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22 septembre 2025
par Frédéric Atayodi
MAGADASCAR ET LA TISANE ANTI-COVID, L’ESPOIR BRISÉ
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Le Covid Organics était devenu beaucoup moins une affaire de médecins-spécialistes que de politiciens. L’euphorie a été éphémère. Les autres peuples du monde peuvent-ils prendre les Africains au sérieux ?
#SilenceDuTemps - Lorsqu’en 2020, la planète tout entière était dans la tourmente, éprouvée par la Covid-19, frappée de plein fouet par cette pandémie inédite, Madagascar nous avait donné à espérer. La Grande Île a bluffé un tant soit peu le monde avant que l’affaire ne se révèle être un fiasco. La plante médicinale, artemisia annua, connu pour ses vertus thérapeutiques, notamment dans le traitement du paludisme, était la plante star à Madagascar. Elle aurait dû faire entrer cet État est-africain dans l’histoire, du point de vue sanitaire. Andry Rajolina, le président malgache, à grand renfort médiatique, nous a vendu le « Covid Oragnics » comme remède contre le Coronavirus. Il en a fait la démonstration devant les caméras du monde entier et reçu des honneurs de ses homologies du continent. Beaucoup d’Africains, le panafricanisme en bandoulière, espéraient vivement que la réponse à la pandémie vînt de la terre mère, l’Afrique. Mais l’euphorie a été éphémère et plus personne n’en parle. L’espoir a été brisé.
Les autres peuples du monde peuvent-ils prendre les Africains au sérieux ? En avril 2020, tambour battant, le président malgache Andry Rajoelina alias TGV a fait dans la précipitation en communiquant autour d’un produit dont l’efficacité n’est pas prouvée. Il espérait peut-être en récolter quelques bénéfices politiques.
La richesse de l’Afrique en matière de plantes médicinales est une évidence. Tant le potentiel est énorme. Madagascar a voulu valoriser ce patrimoine naturel alors que le monde s’agitait dans tous les sens pour trouver un remède contre le Coronavirus. C’est alors que le président nous a sorti pompeusement une tisane qui a fait la Une des journaux et qui est censée guérir le mal. Pour une maladie nouvelle, c’était trop tôt, mais les autorités d’Antananarivo semblaient un peu trop pressées d’annoncer « leur bonne nouvelle ».
Enthousiastes, des Africains n’ont pas hésité à défendre avec hargne et vigueur le Covid Organics à telle enseigne que quand des réserves étaient émises sur la recette, les pro-Covid-Organics y voyaient soit de la méchanceté, soit de la jalousie. Lorsque les critiques émanent des Africains, ce sont des ennemis du continent. Quand elles proviennent des Occidentaux, les pro-Covid Organics y voyaient de vilains impérialistes mus par leur complexe supériorité, voire par leur mégalomanie. Pourtant, la mise au point du Covid Organics n’aurait pas respecté les différentes étapes requises sur le plan scientifique.
À Madagascar, dès avril 2020, le produit avait été distribué sur l’ensemble du terroir national, et ce, contre l’avis de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de certains médecins. En vérité, les réticences de l’OMS sont motivées par l'absence d'un essai clinique certifiant l'efficacité de l’artemisia annua (l’armoise annuelle) contre le Covid-19, aussi bien à titre préventif que curatif. Toutefois, pour ce qui est du traitement du paludisme, l’artémisia a déjà fait ses preuves.
- Jérôme Munyangui revendique la paternité de la tisane -
Dans la foulée, la paternité du Covid Organics en question fait débat et crée une polémique. En effet, le jeune chercheur congolais Jérôme Munyangui, « un insoumis de la recherche » révèle être celui qui a trouvé le protocole de traitement de la Covid-19 à base d’artemisia que vante Andry Roajolina. « Je suis à la base de la rédaction du protocole Covid-artémisia à Madagascar et partout sur le continent africain. C'est mon projet », explique-t-il dans un entretien.
Le Dr Munyangui explique qu’après avoir écrit le protocole, il l’a soumis à quelques pays africains, seul le malgache a été réactif. « Lorsque nous avions fini d’écrire les protocoles, nous sollicitions 4 millions d'euros en France. Après, nous nous sommes dit il faut qu'on le propose aux ministres de la Santé. Le premier qui a été contacté, c'est celui du Congo que je connais bien. Mais aucune réponse. Nous n’avions envoyé au Conseil scientifique, là, non plus, aucune réponse. Nous avons écrit au prix Nobel de la paix, Dr Mukwege. Il coordonne la riposte au sud Kivu. Il a approuvé le protocole, mais nous a demandé de nous rapprocher de la commission scientifique, sans résultat », a expliqué le Congolais.
De son côté, le président malgache soutient mordicus que la recette est tout droit sortie des laboratoires malgaches. Par conséquent, c’est une recette exclusivement malgache. Les médecins de la Grande Île se positionnent aussi sur le même registre que leur président. Mais dans le tiraillement entre Munyangui et les autorités d’Antananarivo, le jeune médecin a manifestement décidé de ne pas aller trop loin.
- Munyangui rentre au pays en héros -
Toujours est-il que Munyangui exilé en France depuis des années, est un spécialiste connu du traitement de paludisme sur le plan international. C’est au plus fort de cette polémique que Munynagui est rappelé en République Démocratique du Congo, son pays, par le nouveau président Étienne Tshisékédi, afin qu’il aide ses compatriotes dans la lutte contre la Covid-19.
Jérôme Munyangui a découvert le traitement du paludisme grâce à l’artemisia annua, cette plante originaire de Chine, mais de plus en plus répandue en Afrique. C’est l’efficacité de ce traitement du paludisme avec la tisane à base d’armoise annuelle qui lui a valu sa célébrité, mais surtout ses ennuis avec les autorités kinoises d’alors jusqu’à son exil en France. Manifestement, Big Pharmacie associé et l’OMS n’auraient pas apprécié la découverte de cette tisane qui porte un coup à l’industrie pharmaceutique si l’on se fie à une enquête de France 24 diffusée le 11 janvier 2019 intitulée « Malaria business : les laboratoires contre la médecine naturelle ?». Malgré les revendications de Munyangui, le TGV fonce.
