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24 septembre 2025
MOHAMED OULD ABDEL AZIZ EN PRISON
Tombé en disgrâce et inculpé en mars, l'ancien chef de l'État de Mauritanie a été placé en détention mardi. Cette mesure intervient quelques jours après le refus de l’ancien dirigeant de continuer à se présenter à la police
Tombé en disgrâce et inculpé en mars, l'ancien chef de l'État de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, a été placé en détention mardi, ont fait savoir le parquet et son parti. Cette mesure intervient quelques jours après le refus de l’ancien dirigeant de continuer à se présenter à la police.
L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a été écroué, mardi 22 juin au soir, sur décision du juge chargé d’une enquête pour corruption présumée dans laquelle il a été inculpé en mars, rapporte à l'AFP un magistrat du parquet s’exprimant sous couvert d'anonymat et le porte-parole de son parti, l’ancien ministre Djibril Ould Bilal.
Ils ont confirmé son placement sous mandat de dépôt, sans en préciser la cause. Mais cette mesure intervient quelques jours après le refus de l’ancien dirigeant de continuer à se présenter à la police, comme le lui imposaient les conditions de son placement en résidence surveillée.
Un "règlement de comptes"
Après plus de dix ans à la tête de ce vaste pays sahélien d’Afrique de l’Ouest entre 2008 et 2019, l’ancien président poursuit sa descente aux enfers sous son successeur Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, son ancien chef de cabinet et ministre, dont il avait pourtant préparé l’accession à la présidence.
M. Ould Abdel Aziz avait été inculpé en mars, en même temps qu’une dizaine de hautes personnalités, pour des faits présumés de corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite ou encore dilapidation de biens publics commis pendant les années où il dirigeait le pays.
M. Ould Abdel Aziz crie au "règlement de comptes" quand son successeur invoque l’indépendance de la justice.
LE SÉNÉGAL OUVRE UN CENTRE DE DONNÉES NATIONAL
Le président sénégalais Macky Sall a donné pour instruction au gouvernement de «faire héberger l'ensemble des données et plates-formes de l'État» dans ce nouveau centre
Le chef de l’Etat Macky Sall a déclaré mardi à Diamniadio avoir instruit le gouvernement à faire désormais héberger par le Datacenter l’ensemble des données et plateformes de l’État du Sénégal. Il l’a fait savoir lors de l’inauguration de cette structure de stockage de données numériques de dernière génération pilotée par l’Agence de l’informatique de l’État (Adie) avec le soutien de la coopération chinoise.
«Il faudra (…) procéder à la migration rapide des données hébergées à l’étranger, les rapatrier, et au niveau national dans des structures non conformes au standard de sécurité et de sauvegardée », a notamment indiqué le président de la République, Macky Sall, qui dit insister « particulièrement » sur l’optimisation de cet investissement majeur. Car, de son avis, à travers le réseau de fibre optique haut débit de l’Adie, « le data center restera ouvert à toute l’administration publique mais aussi aux collectivités territoriales ainsi qu’aux universités du Sénégal. Elles sont toutes connectées et aujourd’hui elles ont toutes des ressources numériques leur permettant de révolutionner les enseignements-apprentissages. J’instruis en conséquence le gouvernement du Sénégal, en rapport avec l’Adie à faire désormais héberger par le data center l’ensemble des données des plateformes de l’État ».
Le chef de l’Etat, qui rappelle dans la foulée que « l’expertise sénégalaise s’est pleinement exprimée dans ce data center de Diamniadio et nos jeunes ingénieurs continuent d’assurer son fonctionnement pour une utilisation optimale de toutes ses capacités », a également engagé « les ministres en charge des Finances et de la Coopération, ainsi qu’au ministre de l’Économie numérique, de veiller à la mutualisation des moyens, et de façon générale, d’éviter la création de ressources numériques dont la vocation est déjà bien prise en compte dans la data center, qui sera d’ailleurs renforcé par un autre à Kaolack ».
L’Adie, qui gère le data center, devra, quant à elle, « exploiter cette infrastructure de façon ouverte et inclusive », avec toutes les parties prenantes de l’administration et du secteur privé. Les start up devraient également « y trouver toutes leurs places », a appuyé Macky Sall.
par Mohamed Lamine Ly
DÉCONFINER NOTRE HORIZON COMMUN
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps – Le Covid était un événement prévisible. Il est possible de changer le cours des choses en mettant fin à la dictature des marchés et en luttant contre la marchandisation de la planète
#SilenceDuTemps - 32 ans après l’effondrement du camp socialiste est-européen, il devient impératif de rompre avec les lois d’airain de la globalisation néolibérale, que sont l’ouverture incontrôlée des marchés et le recul démesuré de l’État. En effet, la pandémie de Covid-19 met le doigt sur la nécessité de réinventer notre monde grâce à des transformations sociales profondes. Et ce, d’autant que plusieurs acquis décisifs en matière de progrès social et de libération humaine, obtenus, dans l’après-guerre, au prix de confrontations épiques entre deux camps se réclamant, l’un du libéralisme et l’autre du socialisme, ont été remis en cause ou sont en voie de l’être.
- Un changement de contexte –
Même si en fin de compte, la compétition entre blocs politiques rivaux et la course effrénée aux armements n’ont pas conduit à l’irréparable, c’est à dire l’apocalypse nucléaire, l’effondrement du camp dit socialiste va rendre le monde unipolaire, sous la houlette d’un capitalisme triomphant, ce qui va contribuer à libérer les démons qui sommeillaient sur la scène internationale.
Partout dans le monde, le refus de l’impérialisme de renoncer à ses politiques d’exploitation des travailleurs et de spoliation des pays anciennement dominés va conduire à une démultiplication des foyers de tension.
Les conséquences de cette situation vont être désastreuses, allant de la fragmentation de grands ensembles politiques (URSS, Yougoslavie...), à l’émergence et au renforcement de forces politiques, se réclamant de la religion et/ou du conservatisme social ou de l’extrémisme radical (populisme, terrorisme ...), dans un contexte d’affaiblissement des forces de progrès.
En ce début de vingt et unième siècle, alors même que les risques d’une guerre nucléaire globale, mais aussi d’utilisation d’armes chimiques et bactériologiques, sont loin de s’être totalement estompés, d’autres menaces environnementales et sanitaires occupent le devant de la scène.
