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28 juin 2025
SAISINE A HAUT RISQUE !
Entre confrontation politique ouverte sur fond d’attaque et contre-attaque, la rivalité entre les deux responsables politiques, Macky Sall et Ousmane Sonko, semble se déplacer avec cette affaire « Sweet beauté » sur le terrain très glissant de la justice
La bataille politique que se livre depuis 2014 (année de la création de Pastef) le président de la République, Macky Sall et Ousmane Sonko, leader du parti des Patriotes est-elle en train de prendre une nouvelle tournure avec cette affaire d’accusations de « viols répétés » et « menaces de mort » portée par Adji Sarr, une tournure d’un salon de coiffure contre le leader de Pastef/Les Patriotes. En effet, lors de leurs déclarations du lundi 8 mars dernier, les deux hommes bravant les appels à la description de la scène politique se sont plutôt livrés à des menaces réciproques de procédures judiciaires dont les conséquences pourraient être tragiques pour l’un ou l’autre.
Entre confrontation politique ouverte sur fond d’attaque et contre-attaque, notamment sur la gestion des ressources naturelles et financières publiques par le régime en place, la rivalité entre les deux responsables politiques, Macky Sall et Ousmane Sonko, semble se déplacer avec cette affaire « Sweet beauté » (nom du salon de coiffure où travaillait Adji Sarr), sur le terrain très glissant de la justice avec tout ce que cela comporte comme risque non seulement pour les deux mais aussi pour leurs familles et proches. La preuve, la prise de parole des deux adversaires politiques, le lundi 8 mars dernier quelques heures après l’inculpation d’Ousmane Sonko sous le régime de contrôle judiciaire suivi de sa libération sous forte pression de la rue et la médiation des responsables religieux et de la société civile, n’a fait que conforter ce sentiment de glissement de la bataille politique entre les deux sur le terrain judiciaire.
Dans sa déclaration faite devant ses partisans, Ousmane Sonko a ainsi accusé le chef de l’Etat, le ministre de l’Intérieur, son collègue de la Justice et le procureur de la République d’être à l’origine de toutes ces violences ayant engendré la mort d’une dizaine de manifestants tués lors des affrontements avec les forces de défense et de sécurité qui ont suivi son interpellation pour « trouble à l’ordre public et participation à une manifestation interdite » le mercredi 3 mars dernier alors qu’il se rendait à son rendez-vous avec le juge d’instruction du 8e cabinet.
Sous ce rapport, exigeant l’ouverture d’une enquête indépendante pour situer les responsabilités dans la mort de ces manifestants, le leader de Pastef a également annoncé une plainte au niveau international qui sera déposée à la Cour pénale internationale (Cpi) pour, dit-il, amener « les responsables à répondre de leurs actes ». Il faut dire que les responsables du régime en place qui font déjà face, depuis le début de ces manifestations violentes, à la pression d’organisations de défense des droits de l’homme qui demande l’ouverture d’enquêtes indépendantes pour situer les responsabilités sur ces violences qui ont occasionnée la mort d’une dizaine de manifestants, courent un gros risque en cas de saisine de cette juridiction internationale.
En effet, même si la législation actuelle de cette cour ne permet pas à Ousmane Sonko ou un quelconque acteur politique sénégalais en dehors de l’Etat de passer à l’acte dans le sens où la saisine de la Cpi est réservée uniquement aux États parties, aux juges de ladite cour, statuant à la majorité absolue et le Procureur de la Cpi (Article 94 Statut de Rome), la mort de ces manifestants fait partie des crimes relevant de sa compétence. Ces derniers sont entre autres : crime de génocide ; crimes contre l’humanité (meurtre et emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international) ; crimes de guerre et crime d’agression (Article 5 Statut de Rome).
La particularité de ces crimes repose sur le fait qu’ils sont imprescriptibles. Autrement dit, la personne soupçonnée d’avoir commis ces crimes pourrait être poursuivie à tout moment durant sa vie devant cette juridiction internationale. Cette voie fait donc planer une sorte d’épée de Damoclès sur la tête les partisans du régime en place.
Le cas de l’ancien président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, traduit devant cette cour par son successeur et actuel chef d’Etat, Alassane Ouattara, en est une parfaite illustration de la tournure que pourrait prendre le bras de fer auquel se livre l’actuel chef de l’Etat sénégalais et son principal opposant si la tension actuelle entre les deux hommes n’est pas dissipée.
De son côté, le chef de l’Etat, tout en appelant au calme, a demandé de laisser « la justice suivre son cours en toute indépendance » dans le cadre de cette affaire « Sweet beauté » où Ousmane Sonko joue son avenir politique. En effet, même s’il a échappé pour le moment à un mandat de dépôt, le leader de Pastef n’est tout à fait hors de danger.
Au contraire, il est toujours dans la zone de turbulence où son avenir politique peut basculer d’un jour à un autre surtout avec le spectre d’une troisième information judiciaire visant les faits d’insurrection pour laquelle le juge du 1er cabinet aurait déjà adressé une nouvelle demande de levée de son immunité parlementaire.
