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27 juin 2025
BARTHELEMY DIAS ACCUSE LE MAIRE SOCIALISTE DE PAOSKOTO
Barthélémy Dias est formel ! Les nervis qui ont pris part aux manifestations nées de l’arrestation du leader de Pastef ont été recrutés par le Parti Socialiste.
La présence de nervis lors des affrontements de la semaine dernière qui ont entrainé mort d’hommes avait choqué les populations. C’est ainsi que Barthélémy Dias est sorti de sa réserve pour accuser le Parti socialiste d’être à l’origine du recrutement de ces gros bras. Démenti par Aminata Mbengue Ndiaye, le maire de Sacré Cœur/Mermoz est revenu à la charge en accusant nommément le maire Ali Mané d’être le recruteur.
Barthélémy Dias est formel ! Les nervis qui ont pris part aux manifestations nées de l’arrestation du leader de Pastef ont été recrutés par le Parti Socialiste. Se faisant plus précis, il accuse Ali Mané, actuel maire de Paoskoto (commune située dans le département de Nioro) d’être le recruteur de ces gros bras. Avec des images à l’appui sur sa page Facebook, le maire de Sacré-Cœur déclare :«J’insiste, persiste et signe. La direction du Parti Socialiste (PS) a cautionné le recrutement, l’armement et le déploiement de nervis qui ont occasionné la mort de citoyens sénégalais».
En effet, les photos et vidéos de ces nervis ont fait le tour de la toile lors des affrontements du 05 mars dernier. En au moment où le débat sur leur présence aux côtés des forces de l’ordre faisait rage, des nervis, armés, se sont mis à tirer à bout portant sur des manifestants désarmés et pacifiques. D’où la révolte de l’opposition et de la société civile qui réclament l’ouverture d’une enquête pour situer les responsabilités.
Armés de coupe-coupe, de machettes, de gourdins et d’armes à feu, des miliciens s’en sont pris aux manifestants. Et une chaine de télévision de la place, Dias-fils de persister dans ses accusations. «Je mets au défi Aminata M. Ndiaye, de dire le contraire. J’ai des preuves de mes allégations, je la respecte beaucoup parce que c’est une maman, mais si elle m’en donne l’autorisation, je publierai les images», a martelé Barthélémy Dias. Une accusation qui avait fait sortir les membres du Parti socialiste de leurs gonds.
En effet, ces derniers s’étaient fendus d’un communiqué pour rejeter en bloc cette thèse. «Le Parti socialiste prend à témoin l’opinion nationale et internationale et attire l’attention sur la gravité de certaines déclarations, notamment celles tenues, à travers la presse et les réseaux sociaux, par un ex-militant du Parti (Barthélémy Dias : Ndlr), dont les propos portent à croire qu’il ne serait pas étranger aux actes de lâcheté perpétrés contre son siège». Un communiqué que le maire de Mermoz qualifie de torchon. «Je dénonce l’irresponsabilité de Mme Aminata Mbengue Ndiaye, à travers le torchon de communiqué pondu pour amuser le prince», at-il soutenu.
Se voulant plus précis, il a nommément cité Ali Mané d’être le commanditaire de cette affaire. «J’accuse M Ali Mané (Maire de Paoskoto) d’être le recruteur de nervis», indique Barthélemy Dias qui demande au procureur de la République de s’autosaisir. A noter que nos tentatives de joindre le maire de Paoskoto, Ali Mané, se sont révélées vaines.
par Saliou Ndour
LE GÉNIE DES CARPATES, À LA SAUCE TROPICALE
EXCLUSIF SENEPLUS - La torpeur ambiante, le culte de la prétendue chiffre de croissance, ont convaincu Macky Sall que personne n’oserait contester son pouvoir. Ainsi pouvait-il jouer à l’autruche, pour ne pas sentir le catalyseur d’une rancœur légitime
Les événements que vit le Sénégal sont sans précédent dans l’histoire politique de ce pays de par la détermination, l’engagement de toute une jeunesse frustrée et indignée par l’incurie de la classe politique gouvernante complètement inconsciente des enjeux sociaux.
Faudra-t-il se résoudre à adopter le néologisme d’opposophage, mangeur d’opposition pour désigner les actes posés par le président Macky Sall ? Lui-même nous y accule. L’évidence n’est que trop criante quand on peut arpenter la galerie de ses liquidations politiques : Karim Wade en 2015, Khalifa Sall en 2018 et maintenant cette tentative maladroite et grossière sur Ousmane Sonko. En réalité, depuis son accession au pouvoir, il n’a eu de cesse de persécuter, et pour leur barrer le chemin, ses différents challengers réels ou supposés dans la course au pouvoir. C’est de bonne guerre diraient ceux qui n’envisagent l’Etat en Afrique que dans une perspective néocoloniale : celle de la reproduction de l’Etat colonial. Mais notre peuple a-t-il besoin de tourner en rond dans ce type de cercle vicieux ?
Force est de constater donc, en observateur assidu et analyste de l’histoire de la vie politique de ce pays qu’il s’agit d’un sous-système Macky et dont les mécanismes et rouages peuvent être aisément démontés, mis à nue.
Macky Sall a beaucoup appris des erreurs d’Abdoulaye Wade et identifié les facteurs qui ont été à l’origine de sa chute. Les maîtres mots sont : maîtriser, neutraliser, réprimer. L’un des éléments déterminants ayant contribué à la grogne qui a emporté le pouvoir Wade, c’est la résistance frondeuse d’une certaine classe moyenne qui ne pouvait plus accepter corruption, démagogie, gabegie et gestion frauduleuse du pouvoir. Stratégie ? Ourlet cousu de fil blanc ! D’abord neutraliser les potentiels empêcheurs de tourner en rond.
C’est le cas d’une importante frange de la presse si prompte auparavant à clouer au pilori le président Wade et qui est brusquement devenue aphone ! Les mauvaises langues parlent d’arguments sonnants et trébuchants.
C’est aussi une partie de classe maraboutique qui a eu à bénéficier, elle aussi, des largesses du régime louant au passage la générosité du bienfaiteur et lui accordant sa prière pour qu’il continue, avec sa bénédiction, de régner ad vitam aeternam sur le Sénégal.
C’est aussi, ayons la décence de le dire, ce monde universitaire auquel j’appartiens et qui a bénéficié d’un relèvement de ses indemnités, de la pension de retraite, certes fruit d’une longue lutte ! A moins de considérer la situation pleine d’incertitudes et paralysante générée par la pandémie, l’on peut s’étonner de l’aphonie du nombre d’universitaires habituellement contestataires et qui ont mis leur plume au service de l’alternance contre Wade. L’on est subitement devenus silencieux, très silencieux. L’effet soporifique du gain les a–t-il amener á se désintéresser des affaires de la res publica ? Peut-être simple coïncidence ! L’on ne peut que déplorer qu’une réhabilitation salariale soit perçue par les bénéficiaires non comme un droit du travailleur mais une rente destinée à inhiber toute réflexion et action sociale solidaire.
Second temps. Ces facteurs maitrisés, Macky Sall se dote d’une armada répressive paradant le 4 avril afin de faire peur. L’espèce de torpeur ambiante, le culte de la prétendue « chiffre de croissance » aidant, l’ont convaincu que personne n’oserait contester son pouvoir.
Enfin, l’on ne peut ignorer l’extraordinaire et grandiose transhumance politique qui a quitté les prairies bleues et vertes pour des haciendas marron-beige beaucoup plus luxuriantes : les ralliements d’Idrissa Seck, d’Aissata Tall Sall, de Cheikh Tidiane Gadio pour ne citer que ceux-là. Mutation ou variant, pour reprendre le discours des circonstances, qui ont achevé de hisser au rang de « génie politique », ce despote léger et maladroit.
