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24 juin 2025
PAR Habib Sy
REFLEXION SUR LA THÉORIE DE LA RÉVOLUTION AFRICAINE PRÔNÉE PAR OUSMANE SONKO
Le leader de Pastef certainement dopé par sa nouvelle popularité incontestée, tant au plan national qu'international, a cru devoir porter sur ses épaules la conscience d'une révolution africaine.
Après sa libération, suite à sa garde à vue liée aux événements douloureux du début du mois de mars 2021, le leader de PASTEF, certainement dopé par sa nouvelle popularité incontestée, tant au plan national qu'international, a cru devoir porter sur ses épaules la conscience d'une révolution africaine.
L'ampleur, sans précédent de la révolte, ainsi que son intensité, menée essentiellement par la jeunesse, l’ont à coup sûr inspiré, au point qu'il ait tenu les propos selon lesquels, les prémices, ou les préludes de la révolution africaine pourraient voir le jour au Sénégal. Nous pourrions même nous épargner le conditionnel, dans la mesure où la puissance du discours traduisait une forte conviction.
Théorie à priori séduisante, que nous ne pouvons ranger dans un idéel de jeunesse politique. Certes, le mot théorie est souvent employé dans un esprit péjoratif, pour en déprécier le sens. Mais le sujet est d’une importance qui ne saurait autoriser pareille conception. Pour nous, il s’agit plutôt d’une « conception méthodique, systématiquement organisée… » André Lalande.
Bien que novice dans l’arène politique, l'homme a fini de prouver sa maturité, son sens de la responsabilité et son patriotisme pour un pays qu'il est prêt, et certainement apte à diriger, par la voie des urnes. C'est, nous le pensons, cet attachement à la démocratie qui explique qu'il ait utilisé le concept de « révolution africaine » qu’il veut pacifique. Un glissement sémantique qui a son importance pour les analystes de son discours politique et ses camarades de l’opposition.
L'homme anti- système a-t-il brusquement changé de doctrine ? Le soulèvement populaire dont il a été incontestablement le déclic, a-t-il imprimé chez lui une pensée nouvelle, un élargissement, une extension de la mission qu’il s’est construite, et que lui confère aussi une frange importante de la population ? Autrement, a-t-il opéré une révolution d'approche, de vision ou de projet de société ? La question mérite d'être posée.
En effet, si l'antisystème est compris comme l'élimination d'un ensemble de pratiques, la révolution, brusque, brutale ou pacifique, consiste en l'instauration d'un ordre nouveau. La différence n'est pas simplement sémantique, étant entendu qu’en plus d'être un changement politique, la révolution, c’est aussi un bouleversement de l’ordre social. L’instauration d’un ordre nouveau est la substance, la quintessence de la révolution.
Le leader de PASTEF, pour le moment, n’a décliné aucun contenu de la « révolution africaine » qu’il veut prôner. Apprenant de l’histoire, nous sommes fondé de nourrir des craintes. L’ordre nouveau ne serait-il pas, l’ordre de la puissance brandie au nom d’une nouvelle élite de maitres, investis d’un pouvoir plus nocif que celui qu’il a supplanté ? Interrogation légitime, dans la mesure où, l’avènement de cette révolution ne bouleversera aucun ordre social.
En somme, la question du progrès de l’Afrique, libérée des scories, de dirigeants à la solde de puissances étrangères, de politiques de prévarication des ressources financières et du sous-sol , de corruption, et de trucages des élections, trouve-t-elle la réponse dans l’accomplissement d’une révolution à dimension continentale, dont le Sénégal serait le précurseur ?
La réponse d’Ousmane Sonko semble sans équivoque, étant entendu que ses propos ne font l’objet d’aucune ambiguïté. Soit ! Alors ! Le printemps arabe serait-il un épiphénomène à classer dans la catégorie des révoltes spontanées, sans un sous bassement social solide ? Etait-ce vraiment une révolution ?
Ne pouvant répondre avec certitude, on pourrait prêter à Ousmane Sonko l’intention de jeter les bases d’une « véritable » révolution africaine à partir du Sénégal. Nous pensons autrement. Plus qu’une révolution, l’Afrique a besoin d’une Renaissance pour se réconcilier avec elle, et tracer les voies de son futur. Pour être ce qu’elle aujourd’hui, l’Europe a du entreprendre une enjambée de plus de mille ans dans son passé. Au XVIe, les grands esprits de la renaissance sont allés puiser dans les pensées et institutions de la Grèce antique et de Rome.
Ainsi, ils ont découvert que ce système politique appelé démocratie, qui selon Churchill est «le pire des systèmes à l’exclusion de tous autres» était une construction de leurs ancêtres grecs. Ils l’ont repensé, remodelé, refondé, pour, aujourd’hui en faire la base de tout contrat social, qui a pour but d’assurer le progrès et le bien être des parties. Ils ont aussi trouvé, que leurs ancêtres avaient l’esprit tellement juridique, qu’ils ont conçu la république. Certes, plus de mille après, sa restauration est passée par des révolutions brutales, mais au prix de l’installation d’un nouvel ordre social. Des institutions solides, l’Afrique en connues bien avant l’arrivée de Barack Obama au pouvoir, aux Etats Unis. La charte du Mandé, et le long séjour à l’extérieur de l’empire, du Mansa Moussa, lors de son pèlerinage à la Mecque, en sont des illustrations.
Des révolutions qui ont renversé un ordre social ne sont pas une nouveauté en Afrique. Près de nous, au Fouta, en 1776, Thierno Souleymane Baal a réalisé la révolution Torodo. Il nous a légué un corpus d’une organisation institutionnelle et politique, susceptible, ou plus exactement, apte à résoudre les travers de notre «vouloir vivre une vie commune. » Mais les africains sont en rupture avec leur histoire, entendue au sens de connaissance des différentes manières d’être par le passé, des peuples et des institutions du continent. Le rapprochement avec notre histoire pour en tirer la substance fondatrice de notre organisation sociétale est une mission titanesque, plus compliquée, plu sdélicate et plus difficile qu’une révolution.
Aussi, sont –ils rares, voire inexistants, les dirigeants qui ont osé ou tenté de l’entreprendre. Les fondements théoriques ont déjà été posés par Cheikh Anta Diop, et vulgarisés plus ou moins par d’autres panafricanistes. Il faut maintenant une masse critique de leaders à la tête des Etats africains, et de sociétés civiles, nourris et moulés à la sève panafricaniste, animés de la volonté de puiser dans notre fonds historique et culturelle, pour poser les premiers jalons de la construction d’une Afrique debout, digne, indépendante et progressiste. A moins que la révolution ne soit une renaissance, notre réflexion est différente de celle d’Ousmane Sonko, qui ne peut être une panacée pour l’Afrique. C’est l’opinion d’un grand frère, admiratif d’Ousmane Sonko, dans son combat pour les libertés et la démocratie, et avec qui il partage le front de l’opposition.
LE POUVOIR NE LACHE PAS LE CLAN SONKO
Djiby Guèye Ndiaye, chef de protocole du leader de Pastef, va être entendu dans le cadre des manifestations du 8 février dernier après le refus d’Ousmane Sonko de déférer à la convocation de la Section de Recherches de la Gendarmerie
Le chef de protocole du leader de Pastef est attendu ce matin devant les enquêteurs de la Division des Investigations Criminelles (Dic). Djiby Guèye Ndiaye va être entendu dans le cadre des manifestations du 8 février dernier après le refus d’Ousmane Sonko de déférer à la convocation de la Section de Recherches de la Gendarmerie. Une nouvelle affaire judiciaire qui risque d’assombrir le vent d’apaisement qui souffle depuis quelques temps.