En effet, en cas de condamnation pour l’une de ces affaires, Ousmane Sonko qui avait réussi la prouesse d’être classé 3ème pour sa première participation à une présidentielle, celle de 2019, va devoir oublier définitivement son rêve de mettre fin au système politique qui prend en « otage les Sénégalais » depuis 1960.
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REVUE DE PRESSE DU VENDREDI 12 MARS DE AHMED AIDARA
Dakar, 12 mars (APS) – Les heurts meurtriers consécutifs à l’arrestation d’Ousmane Sonko continuent de faire les choux gras des quotidiens.
Le leader de Pastef/Les patriotes a été inculpé lundi et placé sous contrôle judiciaire. Il est accusé de ‘’viols répétés’’ et de ‘’menaces de morts’’ par une employée d’un salon de massage, Adji Sarr.
Arrêté mercredi 3 mars et placé en garde à vue pour trouble à l’ordre public et participation à une manifestation non autorisée, le député, candidat à l’élection présidentielle de 2019, a ensuite été libéré. De violentes manifestations à l’origine de la mort d’une dizaine de personnes ont eu lieu à Dakar et dans plusieurs parties du pays, à la suite de son arrestation.
‘’S’il a bien compris les jeunes manifestants, Macky Sall doit poser des actes forts. Et les changements devraient commencer par un remodelage de son équipe, pour lui insuffler du sang neuf (…) en écartant ces anciennes gloires comme Aminata Mbengue Ndiaye, Idy (Irissa Seck), Niasse… qui ne sont là que pour la gloire’’, commente WalfQuotdiien.
Il estime que ce serait faire ‘’œuvre de salubrité publique’’ que d’écarter les ‘’anciennes gloires’’ de la politique sénégalaise de la gestion actuelle du pays, selon le même journal.
Procéder de la sorte permettrait d’‘’éviter que l’accalmie ne soit finalement qu’une trêve’’, affirme WalfQuotidien à la suite des violences consécutives à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko.
Tribune estime que le rapport de forces entre l’opposition et la majorité présidentielle est d’ordre générationnel. ‘’Macky Sall et ses papys face à l’équation d’une opposition jeune’’, titre-t-il sur sa une.
Le Quotidien se fait l’écho de la réaction des lébous, une composante de la société sénégalaise. ‘’Tensions dans le pays : les lébous prient pour la paix’’, écrit-il.
EnQuête donne un bilan des violentes manifestations après quatre jours d’accalmie : ‘’Au moins 10 morts, plus de 500 blessés et des dizaines d’arrestations : rarement, pour ne pas dire jamais, le Sénégal n’a connu des émeutes aussi violentes, du côté des forces de l’ordre comme chez les manifestants.’’
‘’Pendant que les défenseurs des droits de l’homme réclament justice, d’autres estiment qu’il y a de quoi être fier du professionnalisme de la Gendarmerie et de la Police’’, ajoute le même journal.
Le Témoin Quotidien évoque ‘’la note salée du saccage des entreprises françaises’’ à la suite des heurts.
‘’L’heure des comptes a sonné après les violentes manifestations (…) Les enseignes françaises, Total et Auchan en particulier, ont été prises pour cibles. Quelles sont les conséquences des dégâts sur ces biens ?’’ lit-on dans le même journal.
Le Témoin Quotidien est également préoccupé par les suites des violentes manifestations et dénonce les arrestations consécutives aux heurts. ‘’Ou bien on veut la paix, ou bien on crache là-dessus. Il y a un paradoxe à vouloir traquer des pilleurs pendant que des criminels circulent librement. Il nous faut transcender certains clivages si nous voulons bien sûr reprendre le cours normal de la vie et nous occuper de l’essentiel’’, commente-t-il.
‘’Les milliards perdus par des multinationales, que des sociétés d’assurances rembourseront, valent-ils plus que ces morts ? Des centaines de jeunes arrêtés. Il faut arrêter ces arrestations, libérer les prisonniers politiques et instaurer la paix. Ces jeunes exigeaient plus de liberté et criaient leur misère. Le temps de l’apaisement, c’est mettre également fin à cette traque’’, soutient le journal.
Kritik’ évoque les indemnisations des familles de la dizaine de personnes qui ont péri dans les manifestations. Un membre du ‘’collectif des familles des victimes des évènements de mars 2021’’, rapporte-t-il, a mis ‘’en garde les politiciens contre toute tentative de récupération politique’’. ‘’Les familles renoncent à toutes poursuites judiciaires et sont en phase avec le chef de l’Etat qui a décidé de els indemniser’’, écrit Kritik’.
L’As évoque ‘’les défis politiques de Sonko’’, à savoir les élections locales, la mise en place d’une coalition, etc.
‘’L’Etat à la rescousse des stations-service’’ endommagées lors des heurts, écrit Le Soleil, ajoutant qu’elles ont perdu 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires.
JEUX DE CARTES - Ce qui ne tue pas...