Dès lors, rien ne pouvait résister à ce « génie des Carpates », version tropicale dont le programme s’est fixé comme horizon, 2035. Le vertige du pouvoir, les moyens colossaux dont dispose le régime, les gadgets électroniques estampillés Big brother et les lois liberticides de la Covid-19 constituent des écrans de fumée. Fort du parrainage dont il s’est doté, il ne pouvait que se sentir le droit et le luxe de choisir ses adversaires. Auto-illusion : c’est le propre de la naïveté politique lorsque soufflent les vents de la vassalisation ! Ainsi pouvait-il jouer à l’autruche, pour ne voir ni les « hordes d’une jeunesse sans emploi » déambuler oisivement dans les rues lorsqu’elles ne tentent pas le saut suprême et fatal dans l’océan ou le désert ; ni entendre le cri sourd, le grondement d’une jeunesse désabusée ; ni sentir le catalyseur d’une rancœur légitime prônant la rupture.
La toute-puissance instruit souvent l’acte de trop : la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Pas drôle, dans tous les cas, cette affaire de mœurs ourdie par des comploteurs sans grande imagination. Spectaculariser l’obscène, faire des tribunaux une fois de plus le théâtre du lynchage public. Mais le diable parfois se cache dans le détail d’une mise en scène très peu crédible. Normal qu’il s’ensuive cette bourrasque qui emporte tout sur son passage. Le monarque pittoresque est finalement descendu de son piédestal pour dire à son peuple « je vous ai entendu, je vous ai compris » !
Ce qui est désormais sûr c’est que rien ne sera comme plus avant ! Ce peuple, à chaque fois qu’il a été confronté à ses démons, il a su relever la tête pour les regarder en face !
Saliou Ndour est Maître de conférences à l’Université Gaston Berger
10 DÉCÈS LIÉS AU CORONAVIRUS ENREGISTRÉS
Le porte-parole du ministère de la santé a également souligné qu'à ce jour, le Sénégal a enregistré 36569 cas positifs à la covid-19 dont 31 977 guéris, 951 morts, 1 évacué et 3640 personnes sont encore sous traitement.
Le ministère de la santé et de l’action sociale a annoncé ce vendredi 12 mars 2021 que le Sénégal a enregistré 198 nouveaux cas de contamination dont 121 issus de la transmission communautaire. Le ministère a également précisé que 302 patients sont déclarés guéris. 10 décès supplémentaires ont été enregistrés.
« Sur 1935 tests réalisés, 198 sont revenus positifs. Il s’agit de 77 cas contacts suivis par les services du ministère de la santé et de 121 cas issus de la transmission communautaire. Par ailleurs, 302 patients sont testés négatifs et déclarés guéris. 41 cas graves est également pris en charge dans les services de réanimation de l’hôpital de Fann et de l’hôpital principal de Dakar. 10 décès lié à la covid-19 ont a été enregistrés Jeudi 11 mars. L’état de santé des patients hospitalisés dans les hôpitaux évolue positivement", a déclaré le directeur de la prévention du ministère de la santé, El Hadji Mamadou Ndiaye.
Le porte-parole du ministère de la santé a également souligné qu'à ce jour, le Sénégal a enregistré 36569 cas positifs à la covid-19 dont 31 977 guéris, 951 morts, 1 évacué et 3640 personnes sont encore sous traitement.
Quant à la vaccination contre le covid-19, à ce jour, 81 961 personnes ont pris leur première dose sur toute l’étendue du territoire national, renseigne le Directeur de la prévention Elhadj Mamamadou Ndiaye.
«IL FALLAIT REMERCIER LE GOUVERNEMENT... ET PRENDRE DES MESURES SOCIALES, PARLER DU LOYER, DU PRIX DU RIZ, DE L’HUILE...»
Tout en saluant cette décision qui sonne comme un gage par rapport à son discours prononcé lundi dernier pour apaiser les tensions suite à l’arrestation du député Ousmane Sonko, Macky Sall aurait pu aller plus loin, selon Dr Abdoukhadre Sanoko, sociologue
Alors que nombre de Sénégalais impactés par les restrictions liées à la Covid-19 encore en vigueur dans les régions de Dakar et Thiès n’ont pas fini de savourer l’allègement du couvre-feu (de 21h à 5h du matin) qui est passé de 0h à 5h du matin, le Chef de l’Etat annonce la non reconduction de l’état de catastrophe sanitaire qui sera levée le 19 mars prochain à minuit. Tout en saluant cette décision qui sonne comme un gage par rapport à son discours prononcé lundi dernier pour apaiser les tensions qui ont gagné le pays suite à l’arrestation du député Ousmane Sonko de Pastef, Macky Sall aurait pu aller plus loin, selon Dr Abdoukhadre Sanoko, sociologue certifié en Psychologie, diplômé en Sciences politiques. Pour lui, le président de la République aurait dû poser des actes forts allant dans le sens de la dissolution ou réaménagement du gouvernement, libérer les détenus et parler de mesures sociales notamment du loyer, du prix du riz, de l’huile… pour gagner plus la confiance des populations. Car, jusque-là, on a droit qu’à un discours rassurant et des promesses qui, à eux seuls, ne suffisent pas.
«La lecture sociologue qu’on peut faire des décisions du président de la République, Macky Sall, de ne pas reconduire l’état de catastrophe sanitaire qui expire le 20 mars à 0h, donc le 19 mars à minuit, c’est que sont de très bonnes décisions qui peuvent être considéré comme allant dans le sens d’apaiser le climat de tension qui régnait depuis lors dans ce pays. C’est véritablement peut-être une réponse appropriée à laquelle les citoyens sénégalais s’entendaient, parce que tout le monde, pendant un bon bout de temps, se disait qu’il faudrait qu’il prenne la parole.
Et finalement il a eu à la prendre, mais il a eu à très bien la prendre. Ce qui aurait été, c’est qu’il prenne la parole dans le sens de menacer, dans le sens d’activer le feu. Mais, de manière très responsable, par rapport au contenu de sa communication, il a eu clairement à dire que nous tous nous appartenons à ce même destin commun et il ne faudrait pas qu’on puisse nous chamailler sur fond de violence et qu’il faudrait qu’on apprenne à se réconcilier et qu’on fasse l’effort de se pardonner. Et ça, je dis, c’est de bonne guère parce que, ces derniers temps, comme tout le monde (l’a constaté), le pouvoir appartient au peuple.
Quand le peuple se sens frustré, il faut l’écouter. Et, il faudrait aussi apprendre à prendre les positions qui siéent pour pouvoir le calmer dans un contexte de frustration et c’est ce qu’il a eu à faire. Le président était obligé de montrer qu’il avait bien compris le message des manifestants. Soit c’est ce qu’il fallait faire ; au cas contraire, c’est lui-même qui allait subir les affres et les conséquences négatives. Maintenant, Oui !
Quand on parle du contenu de son discours, il a véritablement compris le message. D’ailleurs, il l’a dit. Si on fait l’analyse de contenu de son discours, il a clairement dit : «je vous ai écouté, je vous ai perçu». Maintenant, ce à quoi on s’attend, c’est qu’il puisse poser des actes forts matérialisant son discours ; c’est ce qu’on appel la congruence en communication. A travers ce qu’il a eu à dire, on s’attend fermement à ce qu’il pose des actes pour véritablement montrer aux Sénégalais et aux Sénégalaises que notre président a bien perçu et qu’il est en train de prendre, qu’il a même fini de prendre des décisions idoine pour pouvoir soulager sa population. Et ça, il me semble que j’ai eu à le dire dans une autre interview, c’était de marquer ça. Premier chose, il fallait remercier son gouvernement parce qu’en réalité les gens tirent sur lui mais, au-delà de sa personne, il y a d’autres responsabilités parce qu’il a nommé des citoyens Sénégalais comme nous qui n’ont pas finis de bien jouer leurs rôles.
