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22 septembre 2025
VIDEO
AFRIQUE-FRANCE, QUEL NEW DEAL ?
Panel organisé dans le cadre du colloque Amath Dansokho, en deux temps, le premier sur le décryptage des annonces du président Macron et l'état des lieux des relations France - Afrique, et le second sur les ruptures à opérer pour de nouvelles relations
Troisième panel organisé dans le cadre du colloque Amath Dansokho, en 2 temps, le premier sur le décryptage des annonces du président Macron et l'état des lieux des relations France - Afrique, et le second sur les ruptures à opérer pour de nouvelles relations à la hauteur des défis sociaux et environnementaux, au service des peuples et de la souveraineté démocratique.
Avec :
- Félix Atchadé, chargé des questions africaines au Parti de la gauche européenne (0:08:52 à 00:16:33 et de 1:16:25 à 1:23:26),
- Anne-Cécile Robert, journaliste, directrice des éditions et relations internationales au Monde diplomatique, professeure associée à l’université Paris 8 (0:16:45 à 0:26:18 et 1:13:30 à 1:15:59),
- Kako Nubukpo, économiste, professeur titulaire à la faculté de sciences économiques et de gestion de l’université de Lomé, directeur du rapport « Du Franc CFA à l’Eco : quelle monnaie pour quel développement en Afrique de l’ouest? » (mai 2021) (0:28:25 à 0:38:48 et 1:23:46 à 1:33:35),
- Ndongo Samba Sylla, économiste, auteur avec Fanny Pigeaud de L’arme invisible de la Françafrique (La Découverte, 2018) (0:38:20 à 0:52:28 et 1:33:47 à 1:47:27),
- Jibrin Ibrahim, politiste, membre du Centre pour la démocratie et le développement (CDD), Nigéria (0:53:22 à 1:10:31 et 1:48:17 à 1:53:56).
Animé par Chrystel Le Moing
En Afrique, si la catastrophe épidémique annoncée par quelques Cassandre n’a pas eu lieu, les conséquences socioéconomiques de la COVID-19 sont bien préoccupantes. Le continent a connu en 2020 sa première récession depuis 25 ans. La France qui au cours des dernières années a été conspuée, comme jamais, en Afrique francophone, tente de rétablir son image en multipliant les initiatives et les annonces. De la promesse de réforme du franc CFA au « New Deal » pour « relancer les économies africaines », elle veut montrer qu’elle se tient aux côtés de l’Afrique et des Africains. Les propositions françaises peuvent-elles répondre aux préoccupations africaines ? Quelle place pour l’annonce de changements dans la relation France — Afrique, tant critiquée par les Africains dans les initiatives d’Emmanuel Macron ? Peut-on parler de continuité avec le paradigme néolibéral en cours depuis plusieurs décennies ?
En savoir plus :
- « Etats généraux de l’Eco », vidéos du colloque, Université de Lomé, 26-28 mai 2021.
- « Les souverainetés des sociétés africaines face à la mondialisation », Rapport Alternatif Sur l’Afrique n°1, décembre 2020.
- Daniela Gabor, Ndongo Samba Sylla, « La doctrine Macron en Afrique : une bombe à retardement budgétaire », Le Grand continent, le 24 décembre 2020.
- Anne-Cécile Robert, « Au Mali, coup d’État dans un pays sans État », Le Monde diplomatique, octobre 2020.
- « Lettre ouverte des économistes africains : la réponse de l’Afrique à la pandémie appelle la reconquête de sa souveraineté économique et monétaire », Financial Afrik, le 5 septembre 2020.
- Félix Atchadé, « ECO… CFA répondit l’écho ! », Chroniques sénégalaises, le 25 mai 2020.
JOURNAL D’UNE CONFINÉE, PAR ANNIE JOUGA
PREMIÈRE SORTIE EN PLEIN COVID
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – En écoutant ce matin une émission qui expliquait ce qu’était le télétravail, j’ai pensé que maintenant, c’est plutôt le moment d’expliquer ce qu’est le travail. Car nous ne sommes toujours pas au travail ici
#SilenceDuTemps - À 18h00, premier titre d’une radio au demeurant sérieuse de la place : « le Sénégal a son premier cas dans la région de Fatick …», pour entendre ce journaleux - difficile de l’appeler autrement - nous dire qu’il s’agit d’un Sénégalais, habitant et décédé en Italie ! Ces journalistes si friands de scoops en perdent le nord.
À 20h00, le journal TV par contre nous apprend entre deux nouvelles, le décès de Pape Diouf de l’OM, des suites du Coronavirus, juste avant son rapatriement prévu par la France. Sans autre commentaire durant tout le journal …bizarre, non ?
Eux par contre semblent comme tétanisés par ce vrai premier cas. Et ce n’est qu’à la fin du journal, après avoir parlé de tant d’autres choses à peine importantes, que le présentateur est revenu sur le personnage de Pape Diouf. Combien d’entre nous avons pensé bien bas : « quand nous aurons notre premier décès Covid, l’électrochoc aura lieu et tout devra changer !»
Aucune réaction officielle encore. En me levant ce matin, j’ai senti quelques douleurs …, abdos, adducteurs ? Tiens, mon yoga fait son effet ? Mais pourquoi, pensent sûrement tout haut les amateurs de yoga ? Eh oui, j’insère quelques autres exercices, et notamment les fameux abdos. Bon, pas les plus difficiles, mais j’ai l’œil réprobateur de Papi viou sur moi, terrifié par mon profil trop généreux à certains endroits. Moi aussi d’ailleurs !
Alors, revenons à ces fameux abdos, et en partageant avec Mamilou, celle-ci de s’esclaffer : « quels abdos, tu crois encore qu’à notre âge cela a de l’effet » ? J’en ai rigolé et arrêté d’en faire quelques jours, puis je m’y suis remise espérant que cela serve un peu quand même…
« Pièce unique » est là en ce moment et en arrêt momentané de job ! Et je sens bien sa présence ! Je vois d’ici là comment me réadapter ; il monte et descend 3, 4 fois par jour, s’étonne que je sois un peu nerveuse et surtout par rapport aux mesures particulières mises en place et précautions que je rappelle trop souvent à son avis. Et son « mais mamaaan, je sais ! » ne me rassure pas vraiment.
