Il y a bien des risques de pourrissement de milliers de tonnes de pommes de terre dans la zone des Niayes, dans les prochains jours. C’est la conviction exprimée hier à Notto Gouye Diama, par l’Association pour la Promotion des Produits Agricoles du Sénégal (APPASEN) qui dénonce la concurrence déloyale exercée par Sene Guindia avec la complicité de l’Arm.
Les producteurs de pommes de terre de la zone des Niayes se font déjà beaucoup de soucis par rapport à l’écoulement de leur production, au moment où le marché est déjà inondé. C’est dans ce cadre que les membres de l’Association pour la Promotion des Produits Agricoles du Sénégal (APPASEN), de Cayar au Gandiol, se sont retrouvés hier à Notto Gouye Diama, pour tirer la sonnette d’alarme. Selon Soulèye Sow de la section APPASEN de Cayar, il y a des risques de pourrissement de milliers de tonnes de pommes dans la zone des niayes, les prochaines semaines, si rien n’est fait, tout en pointant du doigt accusateur l’Agence de Régulation des Marchés (ARM).
Pour lui, cette situation est le résultat de la démarche unilatérale de l’organe de la régulation, en l’occurrence l’Agence de régulation des Marchés (ARM).Elle a en effet décidé de mener unilatéralement des visites dans les champs de pommes de terre de Mbane tout en ignorant complètement ceux de la zone des Niayes. Pire encore, suite à cette visite, il accuse l’ARM d’avoir décidé d’ouvrir le marché à Sene Guindia jusqu’au 20 mars 2021. Or à l’en croire, il est connu de tous que les producteurs de la zone des Niayes commencent leur mise sur le marché à partir du début du mois de février. Cela veut qu’il y a bel et bien le risque d’un mois de télescopage sur le marché, entre les produits de la zone des Niayes et ceux de Sene Guindia. Il souligne que les producteurs des Niayes seront les grands perdants de cette affaire car Sene Guindia dispose de chambres froides pour conserver la quasi-totalité de sa production en cas de saturation du marché, ce qui est loin d’être le cas pour les producteurs de la zone des niayes qui font recours à des moyens rudimentaires comme l’ensevelissement de la pomme de terre dans des bottes de paille sèche. « La responsabilité des autorités de ce pays est de protéger ces producteurs locaux livrés à eux-mêmes. Nous demandons aux ministères concernés par cette situation, notamment celui de l’agriculture, mais aussi du commerce, de prendre leurs responsabilités pour interdire la commercialisation de Sene Guindia, notamment la pomme de terre, pour permettre aux producteurs du pays d’écouler leurs produits », disent-ils.
Parlant de l’importance de la protection des producteurs locaux, il affirme que les Niayes sont à même d’approvisionner correctement le marché en pommes de terre à hauteur de plus de 80 000 tonnes pour le seul mois de février. C’est ainsi que, vu la quantité déjà injectée sur le marché par Sene Guindia,de grands risques pèsent sur les producteurs locaux qui, au finish, vont se mettre dans une situation de bradage de ce qui restera de la récolte, après le pourrissement.
D’ailleurs l’odeur du bradage est déjà en train d’embaumer le marché, dit-il, car le prix du kilogramme de pomme de terre est à 200 Fcfa contre environ 250 à 275 Fcfa les autres années à pareille époque. Ce qui veut dire qu’il peut connaître une chute vertigineuse à tout moment. Pendant ce temps, non seulement Sene Guindia dispose d’infrastructures de conservation, mais aussi il peut s’en sortir même avec un prix de 100 Fcfa le kg, car il détient une production à l’échelle industrielle.
«ON ESPERE QUE CETTE OPERATION CONTRIBUERA A L’INSTAURATION D’UN CLIMAT SEREIN»
Aller vers des échéances électorales apaisées, sans aucune contestation liée au fichier. Tel est le souhait de Doudou Ndir, président de la Commission Electorale Nationale Autonome (Cena)
Le président de la Commission Electorale Nationale autonome (Cena), Doudou Ndir, a reçu lundi dernier les experts chargés de l’audit du fichier électoral. Et il espère que cette opération contribuera à l’instauration d’un climat serein et propice à la tenue de consultations électorales apaisées.
Aller vers des échéances électorales apaisées, sans aucune contestation liée au fichier. Tel est le souhait du président de la Commission Electorale Nationale Autonome (Cena).
Recevant lundi dernier les experts en charge de l’audit du fichier électoral, Doudou Ndir a affiché son optimisme. Il espère en effet que cette opération d’audit du fichier électoral contribuera à l’instauration d’un climat serein et propice à la tenue de consultations électorales apaisées. «Cette mission intervient à un moment important où le Sénégal se trouve à la croisée des chemins avec les échéances électorales à venir. La tenace mésentente entre le pouvoir et l’opposition au Sénégal découle essentiellement d’un déficit de confiance. La majorité étant systématiquement accusée de ne pas jouer le jeu et de constamment adopter des mesures visant à écarter ses adversaires les plus irréductibles», a soutenu le président du Cena dans un communiqué parvenu hier à «L’As».
Pour son vice-président, Me Papa Sambaré Diop, le maître-mot dans le champ politique sénégalais reste le retour de la confiance. A l’en croire, un audit du fichier électoral a été effectué, il y a environ deux ans et en dépit des conclusions sur sa fiabilité à plus de 98 %, les suspicions se sont maintenues. «C’est pourquoi, si l’on arrive à instaurer la confiance, personne ne nourrira plus de soupçons à l’égard du fichier», affirme le vice-président de la Cena.