La radiation a été d’un grand apport pour lui. L’arrestation est sans doute une aubaine pour Sonko. Hier, aux Parcelles assainies, en banlieue populeuse de Dakar, le leader de Pastef, en visite dans le quartier général de Y en a marre, a eu droit à un accueil chaleureux. Une suite logique de celle qui lui a été consacrée à sa sortie du bureau du doyen des juges le 8 mars dernier. Sonko essaie si bien d’utiliser “son temps” à bon escient. Il organise bien ses “sorties” et prépare rigoureusement ses “visites improvisées” afin de multiplier les points non sans une dose de populisme. Le Pouvoir a déjà fait de lui un héros, écrivions-nous. D’abord, en décidant de l’attaquer frontalement avec des arguments souvent fallacieux, ils ont inconsciemment mis en relief les tares qu’il dénonce non sans véhémence. Ensuite, la campagne de désinformation inhérente à la levée de boucliers a davantage rendu populaire un homme qui n’était pas un foudre de guerre dans la jungle politique sénégalaise. Enfin, en décidant d’adopter une posture radicale pour le réduire à néant, ils se sont tiré une balle sur leurs pieds déjà fragilisés par des incohérences notoires, une arrogance peu dissimulée, et des actions mal pensées. La communication du camp présidentiel qui a suivi cette “affaire privée” de viols et de menaces de mort a été catastrophique. Les acteurs qui étaient visibles dans les médias n’ont pas su renverser cette tendance selon laquelle Macky Sall passe pour être le bourreau de «ces enfants qui refusent». Ce qui est, en grande partie, à l’origine de cette accumulation de frustrations. Ousmane Sonko a fait de toutes ces maladresses un bon usage politique, aidé en cela par une conjoncture socio-économique défavorable au pouvoir. La volonté de Sall de “réduire l’opposition à sa plus simple expression” a en outre beaucoup profité à Sonko. Il sort grandi d’une épreuve qui pouvait lui être fatale. Ce qui ne tue pas rend plus fort. Toutefois, la politique est une série d’incertitudes, de surprises.. Miim Reew
Dior Diagne porte plainte contre Me Bamba Cissé et Me So
La célèbre avocate Dior Diagne est amère. Citée comme le cerveau du « complot contre Ousmane Sonko » et victime d’un lynchage en règle sur les réseaux sociaux, la dame a décidé de laver son honneur devant la justice. Elle a porté plainte contre Me Bamba Cissé. Celle que l’on présente comme l’épouse cachée du ministre de l’Intérieur accuse le jeune avocat d’avoir transmis un message reçu d’elle accréditant la thèse du complot dont elle serait le cerveau à son client, à tort. Dans sa plainte, elle explique en détail comment ses confrères Me Cissé et Me So qui est l’auteur de la plainte de Adji Sarr contre Ousmane Sonko, l’ont jeté à la vindicte populaire faisant croire à tort qu’elle est à l’origine de cette affaire Sonko Adji Sarr considérée comme un complot d’Etat pour disqualifier un adversaire politique du Président Sall. Cette plainte intervient au lendemain de la réunion convoquée par le bâtonnier pour tirer au clair cette affaire qui secoue le barreau sénégalais. Me So ayant admis être l’auteur de la plainte blanchit de fait Dior Diagne qui entend laver son honneur à son tour devant dame justice.
Réplique de Mame Mactar Guèye
Décidément, on aura tout vu dans l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko. Chaque jour, on note des dégâts collatéraux. Après la plainte de Me Dior Diagne contre ses confrères, Me El Hadji Diouf et Mame Mactar Guèye du Collectif des Médiateurs Religieux pour la Sauvegarde de la Paix Civile se crêpent le chignon. Mame Mactar Guèye de Jamra n’a pas aimé la sortie du conseil de Adji Sarr contre les médiateurs religieux. Il demande à Me El Hadji Diouf d’arrêter de tirer dans tous les sens. Car, dit-il, le Collectif des Médiateurs Religieux pour la Sauvegarde de la Paix Civile, coordonné par l’éminent Abbé Jacques Seck, n’a nullement l’intention de s’ériger en concurrent du «meilleur avocat» du Sénégal.
Deuil national des victimes des manifs
Après le deuil national décrété par le Président Macky Sall en hommage aux 13 victimes des manifestations violentes pour la libération d’Ousmane Sonko, c’est au tour des initiateurs du M2D de décréter un deuil aujourd’hui à la mémoire des victimes. Il est prévu ce vendredi une séance de récital de coran à partir de 11h à la grande mosquée de Massalikul Jinan en présence de l’Imam de ladite mosquée. En sus des séances de prières, il est prévu 13 minutes de silence virtuel sur les réseaux sociaux. Il s’agit de consacrer pour chaque victime une minute de prières. Ainsi pendant ces 13 minutes, ils ont décidé de s’abstenir d’écrire sur les réseaux sociaux.
Bougane offre 10 millions Fcfa aux victimes des manifs
Le leader du mouvement Gueum Sa Bopp, Bougane Guèye Dany, a fait hier, le tour des familles des victimes des manifestations violentes de la semaine dernière. Ainsi, le président directeur général de DMédias s’est rendu respectivement aux Parcelles Assainies, à Cambérène, à Yeumbeul, à Keur Massar et à la Médina pour présenter ses condoléances et compatir avec les familles des victimes. Aussi, informe un communiqué du mouvement «Gueum Sa Bopp», Bougane Guèye Dany a dégagé une enveloppe de 10 millions Fcfa pour soutenir les familles des victimes lors des manifestations pour la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit. Le président du mouvement «Gueum sa Bopp» se rendra le week-end prochain à Bignona et Diaobé pour présenter ses condoléances aux familles des victimes. A noter que 13 jeunes ont perdu la vie lors des heurts.