Le Covid est très présent aujourd’hui et non pas celui comme le furet, par-ci par-là, mais de plein fouet, et hélas il va s’inviter encore et encore à notre table. Au fait, le pain au sarrasin est très bon, assez beau, mais j’ai dû rater quelque chose avec la levure. Il n’est pas « monté » comme il aurait dû. En fait, j’ai fait simple en prenant de la levure chimique alors que la recette parlait de levure fraîche et ici paraît-il qu’on en trouve à la boulangerie Sandaga. Mais qui est fou aujourd’hui pour s’aventurer à Sandaga pour 50 g de farine ? La prochaine fournée sera meilleure, je trouverai bien une combine.
Jour 9
Journée presqu’entièrement consacrée au travail ! En écoutant ce matin une émission qui expliquait ce qu’était le télétravail, j’ai pensé en fait que maintenant, c’est plutôt le moment d’expliquer ce qu’est le travail. Car nous n’y sommes toujours pas au travail ici !
Près de 2h de cours avec les L2 (en 2e année, pour les non-initiés) pour expliquer l’importance d’un environnement vert dans Dakar et après leur avoir fait comprendre que nous n’étions pas en vacances, que les cours continuaient et qu’il nous fallait y mettre tous du nôtre pour que cela marche. Message globalement compris, quoique …, un d’entre eux est à Tambacounda, un autre en Mauritanie et un autre, silence radio ?
Une réflexion intéressante d’un étudiant qui se demandait si la scolarité serait coupée en deux, si les cours étaient donnés à 50% ? Et moi de lui rétorquer : 2h de cours via Skype équivalent à bien plus que les 4h classiques, voire deux fois plus ! Il n’a plus contesté. C’est effectivement épuisant de travailler ainsi, mais au moins, on travaille !
Puis 3h pour booster nos étudiants en licence et vers 21h 00, une maman en délire qui me reproche de vouloir faire redoubler son fils ? Celui du « silence radio » ! qui n’a pas de téléphone, dit-elle depuis un mois, que notre scolarité est suffisamment chère … Je l’aurai croquée ! Elle a fini de m’épuiser, et tout ça pendant que je faisais une béchamel.
Heureusement qu’en fin de soirée mon ami Pierrot m’appelle : « je fais le tour de tous mes amis de plus de 60 ans, m’assurant qu’ils sont vraiment confinés, qu’ils ne bravent pas les mesures de distanciation et surtout qu’ils vont bien ». Grand éclat de rire !
Jour 10
Ce matin, à la question d’un ami lui demandant comment allait le pays, Viou de lui répondre : « il se lave les mains » ! et de presque tout ?
Et comme nous devons positiver et particulièrement par les temps qui courent, j’apprécie la première communication « circulaire » de tous les acteurs engagés dans la lutte contre le Covid, venus nous rassurer ce matin et j’espère, non pas à cause du premier décès, mais bien par ce que c’est un bilan d’étape à un mois de cette lutte, me rassure Kakatia !
Dame Nutrition me faisant au passage remarquer la qualité nutritionnelle du « panier du Covid sénégalensis » composé de riz, huile, sucre…, espérant qu’il sera complété par nos mils, fonio et autres aliments de base bien de chez nous et aux qualités nutritionnelles indéniables.
Hier, je suis sortie avec comme vrai prétexte d’aller à la recherche de ma carte d’identité nationale que j’ai perdue. Je ne la sors que lorsque je vais à la banque et donc exceptionnellement, il me fallait retourner dans ces lieux. Alors me voilà dans les rues de Dakar avec mon masque autour du cou, pensant ne le mettre que dans les lieux à risque.
Hélas, obligée de le porter durant tout mon trajet, car beaucoup trop de monde encore dans les rues et notamment des vendeurs à la sauvette, toujours aussi accrocheurs et peu concernés par le geste qui sauve, comme ce marchand de fraises qui me harponne et ne me lâche pas. J’en profite pour aller à la boulangerie acheter du pain, en quantité et à tout hasard de demander au boulanger s’il n’a pas de levure fraîche. Il m’en offre 20/25 grammes ! ouf sauvée par la mère Mich’, c’est un de ses anciens élèves de maternelle…
Je vais en suite déposer des « confitures mamina » à la grande sœur d’une amie qui avait des envies de confiture d’orange faite maison. Quoi de mieux pour faire plaisir !
Ah les confitures de DD, délicieuses, mais à dose homéopathique hélas ; je vous recommande celle au Bouye (pain de singe), excellente pour sucrer le yaourt et je suis sûre qu’elle s’accommoderait avec perfection à un rôti de porc, un gigot d’agneau … J’ai donc fait, affublée de mon masque et peu sûre de l’avoir mis correctement, 2,81KM, 3940 pas, selon mon marqueur santé du téléphone, bien loin des 10 000 pas que je me suis imposée… par jour. Vivement dimanche pour notre parcours corniche !
Khady, ma petite fille de Paris a 12 ans aujourd’hui. En l’appelant et sachant qu’on a toujours une longueur de retard de nous demander : « j’ai quel âge ?» et moi de lui dire « 15 ans voyons ! Je la connais trop celle-là, elle est si pressée … La coquine, elle voulait nous piéger en nous disant, mais non, j’ai 14 ans. Et à moi, fière de moi de lui raconter pourquoi 15 ans. Nous avions, il y a quelques années décidé, une bande de copines la soixantaine bien sonnée, d’aller à Cuba fêter nos 15 ans. Projet non finalisé, mais pas enterré. Alors Khady, connecte-toi et tu verras pourquoi il faut absolument y aller.
En attendant, préparation d’un « anniversaire décovidis » réunissant tous les "anniversairés" situés entre mars et …juin ?
Une « méga teuf » à la Somone fin juin en perspective !