Cela découle, en premier lieu, du fait que notre monde est devenu de plus en plus global avec une circulation accrue de personnes, mais aussi d’aliments et d’animaux, autant de facteurs propices à la transmission accrue de nouvelles maladies. De fait, dès les années 1990/2000, des prédictions sérieuses avaient commencé à foisonner, portant sur l’émergence de contagions planétaires par des virus inconnus.
C’est dire donc que la pandémie de Covid-19, loin d’être un coup de tonnerre dans un ciel serein, une sorte de cygne noir, selon l’acception de l’essayiste Nassim Nicholas Taleb, était un événement bel et bien prévisible.
- Des menaces d’un genre nouveau -
Parallèlement aux enjeux sécuritaires, qui agitent la planète, l’humanité assiste, impuissante, à la destruction de l’environnement physique par des politiques publiques à courte vue (industrialisation, agriculture intensive), centrées sur la maximisation du profit des puissances d’argent. La surexploitation des ressources de la planète est responsable de la réduction de la biodiversité témoignant de la surcharge de nos écosystèmes. La déforestation de même qu’une démographie galopante dans certaines parties du globe ont pour conséquence de favoriser une promiscuité croissante entre faune sauvage et populations humaines.
Cela va se traduire, sur le plan sanitaire, par l’apparition de maladies infectieuses émergentes trouvant leur origine dans le monde animal (SRAS, grippe aviaire à A/H5N1, maladie à virus Zika, grippe A/H1N1, MERS-CoV, grippe aviaire A/H7N9).
Les stratégies de prévention et de lutte contre ces maladies émergentes, qui constituent un important pilier de l’agenda sanitaire mondial, avaient jusqu’à présent réussi à contenir ces maladies. Avec la Covid-19, le monde d’après-guerre fait face à sa première menace globale.
- Un monde plus vulnérable -
La pandémie de Covid-19 est survenue dans un monde devenu très vulnérable aux plans économique, social et politique. En effet, depuis la crise financière de 2008, la plupart des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont connu un ralentissement de leur croissance économique, une diminution de leur produit intérieur brut (PIB) et une augmentation fulgurante de leurs taux de chômage.
De plus, plusieurs pays ont dû s’endetter à cause de déficits budgétaires persistants sur plusieurs années, qu’on a tenté de réduire par des mesures de "consolidation fiscale", en augmentant les taxes et/ ou en réduisant les dépenses dans les secteurs sociaux, notamment celui de la santé.
Le sous-financement des systèmes sanitaires, qui en a résulté, a accentué les inégalités sanitaires, que les autorités sanitaires ont tendance à occulter. Cela résulte du fait d’une approche centralisée, biomédicale doublée d’une insuffisante prise en compte des enjeux sociaux, à l’origine d’un déficit notoire d’équité des politiques socio-sanitaires.
À titre d’exemple, aux États-Unis, l’incidence de la Covid-19 était trois fois plus élevée dans les comtés dont la population est à prédominance noire. En France, les études sur la répartition sociale de l’épidémie de Covid-19 ont révélé que la Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de métropole, était particulièrement touchée par la pandémie.
Ces données ont attesté de l’importance des inégalités territoriales en termes d’urbanisation, de politique de logement, de caractéristiques démographiques et sociales des ménages, d’état sanitaire des populations et aussi d’exposition professionnelle.
On sait, depuis au moins 1929, que les crises financières favorisent la croissance des partis d’extrême-droite, qui engrangent, dans ces périodes troubles, des gains électoraux massifs. Ainsi, le parti nazi (NSDAP) est passé, de 2,6 % à 43,9% des voix, entre 1928 et 1933, année de son accession au pouvoir.
De la même manière, la pandémie de Covid-19 est survenue dans une période d’essor des idéologies populiste et/ou autoritaire accentué par l’onde de choc de la crise de 2008.
- L’échec des schémas populiste et autoritaire -
Les populistes sous le leadership mondial de l’ex-président Trump ont, dès le départ, cherché à imputer la responsabilité de la pandémie au gouvernement chinois, attisant les sentiments xénophobes, en parlant de "virus chinois" et en préconisant des mesures contre l’immigration.
On a également observé des attitudes suicidaires et irresponsables de déni de l’existence de la Covid-19 et/ou de stratégies d’abstention thérapeutique, dans le but d’atteindre l’immunité collective, fut-ce, au prix de millions de morts.
Ils s’en sont également pris, comme d’habitude, à la mondialisation, responsable, selon eux, de tous les maux, et fait montre d’une grande réticence envers les initiatives non pharmaceutiques ou mesures barrières, n’hésitant pas à manifester contre elles ou à les railler.
Au début, on a pu également noter les tergiversations de plusieurs gouvernements européens, à initier des mesures préventives, surtout le confinement, qui, selon leur entendement, pourraient nuire au processus de production. C’est ainsi que plusieurs pays ouest-européens (Italie, Angleterre, France) de même que les États-Unis et le Brésil ont payé un très lourd tribut à la pandémie, en termes de morbidité et de mortalité.
Ailleurs, c’est la démarche autoritaire, qui a été privilégiée, avec l’illusion de pouvoir vaincre l’épidémie en mobilisant toutes les ressources du pays.
Ces velléités tyranniques ont été facilitées par un contexte de psychose sécuritaire, découlant d’une prétendue lutte contre le terrorisme, nouvelle incarnation de l’ennemi (Feindbild), depuis l’affaissement du bloc soviétique. Comme après le 11 septembre 2001, un recul des libertés individuelles a été noté.
- Gare à la dictature digitale ! -
Aux yeux des pays impérialistes, le terrorisme sert, avant tout, à créer de nouveaux marchés pour leurs industries d’armements. Il est également utilisé pour justifier la restriction des libertés et légitimer des mesures iniques de surveillance et de répression du mouvement populaire.
L’occasion faisant le larron, les vies privées des citoyens ont pu faire les frais de la lutte anti-Covid-19, d’autant plus que leurs données personnelles courent un risque permanent de tomber entre les mains du gouvernement et/ou de sociétés privées.
Un rapport de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (Idea), a révélé que jusqu’à 43% des pays satisfaisant aux normes standard de la démocratie représentative bourgeoise, ont procédé, sous couvert parfois de rhétorique martiale, à des restrictions injustifiées de libertés depuis le début de la pandémie. Dans des pays comme les nôtres, considérés comme des "régimes hybrides", les atteintes aux droits de l'homme se sont aussi multipliées, provoquant même des émeutes, dont les dernières remontent à mars 2021, au Sénégal.
