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27 juin 2025
LA COALITION «LE PEUPLE» PREND LE CONTREPIED DU M2D
Contrairement à Ousmane Sonko, membre du Mouvement de défense de la démocratie (M2D), qui prône que Macky Sall achève son dernier mandat, la coalition «Le Peuple» quant à elle reste toujours intransigeante sur le départ du chef de l’Etat du pouvoir
En conférence de presse hier, la coalition citoyenne «le Peuple» qui regroupe des partis politiques et des mouvements citoyens et syndicaux est montée au créneau afin de mettre un terme définitif aux dérives autoritaires du régime en place. A cet effet, Dame Mbodji, El Hadji Mansour Mboup et Cie ont, dans leurs 10 commandements, exigé la démission de Macky Sall.
Contrairement à Ousmane Sonko, membre du Mouvement de défense de la démocratie (M2D), qui prône que Macky Sall achève son dernier mandat, la coalition «Le Peuple» quant à elle reste toujours intransigeante sur le départ du Chef de l’Etat du pouvoir. Dans une déclaration qui résume toutes leurs exigences en dix points et lue devant la presse hier, Abdou Karim Guèye, El Hadji Mansour Mboup et Dame Mbodj, qui dénient à Macky Sall sa légitimé, ont de nouveau appelé le président de la République à céder son fauteuil après son échec. «Nous exigeons la démission du président de la République avant que le peuple ne le contraigne à quitter le pouvoir», a déclaré ElHadji Mansour Mboup.
Tenant le Chef de l’Etat pour responsable des évènements de mars 2021 qui ont coûté la vie à une dizaine de personnes, Dame Mbodji qui accuse le président de «plus grand comploteur», estime que Macky Sall est derrière tout ce qui s’est passé. «C’est lui qui est derrière le procureur et les ministres de la Justice et de l’Intérieur. Et chacun de ces derniers a eu par rapport à son niveau de responsabilité à commettre des bêtises.
Et pour les balayer tous, la solution la plus simple, c’est que le président de la République Macky Sall rende le tablier. Parce qu’il a échoué lamentablement», fulmine le Secrétaire général du Cusems Authentique qui annonce sa participation au rassemblement pacifique annoncé par le M2D, samedi prochain, afin d’exiger la libération de tous les détenus politiques. De ce fait, il a exigé que le président de la République instruise ses services pour que la marche soit autorisée et encadrée s’il veut la paix. «Sinon, nous allons encore manifester. Nous ne céderons pas.
Le président de la République est en train de semer le désordre dans le pays. Et personne n’a rien fait avec tous les gens qui sont mis en prison. Nous exigeons solennellement la libération de tous les détenus politiques», peste le syndicaliste.
En outre, comme deuxième point revendicatif, la coalition «Le Peuple» exige la démission ou la destitution obligée du ministre de l’Intérieur, de la Justice, du procureur de la République ainsi que du préfet de Dakar. Cette organisation qui regroupe des politiques et syndicalistes a exigé l’annulation pure et simple de l’arrêté Ousmane Ngom qui constitue une entrave aux libertés démocratiques individuelles et collectives.
Les Sénégalais doivent avoir libre accès à la place de l’indépendance, symbole de notre souveraineté à tout moment. Par ailleurs, le Comité de coordination de la coalition citoyenne «Le Peuple» exige la libération immédiate et sans condition de tous les détenus politiques dont Clédor Sène, Guy Marius Sagna, Assane Diouf, Fatima Mbengue, Abass Fall, Birame Soulèye Diop et tous les manifestants détenus arbitrairement. Dame Mbodj et Cie ont en outre exigé la poursuite des auteurs de ce complot odieux pour association de malfaiteurs et atteinte à la sûreté de l’Etat et à la paix civile ayant causé la mort d’innocents citoyens.
Mieux, ils demandent «la dissolution de cette assemblée nationale constituée de députés automates aux services de l’Exécutif, le démantèlement de ce gang occulte de nervis sanguinaires connu sous la dénomination du marron du feu et la mise aux arrêts de l’ensemble de ses membres pour faits de terrorisme, l’ouverture d’une enquête contre X pour déterminer les auteurs des crimes de sang-froid contre les manifestants pacifiques et désarmés, la refonte totale du fichier électoral et la mise en place d’un nouveau, infalsifiable, qui prenne en compte tous les citoyens sénégalais en âge de voter à l’intérieur du pays tout comme dans la diaspora, sans aucune forme de discrimination, avant la tenue de toute élection et la tenue d’élections locales en décembre 2021 et des législatives en 2022».
LES AVEUX TERRIFIANTS DU SECOND SUSPECT DEVANT LA SU
La sûreté urbaine du commissariat central de Dakar a cerné le deuxième présumé meurtrier de l'étudiant Joël Célestin Philippe Ahyi à l'Ucad.
La sûreté urbaine du commissariat central de Dakar a cerné le deuxième présumé meurtrier de l'étudiant Joël Célestin Philippe Ahyi à l'Ucad. La mèche Mais vendu ce mercredi par nos confrères de Libération. Le meurtre qui avait secoué l'université Cheikh Anta Diop ne sera pas impuni grâce au professionnalisme et la détermination des éléments du commissaire Bara Sagaré pour élucider l'affaire.
Seneweb a mené des investigations approfondies pour en savoir davantage sur le crime crapuleux qui avait ému plus d'un au mois de septembre 2020. Après une longue cavale, F.Séye a été localisé à Dakar plus précisément à Yarakh par les redoutables enquêteurs.
Les policiers ont finalement mis la main sur le fugitif dimanche dernier aux environs de 06 heures. Selon des informations de Seneweb, F.Séye a reconnu sans ambages les faits lors de son interrogatoire. Le second présumé meurtrier a cité son coauteur F. Ndiaye qui avait été déjà arrêté la SU avec ses acolytes.
L'agresseur a retracé le film du crime lors de son interrogatoire. En provenance de Pikine, Séye et F. Ndiaye avaient rallié l'université Cheikh Anta Diop d'après ses aveux. Ivre comme des polonais, les deux présumés bandits guettaient une proie au niveau du Canal 04 de l'Ucad.
