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22 septembre 2025
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LE DIALOGUE POLITIQUE N'A SERVI À RIEN
Mamadou Diop Decroix, député et secrétaire général de AJ/PADS revient dans l'émission Objection sur l'actualité sociopolitique nationale marquée par le processus pré-électoral en perspective des locales
Mamadou Diop Decroix, député et secrétaire général de AJ/PADS revient dans l'émission Objection sur l'actualité sociopolitique nationale marquée par le processus pré-électoral en perspective des locales.
NOUS NE POUVONS PLUS CONTINUER À IMPORTER NOS DENRÉES DE PREMIÈRE NÉCESSITÉ
Le président Macky Sall, en visite dans le département de Louga, a inauguré, samedi, dans l’après-midi, le domaine agricole communautaire de Keur Momar Sarr, une localité située à une cinquantaine de kilomètres de la capitale régionale
Lors de son discours, le président Macky Sall a indiqué que le Sénégal est bien capable de faire partie des pays qui montrent une grande force dans le domaine agricole. « Avec le PRODAC, nous pouvons réussir ce pari agricole en nous lancer dans cette modernisation déjà engagée », a-t-il soutenu. Ainsi, pour échapper aux aléas du monde comme cela est constaté avec la Covid-19, il faut se débarrasser de cette dépendance sur les exportations. « Nous ne pouvons plus continuer à importer nos denrées de première nécessité, car dans cette logique, nous nous exposons à une grande vulnérabilité dont nous ne pouvons-nous libérer qu’en assurant au plus vite notre autosuffisance alimentaire », a clamé le président de la République qui semble déterminé avec ces DAC, à élargir la fourchette agricole et se donner les moyens d’une indépendance alimentaire.
La mise en place du DAC de Keur Momar Sarr a été entièrement financée par l’Etat du Sénégal à hauteur de 6, 2 milliards de francs. Les travaux ont été réalisés par l’entreprise Grenn 2000 sous la supervision du Programme des domaines agricoles communautaires (PRODAC).
Il est aussi prévu, à travers ce DAC, de faire la promotion de la culture du niébé par la production de semences de qualité sur une centaine d’hectares.
Pour atteindre les objectifs de production maraîchère, d’élevage et de transformation des produits du DAC, près de 4000 emplois directs seront créés et 6.000 autres emplois externes, à terme.
RUFISQUE-OUEST, LE CANAL DE TOUTES LES NUISANCES
Le grand canal qui traverse la ville de Rufisque est, depuis de nombreuses années, la préoccupation majeure des populations. À cause des déchets et des accidents qui y sont notés, les riverains vivent un véritable calvaire
Des sachets d’eau en plastique et beaucoup d’ordures jonchent le canal qui traverse la ville de Rufisque. Une odeur nauséabonde se dégage. Malgré ce décor rebutant, les enfants jouent à côté du canal à ciel ouvert sans se soucier d’un éventuel danger. De l’autre côté, des commerçants de vaisselle, d’aliments, de beignets et autres friandises écoulent leurs produits sur les dépendances de cette canalisation d’où émanent des odeurs d’œuf pourri.
À «Thiokho», un des quartiers de Rufisque Ouest qui jouxte ce canal, la situation est pire. À partir de 18 heures, les gens n’osent plus ouvrir la bouche, nous explique Babacar Dieng, menuisier métallique. Son atelier se trouve à deux pas de ce système d’évacuation construit depuis les indépendances. «Personne n’a le courage de parler à partir de 18 heures à cause des moustiques qui envahissent nos demeures et lieux de travail», déplore M. Dieng. Selon lui, tous ces problèmes sont le fait d’une négligence des autorités locales et des populations. «Il y a des personnes qui viennent nettoyer une fois tous les trois mois. Mais leur travail n’a pas de suivi, c’est pourquoi la situation s’est empirée», se désole Babacar.
De l’avis d’une mère de famille, du nom de Maguette Dieng, les habitants sont les premiers responsables de cette situation. «Nous sensibilisons tous les jours, mais les gens refusent de nous écouter. Les femmes jettent leurs ordures dans le canal, alors que la poubelle se trouve juste à côté. C’est de la paresse.», fustige la quinquagénaire. Elle informe que de nombreux enfants sont tombés dans le canal en jouant. «Parfois nous entendons des cris et une fois dehors, nous voyons qu’un enfant est tombé en tentant de récupérer un ballon ou en rentrant de l’école. Cette situation est invivable», regrette Maguette. Si certains enfants ont pu être sauvés, à temps, ce n’est pas le cas de la fille de Fatou Cissé. «Mon enfant a perdu la vie dans le canal. Elle n’avait que 16 ans à l’époque. Elle cherchait du charbon et fut emportée par les eaux du canal», se rappelle la vieille dame, pointant du doigt la responsabilité des autorités. «Cette situation n’a que trop duré. Nous avons grandi avec ce canal, mais nous ne souhaitons pas qu’un autre accident se reproduise. Après chaque pluie, les eaux rentrent dans nos chambres réduisant à néant nos matériaux domestiques. En plus, ça limite nos déplacements», soutient Mme Cissé.
Défaut d’engagement citoyen
À Rufisque, particulièrement au quartier Thiokho, certains habitants continuent de jeter des ordures dans le lit de l’ouvrage. Ayant fait le constat, Khady Fall, une femme à la retraite, s’est engagée à nettoyer quotidiennement le quartier et à surveiller les enfants qui jouent aux abords. «Ce canal nous fait plus de mal que de bien. Il y a des personnes qui garent des voitures luxueuses et descendent avec des sachets d’ordures qu’ils déposent ici. Certains attendent le soir pour venir jeter des moutons morts», informe la dame, nouvellement désignée marraine de quartier (Badiénou Gokh). Pour elle, les choses pouvaient changer si les habitants étaient plus engagés dans le développement. «Les personnes aiment l’argent. Elles refusent de s’engager gratuitement. J’en vois de toutes les couleurs juste parce que je me suis proposée de nettoyer gratuitement les rebords du canal», regrette-t-elle. Khady Fall sollicite la construction d’une dalle pour couvrir le canal. «Aujourd’hui, le souhait des populations est que le canal soit complètement fermé. Car, les enfants tombent malades chaque jour et nous épuisons toutes nos ressources pour leurs soins médicaux», déplore Mme Fall qui estime que seule la couverture du canal peut les aider à vivre dans un environnement sain.