Certaines firmes capitalistes cherchent à profiter de la panique due à la pandémie pour raffermir le capitalisme de surveillance, qui procède à une marchandisation de nos données dans un but de marketing commercial, sur lequel sont venus se greffer des enjeux sociopolitiques ou simplement électoralistes. Nous citerons, à titre d’exemple, le scandale de Cambridge Analytica devenu la parfaite illustration d’une démocratie sous influence des Big Data et qui explique, pour beaucoup, les victoires électorales de Trump et du Brexit.
Enfin, pour faire face à l’effondrement des systèmes sanitaires et à la paralysie des systèmes productifs, la tentation est grande d’invoquer le cas de force majeure pour imposer des solutions technologiques à des problématiques sociales très complexes. Mais cela risque d’être interprété comme une sorte de blanc-seing à une politique de surveillance totale qui pourrait perdurer et saper de façon durable nos droits fondamentaux.
- Quid de la mondialisation et du rôle de l’État ? -
La Soixante-Quatorzième Assemblée mondiale de la Santé a mis l’accent sur l’urgence qu’il y a à mettre fin à la pandémie actuelle et à prévenir la suivante en construisant un monde en meilleure santé, plus sûr et plus juste. Pour y arriver, des réformes profondes de la mondialisation néolibérale sont nécessaires.
Il urge, en premier lieu, de bannir cette volonté des champions mondiaux du libéralisme, de réduire l’État à sa plus simple expression, car il a été constaté, lors de cette crise sanitaire comme dans celle d’avant (2008), que les dirigeants du monde occidental n’hésitent pas à actionner les leviers étatiques, soit pour sauver leurs banques ou pour être en mesure d’assumer certaines fonctions régaliennes.
L’analyse des indicateurs de la Covid-19 a confirmé le fait que la morbidité et la mortalité étaient plus élevées dans des pays, qui ont laissé leurs concitoyens affronter seuls le marché́ (USA, Brésil) que dans ceux à forte protection sociale. Cela montre la nécessité de restaurer l’État dans sa capacité́ stratégique à anticiper et à préparer la société́ à affronter des défis gigantesques et/ou inédits.
La mondialisation a conduit également à des politiques inconsidérées de délocalisations tous azimuts et de suppression des barrières douanières, qui ont montré leurs effets pervers au cours de cette pandémie. Elle a, en effet, montré la forte dépendance de nos pays et même des puissances occidentales vis-à-vis de la Chine pour l’achat de certains produits stratégiques (médicaments), mais aussi de matériels aussi indispensables que les gants, les équipements de protection, etc.
Il est possible de changer le cours des choses, en mettant fin à la dictature des marchés et en luttant contre la marchandisation de la planète. Les États modernes se sont mis au service des multinationales, leur laissant une totale liberté d’action, en vue de créer des structures sociales compatibles avec des économies capitalistes compétitives. Cela a pour effet de déstructurer l’ordre social, de détruire les rapports sociaux, en réduisant les individus à être de simples consommateurs et des salariés corvéables et taillables, à la merci du patronat.
- En Afrique, une crise sanitaire aggravée par la domination impérialiste -
En Afrique, le fardeau de la pandémie est aggravé par la domination impérialiste, d’autant plus que c’est dans les puissances occidentales, porte-drapeaux de l’ordre capitaliste mondial que les conséquences de la crise sanitaire se sont fait le plus sentir, jusqu’à présent.
Le caractère embryonnaire des mécanismes de protection sociale et la précarité économique font des masses populaires africaines, surtout celles actives dans le secteur informel, des cibles de prédilection de la Covid-19. Heureusement que la pandémie a revêtu, sous nos contrées, un profil épidémiologique particulier lié à la pyramide des âges (jeunesse de la population) et au faible niveau d’urbanisation, responsable jusque-là, d’une morbidité et mortalité moins élevée que dans d’autres parties du monde.
Même si l’intelligentsia africaine s’est davantage offusquée de la condescendance de certains officiels de l’OMS et de l’ONU accusés d’être des oiseaux de mauvais augure, on ne peut dédouaner, pour autant, les pouvoirs publics de nos pays, qui doivent faire plus d’efforts dans la gestion de la pandémie. En effet, le sous-financement chronique des systèmes de santé africains s’est, encore une fois, manifesté par une pénurie en équipements de soins, de protection (masques, gants, blouses, protection oculaire), en matériel de dépistage, etc.
Alors que le nombre de cas du Covid-19 en Afrique est en augmentation constante et qu’une troisième vague se profile à l’horizon, près de 90 % des pays africains ne devraient pas être en mesure d’atteindre l’objectif qui consiste à vacciner 10 % de leur population d’ici septembre, à moins que l’Afrique ne reçoive 225 millions de doses supplémentaires.
En octobre 2020, l’Inde et l’Afrique du Sud demandaient à l’OMC une levée temporaire des brevets sur les vaccins afin de sortir le monde de la crise sanitaire, idée à laquelle, même l’administration Biden se déclare maintenant favorable.
Étant donné que les laboratoires pharmaceutiques ayant fabriqué les vaccins ont bénéficié de l’argent public, il semble logique de leur demander de libérer les brevets et à faire des vaccins un bien public mondial.
La vaccination universelle est d’autant plus impérative, que les épidémiologistes estiment à un an, tout au plus, la période nécessaire pour vacciner l’ensemble de la planète et atteindre une immunité collective mondiale. Sans une vaccination massive, les mutations du virus, en rendant les vaccins inefficaces, pourraient favoriser la perpétuation de la crise sanitaire, dans un contexte d’endémisation de la Covid-19.
Nous devons donc surmonter nos égoïsmes, faire preuve de solidarité, pour déconfiner notre horizon commun.
