Enquêteur dans l’affaire Adji Sarr/ Sonko, il avait annoncé sa démission pour non respect des droits. Et avait fait des révélations sur l’enquête qui a conduit au placement sous contrôle judiciaire du député Ousmane Sonko.
Le Capitaine Oumar Touré arrêté. Il a été placé en arrêt de rigueur et conduit à la LGI de Mbao où il purgera une peine de 45 jours. Il était convoqué à la gendarmerie nationale, ce vendredi, à 15 heures. Selon des sources, il ne sera pas poursuivi pour désertion car ayant rejoint son poste avant le 6e jour.
Enquêteur dans l’affaire Adji Sarr/ Sonko, il avait annoncé sa démission pour non respect des droits. Et avait fait des révélations sur l’enquête qui a conduit au placement sous contrôle judiciaire du député Ousmane Sonko. Selon ses proches, le capitaine souffrirait de troubles psychiques. Ce qu’il avait formellement démenti.
IL NOUS FAUT RÉTABLIR LA VÉRITÉ
Les anciens de la Faculté des Sciences juridiques et politiques (Fsjp) trempent la plume. Dans une tribune diffusée dans la presse, ils prennent fait et cause pour le capitaine Touré, qui a démissionné avec fracas de la gendarmerie nationale.
Les anciens de la Faculté des Sciences juridiques et politiques (Fsjp) trempent la plume. Dans une tribune diffusée dans la presse, ils prennent fait et cause pour le capitaine Touré, qui a démissionné avec fracas de la gendarmerie nationale. Dans leur lettre, les camarades de promotion retrace son parcours, peu communs et relèvent son caractère sérieux. Face à ceux qu’ils appellent une campagne de discréditation, ils tentent de rétablir la vérité.
Le capitaine Oumar Touré, enquêteur dans l’affaire Adji Sarr/ Ousmane Sonko, a dénoncé une procédure viciéeavant de claquer la porte. Il est convoqué par la hierarchie, ce vendredi.
« Depuis près d’une semaine, le capitaine de la gendarmerie nationale Seydina Oumar Touré, enquêteur à la Section de Recherches, est sous le feu des projecteurs du fait de son départ annoncé de ce corps d’élite.
Tandis que certains concitoyens se sont limités à commenter sa cruciale décision tant sur la forme que sur le fond, d’autres prétentieux n’ont pas hésité à jeter l’opprobre et le discrédit sur ce prototype parfait de l’intelligencia sénégalensis.
Beaucoup de personnes qui insultent le capitaine Touré à tort et à travers,
notamment sur les réseaux sociaux, n’ont pas eu la brillante carrière qui est la sienne. Seydina Oumar Touré est l’un des meilleurs de sa génération. Voici un homme qui n’a jamais connu de redoublement de sa vie et a toujours fait partie des meilleurs durant tout son cursus scolaire, académique et même durant sa rigoureuse formation à l’Ecole des officiers de la gendarmerie nationale (Eogen).
Seydina Oumar Touré fait partie du cercle restreint d’élèves sénégalais à décrocher le baccalauréat avec la mention Bien.
Seydina Oumar Touré fait partie des rares étudiants de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Ucad à réaliser la traversée (réussite systématique de toutes ses années académiques) avec un cumul de son master avec l’âpre formation de l’Eogen.
Depuis son affectation à la Section de Recherches de la gendarmerie nationale, le capitaine Seydina Oumar Touré a eu à rédiger et/ou corriger au minimum 1500 procès-verbaux d’enquête. A ce titre, il a diligenté plusieurs gros dossiers avec brio et qui ont été couronnés par des résultats probants lui ayant valu le satisfecit de ses supérieurs hiérarchiques.
Au demeurant, même dans cette période actuelle où sa carrière professionnelle traverse une zone de turbulence, sa corporation continue de lui vouer un grand respect. En effet, dans le communiqué de la Gendarmerie nationale du 11 mars 2021, le corps d’élite porte à la connaissance de l’opinion nationale comme internationale que « l’officier Capitaine Toure est connu jusque-là pour sa bonne manière de servir ». N’est-ce pas là une preuve des nombreuses qualités du Capitaine Touré ?