Représentant la Cena à la Commission politique du Dialogue National, Saïdou Nourou Bâ et Mame Yacine Camara Lakh, ont rappelé les critères définis pour le choix des auditeurs, ainsi que les termes de référence retenus et le chronogramme fixé pour l’exécution la plus correcte possible de la mission d’audit. Le chef de la mission d’audit, le malien Issaga Kampo s’est réjoui de l’accueil et de la disponibilité de la Cena avant de saluer l’importance de l’institution dans le processus électoral.
Face à leurs hôtes, Issaga Kampo et son équipe sont revenus sur les démarches qu’ils sont en train d’effectuer pour rendre leur travail efficace. A les croire, «cette première visite à la Cena sera suivie d’autres, notamment auprès du service informatique de l’institution et de son équipe qui contrôle et supervise les opérations d’édition des cartes d’électeurs par les éléments de la Direction de l’Automatisation des Fichiers (Daf). «Les experts ont enfin sollicité de la Cena la mise à leur disposition de documents importants tels que le règlement intérieur et le manuel de procédure de l’institution, ainsi que le guide de l’électeur, ce dont s’est ensuite chargé le Secrétaire général de l’organe chargé d’organiser et de superviser les élections au Sénégal», ajoute la Cena dans son communiqué.
A noter que la délégation des auditeurs est composée d’un juriste le Malien Issaga Kampo du Mali, d’un auditeur du système d’information le Guinéen Mamady Condé de la Guinée, d’un spécialiste des fichiers électoraux et de la biométrie le Français Mokhtar Hamidi , et d’un démographe statisticien le Togolais Essey Senah Koupogbé.
LA TRAQUE DES PRO-SONKO PARALYSE LE LYCEE DE CABROUSSE
Le lycée de Cabrousse, dans la commune de Diembéring, a vécu un mouvement d’humeur hier mercredi, suite à la convocation à la gendarmerie d’un enseignant en service dans ledit établissement.
Les professeurs du Lycée de Cabrousse (département d’Oussouye) se sont révoltés hier (mercredi 24 février) contre la convocation d’un de leur collègue par la gendarmerie. Ils ont observé un débrayage pour manifester leur courroux.
Le lycée de Cabrousse, dans la commune de Diembéring, a vécu un mouvement d’humeur hier mercredi, suite à la convocation à la gendarmerie d’un enseignant en service dans ledit établissement.
Il s’agit d’un professeur de philosophie qui répond au nom de Jean Ousmane Biaye et qui est responsable du Pastef-Les patriotes dans le département de Bignona. « C’est un acte inacceptable qui ne saurait être toléré. Comment des gendarmes peuvent-ils faire irruption dans un établissement pour convoquer un enseignant qui a un domicile et une adresse différente de l’école ?», s’est insurgé au bout du fil un enseignant en service au lycée de Cabrousse.
Pour dénoncer l’immixtion de la gendarmerie dans leur établissement, les enseignants du lycée de Cabrousse ont observé un débrayage. Ils se sont ensuite rendus à la sous-préfecture de Cabrousse pour protester contre cet acte posé par la gendarmerie.
Selon notre source, il est reproché à l’enseignantJean Ousmane Biaye de planifier des manifestations à caractère insurrectionnel. Le professeur de philosophie et responsable du PASTEF-les patriotes, qui a répondu à la convocation de la gendarmerie en compagnie du proviseur du lycée de Cabrousse (département d’Oussouye), a finalement rejoint les siens après quelques heures passées à la brigade de gendarmerie du Cap Skirring.
UN EXERCICE A HAUT RISQUE
La journée du vendredi 26 février risque d’être chaude avec la convocation des députés en séance plénière, à 11 heures, aux fins d’examiner les conclusions de la Commission ad hoc statuant sur la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko
La journée du vendredi 26 février risque d’être chaude partout au Sénégal avec la convocation des députés en séance plénière, à 11 heures, aux fins d’examiner les conclusions de la Commission ad hoc chargée de statuer sur la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko. D’ailleurs, depuis le début de l’affaire, les militants de Pastef sont sur le pied de guerre.
Après avoir reçu le rapport de la commission ad hoc qui a bouclé ses travaux depuis mardi dernier, Moustapha Niasse n’a pas traîné les pieds. Le président de la deuxième Institution du pays a aussitôt convoqué ses collègues députés demain en séance plénière. Un seul mot à l’ordre du jour : examiner la demande de la levée de l’immunité parlementaire d’Ousmane Sonko qui fait l’objet de graves accusations de viols et de menaces de mort. Il appartiendra ainsi aux députés de décider, sur la base des conclusions de la commission, de dévêtir ou non Ousmane Sonko de son immunité.
En effet, au vu des relations qu’entretenait le leader de Pastef avec ses collègues de la majorité présidentielle, on peut dire que les carottes sont déjà cuites pour lui. Ce sera l’occasion pour la majorité présidentielle d’envoyer Ousmane Sonko à l’abattoir. Une fois cette étape franchie, l’ancien inspecteur des Impôts et Domaines sera dans l’obligation de répondre devant la Justice dans le cadre de cette affaire de viols et de menaces de mort. Comme ce fut le cas lors de la mise en place de la commission ad hoc chargée, la séance plénière risque de se tenir sous haute surveillance policière. Surtout que depuis quelques jours, Ousmane Sonko et ses militants ne cessent de multiplier les appels à la résistance pour sauver leur projet politique de la dictature de Macky Sall.
D’ailleurs, au lendemain de son refus de déférer à la convocation de la section de recherches le 8 février dernier, des affrontements avaient éclaté entre les forces de l’ordre et les militants patriotes qui s’étaient massés devant son domicile, pour lui témoigner tout leur soutien. De pareilles mobilisations avaient eu lieu un peu partout dans le pays, notamment à Bignona.