<<Nous avons aperçu un homme en compagnie de deux filles. Nous avons réussi à neutraliser ces dernières. Mais l'étudiant avait décidé de se défendre. Mon camarade l'a poignardé à mort>> indique F.Séye lors de son interrogatoire.
"LE VOYAGE DU FUGITIF EN GAMBIE "
Les deux présumés bandits avaient rebroussé chemin pour rentrer à Pikine après le meurtre. Pris de peur, F. Séye s'était réfugié en Gambie selon lui pour échapper à la justice. Mais l'homme activement recherché est retourné récemment au bercail en espérant que l'affaire était déjà classée.
Malheureusement oour lui, il a reçu la visite des éléments de la Sûreté Urbaine dimanche dernier vers 06 heures du matin. F. Séye a été arrêté et déféré, au terme de l'enquête, au tribunal de grande instance de Dakar. Aux dernières nouvelles, le doyen des juges l'a envoyé en prison.
A noter que les redoutables limiers de la SU avaient déjà interpellé le premier présumé meurtrier F.Ndiaye et ses 04 complices. Ces derniers sont actuellement en taule. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, vol avec violence commis la nuit avec usage d'arme ayant entraîné la mort et recel.
LES GRANDS DÉFIS POLITIQUES D’OUSMANE SONKO
Le leader de Pastef a remporté la bataille de l'opinion dans cette histoire de viol présumé pour laquelle il est indexé. Pourra-t-il capitaliser cet élan de sympathie sans renier ses convictions de combattre le système ?
Le leader de Pastef a remporté la bataille d’opinion dans cette histoire de viol pour laquelle il était indexé. Mieux, après la démonstration de forces de ses partisans et sympathisants, obligeant ainsi le Président Macky Sall à céder, Ousmane Sonko est devenu le leader incontestable et incontesté de l’opposition. Pour autant, pourra-t-il capitaliser cet élan de sympathie sans renier ses convictions de combattre le système ? En tout cas, d’énormes défis se dressent en travers de son chemin en perspective des prochaines échéances électorales qui se profilent à l’horizon.
La politique est l’art de gérer la cité. Mais faudrait-il auparavant bénéficier de la confiance des citoyens et conquérir le pouvoir. Et sous nos tropiques, cette conquête peut toujours révéler des surprises. D’où la nécessité de se préparer à toutes les éventualités. Ousmane Sonko devrait avoir bien conscience de cela et décrypter à son tour le message délivré par le peuple sénégalais ces dernières semaines.
Ainsi, en plus des combats démocratiques et de restauration des libertés, le leader des patriotes devrait résoudre certaines équations politiques. Avec qui aller aux élections ? Sous quelle bannière ? Quels profils mettre en avant pour certains types d’élections ?… Des questions pas anodines surtout que les prochaines échéances électorales ne sont pas lointaines. Ce n’est pas une promenade de santé pour le candidat arrivé troisième à la Présidentielle de 2019 et qui aujourd’hui compte de plus en plus de partisans et d’adhérents à sa cause, qu’ils soient de simples citoyens, des membres de la société civile ou des formations politiques.
Face à cette masse de nouveaux souteneurs, Pastef devrait identifier ceux avec qui il partage des idéaux et des valeurs politiques d’autant que son leader se veut le chantre de l’antisystème. Une grande coalition électorale devrait être portée sur les fonts baptismaux en direction des scrutions locales et législatives. Celle-ci pourrait ainsi jouer le rôle de veille et d’alerte par rapport au processus électoral. D’aucuns savent que pour se positionner et avoir de fortes chances pour diriger le pays, les prétendants à la magistrature suprême doivent travailler afin que leur étendard soit présent dans une bonne partie des circonscriptions nationales. Et les élections locales constituent un bon moyen pour arriver à ces fins. L’histoire a démontré que si l’opposition remporte des localités stratégiques, elle gagne à coup sûr la Présidentielle.
En 2009, l’opposition regroupant le PS, l’AFP, la LD, le PIT, l’APR entre autres avait dominé à l’époque le PDS du tout puissant Wade. Des signes avant-coureurs de la déchéance du pape du Sopi en 2012, avec comme heureux élu Macky Sall, seul leader à sortir du lot à l’issue du premier tour de la Présidentielle. Aujourd’hui, avec les reports répétitifs des Locales depuis 2019, le chef de l’Etat n’a-t-il pas senti que l’électorat qui l’avait plébiscité en 2012 allait continuer de s’effriter au profit de ses adversaires ? Tout porte à le croire vu l’engouement autour du leader des patriotes. Ce qui est à remarquer, c’est que cette simple affaire de viol s’est transformée en une vraie bataille politique laissant deviner le niveau de force de chacun.
SONKO DEVRA FAIRE AVEC DE JEUNES LOUPS !
Et si par hasard Ousmane Sonko devait créer une alliance électorale, elle aurait pour objectif de mettre dans son escarcelle des localités stratégiques comme Dakar, Touba, Thiès, Saint-Louis, Louga, Casamance, entre autres. Si avec les couleurs de Pastef, il peut remporter facilement les communes de la zone sud, ce ne sera pas forcément le cas pour les autres localités. D’où la nécessité de travailler sur cet aspect. Aujourd’hui, fort de l’engouement populaire, Pastef gagnerait plus à bâtir une machine électorale, seule capable de lui procurer de grandes victoires lors des prochaines joutes. Cette machine électorale doublée d’un appareil politique devrait, avec une forte coalition, ouvrir les voies impénétrables du pouvoir à Pastef arrivé troisième à la dernière Présidentielle et dont l’électorat ne cesse manifestement de grimper. Il a été multiplié par 10 entre les élections législatives de 2017 et la présidentielle de 2019, passant de 65 235 électeurs aux législatives à 587 000 voix à la présidentielle, soit 15,67% de l’électorat.
Ousmane Sonko devrait aujourd’hui faire l’union sacrée autour de sa personne. Pour cela, il devrait se départir de l’euphorie actuelle et bien choisir ses compagnons politiques. Tout en sachant qu’il devra faire avec de jeunes loups aux dents aussi longues à l’image de Bougane Guèye Dani, Thierno Alassane Sall, Abdoul Mbaye, Malick Gakou, etc. A moins que l’initiative d’une large coalition ne provienne d’un leader comme Khalifa Sall dont l’éligibilité est encore sujette à caution, mais qui dispose d’une oreille de presque toute l’opposition.