C’est ça le fond du problème. Les relais ont manqués de jouer leurs rôles. Ils disent tout le temps, les ministres, oui, au tour de la table du Conseil des ministres, le président ne cesse de nous exhorter a œuvré pour le soulagement du peuple sénégalais. Mais est-ce qu’eux ils ont eu à bien remplir leurs rôles ? Ayant ça il fallait que des têtes tombent. Maintenant, il y avait aussi d’autres mesures sociales, à mon avis, qu’il fallait prendre : c’est de parler du loyer, de parler du prix du riz, de l’huile…
Ça, ça aller véritablement toucher les Sénégalais et ils allaient même se rendre compte qu’il y a des choses sur lesquelles on pouvait mettre le doigt. Encore, c’était une sorte de promesse plus de 300 milliards…, il faut revoir le budget. Pour moi, tout cela c’était une décision à saluer dans le contenu de son discours mais, urgemment, il fallait prendre des décisions. Et à ce niveau précis, il me semble qu’en premier chef, c’était de remercier son gouvernement. Et jusque-là, il ne l’a pas fait. Ou, du moins, réaménager le gouvernement et faire tomber des têtes par rapport aux domaines qui intéressent la population.
Pour les gages, en tout cas il a montré patte blanche et ça veut dire que très honnêtement il faut la paix. Maintenant objectivement, je ne vois pas d’acte visible, tangible, palpable qui pourrait nous montrer que voilà. Du point de vue de son discours, il a montré patte blanche, on pourrait considérer qu’il a donné des gages. Mais, ça n’a pas été accompagnée par des actes forts parce que jusque-là, ce qu’il vient de dire sont des promesses. Et jusqu’au moment où on parle, il n’a pas libéré les prisonniers politiques qui ont étés arrêtés de manière arbitraire, à mon avis.»
Par Khalia HAYDARA
ÉTUDES DE PHILOSOPHIE ANCIENNE ET MEDIEVALE
Outre son intérêt général, Études de Philosophie ancienne et médiévale (L’Harmattan, 2020) de Djibril Samb revêt, plus particulièrement, une valeur inestimable pour qui se passionne de philosophie ancienne et médiévale.
Outre son intérêt général, Études de Philosophie ancienne et médiévale (L’Harmattan, 2020) de Djibril Samb revêt, plus particulièrement, une valeur inestimable pour qui se passionne de philosophie ancienne et médiévale. Le titre révèle, d’ores et déjà, le projet de l’auteur qui se propose de revisiter des thèmes fort rares tels que la matière et la substance chez les stoïciens, la notion de plagiat, le statut de l’intellectuel chez Lucien de Samosate, l’Iliade d’Homère, l’approche hippocratique de l’éthique médicale et les rapports entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel chez Marsile de Padoue. Sauvegardant, conformément à sa méthode habituelle, la lettre et l’esprit des textes, Djibril Samb a su proposer de nouvelles interprétations et traductions qui ont servi à résoudre de grandes difficultés d’ordre doctrinal. Il est aussi à noter que le lecteur se rend vite compte que les anciens sont encore d’une actualité insoupçonnable.
SUR LES NOTIONS DE SUBSTANCE ET DE MATIÈRE CHEZ LES STOÏCIENS
Remarquons, tout d’abord, que l’étude des notions de substance et de matière sur laquelle s’ouvre l’ouvrage de Djibril Samb a été éludée par les interprètes modernes qui se sont surtout penchés sur la Morale et la Logique stoïciennes. En abordant la physique, Samb répond à l’exigence doctrinale qui affirme l’unité de la philosophie stoïcienne, malgré le fait que celle-ci soit, traditionnellement, divisée en trois parties (logique, morale, physique). De surcroît, comme l’auteur l’écrit lui-même, « la Logique et la Morale stoïciennes, séparées de la Physique, qui est comme le foyer irradiant du système, perdent à peu près toute intelligibilité » (D Samb, 2020, p. 14). Dans ce chapitre, Djibril Samb s’engage dans une voie rarement prise par les exégètes modernes. Premièrement, il signale la polysémie et la synonymie, souvent ignorées, des notions de substance (ousia) et de matière (hylê). En effet, contrairement à la tradition aristotélicienne qui n’admet aucune synonymie entre substance et matière, chez les stoïciens, le contenu de ces deux notions est identique. De manière plus précise, la substance qui est par définition, et de manière exclusive, un patient (paskon) est de même nature que la matière première (prôtê hylê) entendue, au sens aristotélicien, comme une pure puissance indéterminée à laquelle ne se rapporte aucune des catégories de l’être.
Ensuite, Samb parvient à montrer le sens réel de la notion de substance grâce à la nouvelle interprétation qu’il donne du paragraphe 136 du livre 7 de Diogène Laërce, en opposition à E. Bréhier et à V. Goldschmidt. De cette nouvelle traduction, qui jette un jour nouveau sur la notion, il apparaît que la substance ne peut pas se transformer seule, puisqu’elle est inactive, mais que c’est par un mouvement extérieur, initié par Dieu ou le Logos, qu’elle se transforme. En résumé, la réinterprétation des paragraphes 136, 137, 142, et 155 du livre II de Vie, doctrines et sentences des philosophes illustres de Diogène Laërce permet de résoudre des incohérences apparentes issues des divergences entre les scholiastes. « Avant de proclamer une doctrine absurde, nous avons le devoir d’épuiser toutes les ressources de l’interprétation pour sauver sa cohérence » (D. Samb, 2020, p. 25). Armé de ce principe, Djibril Samb a pu résoudre les incohérences des scholiastes et montrer que la doctrine stoïcienne n’est pas du tout absurde. C’est avec la même habileté que l’auteur des Études de Philosophie ancienne et médiévale va s’attaquer à l’analyse de la notion de plagiat chez les anciens.
LA NOTION DE PLAGIAT DANS L’ANTIQUITE GRECO-ROMAINE
Après avoir appréhendé, avec son acribie coutumière, les notions de substance et de matière, Djibril Samb poursuit avec l’analyse philologique et historique de la notion de plagiat dans l’antiquité gréco-romaine. Il établit, tout d’abord, la notion littéraire d’auteur dans l’antiquité, intimement liée à celle de plagiat, puis examine dûment l’établissement de l’existence du plagiat et répond enfin à la question de savoir quel est le jugement commun que les auteurs anciens portent sur sa pratique. Avant de s’attaquer à ces trois tâches, en bon platonisant, l’auteur s’adonne préalablement à la définition de la notion : « on entend par plagiat toute utilisation usurpatoire d’une œuvre de création, de quelque nature qu’elle soit, telle quelle ou avec des modifications qui n’altèrent pas substantiellement sa forme originale ». (D. Samb, 2020, p.40). Une fois la notion définie, Djibril Samb poursuit son analyse avec la notion d’auteur. Il montre que, contrairement à une opinion traditionnelle, il y avait une volonté manifeste chez les anciens d’être identifiés comme auteurs de leurs œuvres. Cette volonté se retrouve chez des auteurs comme Hésiode, Thucydide, Hérodote, Théognis, Platon, et al.