Dr Mohamed Lamine Ly est Spécialiste en santé publique, Ancien secrétaire chargé de la politique de santé du SUTSAS (1998 à 2007) et actuel secrétaire général de la Coalition pour la Santé et l’Action sociale (COSAS).
par Philippe N. Ngalla
MÂLE NOIR, LE TRAGIQUE ÉGAREMENT D’UN HOMME SUR LA VOIE DE L’AMOUR
Questionnant par sa radicalité nos conceptions de l’appartenance, de la liberté et de l’amour, Elgas, avec son premier roman, secoue une fois encore le confort de nos consciences pétrifiées
Il n’est pas d’introduction à un auteur qui ne formule d’invitation à découvrir le reste de son œuvre. Qu’elle soit facilitée par la renommée, la publicité ou occasionnée par le hasard, le lecteur n’y donne suite que si la découverte est engageante. Le talent est souvent pour quelque chose, le goût du lecteur toujours décisif. Je me souviens, en refermant Un dieu et des mœurs, avoir d’emblée accepté de cheminer avec la production d’Elgas. Le Zinguinchorois, depuis Parisien, alors écrivain neuf, n’offrait pas grand-chose pour satisfaire mon envie de compagnonnage avec son art. Et, quoique plaisantes par leur pertinence, attrayantes par le sens de la formule et la dextérité de sa plume, ses signatures dans la presse (Elgas est journaliste), fussent-elles portées sur la littérature, n’étanchaient pas la soif que son premier récit avait suscitée. C’est dire avec quelle impatience j’attendais le successeur de son carnet d’un séjour au Sénégal. Nourrir tant d’espérances coûte son prix : le plus accommodant des lecteurs ne demande pas moins qu’un ouvrage à la hauteur du précédent ; l’auteur, qui à son dernier a dévoué talent et énergie, se tourmente de ne pouvoir augurer de l’accueil du public. Elgas peut se rassurer. Mâle noir, sa deuxième publication et premier roman, récemment paru aux Éditions Ovadia, rembourse, avec de substantiels intérêts, l’escompte de ses admirateurs.
Ce premier roman se distingue par l’élégance et les enchantements de sa langue ; j’y ai puisé des bouffées de plaisir esthétique. Outre sa tonalité évocatrice des grands prêtres Italiens de la couleur (Titien et Véronèse) par le jeu de ce mystérieux rapport entre les arts, le mélange des registres y tisse le charme de bout en bout. Lui prêtant un cadre et une atmosphère, des descriptions font respirer la narration et, par leurs grâces, s’érigent en d’inestimables motifs décoratifs. Ménage à trois morganatique, soutenu, familier et vulgaire, imbriqué les uns dans les autres, prêtent à ce roman au style plus discursif que descriptif, un accent contrasté.
Dans un journal qui s’étend sur une année (décembre 2017- décembre 2018), le narrateur, un jeune homme noir, universitaire lettré et à l’armature intellectuelle solide, relate les faits marquants de sa vie dont l’amour occupe une place prépondérante. On ne lui connaît ni nom ni prénom. On sait seulement qu’il est Sénégalais, fraîchement docteur dans une discipline des sciences humaines, passionné de littérature…trentenaire. Tout comme Elgas. Sa trajectoire française épouse celle de l’auteur, ses préoccupations aussi. Élevé dans un milieu où la conception de l’amour diffère de l’occidentale, où précisément on ne montre pas ses émotions, le jeune homme, amateur de fredaines, se sent inapte à la noble émotion. Sa virilité épanouie, non seulement ne le porte pas au-delà de lui-même, mais, inféconde d’épanouissement, teinte son existence de monotonie, de tristesse, de solitude. Fatigué de ses cavalcades, le « mâle noir » (ainsi qu’il se définit lui-même) aspire à l’amour pour lequel il se sent mal équipé. « Aimer une famille, des amis, des proches. Un amour. Le grand. L’élu. Je n’en savais rien, mais j’en manquais fichtrement. Je voulais apprendre à aimer pour trouver cette clé libératrice de mon énergie » (P37). Entre ses réflexions sur son avenir post doctoral et ses enseignements, surgissent des aventures, puis une rencontre. D’abord envisagée comme les autres, sans perspectives, sa relation avec la dévouée Mélodie l’initie à la profondeur et à la mystique de l’amour. L’improbable peu à peu se produit. Il finit par aimer.
Cela ne déborde pas d’originalité, j’en conviens. Le roman n’eut-il navigué qu’autour de cette quête, qu’il serait pâle, malgré les évidentes qualités de l’écriture. Or, un roman, hormis le style, ne se juge pas à sa lisière, encore moins au pas de charge. Au fil des situations et des pérégrinations du narrateur, surgissent des personnages à travers lesquels se discernent, en filigrane ou en clair, des problématiques et des réflexions qui interdisent la réclusion de Mâle noir dans la catégorie bigarrée du roman d’amour pour le classer dans celle, plus appropriée à sa philosophie, du roman sur l’amour. Il ne complétera pas la liste infinie des semblables de Manon Lescaut, de Carmen, de La Dame aux Camélias et j’en passe. Esquissés plus que soulignés, les principaux protagonistes prêtent à l’identification : leurs fêlures, leurs forces, leurs illusions, leurs quêtes existentielles, en les animant, soulèvent, sympathie ou aversion. Subtilement insérés dans la narration, s’égrènent, entre autres, les difficultés de l’insertion des immigrés, leurs humiliations, leurs difficultés administratives, leurs compromis, des considérations sur la race (la noire en particulier) et toute une flopée de thématiques qui font de ce roman un panorama de l’individualisme, de la solitude, des quêtes et conflits identitaires, de l’intégration/assimilation dans un contexte racialisé. On se souviendra du dialogue du jeune homme et de Djitack. De ses échanges avec Désirée aussi.
L’écartèlement du « mâle noir » entre l’Afrique symbolisée par la figure de la mère, entre la culpabilité de la rupture avec les siens et son adhésion à la culture de son pays d’accueil, constitue l’autre axe du roman. Le mâle noir questionne son identité. « Et si j’étais coupable d’avoir quitté les miens ? Djitock en termes éblouissants me l’avait dit. Ma mère avait commencé avec ses accents religieux. Bazile, plus féroce, plus cruel, me voyait sinon comme un traître à tout le moins comme un garçon fragile. Mille pensées se cognaient contre les parois de mon cerveau, et je me dis que j’étais un Noir […] J’avais bien commis des imprudences à croire aux communions humaines, à croire que les hommes étaient les mêmes partout. J’avais appris cela des philosophes grecs, des anthropologues. La langue, la culture, les religions pouvaient différer, colorer les humeurs, tracer les destins, au fond l’essence humaine restait la même. Je pouvais, sûr alors de ma vérité, aimer tous les Hommes, pour ce qu’ils produisent et non ce qu’ils sont. Mais ce soir, cette certitude s’effritait » (pp158-159).