A la suite de ces heurts, 42 personnes avaient été arrêtées. A l’heure actuelle, 19 jeunes sont incarcérés dont 8 à Bignona. Une situation qui avait révulsé les « Sonko boys » et les organisations de la société civile dont le mouvement Frapp France-Dégage de Guy Marius Sagna. Ces arrestations sont suivies d’une vague d’interpellations de responsables et de militants de Pastef et d’activistes comme Abass Fall, Birame Soulèye Diop et son épouse.
D’ailleurs, Guy Marius Sagna, Clédor Sène et Assane Diouf, arrêtés pour menace de trouble à l’ordre public, vont être déférés aujourd’hui devant le parquet. D’ores et déjà, l’Etat a déployé un impressionnant dispositif sécuritaire pour veiller au grain. Au niveau des ronds-points, notamment sur les grandes artères de la capitale, gendarmes et policiers, bref tous les corps de défense et de sécurité portent des tenues antiémeutes en plus d’être encagoulés.
FRAPP FRANCE-DEGAGE ET PASTEF DAKAR COMPTENT MARCHER VERS LE PALAIS MARDI
La tournure que prend le dossier «Sweet Beauté» révulse les organisations de la société civile qui, depuis l’éclatement de l’affaire, sont en ordre de bataille pour s’ériger en boucliers autours du leader de Pastef accusé de viols et de menaces de mort.
Digérant mal l’interdiction de la manifestation qu’ils voulaient organiser hier pour exiger la libération de leurs camarades en détention, les membres de Frapp France-Dégage et de Pastef Dakar refusent de capituler. Les partisans d’Ousmane Sonko et de Guy Marius Sagna entendent battre le macadam mardi prochain. Cette fois-ci, ils comptent marcher vers le Palais de la République.
La tournure que prend le dossier «Sweet Beauté» révulse les organisations de la société civile qui, depuis l’éclatement de l’affaire, sont en ordre de bataille pour s’ériger en boucliers autours du leader de Pastef accusé de viols et de menaces de mort. Ainsi, au lendemain de l’interdiction par le préfet de leur manifestation qui devait de la Place de la Nation au rond-point RTS pour demander la libération de leurs camarades arrêtés, le mouvement Frapp France-Dégage etla coordination de Pastef Dakar ont fait face à la presse pour juger illégale cette décision. Face aux journalistes, ils ont annoncé un nouveau plan d’action pour se dresser face au régime de Macky Sall qui, disent-ils, veut écarter Ousmane Sonko de la prochaine élection présidentielle.
A cet effet, ils ont déposé depuis hier une nouvelle demande de marche au niveau du commissariat central de Dakar. Et leur procession échouera devant les grilles du Palais de la République. «Notre marche prévue aujourd’hui a été interdite illégalement par le préfet. Mais, pour notre marche du mardi 2 mars prochain, nous allons la tenir. La marche partira de la Place de l’Indépendance pour se terminer devant le Palais de la République», a indiqué El Hadji Ousmane Fall, coordonnateur Pastef Fass, Colobane, Gueule Tapée.
Interrogé sur une éventuelle interdiction de la marche, il déclare : « Nous ne voyons pas une loi qui interdit aux Sénégalais de marcher sur la Place de l’Indépendance vers le Palais de la République. Ce n’est pas de la provocation. Mais c’est la loi qui nous donne cette possibilité. Nous sommes dans un régime de déclaration. Que Macky Sall et son préfet, Alioune Badara Samb, nous écoutent. Qu’ils interdisent la marche ou pas, nous allons tenir notre marche le mardi et sur l’itinéraire prévu. Donc, le préfet de Dakar n’a aucun droit d’interdire la manifestation». El Hadji Ousmane Fall et Cie ajoutent qu’après cette marche, ils vont organiser d’autres séries de manifestations tant que leurs camarades seront entre les mains de la Justice. Ils entendent faire face pour éviter la prison à Ousmane Sonko visé actuellement par une procédure judiciaire. «Si Macky Sall veut emprisonner Ousmane Sonko, nous allons faire face. Et qu’on ne nous accuse pas de désobéissance civile ou d’insurrection, ce sera tout simplement de la résistance. De toute façon, que Macky Sall et son régime se le tiennent pour dit. Il y aura de la résistance sur tout le territoire national pour faire face au complot orchestré contre le leader de Pastef pour le liquider», martèlent-ils. Par conséquent, ils invitent toutes les organisations politiques et de la société civile à les rejoindre dans cette lutte. Par ailleurs, Frapp et Pastef ont appelé les organismes internationaux et les représentations diplomatiques à condamner la chasse à l’homme en cours actuellement au Sénégal.
Enfin, Frapp Dakar et Pastef Dakar exigent la libération immédiate et sans condition de Guy Marius Sagna, Abass Fall, Birame Souleye Diop, Assane Diouf, Clédore Sene et de tous les détenus politiques et réitèrent leur appel à la mobilisation du peuple sénégalais dans la lutte contre l’arbitraire, l’injustice, le recul démocratique, les persécutions, et l’agression des libertés fondamentales.
Quand un président gagne les élections, que cela soit par un coup d’état ou par les urnes, ses troupes font le nécessaire pour éterniser leur chef au pouvoir par tous les moyens. Chaque président qui est passé au Sénégal est reproché par les opposants de discréditer la démocratie. Pendant ce temps, la plupart des chefs d’états africains démocratiquement élus, gouvernent avec une peur d’être destitué, ce qui fait que l’article faisant référence l’offense du chef de l’état est souvent utilisé. Les populations s’opposent avec hargne contre tout parti au pouvoir, faisant qu’il est presque impossible pour les deux partis de cohabiter pacifiquement pour l’intérêt de la nation.