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DIANO BI AVEC CHEIKH MBOW
Le directeur exécutif de la Cosydep fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof
Le directeur exécutif de la Cosydep fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof.
JE SUIS UNE BELLE SYNTHÈSE DU SÉNÉGAL
Référence dans le monde universitaire et du droit, la ‘’Peule-Léboue’’, Amsatou Sow Sidibé, célébrée samedi par la faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Ucad, revient sur son parcours, ainsi que sur certains sujets brûlants de l’actualité
Pouvez-vous nous parler un peu plus de vous, de vos origines, de votre parcours… ?
Amsatou Sow Sidibé est une Sénégalaise née à Dakar. Son père, Aladji Pape Sow, lui-même est né à Dakar. Son grand-père, Djibril Sow, a quitté le Macina et est venu à l’école des fils de chefs de Saint-Louis. Il est descendu à Dakar et fait partie de ceux qui ont créé la Médina jusqu’à l’avenue Faidherbe. Par contre, la mère de mon père, Fatou Hann, est originaire de Pété, dans le Fouta.
Amsatou Sow Sidibé est donc une femme peule-léboue. C’est comme ça qu’on nous appelait. D’ailleurs, mon père porte le nom d’un Lébou de la Médina, en l’occurrence le père de l’honorable députée Adjaratou Arame Diène. Je suis donc une pure Dakaroise. Mon père est né là où se trouve la Société générale, sur l’avenue Faidherbe et était fonctionnaire des chemins de fer.
Ma mère, elle, est née à Thiès ; mais son père est de Guidakhar, dans le Walo, à une trentaine de kilomètres de Richard-Toll. Sa mère est de Ndiagne, dans le Ndiambour. Enfant, nous habitions là où se trouve aujourd’hui le Grand Théâtre. Bien évidemment, ce Dakar n’avait rien à voir avec celui que vous avez connu (rires). C’était un Dakar si calme, si charmant et si accueillant. Aujourd’hui, la ville est agressée, elle est mise sens dessus-dessous…
C’est le moment pour moi de lancer un appel pour une réconciliation de l’humain, de l’homo senegalensis avec son terroir, avec son environnement… Ainsi, je peux dire que je suis du Fouta, du Ndiambour, du Macina, du Cayor, j’ai également des parents à Foundiougne. Mais je suis née à Dakar dans le Cap-Vert. Bref, je suis une belle synthèse du Sénégal (elle sourit).
Qu’en est-il de votre parcours scolaire et universitaire ? Etes-vous de ceux qui se réclament ‘’pur produit de l’école sénégalaise’’ ?
C’est une mission périlleuse, mais puisque vous m’y invitez, je vais essayer. Je peux le revendiquer parce que j’ai fait l’essentiel de mon parcours ici. J’ai fait Berthe Maubert jusqu’à l’entrée en 6e ; ensuite, j’ai débuté le secondaire au petit lycée qui était à côté d’Air France, avant de rejoindre l’alors nouveau lycée John Fitzgerald Kennedy, où j’ai obtenu mon baccalauréat. Ensuite, j’ai rejoint, en 1974, l’université Cheikh Anta Diop, à l’époque université de Dakar. Après la Licence, le professeur Ibrahima Fall (ancien candidat à la Présidentielle) que je salue, à qui j’adresse un témoignage déférent, m’a donné une bourse pour aller poursuivre mon troisième cycle en France.
J’ai alors intégré l’université de Paris II-Sorbonne, où j’ai commencé le troisième cycle en prenant un sujet de thèse, tout en fréquentant la Sorbonne pour préparer le Certificat de droit et économie d’Afrique. J’avais commencé la rédaction de la thèse, mais je suis vite rentrée au Sénégal, parce que j’ai été recrutée à l’université de Dakar. J’ai soutenu ma thèse en 1987, à l’université Paris II Panthéon-Sorbonne sur le pluralisme juridique en Afrique. C’est-à-dire le fait qu’il y ait plusieurs systèmes de droit en Afrique avec les droits moderne, musulman, coutumier… Et j’ai eu la chance d’avoir le prix de thèse de l’université de Paris II. Elle a donc été publiée par la Librairie générale de droit et de jurisprudence (LGDJ) Paris en 1991.
Pour l’Agrégation, c’était en 1991 ou 1992. Je suis devenue par la suite professeure titulaire et enfin professeure titulaire de classe exceptionnelle. J’ai donc essayé de faire le maximum pour être là où je suis.
Depuis 1974, vous n’avez pas quitté cette université qui vous rend aujourd’hui hommage. Qu’avez-vous ressentie quand vous avez été choisie comme marraine de la promotion sortante de la FSJP ?
Cela m’a fait beaucoup plaisir. Je suis très contente de cette marque de reconnaissance. Je remercie infiniment les étudiants et les autorités de l’université. Vous savez, j’ai fait presque 40 ans dans cette université et je resterai toujours disponible pour les étudiants, pour mon pays. Comme vous le savez, j’ai toujours eu une relation assez particulière avec les étudiants. J’avais choisi de m’investir dans ce grand amphi qu’on appelait l’amphi B, où il y avait des milliers d’étudiants. Non seulement, il y avait ceux qui étaient inscrits à la Fac Droit, mais aussi d’autres qui venaient d’autres facultés pour suivre mon cours. J’ai toujours essayé de dispenser ce cours avec générosité, avec cette passion que j’ai pour le droit et l’envie de le faire aimer aux autres. Et je sentais que cette passion, cet amour était bien transmis aux étudiants, pour qui j’étais la maman, la ‘’badiene’’. J’étais sans complaisance, mais je défendais leurs intérêts de façon très juste. C’est peut-être ce qu’ils ont apprécié.
Aujourd’hui, cet espace auquel vous avez consacré 40 ans de votre vie est émaillé de violence. L’actualité est même marquée par ces sanctions infligées à certains étudiants par l’Assemblée de l’université. Votre commentaire sur ces sanctions ?
