé Ndiaye, Khalifa Sall a tenu à asséner ses vérités au président
A Fatick où il a présidé le weekend dernier le meeting de déclaration de candidature organisé par son poulain Made Codé Ndiaye, Khalifa Sall a tenu à asséner ses vérités au Président Macky Sall. L’ancien maire de Dakar a soutenu qu’il est allergique au lactose en réponse au chef de l’Etat qui annonçait l’arrivée de Gloria pour relever le «ponsé du mbourou ak soow ». Il en a également profité pour inviter le Président Macky Sall à mieux s’investir pour le développement de Fatick dont les populations se sont beaucoup sacrifiées pour lui.
Fatick a réservé, samedi dernier, un accueil très plus populaire au leader de Taxawou Sénégal. Venu soutenir les jeunes socialistes au meeting d’investiture de leur candidat à la mairie de Fatick, Khalifa Sall a été accueilli avec tous les honneurs. Il a sillonné les artères de la ville pendant plus de trois tours d’horloge. «Quand on arrive dans une localité comme Fatick où les gens vous portent dans leur cœur, il est normal que l’on rende visite aux populations. C’était comme un pèlerinage, car on s’est rendu dans différentes maisons et il y a eu beaucoup échangé avec les populations», dit-il.
Très content de la forte mobilisation réussie par ses partisans, Khalifa Sall a appelé les jeunes de Taxawou Sénégal à se remobiliser pour instaurer le changement sur l’ensemble du territoire national. «Réorganiser les cités, jeter les vieux pouvoirs qui sont ici et qui ne travaillent pas pour leurs communautés, faites les tous tomber. N’hésitez pas et n’ayez pas peur. C’est le difficile qui est chemin. Et quand le chemin est difficile, seuls la détermination et un engagement sans faille peuvent venir à bout des obstacles», indique Khalifa Sall avant de rassurer ses interlocuteurs en leur rappelant qu’il est un homme de principe.
Soutenant que son engagement ne souffre d’aucune ambiguïté, il déclare : «On doit aider et éduquer les jeunes pour qu’ils puissent travailler pour leurs communes. C’est pourquoi, au niveau de Taxawou Sénégal, on a fait confiance aux jeunes et aux femmes pour que cette année ils puissent gagner dignement lorsqu’ils iront à la conquête des collectivités locales». Evoquant la polémique née de la visite que lui a rendue la Président Macky Sall pour des présentations de condoléances, Khalifa Sall se veut formel. Il estime qu’il ne regrette nullement d’avoir reçu le chef de l’Etat qui, selon lui, a le droit de venir présenter ses condoléances. «Et moi, j’ai le droit de le recevoir sans demander de permission. La tyrannie des réseaux sociaux ne peut pas me dicter de conduite», tranche l’ancien édile de la capitale.
Toutefois, il ajoute que le Président Macky Sall aussi doit savoir qu’il est allergique au lactose. «Il est venu chez moi et s’est empressé après de dire que Gloria est en route pour mixer le pain et le lait caillé. Malheureusement, pour eux je suis allergique au lactose», a asséné Khalifa Ababacar Sall.
LES PROMESSES DE SONKO AUX ARTISANS
Le leader des «Patriotes» a fait une descente, samedi dernier, au village artisanal de Soumbédioune pour s’enquérir des conditions de travail des artisans
En visite samedi dernier au village artisanal de Soumbédioune, Ousmane Sonko a porté la toge d’ambassadeur de la préférence nationale en demandant aux artisans de faire l’inventaire des matériels et outils de travail dont ils ont besoin. A la suite de cela, il promet d’œuvrer à la mobilisation des fonds pour les soutenir.
Ousmane Sonko veut un secteur artisanal fort. Joignant l’acte à la parole, le leader des «Patriotes» a fait une descente, samedi dernier, au village artisanal de Soumbédioune pour s’enquérir des conditions de travail des artisans. Après avoir échangé avec certains d’entre eux et pris bonne note des nombreuses doléances qu’ils lui ont soumises, il a promis de joindre son image à la campagne du Consommer Local afin d’inciter les citoyens à acheter les produits locaux.
Dans la même veine, il s’est engagé à mobiliser des fonds pour les soutenir. «Je vous demande d’évaluer et de faire un inventaire complet de l’ensemble des matériels dont vous avez besoin. Je ne peux pas acheter cela pour vous, mais nous pouvons lancer un projet, avec tous les Sénégalais d’ici comme de la diaspora, pour mobiliser des fonds nécessaires afin de soutenir les artisans. Ainsi, nous pourrons acheter tous ces matériels et les mettre à votre disposition. Ce ne seront pas des matériels à offrir, mais ce sera à rembourser. Une fois l’amortissement atteint, les machines vont vous revenir de droit», a indiqué l’ancien inspecteur des Impôts et Domaines. Ce n’est que de cette manière, dit-il, qu’on pourra booster la création d’emplois dans le secteur, de rabaisser les coûts et d’augmenter la production. «Les solutions manquent, c’est l’organisation qui fait défaut. On ne peut tout attendre de l’Etat qui n’a aucune vision et ignore le sens des priorités », a déclaré le chef de file des “Patriotes” qui demande à son parti de travailler avec les artisans dans un projet articulé autour du financement et de la formation. «Une fois que nous aurons évalué et bien étudié le projet, nous pourrons le lancer parce que nous sommes très suivis à l’extérieur du pays par nos compatriotes», ajoute le leader de Pastef.
Prenant la parole au nom de ses collègues, la présidente des femmes du village artisanal de Soumbédioune, Ndèye Amy Dia, a étalé devant le président de Pastef les difficultés qu’ils vivent. En tant que jeunes, nous méritons d’être soutenus par nos autorités. Malheureusement, les artisanats sont laissés en rade dans les choix des politiques publiques. Nous traversons des moments difficiles. Nous vous demandons de nous soutenir, parce que nous sommes convaincus qu’une fois que vous serez élu Président, vous le ferez. Ceux qui doivent nous assister et nous soutenir ne l’ont pas fait », s’insurge Mme Dia.
SONKO : «TOUT CE QUE JE PORTE EST FABRIQUE AU SENEGAL»
S’adressant aux artisans, Ousmane Sonko a assuré qu’il n’attend rien d’eux et précise que chacun est libre de voter et de soutenir qui il veut. Cette clarification apportée, il plaide pour le développement de la préférence nationale. «Il faut soutenir nos producteurs locaux. Tout ce que je porte là est fabriqué au Sénégal. Je ne dis pas que je ne porte pas d’habits venus de l’extérieur. Mais, même les costumes que je porte ont été confectionnés dans le pays, même si le tissu est importé. La montre que je porte a été fabriquée au Sénégal. De même que la chemise, le pantalon et les chaussures que je porte», a indiqué Ousmane Sonko qui a lancé des piques aux tenants du pouvoir. «Avant de mettre en place des autoroutes qui coûtent des milliards, il faut aider chaque acteur à se sentir mieux dans son secteur d’activité. Ce qui va permettre de baisser la tension sociale », affirme le leader du Pastef.