Au Sénégal, pour être président, il faut être prêt à détruire ses meilleurs amis et ne pas prendre des décisions émotionnelles. Par exemple, quand Senghor était en vacances à Verson en Normandie, il y avait un petit incident entre Diouf et Babacar Ba et on en a profité pour le rapporter à Senghor, qui est immédiatement rentré de vacances. Un comité central est convoqué et Senghor a pris la décision de procéder à un remaniement ministériel. Abdou Diouf, qui était chef du gouvernement, était responsable de cette tache ; c’est naturellement que Babacar Ba ne figurait pas sur cette nouvelle liste de ministres proposée par Abdou Diouf à Senghor. Quand les présidents sénégalais sont au pouvoir, ils deviennent obstinés par le pouvoir et ils veulent liquider tout potentiel adversaire à tout prix.
Senghor ne faisait confiance à personne.
Le président Senghor ne faisait confiance à personne cela s’est confirmé avec l’arrestation du président Dia. Le PAI de Majemout Diop avait disparu en 1960, car il était accusé d’être à l’origine des troubles lors des élections municipales de la même année. Le parti de Cheikh Anta Diop était aussi interdit de toute activité en 1962. Ne faisant plus confiance à son entourage, le président Senghor avait fait voter une nouvelle constitution le 3 mars 1963 qui fait de lui chef de l’Etat et du gouvernement. Il va plus loin et fait voter une autre loi constitutionnelle le 20 juin 1967 lui donnant le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale quand il veut. A l’aube des élections de 83, l’opposition était dispersée et l’ouverture démocratique, qui a permis l’avènement du multipartisme, a été l’ennemi de l’opposition. Il n’y avait aucun programme ni un plan d’action commune. Comme le PDS était le parti le plus en vue de l’opposition, il fallait réduire sa force. Le gouvernement a profité de l’affaire Mamadou Fall, ancien officier, pour tourner l’affaire en une affaire politique. Doudou Camara, député du PDS a été placé sous examen après que son immunité parlementaire fût levée. Abdoulaye Wade s’exila en France pour éviter d’être mouillé dans cette affaire des membres de son parti qui étaient accusés de se rendre en Libye pour recevoir une formation militaire.
Les jeux de phrases avaient commencé à l’aube des élections de 1988, Abdou Diouf accusait Abdoulaye Wade d’être financé par la Libye du Colonel Kadhafi. Jean Collin, ira plus loin, pour accuser Abdoulaye Wade et le discréditer. Le ministre d’État disait que « Wade est un homme dangereux. Il n’a qu’une idée, c’est de devenir Président, il est prêt à tout sacrifier à cette idée. Il n’est pas l’homme d’un programme, mais l’homme d’une ambition personnelle ». Comme en 1983, Abdou Diouf refusait toujours de changer le code électoral ; en politique, tous les moyens sont bons pour rester au pouvoir. Quelques jours avant les élections, deux personnes, d’origine libyenne, étaient arrêtées avec de faux papiers, à l’aéroport de Dakar, en compagnie d’Ahmed Khalifa Niasse. Étant donné qu’Abdou Diouf avait accusé Abdoulaye Wade d’être financé par Kadhafi, le gouvernement en a profité pour aussi lui coller cette affaire. Finalement, il parait que c’est Jean Colin qui avait acheté les billets de ces deux Libyens.
Après le déracinement du président Diouf, Abdoulaye Wade était devenu le troisième président du Sénégal.
Il y avait toujours de l’euphorie dans l’air, et après quelques années au pouvoir, le bilan de Wade était piteux et l’euphorie donnait sa place à la déception. Abdoulaye Wade changea alors le fusil d’épaule. Malgré qu’il soit très vulnérable, sa personne faisait peur, car il était prêt à tout pour garder le pouvoir, ce pouvoir, qu’il recherchait depuis 1978. Alors qu’il était le « fils spirituel » et le stratège d’Abdoulaye Wade, Idrissa Seck sera viré et emprisonné, car il commençait à afficher des ambitions présidentielles. Il a fallu l’accuser de quelque chose pour l’écarter. Qui veut tuer son chien l’accuse de rage.
Macky Sall devait se charger du dossier d’Idrissa Seck. Restant convaincu que l’ancien Premier ministre Idrissa Seck a détourné des fonds et s’est illégalement enrichi aux dos du peuple sénégalais, Macky Sall voulait profiter de cette occasion pour éliminer un adversaire redoutable. Macky disait ne pas vouloir rester au sein du parti tant qu’Idrissa Seck y serait, et que sa place, c’était plutôt la prison. N’avait-il pas accusé Abdoul Latif Coulibaly d’avoir conspiré avec Idrissa Seck pour avoir publié certains de ses livres contre Wade ? Macky Sall ne voulait pas laisser l’affaire et il s’assurait que les enquêtes se poursuivraient en France et en Suisse et il avait même transmis une commission rogatoire au gouvernement suisse afin d’identifier les fonds qu’il pensait être logé dans ces banques. Il avait même dit qu’Idrissa Seck avait accepté de restituer les fonds, ce que l’équipe juridique avait catégoriquement nié. Il disait encore qu’il était nécessaire de poursuivre Idrissa Seck si on voulait éradiquer la corruption au Sénégal. Il faut se rappeler qu’Idrissa Seck avait refusé de demander une mise en liberté provisoire, car il disait être innocent.
Macky Sall disait aussi qu’il avait reconstruit le PDS et qu’il ne pouvait pas se permettre qu’on ternisse l’image du parti. Il était prêt à démissionner de n’importe quel poste si le président Wade avait donné à Idrissa Seck un quelconque poste de responsabilité au sein du gouvernement. Après que Macky Sall ait fait le sale travail pour Abdoulaye Wade, c’était à son tour d’être destitué, car après tout, c’était la seconde personnalité de l’Etat.