Face à cette campagne de diabolisation du Capitaine Touré, fomentée par des nullards, des ignares, des incultes ou des perrsonnes de mauvaise foi, rétablir la vérité s’avère plus que nécessaire.
Loin d’être dithyrambique à son endroit, la première promo du système Lmd de la Fsjp a l’intime conviction que le Capitaine Seydina Oumar Touré fait partie de ces dignes sénégalais qui sont à la fois compétents, rigoureux, pieux, sérieux, valeureux et épris de justice.
Le Sénégal perdrait à ce que cette denrée rare ne soit pas préservée et valorisée. Par ailleurs, au cas où des sanctions devraient être infligées au Capitaine Seydina Oumar Touré, la promo plaide en faveur d’une clémence car le passif vierge du Capitaine Touré au sein de ce corps d’élite constitue la preuve parfaite d’une circonstance atténuante.
Jouir d’une ancienneté de huit (08) années dans l’éminente gendarmerie nationale du haut de ses trente-deux (32) ans n’est pas donné à n’importe qui.
Respect Capitaine et sache que tu ne seras jamais seul dans cette odyssée !
Plus qu’une Promo, nous sommes une famille ! ».
LE CONTRAT SOCIAL EST ÉPROUVÉ AU SÉNÉGAL
Décryptage sur la Voix de l'Amérique, des récents troubles meurtriers intervenus dans le sillage de l'affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr avec : René Lake, Rama Salla Dieng, Mame Penda Ba et Anta Fall
Décryptage sur la Voix de l'Amérique, des récents troubles meurtriers intervenus dans le sillage de l'affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr avec : René Lake, Rama Salla Dieng, Mame Penda Ba et Anta Fall. Selon les invités d'Abdourahmane Dia, les manifestations de ces derniers jours sont symptomatiques d'une frustration trop contenue d'une frange importante de la population. Ils s'en ont expliqué à travers l'émission Washington Forum.
LA DÉCISION SERA EXÉCUTÉE EN ‘’MODE FAST-TRACK’’
Le gouvernement va exécuter avec la plus grande diligence la décision du chef de l’Etat d’octroyer 350 milliards francs CFA au financement des activités économiques des jeunes et des femmes selon Oumar Guèye
Sangalkam (Rufisque), 12 mars (APS) – Le gouvernement va exécuter avec la plus grande diligence la décision du chef de l’Etat d’octroyer 350 milliards francs CFA au financement des activités économiques des jeunes et des femmes, a déclaré, jeudi, à Sangalkam (ouest), son porte-parole, Oumar Guèye, ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires.
‘’Vous avez même entendu le président parler de mode fast-track (dans l’urgence, dans la grande diligence). Ce sera le cas pour ces décisions importantes, avec 350 milliards francs CFA sur trois ans’’, a assuré M. Guèye dans un communiqué reçu de son ministère.
Il précise que 150 milliards seront octroyés aux jeunes et aux femmes cette année, 100 milliards en 2022 et autant en 2023.
Selon le communiqué, Oumar Guèye s’exprimait en marge d’une réunion de leaders politiques et d’élus locaux de la majorité présidentielle du département de Rufisque.
Le président de la République a rappelé, mercredi dernier en Conseil des ministres, l’urgence de la réorientation des priorités autour de la jeunesse. Dans cette perspective, il a indiqué que durant la période 2021-2023, outre les emplois salariés et les recrutements prévus dans plusieurs secteurs, au moins 350 milliards francs CFA seront alloués aux jeunes et aux femmes.
Ces ressources publiques exceptionnelles vont financer la première phase de la mise en œuvre du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes.
‘’Effectivement, le gouvernement va exécuter ce que le président Macky Sall a eu à donner comme instruction pour la mise en œuvre de ce vaste programme’’, a assuré Oumar Guèye dans le communiqué.