- Un grand coup de comme pour rien –
Le Covid Organics était devenu beaucoup moins une affaire de médecins-spécialistes que de politiciens. Le TGV a clairement voulu soigner son image avec la tisane. De ce fait, Rajolina « imposa » un traitement inefficace à son peuple.
Tout compte fait, le temps passant, l’on s’est rendu compte que le Covid-Oragnics était un nuage de fumée parce qu’il ne guérissait pas vraiment la Covid-19. Des Malgaches succombant au Covid comme des mouches n’en pouvaient plus de cette tisane qui provoquait chez eux d’autres problèmes de santé. Alors même que Andry Rajoelina s’était déjà empressé de distribuer son produit dans certains pays africains. Il a été honoré par ses pairs avec qui il a eu des échanges sur une possible exportation du Covid Oragnics. Face à cet échec dont les Africains ne devraient pas se réjouir outre mesure, Andry Rajolina n’a pas voulu jouer franc jeu. Le gouvernement malgache a continué à cacher la vérité et à faire croire que sa recette guérissait, mais hélas !
Au vu de l’hécatombe engendrée par la pandémie, un ministre a dû alerter en catimini la communauté internationale sur le sort de Madagascar. Ce qui n’a pas plus à Andry Rajoelina, le président malgache.
Cette précipitation à rendre public un remède, qui s’est révélé être inefficace, n’est pas de nature à conférer une certaine respectabilité à la recherche en Afrique. La Grande île et son président auraient dû attendre de s’entourer de toutes les garanties avant de l’annoncer à la ville et au monde. Pour autant, les Africains ne doivent pas renoncer à la recherche sur la Covid-19. Le potentiel en termes de plantes médicinales est immense. Il revient donc à nos chercheurs de rattraper ce rendez-vous manqué de la Grande Île qui a brisé l’espoir placé en elle par les Africains, alors que les Occidentaux s’en moquaient quasiment. Quant à savoir si le Covid Organics est de Jérôme Munyangui ou des labos malgache, la question reste sans réponse. C’est parole contre parole.
Frédéric Atayodi est un journaliste diplômé du CESTI. Il a travaillé au cours des dix dernières années pour nombre d'organes de presse dont SenePlus dont il a été le rédacteur en chef pendant plusieurs années. Il a été également chargé de projet au cabinet de communication Nexus Groupe.
par l'éditorialiste de seneplus, bacary domingo mané
LE MOUTON TERRORISTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec ses cornes qui privent les pères de famille du sommeil du juste. La nouvelle loi sur le terrorisme a donné des idées aux gorgorlou* qui ont intenté une action en justice contre le ruminant, la star de l'Aïd el-Kebir
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 13/07/2021
Ce texte écrit sous le mode de la fiction est une critique contre notre société. La fête de L’Aïd el-Kebir ou Tabaski n’est qu’un prétexte pour dénoncer ces comportements aux antipodes des pratiques religieuses.
Exit le mouton covidé 2020. Voici celui de 2021, le mouton « terroriste ». Avec ses cornes qui privent les pères de famille du sommeil du juste. La nouvelle loi sur le terrorisme a donné des idées aux gorgorlou* qui ont intenté une action en justice contre le ruminant, la star de l'Aïd el-Kebir. À la barre du Tribunal de Grande Instance de Dakar, la partie civile a reçu le soutien de tous les bons avocats de barreau. Tous ont décliné la demande de défense du mouton « terroriste ».
Seule la robe noire médiatique, celle qui a transformé les colonnes des journaux, les plateaux télé et studio de radio, en prétoire, s’est constituée pour assurer sa défense. Celle d’une bête qui a fini de semer la terreur dans les foyers touchés de plein fouet par les dégâts collatéraux d’une Covid qui continue sa balade mortuaire à travers les villes et campagnes de la planète terre.
À la barre, la partie civile accuse la star de l’Aïd d’avoir transformé sa vie en enfer, à cause du regard persécuteur du voisin qui vient perturber son univers. Un regard pesant, oblique et malicieux portant « en creux » la tyrannie d’une société de consommation où tout repose sur l’artefact. Une société qui creuse les disparités et crée un faux nivellement par le haut, donnant aux pauvres l’illusion de vivre dans le monde des riches, le temps d’une fête où l’on dépense sans compter. Nous sommes de plain-pied dans le règne de l’apparence.
Victimes du délire de persécution, ces pères de famille souffrent de maux de tête, accompagnés de crise de nerfs. Dans le brouillard des hallucinations, les « persécutés » voient des moutons partout : du balcon, de la chambre à coucher, du salon, des toilettes, de l’atelier, du bureau, de la terrasse de leur maison…Des moutons imaginaires qui ne peuvent, hélas, donner le sourire aux enfants, encore moins à une épouse qui souffre…dramatiquement, elle aussi, du regard persécuteur de la voisine.
À cause du mouton « terroriste », ces pauvres pères de famille sont aussi persécutés chez eux. Épouses et progéniture ont fini de les isoler dans leur propre domicile. Elles parlent du chef de famille à la troisième personne du singulier, sous le manteau du voisin dont le regard « accusateur » distribue les mauvais points. Un voisin qui verse dans l’ostentation en « exhibant » tel un trophée, un mouton « orné » de colliers ou de gris-gris de circonstance et attaché devant la porte de la maison. Le sommet du m’as-tu-vu, de la vanité !
Ces pères de famille ont fini par craquer en s’endettant pour les beaux yeux d’une société « complice et conspirationniste ». Le regard espiègle du voisin a créé un drame intérieur chez le chef de famille envahi par l’angoisse du paiement de dettes. Pour toutes ces raisons, les avocats de la partie civile ont demandé au juge la perpétuité.
Le groupe Woodside Sénégal, en tant qu’opérateur et son partenaire, la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen), dans la joint-venture Rufisque offshore Sangomar offshore et Sangomar deep offshore (Rssd), annoncent dans un communiqué, le démarrage, cette semaine, de la campagne de forage des puits de la Phase 1 du développement du champ pétrolier Sangomar, situé au large des côtes sénégalaises.
Après la signature officielle de l’Accord Etat-hôte ainsi que celle de la décision finale d’investissement, l’heure est maintenant à l’exécution de la phase 1 du Projet Sangomar. En effet, la campagne de forage des puits du champ pétrolier démarre cette semaine. C’est du moins ce qu’ont annoncé hier, le groupe Woodside Sénégal, en tant qu’opérateur et son partenaire, la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen), dans la joint-venture Rufisque offshore Sangomar offshore et Sangomar deep offshore (Rssd), dans un communiqué. «Nous sommes heureux d’annoncer le lancement de cette campagne qui représente une étape importante dans le développement de l’industrie pétrolière au Sénégal.