Tekki a commis un avocat pour Cheikh Wade
Cheikh Wade, âgé de 32 ans et tué lors des manifestations, repose depuis hier au cimetière de Cambérène. Il est mort le drapeau à la main. Ainsi, sa famille promet d’enclencher une procédure judiciaire pour que l’auteur de son décès soit identifié et puni. D’ailleurs avec l’accord de la famille Wade, le Mouvement Tekki a constitué Me Amadou Sow pour la bataille juridique. Pour le président de Tekki, Mamadou Lamine Diallo, la victime est un symbole du mouvement populaire en cours pour la démocratie et la dignité économique. «Cheikh Wade, tailleur, acteur du secteur informel, est écrasé par la politique économique de Macky Sall», accuse le parlementaire.
Reconstitution des états civils perdus suite aux manifs
Lors des manifestations pour la libération d’Ousmane Sonko, des individus inconscients en ont profité pour saccager tout sur leur passage. Même les centres d’état civil n’ont pas été épargnés. Au cours de la réunion de la coordination départementale de Bennoo Bokk Yakaar (Bby) de Rufisque, le ministre de la Décentralisation et des Collectivités territoriales a abordé la question en condamnant les pillages quels qu’ils soient. Pour Oumar Guèye, le fait de s’attaquer aux centres d’état civil relève de l’inconscience. A l’en croire, il faut être insensé pour s’attaquer à des centres d’état civil qui sont la mémoire permettant d’établir l’identité des populations. Sans les états civils, poursuit-il, personne ne pourra se procurer des extraits de naissance, de passeports, de cartes nationales d’identité, entre autres. Cela dit, Oumar Guèye informe que le gouvernement, en relation avec les maires, a pris les dispositions pour la reconstitution des états civils perdus. Il promet d’encadrer les élus pour régler les problèmes relevés dans les états civils après les saccages. Il n’a pas manqué de relever toute la problématique de la numérisation et de la digitalisation de l’état civil. Un dossier sur lequel son département est en train de travailler grâce au financement de 18 milliards Fcfa débloqué par l’Union Européenne.
Tournée d’adieux du Général Birame Diop
Le Chef d’état-major général des forces armées (Cemga) a entamé sa tournée d’adieux aux différentes zones militaires. Devant terminer son commandement à la tête des Armées le 29 mars 2021, le général d’armée aérienne, Birame Diop, était à Kaolack hier. Il a fait ses adieux aux soldats de la zone militaire 3.
Adama Barrow au Sénégal
Le Président de la Gambie séjourne au Sénégal. Adama Barrow est arrivé à Dakar hier pour une visite privée. Il a été accueilli par son homologue sénégalais. Le Président Adama Barrow a saisi l’occasion pour magnifier les relations entre les deux pays et remercier le Président Macky Sall pour le don de 10.000 doses de vaccins anti-Covid-19 à la Gambie qui, d’ailleurs, a lancé depuis mercredi la campagne de vaccination contre la covid-19
Les PTF s’engagent à mieux appuyer l’Education
Le ministre de l’Éducation nationale, Mamadou Talla et une délégation des Partenaires techniques et financiers (Ptf) du secteur de l’Éducation ont fait hier, un large tour d’horizon sur le partenariat fructueux des différentes interventions dans le secteur. Occasion saisie par le Directeur de la Planification et de la Réforme de l’Éducation, Cheikhna Lam pour relever le déficit de table-bancs, de manuels scolaires et de personnels enseignants. Il indique également que dans le cadre de la lutte contre la propagation de la covid-19, le ministère de l’Éducation fait face à l’urgence de multiplier les blocs d’hygiène, les kits de protection, des kits alimentaires etc. Pour sa part, Seyni Fall a dressé le bilan des activités de production de ressources numériques. A cela, s’ajoutent la formation et l’encadrement des enseignants, des techno-pédagogues et l’acquisition de matériels pour un meilleur accès aux ressources numériques. Au nom de la délégation des Ptf du secteur de l’Éducation, Siaka Coulibaly représentant des programmes onusiens, a salué les efforts du ministère de l’Education Nationale pour sa gestion efficace de la pandémie avant de renouveler son engagement à accompagner le gouvernement à améliorer la qualité de l’éducation. Pour sa part, Mamadou Talla a demandé la finalisation de la collecte des données pour mieux maitriser la cartographie des vulnérabilités, l’harmonisation et la coordination des différentes interventions afin d’éviter les redondances.
Ziguinchor et Bignona marchent aujourd’hui
Les militants du Pastef de Ziguinchor et de Bignona maintiennent la cadence pour exiger la libération de huit de leurs camarades emprisonnés. Même si la tension est retombée, les militants du Pastef de ces deux villes vont marcher ensemble aujourd’hui dans les rues de Ziguinchor. Le Préfet a autorisé cette procession motivée par la détention de huit personnes depuis le mardi 09 février. Dix-neuf (19) communes du département de Bignona se joindront aux «patriotes» de la commune de Ziguinchor pour, disent-ils, relever le défi de la mobilisation et se faire entendre. .