MALICK SALL A COMMIS UNE ERREUR MONUMENTALE
L'ancien roi des arènes n’a pas du tout apprécié la sortie du ministre de la Justice, Me Malick Sall, qui a accusé les lutteurs d’avoir infiltré les manifestants lors des récentes émeutes
L'ancien Roi des arènes n’a pas du tout apprécié la sortie du ministre de la Justice, Me Malick Sall, qui a accusé les lutteurs d’avoir infiltré les manifestants lors des récentes émeutes.
«Les propos du ministre sont sans fondement. Je ne sais pas ce qui lui a fait dire de tels propos, mais c’est une erreur monumentale de sa part», déplore Yakhya Diop Yékini dans un entretien accordé à Sunu Lamb.
L'ex-chef de file de l'écurie Ndakarou d'ajouter : «Les lutteurs sénégalais ont atteint un niveau de maturité qui ne leur permet plus d’entrer dans certains détails. Ils ne sont pas mêlés à ces manifestations.»
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LE PS ACCUSE BARTHELEMY DIAS
Dans une déclaration parvenue hier à « L’AS », Aminata Mbengue Ndiaye et ses camarades ont répondu au maire de Mermoz-Sacré-Cœur, l’accusant au passage d’être à l’origine de l’attaque contre leur siège lors des manifestations violentes
Le maire de Mermoz-Sacré-Cœur et ses anciens camarades du Parti socialiste (PS) ont déterré la hache de guerre. Après avoir accusé Aminata Mbengue Ndiaye et Cie d’avoir recruté les nervis présents dans les récentes manifestations, Barthelemy Dias est à son tour désigné par ses ex amis socialistes comme l’auteur des attaques contre leur siège.
La déclaration de Barthelemy Dias accusant le Parti Socialiste (PS) d’avoir recruté les nervis qui pourchassaient et violentaient les manifestants qui protestaient contre l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd.
Dans une déclaration parvenue hier à « L’AS », Aminata Mbengue Ndiaye et ses camarades ont répondu au maire de Mermoz-Sacré-Cœur, l’accusant au passage d’être à l’origine de l’attaque contre leur siège lors des manifestations violentes qui ont secoué le pays. «Le Parti socialiste prend à témoin l’opinion nationale et internationale et attire l’attention sur la gravité de certaines déclarations, notamment celles tenues, à travers la presse et les réseaux sociaux, par un ex-militant du Parti, dont les propos portent à croire qu’il ne serait pas étranger aux actes de lâcheté perpétrés contre son siège. En tant qu’organisation républicaine, attachée à la paix et respectueuse du droit, le Parti socialiste a décidé de saisir la justice. Aussi, le Parti socialiste prendra-t-il toutes dispositions conformes à la Loi, pour assurer la sécurité de son patrimoine, contre toute tentative de récidive », ont déclaré les socialistes.
Selon la présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) et Cie, «le vendredi 05 mars 2021, en début de soirée, la Maison du Parti socialiste, Léopold Sédar Senghor, a subi de violentes attaques, perpétrées par une centaine d’individus, munis de cailloux, d’armes blanches et à feu ainsi que de divers autres objets». «En surnombre, face au personnel de sécurité des lieux qui a préféré éviter des affrontements et un bain de sang, les assaillants ont vandalisé les locaux, en se livrant à une vaste opération de saccage et de pillage de la Maison du Parti, du sous-sol au 1er étage, avant de mettre le feu à des véhicules cyclomoteurs et aux pièces du rez-de-chaussée», précisent les anciens alliés du fils de Jean Paul Dias.
Poursuivant, ils condamnent «énergiquement de tels actes de violence aveugle et gratuite que rien ne justifie». «Contraires à la morale ainsi qu’aux valeurs de liberté et de démocratie, ces actes, commis contre le patrimoine commun de ses militants, symbole de l’histoire politique de notre pays, ont occasionné un lourd préjudice. Le Parti socialiste exprime sa solidarité à l’endroit de toutes les victimes des violences survenues ces derniers jours et s’incline pieusement devant la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie, pendant ou à la suite de ces manifestations», ajoutent les héritiers d’Ousmane Tanor Dieng.
BARTHELEMY DIAS ACCUSE LE MAIRE SOCIALISTE DE PAOSKOTO
Barthélémy Dias est formel ! Les nervis qui ont pris part aux manifestations nées de l’arrestation du leader de Pastef ont été recrutés par le Parti Socialiste.
La présence de nervis lors des affrontements de la semaine dernière qui ont entrainé mort d’hommes avait choqué les populations. C’est ainsi que Barthélémy Dias est sorti de sa réserve pour accuser le Parti socialiste d’être à l’origine du recrutement de ces gros bras. Démenti par Aminata Mbengue Ndiaye, le maire de Sacré Cœur/Mermoz est revenu à la charge en accusant nommément le maire Ali Mané d’être le recruteur.
Barthélémy Dias est formel ! Les nervis qui ont pris part aux manifestations nées de l’arrestation du leader de Pastef ont été recrutés par le Parti Socialiste. Se faisant plus précis, il accuse Ali Mané, actuel maire de Paoskoto (commune située dans le département de Nioro) d’être le recruteur de ces gros bras. Avec des images à l’appui sur sa page Facebook, le maire de Sacré-Cœur déclare :«J’insiste, persiste et signe. La direction du Parti Socialiste (PS) a cautionné le recrutement, l’armement et le déploiement de nervis qui ont occasionné la mort de citoyens sénégalais».
En effet, les photos et vidéos de ces nervis ont fait le tour de la toile lors des affrontements du 05 mars dernier. En au moment où le débat sur leur présence aux côtés des forces de l’ordre faisait rage, des nervis, armés, se sont mis à tirer à bout portant sur des manifestants désarmés et pacifiques. D’où la révolte de l’opposition et de la société civile qui réclament l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités.
Armés de coupe-coupe, de machettes, de gourdins et d’armes à feu, des miliciens s’en sont pris aux manifestants. Et une chaine de télévision de la place, Dias-fils de persister dans ses accusations. «Je mets au défi Aminata M. Ndiaye, de dire le contraire. J’ai des preuves de mes allégations, je la respecte beaucoup parce que c’est une maman, mais si elle m’en donne l’autorisation, je publierai les images», a martelé Barthélémy Dias. Une accusation qui avait fait sortir les membres du Parti socialiste de leurs gonds.