La joint-venture Rssd a pris la décision finale d’investissement en janvier 2020 et continue depuis, de travailler au développement des ressources de classe mondiale du champ Sangomar. Avec le démarrage de la campagne de forage des 23 puits de développement, nous restons sur la bonne voie pour produire le premier baril de pétrole en 2023», a déclaré Mme Meg O’Neill, Pdg par intérim de Woodside, citée dans le document.
Le forage des puits, note le communiqué, «sera effectué par deux navires de forage : l’Ocean BlackRhino et l’Ocean BlackHawk. L’Ocean BlackRhino est arrivé le 8 juillet 2021 dans les eaux sénégalaises et l’Ocean BlackHawk arrivera à la mi-2022. Une flotte de trois navires de ravitaillement et de trois hélicoptères supportera les navires de forage en assurant le transport des matériaux, équipements et personnel nécessaires à la campagne.
Les navires de ravitaillement opéreront à partir de la base logistique de la société Senegal supply base (Ssb) située au Mole 1 du Port autonome de Dakar (Pad)». Les 23 puits seront reliés par un réseau de systèmes sousmarins progressivement installés sur le champ entre 2021 et 2023.
Lors de la signature de la décision finale d’investissement, les autorités avaient annoncé l’arrivée du Fpso, c’est-à-dire du navire spécialement conçu pour le traitement des hydrocarbures et le stockage du pétrole, au large des côtes sénégalaises pour 2022, permettant ainsi le début de la phase de mise en service pour un début de production en début 2023.
Situé à 100 km au large des côtes sénégalaises dans les blocs de Rufisque offshore, Sangomar offshore et Sangomar offshore profond, ce champ pétrolier produira dans sa première phase, selon les experts, «un total de 230 millions de barils avec une production journalière estimée à 100 000 barils par jour».
HOPITAL PRINCIPAL, SIT-IN ET PORT DE BRASSARDS ROUGES
Primes et avances Tabaski divisent la direction et des syndicalistes
Peu satisfait de la gestion de l’Acp (Agent comptable particulier), le Syndicat des travailleurs civils de l’hôpital Principal de Dakar sera en sit-in ce matin devant l’établissement sanitaire. Mais l’Agent comptable, dont l’affectation est réclamée, a reçu le soutien du général Mame Thierno Dieng, Directeur général de l’hôpital
A l’heure de l’offensive de la 3ème vague du Covid-19, c’est un autre mal qui secoue l’Hôpital Principal de Dakar (Hpd). En effet, le Syndicat des travailleurs civils (Stc-Hpd) réclame le départ de l’Agent comptable particulier (Acp). Le Secrétaire général, Abdoulaye Thiaw, et ses camarades seront en sit-in devant l’hôpital ce matin de 8h à 10h avec le port de brassards rouges. Hier, dans une lettre adressée au directeur de l’hôpital Principal de Dakar, les syndicalistes ont exposé l’objet de leur courroux. Selon eux, depuis qu’il est affecté à l’Hpd, l’Acp n’apporte pas de solutions. L’agent comptable est plutôt considéré comme un «facteur de blocage» au rayonnement de l’hôpital et à l’épanouissement du personnel.
Le Stc-Hpd rappelle que lors de la première vague du Covid19, l’Acp a payé pendant 6 mois les primes par virement bancaire alors que la «loi sur la bancarisation dit qu’on peut payer en espèces». Les syndicalistes déplorent que l’Acp paie en espèces 90 de leurs camarades alors que ces derniers voulaient un règlement par chèque sur une valeur globale de 13 500 francs Cfa concernant les avances pour la Tabaski. Pour toutes ces raisons, Abdoulaye Thiaw et Cie réclament l’affectation de l’Acp.
Dans un courrier dressé par les collaborateurs du général Mame Thierno Dieng, les arguments des syndicalistes ont été balayés d’un revers de main. «Pour les avances de Tabaski, ils veulent percevoir par une voie autre que le virement bancaire parce qu’ils ont des engagements bancaires auxquels ils veulent se soustraire. Ce à quoi, l’hôpital ne peut être complice. D’ailleurs, l’intégralité des avances de Tabaski a été virée depuis 1 semaine», répliquent-ils. Joint par téléphone, Abdoulaye Thiaw a indiqué que les primes de motivation Covid-19 ne sont pas payées depuis 6 mois par le ministère de la Santé pour ses membres qui sont dans les Centres de traitement épidémiologique (Cte). Sur ce point, la direction de l’hôpital répond qu’«en effet tous les agents travaillant dans tous les sites de prise en charge des malades Covid-19 ont contractualisé, non pas avec les hôpitaux, mais bien avec le ministre» de la Santé. Fondamentalement, toutes leurs «revendications ont une finalité pécuniaire», soulignent les services de Mame Thierno Dieng.
Général Dieng : «Je m’opposerai à leur logique d’installer une gouvernance syndicale»
«Ils cherchent, comme c’est le cas dans les hôpitaux civils, à installer une gouvernance syndicale qui aboutirait à consacrer l’essentiel des ressources à des paiements démesurés parce que les administrations se sont mises dans une logique de privilégier la préservation de la paix sociale au détriment de la bonne marche de l’hôpital», charge le directeur de l’Hpd.
Selon ses services, les syndicalistes profitent des fins de mois pour «faire monter la surenchère et veulent qu’on leur laisse ce qu’ils ont appelé «cadeau du général»». La direction de l’Hpd est convaincue que c’est l’installation d’une gouvernance syndicale qui a mis à genoux tous les hôpitaux civils. «C’est sous une très forte pression syndicale que les ressources financières de ces hôpitaux ne servent plus à soigner des malades mais à payer des salaires et des primes démesurées et totalement illégitimes», regrette pour sa part le général Mame Thierno Dieng, directeur de l’hôpital Principal. L’ancien ministre de l’Environnement informe qu’à l’Hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff, «la totalité des recettes issues de ce que les malades paient pour être soignés, est insuffisante pour payer les salaires et les primes !!!» Le médecin-chef de Hpd de conclure : «Nos syndicalistes sont dans une logique d’installer une gouvernance syndicale. Je m’y opposerai par tous les moyens.»