Moi, je n’aime pas la violence. Je me veux apôtre de la non-violence. J’ai été dans beaucoup d’espaces, aussi bien au Sénégal qu’à l’étranger, pour essayer de régler des conflits. Alors, quand la violence se passe chez moi, surtout dans l’espace universitaire, spécialement celui de Dakar dont la devise est ‘’Lux Mea Lex’’, je suis peinée. Assesseure à la faculté de Droit, ancienne directrice de l’Institut des Droits de l’homme et de la paix, j’ai beaucoup réfléchi avec mes collègues pour voir comment mettre un terme à ces cycles de violence. Des séminaires ont été organisés, des propositions faites, mais on y voit toujours de la violence. Et les causes sont toujours les mêmes, à l’occasion des renouvellements des bureaux des amicales. C’est incompréhensible, c’est inadmissible.
Moi qui vous parle, j’ai eu à me mettre entre des étudiants qui se battaient pour les séparer. C’était risqué, mais je ne pouvais les laisser s’entretuer. Mais malgré tout ce qu’on a fait, les conflits sont toujours là. Quel est le problème ? Je pense qu’il faut davantage impliquer les jeunes dans la prise en charge de cette problématique. Qu’on leur fasse comprendre que la violence ne règle rien du tout. C’est la pire des choses et cela ne fait que les retarder. L’université doit être un espace de réflexion et non un espace où ce sont les biceps et les armes qui règnent. Nous ne sommes pas dans une jungle.
Pensez-vous donc que l’université a bien fait de sanctionner certains étudiants qui sont allés trop loin ?
J’ai été choquée de voir ce niveau de violence. Quand on parle de franchise universitaire, cela veut dire que ce sont les enseignants, les enseignés, le personnel qui doivent évoluer en harmonie pour produire. Ce n’est pas un endroit où on doit être en permanence en inquiétude. Sur la nature des sanctions, c’est l’Assemblée de l’université qui est habilitée et elle a pris sa décision.
Les politiques sont souvent accusés d’être les instigateurs de cette violence. Que pensez-vous d’une telle accusation ?
Allez à l’Assemblée nationale où on se donne maintenant des coups de poing ! C’est tellement vilain. Et c’est ce qui est donné en exemple à notre jeunesse. Si les représentants du peuple se comportent de cette manière, le peuple les regarde et les imite. La violence doit être bannie de notre société et je pense qu’il faut, ensemble, œuvrer pour cela. Dans une société civilisée, la tolérance, la discipline, le respect de l’autre doivent primer. Mais, malheureusement, nous constatons de plus en plus de dérives.
Êtes-vous de ceux qui pensent que la politique doit être bannie de l’espace universitaire ou simplement encadrée ?
Quand on dit ‘’Lux Mea Lex’’, il y a des attitudes à bannir, des activités à encadrer scrupuleusement. L’universitaire a certes le droit d’avoir des positions, d’intervenir dans la politique, qui n’est rien d’autre que l’art de gérer la cité. C’est un droit fondamental. Mais c’est une certaine manière de faire la politique qui n’a pas sa place dans l’espace universitaire.
En tant que juriste qui a travaillé sur le foncier et le pluralisme juridique en Afrique, quelle lecture faites-vous des multiples litiges fonciers au Sénégal ?
Le problème du Sénégal, c’est la boulimie foncière. Les gens s’arrachent les terres comme ils s’arrachent des petits pains ou bien un bol de riz. C’est incroyable. Or, si la loi sur le domaine national avait été bien appliquée, nous n’en serions jamais là. Avec cette loi, le président Léopold Sédar Senghor avait décidé que 99 % des terres du Sénégal appartiennent à la nation. C’est-à-dire que toute personne qui a besoin de la terre peut avoir son lopin pour le travailler. C’était ça la finalité. Aujourd’hui, on a tellement grignoté qu’une grande partie de ces terres n’appartiennent plus à la nation. L’Etat s’en est approprié ; et plus grave, les particuliers s’en sont aussi appropriés. Et cela continue de plus belle. Mieux, on se permet même de dégager des familles qui occupent des terres depuis des siècles pour en faire une appropriation privative. C’est ce qui est à la base de la plupart de ces conflits. Et il faut faire très attention. Partout où il y a des problèmes dans le monde, c’est parce que des groupes ont senti qu’on les a privés de leur droit à la terre, alors que d’autres y ont droit.
Est-ce à dire que vous êtes pour le maintien de la loi sur le domaine national, décriée, jugée parfois ‘’rétrograde’’ et contraire aux exigences du développement dans un monde de plus en plus libéralisé ?
Moi, je suis pour le respect de l’esprit de la loi sur le domaine national tel que cela a été fait par le président Senghor. Malheureusement, dans la pratique, cet esprit a toujours été dévoyé. Pourquoi (elle hausse le ton) est-ce que des personnes doivent devenir des ouvriers agricoles, alors que d’autres peuvent se taper des hectares et des hectares ? C’est injuste. C’est scandaleux dans un Etat démocratique. Chacun a droit à la terre, pour se loger, pour travailler.
Si on veut maintenant privatiser, on doit le faire en tremblant. Ce n’est pas une décision simple qu’on fait aveuglément. Si on le fait, un groupuscule va s’accaparer de toutes les terres au détriment du plus grand nombre. C’est ce qui crée des histoires. Je répète : il faut faire très attention avec la gestion de la terre. Il faut une gestion responsable. Faire en sorte que tout le monde puisse en jouir.
Universitaire reconnue, respectée par tout le monde, pourquoi avez-vous décidé, à un moment, d’entrer en politique ? Qu’est-ce qui a sonné le déclic ?
Justement, c’est pour changer cette façon de faire la politique dans notre pays. Et pour cela, il faut des hommes et des femmes de qualité dans cet espace politique marqué par la politique politicienne. J’ai donc voulu apporter ma touche, cette touche nouvelle, pour qu’enfin on ait une façon civilisée de faire la politique. Notre engagement ne doit être guidé que par la volonté d’être au service de notre peuple, d’être utile à notre pays. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Voilà pourquoi est née Car (Convergence des acteurs pour la défense des valeurs républicaines) Lenen qui n’est rien d’autre que la rupture. Ce que nous voyons dans ce pays n’augure rien de bon. Il faut y remédier et c’est la raison pour laquelle on s’est engagé.
Vous êtes entrée dans le champ politique depuis 2010, mais on ne sent pas trop Car Lenen dans l’espace. Est-ce à dire que votre message n’est pas suffisamment entendu ? Vous arrive-t-il d’avoir des regrets ou de vous décourager ?