Au bout de cet accès de lucidité, il opère un choix. Transporté par l’amour complice et émancipateur de Mélodie, représentante de l’Occident et du monde blanc, il fait le procès (moral) de son lien avec sa mère, si ténu que, de son point de vue, il ne tient plus qu’à « sa dette de naissance ». En somme rien du tout, puisqu’il estime ne devoir rien à personne. En condamnant ce lien avec sa mère et sa dette, il crucifie ses origines. Dans le miroir tendu par la bienveillance, les attentions et l’affection désintéressée de Mélodie, les pesanteurs accablantes de sa culture d’origine, l’attentisme de ses acteurs et leurs amours dénués de tendresse présentent des visages repoussants. « Tu es devenu un blanc », remarque sa mère (p.206). Débordant de trésors, l’amour de Mélodie deviendra son unique horizon. C’était sans compter les ruses du destin. À la manière des dieux homériques obstructeurs de la geste des hommes ou des forces négatives de la tragédie qui, les aveuglant ou les entêtant, les expédient vers le drame, le ciel de cette relation à laquelle le « mâle noir » a sacrifié une partie de lui s’alourdit de sombres nuages.
Questionnant par sa radicalité nos conceptions de l’appartenance, de la liberté et de l’amour, Elgas, avec son premier roman, secoue une fois encore le confort de nos consciences pétrifiées.
LE FESPACO DANS DE NOUVEAUX HABITS
La 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) est prévue du 16 au 23 octobre 2021 sous le thème : «Cinéma d’Afrique et de la Diaspora : nouveaux regards, nouveaux défis.»
La 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) a dévoilé hier la proposition artistique de cette nouvelle édition. Clou de la cérémonie, le dévoilement de l’affiche du festival, une œuvre de l’artiste peintre Christophe Sawadogo.
La 27e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) est prévue du 16 au 23 octobre 2021 sous le thème : «Cinéma d’Afrique et de la Diaspora : nouveaux regards, nouveaux défis.» A quelques mois de cette grand-messe du cinéma africain, la Délégation générale du Fespaco a dévoilé hier le programme artistique au cours d’une conférence de presse à Ouagadougou. L’affiche du 27e Fespaco est signée du peintre burkinabè Christophe Sawadogo. «On peut y percevoir une guerrière, juchée sur un cheval, une lance dans la main gauche, indiquant de l’autre main, une destination devant elle. L‘œuvre est en rapport avec le thème de la présente édition qui parle de nouveaux regards», explique l’artiste Christophe Sawadogo qui indique s’être inspiré de l’épopée de la princesse Yennenga, en associant l’image de la reine Guimbi Ouattara et celle d’une artiste contemporaine Sami Rama.
Cette nouvelle affiche est le symbole d’un sang neuf insufflé à ce festival qui a célébré son cinquantenaire il y a deux ans. Ce que confirme le Délégué général, Moussa Alex Sawadogo, arrivé à la tête du festival il y a quelques mois et qui, dans son discours, a émis le vœu que cette édition «apportera une nouvelle dynamique suivant les nombreuses recommandations issues des différentes réflexions menées lors des précédentes éditions du Fespaco». Au total, les organisateurs annoncent avoir reçu 1132 films inscrits et qui sont en cours de sélection par le comité international de sélection. Mais cette 27e Edition, en plus de son affiche, apporte de nouvelles innovations avec la création de nouvelles sections de films en compétition ou non. Il s’agit de la section Burkina réservée aux films du pays.
La section Perspectives est consacrée aux réalisateurs qui sont à leur 1ère et 2ème Longs métrages, cette section soutient les créateurs qui recherchent avec confiance leur propre expression artistique. Le Fespaco Classics avec des classiques en format 35mm restaurés numériquement, le Fespaco Sukabe sur des films qui prennent les enfants et les jeunes comme cible principale dans leur récit, leur langage et le sujet cinématographique et Le Fespaco d’Honneur, une section honorifique qui est dotée par l’Etalon d’honneur et qui va consacrer une grande personnalité du cinéma africain.
A côté, des évènements seront destinés aux professionnels. «Le Fespaco Pro va se déployer en un seul lieu, de façon intégrée et interactive sur le site qui lui sera affecté. Il est articulé en quatre composantes que sont le Mica, Les Ateliers Yennenga, Le Yennenga Liboni et le Yennenga Connexion», informe la Délégation générale. Selon M. Sawadogo, les salles de cinéma sont déjà identifiées et des sites seront également prévus pour les projections en plein air.
Macky Sall attendu au Fespaco
Le Sénégal est le pays invité d’honneur de cette 27e édition du Fespaco. Et selon la ministre burkinabè de la Culture, des arts et du spectacle, Dr Foniyama Elise Ilboudo Thiombiano, le Président Macky Sall est espéré au pays des hommes intègres. Selon la ministre, le soutien financier et technique du Sénégal est aussi attendu à cet évènement. Elle assure en outre que des mesures seront prises pour assurer le respect des protocoles sanitaires mais aussi la sécurité des festivaliers.
DES RECOMPENSES POUR LE CINEMA SENEGALAIS
Pour cette 2e édition des Teranga Movies Awards, prévue du 23 juin au 3 juillet 2021, au Grand Théâtre nationale, l’Association Cinéma 221 dont l’objectif est de promouvoir le cinéma sénégalais a annoncé une toute nouvelle formule
Pour la 2e édition des «Teranga Movies Awards», le comité d’organisation de l’Association Cinéma 221 sait désormais à quoi s’en tenir. Tous les critères de participation, de prestation, d’exposition et de distinction au cours de cette édition ont été revus. Ils ont été déclinés hier au Grand Théâtre nationale, sous la présidence de Hugues Diaz, l’actuel Secrétaire général, et devant le représentant de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire, pays invité d’honneur
Pour cette 2e édition des Teranga Movies Awards, prévue du 23 juin au 3 juillet 2021, au Grand Théâtre nationale, l’Association Cinéma 221 dont l’objectif est de promouvoir le cinéma sénégalais a annoncé une toute nouvelle formule pour tester plusieurs choses. «Cette édition est une édition assez hybride parce que la première édition a été une édition pilote», a annoncé Fatou Jupiter Touré, actrice, productrice et co-organisatrice des Teranga Movies Awards. La journée de demain sera consacrée à une exposition photos, vidéos autour du cinéaste sénégalais, Ababacar Samb Makharam, précurseur du cinéma en Afrique, a décliné Fatou Jupiter Touré. Ababacar Samb Makharam fait partie des précurseurs du cinéma sénégalais avec une première production réalisée en 1965. Toute son oeuvre est faite de questionnements sincères sur son peuple autour de thèmes encore d’actualité. L’exposition, qui se passera au Grand Théâtre du 23 juin au 2 juillet, est ouverte au grand public. «Il y aura également une soirée de projection de film suivie de débat autour de l’œuvre de Ababacar Samb Makharam», a-t-elle précisé.