Ainsi, les anciens avaient une claire conscience de la notion d’auteur et du sens d’un « bénéfice moral ». Cette conscience d’un droit moral de propriété sur leurs œuvres explique certaines attitudes de dénonciation, d’accusation et de réprobation morale qui visent le plagiat. Exempli gratia, dans le livre II de son ouvrage, Histoire, Hérodote accuse certains auteurs grecs de s’être attribués la paternité de la doctrine de l’immortalité de l’âme. Il est, également, à noter les fameuses accusations de plagiat contre Platon formulées par Athénée, sans oublier le larcin grec, célèbre expression qui exprime les reproches que Clément d’Alexandrie fit aux Grecs pour s’être indûment attribués la pensée hébraïque sans en avoir mentionné la source. À la suite de cet intéressant examen de la notion de plagiat qui démontre que les conceptions anciennes de la notion excluent la sanction juridique en se limitant à la dénonciation et à la réprobation morale, Djibril Samb poursuit son investigation dans le champ des intellectuels, en abordant deux ouvrages de Lucien de Samosate consacrés à l’intellectuel à gages ou salarié.
L’INTELLECTUEL À GAGES CHEZ LUCIEN DE SAMOSATE : ELOGES ET CRITIQUES
Du Peri tôn epi mistô sunontôn (sur ceux qui sont aux gages des grands) à l’Apologie, Lucien adopte des positions différentes, pour ne pas dire antithétiques. Dans le premier traité, il condamne, apparemment de manière rédhibitoire, toute forme de travail salarié de l’intellectuel, alors qu’il en fait les éloges dans le deuxième. À l’abord, Djibril Samb note le double impératif qui commande le Peri tôn epi misto sunontôn : un aspect dissuasif, prédominant, qui prouve l’engagement de Lucien et un aspect descriptif et réaliste. À suivre le raisonnement de Samb, Lucien commence par examiner et réfuter les raisons qui poussent les intellectuels à rechercher, avec avidité, le gain, au risque de léser la préservation de leur liberté. Selon Lucien, les vraies raisons sont d’ordre psychologique. Il considère, ainsi, le désir du gain facile, des plaisirs illusoires, mais également la vanité comme étant les véritables raisons qui poussent les intellectuels à accepter « leur servitude volontaire » et à adopter cette « conduite ridicule et folle » qui est d’aliéner leur liberté.
Après ce discours dissuasif, Lucien peint la vie de l’intellectuel à gages dans une approche très négative. Il le décrit dans une situation de dépendance psychologique totale dans laquelle il perd et son authenticité et sa sagesse. Comme l’écrit si bien Djibril Samb, le parcours de l’intellectuel à gages est « un processus de déchéance continu qui commence par l’espoir et se termine dans le désespoir et le repentir » (D Samb, 2020, p. 75). En d’autres termes, sa vie connaît une dégradation progressive marquée par une fin malheureuse. Néanmoins, dans l’Apologie, Lucien adopte une position totalement différente de celle que nous venons de voir dans le Peri tôn epi mistô sunontôn. Non seulement les arguments du premier jurent avec ceux du second, car l’Apologie fait l’éloge de la mission publique de l’intellectuel, mais encore, c’est la vie ultérieure de Lucien qui contredit totalement le Peri tôn epi mistô sunontôn. Car, comme le note Samb, sur le tard, il s’engagea comme fonctionnaire de l’empire en Egypte, sous le règne de Commode. C’est ce qui fait de l’Apologie un discours de défense dont le but est de lever les accusations portées contre Lucien. Celui-ci était accusé en effet d’incohérence et de duplicité L’auteur du commentaire de l’Apologie trouve que les arguments de celui-ci sont remarquables et étonnamment modernes. Lucien fait les louanges de l’intellectuel public qui, contrairement à l’intellectuel privé, se consacre au bien public tout en gagnant sa vie ; il s’occupe des affaires de l’État et n’est au service d’aucun particulier. Autrement dit, il s’agit d’un honnête homme, travailleur, utile à la société et à ses concitoyens. Après avoir conclu le commentaire sur les deux ouvrages de Lucien de Samosate, Djibril Samb se tourne vers l’étude de la déontologie des médecins hippocratiques.
APPROCHE HIPPOCRATIQUE DE L’ETHIQUE MEDICALE
Dans ces pages, le projet de l’auteur consiste à examiner tout d’abord le Serment d’Hippocrate, puis les Traités éthiques, injustement négligés et pourtant si fondamentaux. Demeurant fidèle à sa méthode herméneutique, Djibril Samb commence par une approche conceptuelle et définit, d’emblée, en les distinguant, deux notions souvent confondues : la morale et l’éthique. Puis, il précise que s’interroger sur l’éthique médicale revient à s’interroger sur « la valeur du bien et du mal dans la pratique médicale, sur le fondement ultime de cette valeur et sur les règles qui la sous-tendent ». (D. Samb, 2020, p. 95-96) Ces précisions faites, l’auteur poursuit avec une analyse profonde du Serment d’Hippocrate.
Selon son commentaire, le Serment renferme cinq types d’engagement que tout médecin de profession doit nécessairement observer :
1) Traiter son maître avec la plus haute considération, celle due au père,
2) témoigner à son patient respect et affection, tout en sachant que la fin de la profession médicale est l’intérêt et le service du malade,
3) être d’une moralité infaillible,
4) placer l’intérêt ou l’utilité du malade dans la position de « fin » de l’activité médicale,
5) respecter les exigences du secret médical. Quant aux Traités éthiques, ils revêtent un aspect très descriptif et réaliste.
Les médecins hippocratiques y évoquent différents aspects éthiques de leur profession. Bien qu’ayant choisi d’examiner à part le Serment, Djibril Samb précise que celui-ci est, en quelque sorte, une introduction à ces Traités. Samb les appréhende de manière thématique. Il aborde, en premier, le traité sur la Loi, ensuite le traité relatif au Médecin et enfin les traités relatifs à la Bienséance et aux Préceptes. Dans le traité sur la Loi, les médecins hippocratiques émettent le souhait d’une organisation légale de la médecine. Celle-ci doit être sous-tendue par des règles déontologiques précises. Celui sur le Médecin donne un profil précis de ce dernier. Rien n’est négligé : sa conduite, sa mise, jusqu’au parfum qu’il doit porter, tout est soigneusement décrit dans ce traité. Le traité sur la Bienfaisance affine le portrait du médecin en le décrivant comme une personne qui fait preuve d’urbanité, qui a de la pudeur et de la retenue.
Djibril Samb termine son analyse de l’Éthique hippocratique avec les Préceptes qui pourraient bien être, selon lui, « pseudo-hippocratiques ». Dans les Préceptes, l’accent est mis sur l’importance de l’expérience et de sa relation avec le raisonnement. L’expérience, dans la pratique médicale, doit toujours prévaloir sur le raisonnement probable. Avant de se tourner vers le dernier chapitre de son ouvrage qui porte sur un grand auteur médiéval, Marsile de Padoue, c’est en toute beauté, avec une plume touchante et un style quasi poétique que Djibril Samb, conclut l’Éthique hippocratique : « l’enseignement le plus profond des Traités, qui déborde – ô combien ! – la pratique médicale, est que l’- Humain, c’est-à-dire son bonheur, constitue le critère et la valeur suprême, le Bien, la fin que doit rechercher toute activité. C’est là un enseignement à garder toujours présent à l’esprit. En effet, parce qu’ils placent l’Humain au centre de leurs préoccupations professionnelles, même les plus immédiates, même les plus prosaïques, les médecins hippocratiques me semblent si proches de nous : ils ne parlent pas seulement de nous, ils nous parlent comme des frères compatissants ».