En effet, ces derniers s’étaient fendus d’un communiqué pour rejeter en bloc cette thèse. «Le Parti socialiste prend à témoin l’opinion nationale et internationale et attire l’attention sur la gravité de certaines déclarations, notamment celles tenues, à travers la presse et les réseaux sociaux, par un ex-militant du Parti (Barthélémy Dias : Ndlr), dont les propos portent à croire qu’il ne serait pas étranger aux actes de lâcheté perpétrés contre son siège». Un communiqué que le maire de Mermoz qualifie de torchon. «Je dénonce l’irresponsabilité de Mme Aminata Mbengue Ndiaye, à travers le torchon de communiqué pondu pour amuser le prince», at-il soutenu.
Se voulant plus précis, il a nommément cité Ali Mané d’être le commanditaire de cette affaire. «J’accuse M Ali Mané (Maire de Paoskoto) d’être le recruteur de nervis», indique Barthélemy Dias qui demande au procureur de la République de s’autosaisir. A noter que nos tentatives de joindre le maire de Paoskoto, Ali Mané, se sont révélées vaines.
par Saliou Ndour
LE GÉNIE DES CARPATES, À LA SAUCE TROPICALE
EXCLUSIF SENEPLUS - La torpeur ambiante, le culte de la prétendue chiffre de croissance, ont convaincu Macky Sall que personne n’oserait contester son pouvoir. Ainsi pouvait-il jouer à l’autruche, pour ne pas sentir le catalyseur d’une rancœur légitime
Les événements que vit le Sénégal sont sans précédent dans l’histoire politique de ce pays de par la détermination, l’engagement de toute une jeunesse frustrée et indignée par l’incurie de la classe politique gouvernante complètement inconsciente des enjeux sociaux.
Faudra-t-il se résoudre à adopter le néologisme d’opposophage, mangeur d’opposition pour désigner les actes posés par le président Macky Sall ? Lui-même nous y accule. L’évidence n’est que trop criante quand on peut arpenter la galerie de ses liquidations politiques : Karim Wade en 2015, Khalifa Sall en 2018 et maintenant cette tentative maladroite et grossière sur Ousmane Sonko. En réalité, depuis son accession au pouvoir, il n’a eu de cesse de persécuter, et pour leur barrer le chemin, ses différents challengers réels ou supposés dans la course au pouvoir. C’est de bonne guerre diraient ceux qui n’envisagent l’Etat en Afrique que dans une perspective néocoloniale : celle de la reproduction de l’Etat colonial. Mais notre peuple a-t-il besoin de tourner en rond dans ce type de cercle vicieux ?
Force est de constater donc, en observateur assidu et analyste de l’histoire de la vie politique de ce pays qu’il s’agit d’un sous-système Macky et dont les mécanismes et rouages peuvent être aisément démontés, mis à nue.
Macky Sall a beaucoup appris des erreurs d’Abdoulaye Wade et identifié les facteurs qui ont été à l’origine de sa chute. Les maîtres mots sont : maîtriser, neutraliser, réprimer. L’un des éléments déterminants ayant contribué à la grogne qui a emporté le pouvoir Wade, c’est la résistance frondeuse d’une certaine classe moyenne qui ne pouvait plus accepter corruption, démagogie, gabegie et gestion frauduleuse du pouvoir. Stratégie ? Ourlet cousu de fil blanc ! D’abord neutraliser les potentiels empêcheurs de tourner en rond.
C’est le cas d’une importante frange de la presse si prompte auparavant à clouer au pilori le président Wade et qui est brusquement devenue aphone ! Les mauvaises langues parlent d’arguments sonnants et trébuchants.
C’est aussi une partie de classe maraboutique qui a eu à bénéficier, elle aussi, des largesses du régime louant au passage la générosité du bienfaiteur et lui accordant sa prière pour qu’il continue, avec sa bénédiction, de régner ad vitam aeternam sur le Sénégal.
C’est aussi, ayons la décence de le dire, ce monde universitaire auquel j’appartiens et qui a bénéficié d’un relèvement de ses indemnités, de la pension de retraite, certes fruit d’une longue lutte ! A moins de considérer la situation pleine d’incertitudes et paralysante générée par la pandémie, l’on peut s’étonner de l’aphonie du nombre d’universitaires habituellement contestataires et qui ont mis leur plume au service de l’alternance contre Wade. L’on est subitement devenus silencieux, très silencieux. L’effet soporifique du gain les a–t-il amener á se désintéresser des affaires de la res publica ? Peut-être simple coïncidence ! L’on ne peut que déplorer qu’une réhabilitation salariale soit perçue par les bénéficiaires non comme un droit du travailleur mais une rente destinée à inhiber toute réflexion et action sociale solidaire.
Second temps. Ces facteurs maitrisés, Macky Sall se dote d’une armada répressive paradant le 4 avril afin de faire peur. L’espèce de torpeur ambiante, le culte de la prétendue « chiffre de croissance » aidant, l’ont convaincu que personne n’oserait contester son pouvoir.
Enfin, l’on ne peut ignorer l’extraordinaire et grandiose transhumance politique qui a quitté les prairies bleues et vertes pour des haciendas marron-beige beaucoup plus luxuriantes : les ralliements d’Idrissa Seck, d’Aissata Tall Sall, de Cheikh Tidiane Gadio pour ne citer que ceux-là. Mutation ou variant, pour reprendre le discours des circonstances, qui ont achevé de hisser au rang de « génie politique », ce despote léger et maladroit.
Dès lors, rien ne pouvait résister à ce « génie des Carpates », version tropicale dont le programme s’est fixé comme horizon, 2035. Le vertige du pouvoir, les moyens colossaux dont dispose le régime, les gadgets électroniques estampillés Big brother et les lois liberticides de la Covid-19 constituent des écrans de fumée. Fort du parrainage dont il s’est doté, il ne pouvait que se sentir le droit et le luxe de choisir ses adversaires. Auto-illusion : c’est le propre de la naïveté politique lorsque soufflent les vents de la vassalisation ! Ainsi pouvait-il jouer à l’autruche, pour ne voir ni les « hordes d’une jeunesse sans emploi » déambuler oisivement dans les rues lorsqu’elles ne tentent pas le saut suprême et fatal dans l’océan ou le désert ; ni entendre le cri sourd, le grondement d’une jeunesse désabusée ; ni sentir le catalyseur d’une rancœur légitime prônant la rupture.