Le pouvoir a toujours le Pastef dans son collimateur. Après son N°1 Ousmane Sonko, son administrateur général Birame Soulèye Diop, le coordonnateur de la section Pastef de Dakar, Abass Fall et les nombreux «Sonko boys» qui ont été arrêtés, c’est au tour de Djiby Guèye Ndiaye d’avoir maille à partir avec la justice. En effet, le chef de protocole du leader de Pastef a reçu une convocation verbale de la Dic. Il va être interrogé, aujourd’hui, sur les manifestations qui ont éclaté, le 8 février dernier, devant le domicile de l’ancien inspecteur des Impôts et Domaines suite à son refus de déférer à la convocation de la Section de Recherches dans le cadre de l’enquête sur les accusations de viols et de menaces de mort dont il fait l’objet de la par de Adji Raby Sarr.
Toutefois, selon un responsable patriote contacté par «L’As», les motifs de cette convocation ne son pas connues. «Nous attendons demain (ndlr, aujourd’hui) pour voir exactement ce qu’on lui reproche. S’il s’agit de l’oppression comme ils ont voulu faire avec notre président Ousmane Sonko, nous allons résister. Mais, pour le moment, nous ignorons le fond du dossier», affirme au bout du fil notre interlocuteur. Il urge de signaler que cette nouvelle convocation d’un membre de Pastef survient moins d’une semaine après la libération de beaucoup de responsables (Birame Soulèye Diop, Abass Fall) et militants patriotes. Ces libérations entrent dans le cadre du désamorcement de la bombe politico-sociale née de l’arrestation d’Ousmane Sonko.
D’ailleurs, le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) avait, dans un mémorandum de dix points, posé ses exigences au chef de l’Etat. Il s’agit notamment de la libération de tous les détenus politiques et de l’organisation des élections locales en 2021. C’est dire qu’avec cette nouvelle convocation, le pouvoir risque de raviver la tension qui semble être sur une pente descendante après l’intervention du Khalif général des Mourides.
Serigne Mountakha Mbacké a joué les bons offices en demandant au pouvoir et à l’opposition de taire leurs égos et de trouver une issue heureuse à la crise politico-sociale qui a causé la mort d’une dizaine personnes et fait plusieurs blessées. Sur les réseaux sociaux, beaucoup de patriotes sont sur le pied de guerre et appellent à la résistance. «Les arrestations et convocations continuent… Djiby Guèye Ndiaye à la DIC demain. #FreeSenegal», a publié El Malick Ndiaye, un des membres du pôle communication de Pastef sur sa page Facebook.
En effet, la convocation de Djiby Guèye Ndiaye, une des pièces maitresses du système de Pastef, peut constituer une bombe entre les mains du pouvoir. D’autant que lors de sa visite chez le mouvement Frapp France-Dégage, Ousmane Sonko avait clairement mis en garde le pouvoir contre tout non-respect des exigences posées par le M2D. « La deuxième vague de manifestations risque d’être plus dévastatrice que la première, parce que le peuple est déjà conscient et mobilisé», avait indiqué le chef de file des «Patriotes». Alors, le report des élections locales et cette nouvelle convocation d’un membre de Pastef peuvent constituer une goutte d’eau qui va faire déborder le vase.
par Elhadji Ibrahima Thiam
L'UCAD, CE HAUT LIEU DE VIOLENCE
L'université est comme un poste-frontalier qui, dès qu’on le franchit, nous plonge dans une zone de non-droit où les contradictions se règlent à coups de machette ; où les forces de l’ordre n’osent pas s’aventurer
En d’autres temps et d’autres circonstances, les affrontements de la semaine dernière entre deux groupes d’étudiants à l’Ucad seraient considérés comme un simple grabuge. Un de plus. Comme l’Ucad a fini d’en être habituellement le théâtre. Ça n’émeut même plus personne. Mais le contexte dans lequel cette bataille rangée a éclaté lui a donné des échos de portée ethnique. Pas étonnant. Depuis quelques temps, le fait ethnique revient avec persistance dans le débat public, alimenté aussi bien par des hommes politiques que par des hommes de média. À tel enseigne qu’aujourd’hui, tout acte isolé, même à l’échelle d’un hameau, par exemple une banale rixe entre un berger et un cultivateur pourtant très fréquent, aurait toutes les chances d’être analysé à l’aune d’un conflit inter-ethnique. Ce qui s’est passé donc l’autre jour à l’Ucad a pris de la mousse parce qu’il a trouvé un terreau fertile entretenu, on le disait, à coups de bêche par des individus qui n’ont que faire de la cohésion nationale.
Sinon, c’est connu, à l’Ucad, la violence est endémique et cela ne date pas des affrontements de l’autre jour. Des bagarres à relents communautaires (confrériques) ou pour le contrôle des amicales voire pour l’amélioration des conditions de vie ou d’études ont rythmé la marche de ce présumé temple du savoir. Ce qui est nouveau, par contre, c’est ce conflit sur la base de l’appartenance ethnique. Semble-t-il, les deux camps ont fait la paix, tant mieux.
Cependant, ce fâcheux épisode ne fait que nous rappeler ce qu’est devenue l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar depuis longtemps : un sanctuaire de la violence physique. L’Ucad, c’est comme un poste-frontalier qui, dès qu’on le franchit, nous plonge dans une zone de non-droit où les contradictions se règlent à coups de machette ; où les forces de l’ordre n’osent pas s’aventurer, à quelques rares exceptions près, à cause des franchises universitaires. Qui aurait cru que des policiers seraient acclamés un jour au campus ? Pourtant, c’est ce qui est arrivé quand les deux groupes d’étudiants s’étripaient à mort. L’incursion dans le campus social des forces de l’ordre sur la demande du Recteur pour mettre un terme au déchaînement de violence a soulevé des applaudissements nourris de pensionnaires sans doute excédés par l’impunité qui a fini de s’installer dans l’espace universitaire. Que n’a-t-on pas dit lorsque, en fin février dernier, la Direction du Coud a saisi des armes blanches à l’intérieur du campus social ? À l’époque, la lourde ambiance politico-judiciaire qui prévalait avait amené certains à parler de coup monté pour charger des sympathisants d’un leader politique. Ne fuyons pas la réalité, «le présumé haut-lieu de l’exigence est devenu, avec l’usure du temps et les vicissitudes du sous-développement un bouillon d’insouciance où pourrissent les talents les plus prometteurs», écrivait déjà, en 1991, le caustique et brillant chroniquer Ibou Fall.