LE PRIMAT ABSOLU DU TEMPOREL DANS LE DEFENSOR PACIS DE MARSILE DE PADOUE
Samb démarre ce chapitre en faisant une remarque importante sur le monde médiéval, notamment qu’il est marqué par « l’union des deux glaives spirituel et temporel ». Ce qui explique le contexte historique du Defensor Pacis qui a vu le jour lors des luttes, pour le contrôle du pouvoir politique, entre le Pape Jean XXII et l’empereur Louis de Bavière. En vérité, le projet de l’auteur du Defensor Pacis est clairement décliné : il s’agit pour lui d’assurer le triomphe de l’empereur dans la querelle qui l’oppose à la papauté. Ce qui nécessite de découvrir et de ruiner la cause particulière des discordes, inconnues des anciens philosophes, et notamment d’Aristote. Cette cause résulte principalement de l’opinion erronée des évêques romains qui veulent assurer la direction temporelle suprême de la communauté politique et de leur « désir pervers » de gouverner. Ainsi, Marsile sera accusé de mettre en cause le sens même de l’Église en tant qu’institution, ce qui n’est pas totalement faux, à suivre le raisonnement de Samb.
En effet, en commentant le second chapitre du livre de Marsile, Samb note l’intention manifeste de l’auteur de déprécier l’aspect institutionnel de l’Église. Pourtant, quand il analyse le temporel, il l’aborde dans son sens le plus « institutionnel ». Précisons, avec Samb, que la critique des prétentions temporelles de l’ecclésiologie prend pour cible la plenitudo potestatis revendiquée par le Pape. À travers une argumentation largement analysée par Samb dans son commentaire, Marsile démontre que la plenitudo potestatis ne doit en aucun cas être appliquée aux prêtres, ni même à l’Église en tant qu’institution, puisqu’elle s’applique uniquement au Christ et à Dieu. D’où le besoin, pour le Padouan, de définir sa propre ecclésiologie qui sera fondée sur un constat primordial, à savoir que le Christ s’est exclu lui-même de toute charge temporelle. Une fois la lecture de l’œuvre de Djibril Samb achevée, le lecteur s’étonne inévitablement de la modernité des anciens comme des médiévaux. Ces derniers parlent non seulement de nous, mais ils nous parlent comme si nous étions leurs contemporains. La modernité de Lucien de Samosate, des médecins hippocratiques, ou de Marsile de Padoue ne peut pas laisser le lecteur indifférent. À cela, il faut ajouter la rigueur et l’acribie du commentateur qui, bien qu’ayant introduit de nouvelles interprétations et ouvert de nouvelles perspectives, n’en respecte pas moins l’esprit et la lettre des textes.
Khalia HAYDARA, PHD
ENSEIGNANTE-CHERCHEURE faculté DES LETTRES/ UCAD DE DAKAR
Fondatrice et présidente de l'association « Les Oliviers »
Par Alpha Amadou SY
NOUS REMETTRE EN CAUSE AFIN DE NE PAS COMPROMETTRE NOTRE PROJET REPUBLICAIN
L’une des complexités du jeu démocratique est que tout acquis est le résultat d’une âpre conquête et qu’aucun acquis n’est irréversible
L’une des complexités du jeu démocratique est que tout acquis est le résultat d’une âpre conquête et qu’aucun acquis n’est irréversible. Ainsi, dix ans après la première alternance politique au Sénégal, Me Abdoulaye Wade prit la malencontreuse initiative de procéder à un énième tripatouillage constitutionnel.
Les Sénégalais, déjà économiquement éprouvés, se mobilisèrent pour faire du 23 juin 2011 un moment de reconquête de leur souveraineté. La sanction populaire, exprimée avec vigueur dans la rue, fut confirmée par le verdict sans appel des urnes, lors de la présidentielle de 2012. La diversité et la représentativité des forces coalisées hissèrent Macky Sall au sommet de l’État sénégalais. Du coup, se réalisait ce vœu cher à beaucoup de Sénégalais : réussir, d’un même mouvement, une alternance politique et générationnelle.
La jeunesse du nouveau locataire du Palais, sa détermination affichée à traquer la corruption et son engagement à faire prévaloir les intérêts de la patrie entretinrent l’espoir de voir, enfin, le Sénégal s’inscrire dans la trajectoire du développement. Mais, comme dans un rituel, la République est, à nouveau, dans une zone de turbulence. Pour une intelligence du réel politique sénégalais, il est à se demander si les chaudes journées de mars 2021 constituent une simple réédition du 23 juin 2011 ? De cette lecture dépendront les perspectives à dégager pour renouer avec l’esprit républicain. Quid du sort de la presse malmenée durant ces journées de furie ?
Accusé de viol et de menaces de mort par la citoyenne Adji Sarr, le député Ousmane Sonko, leader du parti politique Pastef/Les Patriotes, avait pris l’engagement, conformément aux conseils de son marabout et de ses avocats, de déférer à la convocation du Juge d’instruction. Mais la controverse sur le chemin à emprunter engendra une situation qui occasionna son arrestation musclée, assortie de l’accusation de trouble à l’ordre public. Il en résulta une vague d’indignation, rapidement transformée en émeutes.
La violence des attaques, leur durée, tout comme le caractère indifférencié des cibles dans de nombreuses villes, donnèrent le sentiment d’une situation quasi insurrectionnelle. Le spectacle en était tout simplement désolant : des magasins et stations d’essence pillés, des voitures brûlées, des tribunaux, des structures de santé, des maisons de presse et gendarmerie saccagées. En attendant le bilan financier et matériel à établir, la dizaine de morts et le nombre de blessés sont révélateurs de la folle furie qui s’est emparée des manifestants.
Les proportions atteintes par l’escalade de la violence seront suffisamment alarmantes pour susciter la préoccupation des Nations-Unies, de la CEDEAO et des milieux diplomatiques. Et pourtant, malgré leur violence sans précédent, ces journées, sous leur double rapport de l’épaisseur républicaine et du degré organisationnel, sont bien en dessous du 23 juin. Les manifestations de 2011 avaient été organisées sous la direction du Mouvement des Forces Vives de la Nation. La représentativité citoyenne avait été d’autant plus garantie que, outre les animateurs de Y en a marre, cette structure unitaire avait été renforcée par le Cadre de Concertation et d’Action de la Société civile, composée par une douzaine de structures, créées par des citoyens de différents horizons. Toutes les actions initiées par le Mouvement avaient été articulées autour du seul et même objectif : défendre la Constitution !
En revanche, si la mobilisation des journées de mars 2021 a été déclenchée par les procédures peu orthodoxes de l’arrestation du député Ousmane Sonko, des manifestants ont vite donné une autre direction au mouvement. La violence inouïe des attaques des biens d’honnêtes citoyens et des structures susmentionnées attestent des limites aussi bien républicaine qu’organisationnelle. Une lecture, largement partagée, considère que ces émeutes de mars 2021 sont, en vérité, l’expression d’un ras le bol de la jeunesse.
Le Président de la République, dans son discours d’apaisement du 08 mars, a fait sienne cette analyse, en s’engageant à répondre favorablement à ce message. Seulement, il convient de faire remarquer que les signaux de détresse de cette frange de la société ne datent pas d’aujourd’hui. Déjà, son prédécesseur avait promis de répondre à la requête de ces jeunes qui, sous le mandat d’Abdou Diouf, se qualifiaient d’être nés retraités. Ce sont les cadets de ces jeunes de 2000, qui ont contribué à porter installer Macky Sall au pouvoir qui lui renouvellent leurs puissants signaux de détresse.
Certes, il a dédié une panoplie de structures à la jeunesse. Mais, aujourd’hui, le fait que celle-ci manifeste sa colère avec autant de vigueur révèle que leur efficacité reste à prouver. Au demeurant, cette lecture des émeutes comme manifestation de la colère des jeunes, au risque d’être réductrice, doit intégrer aussi les contradictions qui structurent les rapports entre l’opposition politique et la mouvance présidentielle. Dès la réélection de Macky Sall, l’opposition politique a douté de sa volonté de ne pas briguer un troisième mandat. Pour preuve, il aurait usé du bâton et de la carotte pour réaliser son objectif de la « réduire à sa plus simple expression ».