Interrogé sur la sécurité des services d’état civil face à des situations comme les manifestations violentes survenues récemment, il affirme que ‘’cela pose la problématique de la numérisation et de la digitalisation de l’état civil’’.
Le gouvernement travaille sur ce dossier, selon M. Guèye.
‘’Nous avons déjà reçu un financement de 18 milliards CFA de l’Union européenne, et nous allons nous y atteler’’, a-t-il promis, rappelant que ‘’c’est dans les centres d’état civil que nous pouvons avoir des papiers nous permettant de nous identifier’’.
Oumar Guèye assure que le gouvernement prendra les dispositions nécessaires pour la reconstitution, de concert avec les maires, ‘’de ce qui peut être reconstitué’’ dans les centres d’état civil, après les dégâts survenus lors des heurts.
‘’Ce ne sont pas tous les centres d’état civil qui ont été saccagés. Certaines ont effectivement ce problème. Nous allons encadrer ces mairies-là et faire de notre mieux pour reconstituer l’état civil’’, a-t-il ajouté.
par Elgas
POUR ADJI SARR ET OUSMANE SONKO
Tous les passifs comme l’impensé de classes, le droit des femmes, le passif colonial, les castes politiques, rejaillissent sur un opposant devenu martyr, et sont soldés sur le dos d’une jeune fille éclipsée, niée dans sa souffrance potentielle
D’elle, on ne sait, finalement, pas grand-chose. Protagoniste de la plus grande secousse politique récente, elle reste un mystère, sauf à prendre pour argent comptant tous les témoignages - toujours à charge - qui ont pullulé à son sujet, relayés et scrutés, dans un voyeurisme pour le moins inélégant. On y apprend donc, en ramassant les bouts de ce puzzle à visée infamante, que c’est une post-adolescente enjouée et provocatrice, orpheline aux mœurs légères, fille frivole aux activités professionnelles douteuses et instables, et en bout de course, marionnette consentante d’une conspiration politique à plus grande échelle.
C’est à peine si, dans la foulée, la sentence morale populaire ne l’a pas qualifiée de « pute », avec pour objectif d’invalider ainsi son récit, de délégitimer sa souffrance, et de lui dénier tout statut souverain, sinon de victime au moins d’individu rationnel, capable de choix, bons, mauvais ou cynique, peu importe, mais maîtresse de ses humeurs. Pêle-mêle, ex-employeuses, membres de sa famille, collègues de travail, connaissances du deuxième cercle, commentateurs de tous poils, jusqu’à des féministes, tous ont peint devant les micros avides un personnage volage, malléable, appât pour attirer Ousmane Sonko dans le piège.
Face à un déchaînement national, et à une déflagration à portée mondiale, la tentation est là, bien réelle, pressante même, de choisir son parti. De tous bords, l’injonction est au choix dare-dare, avec un caractère inquisitorial de chasse aux sorcières. La germe de révolution, sur un lit déchirant de cadavres, n’aménage que très peu un espace pour la lucidité, la tempérance, la quête sans renoncement d’une clarté globale. Il est essentiel pourtant de contrarier la frénésie ; ainsi, de tenir les deux bouts de l’histoire, de ne sacrifier ni l’un ni l’autre, encore moins la justice, au devoir d’empathie et de vérité. Rappeler par conséquent les deux passifs qui conduisent à cette impression de chaos général.