Le Sénégal réception 25 000 doses de vaccin
L’Inde contribue à la riposte contre la pandémie du coronavirus. Le ministre de la Santé et de l’Action sociale réceptionne aujourd’hui en présence de l’ambassadeur d’Inde au Sénégal 25.000 doses de vaccins covishield-Astrazeneca. La cérémonie de réception se tient à la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement(PNA).
Baisse des contaminations à Mbour
Le préfet du département de Mbour, Mor Talla Tine, a lancé jeudi la deuxième phase de la campagne de vaccination contre le coronavirus dans le district sanitaire. Le Préfet, les responsables des forces de défense et de sécurité, les élus locaux et des leaders d’opinion se sont fait vacciner en guise d’exemple. Occasion par le médecin-chef du district sanitaire de Mbour, Jean Jacques Malomar pour rassurer de la baisse de la contamination du virus ces dernières semaines dans la commune de Mbour. A ce jour, 742 cas positifs ont été recensés dans la commune de Mbour, dont 506 guéris et 177 sous traitement. Il renseigne par ailleurs que 1.288 personnes du troisième âge sont inscrites sur la base des données nationales.
Il était d’avis que « le besoin de réforme, ce n’est pas entre le pouvoir et l’opposition, c’est entre la société et ceux qui animent les institutions ». Ce baobab de la pensée, est encore aujourd’hui l’absent le plus présent de l’actualité nationale
Feu Mouhamadou Mbodji, ce baobab de la pensée, est encore aujourd’hui l’absent le plus présent de l’actualité nationale. Figure emblématique de la société civile sénégalaise, celui qui fut le Coordonnateur Général du Forum Civil a marqué son temps par la pensée, sa lucidité, sa noblesse, sa générosité, son ouverture d’esprit et sa tempérance. Il fut un modèle d’une rare élégance dans son domaine de prédilection qu’est la bonne gouvernance. Il aurait été encore aujourd’hui, l’un des rares à pouvoir nous concevoir un dictionnaire technique et critique des concepts de la bonne gouvernance, en usant de sa grande pédagogie pour l’enseigner à nos gouvernants et à nos élites de façon générale. Toute sa vie aura été une lutte pour la transparence. Dans la subtilité de son langage, il avait toujours les mots justes pour capter l’attention de son interlocuteur. Il était plus qu’un missionnaire du présent.
Il croyait profondément aux vertus du dialogue, de la courtoisie, du respect et de la discipline dans la scène publique. On peut donc aisément le comprendre quand il disait que « dans le débat démocratique, il faut du respect mutuel ». On peut aussi le comprendre dans sa lutte pour la bonne gouvernance, quand il déclare qu’on « ne peut pas mettre en exergue la violation des droits d’une minorité qui a fauté, face aux droits de millions de personnes qui ont été violés parce que le service public qu’on devait leur offrir à travers des écoles et lycées, des soins de santé de qualité, n’a pas été fait. »
Feu Mouhamadou Mbodj sortait toujours de l’ordinaire surtout quand il s’agissait de parler de la corruption. Il disait ceci : « Quand l’acteur est en face d’un système, il y a deux volontés qui s’entrechoquent : il vient dans la pureté et la naïveté de ses intentions, le système vient avec une surdétermination par rapport à des intérêts installés au cœur du système. C’est un combat. Ce n’est pas parce que vous prenez des décrets ou que vous faites voter des lois que le système vous suivra. Il faut conjuguer votre volonté à celle d’autres acteurs qui ont intérêt à mettre fin à la corruption. Ces acteurs, ce sont les citoyens lambda, premières victimes de la corruption. Maintenant, entre les citoyens lambda et les corrompus au sommet de l’Etat, il y a une chaine de redistribution intermédiaire entre eux, les politiques, certains marabouts etc. Il faut donc une énorme volonté politique pour pouvoir faire face à cela, en mobilisant l’opinion et la citoyenneté. »
Il était surtout d’avis que « le besoin de réforme, ce n’est pas entre le pouvoir et l’opposition, c’est entre la société et ceux qui animent les institutions. » Ses réflexions sont toujours d’actualité lui qui nous a quitté depuis trois ans. Allah (SWT) l’accueille au Paradis, ainsi que tous ceux qui ont perdu la vie dans ce contexte de deuil national.
QUE SE PASSE-T- IL AVEC LE VACCIN ASTRAZENECA ?
Ce jeudi, ces pays ont suspendu jusqu'à nouvel ordre l'utilisation du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 à cause de craintes liées à la formation de caillots sanguins (thrombose) chez des personnes vaccinées.
Le Danemark, l'Islande et la Norvège ne veulent prendre aucun risque. Ce jeudi, ces pays ont suspendu jusqu'à nouvel ordre l'utilisation du vaccin AstraZeneca contre le Covid-19 à cause de craintes liées à la formation de caillots sanguins (thrombose) chez des personnes vaccinées. Le Danemark l'a annoncé en premier via son autorité sanitaire, avant d'être suivi par les deux autres pays. Une "pause", tout en rappelant" qu'"à l'heure actuelle, on ne peut pas conclure à l'existence d'un lien entre le vaccin et les caillots sanguins".