Macky Sall est reproché d’avoir commis une erreur politique en n’ayant pas avisé le président Wade avant de convoquer le patron de l’ANOCI devant le Parlement. La machine judiciaire va être mise en marche pour démettre le chef de l’organe législatif. Le ministre de l’Intérieur du temps, Cheikh Tidiane Sy, avait demandé à Macky Sall de se présenter au commissariat central pour être placé en garde à vue pour blanchiment d’argent. En ce moment, Macky Sall commençait à s’inquiéter, car il croyait qu’il allait être emprisonné.
Il lui était reproché d’être impliqué dans une affaire de blanchiment d’argent avec un Sénégalais établi au Gabon. Une correspondance, fut interceptée par les renseignements sénégalais, entre Macky Sall et un chef d’État africain, qui prouve que les fonds provenaient de ce dernier. Les carottes pouvaient être cuites pour Macky Sall sur ces charges. Il a fallu l’intervention de feu Serigne Bara Mbacké pour calmer l’affaire. Serigne Abdou Lahad Mbacké, ancien ambassadeur et Madické Niang, étaient les médiateurs auprès du Khalife. Macky Sall, avait auparavant, déjà demandé une intercession auprès de feu Serigne Saliou pour une réconciliation avec le président Wade. Le président Wade finira par le recevoir et il était convenu d’enterrer la hache de guerre. Ce sera avec l’aide de feu Serigne Bara Mbacké quand même que cela se passera et le chef du groupe parlementaire, Doudou Wade, s’était chargé d’annoncer la bonne nouvelle de réconciliation. Le destin voulait que Macky Sall devienne président.
Ecarter tous les opposants qui posaient problèmes
Une fois sur le trône, il faut maintenant écarter tous les opposants qui puissent lui poser des problèmes. Le premier opposant, qui n’était certes pas redoutable, a été écarté. Karim Wade sera condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), une juridiction spéciale, à une peine de six ans d’emprisonnement et à une amende de 138 milliards de francs CFA. Il était accusé de montages financiers complexes quand il était au sein du gouvernement. À la suite d’un décret daté le 24 juin 2016, il bénéficie d’une grâce présidentielle même si les sanctions et l’amende sont toujours maintenus.
Après s’être vengé du fils du président Wade, il fallait maintenant écarter l’opposant qui était le plus redoutable. Khalifa Sall a remporté toutes les élections contre le régime de Macky Sall. Il a battu Aminata Touré, aux élections municipales, dans la localité de Grand-Yoff et avait même remporté les quinze communes sur les dix-neuf de Dakar. Étant donné que la condamnation de l’ancien maire est exécutoire et définitive, une demande de grâce pouvait être introduite par lui, son avocat ou sa famille pour pouvoir bénéficier d’une liberté. Cette demande a été introduite et Khalifa Sall est libre, mais ne jouit toujours pas de ses droits civiques.
Quand des ministres de son gouvernement ont commencé à afficher des ambitions présidentielles, un remaniement ministériel a écarté les plus optimistes. Un dialogue de plusieurs mois permit de récupérer Idrissa Seck et d’essayer de réduire l’opposition au néant. Il va détruire quiconque il trouvera sur son chemin. C’est malheureusement la manière de faire la politique au Sénégal. A chacun son tour chez le coiffeur. C’est seulement quand le peuple en a ras-le-bol que le vote sanction vient destituer un président au lieu d’élire un président
ives soient prises pour s’attaquer à ce problème. N’importe quel pays qui aspire à devenir une nation émergente doit avoir une police libre, une presse libre, une séparation des pouvoirs et surtout une justice indépendante. Le manque d’indépendance du pouvoir judiciaire est la raison principale qu’il n’arrive pas à faire respecter la loi. Quand les procureurs, les juges et les magistrats sont redevables d’intérêts politiques et que le président et son ministre de la Justice contrôlent leur carrière, il est presque impossible de leur demander de faire leur travail avec impartialité.
Mohamed DIA
Consultant bancaire Dakar
Par Louis CAMARA
LA DEMOCRATIE N’EST PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE
À la mémoire de Mamadou Diop et de tous les martyrs tombés pour la démocratie
Des années de braise du « Sopi », qui ont commencé en 1988, à la « Mère des batailles » actuelle pour défendre Ousmane Sonko, le leader du Pastef, en passant par l’assassinat du juge constitutionnel Me Babacar Sèye en 1983, le « Témoin » brosse à grands traits le portrait du « combattant éternel » Amadou Clédor Sène, arrêté cette semaine pour la énième fois par la police…
Amadou Clédor Sène ! Si ce nom n’était pas très connu du grand public des années 2000, on ne peut pas en dire de même de la frange jeune de la fin des années 80 et des premières années de la décennie 90. Autrement dit, les années de braise du Sopi durant lesquelles Amadou Clédor Sène et ses compagnons de lutte brûlaient, incendiaient et saccageaient tout sur leur passage. Mais surtout, surtout, faisaient sauter des voitures à l’explosif. Astucieux, très mobiles, courageux, intrépides même, Clédor Sène et sa bande étaient les figures de proue de la contestation postélectorale de 1988. Souvenez-vous des événements de Castors, Grand-Dakar, Liberté et Niary Tally en février 1988 ! Cette année-là, dès la proclamation des résultats donnant vainqueur le candidat du Ps, Abdou Diouf, face à son challenger du Pds, Me Wade, Clédor Sène avait déclenché une guérilla urbaine dans la capitale, plus particulièrement dans les quartiers de Derklé-Castors et de Biscuiterie. Des quartiers qui étaient les épicentres des émeutes postélectorales de cette annéelà auxquelles Clédor Sène et ses amis Pape Ibrahima Diakhaté, Ameth Guèye, « Tenace » et autres avaient participé comme auteurs ou commanditaires d’une série d’attentats à la voiture piégée ciblant particulièrement les véhicules de l’administration (Ad).