Le premier, de perspective plus ancienne, documenté depuis tout bonnement soixante ans, par nombres de chercheurs et journalistes. La justice politique au Sénégal est un vieux serpent de mer qui n’a épargné aucune présidence. Avec des degrés d’insanité et d’intensité variables, tous les pouvoirs, depuis Senghor, en 1963 – date symbolique – ont fait de l’instrument judiciaire, le bras armé d’une répression politique. Si les deux dernières décennies, sous mandature libérale, l’ont sophistiqué et précipité dans un abîme irréversible, il est juste de rappeler que le mal est chronique. Sans l’appréhension de la réalité dans sa globalité, les faussaires mandataires changeront, sans que la faille ne soit refermée. S’il existe bel et bien un corps judiciaire méritant, avec des profils érudits, brillants, attachés aux valeurs cardinales, bien souvent dans des conditions précaires et parfois empêchés d’effectuer leur mission, il y a à déplorer cette politisation à outrance qui entache la réputation de tout un corps de métier et qui n’est, en définitive, que l’expression d’une démocratie nationale surévaluée. Une baudruche, objet de fanfaronnade continentale qui, à chaque crash-test, découvre sa fragilité et se dégonfle. De Abdoulaye Wade à Macky Sall, avec un cadre fait de sociétés plus ouvertes, plus connectées, mais corruptibles par le secret, ces dérives devenues défectuosités chroniques, ont semblé cristalliser la réverbération sur ces deux hommes, et à juste titre. Dans un tel contexte, le citoyen est légitimement en droit de douter de la neutralité d’un arbitre qu’on sait acquis à la cause de l’exécutif. Ainsi faussés, les termes du match politique, trouvent des scènes annexes, qui ne consacrent que les aires de confrontation, plus ou moins violentes. Dans le surgissement de cette affaire, ce passif d’une opposition systématiquement embastillée, sans qu’elle ne soit toujours irréprochable du reste, est précisément ce qui empêche la sérénité du climat, car le discrédit de la justice est l’explication première de la jungle actuelle. Et Macky Sall, en amputant ses adversaires qui se tirent des balles dans le pied, est responsable d’un tel climat autoritaire, et par bien des versants, despotique. Il s’est trouvé beaucoup d’analystes à le dire, à leurs dépens – j’en fus – indépendamment des épisodes Karim Wade ou Khalifa Sall. Cette vigilance avait même échappé à des (anciens) alliés du pouvoir, devenus aujourd’hui, des contempteurs.
Le second passif, dans l’affaire stricto-sensu, tient du Curriculum Vitae moral d’Ousmane Sonko. En donnant et entretenant de lui l’image d’un probe incorruptible, à cheval sur la vertu, il a, de fait, réduit sa marge d’erreur. D’où la stupéfaction légitime, y compris jusque dans ses rangs, de savoir que pour des « prescriptions médicales » (l’argument est de lui-même) il n’avait trouvé rien d’autre que les services d’une masseuse, si jeune, non qualifiée, dans un établissement certes agréé, mais où nulle mention n’est faite de vertus thérapeutiques des prestations proposées. Un établissement équivoque dont la fréquentation ne peut qu’éveiller le soupçon, surtout de la part d’un personnage qui s’est érigé, avec tant de mérites, comme espoir d’une jeunesse qui avait divorcé de la politique. A minima, il y a là une légèreté, et en politique, c’est une faute. Le chemin vers le pouvoir est, on peut en gager, parsemé d’embuches bien plus sérieuses que celle-ci. Les ennemis, réels, avec des pratiques douteuses, sont nombre d’obstacles que l’aspirant devra affronter. C’est la politique, elle-même, qui n’est pas une litanie de vertu : les coups bas y sont légion et toute candeur y sera, à la longue, inaudible. La morale est souvent chahuteuse, c’est un constat millénaire. Et si l’on ne peut pas véritablement faire griefs à Ousmane Sonko d’avoir, sinon une double vie, des envies particulières, ce n’est pas non plus à ses détracteurs – qui certes souhaitaient son faux-pas – qu’il doit s’en prendre quand le miroir de la vertu se fissure. Dans son vécu, il a été le juge le plus impitoyable avec les potentiels déviants, jusqu’à en faire son identité. Dans les affaires de chair à ressorts multiples, dont les vérités sont pendues aux secrets de l’intimité, la communication doit être habile, et surtout attachée à la vérité totale, parce que chaque rétention d’information ou omission, du mis en cause, court le risque de l’effet boomerang, bien plus dommageable.