Deux semaines minimum de pause
Cette suspension, qui sera réévaluée d'ici deux semaines, chamboule le calendrier de la campagne d'immunisation danoise. Copenhague prévoit désormais d'avoir vacciné sa population adulte mi-août, contre début juillet annoncé précédemment, indique l'autorité sanitaire.
"Il existe une documentation importante prouvant que le vaccin est à la fois sûr et efficace. Mais avec l'Agence danoise des médicaments, nous devons réagir aux informations faisant état d'éventuels effets secondaires graves, à la fois au Danemark et dans d'autres pays européens", selon le directeur de l'Agence nationale de la Santé danoise, Søren Brostrøm. Le Danemark indique par ailleurs avoir enregistré un décès d'une personne qui avait reçu le vaccin. Une enquête est en cours auprès de l'EMA.
"Nous faisons une pause en Norvège dans la vaccination avec AstraZeneca", a déclaré un haut responsable de l'Institut national de santé publique, Geir Bukholm, lors d'une conférence de presse. "Nous attendons des informations pour voir s'il y a un lien entre la vaccination et ce cas de caillots sanguins".
Suspension d'un lot spécifique dans plusieurs pays
Il s'agit ici d'une première, même si l'Autriche avait annoncé lundi avoir cessé d'administrer un lot de vaccins produits par le laboratoire anglo-suédois, après le décès d'une infirmière de 49 ans qui a succombé à de "graves troubles de la coagulation" quelques jours après l'avoir reçu.
Quatre autres pays européens, l'Estonie, la Lituanie, la Lettonie et le Luxembourg, avaient suspendu dans la foulée les vaccinations avec des doses provenant de ce lot, livré dans 17 pays et qui comprenait un million de vaccins.
Seulement 22 cas de thromboses en Europe
Mercredi, une enquête préliminaire de l'Agence européenne des médicaments (EMA) a souligné qu'il n'existait aucun lien entre le vaccin d'AstraZeneca et le décès survenu en Autriche.
En date du 9 mars, seulement 22 cas de thromboses avaient été signalés pour plus de trois millions de personnes vaccinées dans l'espace économique européen, selon l'agence européenne.
Le gouvernement britannique a défendu ce jeudi le vaccin développé par le laboratoire AstraZeneca, le jugeant "sûr" et "efficace" et assurant qu'il resterait utilisé au Royaume-Uni. "Nous avons été clairs sur le fait que (le vaccin) est à la fois sûr et efficace", a déclaré un porte-parole du Premier ministre Boris Johnson à la presse, ajoutant : "Lorsque les gens sont invités à se présenter pour le recevoir, ils doivent le faire en toute confiance".
par Souleymane Coly
REFUSER DE FAIRE DE L’ARMÉE UN ENJEU POLITICIEN
Ses interrogations, ses doutes et ses frustrations ne doivent jamais amener le gendarme à se départir de son statut de serviteur loyal de la République. Il ne doit jamais oublier que l’exercice de ses missions participe à la consolidation de la démocratie
Le tweet du leader du parti République des valeurs (RV), Thierno Alassane Sall, sur la nécessité d’éviter de jeter le discrédit sur l’Armée, a soulevé beaucoup de passion et de déchaînements sur les réseaux sociaux, mercredi. Il a écrit, en substance, que « l’honneur d’un officier n’est pas dans la désertion devant le péril, se terrer puis se répandre en rumeurs. L’honneur de tout serviteur de l’État est de dire non, là où il faut, sans faux-fuyants. Le discrédit de la seule institution encore debout, l’Armée, serait la ruine de notre Nation ». Il n’en fallait pas plus pour faire penser à beaucoup de Sénégalais que ces propos s’adresseraient à un capitaine de la gendarmerie nationale qui vient d’annoncer sa démission de l’institution militaire, en l’occurrence Oumar Touré. Les propos de Thierno Alassane Sall sont empreints de sagesse et constituent un rappel, fort opportun et pertinent, sur la nécessité de préserver nos institutions, en particulier celle qui nous vaut beaucoup de fierté et qui incarne l’unité nationale, surtout en ces périodes troubles, l’Armée. Au regard du contexte qui prévaut, certains se sont fait le malin plaisir de sortir ces propos de leur contexte et de les dévier du but qu’ils visaient, ceci à des fins inavouables. Ils les ont analysés sous un prisme purement politique, voire politicien. À tort.
Selon Émile Durheim, un État républicain implique neutralité, moralité et universalité. Il considère que les personnes qui servent l’État, en particulier les fonctionnaires, doivent faire preuve de ces qualités. Il justifie cela par le fait qu’ils participent de l’autorité morale de l’État et qu’ils ne sont pas au service d’intérêts particuliers, mais d’intérêts publics. Par conséquent, ils ont des devoirs particuliers qui leur incombent. Parmi ces devoirs, figure la discipline, c’est-à-dire la capacité de contrôler ses conduites, ses comportements, etc. Cela est davantage vrai lorsqu’il s’agit de l’institution militaire, en particulier des soldats qui l’incarnent. C’est ce qui a amené Michel Foucault, en parlant de la discipline militaire, de dire qu’elle est à la fois collective et individuelle. Par conséquent, aucun militaire ne devrait s’y soustraire.