Je ne me décourage pas ; je n’ai aucun regret par rapport à cet engagement. Bien au contraire ! Moi, j’observe et je tire des conclusions. Globalement, je pense que nous avons un parcours positif. Au moins, nous ne faisons pas de dégâts et nous posons des actes positifs et utiles pour notre pays, des actes qui inspirent.
Par exemple, en 2012, alors que nous venions juste de créer notre manifeste, avant même le récépissé, on s’est présenté à la présidentielle…
Cela avait fait long feu… ?
Mais c’était très important. A travers cette candidature, nous avons voulu montrer la voie, inviter les femmes à prendre conscience qu’elles doivent participer et qu’elles en ont les moyens et les capacités. Et je pense que sur ce plan, on a réussi. L’initiative a fait des émules et les femmes se sentent de plus en plus concernées.
En 2019, nous avons voulu encore participer, mais on nous a dénié ce droit, sous le prétexte du parrainage, dont on ne maitrise pas les tenants et les aboutissants. Et les juridictions africaines l’ont d’ailleurs sanctionné.
Aujourd’hui, vous vous opposez au régime du président Macky Sall, après avoir cheminé avec lui pendant un moment. En regardant dans le rétroviseur, quel est votre sentiment ?
Je n’ai aucun regret. C’était une bonne occasion pour mettre mes compétences au service de mon pays, dans le domaine des droits humains et de la paix dont j’étais chargée en tant que ministre-conseiller. A ce titre, nous avons beaucoup contribué à l’accalmie du conflit en Casamance, en rencontrant notamment beaucoup de communautés dans cette région sud du pays. Nous avons eu à leur parler avec l’EDVR (Espace, dialogue, vérité et réconciliation) pour la paix définitive en Casamance. Nous discutions, dans ce cadre, avec les communautés, autour des questions qui pouvaient nous mener vers la paix. Nous avons non seulement apporter notre modeste contribution, mais mieux, nous avons laissé des documents de stratégie pour arriver à la paix définitive.
Pouvez-vous rappeler les circonstances de votre départ ? Vous aviez semblé un peu en colère ?
Je n’étais pas en colère, mais un peu désolée, je l’avoue. Par exemple, quand on refusait de me verser un salaire de la présidence ou un salaire de l’université, alors que je travaillais comme tout le monde. Je pense que c’était le minimum. Je suis restée pendant six mois sans aucun salaire et je n’ai pas compris le pourquoi. Mais comme je ne fais pas beaucoup de bruit autour de ces choses, certains en ont profité peut-être. Je profite de l’occasion pour rappeler que le salaire est fondamental et on ne doit pas jouer avec. On doit le respecter, le protéger pour tous les travailleurs.
Le Dialogue politique a aujourd’hui livré ses conclusions, sanctionnées par le vote prochain du projet de loi portant Code électoral. Etes-vous satisfaite des résultats ?
Le dialogue politique est important, mais il y a d’autres aspects du dialogue qui sont déterminants pour tous, surtout pour les jeunes. Et cela me tient à cœur. Maintenant, pour le dialogue politique, puisque vous me le demandez, j’ai essayé de chercher les consensus, mais je dois dire que je n’ai pas vu de résultats significatifs du dialogue politique. Pour la caution qui est importante, je n’ai pas vu de solution. Pour le parrainage, c’est réglé pour les élections territoriales, mais on ne sait pas encore pour les Législatives et la Présidentielle… On constate que cela n’a pas été enlevé dans la loi électorale. Pour moi, ce machin est une catastrophe. Le Sénégal n’est pas prêt pour le parrainage. Il faut d’autres formes de filtre.
Diriez-vous donc que le dialogue n’a pas servi à grand-chose ?
Vous voulez me demander si la montagne a accouché d’une souris ? (Elle éclate de rire) En tout cas, sur ce machin du parrainage, je pense qu’il faut le régler avant d’aller aux Législatives. C’est fondamental pour les Législatives et la Présidentielle. Encore une fois, j’ai beaucoup œuvré pour qu’il y ait un dialogue. Mais dans mon entendement, le dialogue devait être non seulement politique, mais aussi social, économique, éducationnel… Le dialogue politique, seulement, ce n’est pas ce qui fait vivre le pays. C’est pourquoi j’avais fait un document que j’avais envoyé au président de la République pour qu’il s’en inspire. Et je crois qu’il avait tenu compte de mes suggestions. Moi, la conception que j’ai du dialogue, c’est qu’il doit permettre aux Sénégalais de vivre mieux. Sans cela, ce n’est pas la peine. Ne l’ayant pas senti, je n’ai pas voulu déranger. C’est pourquoi je me suis gardée à l’époque de faire du bruit. Je n’ai eu à parler à aucun journaliste. J’ai quitté le dialogue sur la pointe des pieds.
Les élections territoriales arrivent à grands pas. Comment comptez-vous y aller ? Amsatou Sow Sidibé est-elle candidate à la succession de Barthélémy Dias à la mairie de Mermoz-Sacré-Cœur ?
Vous savez, les élections territoriales, c’est une question de proximité. Chaque militant, en fonction des réalités de sa localité, va apprécier et agir en conséquence. Pour ma part, je préfère parler des militantes et militants ; des sympathisantes et sympathisants de Car Lenen. Ce n’est pas ma personne qui importe. Nous allons vers des élections de proximité et nous allons voir le meilleur moyen d’y participer.
Parlons du troisième mandat. Quel est votre commentaire sur ce débat ?
Moi, je ne comprends pas. Il y a tellement de problèmes urgents dans ce pays. Les questions éducatives, de la santé avec la Covid, la jeunesse qui a fait un cri du cœur terrible au mois de mars… C’est pourquoi je ne comprends pas que le président de la République ne mette pas un point final, je dis bien un point final à cette question du mandat. Il sait comment mettre un terme à ce débat. Il est temps qu’on passe à autre chose. Cette question du mandat est devenue ennuyeuse, c’est une question qui m’ennuie. Nous devrions nous concentrer sur les questions brûlantes de l’actualité. C’est pourquoi j’ai vraiment du mal à mêler mon nom à ce débat.
Mais parfois, certains citoyens se sentent abusés à cause des multiples interprétations des spécialistes du droit. Est-ce la discipline qui est aussi aléatoire ou ce sont les hommes et femmes de droit qui posent problème ?