Dans le cadre du projet d’écriture #SilenceDuTemps, retrouvez tous les dimanches sur SenePlus, le « Journal d’une confinée » d’Annie Jouga.
Annie Jouga est architecte, élue à l’île de Gorée et à la ville de Dakar, administrateur et enseignante au collège universitaire d’architecture de Dakar. Annie Jouga a créé en 2008 avec deux collègues architectes, le collège universitaire d’Architecture de Dakar dont elle est administratrice.
La maison du cinéaste qui aurait pu être conservée comme l'est la chambre d'hôtel qu'il occupait à Ougadougou, à l'occasion du Fespaco, est aujourd'hui en ruines. Une tragédie pour Amadou Fall, enseignant à l'Université de Ziguinchor
La maison de Sembène Ousmane, en Casamance, est aujourd'hui en ruines. La bâtisse s'est effondrée et plus grave encore, le site est devenu un dépôt d'ordures.
La maison de Sembène Ousmane, le cinéaste sénégalais, originaire de Ziguinchor, au sud du Sénégal, qui aurait pu être conservée comme l'est la chambre d'hôtel qu'il occupait à Ougadougou, à l'occasion du Fespaco, est aujourd'hui en ruines.
La bâtisse s'est effondrée et plus grave encore, le site est devenu un dépôt d'ordures qui semble laisser indifférent les autorités sénégalaises. Et contrairement à Ouagadougou où une place le symbolise, il n'y a aucune rue ou édifice public qui porte son nom dans la ville de Ziguinchor.
Aujourd'hui, il ne reste plus que des gravas et des tôles effondrées de la maison familiale du célèbre cinéaste sénégalais, située dans le vieux quartier de Santhiaba en plein cœur de Ziguinchor.
"Une tragédie"
Le site est même utilisé par certains pour y jeter leurs déchets. Pour le professeur Amadou Fall, enseignant à l'Université de Ziguinchor, qui s'est beaucoup intéressé au parcours de Sembène Ousmane, cette situation traduit tout simplement la "tragédie africaine."
''C'est une tragédie, je ne badine pas avec les mots. C'est une tragédie. Qu'a fait Sembène de mal pour qu'aujourd'hui cette maison qu'il a voulu acheter pour en faire don à la ville de Ziguinchor soit abandonnée ? Cette maison est aujourd'hui un tas de ferrailles, un tas de boue. Vous voyez, on y dépose des immondices. Et c'est ça la tragédie africaine'', estime le professeur Amadou Fall.
"Oublier Sembène, c'est oublier la Casamance"
Le professeur Fall ajoute qu'oublier Sembène c'est oublier la Casamance.
''Et nous, nous avons avec d'autres, essayé... Nous essayons encore de réhabiliter cet homme parce que c'est un patrimoine. Oublier Sembène, c'est oublier la Casamance, c'est ça aussi mon slogan. Parce que Sembène a symbolisé la Casamance, Sembène a matérialisé les us et coutumes, les valeurs traditionnelles qui ont fait l'homme casamançais, qui ont fait l'Africain dans son intégralité un homme de respect, un homme qui fait un serment et qui respecte justement la parole donnée', explique le professeur.
"Le Burkina donne l'exemple"
Youssouf Conté, un voisin, relève que le spectacle qu'offre aujourd'hui le site qui abritait la maison familiale de Sembène est tout simplement écœurant.
''Au Burkina Faso, il y a une statue qui représente Sembène Ousmane, à Ouagadougou, pour montrer son importance dans le cinéma africain. Ici à Ziguinchor aujourd'hui, quand on vient devant son ancien domicile qui est devenu un dépotoir comme on le voit là, c'est déprimant. Je ne comprends pas. Vraiment, moi je crois que les autorités devraient faire des efforts et surtout le maire'', dit Youssouf Conté.
Taïbou Diédhiou, adjoint au maire de Ziguinchor et chargé des affaires culturelles, assure que l'institution municipale envisage de construire un monument à la mémoire du grand cinéaste.
''La mairie est en train de réfléchir pas pour reconstruire une maison de Sembène Ousmane pour sa mémoire, voir comment on peut organiser un mémorial parce que la reconstruction d'une maison revient à son propriétaire. Donc, on est en train de travailler avec le maire pour voir comment organiser un mémorial dédié à Sembène. C'est quand même une fierté pour Ziguinchor, une fierté pour le Sénégal'', estime-t-il.
Sembène Ousmane , un autodidacte qui n'a même pas terminé son cycle élémentaire, est décédé en 2007, à l'âge de 84 ans. Il a laissé à la postérité plusieurs longs métrages et des ouvrages parmi lesquels " O pays, mon beau peuple", qui retrace sa biographie.
BROUILLE ENTRE BAMAKO ET NIAMEY
Le chef d’État nigérien Mohamed Bazoum a critiqué vendredi la propension des colonels au Mali à prendre le pouvoir après des revers militaires, suscitant la colère des autorités maliennes
Bamako a vivement « protesté » samedi contre des propos critiques envers les militaires maliens putschistes du président nigérien Mohamed Bazoum, jugeant qu’ils allaient « à l’encontre des relations d’amitié et de fraternité » entre les deux pays.
Le chef d’État nigérien a critiqué vendredi la propension des colonels au Mali – auteurs de deux coups d’État en moins de neuf mois, dont le dernier en mai -, à prendre le pouvoir après des revers militaires. « Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu’ils ont des déboires sur le front (…), que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d’État », a déclaré vendredi Mohamed Bazoum, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue français Emmanuel Macron à Paris.
« Qui va faire la guerre à leur place ?, a-t-il ajouté. Ce serait facile si chaque fois qu’une armée de nos pays a un échec sur le terrain, elle vient prendre le pouvoir ! (…) Ce ne sont pas des choses acceptables ».
Réunie, hier, immédiatement après l’ouverture de la session extraordinaire, la Conférence des présidents a fixé le calendrier comme suit : réunion de la Commission des lois samedi, séance plénière dès le lundi 12 juillet. Pour le groupe parlementaire Liberté et démocratie, le délai est trop court pour étudier le document de plus de 110 pages et dénote un manque de respect de la majorité vis-à-vis de son opposition parlementaire.