Il est utile de rappeler que la gendarmerie est une institution militaire. Elle est réputée pour sa rigueur et sa discipline, lesquelles reposent, en partie, sur le principe hiérarchique d’obéissance aux ordres. Ce respect de la discipline contribue, pour beaucoup, à la stabilité de l’institution. Cela ne saurait en être autrement, car, le gendarme est formé pour obéir aux ordres en exécutant des missions de protection, de surveillance, d’intervention ou de police judiciaire. Dans la réalisation de ses missions, le gendarme est confronté à des situations nettes, claires et sans ambiguïtés sur la conduite à tenir. Comme tout fonctionnaire, il peut être aussi être en face de situations moins évidentes, frustrantes, voire dangereuses. Ce qui peut l’amener, comme tout élément de la société, à être habité par des interrogations, des doutes ou des frustrations. Pour autant, ses interrogations, ses doutes et ses frustrations ne doivent jamais l’amener à se départir de son statut de serviteur loyal de la République. Il ne doit jamais oublier que l’exercice de ses missions participe à la consolidation de la démocratie. Par conséquent, il doit éviter de poser tout acte qui pourrait affaiblir l’institution ou jeter en pâture celle-ci à l’opinion publique de manière à porter atteinte à sa crédibilité. C’est sous ce rapport qu’il convient de comprendre et de replacer les propos de Thierno Alassane Sall.
En effet, lorsqu’un fonctionnaire, de surcroît assujetti à la discipline militaire, s’épanche publiquement sur le fonds d’une affaire qu’il a connue dans l’exercice de ses fonctions, ceci dans un contexte de cristallisation de passions et d’émotions populaires, alors, il a failli doublement : il viole son devoir de réserve et il ne respecte pas son obligation de garder des secrets professionnels.
Dans une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux, le Capitaine Touré a pris la parole pour appeler les populations à reporter une manifestation de contestation prévue lundi dernier à la place de l’Obélisque et de la reprogrammer à vendredi prochain afin de lui permettre d’y prendre part. Plus grave, il s’est permis, dans sa première publication, d’exiger la démission du ministre de l’Intérieur, du ministre de la Justice et du Procureur de la République. Il viole, de ce fait, son devoir de réserve, c’est-à-dire l’interdiction, pour un militaire, d’exprimer publiquement ses opinions personnelles surtout lorsqu’elles sont corrélées à une cause aux relents politiques. Par ailleurs, en exposant sur la place publique, à travers plusieurs interviews accordées à la presse, des éléments d’une affaire qu’il a connue et traitée comme enquêteur, en sa qualité d’Officier de police judiciaire (OPJ), il s’est soustrait de son obligation de garder des secrets professionnels dont il était dépositaire dans l’exercice de ses fonctions.
Ces deux manquements sont gravissimes et constituent un précédent dangereux qui pourrait porter atteinte à la crédibilité des institutions et menacer la stabilité de la République. Ne pas le reconnaître, parce que les propos du Capitaine Touré apportent de l’eau à son moulin, c’est contribuer à l’affaissement des institutions dont personne n’a intérêt. Ni le président actuel, ni celui dont le nom sortira des urnes en 2024. C’est là où réside la portée et la puissance des propos de Thierno Alassane Sall. Pour une personne qui met la République et les valeurs qui la sous-tendent au centre des actions de redressement à entreprendre pour reconstruire le Sénégal, cela est cohérent et a du sens. Cela montre aussi qu’il a du courage et qu’il est capable d’assumer ses idées et ses positions. C’est à son honneur de refuser la langue de bois.
LA CHASSE GARDÉE DES COMMERÇANTS GUINÉENS
La communauté guinéenne au Sénégal n’est pas seulement entrée dans l’imaginaire collectif comme des individus entreprenants. Dans la réalité, ses membres ont longé plusieurs allées de succès qui en ont fait une collectivité dynamique
La communauté guinéenne au Sénégal n’est pas seulement entrée dans l’imaginaire collectif comme des individus entreprenants. Dans la réalité, ses membres ont longé plusieurs allées de succès qui en ont fait une collectivité dynamique. Celle-ci assure presque le monopole de plusieurs secteurs d’activité : vente de fruits, blanchisserie, coiffure pour homme, boutique…
Sénégal, pays d’accueil, c’est déjà connu. Il l’est encore plus pour la communauté guinéenne. Les chiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) le corroborent. Selon l’enquête intitulée « Profil migratoire du Sénégal 2019 », 43 % des émigrés au Sénégal sont des Guinéens. Et même si les études ne se sont pas intéressées à la répartition de cette population dans les différents secteurs d’activité, force est de reconnaître que la coiffure pour homme, le travail de boutiquier, la vente de fruits…, sont presque l’apanage de cette communauté. Une mainmise qui ne manque pas d’explication. Alpha Bâ tient une boutique à Scat Urbam. Il vend également des fruits. Pour lui, si ses compatriotes sont essentiellement orientés vers le commerce, c’est parce que la plupart d’entre eux arrivent au Sénégal sans qualification professionnelle. La seule option, dans ce cas, dit-il, c’est le commerce. Selon l’étude de l’Ansd, plus de 59 % des étrangers résidant au Sénégal ne sont pas instruits. Et pour se simplifier la vie, l’activité se fait souvent à la chaîne. Une affaire de famille !