Les Teranga Movies Awards, qui prennent le parti de célébrer les acteurs et techniciens du cinéma sénégalais et africain, veulent également fédérer toutes les initiatives en faveur de la promotion du cinéma. «Les écoles de formation professionnelle et d’enseignement supérieur sont mises à l’honneur pour participer à cette édition en vue de mieux connaître ce métier et susciter des vocations», a-t-elle fait savoir. «Nous terminerons par la grande soirée de récompenses, le samedi 3 juillet au Grand Théâtre, partenaire officiel du festival», a-t-elle indiqué. L’actrice et par ailleurs productrice prévoit une Assemblée générale qui réunira d’ailleurs tous les acteurs, les autorités du ministère de la Culture ainsi que de la Direction de la cinématographie pour statuer et trouver des solutions mais aussi des voies et moyens pour sécuriser leur art. «En faveur des acteurs, c’est ça l’acte majeur que les Teranga Awards comptent poser pour cette seconde édition», dira-t-elle. «Les attentes c’est vraiment de faire adhérer tout le monde, que toutes les parties prenantes de ce métier viennent participer. Mais également de faire signe au public, leur montrer qu’ils font partie de cet art. Nous invitons le public à venir prendre part parce que c’est l’occasion pour eux de venir rencontrer toutes ces personnes qui les font rêver, qui sont aussi dans l’ombre et qui amènent du rêve sur leurs écrans, de communier avec elles et les soutenir», a-t-elle lancé.
Des prix honorifiques seront décernés aux anciens
A noter que cette année, l’Association Cinéma 221 présentera au public 4 catégories : 3 officielles et une catégorie vote du public, a fait savoir Pape Abdoulaye Seck. «La première catégorie, ce sont les longs métrages sénégalais où seront primés la meilleure fiction et le meilleur documentaire sénégalais. C’est dans cette catégorie également qu’on donnera le prix du meilleur réalisateur de l’année. Ensuite, il y a la catégorie Série long, qu’on appelle la catégorie 26 où il y aura des prix techniciens et des prix acteurs avec le prix du meilleur rôle masculin, le prix du meilleur rôle féminin, le meilleur second rôle masculin et féminin mais aussi le prix de la révélation. Côté technique, on a meilleur son, image, costume, décor et meilleur maquillage.
Pour la troisième catégorie officielle, qui est la catégorie des séries courtes, on aura le prix de la meilleure série courte et le prix de la révélation. Et enfin le vote du public qui regroupe une sélection de 25 films et c’est clairement le public qui va déterminer les meilleures séries sénégalaises», a détaillé M. Seck. A l’instar des récompenses pour les meilleurs films, meilleurs acteurs, meilleurs réalisateurs, il y a aussi un prix honorifique pour le pays invité d’honneur, la Côte d’Ivoire, mais aussi 6 prix honorifiques pour les anciens à commencer par Souleymane Cissé, le président du jury long métrage, mais également, Abdoul Aziz Boye, à titre posthume pour ce qu’il a fait pour le cinéma sénégalais en tant que formateur, entre autres personnalités du cinéma et Marie Madeleine Diallo, a listé Pape Abdoulaye Seck
FATOUMATA NDIAYE DE «FOUTA TAMPI» BRANDIT UNE PLAINTE
En conférence de presse hier, la coordinatrice de Fouta tampi, Fatoumata Ndiaye, a annoncé une plainte au Sénégal et à l’international après son «agression» par des nervis, lors de la tournée de Macky Sall au nord.
En conférence de presse hier, la coordinatrice de Fouta tampi, Fatoumata Ndiaye, a annoncé une plainte au Sénégal et à l’international après son «agression» par des nervis, lors de la tournée de Macky Sall au nord.
Après sa supposée agression lors de la tournée du Président Macky Sall dans le nord, la coordinatrice du mouvement Fouta tampi/Ensemble sauvons le Fouta annonce une plainte «au Sénégal et à l’international».
Hier, en conférence de presse au siège du mouvement Y’en a marre aux Parcelles Assainies, Fatoumata Ndiaye est revenue sur le film des évènements. «Nous avons été bastonnés par des nervis, des bandits, devant des Forces de l’ordre. Nos portables ont été volés, nos pancartes et banderoles confisquées. Nous avons été obligés de nous réfugier dans la brousse pour échapper au danger. Si on n’arrête pas ce phénomène des nervis, le pays va vers des lendemains incertains», relate-telle. Elle a lancé un appel aux organisations de défense des droits de l’Homme, aux autorités religieuses et coutumières à se prononcer sur le cas des nervis pour éviter, dit-elle, «une guerre civile au Sénégal».
Son hôte, Aliou Sané, coordinateur de Y’en a marre, promet que leur mouvement va appuyer cette plainte. «Ce qui s’est passé au Fouta est un acte criminel. Des nervis qui utilisent des gaz lacrymogènes contre des citoyens, c’est du jamais vu. Il ne faut pas que ces actes restent impunis. C’est un précèdent dangereux. Ça fait maintenant un bon bout de temps que les Sénégalais s’inquiètent de ce phénomène des nervis qui est en train de prendre des proportions inquiétantes dans ce pays», a-t-il dénoncé.
Par ailleurs, son camarade Kilifeu a interpellé directement le président de la République qui, selon lui, «commence à semer les germes d’une guerre civile». Et il avertit : «Qu’il sache qu’il ne réussira pas son projet parce que le Sénégal est un et indivisible. Nous lui faisons savoir qu’il n’a pas affaire à des peureux.»
En plus de Fouta tampi, Karim Xrum Xax était aussi présent. Et ces activistes ont appelé à la mobilisation le 23 juin au terrain des Hlm-Grand Yoff, en face du stade Léopold Sédar Senghor parce que, expliquent-ils, «ceux qui ont trahi l’esprit du 23 juin se sont empressés pour occuper la Place de la Nation». Ils annoncent une manifestation au Fouta dans les semaines à venir
Par Hamidou ANNE
CI-GIT LE 23 JUIN
Le M2D ne se positionne pas comme un embrayeur de rupture, mais en une coalition électorale en gestation pour soutenir un camp. Y’en a marre fait la courte échelle au M2D au lieu d’être une force capable de faire respirer la démocratie
Le Mouvement pour la défense de la démocratie organise une marche ce 23 juin dans le cadre de son agenda de lutte contre le pouvoir. Le M2D a raison d’exiger une enquête pour situer les responsabilités sur les treize décès et les trois cent blessés des émeutes de mars. Mais ces vies perdues ne sont pas la priorité du M2D, officine politicienne avec un agenda chevillé aux préoccupations du parti Pastef.