L’Etat roule à vive allure en direction des élections territoriales prévues le 23 janvier 2022. Tout a commencé le lundi 5 juillet dernier. Chose rarissime, le président de la République tient un Conseil des ministres extraordinaire pour notamment faire adopter le projet de loi n°18/2021 portant Code électoral. Dans la foulée, Macky Sall, à travers le décret n°2021-877, convoque l’Assemblée nationale en session extraordinaire, conformément à l’article 5 de son Règlement intérieur.
Tout s’est passé très vite, hier, en séance plénière. Après l’appel nominatif qui s’est déroulé dans une ambiance bon-enfant, le président Moustapha Niasse a fait constater le quorum et a annoncé la réunion ‘’immédiate’’ de la Conférence des présidents. Et la majorité n’a pas voulu perdre du temps.
Elle a ainsi imposé le calendrier suivant : dès samedi à 10 h, la Commission des lois va se réunir pour l’adoption du texte. Mais, alors que certains s’attendaient à ce que la plénière soit convoquée au plus tôt le mardi, il a été décidé de passer à l’acte, dès le lundi prochain. Au grand dam du président du groupe parlementaire Liberté et démocratie.
Selon les informations qui nous sont parvenues, le député libéral s’est opposé avec véhémence à la tenue de la plénière lundi. A l’en croire, le régime actuel est champion en matière de procédure d’urgence. ‘’Vous faites tout dans la précipitation. Vous nous amenez tout le temps des projets de loi d’urgence’’, s’est indigné M. Mbacké.
Pour lui, les députés ont droit à 10 jours pour pouvoir étudier correctement le projet de loi qui fait plus de 110 pages. ‘’Certains députés n’étaient même pas sur le territoire. Ils viennent d’arriver, après de très longs voyages. Comment on peut lire ce texte dans ces conditions ?’’, a-t-il plaidé face à une majorité décidée.
Pourtant, chose pas fréquente, il y avait des députés de Benno Bokk Yaakaar qui ont soutenu la même chose. Il en est ainsi, rapporte nos sources, d’Allé Lo et de Cheikh Seck. Selon ces derniers, même s’il est impossible de respecter le délai de 10 jours, on pourrait repousser un peu la date de la plénière.
Finalement, la Conférence des présidents est passée au vote et le oui l’a emporté. Pour le représentant du groupe de l’opposition, cela est une nième preuve que la majorité actuelle ne connait que la force.
Utilité du dialogue politique
L’autre question qui se pose, c’est à quoi a servi le dialogue qui n’a permis de régler aucun des points de crispation de la classe politique. Aussi bien le parrainage, la caution et les articles L31 et L32 anciens continuent d’exister dans la loi électorale sénégalaise, alors que c’était les principaux points de désaccord entre le pouvoir et son opposition.
Suffisant pour pousser le président du groupe parlementaire Liberté et démocratie à la déclaration suivante : ‘’Vous devez savoir que ceux avec qui vous dialoguiez n’ont pas de groupe parlementaire. Sachez que vous n’avez jamais dialogué sur un projet aussi important avec votre opposition parlementaire. Cela n’ayant pas été fait, nous allons rejeter votre code, comme il est venu.’’
SESSION EXTRAORDINAIRE
Ce que dit le règlement intérieur
La session extraordinaire qui s’est tenue hier, est régie par les articles 5 et 6 du Règlement intérieur qui prévoit : ‘’L'Assemblée nationale est réunie, en session extraordinaire, sur un ordre du jour déterminé, soit sur décision de son bureau ; sur demande écrite de plus de la moitié de ses membres, adressée à son président ; sur décision du président de la République. ‘’La durée de chaque session extraordinaire ne peut dépasser quinze jours, sauf le cas prévu à l’article 68 de la Constitution (article 63 de la Constitution). Cet ordre du jour ne peut être modifié. Les sessions extraordinaires sont closes sitôt l'ordre du jour épuisé (article 63 de la Constitution)’’.
Selon l’article 6, ‘’si à l'ouverture d'une session, le quorum représentant la moitié plus un des membres composant l'Assemblée nationale n'est pas atteint, la séance est renvoyée au troisième jour qui suit. Ce délai expiré, le quorum n'est plus requis. Dans ce cas, les noms des absents sont inscrits au procès-verbal’’.
Par rapport à la Conférence des présidents, elle est constituée du président et des vice-présidents de l’Assemblée nationale ; des présidents de Commission et du rapporteur général de la Commission de l’économie générale, des finances, du plan et de la coopération économique et enfin des présidents de groupe parlementaire et du représentant des non-inscrits. Elle a pour mission d’établir l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée ; de fixer le calendrier des travaux en commissions et en séance plénière. Elle peut également décider de l’organisation des débats. Dans ce dernier cas, elle fixe la durée globale de la séance et le temps de parole entre les groupes et les non-inscrits, dans des conditions déterminées par une instruction générale du bureau.
NDIAGA SYLLA, SUR LE TEXTE DU NOUVEAU CODE ELECTORAL
‘’Quel gâchis !’’
Alors que l’Assemblée nationale a été convoquée hier pour se pencher sur la loi portant Code électoral, l’expert en démocratie, gouvernance et élections donne son avis sur le texte envoyé devant les représentants du peuple.
L’Assemblée nationale s’exécute, depuis hier, sur le projet de loi portant Code électoral. Le processus menant à l’organisation des élections locales prévues le 23 janvier 2022 a ainsi été amorcé, malgré les tensions notées entre le pouvoir et l’opposition. Si celles-ci devaient être dissipées par le dialogue politique lancé par le président de la République à la veille de sa réélection en 2019, les points de désaccord n’ont que faiblement changé. Une vision des choses que défend l’expert électoraliste Ndiaga Sylla.