Trente ans après, les choses vont de mal en pis. Pour paraphraser Mamadou Sy Albert, l’époque de l’étudiant militant est révolue. Dans son ouvrage «Ucad cinquante ans après : Les mutations profondes de la communauté universitaire», paru en 2011, le journaliste pose un regard d’une rare justesse sur les bouleversements sociologiques intervenus au sein de l’espace universitaire durant ces dernières années. Il relève que, de politique entre 1960 et 1980, le mouvement syndical étudiant sénégalais nourris aux grandes idéologies du changement a transmuté à partir des années 1980 pour devenir une simple caisse de résonnances des revendications à caractère purement social et pécuniaire. Non sans faire remarquer que la disparition de l’Union nationale patriotique des étudiants du Sénégal et de l’Union des étudiants de Dakar a favorisé l’émergence des Amicales dont les renouvellements constituent, chaque année, à l’exception des Ecoles et Instituts ou encore de la Faculté de Médecine, des moments de vives tensions. «Le mouvement étudiant n’est plus mobilisable autour de questions de société. Il devient plus économique, plus social, plus culturel, plus religieux, bref il est moins idéologique. Les positionnements obéissent désormais à des logiques de groupes tissés dans un même espace pédagogique, dans le territoire de la communauté villageoise, de la commune ou de la région. L’appartenance à la même communauté religieuse, culturelle et linguistique se greffe sur ces liens de camaraderie. Ce n’est plus l’appartenance à des organisations politiques divergentes par leur projet de société ou par leur démarche syndicale de gestion des problèmes sociaux et académiques qui crée les clivages entre les étudiants», écrit-il. Il a raison, on n’a même déjà vu, à l’Ucad, un regroupement des homonymes d’un défunt grand marabout ou encore, plus saugrenu, une association d’étudiants jumeaux.
par Birane Diop
AL MAKTOUM, UNE SOURCE DE LUMIÈRE POUR LE SÉNÉGAL EN CES TEMPS SOMBRES
Serigne Cheikh avait été toute sa vie humble, généreux, engagé, faisant prévaloir l’amour de la patrie, de la nation, de la République au-dessus de toutes les considérations
Depuis maintenant quelques années, le mois de mars nous rappelle à l’humilité de notre condition humaine. Il y a quatre ans, le grand théologien Al Maktoum quittait ce bas-monde après avoir mené une vie politique, intellectuelle, citoyenne bien remplie au service de son pays, de sa nation et de sa République. Sa mort constitue une grande perte non seulement pour le Sénégal, mais aussi pour toute l’humanité. Car il était un véritable pont de fraternité entre les humains et les cultures. L’homme qui a passé toute sa vie à défendre les valeurs humanistes était un élément de synthèse pur jus ouvert à tous les vents du monde. Dans ses causeries, Al Maktoum parlait de Sartre, d’Einstein, de Nietzche, de Léonard de Vinci, des grands foyers du savoir comme Bagdad avec une vaste connaissance. Le fils de Seydi Aboubacar Sy était une conscience universelle très politisée.
Homme politique chevillé d’une vision du monde, Serigne Cheikh n’a jamais fui ses responsabilités en tant qu’homme mais aussi en tant que citoyen sénégalais par ricochet du monde. Il s’était engagé en politique, car il savait que c’est dans la politique faite par des gens brillants, compétents, vertueux et désintéressés qu’adviendra le Grand Soir sénégalais. Pour rendre ce projet possible, il créa le Parti de la solidarité sénégalaise (PSS). Al Maktoum s’opposa avec énergie à l’ancien Président Léopold Sédar Senghor, avec le soutien indéfectible d’Ibrahima Seydou Ndao, de Moustapha Wade, de Baye Niass, etc. Cet engagement bâti sur un projet cohérent avait pour unique but de changer la vie des gens. Cela dit, il était à la hauteur des enjeux eu égard au processus électoral bidouillé de Mars 1959. Issu de la classe maraboutique, Al Maktoum était aussi ce que le philosophe italien Antonio Gramsci appelait « l’intellectuel organique ». Serigne Cheikh ne s’est pas limité à faire des conférences pour diffuser le savoir afin d’éclairer la masse des païens. Il a conscientisé in fine instruit les masses par le biais des universités ambulatoires en leur proposant des solutions endogènes très innovantes, le tout avec un engagement fort dans l’optique de traduire ces solutions en action. Pour la sociologue Fatou Sow Sarr, Al Maktoum est la référence du siècle en matière de pensée car il était multidimensionnel.
En ces temps sombres et de passions tristes que vit le Sénégal, nourrissons-nous de sa pensée, de sa philosophie. Serigne Cheikh avait été toute sa vie humble, généreux, engagé, faisant prévaloir l’amour de la patrie, de la nation, de la République au-dessus de toutes les considérations.
ALIOUNE TINE ET MAME MACTAR GUEYE HANTÉS PAR LES DÉMONS DE LA DIVISION
Jusque-là, le débat sur les divisions ethniques n’a jamais prospéré au Sénégal. Mais depuis quelques temps, des personnalités politiques et hommes de médias tentent de l’imposer dans l’espace public. Au grand désarroi des forces vives du pays
Jusque-là, le débat sur les divisions ethniques n’a jamais prospéré au Sénégal. Mais depuis quelques temps, des personnalités politiques et hommes de médias tentent de l’imposer dans l’espace public. Ce qui indispose toutes les forces vives responsables, parmi lesquelles Alioune tine et Mame Mactar Gueye qui n’ont pas caché leur désolation d’entendre ce genre de discours au Sénégal.
S’ils étaient ressuscités, les pères fondateurs et autres éminences grises du pays comme Senghor et Cheikh Anta Diop auraient du mal à reconnaitre ce Sénégal qu’ils ont légué à l’actuelle génération. Tout au moins, ils seraient profondément déçus du débat «mesquin» que certains hommes de mauvaise foi tentent d’imposer dans le pays. Parce qu’en réalité, jusque-là, il n’y a pas de division et autres rivalités ethniques criardes sur le territoire sénégalais. Mais à force de stigmatiser des communautés et d’opposer les unes aux autres, ces politiciens et hommes de médias véreux risquent de saper l’unité et la stabilité du pays.
Et c’est ce qu’a compris le fondateur du Think Thank Afrikajom Center, Alioune Tine qui, dans un tweet hier, s’est d’abord interrogé sur la récurrence du débat sur les questions identitaires au Sénégal. Il souligne que c’est un signe palpable de régression du débat politique et de l’absence de débats d’idées. «Il faut arrêter de recourir à la manipulation des leviers identitaires pour conquérir ou conserver le pouvoir», a alerté Monsieur Tine.
Dans la foulée, il a soutenu que les deux crises majeures qui menacent de déflagration tout l’espace sahélien et la Cedeao ; c’est la crise de la démocratie représentative qui est une crise grave de la légitimité. A cela, s’ajoute la crise de la sécurité occultée des sommets de la Cedeao. «Il est temps d’en faire une priorité», a-t-il indiqué. Joint au téléphone, l’ancien secrétaire général de la Raddho a indiqué que quand les questions identitaires se manifestent comme levier de mobilisation politique, c’est qu’on a commencé à faire le deuil du sens, qu’il n’y a plus de vision, plus de programme, plus d’idéologie. Alors, il pense qu’il faut faire attention, car la politique peut rapidement virer à la guerre. «Il faut voir ce qui se passe dans la région avec les conflits communautaires. Il nous faut redonner du sens à l’action politique, il faut éviter le travestissement et la falsification des règles démocratiques», dit-il. Poursuivant, il trouve qu’il faut avancer en négociant les tournants difficiles par des compromis dynamiques, par le dialogue et l’élaboration de consensus fort sur notre pacte républicain, démocratique et social.
Après la crise, précise-t-il, il faut tirer collectivement les bonnes leçons et faire preuve de résilience en évitant de s’enliser dans les polémiques stériles, sans aucune portée et pire dangereuses pour le vivre ensemble. «Surtout qu’il existe des signes préoccupants qui doivent amener les pouvoirs publics, la classe politique, la société civile et les guides religieux à prévenir efficacement le terrorisme qui frappe aux portes des pays du Golfe de Guinée explicitement ciblés par les groupes terroristes armés. «Ces groupes sont déjà présents au Togo, au Ghana, au Bénin et en Côte d’Ivoire. Ils sont à nos frontières avec les Mali. Il nous faut ouvrir les yeux, les oreilles et nous unir faces à ces menaces diffuses que les crises et conflits politiques aggravent et nourrissent. La vigilance doit désormais être de rigueur», déclare Alioune Tine.