Partant, le Président Sall aurait recours aussi bien aux péripéties politico-judiciaires qu’à l’accueil dans l’espace présidentiel de certaines figures de proue de l’opposition. Ainsi, « l’affaire Sonko » ne serait qu’un simple remake des cas Karim Wade et Khalifa Sall. Ces deux facteurs, conjugués au ras le bol général d’une population éprouvée par la double crise économique et sanitaire, expliquent la singularité de la violence de ces journées. Le Chef de l’État invite, à juste raison, les Sénégalais à ’éviter de s’installer dans la logique de la confrontation. Mais, toute la question est de savoir comment éviter de créer les conditions de recours à cette logique pernicieuse. Le pouvoir saurat-il faire preuve de suffisamment de réalisme pour renouer avec l’idéal originel de l’Alternance politique ? L ’opposition sera –elle bien inspirée, pour, au-delà de son consensus du moment, soumettre à l’examen de ses compatriotes un programme alternatif ?
En attendant, que le cours politique fournisse des réponses à ces interrogations, il importe de revenir sur cet acquis démocratique le plus menacé durant ces chaudes journées, à savoir le droit des Sénégalais à une information plurielle. En plus de l’attaque subie par la radio RFM et le quotidien le Soleil, le signal de Sen Tv et de Walf TV a été tout simplement coupé par le CNRA qui les somme « à cesser la couverture irresponsable de la situation ».
Si le saccage des maisons de presse, peut être mis, jusqu’à preuve du contraire, à l’actif des vandales, la mesure prise par l’organe régulateur pose un sérieux problème d’accès à l’information. La sanction retenue par cet « organe chargé de faire respecter les règles de pluralisme, d’éthique et de déontologie » aurait dû être appliquée en toute rigueur à la RTS qui a opté de faire un blackout total « de la situation ». Or, elle est un service public dont le fonctionnement est assuré par l’argent du contribuable qui, en contrepartie, s’attend à bénéficier d’un accès libre à l’information. Cette décision de CNRA est d’autant plus condamnable qu’elle tente de ramener le Sénégal au moins 20 ans en arrière. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler les termes de ces échanges entre le Président Diouf et Sidi Lamine Niasse. Ce dernier, reçu en audience au Palais eut droit à cet accueil : « un journal incendiaire, une radio incendiaire ! »
Et à l’homme de presse de répondre : « Si votre objectif est de rester au pouvoir et de le concentrer entre vos mains, vous pouvez nous considérer comme un obstacle. En revanche, si votre objectif est de rendre à la postérité un État démocratique, (…), fut- ce au prix de votre départ, nous (les médias) jouons un rôle de stabilité et de sécurité du pays. » C’était en décembre 1999 ! Depuis, des professionnels de l’information et de la communication se sont battus pour rendre effectif le pluralisme médiatique. Partant, contribution a été décisive dans l’exercice du droit à l’information et dans la maturation citoyenne des Sénégalais.
Quoique traversée par certaines perversions, la presse demeure aujourd’hui encore l’un des remparts les plus solides contre les dérives autoritaristes. Le Sénégal d’aujourd’hui est en déficit de ce sens de la limite, si fondateur de l’humain qu’il n’est toujours forcément écrit : « xamal lunu la waxul… xamal bi ci yam ». Dans les sociétés démocratiques, ce sens des limites s’exprime par la générosité républicaine que gouverne le principe de préférence de l’intérêt général par rapport à l’intérêt particulier. Et l’unique moyen d’inculquer à nos compatriotes cette valeur est l’instruction civique. Aussi, revient-il à tous les Sénégalais et, au premier chef, à ceux qui nous gouvernent, de promouvoir le sens civique par l’exemplarité des actes qu’ils posent individuellement et collectivement.
Ce principe républicain nous met en demeure de veiller scrupuleusement au respect des personnes et de leurs biens, à la gestion des deniers publics et au partage équitable des richesses du pays. Il nous incite à exploiter nos différentes ressources, en pensant à offrir aux générations futures la possibilité de vivre décemment.
LA BATAILLE DE RABAT AURA BIEN LIEU
La bataille sera rude pour les autres candidats qui souhaitent intégrer le comité exécutif de la CAF mais aussi le Conseil de la FIFA
Patrice Motsepe sera introduit par acclamation président de la Confédération africaine de football (CAF) ce jour, vendredi 12 mars, à l’hôtel Sofitel Rabat du Maroc qui abrite la 43ème Assemblée générale de la CAF. Il sera secondé par Me Augustin Senghor (1er Vice-président) et Ahmed Yahya (2ème vice-président).
Toutefois, si de tels tickets sont déjà actes depuis le protocole de Rabat entériné à Nouakchott, il n’en demeure pas moins que la bataille sera rude pour les autres candidats qui souhaitent intégrer le comité exécutif de la CAF mais aussi le Conseil de la FIFA. (RABAT - Maroc) - Game over ! Certes. Mais c’est juste pour le fauteuil de président de la Confédération africaine de football (CAF). Il ne fait l’ombre d’aucun doute que le successeur de Ahmad sera le Sud-africain Patrice Motsepe. Le milliardaire de 57 ans sera élu par acclamation ce vendredi 12 mars à l’hôtel Sofitel qui grouille déjà de monde.
Gianni Infantino, le président de la FIFA qui a pesé de tout son poids dans ces élections est déjà arrivé dans la capitale politique et administrative marocaine depuis hier à 15 heures. Tout comme Motsepe et son staff notamment son directeur de campagne Danny Jordan. Les désormais ex-candidats aussi. Jacques Anouma, Ahmed Yahya et Me Augustin Senghor.
APRÈS LA FIFA, LE TAS
Les journalistes et autres observateurs d’Afrique et d’ailleurs ont critiqué l’ingérence de la FIFA et surtout de son président Gianni Infantino qui a sillonné le continent pour battre campagne pour le compte de Patrice Motsepe. Mais ; depuis quelques jours c’est le Tribunal Arbitral des Sports (TAS) qui étonne plus d’un. Après avoir réhabilité Ahmad d’une manière éphémère, il a mis en veilleuse plusieurs autres candidatures, notamment celles de Seidou Mbombo Njoyo du Cameroun et surtout Mamadou Antoinio Souares. Le président de la Fédération guinéenne de football (Feguifoot) a dû atteindre jusqu’à hier soir pour obtenir l’autorisation de briguer un poste au sein du ComEx de la CAF. Une situation qui a fini par mettre le candidat du Liberia dans l’embarras. Surtout que Mustapha Raji avait promis au président de la Zone Ouest À de se retirer si la candidature de ce dernier est validée.
SENGHOR, ARBITRE DE LA ZONE OUEST B
Me Augustin occupe une place prépondérante au sein de la CAF. «C’est Monsieur textes. Il maîtrise mieux que nous tous les textes. Et visiblement, Motsepe compte sur lui. C’est mon constat », a confié à Sud Quotidien, un président de la zone Centrale. Mieux notre interlocuteur confie que c’est le président de la Fédération sénégalaise de football qui a résolu le problème de la zone Ouest B. En quoi faisant ? «Il a convaincu Edwin Simone-Okraku, candidat du Ghana à se retirer au profit de Djibrilla Hamidou du Niger. Ce dernier va effectuer son entrée dans le ComEx, mais la présidence de la zone va revenir au Ghanéen », soutient-il. A noter qu’en plus de l’élection pour le Comité exécutif de la CAF, il y a aussi celle du Conseil de la FIFA.