Pour le président de Dialogue citoyen, ce manque d’évolution notable, après autant de temps passé autour d’une table, correspond à une grande perte de temps. ‘’Quel gâchis, après deux longues années de concertation, deux reports des élections territoriales, deux missions (audit du fichier électoral - évaluation du processus électoral) !’’, regrette-t-il.
Celui qui indiquait récemment que l'enjeu du projet de loi portant Code électoral réside essentiellement dans le sort réservé aux points de désaccord soumis à l'arbitrage du président de la République Macky Sall, retient qu’après la lecture du texte remis à l'Assemblée nationale, les réformes substantielles préconisées sur le système électoral restent mineures.
En effet, ajoute Ndiaga Sylla, ‘’il n'y aura pas de changement de modèle de gestion électorale (autorité chargée de l'organisation des élections), ni modification du système de parrainage, en dépit de l'injonction de la Cour de justice de la CEDEAO ni l'introduction du bulletin unique. Il s'y ajoute le statu quo acté par le refus d'abroger ou de modifier les articles L.31 et L.32 qui instituent la déchéance électorale de manière générale, automatique et indifférenciée, alors que cela violerait les Droits de l'homme’’.
L’expert en démocratie, gouvernance et élections poursuit sa réflexion en estimant que les conditions pour opérer un changement de Code électoral ne sont guère réunies au Sénégal. Selon lui, l'adoption d'un nouveau Code électoral se justifie par l'ampleur des réformes, comme ce fut le cas avec le code consensuel abrogé en janvier 2012. ‘’Il en a été de même avec le Code électoral de 2014, à la suite de la réforme dénommée Acte 3 de la décentralisation, et en 2017 du fait de l'institution de la carte nationale d’identité biométrique CEDEAO fusionnée à la carte d'électeur et de ses impacts’’, retient-il.
Mais tout n’est pas à jeter, dans le projet de loi adopté par les députés. L’innovation majeure reste l'élection des maires et des présidents de conseil départemental au suffrage universel direct. Cela accompagne ‘’un toilettage du Code électoral intégrant notamment la facilitation de la participation des personnes handicapées au processus électoral, ainsi que l'harmonisation du dispositif de contrôle et de vérification des parrainages, dans le cadre des élections législatives’’.
Parrainage, les cas Khalifa Sall et Karim Wade, etc. Les points de discordance restent entiers
Le président de Dialogue citoyen admet aussi que du point de vue de la forme, les concertations ont été inclusives, les préalables remplis et les délais prescrits par la CEDEAO relativement à la période de réforme ont été respectés. Et ce, même s'il a fallu procéder par consensus à des reports de la date initiale. Les mêmes appréciations ont été faites d’une partie des travaux de la Commission cellulaire chargée du dialogue politique.
Selon Ndiaga Sylla, elle ‘’est parvenue à des avancées significatives concernant la modernisation du système partisan, le financement des partis politiques ainsi que le statut de l'opposition et de son chef’’. Sous ce rapport, ajoute-t-il, la sous-commission du dialogue politique a pu produire des résultats significatifs et les conclusions des missions d'audit du fichier et d'évaluation du processus électoral ont indiqué des pistes et formulé des recommandations appropriées.
En attendant la partie réglementaire complétive et plus précise sur les modalités de contrôle de la tenue du fichier électoral, qui a longtemps été un vide entretenant une discorde entre l'administration électorale et les acteurs politiques, l’expert en démocratie, gouvernance et élections insiste sur ‘’l'impérieuse nécessité de revoir le modèle de gestion électorale tout en instaurant un nouvel organe indépendant chargé de la régulation du système partisan, la répartition des fonds et le contrôle du financement public des partis politiques’’.
Pour Ndiaga Sylla, il faut espérer que les évolutions notées dans le système démocratique sénégalais, déjà actées lors du référendum de mars 2016, soient traduites par une législation harmonisée et unifiée dans le cadre d'une charte des partis politiques.
Pour se faire, suggère-t-il, le gouvernement devrait s'engager à poursuivre les concertations avec les acteurs politiques, au-delà des prochaines échéances électorales, en vue de mettre en œuvre les réformes qui s'imposent sur le système électoral et le système partisan. (Lamine Diouf )
«LINGUI», CONTE FEMINISTE DE MAHAMAT SALEH HAROUN
Le réalisateur tchadien questionne les liens et valeurs considérés comme sacrés dans une société patriarcale comme le Tchad : l’interdiction absolue de l’avortement, l’excision des filles et la soumission des femmes
Jusqu’ici, le film le plus féministe de la compétition au Festival de Cannes a été réalisé par un homme africain. Dans Lingui, Mahamat-Saleh Haroun questionne les liens et valeurs considérés comme sacrés dans une société patriarcale comme le Tchad : l’interdiction absolue de l’avortement, l’excision des filles et la soumission des femmes. Le cinéaste tchadien réussit à transformer une histoire tragique en une utopie optimiste, grâce à la force des images d’une beauté renversante.
Si l’on devait choisir une seule scène de ce film merveilleux, ce serait celle du début. Là où Amina est en train de se décarcasser pour faire sortir d’un ancien pneu de camion des fils d’acier pour tisser ensuite de magnifiques paniers. Une fois qu’elle a fait renaître la matière sous une autre forme, la mère quitte sa maison modeste pour aller chercher un avenir pour sa fille de 15 ans et soi-même. Habillée d’une robe orange ocré épousant le soleil et le sable, et avec trois paniers sur la tête et deux dans les mains, elle se promène, dégageant une grâce divine. Pourtant, il faut se rappeler : elle est juste en train d’aller en ville pour vendre ses paniers dans la rue ou sur le marché. A l’image d’un peintre, Mahamat-Saleh Haroun dégage toutes les choses superflues ou superficielles de ses compositions pour aller à l’essentiel. Projetées sur grand écran, il nous permet de vivre et voyager avec ses personnages, de bouger comme eux dans ce paysage naturel et humain dans lequel il nous a embarqués comme un capitaine dans sa pirogue. Le réalisateur tchadien adore donner du temps au temps. Son cinéma puise son énergie dans la beauté des gestes et des couleurs, la grâce des silhouettes et paysages, les profondeurs de l’humanité exprimées au travers des voix d’hommes et de femmes. Depuis toujours, il refuse de soumettre ses images à une obligation d’une quelconque action. Un homme qui crie, prix du Jury au Festival de Cannes en 2010, raconte une histoire père-fils avec en toile de fond la guerre civile au Tchad, dans laquelle Haroun lui-même a été blessé avant de s’exiler longtemps en France. En 2013, il présentait à Cannes Grigri, une histoire d’amour entre un jeune danseur handicapé et une jeune prostituée. Et quatre ans plus tard, il était de nouveau en lice pour la Palme d’or avec son documentaire sur l’ancien Président et dictateur tchadien Hissein Habré, sans lequel il «ne serai(t) jamais parti du Tchad».