«LE SENEGAL NE PEUT SE TARGUER D’ETRE ABSOLUMENT IMMUNISE CONTRE CES VENTS DE FOLIE…»
Une autre personnalité de la société civile en l’occurrence le vice-président de l’Ong Jamra, Mame Mactar Guèye, a affiché sa vive préoccupation. Il a également pointé du doigt certains politiciens et autres médias comme étant les principaux responsables de ces dérives ethnicistes.
A l’en croire, le Sénégal ne peut se targuer d’être absolument immunisé contre ces vents de folie qui ont eu à s’emparer de certains pays africains frères, où des franges entières de leurs sociétés ont eu à souffrir le martyr de la stigmatisation et de l’ostracisme. «Nous ne sommes qu’un modeste pan, par mitant d'autres, de la société africaine, avec ses blessures ancestrales mal cicatrisées, les réminiscences de ses conflits tribaux imparfaitement refoulées et ses tares congénitales handicapantes, qui auront marqué sa longue et douloureuse évolution», déclare Jamra dans une note parvenue à «L’As » et signée par Mame Mactar Gueye.
A l’en croire, chaque peuple a eu à étrenner son épreuve du feu, avant de se découvrir peu à peu une conscience nouvelle, faite d’une meilleure acceptation de l’autre, dans une dynamique de «commun vouloir de vie commune».
Al ’endroit de Macky Sall, Le vice-président de l’ONG Jamra rappelle au Président Macky Sall qu’il serait utopique de prétendre faire l’unanimité. «C’est dans sa fataledestinéede cléde voûtedes institutions de devoir essuyer des attaques en règles de ses contempteurs et potentiels rivaux. Le débat contradictoire demeurant la première richesse de la Démocratie», précise le sieur Gueye pour faire prendre conscience au chef de l’Etat les enjeux de l’heure.
SURENCHERE DU DISCOURS IDENTITAIRE
Monsieur Gueye a dénoncé par ailleurs la surenchère du discours identitaire qui peut insidieusement conduire sur les pentes glissantes de périlleuses dérives, dont la Nation pâtirait douloureusement. Par conséquent, le vice-président de l’Ong Jamra exhorte les uns et les autres à rejeter énergiquement toutes velléités de sédimentation dans nos mœurs politiques et médiatiques de fâcheuses tendances au flétrissement ou à la caractérisation ethnique. Il récuse ainsi tous les actes donnant l’impression d’une «ethnicisation du pouvoir» ou d’attribuer des intentions irrédentistes occultes à tout leader politique, originaire du Sud ou du Nord du pays, dès lors qu’il nourrirait de légitimes ambitions nationales. «Nous gagnerions assurément à nous en départir résolument. Pour de bon. Et au plus vite, pour éloigner à jamais le spectre de ces basculements brutaux, consécutivement à une atmosphère délétère, inconsciemment entretenue, et qu’une insignifiante étincelle aura embrasé de manière fulgurante. Et incontrôlable. Au-delà des rivalités politiques bien comprises, parce que nécessaires pour une bonne respiration de la Démocratie, il faut une grande vigilance de la part des acteurs de l’arène politique, qui peuvent légitimement croiser le fer à travers des confrontations d'idées, de programmes et de projets de société, tout en se gardant de s'aventurer sur le terrain glissant de la stigmatisation raciale ou ethnique», a conclu Mame Mactar Gueye.
UN MAL TRÈS MÂLE
En voilà une révélation qui risque de faire débat au Sénégal. Selon une étude, les hommes de plus de 50 ans subissent plus de violences basées sur le genre que les femmes de plus de 50 ans.
En voilà une révélation qui risque de faire débat au Sénégal. Selon une étude, les hommes de plus de 50 ans subissent plus de Violences Basées sur le Genre (VBG) que les femmes de plus de 50 ans.
Au Sénégal, les hommes de plus de 50 ans subissent plus de Violences Basées sur le Genre (VBG) que les femmes de plus de 50 ans. C’est ce qu’indique une étude réalisée par Ndèye Amy Ndiaye, Docteur en Droit international pénal et enseignante-chercheure à l’Institut des Droits de l’Homme et de la Paix de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). « Notre étude a montré qu'au Sénégal les hommes de plus de 50 ans subissent plus de violences basées sur le genre que les femmes de plus de 50 ans», renseigne-t-elle.
D’après l’étude, «le pourcentage de femmes âgées de 15 à 49 ans victimes des actes de violences physiques depuis l’âge de 15 ans est plus élevé parmi celles de 25- 29 ans (30,6%), suivi des femmes âgées de 30-39 ans et les femmes âgées de 15-19 ans avec respectivement 26,8% et 26,0%. Pour les violences conjugales, 9,4% des femmes ont subi des actes de violences conjugales physiques, 5,9% des actes de violence sexuelle et 9,4% des actes de violence émotionnelle. La proportion de ces femmes en union ou en rupture d’union qui déclarent avoir subi une forme de violence physique ou des actes de violence émotionnelle à tout moment de leur vie, est respectivement de 17,4% et 13,3%», souligne l’enseignante-chercheure.
Cette proportion, indique-t-elle, est d’ordre de 7,4% pour n’importe quelle forme de violence sexuelle. Le pourcentage de femmes ayant subi des actes de violence sexuelle, poursuit-elle, est nettement plus important chez les femmes de 15-49 ans en rupture d’union (17,5%) que chez les femmes en union (9,4%) etles célibataires (5,4%). «Parmi les femmes qui déclarent avoir subi une violence sexuelle au cours des 12 derniers mois avant l’interview, 12,9% sont en rupture d’union 5,4% sont en union et 0,7% sont célibataires. Dans la plupart des cas (61,9%), c’est le conjoint/partenaire actuel qui est cité comme responsable de ces actes de violences sexuelles. L’ancien mari/partenaire et le petit ami actuel/le plus récent ont été mentionnés pour respectivement 20,8%et 10,1%», informeNdèye Amy Ndiaye.
LE MONDE RURAL BEAUCOUP PLUS TOUCHE
L’étude révèle encore que concernant la violence physique, des variations selon le milieu de résidence montrent que le pourcentage de femmes de 15-49 ans qui ont subi des violences physiques depuis l’âge de 15 ans est légèrement plus élevé en milieu rural(27,8%) qu’en milieu urbain (25,1%). «Il en est de même pour la violence physique au cours des 12 derniers mois avant l’interview, soit 10%dans le milieu rural et 8,2% dans le milieu urbain. En termes de violence sexuelle, le pourcentage de femmes, qui a subi des violences sexuelles au cours des 12 derniers mois avant l’interview, est plus élevé chez les femmes âgées de 25-29 ans (5,0%)», signale-t-elle. Cette proportion, ajoute l’enseignante-chercheure, est moins importante dans la tranche d’âge de 15-19 ans (3,4%). Par ailleurs, d’après l’étude, la proportion des femmes ayant subi des violences sexuelles à n’importe quel moment de leur vie est plus importante en milieu urbain soit 5,3% contre 3,5% pour le milieu rural.