Ce que je peux dire, c’est que le droit est un phénomène social, humain. Mais la règle de droit est une base. Il faut, aujourd’hui, que nous retournions à la règle de droit, sans laquelle il n’y a ni développement ni vie possible en société. En tant que phénomène social et humain, cette règle peut être susceptible d’interprétation, mais cela doit se faire en toute objectivité. Pour ce faire, il y a la volonté du législateur qu’il faut prendre en compte. Que voulait le législateur, celui qui a fait la loi ? Quand on ne tient pas compte de cette volonté, interpréter devient effectivement difficile. Il est donc utile, parfois, de retourner aux travaux préparatoires pour comprendre ce que le législateur a voulu dire.
Par rapport à la question de l’emploi des jeunes, particulièrement ceux issus de votre département, la faculté de Droit. Ne pensez-vous pas qu’il faut davantage ouvrir les professions libérales pour accroitre leurs chances ?
Le problème de l’emploi des jeunes est une question de fond, une question globale. Il faut aider les jeunes à se remettre sur les rails, les accompagner dans le renforcement de leurs capacités. La question de l’école et de la formation est fondamentale. Je pense que ce qu’il faut aux jeunes pour leur insertion, c’est les accompagner dans leur savoir, c’est-à-dire dans leurs connaissances qui doivent être renforcées ; ensuite dans leur savoir-faire, c’est-à-dire en termes d’efficacité dans leurs recherches de la qualité, dans leurs compétences... Il faut aussi les accompagner dans l’exercice de leur savoir-être ; c’est-à-dire qu’ils aient plus conscience de leurs valeurs intrinsèques, qu’ils aient aussi confiance en eux, pour ne pas céder au découragement et à certains phénomènes comme le ‘’barsa wala barsax’’. Notre jeunesse doit certes avoir des emplois, mais elle doit aussi rompre avec la violence dont on parlait tout à l’heure. Elle doit faire partie de la crème de la jeunesse du monde. Elle en est capable et en a les capacités intellectuelles. Il leur manque juste les fondamentaux.
Mais n’y a-t-il pas lieu d’ouvrir également les quelques opportunités qui existent, notamment les professions libérales ?
Il faut ouvrir toutes les opportunités. Mais il y a des préalables qui sont nécessaires à l’épanouissement de cette jeunesse.
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BASKET CHAMPIONNAT DU MONDE U19 : LE SENEGAL CORRIGE L’ARGENTINE ET TERMINE A LA 7E POSITION
Fin du Championnat du Monde U19 pour le Sénégal. Fin d’un parcours mémorable. Pour leur dernier match, les Lionceaux ont disposé de l’Argentine (75-67), ce dimanche, et finissent à la septième place
Fin du Championnat du Monde U19 pour le Sénégal. Fin d’un parcours mémorable. Pour leur dernier match, les Lionceaux ont disposé de l’Argentine (75-67), ce dimanche, et finissent à la septième place
L’Equipe Nationale de Basket du Sénégal a terminé son Championnat du Monde U19 sur une bonne excellente note en battant l’une des grands figures du Basket mondial, dimanche lors du dernier match qui comptait pour déterminer le classement finale. Encore emmené par Khalifa Ababacar Diop, meilleur marqueur (23 points) et meilleur rebondeur de la partie (15 rebonds), le Sénégal a dominé l’Argentine (75-67).
Une victoire synonyme d’une septième place pour les joueurs de Parfait Adjivon, qui ont surpris plus d’un durant ce tournoi. Seizièmes en 2013 et quinzièmes en 2019, les Lionceaux réalisent la meilleure performance sénégalaise dans ce Mondial.
COPA AMERICA, MESSI ENFIN COURONNE AVEC L'ARGENTINE EN TERRASSANT LE BRESIL
Coupe de tonnerre au Maracana! Lionel Messi a enfin remporté son premier titre avec l'Argentine en domptant le Brésil de Neymar en finale de la Copa America (1-0), mettant fin à une disette de 28 ans de son pays.
Coupe de tonnerre au Maracana! Lionel Messi a enfin remporté son premier titre avec l'Argentine en domptant le Brésil de Neymar en finale de la Copa America (1-0), mettant fin à une disette de 28 ans de son pays.
La cinquième était la bonne: après quatre finales de tournois majeurs perdues avec l'Albiceleste (Mondial-2014, Copa America 2007, 2015 et 2016), le sextuple ballon d'or a enfin soulevé un trophée avec le maillot de son pays. Porté en triomphe par ses coéquipiers après le coup de sifflet final, Messi, 34 ans, termine meilleur buteur et passeur du tournoi (4 buts et 5 passes décisives).
Mais le héros de la finale se nomme Angel Di Maria : le joueur du Paris SG a marqué le but de la victoire argentine d’un splendide lob après une ouverture lumineuse de Rodrigo De Paul, lui aussi excellent au Maracana.
Neymar, lui, n'a pas su peser sur le match et a fondu en larmes après le coup de sifflet final, avant d'être réconforté par une accolade de Messi, son ancien coéquipier au FC Barcelone.
Pour le Brésil, on est loin du traumatisme du Maracanazo de 1950 face à l'Uruguay ou de l'humiliation du 7-1 infligé par l’Allemagne en demi-finale du Mondial 2014. Mais cela reste une cruelle désillusion pour les tenants du titre, qui avaient triomphé lors des cinq autres éditions de la Copa jouées à domicile.
Les hommes de Tite étaient invaincus en matches officiels depuis le quart de finale de la Coupe du Monde 2018 contre la Belgique (1-2).
Ils avaient battu leurs grands rivaux argentins lors de leurs deux dernières confrontations en finale de Copa América (2004, 2007) et lors de la demi-finale de la dernière édition, en 2019.
L’Argentine, qui ne remportait pas le moindre trophée depuis la Copa America de 1993, en Equateur, a rejoint l’Uruguay en tête du palmarès de la compétition, avec 15 trophées, maintenant les Brésiliens à distance (9).
Pour ce match de gala, la mairie de Rio avait permis la présence de quelques milliers de supporters, avec un jauge de 10% au Maracana pour le point d'orgue d'une compétition dont tous les matches précédents avaient été joués à huis clos en raison de la pandémie de Covid-19 qui a fait plus de 530 000 morts au Brésil.