La toute-puissance instruit souvent l’acte de trop : la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Pas drôle, dans tous les cas, cette affaire de mœurs ourdie par des comploteurs sans grande imagination. Spectaculariser l’obscène, faire des tribunaux une fois de plus le théâtre du lynchage public. Mais le diable parfois se cache dans le détail d’une mise en scène très peu crédible. Normal qu’il s’ensuive cette bourrasque qui emporte tout sur son passage. Le monarque pittoresque est finalement descendu de son piédestal pour dire à son peuple « je vous ai entendu, je vous ai compris » !
Ce qui est désormais sûr c’est que rien ne sera comme plus avant ! Ce peuple, à chaque fois qu’il a été confronté à ses démons, il a su relever la tête pour les regarder en face !
Saliou Ndour est Maître de conférences à l’Université Gaston Berger
10 DÉCÈS LIÉS AU CORONAVIRUS ENREGISTRÉS
Le porte-parole du ministère de la santé a également souligné qu'à ce jour, le Sénégal a enregistré 36569 cas positifs à la covid-19 dont 31 977 guéris, 951 morts, 1 évacué et 3640 personnes sont encore sous traitement.
Le ministère de la santé et de l’action sociale a annoncé ce vendredi 12 mars 2021 que le Sénégal a enregistré 198 nouveaux cas de contamination dont 121 issus de la transmission communautaire. Le ministère a également précisé que 302 patients sont déclarés guéris. 10 décès supplémentaires ont été enregistrés.
« Sur 1935 tests réalisés, 198 sont revenus positifs. Il s’agit de 77 cas contacts suivis par les services du ministère de la santé et de 121 cas issus de la transmission communautaire. Par ailleurs, 302 patients sont testés négatifs et déclarés guéris. 41 cas graves est également pris en charge dans les services de réanimation de l’hôpital de Fann et de l’hôpital principal de Dakar. 10 décès lié à la covid-19 ont a été enregistrés Jeudi 11 mars. L’état de santé des patients hospitalisés dans les hôpitaux évolue positivement", a déclaré le directeur de la prévention du ministère de la santé, El Hadji Mamadou Ndiaye.
Le porte-parole du ministère de la santé a également souligné qu'à ce jour, le Sénégal a enregistré 36569 cas positifs à la covid-19 dont 31 977 guéris, 951 morts, 1 évacué et 3640 personnes sont encore sous traitement.
Quant à la vaccination contre le covid-19, à ce jour, 81 961 personnes ont pris leur première dose sur toute l’étendue du territoire national, renseigne le Directeur de la prévention Elhadj Mamamadou Ndiaye.
«IL FALLAIT REMERCIER LE GOUVERNEMENT... ET PRENDRE DES MESURES SOCIALES, PARLER DU LOYER, DU PRIX DU RIZ, DE L’HUILE...»
Tout en saluant cette décision qui sonne comme un gage par rapport à son discours prononcé lundi dernier pour apaiser les tensions suite à l’arrestation du député Ousmane Sonko, Macky Sall aurait pu aller plus loin, selon Dr Abdoukhadre Sanoko, sociologue
Alors que nombre de Sénégalais impactés par les restrictions liées à la Covid-19 encore en vigueur dans les régions de Dakar et Thiès n’ont pas fini de savourer l’allègement du couvre-feu (de 21h à 5h du matin) qui est passé de 0h à 5h du matin, le Chef de l’Etat annonce la non reconduction de l’état de catastrophe sanitaire qui sera levée le 19 mars prochain à minuit. Tout en saluant cette décision qui sonne comme un gage par rapport à son discours prononcé lundi dernier pour apaiser les tensions qui ont gagné le pays suite à l’arrestation du député Ousmane Sonko de Pastef, Macky Sall aurait pu aller plus loin, selon Dr Abdoukhadre Sanoko, sociologue certifié en Psychologie, diplômé en Sciences politiques. Pour lui, le président de la République aurait dû poser des actes forts allant dans le sens de la dissolution ou réaménagement du gouvernement, libérer les détenus et parler de mesures sociales notamment du loyer, du prix du riz, de l’huile… pour gagner plus la confiance des populations. Car, jusque-là, on a droit qu’à un discours rassurant et des promesses qui, à eux seuls, ne suffisent pas.
«La lecture sociologue qu’on peut faire des décisions du président de la République, Macky Sall, de ne pas reconduire l’état de catastrophe sanitaire qui expire le 20 mars à 0h, donc le 19 mars à minuit, c’est que sont de très bonnes décisions qui peuvent être considéré comme allant dans le sens d’apaiser le climat de tension qui régnait depuis lors dans ce pays. C’est véritablement peut-être une réponse appropriée à laquelle les citoyens sénégalais s’entendaient, parce que tout le monde, pendant un bon bout de temps, se disait qu’il faudrait qu’il prenne la parole.
Et finalement il a eu à la prendre, mais il a eu à très bien la prendre. Ce qui aurait été, c’est qu’il prenne la parole dans le sens de menacer, dans le sens d’activer le feu. Mais, de manière très responsable, par rapport au contenu de sa communication, il a eu clairement à dire que nous tous nous appartenons à ce même destin commun et il ne faudrait pas qu’on puisse nous chamailler sur fond de violence et qu’il faudrait qu’on apprenne à se réconcilier et qu’on fasse l’effort de se pardonner. Et ça, je dis, c’est de bonne guère parce que, ces derniers temps, comme tout le monde (l’a constaté), le pouvoir appartient au peuple.
Quand le peuple se sens frustré, il faut l’écouter. Et, il faudrait aussi apprendre à prendre les positions qui siéent pour pouvoir le calmer dans un contexte de frustration et c’est ce qu’il a eu à faire. Le président était obligé de montrer qu’il avait bien compris le message des manifestants. Soit c’est ce qu’il fallait faire ; au cas contraire, c’est lui-même qui allait subir les affres et les conséquences négatives. Maintenant, Oui !