LISTE DES CANDIDATS AU CONSEIL DE LA FIFA
Groupe arabe, portugais et espagnol :
Hany Abourida (Egypte), Gustavo Ndong Edu (Guinée-Equatoriale), Kheïreddine Zetchi (Algérie), Fouzi Lekjaâ (Maroc)
Groupe anglais :
Lamin Kaba Bajo (Gambie), Nicholas Mwendwa (Kenya), Walter Nyamilandou (Malawi), Wallace Karia (Tanzanie), Amaju Melvin Pinnick (Nigeria), Kamanga Ndanga Andrew (Zambie)
Groupe français :
Mathurin De Chacus (Bénin), Gbezonde Kossi Akpovi (Togo), Mamoutou Tour » (Mali)
Candidatures féminines :
Lydia Nsekera (Burundi), Isha Johansen (Sierra Leone) Comex de la CAF : UNAF :
Wadie Jary (Tunisie)
Zone Ouest A : Mamadou Antonio Souarez (Guinée), Mustapha Ishola Raji (Liberia)
Zone Ouest B : Djibrilla Hamidou (Niger), Edwin Simeon-Okraku (Ghana) retrait
Zone Centrale : Adoum Djibrine (Tchad), Seidou Mbombo Njoya (Cameroun)
KEEMTAAN GI – PROVOCATION
Ou bien on veut la paix ou bien on crache là-dessus. Il y a un paradoxe à vouloir traquer des pilleurs pendant que des criminels circulent librement. Il nous faut transcender certains clivages si nous voulons bien sûr reprendre le cours normal de la vie et nous occuper de l’essentiel. Sortir du cercle vicieux de la crise qui nous guette, si elle n’est pas déjà à nos portes. La paix commence par un sourire et non en traquant de jeunes gens pour la prison. Aux Parcelles Assainies, dans une vidéo devenue virale, tout le monde a vu un policier viser, tirer et abattre un jeune manifestant comme un lapin. Mort sur le coup sans rien comprendre alors qu’il était sans défense. Sa seule arme ? Une pierre. Et suprême cruauté, le tireur a visé la tête. Aucune chance laissée au jeune homme. Hélas, il n’est pas le seul à avoir subi ce sort. Un gamin de quatorze ans a également perdu la vie dans les mêmes circonstances à Bignona après avoir souffert pendant des jours. Le crime est signé par les forces de l’ordre. Au décompte, 11 morts. Les dix à l’actif des forces de l’ordre et le dernier malheureux par des agresseurs. Des centaines de blessés sont dans nos différents hôpitaux parmi lesquels une majorité d’adolescents dont certains ont reçu des balles réelles. Et plutôt que de chercher ceux qui ont commis ces crimes, on s’acharne sur des pilleurs. Les milliards perdus par des multinationales, et que des sociétés d’assurances rembourseront, valent-ils plus que ces morts ? Des centaines de jeunes arrêtés. Que fait-on alors de ces hommes en tenue responsables de ces crimes ? Il ne faut pas qu’il y ait d’impunité dans leurs rangs. Il faut arrêter ces arrestations, libérer les prisonniers politiques et instaurer la paix. Ces jeunes exigeaient plus de liberté et criaient leur misère. Le temps de l’apaisement, c’est mettre également fin à cette traque. La paix commence par un sourire… et non par des arrestations toujours plus musclées. KACCOOR BI
. PERSPECTIVE D'UN LÉGER REMANIEMENT LA MINISTRE DE LA JEUNESSE, NENE FATOUMATA TALL, SUR SIEGE EJECTABLE
Suite aux récentes émeutes au cours desquelles les jeunes révoltés ont presque brulé le pays, le président Macky Sall a dit avoir compris le message de la jeunesse. « J’ai vu nombre d’entre vous sortir dans la rue pour exprimer la colère de votre mal-vivre ; parce que vous n’avez pas d’emplois ; parce que vous aspirez à un avenir meilleur ; parce que depuis un an de lutte anti pandémie COVID-19, votre quotidien reste marqué par la morosité économique, les restrictions sociales et la limitation des espaces de loisirs et de détente » a reconnu le président dans son adresse à la Nation. En tout cas, « Le Témoin » quotidien a appris auprès d’une source très proche du président Sall que ce discours d’apaisement et de fermes promesses sera matérialisé par des mesures fortes. Comme pour dire qu’un léger remaniement ministériel n’est pas à écarter. Et Mme Néné Fatoumata Tall Mbaye, le ministre de la Jeunesse, fait partie des ministres les plus exposés du moment. Inconnue de la Jeunesse, Mme Néné Fatoumata Tall est également impopulaire de la banlieue dont elle se réclame politiquement. La preuve, Madame le ministre de la Jeunesse, censée dompter cette jeunesse révoltée, était inexistante et invisible durant les émeutes. Aussi bien dans la rue que sur les plateaux de télévision et studios de radio. Pire selon un conseiller de son propre ministère, Mme Néné Fatoumata Tall semble être dépassée par cette jeunesse « mal éduquée » en quête d’emplois et de leadership. Toujours est-il que le président Macky Sall ne s’est trompé en disant qu’il va prendre en main sa Jeunesse.
WEEK-END D’ÉMEUTES : LES MINISTRES « EXILES » RETROUVENT LEUR FOYER
N’est-ce pas dans le malheur que l’on compte ses vrais amis et souteneurs ? Voilà la question que posait « Le Témoin » quotidien au lendemain des émeutes qui ont secoué le pays. Et particulièrement Dakar, la capitale, où le chaos et le carnage ont été évités de justesse grâce à l’intervention du président de la République Macky Sall qui a fait reculer le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye dans sa volonté d’emprisonner Ousmane Sonko. Comme l’avait révélé « Le Témoin », presque tous les ministres du gouvernement, leaders de Benno Bokk Yakaar (mouvance présidentielle), directeurs de société nationale, députés de l’APR etc. avaient fui leurs domiciles pour se mettre à l’abri. En compagnie de leurs familles, ils s’étaient « entassés » dans les hôtels comme Terrou-bi, Radisson et King Fahd Place bunkerisés par l’Armée et la Gendarmerie. En effet, beaucoup de diplomates étrangers, onusiens et autres responsables d’organismes internationaux résident dans ces hôtels. D’où le renforcement de la sécurité dans ces réceptifs pendant les troubles. Pendant ce week-end de tous les dangers, il y avait des autorités étatiques et responsables politiques de Bby qui ont fui Dakar dès le jeudi pour des résidences secondaires à Saly-Portudal, Toubab-Dialaw, Lac-Roc et Sendou. On nous souffle que Touba était une grande destination pour bon nombre d’autorités du fait que le Khalife général avait interdit toute manifestation dans la ville sainte du mouridisme. Et les politiciens les explosés avaient confié leurs rutilantes voitures 4×4 ou 8×8 à des amis pour qu’elles ne soient brulées ou saccagées. Toutes ces personnes qui avaient fui leurs foyers soudainement, ont finalement regagné leurs quartiers.
UNE PENURIE D’ESSENCE ET DE GASOIL ECARTEE
Une pénurie d’essence et de gasoil est totalement écartée au Sénégal. La ministre du Pétrole et des Energies, Aïssatou Sophie Gladima, a donné cette assurance hier lors d’une rencontre avec les pétroliers. L’Etat cherche à exprimer sa solidarité à l’endroit des gérants de stations-service après les actes de saccages perpétrés lors des violentes manifestations qui ont suivi l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, la semaine dernière. "Pour le moment, on nous dit qu’il y a 75 stations-service qui ont été détruites. Est-ce que c’est un bilan exhaustif ? Il faut qu’on fasse le point (par rapport) au degré de destruction aussi. Parce qu’une station qui a été brûlée totalement n’aura pas le même traitement (qu’une autre). Tout ça, il faut qu’on l’évalue. On va faire vite mais on ne peut pas donner de délai", a-t-elle expliqué. D’après le Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal / Forces du changement (CNTS/FC), Cheikh Diop, c’est Total Sénégal qui a payé le plus lourd tribut avec 50 stations saccagées. "Total Sénégal, du directeur au gérant jusqu’au laveur, nous sommes tous des Sénégalais. Si maintenant, ils viennent s’attaquer à des Sénégalais qui ont choisi d’investir dans le pays, qui ont choisi de travailler dans le pays, d’embaucher et de promouvoir l’emploi dans ce pays, c’est vraiment dommage. Parce que pour moi, tout ce qu’on a cassé ne concerne pas les étrangers (Français). Cela concerne les Sénégalais et les Sénégalaises", a déploré madame Semedo, gérante de station-service. Malgré ces difficultés, les acteurs ont tenté de rassurer sur le risque réel de pénurie de carburant, s’engageant "à tout faire pour approvisionner correctement" la population.