Par Hamidou ANNE
HAÏTI, L’AINÉE ABANDONNÉE DE L’AFRIQUE
Que le Sénégal reste silencieux sur Haïti est symptomatique d’un pays qui ignore son histoire, déprécie son rang, préférant les querelles politiciennes aux enjeux de son époque. Que s’est-il passé pour que nous oubliions une part de nous-mêmes ?
A l’Ena, j’avais défendu Toussaint Louverture comme nom de ma promotion. Haïti venait de vivre une tragédie effroyable et il fallait rappeler la trajectoire de ce pays, à l’orée d’une décennie où la quête de dignité au sein de la jeunesse africaine revenait sans cesse sur le continent et au sein de la Diaspora. Je continue à penser que le héros de l’indépendance de la «Perle des Antilles» constitue une source inépuisable pour ceux qui veulent bâtir une Afrique forte et libre.
Ma rencontre, des années après, avec des écrivains et poètes haïtiens autour de l’ami Rodney Saint-Eloi et la puissance que propulse leur plume m’ont convaincu de ce feu sacré qui habite Haïti et dont il faut s’inspirer. Il y a deux siècles, une révolution d’anciens esclaves a abouti à la proclamation de la première république noire. Toussaint Louverture, mort en captivité, dans la faim et le froid, est une boussole pour de millions d’individus qui ont pris, un siècle et demi plus tard, leur destin en main afin d’arracher la dignité que confère la liberté. Depuis la déclaration d’indépendance de Jean-Jacques Dessalines en 1804, la suite de la vie d’Haïti est une succession de tragédies. En 1825, en échange de la reconnaissance d’Haïti, Charles X a imposé à Jean-Jacques Boyer une indemnité de dédommagement de 150 millions de francs or. Cette dette illégitime, qui courra jusqu’en 1952, a une responsabilité dans la situation actuelle de l’île qui git dans la pauvreté économique. Haïti a ensuite vite sombré dans les rivalités politiques et les nombreux conflits internes.
Au 20ème siècle, la sanglante dictature des Duvalier (1957-1986), les milices appelées «Tontons macoutes», la corruption, la persistance des coups d’Etat, entre autres, compromettent la trajectoire du pays et hypothèquent son avenir. L’Etat haïtien s’effondre. Cette absence d’Etat est la principale cause de la situation du pays, actuellement aux mains de gangs qui, entre enlèvements, trafics de drogue et crimes crapuleux, imposent la terreur et prennent en otage des millions de gens. Au climat politique s’ajoutent les catastrophes naturelles comme le séisme de 2010 dont le bilan, selon l’Onu, est de 3 millions de personnes touchées, 200 000 morts, 300 000 blessées et 1,5 million de sans-abris.
L’assassinat, le 7 juillet, de Jovenel Moïse et la confusion institutionnelle qui a suivi rappellent la profondeur du drame haïtien. Mais il faut lire Haïti au-delà de ses douleurs. L’île est notre grande sœur ; elle a ouvert la voie de la dignité dans la souveraineté que nous avons ensuite empruntée. Elle a défriché le chemin de l’espérance pour les peuples réduits à l’asservissement, dans la foulée des révolutions américaine et française. Deux moments de ferveur cités souvent en omettant la révolution haïtienne, menée par ceux-là qui étaient encore réduits au statut d’esclaves. Dans le Cahier d’un retour au pays natal, Césaire parle d’Haïti comme «là où la Négritude s’est mise debout pour la première fois et dit qu’elle croyait à son humanité». Son compagnon, Senghor, après sa visite à Port-au-Prince en 1979, certifie que les Haïtiens «sont plus nègres que nous. Nous, nous avons conservé la forme ; eux, ont gardé la substance». Que s’est-il passé pour que nous oubliions une part de nous-mêmes ?
La situation en Haïti est survolée dans les capitales africaines ; elle n’inspire aucun communiqué de l’Ua. Que le Sénégal reste silencieux sur Haïti est symptomatique d’un pays qui ignore son histoire, déprécie son rang et s’enferme sur lui-même, préférant les querelles politiciennes aux enjeux majeurs de son époque. A l’aube de l’indépendance, nous avons été un lieu fortifié, un havre de paix pour les oppressés ailleurs, leur offrant la chaleur de notre Teranga. Senghor avait accordé l’asile politique au couple Lemoine, à l’issue du Fesman en 1966. En 2010, Abdoulaye Wade, qui ne prenait pas que des décisions heureuses, a accueilli 160 étudiants haïtiens au Sénégal Nous ne devons pas oublier Haïti car, comme le disait à la tribune de l’Ua en 2014, l’ancien Premier ministre Laurent Salvador Lamothe, «Haïti, c’est l’Afrique dans la Caraïbe».