Tout compte fait, la rencontre entre ces deux passifs, une justice partisane qui suscite une méfiance, voire une défiance on ne peut plus normales, et un homme pris aux pièges des vicissitudes d’une vie qu’il promettait infaillible au test moral, fait de cette séquence un étrange quiproquo : la collision entre une banale affaire de mœurs et un empressement politique disproportionné à s’engouffrer dans la brèche pour abattre un adversaire. A l’occasion de l’épisode en cours, tous les passifs anciens, longs, souterrains, et refoulés, comme la grande pauvreté, l’impensé de classes, le droit des femmes, le passif colonial, les castes sociales ou politiques, la violence des forces de l’ordre, ensemble de vieux problèmes majeurs, rejaillissent sur un opposant devenu martyr, figure presque prophétique de la destinée vers le pouvoir, et sont soldés sur le dos d’une jeune fille éclipsée, niée dans sa souffrance potentielle.
Car c’est bien de Adji Sarr, bâillonnée, et victime d’une unanimité tabassante jusqu’à ses bienfaiteurs récents et malintentionnés, dont il convient de parler. Nul besoin d’être féministe ou de donner des gages au progressisme ambiant pour s’en préoccuper, car le viol est un sujet sérieux, majeur, coffre scellé de blessures importantes chez beaucoup de femmes. Il suffit de s’en ouvrir à des sœurs, à des amies, et quand l’étouffoir de l’inconfort de la confession saute, ce sont des récits souvent glaçants qui ne peuvent laisser indifférent. On ne cherche pas plus loin pour trouver que les coupables d’une série de violences physiques ou symboliques contre les femmes, sont le fait de nos proches, de nos amis, de nos connaissances, théoriquement nous-mêmes. Le réflexe même de la discréditation de la parole des femmes violentées, est un fait social irréfutable et très souvent, cette négation de la parole est le début même de la négation de la souffrance. Avec tout un impensé social et sociétal, sur ces sujets, et parfois même, la caution qu’apportent les pratiques traditionnelles et religieuses dominatrices, il est essentiel de prêter l’oreille et être sensible à la parole des femmes se disant victimes de violences. Prêter l’oreille n’étant pas, naturellement, une tacite acceptation de tous les faits allégués. Le genre féminin n’est pas immunisé contre le mensonge, ni les coups montés. Mais bâillonner une parole d’emblée, sans plus d’éléments, c’est un terrible signal pour une armée de victimes, en attente du courage des guides pour témoigner. Ce n’est pas parce que l’ambassadrice de cette souffrance, Adji Sarr, présente des incohérences, des fragilités notoires, et des faiblesses, qu’il faut disqualifier toute la parole. C’est céder à un nihilisme contre-productif. Cette pédagogie n’est pas dirigée contre Ousmane Sonko, mais c’est le minimum de l’empathie qu’on se doit d’offrir. Le statut de victime n’est pas une exclusivité, il peut être partagé. Reconnaître l’injustice subie par chaque protagoniste, est le meilleur chemin pour l’édification de cette justice sereine, inclusive, et républicaine. Toute négation des droits de cette femme impactera ceux d’Ousmane Sonko. Depuis le début de l’affaire, le procès de Adji Sarr a été fait, acté, tranché, sans autre forme de procès, au mépris de ses droits, de son âge, de sa condition.
Un jour, à défaut de justice dont on désespère, la vérité éclatera. La patience n’est pas le fort du commentariat mais le temps politique est un temps long, soit. L’urgence est à la dénonciation d’un pouvoir aux abois, soit ; et cela a été fait, brillamment par nombre de tribunes. On saura, un jour, ce qui s’est passé entre Ousmane Sonko et Adji Sarr. Si c’est un complot, comme des éléments de procédure ayant fuités et des commentaires semblent le corroborer, le triomphe du martyr sera là car les basses attaques ne font que fortifier leur cible. Ousmane Sonko y gagnera donc et y gagne déjà, lui dont le plus grand capital, est d’avoir réenchanté chez les catégories les plus réfractaires à l’engagement, l’espoir et le patriotisme. Pour l’heure, en l’absence de la parole détaillée, libre, complète, circonstanciée, rendue impartialement, de Adji Sarr, les éléments parcellaires et les zones d’ombre restantes, ne permettent pas, même aux devins, de statuer définitivement.