Venu spécialement à Rio pour la finale, le président de la Fifa Gianni Infantino était aussi de la fête.
Tension palpable
Le sélectionneur argentin Lionel Scaloni avait décidé d'aligner une équipe résolument offensive, avec Di Maria, remplaçant lors des trois derniers matches, aux côtés de Messi et Lautaro Martinez en attaque.
Comme tout « superclassico » entre les deux monstres sacrés du football sud-américain, la tension était palpable dès le coup d'envoi.
La Seleçao a commencé à imposer un gros pressing, avec une agressivité vite sanctionnée par un carton jaune pour Fred dès la troisième minute de jeu. Neymar a aussi voulu marquer aussitôt son territoire, avec un coup du sombrero sur son ex-coéquipier du PSG Lo Celso au niveau de la ligne médiane (7e).
Mais après un début de match haché, avec un grand nombre de fautes des deux côtés, l'éclair est venu de Di Maria. Bien lancé par De Paul sur la droite à limite du hors-jeu, l'ailier parisien a pris de vitesse Renan Lodi avant de tromper le gardien Ederson d'un lob de toute beauté (22e). Ce but a quelque peu assommé le Brésil et les vagues argentines ont continué à déferler, avec des frappes de Di Maria (28e) et Messi (30e).
Tite a tenté le tout pour le tout en faisant rentrer un attaquant supplémentaire à la mi-temps, Firmino, à la place de Fred et la Seleçao a retrouvé de l'allant. Richarlison s'est vu refuser un but pour hors-jeu (52e) et a buté sur le gardien Martinez (53e) après une belle ouverture de Neymar dans la surface.
Gabigol s'est créé deux occasions en fin de match (82e, 86e), mais l'Argentine a tenu bon pour triompher dans le temple du football brésilien.
COUPE DE LA CONFEDERATION, LE RAJA CASABLANCA S'OFFRE UN DEUXIEME SACRE FACE A LA JS KABYLIE
Vainqueur une première fois en 2018, le Raja Casablanca a conquis la Coupe de la Confédération pour la deuxième fois de son histoire samedi.
Vainqueur une première fois en 2018, le Raja Casablanca a conquis la Coupe de la Confédération pour la deuxième fois de son histoire samedi. À Cotonou, les Aigles Verts l'ont emporté face à la Jeunesse sportive de Kabylie (2-1). Leur gros début de match a été déterminant.
Il y avait déjà le Tout Puissant Mazembe, au rang des clubs plusieurs fois titrés en Ligue des champions et en Coupe de la Confédération. Il y a désormais aussi le Raja Casablanca. Un moindre mal pour le fleuron du football marocain au cours d'un exercice 2020-2021 bien compliqué. La crainte d'une saison blanche s'est estompée, samedi 10 juillet, au Stade de l'Amitié, à Cotonou au Bénin. Les Aigles Verts ont dompté la JS Kabylie, non sans mal (2-1).
Le Raja punit l'entame catastrophique de la JSK
Après 45 minutes de jeu, il n'y avait pourtant pas de match entre le champion du Maroc en titre et les Canaris algériens. Le Raja dominait autant sur le terrain qu'au tableau d'affichage. Les Aigles Verts n'ont pas perdu de temps sur la pelouse béninoise. Omar Arjoune a parfaitement lancé Soufiane Rahimi en profondeur, et l'attaquant marocain s'en est allé dribbler le gardien Oussama Benbout d'une feinte de frappe avant d'ouvrir le score dans la cage vide (5e). Après quelques instants d'hésitation et l'aide de ses assistants vidéo, l'arbitre sud-Africain Victor Gomes a validé l'ouverture du score.
Puis, Ben Malango a doublé la mise d'un tir en pivot dans la surface (14e). L'attaquant international des Léopards s'est ainsi installé seul en tête du classement des buteurs de cette Coupe des Confédérations (6 réalisations), en plus de mettre le Raja un peu plus sur les bons rails. Dominateurs, maîtres du ballon, les protégés du coach Lassaad Chabbi ont géré la fin de ce premier acte.
La réaction de la JSK n'a pas suffi
Dès le début de la seconde période, Denis Lavagne, l'entraîneur de la JSK, a changé ses plans. Le milieu de terrain Malik Raiah a cédé sa place à l'attaquant Rezki Hamroune. Et les Jaune et Vert ont immédiatement réagi. Après seulement 27 secondes de jeu et une action sur laquelle la défense du Raja n'a pas réussi à se dégager, Zakaria Boulahia a réduit l'écart d'un tir limpide (46e), ouvrant la porte à une deuxième moitié de match à suspense.
L'espoir des Algériens s'est renforcé encore quand Omar Arjoune a été expulsé pour un coup de pied involontaire en plein visage d'un adversaire (63e). Mais à onze contre dix, la JSK n'a pas réussi à inscrire le but de l'égalisation. La pression s'est accentuée sur la cage d'Anas Zniti à mesure que les minutes défilaient et que la tension montait. Mais les Aigles Verts, repliés dans leurs 25 mètres pour protéger leur but d'avance, n'ont pas craqué.
La Jeunesse sportive de Kabylie va donc encore courir après un nouveau titre continental. Le dernier remonte à une Coupe de la CAF remportée en 2002. Le Raja a eu le dernier mot à Cotonou. C'est son huitième titre continental : trois Ligues des champions CAF, deux Supercoupes de la CAF, une Coupe de la CAF, et donc désormais deux Coupes de la Confédération.
par Mamadou Abdoulaye Sow
PROJETS DE LOI MODIFIANT LE DROIT PÉNAL, DEUX TEXTES DIFFICILES À COMPRENDRE
EXCLUSIF SENEPLUS – L’emploi des mots « groupement » et « entente » est de nature à rendre plus floue l’interprétation de l’expression « association de malfaiteurs ». L'entente ne semble pas avoir une forme légalement saisissable
Projets de loi modifiant le droit pénal : « deux textes difficiles à lire et à comprendre » et présentés en procédure d’urgence, ce qui de l’aveu de la Commission des Lois de l’Assemblée nationale ne permet pas « de pouvoir voter en toute connaissance de cause ».