J’invite nos autorités à lire la tribune du jeune auteur haïtien, Jean d’Amérique, dont les mots doivent résonner chez chaque africain : «Etre haïtien, c’est attendre sa balle. C’est attendre la balle qui vous dévorera le souffle, où que vous soyez dans le pays. Etre haïtien, c’est presser le pas vers l’au-delà. Etre haïtien, c’est pleurer, c’est crier. Mais depuis le temps que ça saigne. Mais depuis le temps que ça pleure. Depuis le temps que ça crie… Il faut croire que le sang ne suffit pas.» Je les invite aussi à se replonger dans les écrits du vieux poète Frankétienne, qui pointe «la fragilité de [son] île, cœur de porcelaine, âme de faïence, corps chaotique», pour mesurer l’inextricable destin qui nous lie à Haïti. Car Haïti, c’est l’Afrique ailleurs
INSCRIPTION DE KARIM WADE SUR LES LISTES ELECTORALES
Les députés de l’opposition se veulent formels. Pour eux, le projet de loi portant Code électoral trahit non seulement l’esprit consensuel du dialogue politique, mais aussi il est anticonstitutionnel dans le sens où il exclut de sérieux adversaires politiques du Président Macky Sall comme Karim Wade. Une thèse que démontent les membres de la majorité parlementaire estiment que les articles L29 et L30 n’ont connu aucune évolution
Hier, lors de plénière sur l’examen du Code électoral, l’on a assisté à une confrontation entre la majorité parlementaire et les députés de l’opposition. A un certain moment des débats, les mots ont volé très bas entre les deux camps. C’est le président du Groupe parlementaire Liberté et Démocratie, Serigne Cheikh Mbacké, qui a ouvert les hostilités. Juste après la lecture du rapport de la commission, le député libéral, dénonçant un simulacre de dialogue, a introduit une question préjudicielle afin de demander le renvoi du projet de loi en commission. Car, il estime que certaines dispositions de ce Code électoral notamment les articles L29 et L30 sont contraires à la démocratie. “ Je demande le renvoi de ce projet portant code électoral au niveau de la commission des lois parce qu’il est dangereux. Parce qu’à y regarder de très près, tous les Sénégalais sont en sursis. Le régime peut à tout moment empêcher un citoyen de participer à une élection. Car la loi dit : ne doivent pas être inscrits sur les listes électorales, les individus condamnés pour crime, ceux condamnés à une peine d’emprisonnement sans sursis ou à une peine d’emprisonnement avec sursis d’une durée supérieure à un mois assorti ou non d’une amende pour l’un des délits suivants : vol, escroquerie, abus de confiance, trafic de stupéfiant, détournement, corruption et trafic d’influence, contrefaçon et en général pour l’un des délits supérieurs à 5 ans d’emprisonnement. Cela concerne tous les Sénégalais. Tous les Sénégalais doivent se mettre debout pour combattre cette dangereuse loi », martèle-til ajoutant que le régime actuel est en train de programmer son éternisation au pouvoir par ce Code électoral.
Pour la députée libérale, Woré Sarr, les tenants du pouvoir ont monté de toutes pièces le dossier de supposés biens mal acquis pour liquider le fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade. «Alors que des voleurs circulent comme le député multiplicateur de billets de banque, personne n’acceptera la tenue d’une élection au Sénégal sans Karim Wade ou Khalifa Sall. Qui est Macky Sall pour qu’il ne trouve pas d’opposants sur son chemin? Pourquoi cette méchanceté à l’encontre du Président AbdoulayeWade avec ses 96 ans et qui n’a qu’un seul fils ? », tonne la responsable libérale avant de rappeler : «Seul le pouvoir divin est éternel».
Un brin provocatrice, Woré Sarr a lancé des piques au ministre de l’Intérieur ; Antoine Félix Diom, qu’elle considère comme l’artisan de la campagne de liquidation de Karim Wade. Beaucoup plus tranché, Toussaint Manga est convaincu que la confrontation aura bel et bien lieu si le pouvoir persiste à vouloir éliminer des adversaires. “ Quelle que soit la situation politique, le peuple sénégalais est aujourd’hui déterminé à laver l’affront. Si le président de la République ne prend pas conscience qu’en 2024, il ne peut pas aller à des élections sans Karim Wade, Khalifa Sall et les autres opposants, le peuple le réglera à sa manière et avec les voies et moyens que la Constitution lui confère. Il n’y aura pas de présidentielle en 2024 sans ces candidats », tonne l’ancien responsable de l’Ujtl.
ANTOINE FELIX DIOME : «CE N’EST PAS DE MON RESSORT DE PRECISER SI UN CITOYEN EST AUTORISE OU PAS A ETRE CANDIDAT…»
La question autour de l’inscription de Karim Wade sur les listes électorales a fait l’objet de vifs débats en commission. Et selon le ministre de l’Intérieur venu défendre le texte, l’article L29 n’a pas connu d’évolution. Répondant à la question préjudicielle du président du groupe parlementaire Liberté et Démocratie, la présidente de la Commission des Lois, Dieh Mandiaye Ba a déclaré : «Ces articles étaient écrits comme tel depuis le Code électoral consensuel de 1992. Ce sont uniquement les innovations apportées dans le Code électoral qui ontfait que ces articles ont connu des modifications de numéro». Rapporteur de la commission des lois, Yéya Diallo trouve insensé le débat soulevé par l’opposition. «Ce qui est nouveau, c’est que cette disposition du code électoral touche Karim Wade. Il n’est pas plus Sénégalais que tout le monde. Ces articles sont restés inchangés et c’était comme cela de 2000 à 2012. C’est parce que les articles touchent Karim Wade que l’opposition fait du bruit. Pourquoi l’opposition ne plaide pas pour ces autres citoyens frappés par cette disposition du code électoral? C’est de la manipulation et de la diversion, mais cela ne passera pas. Quiconque escroque et détourne des fonds, la loi va s’appliquer sur lui», clame Yéya Diallo. Interpellé sur cette question en commission, le ministre de l’intérieur, Antoine Félix Diome, a indiqué qu’il n’est pas de son ressort de préciser si un citoyen est autorisé ou pas à être candidat ou à s’inscrire sur les listes électorales. «Il appartient aux services compétents et aux personnels dédiés, prévus par le Code électoral, de recevoir et d’apprécier les candidatures et ou les inscriptions des citoyens. Ce n’est ni par décret ni par arrêté que ces questions peuvent être réglées», affirme le ministre Antoine Félix Diome.
AVEC CAMPUS FRANCO-SENEGALAIS, OBTENIR UN DIPLOME FRANÇAIS A DAKAR
Le Campus franco-sénégalais (CFS) redynamise la coopération de l’enseignement supérieur entre Dakar et Paris.
La coopération bilatérale entre Paris et Dakar, dans le cadre de l’enseignement supérieur, est renforcée par l’opérationnalisation du campus franco-sénégalais qui offre des formations diplômantes. Ce campus constitue également une opportunité de formation sans quitter le Sénégal, ce qui permet d’éviter la fuite des cerveaux et le manque d’emploi lié à l’inadéquation entre formation et offre d’emploi.
Le Campus franco-sénégalais (CFS) redynamise la coopération de l’enseignement supérieur entre Dakar et Paris. En effet, après la nomination du directeur général en la personne du Pr Serigne Maguèye Guèye, c’était au tour du Président du Conseil d’Administration (Pca) du CFS, Pr Jean Peeters et son équipe d’être installés par le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche Scientifique et de l’Innovation.