Le tabou de l’avortement lié à la violence sexuelle
Dans Lingui, Mahamat-Saleh Haroun ralentit encore une fois ostentatoirement le rythme des images. Celui-ci reste lent jusqu’à la fin. En revanche, dans notre tête, l’histoire s’accélère et nous mène vers d’autres horizons. L’histoire de Lingui - les liens sacrés - semble simple. Une fille de 15 ans se retrouve enceinte et risque de répéter le destin tragique de sa mère. Comme sa fille aujourd’hui, Amina a été abandonnée par le père de l’enfant, renvoyée de l’école. Jusqu’à aujourd’hui, elle doit durement travailler pour survivre, sa famille ayant coupé tout contact avec elle. Et depuis qu’elle est devenue une fille-mère, plus personne ne la respecte dans cette société dominée par la religion musulmane. Donc, comment sortir de cette impasse ? Maria veut à tout prix avorter pour ne pas subir le même sort que sa maman. Mais cet acte devenu banal dans beaucoup de sociétés occidentales est doublement interdit au Tchad, et par la religion musulmane et par la loi qui prévoit cinq ans de prison.
Les hypocrisies dans la société tchadienne
Mahamat-Saleh Haroun - éphémère ministre de la Culture au Tchad de 2017 à 2018, un poste qu’il a quitté officiellement pour «des raisons personnelles» - fait surgir dans Lingui de mille manières l’hypocrisie régnant partout dans la société tchadienne. Celle de la religion («on est tous des frères») qui veille surtout à ce que les femmes restent à la place décidée par le patriarcat. Il y a aussi l’hypocrisie des hommes dont les actes contredisent souvent leurs paroles. Sans oublier l’école qui met la chimère de la réputation de l’établissement au-dessus de sa mission éducative. Puis, le détail qui tue : dans le film, le seul homme de bonne volonté échoue lamentablement. Reste alors la solidarité entre les femmes maltraitées par la société. Elles ne cessent de chercher des solutions à des problèmes considérés comme insolubles. Elles seules portent le changement, souvent introduit par des détours, des actions dans l’ombre, tout en faisant semblant de respecter la tradition et les règles de cette société qui les enferment. Les femmes sont conscientes que l’heure n’est pas encore venue pour réclamer ouvertement le respect et un changement.
L’horizon d’un possible changement
Avec sa fin heureuse, le conte de fées de Mahamat-Saleh Haroun est probablement loin des réalités au Tchad. Et dommage que quelques scènes donnent l’impression d’une note pédagogique tournée plus vers un public occidental qu’africain ou universel. Néanmoins, le plus grand mérite du film reste intact : esquisser l’horizon d’un possible changement et désigner les actrices de ce bouleversement. Surtout nourrir notre imaginaire avec des images d’une beauté époustouflante. C’était toujours le combat pour les rêves et l’engagement pour les utopies qui ont fait avancer les sociétés.
POSTEFINANCES BIENTOT TRANSFORMEE EN BANQUE
Le gouvernement du Sénégal a pris de nouvelles orientations en vue de procéder à la transformation institutionnelle de Postefinances, filiale de Sn La Poste, en une banque postale
Le gouvernement du Sénégal a pris de nouvelles orientations en vue de procéder à la transformation institutionnelle de Postefinances, filiale de Sn La Poste, en une banque postale, a soutenu le ministre de l’Economie numérique et des télécommunications la semaine dernière, lors d’un atelier.
Pour Yankhoba Diattara, «cette mesure permettra d’accroître le taux de bancarisation des populations, de renforcer la collecte de l’épargne domestique à destination de l’investissement et d’offrir un support de consolidation des activités des institutions financières mutualistes». En effet, depuis un certain temps, le monde de la technologie et du numérique a connu une évolution fulgurante qui impose des transformations dans tous les domaines. Le Sénégal n’échappe pas à cette mutation avec la monnaie électronique qui a fini par faire partie du quotidien des citoyens sénégalais.
Le marché de fournisseurs de service financier digital au Sénégal, pour les opérations de transfert et de retrait d’argent ainsi que des opérations de paiement, est très compétitif et génère une manne financière très importante. Ce qui justifie la forte concurrence entre les acteurs. Néanmoins, le marché est dominé en ce moment par les opérateurs de téléphonie mobile. C’est dans ce contexte que la Commission communication et culture de l’Assemblée nationale, en partenariat avec la Poste et l’Observatoire de suivi des indicateurs de développement économique en Afrique (Osidea), avec le soutien de la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), a tenu à Saly, le weekend-end dernier, un atelier de renforcement de capacités des parlementaires sur «Les enjeux de la gouvernance monétique : moderniser et adapter La Poste à l’ère du numérique».
Selon Yankhoba Diattara qui présidait la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, face à cette concurrence, le secteur postal est frappé de plein fouet par la vitesse technologique et il peine à retrouver ses lettres de noblesse. Ce fleuron du développement des télécommunications est aujourd’hui confronté à plusieurs défis. «Chaque jour, de nouvelles technologies apparaissent et de nouveaux concurrents investissent le marché du secteur postal. Les nouvelles méthodes de transaction, les nouveaux dispositifs d’échange et les nouveaux concurrents portent gravement atteinte au cœur de métier de La Poste. Le dynamisme du secteur du numérique et son évolution ont relégué au second plan, pour ne pas dire éradiqué, plusieurs activités jusque-là dédiées au secteur postal», a-t-il souligné.