La lecture du rapport de la Commission des lois consacré au projet de loi n° 10/2021 modifiant le Code pénal (CP) et de celui relatif au projet de loi n° 11/2021 modifiant le Code de procédure pénale (CPP) fait ressortir une constatation générale : l’absence de commentaires sur les différents articles modifiés dans ces deux Codes. Cette constatation nous amène à nous demander si les membres de la Commission des lois savent que l’instruction de tout projet de loi par leur Commission requiert une étude article par article du projet de loi et avec des possibilités d’amendements.
Au Sénégal, « les parlementaires n’ont pas toujours le niveau intellectuel nécessaire pour appréhender les enjeux qui s’attachent aux interventions normatives ». Cette phrase de Papa Assane Touré dans son ouvrage « La légistique. Techniques de conception et de rédaction des lois et des actes administratifs : une tradition de gouvernance normative » [1] condense en peu de mots les préjugés que l’on peut avoir sur la qualité du travail législatif.
Le rapporteur de la Commission des lois confirme les propos de M. Touré lorsqu’il souligne dans son rapport sur le projet de loi n° 11/21 (page 6) que « le Code pénal et le Code de Procédure pénale sont deux textes difficiles à lire et à comprendre même pour les juristes et à fortiori les Députés, qui n’ont pas forcément une formation en science juridique » (Nous mettons en gras).
Sur un autre plan, en considérant que « le dépôt du présent projet de loi en procédure d’urgence ne permet pas d’analyser et de conceptualiser la réforme proposée » et en suggérant « de déposer, à l’avenir, les textes selon la procédure normale pour permettre aux parlementaires d’avoir suffisamment de temps pour cerner l’objet des réformes envisagées » (page 7), la Commission des lois avoue donc implicitement qu’elle n’a pas pu voter les deux projets de loi en toute connaissance de cause.
Nous n’avons pas jugé utile de reproduire ici l’ensemble des observations suscitées par l’analyse des deux projets de loi. Nous nous contenterons de soulever des commentaires sur les points ci-dessous.
La problématique de la définition du terrorisme
Selon le rapport de la Commission des lois sur le projet de loi n° 10/2021 « le ministre a été invité à apporter des éclairages sur la notion de terrorisme ». Le rapport ne fait pas état de la définition de la notion de terrorisme donnée par le ministre.
Ainsi que l’a souligné Dubuisson François, «la notion de « terrorisme » reste largement insaisissable, et que les éléments définitionnels qui en sont donnés demeurent extrêmement flous, ce qui octroie une importante marge d’appréciation aux États dans son utilisation, qu’il s’agisse de justifier des régimes juridiques dérogatoires et exceptionnels, ou de stigmatiser un ennemi, dans une perspective politique » [2].
Les modifications apportées au droit existant ne sont pas précisées
Ni l’exposé des motifs, ni le rapport de la Commission des lois n’exposent les modifications apportées par le projet de loi n°10/2021 au droit existant en particulier à la loi n° 2016-29 du 8 novembre 2016. Cela est également vrai pour le projet de loi n° 11/2021 par rapport à la loi n° 2016-30 du 8 novembre 2016.
En particulier, les faits de financement du terrorisme non couverts par la loi n° 2018/03 du 23 février 2018 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ne sont pas précisés dans l’exposé des motifs.
On remarquera que les deux exposés des motifs et les deux rapports de la Commission des lois ne font référence nulle part aux deux lois du 8 novembre 2016 [3].
Il devrait être rappelé aux rédacteurs des projets de loi la décision n° 1/C/2016 du Conseil constitutionnel en date du 12 février 2016 dans laquelle le juge constitutionnel considère que « l’exposé des motifs doit indiquer, de manière claire, l’esprit dont procède le texte, les objectifs que l’on cherche à atteindre et les modifications à apporter au droit existant ».
L’association de malfaiteurs du nouvel article 238 du CP
Le projet de loi n° 10/2021 propose une nouvelle formulation de la définition de l’association de malfaiteurs de l’article 238. Le premier élément constitutif du crime ou du délit défini par l’article 238 est un groupement formé ou une entente établie dans le but de préparer ou de commettre un crime ou délit contre les personnes ou les propriétés. Les travaux préparatoires de la nouvelle loi pénale auraient dû nous édifier s’il y a là une alternative à savoir la loi pénale punirait soit un groupement formé, soit une simple entente établie entre deux ou plusieurs personnes. À notre sens, le terme groupement renvoie au mot association. Or, une association suppose nécessairement une entente. Dans ces conditions, on se demande si l’emploi des deux mots « groupement » et « entente » n’est pas de nature à rendre plus floue l’interprétation de l’expression « association de malfaiteurs ». En ce qui concerne l’entente, on se demande comment la déceler si elle n’a pas une forme légalement saisissable.
Nous pensons que le nouvel article 238 aurait dû imposer aux juges de caractériser des faits matériels.
L’association de malfaiteurs à caractère terroriste du nouvel article 279-1.7 du CP
Le délit de participation à une association de malfaiteurs prévu par les articles 238 à 240 du Code pénal est entré dans le droit pénal comme une infraction terroriste « autonome » depuis 2007 (Cf. article 279.1 point 7 du CP dans sa rédaction issue de l’article premier de la loi n° 2007-01 du 12 février 2007). L’article 3 de la loi n° 2016-29 du 8 novembre 2016 a reconduit les dispositions pénales de la loi de 2007 et le projet de loi n° 10/2021 (article 5) est venu s’inscrire dans la même tendance. Aussi, dire dans le rapport de Commission des lois que « la notion de terrorisme semble être élargie à l’association de malfaiteurs et qui viserait des situations de violence que le Sénégal avait connu par le passé » ne nous parait pas exact.
Sur le fondement de l’article 279-1, l’infraction de droit commun d’association de malfaiteurs n’est poursuivie et réprimée comme acte de terrorisme que lorsqu’elle est commise « intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but d’intimider une population, de troubler gravement l'ordre public ou le fonctionnement normal des institutions nationales ou internationales, de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou s’abstenir d’accomplir un acte quelconque par la terreur » .
Se pose ici la question de savoir ce qu’on entend par « une entreprise individuelle ou collective » à caractère terroriste et ce que signifie la condition d’existence d’un but :
- « d’intimider une population,
- de troubler gravement l'ordre public ou le fonctionnement normal des institutions nationales ou internationales,
- de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque par la terreur ».