Selon Cheikh Oumar Hanne, ce campus offre des formations innovantes aux étudiants pour qu’ils trouvent un emploi ou créent leur entreprise au Sénégal afin de lutter contre la «fuite des cerveaux». Il permet dans la foulée l’accès à un diplôme français, en étudiant au Sénégal, avec des formations conçues pour répondre aux besoins en compétences au Sénégal. Une manière d’harmoniser l’offre d’emploi et la demande. Cette approche, souligne le ministre, est basée sur des délocalisations de formations supérieures françaises au Sénégal, «des doubles diplomations, des co-diplomations, ainsi que des parcours de formation innovants co-construits, ou assemblant des modules dans une approche pluridisciplinaire, voire transdisciplinaire, ou encore des projets de recherche, en particulier dans les domaines de la formation de formateurs et de l’innovation pédagogique».
En effet, le CFS ouvre la voie à des étudiants sénégalais, qui n’auraient pas les moyens financiers de suivre leurs études à l’étranger, d’accéder à certaines formations. «Pour ce faire, un dispositif de bourses d’excellence ou d’exonération (ou modération) des droits de scolarité sera mis en place, afin de permettre aux étudiants disposant de moyens modestes d’accéder à ces formations», renseigne Cheikh Oumar Hanne.
L’AMBASSADEUR PHILLIPE LALLIOT : «IL Y A TROIS CHOSES IMPORTANTES A RETENIR… »
Lors de la rencontre, l’ambassadeur de France au Sénégal, Philippe Lalliot, a indiqué qu’il existe trois choses importantes à retenir. C’est notamment le fait que le projet soit porté par les Présidents Emmanuel Macron et Macky Sall, qu’il soit égalitaire de par le partage des responsabilités et autres formations proposées. Enfin, il y a la vision tournée vers l’avenir des jeunes qui auront ainsi des compétences leur permettant de décrocher un emploi. Le diplomate français recommande par ailleurs à l’administration du campus une stratégie de positionnement mettant l’accent sur la communication. «Il faut qu’on communique de manière plus agressive sur le campus franco-sénégalais. Il faut aussi travailler à multiplier le partenariat avec les entreprises et le secteur privé. Car le CFS n’est plus un projet ni une ambition, mais une réalité.»
Depuis la mise en place du CFS (2019-2020), 12 formations ont démarré, avec des établissements d’enseignement supérieur français et sénégalais. Et plus de 300 étudiants ont débuté leurs cursus dans 10 formations, notamment dans les domaines de l’agronomie, du numérique et de l’ingénierie. A terme, une trentaine de formations, portées conjointement par des établissements et acteurs sénégalais et français, sont prévues pour la prochaine rentrée.
GALERE DES USAGERS DU TRANSPORT
La grève de 48h des chauffeurs et receveurs des bus Tata est passée par là.
Les chauffeurs et receveurs affiliés à l’Association de Financement du Transport Urbain (Aftu) sont très remontés contre les autorités gouvernementales qu’ils accusent d’avoir violé les accords qu’elles avaient signés avec eux. Par conséquent, ils ont déclenché hier une grève de 48 heures dans la région de Dakar. Ce mouvement d’humeur a plongé dans le désarroi les populations de la capitale.
Lundi 12 juillet 2021. Il est 8h dans la capitale. Au niveau des arrêts situés sur l’axe Fass-Mbao, Sicap-Mbao et Bountou Pikine jusqu’à Colobane, se trouve un monde fou. Hommes, femmes, jeunes…guettent un hypothétique véhicule de transport en commun pour vaquer à leurs occupations. Ce qui se révèle toutefois fastidieux pour ne pas dire impossible.
La grève des chauffeurs et receveurs des bus Tata est passée par là. Mais il faut préciser que beaucoup de Dakarois n’étaient pas informés au préalable de ce mouvement d’humeur. C’est le cas du jeune homme Mohamed, étudiant à la faculté de Médecine à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui doit passer un examen. «Je n’étais pas au courant de la grève. Je suis là depuis 6 heures et ne parviens pas à trouver un véhicule pour me rendre à l’Ucad. Les bus de Dakar Dem Dikk sont tellement bondés qu’il faut se bousculer pour monter, je n’ai pas le choix car je ne peux pas rater mon examen», se désole-t-il.
Rencontrée à l’arrêt de Diamaguène, une jeune dame du nom d’Ourèye Kane pense que les chauffeurs et les receveurs devaient penser d’abord aux populations avant d’observer une grève. «J’ai fait deux heures de temps à attendre la ligne 64 qui doit m’amener à Diamniadio, mais je n’ai même pas vu un bus passer ; c’est très difficile pour nous. Je dois aller au travail et je suis très en retard», tonne-t-elle.
Les Sénégalais qui n’ont pas leurs propres véhicules ont souffert hier à cause de la grève, mais aussi de la cherté du prix des taxis qui sont passés du simple au triple. Tabara Ndiaye qui doit emprunter la ligne 58 a été obligée de négocier un taxi pour aller à son rendez-vous médical à Abass Ndao.
Hélant un taxi, elle lui demande le prix entre Bountou Pikine et Abass Ndao. Et le chauffeur lui réclame la somme de 7000 francs. «Je ne peux pas payer cette somme, ce n’est pas sérieux d’augmenter les prix à ce point. Je vais retourner à la maison», se résigne-t-elle. Trouvé à l’arrêt Poste Thiaroye, guettant l’arrivée d’un bus, Pape Thierno pense que les grévistes devaient attendre l’après-tabaski. «A quelques jours de la fête, les gens ont beaucoup de choses à régler, donc ce n’est pas le moment d’aller en grève. Le gouvernement aussi doit régler cette situation. Ce n’est pas normal que des gens travaillent sans contrat et dans de mauvaises conditions en plus», soutient-il.
A l’en croire, les bus sont très utiles, car ils desservent des endroits très reculés. L’Etat mais aussi et surtout leurs employeurs doivent les respecter. Responsable de la ligne 63 à Rufisque, Mme Samb est revenue sur les causes de la grève. Lorsque des bus font des courses-poursuites sur la route, affirme-t-elle, c’est parce qu’on leur a promis des primes. «Si vous avez trois allers et retours, on vous donne une prime de 5000 francs qui ne peut rien régler. Nous voulons des contrats et des versements à l’Ipres. Si nous n’obtenons pas gain de cause, nous allons étendre la grève dans les régions. Nous avions signé un protocole pour la régularisation des agents avant la pandémie et depuis lors, la situation n’a pas évolué», affirme Mme Samb.