Ndèye Amy Ndiaye précise que les données des tribunaux indiquent que les personnes sans profession représentent 21,8% des auteurs de violences faites aux femmes tandis que les commerçants représentent 20,8%. «Ce profil des auteurs de violences démontre que la campagne contre les VFF est une affaire que l’on ne peut plus laisser exclusivement aux intervenants historiques des droits des femmes. L’approche transversale et multisectorielle devient de plus en plus urgente. De même, l’intégration de lutte contre les violences faites aux femmes dans les politiques et programmes de développementlocal est devenue une priorité à ne plus ignorer», rapporte-t-elle.
LE VIOL RESTE LE TYPE DE VBG LE PLUS FREQUENT
D’après la Dr en Droit international pénal, le viol reste de loin le type de VBGle plus fréquent.Ace niveau, renseigne-t-elle, il est important de préciser que les violences sexuelles englobentle viol, la pédophilie, l’inceste, l’attouchement, le détournement de mineurs, le harcèlement. «Ces formes de violence aboutissent à des traumatismes psychologiques vécus comme un malaise social par la victime avec la stigmatisation. Elles se développent dans les milieux : professionnels, familial et éducatif. Dans les hôpitaux cibles, le viol constitue le tiers des cas de violences faites aux femmes enregistrées. De même, dans les tribunaux (2006-2010), 35% des types de violences faites aux femmes enregistrées, reste le viol», note-t-elle. Les registres des services de justice indiquent, si l’on se fie à Ndèye Amy Ndiaye, que les victimes ont une moyenne d’âge de 13 ans, tandis que la moyenne d’âge des auteurs est de 30 ans 66. «Les personnes sans profession représentent 21,8% des auteurs de violences faites aux femmes ; les commerçants représentent 20,8%. Les cadres sont très faiblement représentés (1%). A ce titre, les hommes sont les principaux auteurs de VBG quel que soit le sexe de la victime. En effet, 66,3%et 54,1%desVBG commises respectivement sur les hommes et les femmes sont perpétrés par des adultes de sexe masculin. Les femmes commettent aussi des actes de VBG sur les femmes, soit à 42,8%.»
LE SENEGAL ET LA BAD ACCELERENT LA CADENCE
L’Etat du Sénégal et la Banque Africaine de développement (Bad) ont initié hier une rencontre pour examiner les aspects techniques de la mise en œuvre du projet de la zone de transformation industrielle du Sud (PztaSud) ou agropole Sud.
Le Sénégal et la Banque Africaine de Développement (Bad) ont tenu un atelier afin de discuter des aspects techniques de la mise en œuvre du projet de la zone de transformation agro-industrielle du Sud (PztA-Sud) ou agropole Sud. Au sortir de ces discussions, les deux partenaires se sont accordés sur la nécessité d’accélérer l’intensification du processus d’industrialisation et le développement d’autres agropoles.
L’Etat du Sénégal et la Banque Africaine de développement (Bad) ont initié hier une rencontre pour examiner les aspects techniques de la mise en œuvre du projet de la zone de transformation industrielle du Sud (PztaSud) ou agropole Sud.
Au sortir de cette rencontre, ils ont décidé d’accélérer la mise en œuvre dudit projet ainsi que l’intensification du processus d’industrialisation et le développement d’autres agropoles. Au cours des échanges, il a été question de l’urgence d’apporter l’appui nécessaire du gouvernement sénégalais au démarrage rapide du projet Agropole Sud, de renforcer les capacités et de mettre à niveau tous les acteurs impliqués dans l’exécution du projet sur son contenu et les procédures applicables, notamment la cellule d’exécution du projet.
Financé à hauteur de 43,1 millions d’euros (plus de 28 milliards Fcfa) soit près de 50% du coût total, le projet Agropole Sud a été approuvé lors du Conseil d’administration de la Bad de décembre 2019. Ce projet s’inscrit dans le pilier I du PSE relatif à la transformation structurelle de l’économie et de la croissance, et fait partie intégrante du volet industriel du PSE qui prévoit notamment la mise en place de trois agropoles intégrées et compétitives.
Ainsi, il prévoit l’élargissement des moteurs de croissance de deux (télécommunication et services) à six avec quatre nouveaux domaines (agriculture et agro-alimentaire, habitat, mines et tourisme). Les différents acteurs ont profité de la rencontre pour passer en revue l’ensemble des activités prévues dans le cadre du projet avant d’examiner les conditions de leur exécution.
La Banque Africaine de Développement a souligné l’engagement et l’implication de toutes les parties prenantes au projet et salué la qualité des personnes recrutées et leur grande expérience. Elle a aussi insisté sur la nécessité de mettre en place les mesures opérationnelles et nécessaires pour atteindre les résultats attendus. Il s’agit notamment de la mise en place d’un système de gestion axée sur les résultats et impacts, la bonne coordination des activités, la bonne information des acteurs et l’approche participative et inclusive en termes d'opérations, de durabilité, de pérennisation et de partage des connaissances.
Prenant la parole, le secrétaire général du ministère du Développement Industriel et des Petites et moyennes industries a réaffirmé la volonté de l’Etat à s’atteler dans l’exécution des activités. «Nous réaffirmons notre soutien sans faille au projet et nous demandons de tout mettre en œuvre pour accélérer l’exécution des activités, en démarrant les travaux d’infrastructures prévus dans les délais indiqués», a déclaré Adama Ndiaye qui a rappelé que le personnel cadre de la cellule d’exécution du projet, au niveau central et régional, était en poste et avait pu débuter les actions opérationnelles et les missions sur le terrain.
En outre, Adama Ndiaye annonce que ce projet constitue une première phase pour le pays. D’autant que le gouvernement prépare la création d’autres agropoles avec l’appui de la Bad.
«JE SUIS LA A CAUSE DE LA CURIOSITE D’UN VIGILE QUI A VISIONNE LES VIDEOS DE MON TELEPHONE»
De nationalité malienne, Boukary Ba était au banc des accusés hier pour répondre des chefs d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et d’apologie du terrorisme.
A cause de la curiosité d’un vigile en service dans une banque de la place, Boukary Ba est accusé d’apologie du terrorisme et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. C’est ce qu’a soutenu le mis en cause qui faisait face hier au juge de la Chambre criminelle spéciale de Dakar. Si le réquisitoire du ministère public est appliqué, il sera acquitté. Le jugement est attendu le 29 avril 2021
De nationalité malienne, Boukary Ba était au banc des accusés hier pour répondre des chefs d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et d’apologie du terrorisme. Des accusations que réfute le sieur Ba qui estime que son arrestation est causée par le vigile qui a fouillé son téléphone. Les traits tirés à cause des rigueurs de la prison, cet éleveur de profession, il indique faire la navette entre le Sénégal et le Mali pour écouler ses bœufs. Depuis 2003, il lui arrive de venir au Sénégal trois fois dans l'année. Il reconnaît être membre d’un groupe qu’il a connu au foirail de Sicap Mbao où il vend ses bêtes. «Je connais Boureima Barry alias Atoumane (qui serait l'un des chefs du Front de Libération du Macina) depuis ma tendre enfance, mais je ne le connais pas sous la casquette de djihadiste. Je l'ai vu à Bamako deux ans avant mon arrestation», dit-il.