Le 12 mars dernier, le M2D avait remis aux médiateurs religieux une plateforme revendicative en dix points, dont un avait trahi le peu de crédibilité dont le mouvement pouvait se prévaloir. Ce point exigeait de «mettre fin immédiatement au complot politico-judiciaire fomenté contre Ousmane Sonko et s’abstenir de toute nouvelle charge contre lui». Curieux pour des gens qui exigent l’instauration d’un Etat de droit et l’indépendance de la justice d’ériger un cordon judiciaire autour d’un citoyen…
Dans son mémorandum sur les événements de février-mars, publié le 26 mai, le M2D explique avec une mauvaise foi qui frise le ridicule le déroulé de l’affaire. Mais le plus choquant est relatif à l’«invisibilisation» d’une jeune femme pauvre, victime, quelle que soit la configuration. Il est dit dans le mémorandum que «pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, on a utilisé le corps de la femme comme arme pour liquider un opposant gênant et tenter sans succès de diviser le pays en instrumentalisant les associations de défense des droits de la femme.
Pour réussir son coup, le président Macky Sall n’a pas hésité à manipuler une jeune femme qui a mal joué son rôle». Adji Sarr est une victime que les adultes, hommes et femmes du M2D, ne peignent qu’en tragi-comédienne qui aurait mal assimilé un rôle. Le tout, sans publier aucune preuve. Un mouvement qui se dit démocratique devrait avoir une plus grande exigence vis-à-vis du respect de la dignité humaine, surtout s’agissant d’une jeune femme socialement et économiquement fragile. Le M2D ne se positionne pas comme un embrayeur de rupture et de transformation sociale et démocratique, mais en une coalition électorale en gestation pour soutenir un camp. Les positions du coordonnateur du M2D, qui défend avec le zèle des convertis toutes les atteintes contre la République, l’Armée, les avocats, les juges et les magistrats, sont éloquentes.
La parade d’une génération sans talent, pleine de vanités, semeuse d’outrages et d’outrances. Le 23 juin 2011 avait mis fin aux velléités monarchiques de Abdoulaye Wade. Moment formidable de ferveur, où la jonction des forces politiques et sociales avait transfiguré l’histoire de notre pays. 10 ans après, que reste-t-il de l’héritage des insurgés de la Place Soweto ?
Des souvenirs et des mythes, des espoirs et une inspiration sur notre capacité à refaire face. Des visages avaient pris de l’ampleur : El Hadj Diouf, Cheikh Bamba Dièye, Aïda Niang, Fadel Barro, Alioune Tine, Abdoul Aziz Diop... Mais en une décennie, le temps politique a bougé, avec de nouveaux acteurs et de nouvelles mœurs. L’héritage du 23 juin sera soldé demain pour remplir le signifiant politique de nouvelles mœurs conservatrices et réactionnaires mâtinées d’un combat pour la démocratie. On verra une tinée d’opportunistes, de revanchards, de parieurs, de complotistes, de rentiers, d’hystériques et d’histrions.
Les unités d’action en politique sont si contraignantes qu’il est nécessaire de s’accommoder de partenaires conjoncturels dont on abhorre les méthodes. Il y a au sein du M2D des partis et des personnalités respectables, des progressistes dont j’imagine la peine de devoir assumer les inepties sécrétées en leur nom, ainsi que l’orientation stratégique du mouvement. Il y a aussi Y’en a marre qui fait la courte échelle au M2D au lieu d’être une force attractive, capable de faire respirer la démocratie. L’absence de travail idéologique du mouvement le transforme en organisation attrape-tout, défendant tout et son contraire pour exister, au lieu de travailler à réussir un dépassement des appareils classiques.
Quant à la gauche, elle est victime d’un affaissement de sa conscience et d’un délitement des convictions pour contribuer à vilipender une jeune fille qu’elle a à défendre, conformément à sa promesse de soutenir les faibles et les opprimés de la société. C’est en spectateur dépité que je verrai demain le mouvement progressiste renier son âme en se rendant coupable de la souillure in situ du 23 juin.
LES NERVIS DOIVENT ÊTRE IDENTIFIÉS ET LIVRÉS À LA POLICE
Abdoul Mbaye a dénoncé d’abord ce qu’il qualifie de « violences perpétrées par Macky Sall sur son peuple » avant d’appeler à identifier les nervis afin de les mettre entre les mains de la justice
A Rufisque ce week-end pour rendre hommage à Souleymane Guèye Cissé, défunt secrétaire général de la LD/Debout, avec qui il partageait le Congrès de la renaissance démocratique, l’ancien Premier ministre et président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT) s’est prononcé sur les violences qui ont émaillé la tournée du chef de l’Etat au nord du pays et la forte présence de nervis. Abdoul Mbaye a dénoncé d’abord ce qu’il qualifie de « violences perpétrées par Macky Sall sur son peuple » avant d’appeler à identifier les nervis afin de les mettre entre les mains de la justice. Toute la question est de savoir quelle justice…
Le Témoin - Le champ politique national est marqué par une certaine violence. Est-ce selon vous un recul démocratique ?
Abdoul MBAYE - Nous vivons un recul démocratique terrible sous le magistère de Macky Sall. Il n’y a pas que çà. C’est une violence multiforme contre les Sénégalais. Le président présente ses tournées comme ayant un caractère économique mais ce sont des tournées politiques aux frais du contribuable sénégalais. Le chef de l’Etat fait de la politique avec l’argent de l’ensemble du peuple sénégalais. C’est ça, la première violence. La seconde violence, c’est que nous sortons à peine d’une pandémie et ce n’est pas encore certain. Dans tous les pays qui se respectent, on en sort graduellement avec des étapes. Ici, c’est le chef de l’Etat qui donne l’exemple dans le mauvais sens et qui crée des rassemblements monstres. C’est comme cela qu’il va protéger la santé des populations ? C’est une violence sur la santé des populations. Et enfin il y a les violences physiques. Qu’est-ce que c’est ces histoires de nervis qui sortent des jeunes et des enfants de leurs domiciles et qui les battent ? J’en appelle au respect du droit et à la légitime défense. Il faut que l’on s’organise pour identifier ces nervis, publier leurs photos sur le net, retrouver leurs domiciles, aller les chercher et les livrer à la Police. C’est devenu inadmissible et les forces républicaines de défense et de sécurité ne doivent pas rester inertes. Il faut attirer l’attention du chef de l’Etat sur tous les risques qui sont pris ce faisant.