ANTOINE DIOME SERMONNE L’OPPOSITION
Accusations contre Macky Sall de vouloir éliminer des adversaires politiques par le biais du code électoral
Le projet de loi portant modification du code électoral a été adopté hier. Une occasion pour le ministre de l’intérieur de répondre aux opposants qui accusent le Président Macky Sall de vouloir éliminer des adversaires politiques par le biais de cette démarche.
Les accusations selon lesquelles le Président Macky Sall a profité du dialogue politique pour rouler dans la farine l’opposition toute entière en maintenant les articles du code électoral qui éliminent les opposants Khalifa Sall et Karim Wade pour la prochaine présidentielle sont infondées et un tel débat ne mérite pas d’être posé. C’est ce qu’a semblé dire le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, répondant aux députés de l’opposition hier lors de l’examen du projet de loi sur la modification du code électoral à l’Assemblée nationale.
Un projet de loi qui a été adopté à 96 voix pour, 5 voix contre et zéro abstention. « Les articles L30 et L31 du code électoral devenu dans le projet les articles L29 et L30 n’ont pas connu d’évolution depuis 1992. On a voulu faire croire qu’il y a l’introduction d’une nouvelle disposition affectant un mois de sursis ou une nouvelle condamnation. Mais c’est comme si on parlait d’un autre texte. En tout cas pour le texte qui est soumis à votre examen, aujourd’hui, il n’y a pas de modification. Ce sont les mêmes dispositions qui existent depuis 1992 », a précisé le premier flic du Sénégal.
Considérant que les opposants qui accusent le chef de l’Etat de profiter du nouveau code électoral pour éliminer des adversaires politiques sont de mauvaise foi, Antoine Diome enchaine : «La dernière compréhension qu’il faut en avoir, c’est qu’en l’état, ils n’ont pas changé. J’ai vu, j’ai entendu et bien compris les préoccupations de certains en essayant de créer un lien entre ces articles et certaines personnes mais nous ne saurions limiter le débat à une question de personnes. Nous restons sur les principes. Que ce soit moi ou d’autres personnes, même quand il peut y avoir çà et là des interpellations que nous pouvons bien comprendre, il faut s’élever au rang des principes. Un débat n’est utile que lorsqu’il s’élève au rang des principes. Et ça, je sais bien qu’un auteur l’avait opportunément qualifié de grandes querelles. Il faut y aller pour discuter des questions de grandes querelles et laisser les basses et petites querelles de côté ».
Répondant ainsi aux opposants qui qualifient le dialogue politique de farce, le ministre de l’Intérieur leur fait un petit rappel historique. « Quand on a entendu les différents orateurs ou en tout cas certains d’entre eux défiler ici, on a eu l’impression que l’histoire n’est pas la même telle que nous l’avons vécue ou telle que nous l’avons suivie. Et il importe pour la circonstance au moins de rétablir historiquement ce qui s’est passé par rapport au projet soumis à l’examen de la représentation nationale. Çà était rappelé dans le rapport lu tout à fait en début de séance. C’est au mois de mai 2019, dès après son investiture, que son excellence M. le président de la République Macky Sall a estimé devoir convier à un dialogue l’ensemble des acteurs politiques. Dans ce cadre, il a été mis en place une commission politique qui en réalité a été la transformation du cadre de concertation traditionnellement établie dans le cadre du ministère de l’Intérieur, avant et après chaque élection générale.
Dans cette commission, il y a les représentants de la majorité, les représentants de l’opposition, les non-alignés, les représentants des organes de contrôle mais aussi de régulation que sont le CNRA et la CENA. Enfin, nous avons eu les acteurs de la société civile. Et l’administration centrale du ministère de l’Intérieur n’a pas non plus fait défaut. Elle était représentée par la direction générale des élections mais aussi par la direction de l’automatisation du fichier », a-t-il rappelé. Points d’accord et de désaccord Antoine Diome ajoute : « voilà les composantes de la commission politique du dialogue national où on notait 80 membres. Ces 80 membres ont eu à tenir 126 réunions sur 20 mois de travaux effectifs.
Et à la fin de ces 126 rencontres, pour matérialiser les points d’accord issus de ces différentes réunions, un séminaire résidentiel a été organisé du 28 juin au 3 juillet. A la fin de ce séminaire résidentiel, tous pôles confondus, majorité, opposition comme non-alignés sont tombés d’accord sur le contenu et la rédaction de 65 articles.
Sur 356 articles du code électoral, 65 articles ont fait l’objet d’un consensus aussi bien dans la rédaction que dans le contenu ». Maintenant, regrette le ministre, il y a eu des points de désaccord et ces points de désaccord ont plus fait l’objet d’attention et d’explication au cours de la séance, laissant ainsi de côté les innovations majeures qui sont autant d’avancées significatives dans le renforcement de la démocratie sénégalaise. « Je voudrai bien ici les rappeler à l’attention de ceux nous suivent mais à l’attention également de la représentation nationale. Des demandes ont été formulées émanant de l’opposition ou de la majorité mais principalement de l’opposition et concernant les points suivants. Elles ont fait l’objet de consensus et actées dans différents articles, réécrits, réaménagés du projet qui vous a été présenté. Il s’agit d’abord avant tout, de l’élection au suffrage universel direct des maires de communes, de villes et des conseils départementaux. Il s’agit également de l’harmonisation des pourcentages de la répartition des sièges des élections départementales avec les élections municipales.
Désormais, pour tous ces types d’élections, nous avons 45% des conseillers issus des scrutins de listes majoritaires alors que les 55% sont issus des scrutins de listes proportionnelles », soutient Antoine Félix Diome. Pour lui, il s’agit aussi de la restauration de la liste proportionnelle de ville abandonnée en 2014, de l’élection de la tête de liste proportionnelle comme maire de la ville, de la clarification de la notion de radiation ainsi que les procédures subséquentes de sa mise en œuvre, de la rationalisation du système de vote hors bureau originel. Un autre point très important, selon lui, est l’amélioration des conditions de participation des personnes handicapées au processus électoral.