Poursuivant, il indique que le groupe est la filiale d'Ansar Dine dirigée par Iyad Ag Ghali, dans le centre du Mali. Son émir est le djihadiste peul Amadou Kouffa. Dans son village, explique-t-il, les populations sont souvent confrontées à des vols de bétails. C’est suite à ces attaques qu'il a ouvert un compte bancaire à la Banque nationale de développement agricole du Mali (Bnda). Cet acte lui a été fatal. Le 12 août 2017, il s’est rendu à l’agence Boa de l'avenue Lamine Guèye pour envoyer moins de 20 millions Fcfa au Mali en passant par Dassy Bathily. «Sur place, j’ai oublié mon téléphone et le vigile l’a pris pour l’amener à la police», s’est-il dédouané. Le témoin Dassy Bathily souligne qu’il reçoit de l'argent des convoyeurs qu'il échange en marchandises, plus exactement en ciment qu'il envoie ensuite au Mali. «Une fois la marchandise reçue au Mali, mon frère restitue l'argent au convoyeur. C'est le même procédé avec Boukary Ba», informe Bathily.
LE MINISTERE PUBLIC : «ACQUITTEZ L’ACCUSE CAR IL N’Y A PAS DE PREUVE»
De son côté, le substitut du procureur rappelle que l’accusé a été arrêté le 16 août 2017 par la police après qu’il a oublié son portable dans une banque de la place. La fouille de son téléphone a permis la découverte des vidéos ayant lien avec le terrorisme mais aussi la participation à un groupe WhatsApp extrémiste. Aussitôt, Boukary Ba est arrêté et déféré au parquet. Une information judiciaire a été ouverte au terme de laquelle le mis en cause a été renvoyé à la chambre criminelle de Dakar. «Mais, ces faits sont similaires avec ce qui s’est passé en France où la police avait découvert, suite à une patrouille dans une boutique, 2 portables qui contenaient des documents extrémistes dont les mis en cause ont été condamnés», affirme-t-il.
Selon le parquet, pour que le crime d’association de malfaiteurs avec une entreprise terroriste puisse être retenu, il faut une entente d’un projet terroriste et la résolution consciente pour commettre l’acte final. Mais il y a l’absence manifeste d’un projet terroriste. Mieux, dans ce dossier, poursuit-il, rien ne prouve que Boukary Ba était sous le contrôle djihadiste. «La liste des terroristes obéit à des faits stricts et déterminés pour aboutir à la caractérisation des faits. L’exploitation dudit téléphone a permis de savoir que l’accusé n’a répondu à aucun message ou commis un acte d’apologie au terroriste. «J’ai lu 102 messages du journal en langue Pulaar.
L’accusé n'apparaît sur aucune des vidéos, photos ou messages collectés », dit-il. Suite à ces observations, le ministère public a requis l’acquittement. Le conseil de la défense, Me Ibrahima Mbengue, pense que cette affaire ne devait pas durer car Boukary Ba a été très clair à l’enquête. « C’est le vigile très curieux qui a visionné le portable et a interpellé son boss qui lui a demandé par la suite de l’amener à la police. Dès qu’on est membre d’un groupe WhatsApp, on ne peut pas régulariser les vidéos ou photos qu’on peut recevoir», dit Boukary Ba. Délibéré le 29 avril prochain.
GUY MARIUS SAGNA ACERBE CONTRE VFS
Spécialisée dans le traitement des dossiers des demandeurs de visas dans l’espace Schengen et autres pays comme la Chine, l’entreprise Visa Facilitation Service (Vfs) connaît des remous depuis quelques temps
Confrontés à de mauvaises conditions de travail, les employés de Visa Facilitation Service (Vfs) ont tenu un point de presse pour tirer à boulets rouges sur leur direction. Evoquant les questions liées à la gestion des demandeurs de visas, ils accusent de vol les dirigeants de la boite. Soutenant les travailleurs dans leur combat, l’activiste Guy Marius Sagna a complètement démoli Vfs.
Spécialisée dans le traitement des dossiers des demandeurs de visas dans l’espace Schengen et autres pays comme la Chine, l’entreprise Visa Facilitation Service (Vfs) connaît des remous depuis quelques temps. La direction s’entredéchire avec certains employés qui se disent victimes de licenciement abusif. Ayant participé au point de presse organisé par les employés de Vfs, Guy Marius Sagna a décidé de rebaptiser cette entreprise indienne en «Vol Facilitation Service » pour camper le débat.
Selon le secrétaire administratif de Frapp France Dégage, il est très rare que les travailleurs effectuent 24 jours complets ouvrables. «Elle se débrouille pour faire des micmacs et invoquer des prétextes fallacieux afin que les agents ne fassent que 17 jours. En plus, elle vole les heures supplémentaires. Chaque mois, les travailleurs ont droit à des bonus ou primes réservés aux employés, mais la direction s’arrange pour en accaparer une partie», révèle Guy Marius qui renseigne que les assurances ne couvrent que l’employé, son conjoint ou sa conjointe ainsi que deux enfants. «Si l’employé a plus de deux enfants, ces derniers ne seront pas pris en charge par Vfs. Nous voulons leur dire qu’ici, ce n’est pas Paris ou l’Espagne pour limiter les naissances», martèle l’activiste.
Outre les travailleurs, les demandeurs de visas sont victimes aussi de vol de la part de Vfs. «Avant Vfs, quand vous alliez à une ambassade pour un visa court séjour, vous payiez 40.000 Fcfa, pour long séjour 65.000 Fcfa. C’est déjà scandaleux parce que les ressortissants de certains de ces pays ne paient pas de visa d’entrée quand ils viennent en Afrique, plus précisément au Sénégal. Le drame avec l’arrivée de Vfs est qu’en plus de l’argent qu’on payait avant à l’ambassade, il faut y ajouter 18.500 Fcfa par demandeur de visa pour les frais de Vfs, 13.400 Fcfa en plus si vous voulez que votre dossier soit rapidement traité et le Sms de 650 francs qui vous dit que le travail a été fait», tonne-t-il.
«ENTRE LES MOIS DE MAI ET AOUT, 500 DOSSIERS DE DEMANDES DE VISAS SONT TRAITES CHAQUE JOUR»
Poursuivant leurs dénonciations, Guy Marius et les employés informent qu’entre mai et août, 500 dossiers de demandes de visas par jour qu sont traités. «Cette manne financière que les ambassades, particulièrement européennes, se font sur le dos des populations africaines à travers ce système de visa payant qui heurte notre dignité, ne se voit pas et n’est pas partagée par les travailleurs», peste le responsable de Frapp France Dégage.
Et de révéler les premiers travailleurs recrutés à l’ouverture de Vfs recevaient un salaire de base de 250.000 Fcfa. Mais ceux qui sont venus après, ajoute-t-il, on leur a fait des salaires de base de 150.000 Fcfa. Pendant le coronavirus, nous comprenons qu’une entreprise qui traite des demandes de visas soit impactée. Donc, les travailleurs ont été mis en chômage technique avec 70% de salaires payés. Après, des travailleurs ont été payés de 50% ou pire de 30%. C’est là que nous interpellons le Président Macky Sall qui a pris une ordonnance pour dire qu’aucun travailleur ne devrait être licencié pendant la pandémie».
Après cela, renseigne Guy Marius Sagna, l’entreprise a voulu faire un licenciement pour motif économique en ciblant 05 travailleurs. «Et parmi ces derniers, il y a une femme enceinte, l’entreprise le savait. «Le 04 janvier, l’entreprise les a licenciés arbitrairement. Nous ne pouvons pas accepter que le Sénégal soit le tombeau des femmes travailleuses en particulier. Etre enceinte ne devrait pas être une peine», martèle-t-il.