Mais malgré ces nombreux défis, elle parvient à résister à cette conjoncture «grâce aux importants efforts de modernisation qui sont consentis par le gouvernement. Tout de même, La Poste doit se repenser pour mieux servir ses clients partout où ils se trouvent sur le territoire», estime le ministre de l’Economie numérique et des télécommunications. C’est pourquoi, à travers cette formation, des solutions et des orientations visant à procéder à la modernisation et à l’adaptation de la société postale à l’ère du numérique sont attendues.
Par Abdoul Aziz DIOP
LE DELIT IRREPRESSIBLE D’INCOMPETENCE SCIENTIFIQUE
Un Etat démocratique s’organise de telle sorte que celles et ceux qui s’opposent à la nouvelle loi et celles et ceux qui la confortent en parlent pour en avoir bien pris connaissance et pour s’être toujours faits remarquer par un haut niveau scientifique
Qu’une loi votée par le Parlement - l’Assemblée nationale sénégalaise en l’occurrence - divise l’opinion est chose courante en démocratie ! Mais pour s’en sortir, un Etat démocratique s’organise de telle sorte que celles et ceux qui s’opposent à la nouvelle loi et celles et ceux qui la confortent en parlent pour en avoir bien pris connaissance et pour s’être toujours faits remarquer par un haut niveau scientifique et technique.
Or depuis peu au Sénégal - disons après les Législatives de juillet 2017 -, deux sous-groupes d’individus ont fait irruption dans le débat sans se soucier des prérequis et des acquis scientifiques et techniques grâce auxquels leurs contributions suffisent, au meilleur des cas, à convaincre ou, au pire des cas, à être prises en compte quand arrive le moment d’amender un texte de loi.
Hors de l’Hémicycle de l’Assemblée nationale où se tiennent les plénières, le débat peut se poursuivre de manière civilisée, suivant un modus vivendi auquel se conforment tous les participants sous la conduite de modérateurs - journalistes pour la plupart - qualifiés pour des joutes spéciales.
Le premier sous-groupe est celui d’un petit nombre d’élus au suffrage universel auquel appartient le député Ousmane Sonko et qui s’opposent aux nouvelles lois sans même prendre le temps de s’en imprégner, donnant ainsi l’illusion de siéger à l’Assemblée nationale dans le but d’y représenter la société plus dignement que la grande masse majoritaire d’élus à qui l’opinion abusée impute systématiquement toutes les mini-crises de la représentation qui caractérisent la démocratie représentative.
Le face-à-face qui en résulte fait que les plénières se poursuivent dans la rue grâce aux éléments surexcités constitutifs du second sous-groupe, dont les performances dans l’agitation pallient le déficit de culture politique et surtout l’incompétence scientifique et technique «disqualifiante» quand le débat devint le seul tremplin crédible pour gagner la confiance du plus grand nombre. Il s’agit bien du sousgroupe d’activistes sans bagou intellectuel, dont les plus notoires aujourd’hui sont Landing Mbissane Seck alias Kilifeu, Guy Marius Sagna, Fadel Barro dans une moindre mesure, et tous les autres. C’est donc trop leur demander quand arrive un nouveau texte de loi, que de conquérir les faits sur les préjugés, de les constater et de les construire par la pensée au terme d’un effort de systématisation moins excitant que le corps à corps avec les Forces de l’ordre sous le regard admiratif de compagnes restées à la maison.
Leur délit irrépressible de ces activistes est un délit d’incompétence scientifique et technique, dont les patrons de la police et de la gendarmerie doivent bien avoir conscience - ils en ont certainement conscience au niveau très élevé de la hiérarchie auquel ils se situent - pour ne plus les faire arrêter pour un oui ou pour un non.
problème reste alors entier, tant que la «désintellectualisation» du débat politique dans les institutions de la République, dans l’audiovisuel, dans les réseaux sociaux et, naturellement, au sein même de la société, se poursuit sous les encouragements de responsables politiques qui voient dans la marginalisation d’hommes et de femmes connus pour leur compétence scientifique et technique ce qu’ils ont juste à faire pour préserver leurs avantages en numéraire et leurs privilèges indus.
La défiance des institutions de la République et des personnages qui les animent au plus haut niveau par les éléments les plus représentatifs des deux sous-groupes peints plus haut s’explique, elle, par leur mépris pour ces responsables politiques peu fréquentables, mais tous bien introduits dans les sphères où se prennent les décisions qui affectent l’ensemble du corps social.
Les mêmes responsables sont pour beaucoup dans la théâtralisation et la guerre ouverte des chefs politiques du camp de la majorité lors de la célébration, Place de la Nation, du dixième anniversaire de la révolution citoyenne du 23 juin 2011.
Abdoul Aziz DIOP
Conseiller spécial à la Présidence de la République
par Ndiaga Sylla
MA LECTURE SUR LE DIALOGUE POLITIQUE ET LA REFORME ELECTORALE
Il n’y aura pas de changement de modèle de gestion électorale (autorité chargée de l’organisation des élections), ni modification du système de parrainage en dépit de l’injonction de la Cour de justice de la Cedeao ni l’introduction du bulletin unique
J’ai récemment indiqué que l’enjeu du projet de loi portant Code électoral réside essentiellement dans le sort réservé aux points de désaccord soumis à l’arbitrage de monsieur le président de la République. Or à la lecture du projet de loi transmis à l’Assemblée nationale pour examen et adoption, il s’avère que les réformes substantielles préconisées sur notre système électoral restent mineures.
En effet, il n’y aura pas de changement de modèle de gestion électorale (autorité chargée de l’organisation des élections), ni modification du système de parrainage en dépit de l’injonction de la Cour de justice de la Cedeao ni l’introduction du bulletin unique. Il s’y ajoute le statu quo acté par le refus d’abroger ou de modifier les articles L.31 et L.32 qui instituent la déchéance électorale de manière générale, automatique et indifférenciée alors que cela violerait les droits de l’Homme.