Poursuivant, le ministre de l’Intérieur indique : « l’article 86 ancien du code électoral qui semblait être confus parce que mettant en présence différents acteurs intervenant à des moments différents de notre processus électoral a fait l’objet d’un éclatement mais d’une récriture consensuelle quant au différentes étapes de l’organisation du bureau, du déroulement du vote, de la transmission des procès vernaux jusqu’au recensement au niveau des commissions départementales de recensement des votes. Et pour terminer, il y a eu les dispositions transitoires et finales qui concernent le report des élections des hauts conseillers territoriaux, dont le mandat en cours devrait prendre fin le 30 novembre prochain.
Et enfin, la réédition des cartes d’électeur concernée, le nouveau redécoupage administratif qui a vu la naissance du département de Keur Massar, avec les trois arrondissements que sont Yeumbeul, Malika et Diakhaye. Voilà les innovations majeures que nous avons enregistrées dans le cadre de ce nouveau code ». « Les points de désaccord n’ont pas été intégrés parce que la méthodologie qui a été retenue depuis le départ a été de recueillir tout ce qui est points consensuels aussi bien dans le contenu que dans la rédaction. Et l’administration, je dois le rappeler, n’a joué que le rôle de secrétariat dans cette affaire. Mais. on semble là-aussi l’avoir oublié. Il est donc utile de rappeler ce qui s’est passé de la manière dont elle s’est passée et quelles sont les différentes séquences temporelles qui ont enregistré ces différentes étapes de notre processus ayant abouti à la soumission de l’actuel projet» a-t-il expliqué.
REACTIONS...
YAYE MANE ALBIS, DEPUTE DE BOKK GIS-GIS : «J’appelle le Président à rouvrir les débats sur les points de désaccords»
«Le code électoral, qui a été revu, est au-dessus de tout homme politique, c’est pourquoi, il faut trouver un consensus fort. Aujourd’hui, il y a 25 points qui ont fait l’objet d’accord, mais je veux que l’on pose le débat sur les 5 autres points restés sans accord. Je demande solennellement au président de la République de rouvrir les débats sur ces 5 points restés en l’état, faute d’accord. D’autant que le Président Abdou Diouf a marqué le pays de son empreinte en mettant en place un code consensuel. Donc, le Président Macky Sall ne doit pas être en reste, il doit pouvoir marquer ses empreintes. Le Sénégal a besoin de stabilité. Il faudra que nous, acteurs politiques, changions notre communication. L’intérêt général qui prime sur tout, c’est le Sénégal. Il faut qu’on continue de dialoguer. Ce n’est que dans le dialogue permanent que le Sénégal trouvera la stabilité».
ABOUBACRY THIAW, DEPUTE NON-INSCRIT : «Même dans le Coran, il y a des versets abrogés»
«Dans une démocratie, les réformes doivent être consolidantes et non déconsolidantes. Dire que le Code électoral est consensuel, c’est raconter des choses inutiles. Des points d’achoppements ont été soulevés par l’essentiel de l’opposition, mais le pouvoir veut passer cela sous silence. Refuser le bulletin unique, c’est refuser la transparence. Le pouvoir est resté aphone sur le choix de la personnalité neutre pour organiser les élections. Où a-t-on vu un arbitre supporter? Sur la question de l’inéligibilité, le pouvoir s’arcboute sur sa position, prétextant que cette disposition n’a jamais été évaluée depuis 1992. Même dans le Coran, il y a des versets abrogés. Dire que cela date de 1992 montre qu’on ne veut pas évoluer. En 1992, lorsqu’on mettait en place les articles L31 et L32, ce n’était pas pour éliminer des candidats»
LE TAUX DE POSITIVITÉ AU COVID GRIMPE À 16,49 %
A l’instar de nombreux pays africains, au Sénégal la troisième vague qui a apparu subitement, est en train de battre tous les records de contamination depuis l’avènement de la pandémie
Le variant Delta de la covid19 qui est plus contagieux de 30 à 60% que les autres justifie la propagation du virus au Sénégal à un rythme inquiétant. Le ministère de la Santé et de l’Action Sociale a dénombré hier, 334 nouveaux cas positifs sur 2025 tests réalisés, soit un taux de positivité de 16,49 %.
A l’instar de nombreux pays africains, au Sénégal la troisième vague qui a apparu subitement, est en train de battre tous les records de contamination depuis l’avènement de la pandémie.
Le bilan d’hier du ministère de la Santé et de l’Action sociale fait état de 334 nouveaux cas positifs sur 2025 tests réalisés, soit un taux de positivité de 16,49 %. Parmi ces nouveaux cas positifs, il y a 127 cas contacts, un cas importé a été enregistré à l’aéroport international Blaise Diagne et 206 cas issus de la transmission communautaire.
Ces derniers sont ainsi répartis : 191 cas dont dans la région de Dakar dont 126 pour le département de Dakar ; 24 pour le département de Pikine ; 18 pour le département de Keur Massar; 20 pour le département de Rufisque et 03 pour le département de Guédiawaye. A l’intérieur du pays, les autorités sanitaires ont recensé 15 cas positifs dont 07 cas sont enregistrés à Pété ; 02 cas à RichardToll ; 01 cas à Kaolack, Mbour, Somone, Oussouye, Thiès et Touba.
Le bilan dénote également la croissance de la courbe des victimes du virus. Le ministère de la Santé a dénombré dimanche deux décès liés au coronavirus et 17 cas graves qui sont pris en charge dans les services de réanimation. Cependant, les 128 patients qui ont résisté au virus sont rentrés. Le personnel de santé qui se tournait les pouces a désormais du pain sur la planche. Puisqu’à ce jour, 2876 malades sont sous traitement sur les 46509 cas positifs recensés depuis le début dont 42436 guéris et 1196 décédés. Par ailleurs, le bilan quotidien montre le ralentissement de la vaccination.
Là où on recensait plus sept mille personnes vaccinées au quotidien, le chiffre retombe à 2175 dimanche portant le nombre total à 582725. Cette baisse s’explique par la rupture de vaccins notée dans le pays. Même ceux qui s’étaient vaccinés peinent à recevoir leur seconde dose.
L’organisation mondiale pour la santé (OMS) qui avait dénoncé l’absence de démocratisation du vaccin, justifie la propagation fulgurante du virus en Afrique par l’arrivée du variant Delta. «La nouvelle variante Delta de la covid-19 est 30 à 60% plus contagieuse que les autres. Mais, rien ne prouve que les vaccins disponibles sont moins efficaces contre elle», indique l’organisation.