Dans cette faille temporelle, c’est à elle, victime de sa naïveté, de coupables plus obscènes qu’elle, de manipulateurs, d’abus ou de viol pur et simple, peu importe, qu’il faut penser. Le temps du doute doit aller à cette gamine, qui est dans tous les sens du terme, une victime. Un cas presque clinique pour la gauche sénégalaise : une déshéritée, sans mère, sans repères, délaissée par des proches, offerte à tous les appétits malfaisants de bourreaux de divers ordres. Adji Sarr a tout le pedigree des pilleurs de magasins, il y a fort à parier qu’elle aurait été, étant donné sa condition, de celles sur qui le pouvoir s’exerce dans toute sa violence. Parce que des Adji Sarr, le pays en regorge, symboles même des inégalités, tout comme les bonnes et leurs secrets lourds, les autres sans grades de l’informel, et toutes les autres damnées silencieuses. Dans la folie collective actuelle, il faut, quand même et malgré tout, leur offrir un peu de soin.
Texte écrit le soir du 4 mars 2021
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ON N'A JAMAIS EU AUSSI PEUR AU SÉNÉGAL QUE LORS DES RÉCENTES MANIFESTATIONS
Alioune Tine dirige qui fait partie des gens que le président Macky Sall a consultés ces derniers jours, livre son analyse des troubles intervenus dans le sillage de l'affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr
C'est jour de deuil ce vendredi au Sénégal à l'appel du collectif de l'opposition M2D, le Mouvement de défense de la démocratie, en mémoire des victimes des affrontements de la semaine dernière entre police et manifestants qui ont fait au moins 5 morts.
Tout a commencé par l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko, inculpé pour le viol présumé d'une jeune femme sénégalaise.
Alioune Tine dirige le think tank ouest-africain Africajom Center. Il fait partie des gens que le président Macky Sall a consultés ces derniers jours. En ligne de Dakar, il nous livre son analyse.
«BEAUCOUP D’ARTISTES SE GARDENT DE PRENDRE DES RISQUES»
Palabres avec… Dr Ibrahima WANE, professeur de littérature et civilisations africaines à l’Ucad. Il porte son regard sur l’engagement des artistes lors des malheureux évènements relatifs à l’affaire Ousmane Sonko.
Titulaire d’un doctorat de troisième cycle de Lettres modernes et d’un doctorat d’État de Lettres et sciences humaines, le Docteur Ibrahima Wane est professeur de littérature et civilisations africaines à Université Cheikh Anta Diop de Dakar (l’UCAD). Il enseigne aussi l’histoire sociale de la musique à l’Institut supérieur des arts et cultures (ISAC) de Dakar. Wane est le directeur de la formation doctorale Études Africaines de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’UCAD et le premier vice-président du Réseau euro-africain de recherche sur les épopées (REARE). Ancien journaliste culturel, il a été de l’aventure du groupe Com 7 avant de collaborer avec le journal Taxi. En sa qualité d’Enseignant Chercheur, il travaille beaucoup sur la poésie et la musique populaire en Afrique de l’Ouest, les littératures écrites en langues africaines, les cultures urbaines et l’imaginaire politique. Souvent sollicité pour participer à des travaux scientifiques touchant à ces différents domaines, le Docteur Ibrahima Wane et une voix autorisée dans le milieu universitaire et culturel sénégalais. Il porte son regard sur l’engagement des artistes lors des malheureux évènements relatifs à l’affaire Ousmane Sonko.