Des attentats « encouragés » par le mot d’ordre de résistance du candidat Me Wade qui avait fini par radicaliser les populations : Des édifices publics brûlés et pillés, des cabines téléphoniques, des commerces et abribus saccagés, des lampadaires arrachés, des autobus de la Sotrac incendiés, des domiciles de dignitaires du régime socialiste attaqués…Bref, la capitale fumait de partout ! Pendant ce temps au quartier « Zone A », la villa de la journaliste Mme Sokhna Dieng, dont le seul tort avait été de donner les premières tendances à la télévision nationale le soir du scrutin, était saccagée. De même que celle (Ouagou - Niayes) du célèbre Haj Mansour Mbaye considéré comme le propagandiste en chef d’Abdou Diouf. A l’époque rédacteur en chef du journal « Sopi », Mamadou Oumar Ndiaye (Ndlr, notre actuel dirpub) avait été arrêté et embastillé dès le lendemain de l’élection. Quelques mois plus tard, pour avoir publié ce qu’il estimait être « les vrais résultats de l’élection présidentielle », Me Cheikh Kouressy Ba, devenu directeur de publication de « Sopi » en remplacement de Jean-Paul Dias, avait été arrêté et détenu pendant six mois à la prison de Rebeuss. C’est durant cette période, donc, que le nom « Clédor Sène » est devenu célèbre !
Un passé criminel qui fait trembler !
Après un premier séjour en prison pour l’affaire des voitures piégées, « Clé », comme on le surnommait dans les rangs des « sopistes », avait gagné en respectabilité dans les rangs du Pds. Car, il n’a jamais été réellement un militant de ce parti, juste un compagnon de route qui n’était jamais loin lorsqu’il s’agissait de réaliser des actions d’éclat. Pour la petite ou grosse histoire, Amadou Clédor Sène avait été arrêté, jugé et condamné par une Cour d’assises à 20 ans de prison ferme. L’assassinat de Me Babacar Sèye, vice-président du Conseil constitutionnel, alors que ce dernier venait de quitter son bureau au siège du Conseil pour se rendre à son domicile à Fann, fait justement partie de ces actions d’éclat. Elle a scellé à jamais le destin de Clédor Sène. C’était dans l’après-midi du 15 mai 1993 sur la Corniche de Dakar. Des tireurs avaient ouvert le feu sur la voiture du magistrat, le blessant grièvement en même temps que son garde du corps. Il est mort avant d’arriver à l’hôpital. L’enquête fut confiée aux pandores. Et plus précisément à la compagnie de gendarmerie territoriale sise rue Thiong à Dakar.
A l’époque, Me Abdoulaye Wade, opposant au régime socialiste, et trois responsables du Parti démocratique sénégalais (Pds) dont Me Ousmane Ngom, Jean-Paul Dias et Pape Samba Mboup avaient été interpellés puis libérés au bout de 48 heures de garde à vue. Quatre jours après, Amadou Clédor Sène et Papa Ibrahima Diakhaté tombaient à Farafégny, à la frontière sénégalo-gambienne, à bord d’une voiture identique à celle ayant servi à l’assassinat de Me Sèye. D’autres arrestations avaient suivi dont celles de Samuel Sarr, feu Assane Diop (auteur du tir mortel) et de l’ancien député Mody Sy, actuel président du conseil d’administration de la Sones. Tout ce beau monde avait été placé sous mandat de dépôt pour assassinat et complicité d’assassinat. Après deux ans de détention préventive, seuls les nommés feu Assane Diop, Clédor Sène et Pape Ibrahima Diakhaté avaient été renvoyés devant la Cour d’assises de Dakar (siégeant en session spéciale). Condamnés, Clédor Sène (20 ans), Assane Diop et Pape Ibrahima Diakhaté (18 ans) avaient bénéficié d’une amnistie après l’arrivée de Me Abdoulaye Wade au pouvoir. Une loi d’amnistie contestée par l’opposition sénégalaise et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme.
Face à cette vague de contestation, l’auteur du fameux texte de loi, feu Ibrahima Isidore Ezzan, avait soutenu à l’époque qu’il souhaitait mettre fin à « l’exploitation politicienne » de certaines affaires criminelles pour la paix sociale du pays. Hélas, c’est l’effet contraire qui s’est passé puisque jusqu’à nos jours, les gens parlent de ces affaires notamment de l’assassinat de Me Babacar Sèye ! En premier lieu Clédor Sène, lui-même, qui ne cesse de parler de cet assassinat et d’en faire une « entreprise » de blanchiment et chantage. Comme l’attestent ses nombreuses apparitions sur les plateaux de télévision et réseaux sociaux.
Un vieux cheval de retour !
A sa sortie de prison, Amadou Clédor Sène s’était fait discret sans pour autant être coupé du reste du monde. Car, quelques incursions et collusions susceptibles de troubler l’ordre public lui avaient valu de petits « déboires » sous forme de garde-à-vue à la police. Comme courant 2018 où Clédor Sene avait été cueilli chez lui, à Castors, par les éléments de la Division des Investigations Criminelles(Dic).On le soupçonnait, cette fois-là, à tort, d’être en contact avec un groupe de terroristes visant à déstabiliser le pays. A l’époque, « Le Témoin » avait révélé que tout était parti d’une baladeuse numérique dans laquelle un individu aurait été enregistré alors qu’il aurait menacé de faire des actes de sabotage durant la Coupe d’Afrique des Nations (Can/U23) dont les compétitions se déroulaient entre Dakar et Mbour. Ces actes de sabotage, nous dit-on, seraient faits dans le but d’attirer l’attention de la presse internationale accréditée dans cette Can/U23 sur la détention arbitraire de l’ancien ministre d’Etat Karim Wade. Il ressortait des premières informations collectées par la police que la voix de Amadou Clédor Sène aurait été bel et bien identifiée dans l’élément sonore dont disposaient les enquêteurs de la Dic.