En vertu de l'article 279-1.7 précité, « caractériser la participation à un groupement terroriste suppose dans un premier temps de rapporter la preuve de la nature terroriste de ce groupement, ou plus exactement de la nature terroriste des actes projetés par ce groupement ; puis dans un second temps de rapporter la preuve d'un acte individuel de participation à ce groupement [4]».
La délimitation précise du délit d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise individuelle ou collective à caractère terroriste s’impose pour éviter des décisions arbitraires.
L’appellation « réclusion criminelle » est-elle consacrée par l’article 7 du Code pénal ?
Dans différents articles du projet de loi modifiant le CP, les peines sont la réclusion criminelle à perpétuité et la réclusion criminelle alors que, dans la loi n° 2016-29 du 8 novembre 2016, le législateur employait les termes : « travaux forcés à perpétuité » ou « travaux forcés à temps » en vertu de l’article 7 du Code pénal [5]. Si aucune loi n’est intervenue depuis 2016 pour modifier l’article 7, pourquoi l’appellation « travaux forcés » a été remplacée par celle de « réclusion criminelle » ?
En passant, rappelons que la modification du Code de Justice militaire de 1994 s’impose. Ledit Code continue de faire référence à la peine de mort et à des peines de travaux forcés.
L’examen de ces deux projets de loi et les termes du rapport de la Commission des lois sur le projet de loi n° 11/21 (page 6) rendent nécessaire le recrutement d’assistants parlementaires pour appuyer la Commission des lois. Selon l’article 50 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, « l’Assemblée nationale peut recruter des assistants parlementaires pour le service des députés [6]». Plus que des assistants parlementaires, la technicité ou la spécificité de certaines matières devrait amener l’Assemblée nationale à recruter à temps partiel des experts payés sur ses crédits de dépenses diverses.
Mamadou Abdoulaye Sow est inspecteur principal du Trésor à la retraite
[3] En 2016, la loi n° 2016-29 du 8 novembre 2016 est venu abroger et remplacer les articles 279-1 à 279-5 en créant un titre II ainsi libellé : « Des actes de terrorisme et des actes assimilés » ;
[4] Jules Alix, « Réprimer la participation au terrorisme » dans Revue de science criminelle et de droit pénal comparé 2014/4 (N° 4), pages 849 à 865.
[5] L’article 7 dispose que les peines afflictives et infamantes sont : les travaux forcés à perpétuité ; les travaux forcés à temps ; la détention criminelle ;
[6] Selon le même article, « leur mission consiste à fournir une expertise technique à toutes les commissions qui en ont besoin, ainsi qu’aux parlementaires qui le désirent, pour faire leur travail, en leur fournissant la documentation, l’information et le soutien nécessaires ».
VIDEO
AFRIQUE-FRANCE, QUEL NEW DEAL ?
Panel organisé dans le cadre du colloque Amath Dansokho, en deux temps, le premier sur le décryptage des annonces du président Macron et l'état des lieux des relations France - Afrique, et le second sur les ruptures à opérer pour de nouvelles relations
Troisième panel organisé dans le cadre du colloque Amath Dansokho, en 2 temps, le premier sur le décryptage des annonces du président Macron et l'état des lieux des relations France - Afrique, et le second sur les ruptures à opérer pour de nouvelles relations à la hauteur des défis sociaux et environnementaux, au service des peuples et de la souveraineté démocratique.
Avec :
- Félix Atchadé, chargé des questions africaines au Parti de la gauche européenne (0:08:52 à 00:16:33 et de 1:16:25 à 1:23:26),
- Anne-Cécile Robert, journaliste, directrice des éditions et relations internationales au Monde diplomatique, professeure associée à l’université Paris 8 (0:16:45 à 0:26:18 et 1:13:30 à 1:15:59),
- Kako Nubukpo, économiste, professeur titulaire à la faculté de sciences économiques et de gestion de l’université de Lomé, directeur du rapport « Du Franc CFA à l’Eco : quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l’ouest? » (mai 2021) (0:28:25 à 0:38:48 et 1:23:46 à 1:33:35),
- Ndongo Samba Sylla, économiste, auteur avec Fanny Pigeaud de L’arme invisible de la Françafrique (La Découverte, 2018) (0:38:20 à 0:52:28 et 1:33:47 à 1:47:27),
- Jibrin Ibrahim, politiste, membre du Centre pour la démocratie et le développement (CDD), Nigéria (0:53:22 à 1:10:31 et 1:48:17 à 1:53:56).
Animé par Chrystel Le Moing
En Afrique, si la catastrophe épidémique annoncée par quelques Cassandre n’a pas eu lieu, les conséquences socioéconomiques de la COVID-19 sont bien préoccupantes. Le continent a connu en 2020 sa première récession depuis 25 ans. La France qui au cours des dernières années a été conspuée, comme jamais, en Afrique francophone, tente de rétablir son image en multipliant les initiatives et les annonces. De la promesse de réforme du franc CFA au « New Deal » pour « relancer les économies africaines », elle veut montrer qu’elle se tient aux côtés de l’Afrique et des Africains. Les propositions françaises peuvent-elles répondre aux préoccupations africaines ? Quelle place pour l’annonce de changements dans la relation France — Afrique, tant critiquée par les Africains dans les initiatives d’Emmanuel Macron ? Peut-on parler de continuité avec le paradigme néolibéral en cours depuis plusieurs décennies ?
En savoir plus :
- « Etats généraux de l’Eco », vidéos du colloque, Université de Lomé, 26-28 mai 2021.
- « Les souverainetés des sociétés africaines face à la mondialisation », Rapport Alternatif Sur l’Afrique n°1, décembre 2020.
- Daniela Gabor, Ndongo Samba Sylla, « La doctrine Macron en Afrique : une bombe à retardement budgétaire », Le Grand continent, le 24 décembre 2020.
- Anne-Cécile Robert, « Au Mali, coup d’État dans un pays sans État », Le Monde diplomatique, octobre 2020.
- « Lettre ouverte des économistes africains : la réponse de l’Afrique à la pandémie appelle la reconquête de sa souveraineté économique et monétaire », Financial Afrik, le 5 septembre 2020.
- Félix Atchadé, « ECO… CFA répondit l’écho ! », Chroniques sénégalaises, le 25 mai 2020.