AFFAIRE CAPITAINE OUMAR TOURE LA GENDARMERIE DEMENT TOUTE DEMISSION
La gendarmerie nationale a brisé le silence hier sur l'affaire capitaine Oumar Touré. La gendarmerie nationale a publié hier un communiqué pour déplorer "au même titre que l'opinion nationale, les agissements et les sorties médiatiques du capitaine Oumar Touré en service à la section de recherches de Dakar." Tout en indiquant qu’ "aucune offre de démission n'a été déposée par le capitaine Touré" jusqu'ici, elle indique, cependant, que l'officier manque depuis quelques jours à l'appel du service auquel il est lié. "Cet officier, connu jusque-là pour sa bonne manière de servir, est en train de violer ses obligations militaires. S'agissant de sa responsabilité dans l'enquête dont il n’était pas le directeur, il y a lieu de préciser aussi que le capitaine Oumar Touré n’est pas le commandant de la section de recherches. La Gendarmerie nationale, attachée aux lois et aux règlements de la République, prendra les mesures face à cette situation", écrit la Maréchaussée dans son communiqué de presse.
TOP FM : EMISSION POLITIQUE
Ce samedi 13 l’émission politique de Top Fm qui passe de 15heures à 17 heures sur la 97.8 accueillera Monsieur Babacar Diop, président du Mouvement Japal ma Japeu et membre du Comité Directeur du PDS et Monsieur Moustapha Seck, membre de l’APR de la Commune de Djiddah Thiaroye Kao et du département de Pikine, Coordonnateur du Réseau des Jeunes Volontaires Républicains du département de Pikine. Emission dirigée par le talentueux Aliou Guèye
SAISINE A HAUT RISQUE !
Entre confrontation politique ouverte sur fond d’attaque et contre-attaque, la rivalité entre les deux responsables politiques, Macky Sall et Ousmane Sonko, semble se déplacer avec cette affaire « Sweet beauté » sur le terrain très glissant de la justice
La bataille politique que se livre depuis 2014 (année de la création de Pastef) le président de la République, Macky Sall et Ousmane Sonko, leader du parti des Patriotes est-elle en train de prendre une nouvelle tournure avec cette affaire d’accusations de « viols répétés » et « menaces de mort » portée par Adji Sarr, une tournure d’un salon de coiffure contre le leader de Pastef/Les Patriotes. En effet, lors de leurs déclarations du lundi 8 mars dernier, les deux hommes bravant les appels à la description de la scène politique se sont plutôt livrés à des menaces réciproques de procédures judiciaires dont les conséquences pourraient être tragiques pour l’un ou l’autre.
Entre confrontation politique ouverte sur fond d’attaque et contre-attaque, notamment sur la gestion des ressources naturelles et financières publiques par le régime en place, la rivalité entre les deux responsables politiques, Macky Sall et Ousmane Sonko, semble se déplacer avec cette affaire « Sweet beauté » (nom du salon de coiffure où travaillait Adji Sarr), sur le terrain très glissant de la justice avec tout ce que cela comporte comme risque non seulement pour les deux mais aussi pour leurs familles et proches. La preuve, la prise de parole des deux adversaires politiques, le lundi 8 mars dernier quelques heures après l’inculpation d’Ousmane Sonko sous le régime de contrôle judiciaire suivi de sa libération sous forte pression de la rue et la médiation des responsables religieux et de la société civile, n’a fait que conforter ce sentiment de glissement de la bataille politique entre les deux sur le terrain judiciaire.
Dans sa déclaration faite devant ses partisans, Ousmane Sonko a ainsi accusé le chef de l’Etat, le ministre de l’Intérieur, son collègue de la Justice et le procureur de la République d’être à l’origine de toutes ces violences ayant engendré la mort d’une dizaine de manifestants tués lors des affrontements avec les forces de défense et de sécurité qui ont suivi son interpellation pour « trouble à l’ordre public et participation à une manifestation interdite » le mercredi 3 mars dernier alors qu’il se rendait à son rendez-vous avec le juge d’instruction du 8e cabinet.
Sous ce rapport, exigeant l’ouverture d’une enquête indépendante pour situer les responsabilités dans la mort de ces manifestants, le leader de Pastef a également annoncé une plainte au niveau international qui sera déposée à la Cour pénale internationale (Cpi) pour, dit-il, amener « les responsables à répondre de leurs actes ». Il faut dire que les responsables du régime en place qui font déjà face, depuis le début de ces manifestations violentes, à la pression d’organisations de défense des droits de l’homme qui demande l’ouverture d’enquêtes indépendantes pour situer les responsabilités sur ces violences qui ont occasionnée la mort d’une dizaine de manifestants, courent un gros risque en cas de saisine de cette juridiction internationale.
En effet, même si la législation actuelle de cette cour ne permet pas à Ousmane Sonko ou un quelconque acteur politique sénégalais en dehors de l’Etat de passer à l’acte dans le sens où la saisine de la Cpi est réservée uniquement aux États parties, aux juges de ladite cour, statuant à la majorité absolue et le Procureur de la Cpi (Article 94 Statut de Rome), la mort de ces manifestants fait partie des crimes relevant de sa compétence. Ces derniers sont entre autres : crime de génocide ; crimes contre l’humanité (meurtre et emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international) ; crimes de guerre et crime d’agression (Article 5 Statut de Rome).
La particularité de ces crimes repose sur le fait qu’ils sont imprescriptibles. Autrement dit, la personne soupçonnée d’avoir commis ces crimes pourrait être poursuivie à tout moment durant sa vie devant cette juridiction internationale. Cette voie fait donc planer une sorte d’épée de Damoclès sur la tête les partisans du régime en place.
Le cas de l’ancien président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, traduit devant cette cour par son successeur et actuel chef d’Etat, Alassane Ouattara, en est une parfaite illustration de la tournure que pourrait prendre le bras de fer auquel se livre l’actuel chef de l’Etat sénégalais et son principal opposant si la tension actuelle entre les deux hommes n’est pas dissipée.
De son côté, le chef de l’Etat, tout en appelant au calme, a demandé de laisser « la justice suivre son cours en toute indépendance » dans le cadre de cette affaire « Sweet beauté » où Ousmane Sonko joue son avenir politique. En effet, même s’il a échappé pour le moment à un mandat de dépôt, le leader de Pastef n’est tout à fait hors de danger.
Au contraire, il est toujours dans la zone de turbulence où son avenir politique peut basculer d’un jour à un autre surtout avec le spectre d’une troisième information judiciaire visant les faits d’insurrection pour laquelle le juge du 1er cabinet aurait déjà adressé une nouvelle demande de levée de son immunité parlementaire.
En effet, en cas de condamnation pour l’une de ces affaires, Ousmane Sonko qui avait réussi la prouesse d’être classé 3ème pour sa première participation à une présidentielle, celle de 2019, va devoir oublier définitivement son rêve de mettre fin au système politique qui prend en « otage les Sénégalais » depuis 1960.
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REVUE DE PRESSE DU VENDREDI 12 MARS DE AHMED AIDARA