Le responsable de Frapp France Dégage dénonce ces licenciements et le piétinement des droits de travailleurs au Sénégal. «Le ministre du Travail et l’inspection du travail sont interpellés mais aussi le président de la République. Pour nous, ils sont devenus ministres des arriérés de salaires, de licenciements. Ils sont devenus les ministères et inspections des patrons voyous qui violent allégrement et au quotidien les droits des travailleurs». Et s’il n’y a pas de solution, ils entendent saisir le Bureau International du Travail (Bit) it et les instances internationales.
par El Abdoulaye Gueye
SAUVONS LE SÉNÉGAL DES POLITICIENS
Nous vivons un mal très profond dont les racines sont à rechercher dans le formatage du logiciel mental des Sénégalais, particulièrement celui des hommes politiques.
Emedia |
El Abdoulaye Gueye |
Publication 31/03/2021
Notre pays vient de vivre des moments douloureux mettant en péril les fondamentaux de notre très chère République. Nous vivons un mal très profond dont les racines sont à rechercher dans le formatage du logiciel mental des Sénégalais, particulièrement celui des hommes politiques.
A commencer par le Président Macky SALL qui a grandement contribué à l’accentuation du malaise profond que les Sénégalais vivent actuellement. Avec la suppression du poste de Premier suite à sa réélection en 2019, le président de la République a déclenché un processus de personnalisation excessive de son pouvoir. L’absorption des prérogatives du Premier ministre par le président de la République et l’effondrement des partis traditionnels qui a commencé lors de l’élection présidentielle de 2012, font, plus que jamais, du Chef de l’Etat le point central autour duquel gravitent tous les autres acteurs du système politique et social.
La crise sanitaire de la COVID-19, survenue juste une année après sa réélection en février 2019, a été un prétexte qui a permis au président de la République de dépouiller l’Assemblée nationale de ses prérogatives. En effet, avec l’état d’urgence sanitaire, le Sénégal a été mis en situation de gestion exceptionnelle faisant que les décisions majeures sont prises par le Président de la République conduisant l’Assemblée nationale à les ratifier a postériori. Nous assistons, ainsi, à la prééminence du pouvoir exécutif sur le législatif avec l’élargissement continu des pouvoirs du Président de la République.
S’y ajoute la perspective du « troisième mandat » tant décrié, sur lequel, le Président de la République a gardé une posture digne d’un joueur d’échecs qui surfe entre bluff et triche frôlant même le « jeu de dupes ». En plus, on assiste à la stratégie d’élimination des adversaires politiques basée sur de petites combines et de petits calculs dont le Président Macky SALL est passé Maitre. Empêtré dans ce jeu, le Chef de l’Etat en est arrivé à oublier les enjeux majeurs de l’heure : l’aggravation du chômage des jeunes créant un mal-être qui les conduit à braver les dangers de l’océan, les problèmes fonciers, la mauvaise gouvernance, la crise de l’éducation, l’absence de plateaux médicaux de niveau acceptable... C’est à se demander si le Président Macky SALL n’a pas contribué à alimenter les maux de la démocratie : déresponsabilisation des citoyens, critique des médias, dislocation de l’opposition, neutralisation des contre-pouvoirs.
Tour à tour , « renard ou lion », dissimulant ses intentions derrière les masques changeant en fonction des circonstances, le Président Macky SALL incarne un pouvoir sans partage, coupé à la fois du peuple dont il passe son temps à gérer les « humeurs ». Cette situation a atteint son summum depuis qu’il a adopté une posture empreinte d’arrogance et de condescendance vis-à-vis du peuple sénégalais.
D’UNE AFFAIRE PRIVÉE À UN COMPLOT D’ÉTAT
Entouré de ministres et de conseillers sans envergure, d’un Parlement fantôme, le Président Macky SALL gouverne dans un tête-à-tête avec l’opinion publique.
Dans cette partie de « jeu de dupes », Ousmane SONKO a été cette fois-ci plus futé. Lui qui a réussi une mise en scène digne d’une comédie dramatique, qui est un genre cinématographique qui utilise les caractéristiques de la comédie à des fins dramatiques. En parlant de drame, le Sénégal a été bien servi pendant 3 jours durant lesquels le chaos a été frôlé. En effet, Ousmane SONKO a réussi dans sa mise en scène à transformer une affaire privée en ce qu’il qualifie de « complot d’Etat ». Il a réussi, en utilisant la stratégie de victimisation, à cristalliser les mécontentements d’une jeunesse désœuvrée, sans espoir ni espérance. Cette stratégie de victimisation a consisté à crier au scandale plus fort que son adversaire pour faire oublier qu’il s’est fait prendre la main et le corps sur la table de massage. La mise en scène orchestrée a atteint son paroxysme quand il a choisi, à dessein, d’emprunter un itinéraire pour répondre à la convocation du doyen des juges après avoir réussi au préalable, à faire dessaisir le Juge du 8ème cabinet Mamadou SECK pour l’avoir non seulement récusé en tant que suspect, mais surtout sacrifié sur l’autel de la vindicte populaire. Quand son cortège a été arrêté par les forces de l’ordre à hauteur de Mermoz, Ousmane SONKO, en allant rejoindre le véhicule des gendarmes, a mis ses mains croisées dans le dos, donnant l’impression qu’il a été menotté. Les images qui ont simultanément circulé sur les réseaux ont réussi à révolter les jeunes surtout du côté de l’Université et ont déclenché ainsi les violences que nous avons vécues.
Ousmane SONKO a ainsi réussi son pari d’imposer au Président Macky SALL le combat de gladiateurs et a fini par gagner le rapport de force. Mais à quel prix ? Avec quels moyens ? Sans parler des lourdes conséquences à tous les niveaux.
Les premières leçons à tirer de ces évènements sont multiples. Nous pouvons retenir en premier lieu que l’affirmation de la nécessité d’hommes forts et la propension à créer des icônes politiques, présentent des dangers certains pour notre démocratie.
LES LEÇONS À TIRER
Si dans un passé récent, le débat portait sur des offres politiques avec des programmes pertinents qui garantissent une progression du niveau de vie et du bien-être social, aujourd’hui les frontières du combat politique se sont déplacées vers des sujets plus faciles à appréhender par l’opinion. C’est ainsi que des thématiques comme l’identité, l’ethnicité, le sectarisme religieux, la souveraineté nationale, liées aux modes de vie et à des représentations abstraites, plus aisément sujettes à des interprétations émotionnelles, ont refait surface dans la vie politique et progressivement pris le pas sur toute autre considération. Sur ce registre identitaire et ethnique, Ousmane SONKO utilise ses origines casamançaises pour réveiller les vieux démons de la division entre Originaires de la région du Sud et les autres Sénégalais. Nous l’avons tous remarqué dans ses discours ; c’est pourquoi, tous les Sénégalais soucieux de la République, doivent à l’image de Madiambal DIAGNE s’ériger en vigie pour dénoncer et condamner avec la dernière énergie les dérives identitaires et ethniques d’Ousmane SONKO.
Au regard de ces dangers, n’y a-t-il pas lieu de s’interroger sur l’émergence des « phénomènes » politiques qui se muent dans un populisme qui serait davantage un discours, une stratégie de mobilisation, plutôt qu’une vision louable, une idéologie durable.