Dans son grand magasin situé à Hann Mariste, Abdou supervise presque tout. Il possède plusieurs boutiques et magasins éparpillés un peu partout à Hann Mariste depuis le début des années 2000. Ici, même si le décor peut sembler désordonné pour le visiteur, le maître des lieux a une maîtrise parfaite de l’emplacement de chaque article, au détail près. À l’aide d’une machine à calculer, d’un carnet de facture, il gère les commandes minutieusement, assisté de deux garçons : son fils aîné et son neveu. « Ce sont mes deux plus proches collaborateurs, mes hommes de confiance », confie-t-il. De l’autre côté, un jeune garçon, à peine la dizaine d’années, a les yeux rivés sur un exemplaire du Coran. Pour Abdou, c’est le passage obligé. « Chez nous, il est impératif d’apprendre le Coran. Petit à petit, on s’initie au commerce. On ne le choisit pas forcément. Très souvent, on pratique l’activité de son tuteur », explique-t-il.
Chaîne de solidarité familiale
Chez la communauté guinéenne, le lien familial est très fort. Selon Mouhamed, coiffeur à la Sicap Liberté 6, c’est une question de confiance et de solidarité. En cette matinée de lundi, les clients se font désirer dans son salon. Les sièges pour clients sont occupés par les apprentis. Ils ont le même patronyme Bâ, ironise Mouhamed. Les deux sont ses frères, les deux autres sont ses cousins. Ils ont quitté leur Guinée natale pour venir apprendre le métier. « C’est comme ça que j’ai appris le métier. J’étais chez un de mes oncles coiffeurs. Quand j’ai assimilé, il m’a aidé à ouvrir mon propre atelier. Je suis obligé de faire la même chose pour mes jeunes frères », dit-il. Pendant que l’apprenant se familiarise avec le métier, il est logé, nourri par son aîné et mentor jusqu’à ce qu’il puisse ouvrir son propre atelier. Selon notre interlocuteur, c’est ce qui fait qu’on peut retrouver une bonne dizaine de membres d’une famille dans une seule activité. Le cas du vieux Barry, doyen du marché Sandiniéry, en est un exemple. L’un des premiers à s’installer dans la vente de fruits, il est aujourd’hui une sorte de superviseur. Le business est entre ses deux fils et leurs enfants. « Ils assurent bien la relève, je n’ai plus la force de mes 25 ans », dit-il, avec ironie.
L’autre explication à cette forte présence dans ces domaines d’activités est à chercher dans la rentabilité. Pour la coiffure, par exemple, le chiffre d’affaires journalier peut facilement atteindre 50.000 FCfa le week-end et autour de 15.000 FCfa les jours ouvrables. Am, qui tient un salon dans un petit magasin, très exigu, ne le cache pas ; le business rapporte. Même avec une recette journalière d’un peu plus de 5.000 FCfa, « facilement atteignable, on s’en sort ».
Abdoul, lui, tient une blanchisserie. Même s’il est écrit sur une planche négligemment accroché à la porte, que le travail se fait à la machine, la réalité est tout autre. Peu importe, pour lui. Puisque son travail à la main est de qualité. « L’essentiel, c’est que le travail soit très bien fait. Si je suis là depuis bientôt 10 ans, c’est parce que mes clients sont satisfaits », assure-t-il, le coude posé sur une machine à laver qui sert plus de comptoir qu’à blanchir.
« Nous ne sommes pas venus au Sénégal pour le confort »
Dans un grand magasin, une baie vitrée où sont rangés les habits déjà lavés et repassés, fait office de porte. À l’intérieur, une grande planche de bois sépare la pièce en deux parties. La deuxième fait office de chambre à coucher. Mouhamed y vit avec son épouse et ses deux enfants qui sont nés au Sénégal. De la cuisine au linge, tout se fait dans cet espace. Rien de grave pour quelqu’un qui a partagé une chambre avec sept autres compatriotes plusieurs années durant, surtout si cela permet d’économiser 25.000 FCfa par mois destinés au loyer ! « Cela peut sembler bizarre pour quelqu’un qui est chez lui. Mais nous restons des émigrés même si nous sommes bien intégrés. Nous ne sommes pas ici pour le confort. Il faut savoir serrer la ceinture », affirme Mouhamed. Selon Alpha, boutiquier de son état, que ce soit la boutique, la blanchisserie…, ce sont des activités qui permettent de faire des économies sur le train de vie. Prenant son exemple, il dit avoir aménagé une petite couchette dans sa boutique au lieu de prendre une chambre qui lui aurait peut-être coûtée un peu plus de 20.000 FCfa, alors qu’il n’y passerait pas plus de sept heures par jour. « On finit par s’y habituer », explique-t-il.