Dr, lors des malheureux évènements que nous venons de vivre avez-vous senti un engagement physique des artistes pour les causes du peuple ?
Il y a une réalité sénégalaise bien établie depuis assez longtemps ; c’est que les artistes font partie de l’opinion. On les retrouve dans les rangs des observateurs et des acteurs de premier plan. Ceux du mouvement « Y’en a marre » ont des positions connues, régulièrement réaffirmées. Malal, Thiat et Kilifeu se sont encore retrouvés au cœur du combat. Nitt Doff et Mass, par exemple, affichent clairement leur appartenance à un camp, celui de Sonko. Plusieurs autres artistes se sont prononcés à travers des déclarations dans les médias et les réseaux sociaux ou à travers des œuvres produites pour la circonstance. Leurs messages ont porté selon les sensibilités sur la défense des libertés, l’indépendance de la justice ou la recherche de la paix et de la stabilité.
Qu’est-ce qui explique, selon vous, ce déficit d’engagement ?
Les artistes ne sont pas une classe homogène. Il s’agit d’individualités qui ont des rapports à la politique liés à leurs trajectoires respectives. Il s’y ajoute que les formes d’expression des sentiments et des opinions varient d’un acteur à un autre. La réactivité, comme le rythme de production, n’est pas la même partout. Beaucoup ont préféré jouer la carte de la prudence, en attendant d’avoir une lecture plus claire des faits, alors que les choses sont allées très vite. Nombreux sont donc ceux qui ont été pris de court.
Un artiste comme Chris Brown a tweeté pour se désoler de la situation au Sénégal. Au Nigeria, des artistes n’hésitent pas à sortir dans la rue. Qu’est ce qui explique, selon vous, cette exception sénégalaise ?
On idéalise peut-être trop les artistes. N’oublions pas que même pour défendre leurs propres intérêts, ils n’y vont de la même manière. Ils sont éparpillés dans plusieurs associations et empruntent des démarches quelque fois divergentes. S’attendre à une réaction collective et uniforme relève donc de la naïveté. Même parmi ceux qui ont directement agi ou réagi, il y a eu plusieurs niveaux et moments d’intervention. Il y a eu une première séquence où il a été surtout question de dénoncer un complot contre un opposant. Ensuite il s’est agi de prêcher pour une mobilisation citoyenne. Dans le troisième temps, il était surtout question d’appels à la paix. Et là, par exemple, même l’Ensemble lyrique traditionnel du Théâtre national Daniel Sorano est entré dans la danse en produisant un single qui réunit une dizaine de voix.
On a entendu les voix de Boubacar Boris Diop, Felwine Sarr, Moussa Sène Absa. Est- ce suffisant ?
C’est en tout cas important. Ces voix ont du poids. Elles ne passent pas inaperçues. D’autres intellectuels se sont aussi exprimés dans les médias, entre autres tribunes, ici et ailleurs. Des artistes ont clairement pris position en demandant à l’Etat d’arrêter la machine répressive pour éviter une spirale de violence infernale. L’on peut citer Lamtoro et Gaston, le duo du Positive Black Soul, Awadi et Duggy Tee, Daara J, Leuz Diwane J, Dip Doundou Guiss qui ont tous alerté. Ahlou Brick a apporté sans équivoque son soutien aux manifestations pour la libération des détenus. L’on a vu des jeunes artistes comme le célèbre humoriste Diaw dans la foule des protestataires. Il y a là bien des signes non négligeables.
Quelle analyse tirez- vous de la contribution de ces trois personnalités culturelles ?