Quel gâchis, après deux (2) longues années de concertation, deux (2) reports des élections territoriales, deux (2) missions (audit du fichier électoral - évaluation du processus électoral) ! Il y a seulement lieu de souligner une innovation concernant l’élection des maires et des présidents de Conseil départemental au suffrage universel direct. Le reste porte sur un toilettage du Code électoral intégrant notamment la facilitation de la participation des personnes handicapées au processus électoral ainsi que l’harmonisation du dispositif de contrôle et de vérification des parrainages dans le cadre des élections législatives.
De ce fait, les conditions pour opérer un changement de Code électoral ne sont guère réunies. L’adoption d’un nouveau Code électoral se justifie par l’ampleur des réformes, comme ce fut le cas lorsque le Code consensuel, resté en vigueur pendant 20 années, a été abrogé en janvier 2012 dans un contexte marqué par de forts consensus obtenus au cours des concertations sous l’égide du Comité de veille et de suivi présidé par le doyen Mazide Ndiaye. Il en a été ainsi avec le Code électoral de 2014, à la suite de la réforme dénommée Acte 3 de la décentralisation et en 2017 du fait de l’institution de la carte nationale d’identité biométrique Cedeao fusionnée à la carte d’électeur et de ses impacts.
Voilà ma lecture du projet de loi portant Code électoral, en attendant la partie règlementaire complétive et plus précise, en particulier sur les modalités de contrôle de la tenue du fichier électoral, qui a longtemps été un vide entretenant une discorde entre l’Administration électorale et les acteurs politiques.
Toutefois, il y a lieu d’admettre que, du point de vue de la forme, les concertations ont été inclusives, les préalables remplis et les délais prescrits par la Cedeao, relativement à la période de réforme ont été respectés, et ce, même s’il a fallu procéder par consensus à des reports de la date initiale.
Par ailleurs, il convient de retenir que la Commission cellulaire chargée du dialogue politique est parvenue à des avancées significatives concernant la modernisation du système partisan, le financement des partis politiques ainsi que le statut de l’opposition et de son chef. Il y a lieu d’espérer que ces évolutions dans notre système démocratique, déjà actées lors du Référendum de mars 2016, seront traduites par une législation harmonisée et unifiée dans le cadre d’une charte des partis politiques ; d‘où l’impérieuse nécessité de revoir le modèle de gestion électorale tout en instaurant un nouvel organe indépendant chargé de la régulation du système partisan, la répartition des fonds et le contrôle du financement public des partis politiques.
Notre conviction est que le gouvernement devrait s’engager à poursuivre les concertations avec les acteurs, au-delà des prochaines échéances électorales, en vue de mettre en œuvre les réformes qui s’imposent sur le système électoral et le système partisan. Sous ce rapport, la sous-commission du dialogue politique a pu produire des résultats significatifs.
De même, les conclusions des missions d’audit du fichier et d’évaluation du processus électoral ont indiqué des pistes et formulé des recommandations appropriées. Notre pays doit rester une référence en matière de démocratie. Il dispose de compétences capables de proposer et de conduire des systèmes de gestion électorale performants et adaptés. En tout état de cause, nous osons espérer que le gouvernement apportera les justifications nécessaires sur le nouveau Code électoral et les autres réformes.
PERSONNE N’EST CONTENT, J’ESPÈRE QU’ILS VONT CHANGER ÇA
Soham Wardini déplore le maintien des articles L.31 et L.32 du Code électoral qui, à l’état actuel, privent Khalifa Sall d’éligibilité
Madame le maire de Dakar s’attendait à la suppression des articles L.31 et L.32 du Code électoral qui empêchent Khalifa Sall et Karim Wade d’être candidats. Soham Wardini, qui souligne que «personne n’est content» de ce statu quo, espère que les députés qui examinent le texte lundi vont changer ces dispositions.
Soham Wardini déplore le maintien des articles L.31 et L.32 du Code électoral qui, à l’état actuel, privent Khalifa Sall d’éligibilité. Ces deux dispositions n’ont pas fait l’objet de consensus entre les acteurs du dialogue politique. «Personne n’est content sur ça. Et j’espère après, quand la commission va se réunir, ils vont changer ça», a dit Soham Wardini hier, en marge d’une visite du bâtiment de l’hôtel de Ville réhabilité.
Le projet de loi portant Code électoral, qui sera examiné en plénière lundi, plaide le statu quo. Clairement, ni Khalifa Sall ni Karim Wade, qui ont vu chacun sa candidature à la Présidentielle invalidée, ne participeront pas aux prochaines Locales pour les mêmes raisons. Mais le maire de Dakar maintient toujours le suspense sur sa candidature. Elle dit : «Je ne veux pas parler de politique. Laissons comme ça et donnez-moi un peu le temps, après je vais vous informer !»
Son camarade de Taxawu Senegaal, Barthélemy Dias, lui, a clairement affiché sa candidature à la mairie de Dakar. Mais le successeur de Khalifa Sall ne veut pas non plus parler de celui qui pourrait être son adversaire au sein de Taxawu Senegaal. «Je n’en pense rien du tout», a-t-elle dit prudente. Avant d’ajouter : «On est dans une coalition. On attend que la coalition choisisse son candidat et on travaillera ensemble.»
Cette langue de bois de Mme Wardini avait déjà commencé il y a un mois. «Je suis dans une coalition, Taxawu Dakar. Le moment venu, nous nous réunirons pour choisir le candidat de cette coalition. Peu importe la personne qui va la diriger, cette liste nous souhaitons qu’elle soit dirigée par une femme», avait-elle lâché, à Saly, début juin, lors du séminaire de renforcement de capacités des femmes conseillères en leadership et en prise de parole en public, à l’initiative de la Ville de Dakar et du Réseau international des femmes de Metropolis/antenne de Dakar (Rifad). Et elle ne cracherait pas sur un nouveau mandat. «Mais si je suis choisie, je suis prête à être la candidate de cette coalition pour la conquête de la mairie», avaitelle ajouté.