« Fouta Tampi » crient certains dans d’autres régions du pays comme pour dire que ce n’est pas le Fouta seulement qui souffre. Que vous inspire ce cri de détresse ?
Le juge Kéba Mbaye l’avait dit en 1981 : le Sénégal est fatigué. Cela fait 40 ans maintenant. Ce n’est pas nouveau. Malheureusement, tant que nous ne serons pas sortis de cette manière de faire de la politique — une sortie à laquelle nous avait conviés Souleymane Guèye Cissé —, on ne sortira pas de l’auberge. On aura par contre des milliardaires et des hommes très riches comme certains de nos présidents et d’autres personnes autour d’eux mais la pauvreté ira crescendo. Cà, je n’ai aucun doute là-dessus.
Les locales pointent à l’horizon. Qu’elle est la formule qui vous convient le mieux, à vous de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail ?
L’opposition se condamne à perdre les élections si jamais elle n’est pas dans une unité la plus large possible. L’unité, c’est notre meilleure arme contre la majorité. Il faut construire des coalitions très larges. Nous y appelons depuis novembre. Ce n’est pas toujours facile puisque, dans l’opposition, il y a des stratégies personnelles où on considère que l’on peut aller tout seul. Ce serait une grave erreur de le faire. On tâche de bâtir des coalitions mais, au-delà de ça, chacun sait ce qu’il représente. Nous avons lancé la machine au niveau du Congrès de la renaissance démocratique et nous restons ouverts vers Jotna et, dans moins d’une semaine, nous allons rentrer dans une dynamique unitaire. Nous espérons que cela va s’étendre. Nous appelons l’ensemble des mouvements citoyens à venir nous rejoindre. Il nous faut nous inscrire dans cette dynamique unitaire si nous souhaitons gagner.
APRES DE CINQ MOIS DE CAMPAGNE, LE SENEGAL N’A VACCINE QUE 14, 04 % DE SA CIBLE
Sur l’objectif de plus de trois millions de personnes à vacciner d’ici fin 2021, le Sénégal n’a pour le moment réussi à vacciner que 14,04 % de sa population cible.
Sur l’objectif de plus de trois millions de personnes à vacciner d’ici fin 2021, le Sénégal n’a pour le moment réussi à vacciner que 14,04 % de sa population cible. Autrement dit, seules 491.520 personnes ont reçu leurs premières doses en cinq mois. La campagne de vaccination contre le codid-19 est donc au ralenti au Sénégal moment où l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) alerte sur une évolution préoccupante de la pandémie en Afrique.
Pour une population totale ciblée de 3 500 000 personnes à vacciner d’ici fin 2021, le Sénégal n’a réussi à vacciner, à la date du 20 juin, que 491.520 personnes. Soit un taux de moins de 15 %, plus exactement 14,04 % des personnes seulement ont reçu leurs doses depuis le début de la campagne de vaccination, en février. Preuve du manque d’engouement de nos compatriotes, des doses sont en souffrance dans certaines structures sanitaires et certaines seraient même en train d’être redéployées dans d’autres régions.
Le Sénégal a débuté sa campagne de vaccination anti Covid-19 le 23 février dernier. Six jours après, c’est-à-dire le 28 février, 13 904 personnes avaient déjà reçu leurs premières doses. Au mois suivant, ce sont 235 653 personnes qui ont été immunisées contre 136 401 au mois d’avril, 39 463 personnes ont reçu leurs vaccins au mois de mai et 39 026 au cours des 20 derniers jours du mois en cours.
En février, le Sénégal a vacciné 2,84 % de la population cible, 47,94 % au mois de mars), 27,7% en avril, (27,7%), 8,02% en mai et 7,93 % depuis le début du mois de juin. C’est en mars qu’il y a eu le plus grand nombre de personnes vaccinées. Ce, contrairement au deux derniers mois, mai et juin, où les vaccins ont cherché désespérément preneurs.
Ce taux de 14 % montre que les populations sont encore très réticentes par rapport à la prise de doses. Or, au moment où nos populations se relâchent, l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) alerte sur l’évolution préoccupante de la pandémie de Covid-19 dans une dizaine de pays parmi lesquels huit ont connu une hausse de plus de 30 % du nombre de nouveaux cas en 15 jours. Une évolution qui a fait dire à la directrice de l’Oms pour l’Afrique que la menace d’une troisième vague est réelle et grandissante.
Selon Dr Matshidiso Moeti, la priorité est claire. « Il est aujourd’hui essentiel de rapidement vacciner les Africains les plus exposés au risque de tomber gravement malade ». Alors que certains pays ont déjà vacciné leurs groupes à haut risque et sont même en mesure d’envisager de vacciner leurs enfants, « les pays africains ne peuvent pas administrer leurs deuxièmes doses à leurs groupes vulnérables. En effet, seuls 2 % des Africains ont reçu une dose de vaccin et moins de 0,6% a reçu la deuxième dose ».
Une situation que déplore Dr Moeti qui demande aux pays avancés de « rendre des doses disponibles et à faire en sorte que les Africains vulnérables n’aient pas besoin de soins intensifs ». Sur les 23 pays africains qui ont participé à l’enquête de l’Oms, la plupart ont moins d’un lit de réanimation pour 100 000 habitants contre une norme minimale de 25 lits par 100 000 habitants. Un fossé énorme. D’ailleurs, l’Organisation mondiale de la Santé invite les dirigeants africains à améliorer les capacités de soins intensifs. Ce, pour éviter des débordements des hôpitaux et des cliniques dans ces pays qui « risquent d’avoir un coût très élevé en vies humaines et en manque à gagner sur le plan économique ». Selon la Banque mondiale, chaque mois de retard dans l’approvisionnement en vaccins pourrait coûter 14 milliards de dollars de PIB. Par conséquent, il devient urgent d’installer des unités de production de vaccins en Afrique pour couvrir les besoins du continent. Pour rappel, l’Afrique compte pour le moment 2,9 % des cas decodiv-19 dans le monde, et 3,7% des décès, selon les dernières estimations.