Quand on parle du contenu de son discours, il a véritablement compris le message. D’ailleurs, il l’a dit. Si on fait l’analyse de contenu de son discours, il a clairement dit : «je vous ai écouté, je vous ai perçu». Maintenant, ce à quoi on s’attend, c’est qu’il puisse poser des actes forts matérialisant son discours ; c’est ce qu’on appel la congruence en communication. A travers ce qu’il a eu à dire, on s’attend fermement à ce qu’il pose des actes pour véritablement montrer aux Sénégalais et aux Sénégalaises que notre président a bien perçu et qu’il est en train de prendre, qu’il a même fini de prendre des décisions idoine pour pouvoir soulager sa population. Et ça, il me semble que j’ai eu à le dire dans une autre interview, c’était de marquer ça. Premier chose, il fallait remercier son gouvernement parce qu’en réalité les gens tirent sur lui mais, au-delà de sa personne, il y a d’autres responsabilités parce qu’il a nommé des citoyens Sénégalais comme nous qui n’ont pas finis de bien jouer leurs rôles.
C’est ça le fond du problème. Les relais ont manqués de jouer leurs rôles. Ils disent tout le temps, les ministres, oui, au tour de la table du Conseil des ministres, le président ne cesse de nous exhorter a œuvré pour le soulagement du peuple sénégalais. Mais est-ce qu’eux ils ont eu à bien remplir leurs rôles ? Ayant ça il fallait que des têtes tombent. Maintenant, il y avait aussi d’autres mesures sociales, à mon avis, qu’il fallait prendre : c’est de parler du loyer, de parler du prix du riz, de l’huile…
Ça, ça aller véritablement toucher les Sénégalais et ils allaient même se rendre compte qu’il y a des choses sur lesquelles on pouvait mettre le doigt. Encore, c’était une sorte de promesse plus de 300 milliards…, il faut revoir le budget. Pour moi, tout cela c’était une décision à saluer dans le contenu de son discours mais, urgemment, il fallait prendre des décisions. Et à ce niveau précis, il me semble qu’en premier chef, c’était de remercier son gouvernement. Et jusque-là, il ne l’a pas fait. Ou, du moins, réaménager le gouvernement et faire tomber des têtes par rapport aux domaines qui intéressent la population.
Pour les gages, en tout cas il a montré patte blanche et ça veut dire que très honnêtement il faut la paix. Maintenant objectivement, je ne vois pas d’acte visible, tangible, palpable qui pourrait nous montrer que voilà. Du point de vue de son discours, il a montré patte blanche, on pourrait considérer qu’il a donné des gages. Mais, ça n’a pas été accompagnée par des actes forts parce que jusque-là, ce qu’il vient de dire sont des promesses. Et jusqu’au moment où on parle, il n’a pas libéré les prisonniers politiques qui ont étés arrêtés de manière arbitraire, à mon avis.»
Par Khalia HAYDARA
ÉTUDES DE PHILOSOPHIE ANCIENNE ET MEDIEVALE
Outre son intérêt général, Études de Philosophie ancienne et médiévale (L’Harmattan, 2020) de Djibril Samb revêt, plus particulièrement, une valeur inestimable pour qui se passionne de philosophie ancienne et médiévale.
Outre son intérêt général, Études de Philosophie ancienne et médiévale (L’Harmattan, 2020) de Djibril Samb revêt, plus particulièrement, une valeur inestimable pour qui se passionne de philosophie ancienne et médiévale. Le titre révèle, d’ores et déjà, le projet de l’auteur qui se propose de revisiter des thèmes fort rares tels que la matière et la substance chez les stoïciens, la notion de plagiat, le statut de l’intellectuel chez Lucien de Samosate, l’Iliade d’Homère, l’approche hippocratique de l’éthique médicale et les rapports entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel chez Marsile de Padoue. Sauvegardant, conformément à sa méthode habituelle, la lettre et l’esprit des textes, Djibril Samb a su proposer de nouvelles interprétations et traductions qui ont servi à résoudre de grandes difficultés d’ordre doctrinal. Il est aussi à noter que le lecteur se rend vite compte que les anciens sont encore d’une actualité insoupçonnable.
SUR LES NOTIONS DE SUBSTANCE ET DE MATIÈRE CHEZ LES STOÏCIENS
Remarquons, tout d’abord, que l’étude des notions de substance et de matière sur laquelle s’ouvre l’ouvrage de Djibril Samb a été éludée par les interprètes modernes qui se sont surtout penchés sur la Morale et la Logique stoïciennes. En abordant la physique, Samb répond à l’exigence doctrinale qui affirme l’unité de la philosophie stoïcienne, malgré le fait que celle-ci soit, traditionnellement, divisée en trois parties (logique, morale, physique). De surcroît, comme l’auteur l’écrit lui-même, « la Logique et la Morale stoïciennes, séparées de la Physique, qui est comme le foyer irradiant du système, perdent à peu près toute intelligibilité » (D Samb, 2020, p. 14). Dans ce chapitre, Djibril Samb s’engage dans une voie rarement prise par les exégètes modernes. Premièrement, il signale la polysémie et la synonymie, souvent ignorées, des notions de substance (ousia) et de matière (hylê). En effet, contrairement à la tradition aristotélicienne qui n’admet aucune synonymie entre substance et matière, chez les stoïciens, le contenu de ces deux notions est identique. De manière plus précise, la substance qui est par définition, et de manière exclusive, un patient (paskon) est de même nature que la matière première (prôtê hylê) entendue, au sens aristotélicien, comme une pure puissance indéterminée à laquelle ne se rapporte aucune des catégories de l’être.