Boubacar Boris Diop est l’un des plus grands romanciers de ce pays. L’on peut aussi parler de sa carrière de journaliste. Il est donc un observateur très attentif doublé d’un acteur précieux car il parle du haut de sa longue expérience. En tant que septuagénaire, il pouvait s’abstenir d’intervenir et dire que c’est aux jeunes dont l’avenir est en jeu d’aller au charbon. Il a choisi de rester sur le terrain. Evidemment Boris, c’est à la fois le plaisir du texte et le poids des idées. Felwine Sarr est d’une autre génération. Ayant comme nous tous lu Fanon, il a à cœur de remplir sa part de la mission. N’oubliez pas qu’il était en 2011 à la tête d’un groupe d’universitaires qui, pendant la crise préélectorale, avaient lancé un manifeste pour le respect de la Constitution. Il reste sur cette ligne de cohérence. Moussa Sène Absa a fait depuis longtemps la preuve de son engagement. Dans un contexte très difficile, en 2010, il a consacré tout un film aux dérives du régime de Wade : « Yoole ». Pour moi, il s’agit là de trois hommes debout, des sentinelles qui, à leur manière, invitent chacun d’entre nous à jouer sa partition.
Certains soutiennent que nos artistes sont plus préoccupés par leur confort personnel …
Il est vrai que beaucoup d’artistes se gardent de prendre des risques. Ils se disent que leurs fans ou auditeurs sont de tous les bords et qu’il vaut mieux rester équidistant des chapelles politiques. Il y a aussi la crainte de se faire manipuler ou le risque de s’aliéner les pouvoirs publics. Ils préfèrent donc souvent jouer la carte de la prudence et se contenter de sacrifier à l’acte civique rituel, le vote pour la plupart.
Comment analysez- vous les singles de Dip et Leuz Diwan ?
Ces singles montrent qu’on était très vite allé en besogne en reprochant à la nouvelle génération de rappeurs d’être peu engagée et d’être plus portée sur les mondanités. Le contexte national et international a toujours une influence sur les démarches artistiques. La situation qu’on a vécue a révélé qu’une bonne partie de ces rappeurs, qu’on avait classés sur le registre de l’ « entertainment », est très ancrée dans les réalités quotidiennes et n’est pas moins consciente que les aînés.
Les footballeurs internationaux ont également manifesté leur solidarité au peuple. C’est nouveau…
Oui, c’est aussi l’effet des réseaux sociaux. Aujourd’hui, on vit en temps réel tout ce qui se passe dans les différents endroits de la planète. Ces footballeurs évoluent aussi dans des pays où cette pratique est courante : l’expression de la solidarité, de la compassion, etc. à travers des tweets, posts, vidéos…
Pouvez-vous nous citer dans l’histoire de la musique sénégalaise des artistes engagés. Et dans quelles circonstances ?
L’engagement n’est pas que d’un bord. Le pouvoir a aussi toujours eu ses défenseurs. Il est vrai qu’on met l’accent souvent sur ce qui est moins évident, peut-être plus méritoire, l’engagement aux côtés des sans-voix. On peut citer quelques icônes qui ont des parcours et des styles bien entendu différents. Le folk singer Seydina Insa Wade, qui a depuis son adolescence toujours cheminé avec des militants de la gauche, s’est distingué des années 1970 aux années 2000 par un répertoire. Baaba Maal, qui a à partir du lycée commencé à fréquenter les cercles et les associations culturelles a développé aussi cette sensibilité de gauche. Oumar Pène a également grandi dans des environnements marqués par cette veine contestataire. Cette influence perceptible dans ses chansons est bien pour quelque chose dans sa proximité avec la jeunesse, notamment les étudiants. Ouza Diallo est un autre exemple. Il a été censuré sous Senghor comme sous Abdou Diouf. Il n’a pas non plus hésité à critiquer Abdoulaye Wade. Ces chanteurs dits engagés se sont aussi quelques fois appuyés sur les créations de poètes et d’artistes moins connus pour n’avoir pas fait une grande carrière leur permettant de faire éditer des cassettes et d’être médiatisés.
Par Louis CAMARA
SAUVONS LA DEMOCRATIE
En hommage à Cheikh Ibrahima Coly, Baye cheikh Diop et Famara Goudiaby, premiers jeunes tombés à la fleur de l’âge sous les balles de la dictature en ce mois de mars 2021