Au finish, Clédor Sène avait été purement relâché puisqu’aucune preuve n’avait été trouvée pour le retenir. Justement, c’est presque dans les mêmes circonstances que Cledor Séne a de nouveau été arrêté avant-hier par la Dic. Cette fois-ci, il s’agit d’un audio fuité dans lequel il invite ses nouveaux compagnons de lutte Assane Diouf et Guy Marius Sagna à s’organiser pour la résistance face au régime de Macky Sall. Interrogé par les enquêteurs de la police, Clédor Sène a tout assumé, reconnaissant être l’auteur de l’enregistrement incriminé. « Je suis dans la contestation depuis 1988. J’ai pratiqué tous les régimes. Je ne suis pas suicidaire, je sais ce que j’ai dit à travers les médias, je sais ce que ça peut me coûter, mais je l’assume pénalement, totalement » a-t-il revendiqué.
Un citoyen très engagé…
Agé d’une cinquantaine d’années, Amadou Clédor Séne retourne à ses vieux démons. Bien qu’il n’ait pas eu depuis 1988 l’occasion — mais peut-être ne l’a-t-il jamais cherchée — de « piéger » des voitures avec des bombes artisanales, Clédor Sène a clamé haut et fort qu’il était prêt à reprendre du service pour protéger Ousmane Sonko de l’entreprise de liquidation à laquelle il fait face. Sous ce registre, il faut lui reconnaitre ses qualités de citoyenneté. Car, durant toute sa vie, Clédor Sène ne s’est enrôlé comme « mercenaire » que dans des combats citoyens et batailles politiques auxquels il croit. Il est clair que l’objectif du combat citoyen qu’il mène Clédor n’est pas de conquérir des territoires, mais de faire progresser l’Etat de droit et la démocratie. Hélas, ces éternels combats ne lui ont jamais rapporté grand-chose. Sauf des séjours carcéraux et un cadavre dans le placard ! Car Amadou Clédor Séne n’a jamais été chef de quartier encore moins député, maire, sénateur ou…ministre. Et pourtant, c’est un brillant intellectuel, un homme très rusé dans les affaires. Un explorateur et chercheur de tout ! Et sur tout… Anarchiste, idéaliste, il considère que l’ennemi premier, c’est l’Autorité !
Par conséquent, il faut la combattre par tous les voies et moyens. Et aujourd’hui, Clédor Séne s’investit dans ce combat contre le régime de Macky Sall. Farouche opposant au pouvoir, il participe à tous les mouvements de protestation et ne mâche pas ses mots contre le régime en place. Pour certains, il peut paraître étrange qu’un Clédor au passé criminel puisse donner des leçons de bonne gouvernance alors qu’il devait s’éclipser pour mieux se repentir. Bien évidemment, notre homme n’est pas de cet avis. Il est actif et trop présent sur les réseaux sociaux et plateaux de télévision pour non seulement se tailler une notoriété politique mais aussi chercher une virginité judiciaire. Bref, Clédor Sène ne fait pas partie des combattants qui prennent leur retraite un jour et entend mourir au front…
DES NOTABLES LEBOUS DU CAP-VERT IMPLORENT LA PROTECTION DES GENIES
Le contexte est chargé. Une crise sanitaire mondiale qui dure depuis maintenant un an et a fini de mettre à genoux notre économie. Une crise, surtout, accentuée par une tension sociale tendue.
Arfang Saloum SANE, Correspondant à Rufisque |
Publication 25/02/2021
Le Haut conseil des notables Lébous s’est réuni ce dimanche à Rufisque pour procéder à la traditionnelle cérémonie d’offrandes à Mame Coumba Lamb, le génie protecteur de la ville. Un rituel qui a été l’occasion pour les gardiens du temple d’inviter les autorités à un retour à nos valeurs culturelles pour éradiquer la pandémie et dissiper les nuages d’instabilité qui guettent le pays.
Le contexte est chargé. Une crise sanitaire mondiale qui dure depuis maintenant un an et a fini de mettre à genoux notre économie. Une crise, surtout, accentuée par une tension sociale tendue. C’est cette situation sombre qui a motivé les membres du Haut conseil des notables Lébous à s’en remettre aux Anciens.
Sous l’égide de Pape Laye Ndiaye, gardien du temple dans la cité de Mame Coumba Lamb, les sages de Yoff Ngor, Mbao, Bargny, Touba Dialaw, Gueréo et Ndiender se sont retrouvés dans le quartier traditionnel de Thiawlène, commune de Rufisque Est, pour une séance d’initiation. « Cette pratique date du 13ème siècle. Elle est antérieure à notre islamisation. Nous allons procéder à ce rituel à Rufisque avec Mame Coumba Lamb Ndoye, ensuite à Yoff avec le génie Mame Ndiaré et Leuk Daour pour la paix et la stabilité de notre cher Sénégal », a indiqué Pape Laye Ndiaye.