Ensuite, Samb parvient à montrer le sens réel de la notion de substance grâce à la nouvelle interprétation qu’il donne du paragraphe 136 du livre 7 de Diogène Laërce, en opposition à E. Bréhier et à V. Goldschmidt. De cette nouvelle traduction, qui jette un jour nouveau sur la notion, il apparaît que la substance ne peut pas se transformer seule, puisqu’elle est inactive, mais que c’est par un mouvement extérieur, initié par Dieu ou le Logos, qu’elle se transforme. En résumé, la réinterprétation des paragraphes 136, 137, 142, et 155 du livre II de Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres de Diogène Laërce permet de résoudre des incohérences apparentes issues des divergences entre les scholiastes. « Avant de proclamer une doctrine absurde, nous avons le devoir d’épuiser toutes les ressources de l’interprétation pour sauver sa cohérence » (D. Samb, 2020, p. 25). Armé de ce principe, Djibril Samb a pu résoudre les incohérences des scholiastes et montrer que la doctrine stoïcienne n’est pas du tout absurde. C’est avec la même habileté que l’auteur des Études de Philosophie ancienne et médiévale va s’attaquer à l’analyse de la notion de plagiat chez les anciens.
LA NOTION DE PLAGIAT DANS L’ANTIQUITE GRECO-ROMAINE
Après avoir appréhendé, avec son acribie coutumière, les notions de substance et de matière, Djibril Samb poursuit avec l’analyse philologique et historique de la notion de plagiat dans l’antiquité gréco-romaine. Il établit, tout d’abord, la notion littéraire d’auteur dans l’antiquité, intimement liée à celle de plagiat, puis examine dûment l’établissement de l’existence du plagiat et répond enfin à la question de savoir quel est le jugement commun que les auteurs anciens portent sur sa pratique. Avant de s’attaquer à ces trois tâches, en bon platonisant, l’auteur s’adonne préalablement à la définition de la notion : « on entend par plagiat toute utilisation usurpatoire d’une œuvre de création, de quelque nature qu’elle soit, telle quelle ou avec des modifications qui n’altèrent pas substantiellement sa forme originale ». (D. Samb, 2020, p.40). Une fois la notion définie, Djibril Samb poursuit son analyse avec la notion d’auteur. Il montre que, contrairement à une opinion traditionnelle, il y avait une volonté manifeste chez les anciens d’être identifiés comme auteurs de leurs œuvres. Cette volonté se retrouve chez des auteurs comme Hésiode, Thucydide, Hérodote, Théognis, Platon, et al.
Ainsi, les anciens avaient une claire conscience de la notion d’auteur et du sens d’un « bénéfice moral ». Cette conscience d’un droit moral de propriété sur leurs œuvres explique certaines attitudes de dénonciation, d’accusation et de réprobation morale qui visent le plagiat. Exempli gratia, dans le livre II de son ouvrage, Histoire, Hérodote accuse certains auteurs grecs de s’être attribués la paternité de la doctrine de l’immortalité de l’âme. Il est, également, à noter les fameuses accusations de plagiat contre Platon formulées par Athénée, sans oublier le larcin grec, célèbre expression qui exprime les reproches que Clément d’Alexandrie fit aux Grecs pour s’être indûment attribués la pensée hébraïque sans en avoir mentionné la source. À la suite de cet intéressant examen de la notion de plagiat qui démontre que les conceptions anciennes de la notion excluent la sanction juridique en se limitant à la dénonciation et à la réprobation morale, Djibril Samb poursuit son investigation dans le champ des intellectuels, en abordant deux ouvrages de Lucien de Samosate consacrés à l’intellectuel à gages ou salarié.
L’INTELLECTUEL À GAGES CHEZ LUCIEN DE SAMOSATE : ELOGES ET CRITIQUES
Du Peri tôn epi mistô sunontôn (sur ceux qui sont aux gages des grands) à l’Apologie, Lucien adopte des positions différentes, pour ne pas dire antithétiques. Dans le premier traité, il condamne, apparemment de manière rédhibitoire, toute forme de travail salarié de l’intellectuel, alors qu’il en fait les éloges dans le deuxième. À l’abord, Djibril Samb note le double impératif qui commande le Peri tôn epi misto sunontôn : un aspect dissuasif, prédominant, qui prouve l’engagement de Lucien et un aspect descriptif et réaliste. À suivre le raisonnement de Samb, Lucien commence par examiner et réfuter les raisons qui poussent les intellectuels à rechercher, avec avidité, le gain, au risque de léser la préservation de leur liberté. Selon Lucien, les vraies raisons sont d’ordre psychologique. Il considère, ainsi, le désir du gain facile, des plaisirs illusoires, mais également la vanité comme étant les véritables raisons qui poussent les intellectuels à accepter « leur servitude volontaire » et à adopter cette « conduite ridicule et folle » qui est d’aliéner leur liberté.
Après ce discours dissuasif, Lucien peint la vie de l’intellectuel à gages dans une approche très négative. Il le décrit dans une situation de dépendance psychologique totale dans laquelle il perd et son authenticité et sa sagesse. Comme l’écrit si bien Djibril Samb, le parcours de l’intellectuel à gages est « un processus de déchéance continu qui commence par l’espoir et se termine dans le désespoir et le repentir » (D Samb, 2020, p. 75). En d’autres termes, sa vie connaît une dégradation progressive marquée par une fin malheureuse. Néanmoins, dans l’Apologie, Lucien adopte une position totalement différente de celle que nous venons de voir dans le Peri tôn epi mistô sunontôn. Non seulement les arguments du premier jurent avec ceux du second, car l’Apologie fait l’éloge de la mission publique de l’intellectuel, mais encore, c’est la vie ultérieure de Lucien qui contredit totalement le Peri tôn epi mistô sunontôn. Car, comme le note Samb, sur le tard, il s’engagea comme fonctionnaire de l’empire en Egypte, sous le règne de Commode. C’est ce qui fait de l’Apologie un discours de défense dont le but est de lever les accusations portées contre Lucien. Celui-ci était accusé en effet d’incohérence et de duplicité L’auteur du commentaire de l’Apologie trouve que les arguments de celui-ci sont remarquables et étonnamment modernes. Lucien fait les louanges de l’intellectuel public qui, contrairement à l’intellectuel privé, se consacre au bien public tout en gagnant sa vie ; il s’occupe des affaires de l’État et n’est au service d’aucun particulier. Autrement dit, il s’agit d’un honnête homme, travailleur, utile à la société et à ses concitoyens. Après avoir conclu le commentaire sur les deux ouvrages de Lucien de Samosate, Djibril Samb se tourne vers l’étude de la déontologie des médecins hippocratiques.