Cette culture du populisme a fait naitre une nouvelle race de politiciens entrainant une conception messianique de la politique, un besoin d’un leadership charismatique empreint d’un semblant de moralité, de religiosité… Dans ce contexte de mutation rapide des règles qui structuraient jusqu’alors la vie politique, on assiste à l’apparition de nouveaux hommes politiques, à l’ascension fulgurante sans possibilité de retracer leur parcours pour s’assurer de leurs capacités à diriger un pays. Jusqu’à présent, la compétition politique consistait en une course de fond, jalonnée d’étapes et parsemée d’embûches. Elle justifiait des carrières longues dont l’enjeu était de permettre au candidat de construire un ensemble de convictions et une expérience de terrain en vue d’acquérir les aptitudes d’un véritable homme politique et d’Etat, mais aussi de constituer un capital-expérience indispensable à l’élection d’un Président. Si besoin en était, Maitre Abdoulaye WADE est la preuve palpable de ce qui précède.
LA SONKO MANIA
Au lieu de cela, nous avons des « météorites » de la politique comme Ousmane SONKO dont l’ascension a pris de court jusque dans son entourage. Longtemps considéré comme le leader politique des affidés des réseaux sociaux alors qu’il sortait troisième de la dernière élection présidentielle avec 15,67%, il est en train de voir sa popularité exploser après avoir défié le pouvoir « fort » du Président Macky SALL. Pour une affaire de mœurs dans laquelle il est mêlé, Ousmane SONKO a réussi à transformer cette sordide affaire en ce qu’il qualifie de « complot politique » avec son lot d’appels au soulèvement pour finir par mettre le régime de Macky SALL à quatre appuis au bout de 3 jours de rudes affrontements dans les rues. Cette affaire de mœurs est en train de marquer le point de départ d’une ascension fulgurante de l’homme politique qui se transforme en véritable « SONKO mania », en pur produit médiatique développant un sens aigu de la communication et une capacité à formuler un récit personnel autour de sa personne. Ce récit est renforcé par le soutien de la presse people et des réseaux sociaux, leviers d’une personnalisation qui peut se muer en véritable mania. Cependant, le véritable danger se trouve dans le fait que SONKO néglige le programme politique qu’il juge certainement secondaire. Pour lui, seul compte l’étoffe, la carrure, la mise en scène à travers une communication populiste ponctuée d’assertions ethnicistes, mouillée d’émotion au détriment de l’exposé d’idées et d’une offre politique structurée et pertinente. La stratégie de SONKO consiste à considérer les électeurs comme un public non capable de fonder ses choix sur un programme politique, économique et social digne de ce nom mais plutôt en masse électorale qu’il faut divertir ou émouvoir pour avoir leur vote.
Ousmane SONKO est en train de construire une « marque » autour de sa personne espérant que cette stratégie marketing va permettre son élection. Il est la preuve de l’ascension soudaine d’individus isolés qui marque une rupture avec les anciens parcours politiques, construits sur une ambition de long terme et des convictions profondes enracinées dans une grande culture politique. Ceci le pousse à ne croire qu’en lui-même et à saisir les opportunités au bon moment comme les alliances contre nature qu’il noue à tout bout de champ.
N’est-ce pas lui qui décriait le système alors qu’il a cherché le soutien de Maitre WADE et récemment de Ahmed Khalifa NIASSE, acteurs incontournables du système tant décrié. N’est-ce pas Ousmane SONKO qui se réclamait salafiste alors que le Sénégal entier découvre qu’il est devenu talibé mouride. Et j’en passe. Reniement ou tentative de leurrer les Sénégalais ? L’avenir nous édifiera.
RÉSEAUX SOCIAUX, NOUVEAUX CONTRE-POUVOIR
Face à une nouvelle demande sociale revendiquée par les citoyens qui exigent de prendre une part plus grande dans la gouvernance de la Cité, jusqu’ici limitée aux rares occasions que leur offrent les rendez-vous électoraux, le Président Macky SALL, en bloquant le déroulement du calendrier électoral, ne leur permet pas de s’exprimer à travers les élections.
C’est pourquoi avec leurs smartphones, les populations se sont emparées de la parole publique, pour le meilleur et pour le pire, et s’en servent pour rentrer, via le monde virtuel, dans un nouveau rapport avec le personnel politique. Le pouvoir de ces nouveaux espaces virtuels de protestation a fait ses preuves, comme en témoignent les révolutions du Printemps arabe déclenchées essentiellement grâce à Facebook. Les réseaux sociaux sont devenus des « espaces de contestation », en ce qu’ils fournissent de nouveaux moyens à la liberté d’expression, et à la possibilité donnée aux citoyens de remettre en cause l’autorité et les décisions des gouvernants en dehors des rendez-vous électoraux.
L’expression de cette nouvelle culture de contestation au sein de la jeunesse a favorisé l’émergence de formations politiques antisystème comme PASTEF qui a fini de démontrer que la stratégie de la terreur, via les réseaux sociaux, pourrait être payante. Cela a contribué à anéantir les contre-pouvoirs classiques pendant que les partis politiques sont devenus moribonds et désertés. Les réseaux sociaux sont arrivés à reléguer en second plan les médias traditionnels qui sont critiqués par l’opinion publique pour leur subjectivité supposée et qui commencent à connaitre à leur tour un grave déficit de légitimité. Quant à la Justice dont l’indépendance et l’impartialité sont souvent remises en question, elle est affaiblie et ne cesse de montrer des signes de fébrilité qui font douter sur sa capacité à garantir aux justiciables des jugements fondés uniquement sur le droit en dehors de toutes pressions.
Cette situation contribue à renforcer des chapelles politiques comme PASTEF, parti face auquel « Benno Bokk Yakaar » est incapable de s’ériger en coalition de conquête, structurée pour faire face aux assauts de SONKO et de ses partisans. « Benno Bokk Yakaar » est une structure fantôme, faute d’être capable d’exister hors de l’ombre d’un Président tout puissant.
Le renforcement du parti PASTEF faisant d’Ousmane SONKO un populiste à la sauce chilienne, la seule alternative au Président Macky SALL, ne constitue-t-il pas un danger sans précédent pour le Sénégal et pour les Sénégalais ? Rappelons-nous de Santiago de Chili…
CASSER LE MYTHE DE LA FASCINATION
Si en 2000, Abdoulaye WADE s’est appuyé sur le programme « sopi » qui est un programme de transformation du Sénégal et a constitué le moteur de l’illusion des électeurs malgré ses résultats mitigés, Ousmane SONKO, lui, leader du parti « antisystème » PASTEF, fait lui-même office de programme et prétend symboliser à lui seul le changement. Pis, il veut s’ériger en leader charismatique pour détruire la distance entre ses propres sentiments et impulsions et ceux de ses partisans, en concentrant l’intérêt de ceux-ci sur ses motivations. Il veut les dissuader de l’évaluer à l’aune de ses actes.
Nous devons casser ce mythe et cette fascination pour les leaders populistes, faute de quoi Ousmane SONKO, plus vertical et sans aucune compétence garantie, viendra succéder au président Macky SALL qui a démontré à suffisance son incapacité à résoudre les problèmes majeurs des Sénégalais. Cette réflexion doit nous conduire à ne pas reproduire sans fin les mêmes erreurs dans le choix de nos dirigeants. On ne doit plus être dans une situation d’élire un Président par défaut parce qu’on veut « chasser » du pouvoir celui qui est la cause de tous nos maux. Il nous faut faire un choix lucide, réfléchi et éclairé basé sur des critères plus objectifs comme la pertinence des offres politiques, ainsi que le background des candidats. Il nous faut également travailler à avoir une représentation modernisée à l’aide d’institutions reformées avec des mécanismes de démocratie participative, des référendums d’initiative ou révocatoires permettant de contrôler les dirigeants et représentants.