APPROCHE HIPPOCRATIQUE DE L’ETHIQUE MEDICALE
Dans ces pages, le projet de l’auteur consiste à examiner tout d’abord le Serment d’Hippocrate, puis les Traités éthiques, injustement négligés et pourtant si fondamentaux. Demeurant fidèle à sa méthode herméneutique, Djibril Samb commence par une approche conceptuelle et définit, d’emblée, en les distinguant, deux notions souvent confondues : la morale et l’éthique. Puis, il précise que s’interroger sur l’éthique médicale revient à s’interroger sur « la valeur du bien et du mal dans la pratique médicale, sur le fondement ultime de cette valeur et sur les règles qui la sous-tendent ». (D. Samb, 2020, p. 95-96) Ces précisions faites, l’auteur poursuit avec une analyse profonde du Serment d’Hippocrate.
Selon son commentaire, le Serment renferme cinq types d’engagement que tout médecin de profession doit nécessairement observer :
1) Traiter son maître avec la plus haute considération, celle due au père,
2) témoigner à son patient respect et affection, tout en sachant que la fin de la profession médicale est l’intérêt et le service du malade,
3) être d’une moralité infaillible,
4) placer l’intérêt ou l’utilité du malade dans la position de « fin » de l’activité médicale,
5) respecter les exigences du secret médical. Quant aux Traités éthiques, ils revêtent un aspect très descriptif et réaliste.
Les médecins hippocratiques y évoquent différents aspects éthiques de leur profession. Bien qu’ayant choisi d’examiner à part le Serment, Djibril Samb précise que celui-ci est, en quelque sorte, une introduction à ces Traités. Samb les appréhende de manière thématique. Il aborde, en premier, le traité sur la Loi, ensuite le traité relatif au Médecin et enfin les traités relatifs à la Bienséance et aux Préceptes. Dans le traité sur la Loi, les médecins hippocratiques émettent le souhait d’une organisation légale de la médecine. Celle-ci doit être sous-tendue par des règles déontologiques précises. Celui sur le Médecin donne un profil précis de ce dernier. Rien n’est négligé : sa conduite, sa mise, jusqu’au parfum qu’il doit porter, tout est soigneusement décrit dans ce traité. Le traité sur la Bienfaisance affine le portrait du médecin en le décrivant comme une personne qui fait preuve d’urbanité, qui a de la pudeur et de la retenue.
Djibril Samb termine son analyse de l’Éthique hippocratique avec les Préceptes qui pourraient bien être, selon lui, « pseudo-hippocratiques ». Dans les Préceptes, l’accent est mis sur l’importance de l’expérience et de sa relation avec le raisonnement. L’expérience, dans la pratique médicale, doit toujours prévaloir sur le raisonnement probable. Avant de se tourner vers le dernier chapitre de son ouvrage qui porte sur un grand auteur médiéval, Marsile de Padoue, c’est en toute beauté, avec une plume touchante et un style quasi poétique que Djibril Samb, conclut l’Éthique hippocratique : « l’enseignement le plus profond des Traités, qui déborde – ô combien ! – la pratique médicale, est que l’- Humain, c’est-à-dire son bonheur, constitue le critère et la valeur suprême, le Bien, la fin que doit rechercher toute activité. C’est là un enseignement à garder toujours présent à l’esprit. En effet, parce qu’ils placent l’Humain au centre de leurs préoccupations professionnelles, même les plus immédiates, même les plus prosaïques, les médecins hippocratiques me semblent si proches de nous : ils ne parlent pas seulement de nous, ils nous parlent comme des frères compatissants ».
LE PRIMAT ABSOLU DU TEMPOREL DANS LE DEFENSOR PACIS DE MARSILE DE PADOUE
Samb démarre ce chapitre en faisant une remarque importante sur le monde médiéval, notamment qu’il est marqué par « l’union des deux glaives spirituel et temporel ». Ce qui explique le contexte historique du Defensor Pacis qui a vu le jour lors des luttes, pour le contrôle du pouvoir politique, entre le Pape Jean XXII et l’empereur Louis de Bavière. En vérité, le projet de l’auteur du Defensor Pacis est clairement décliné : il s’agit pour lui d’assurer le triomphe de l’empereur dans la querelle qui l’oppose à la papauté. Ce qui nécessite de découvrir et de ruiner la cause particulière des discordes, inconnues des anciens philosophes, et notamment d’Aristote. Cette cause résulte principalement de l’opinion erronée des évêques romains qui veulent assurer la direction temporelle suprême de la communauté politique et de leur « désir pervers » de gouverner. Ainsi, Marsile sera accusé de mettre en cause le sens même de l’Église en tant qu’institution, ce qui n’est pas totalement faux, à suivre le raisonnement de Samb.
En effet, en commentant le second chapitre du livre de Marsile, Samb note l’intention manifeste de l’auteur de déprécier l’aspect institutionnel de l’Église. Pourtant, quand il analyse le temporel, il l’aborde dans son sens le plus « institutionnel ». Précisons, avec Samb, que la critique des prétentions temporelles de l’ecclésiologie prend pour cible la plenitudo potestatis revendiquée par le Pape. À travers une argumentation largement analysée par Samb dans son commentaire, Marsile démontre que la plenitudo potestatis ne doit en aucun cas être appliquée aux prêtres, ni même à l’Église en tant qu’institution, puisqu’elle s’applique uniquement au Christ et à Dieu. D’où le besoin, pour le Padouan, de définir sa propre ecclésiologie qui sera fondée sur un constat primordial, à savoir que le Christ s’est exclu lui-même de toute charge temporelle. Une fois la lecture de l’œuvre de Djibril Samb achevée, le lecteur s’étonne inévitablement de la modernité des anciens comme des médiévaux. Ces derniers parlent non seulement de nous, mais ils nous parlent comme si nous étions leurs contemporains. La modernité de Lucien de Samosate, des médecins hippocratiques, ou de Marsile de Padoue ne peut pas laisser le lecteur indifférent. À cela, il faut ajouter la rigueur et l’acribie du commentateur qui, bien qu’ayant introduit de nouvelles interprétations et ouvert de nouvelles perspectives, n’en respecte pas moins l’esprit et la lettre des textes.
Khalia HAYDARA, PHD
ENSEIGNANTE-CHERCHEURE faculté DES LETTRES/ UCAD DE DAKAR
Fondatrice et présidente de l'association « Les Oliviers »