« Il est anormal que la pandémie perdure au Sénégal et continue de faire des ravages depuis un an sans que les détenteurs du pouvoir cultuel du Cap-Vert ne réagissent. Nous sommes les gardiens du temple. Nous avons hérité de ce pouvoir et donc nous avons la responsabilité de faire des offrandes à nos génies qui veillent sur nous et nous protègent des malédictions comme cette pandémie », a ajouté Pape Laye Ndiaye sur un ton ferme.
Entourée d’une cohorte de dignitaires drapés de rouge pour la circonstance, la délégation conduite par Pape Laye Ndiaye a eu droit à une danse des initiés. Une séance préliminaire qui a duré deux heures sous un soleil de plomb. Moment mis à contribution par les Saltigués, Ndeye Dji Rew et Lamanes du grand Cap-Vert pour se livrer à un rituel rythmé. « L’objectif c’est de faire des sacrifices pour avoir les grâces de Mame Coumba Lamb. Nous voulons sa protection. Le sacrifice, c’est pour empêcher que le pays entre dans un tourbillon infernal d’instabilité et pour une paix durable. Nous avons nos us et coutumes que les gens ont malheureusement tendance à démythifier. C’est pour cela que nous sommes confrontés à des pandémies comme le Covid 19 et le virus Ebola », a expliqué pour sa part El Hadj Mansour Ndoye, le Ndèye Dji Reew de Mbao. Les gardiens du temple ont en outre demandé à l’Etat de leur délivrer quitus afin qu’ils puissent exercer leurs pratiques dont ils disent qu’elles participent à soigner des patients sous l’emprise de pouvoirs occultes.
Après une heure de procession dans les rues du centre-ville de la cité coloniale, la délégation s’est rendue à la plage de Ndeppé, près du quai de pêche de Rufisque, pour procéder à l’immolation des deux bœufs prévus pour la circonstance. Sur place, des offrandes (lait, colas…) ont été offertes et des séances d’incantations effectuées en l’honneur de Mame Coumba Lamb, génie protecteur de Rufisque.
DES CITOYENS EXPRIMENT LEURS INQUIETUDES
Avec la traque des opposants, les restrictions des libertés, le vent de contestation qui souffle sur les réseaux sociaux et la récente découverte à l’université d’armes blanches, le ciel est décidément chargé au-dessus du Sénégal
Avec la traque des opposants et autres activistes de la société civile, les arrestations tous azimuts d’objecteurs de consciences, les restrictions des libertés, sans compter le vent de contestation qui souffle sur les réseaux sociaux et la récente découverte dans le campus social de l’université Cheikh Anta Diop d’armes blanches et de gourdins, le ciel est décidément chargé au-dessus de notre pays. Cette situation délétère ne rassure guère. En tout cas, dans la capitale, les citoyens craignent des lendemains difficiles face à la tension qui prévaut dans le pays.
Le moins que l’on puisse dire est que la situation politique actuelle marquée par multiples arrestations au sein de l’opposition ou de la mouvance de la société civile n’augure rien de bon. La peur s’est déjà installée dans le pays et les citoyens craignent le pire face à l’escalade verbale à laquelle on assiste depuis quelques semaines. La rue est inquiète et retient son souffle, craignant que le situation ne dégénère d’un moment à l’autre. La peur est d’autant plus grande que le pouvoir reste déterminé à faire prévaloir sa force. A quel prix ?
Il est 9h sur l’avenue Cheikh Anta Diop. Un embouteillage infernal allonge les files de voitures dans un brouhaha indescriptible sanctionné par des coups de klaxons intempestifs. La présence de deux policiers chargés de réguler la circulation n’y fait rien. Sur le trottoir, à quelques mètres de l’hôpital de Fann, une dame, sobrement habillée, avoue que la situation que traverse le pays ce temps-ci ne lui inspire point confiance. Elle craint que tout explose, rendant le pays invivable. « Les hommes politiques ne doivent pas et n’ont pas le droit de mettre le pays en danger. Pourquoi la prison doit-elle être l’unique solution pour les opposants ? « Lii eup naa ». Cette situation me fait peur », s’alarme Mme Khadijatou Bintou Touré, un sachet de médicaments à la main, se dirigeant vers la porte de l’hôpital universitaire. Dans cette ambiance matinale, les gens semblent être pressés.
Un volcan explosif
Au niveau de l’intersection de la même avenue Cheikh Anta Diop, en descendant le Canal IV, et en se dirigeant sur la route qui mène vers le populeux quartier de la Gueule Tapée, des menuisiers exposent leurs produits. Au niveau d’un kiosque à journaux, des personnes sont agglutinées, parcourant les titres de la presse nationale dans une grande discussion. Bien entendu, c’est l’actualité politique qui occupe les débats. Le vieux Saliou Guèye parcourt un quotidien qu’il tient entre les mains. « Je ne me reconnais plus dans ce pays car les gens sont devenus égoïstes. L’intérêt général est relégué au second plan. En tout cas, nous vivons des moments tendus. Déjà, les gens ne vivent plus, mais survivent.
Tout le monde se lamente mais hélas ceux qui doivent écouter ces pleurs semblent occupés à régler leurs comptes à des opposants ou activistes. Ce qui fait que je m’inquiète beaucoup. Mon pays ne respire plus », regrette le vieil homme qui pointe un doigt accusateur sur le ministre de l’Intérieur. « Depuis qu’il est à la tête de ce département, il développe un esprit va-t-en guerre avec des arrestations tous azimuts. On ne gouverne pas comme ça un pays. Ils ont pris en otage ce pays et bientôt le volcan va exploser. Ça, ils doivent le savoir », se désole le vieil homme qui pense que l’Etat devrait s’occuper d’autres urgences que d’installer la peur dans l’esprit des citoyens. Un jeune homme qui assistait à la discussion y met son grain de sel, manifestant son angoisse face à ce climat chargé d’incertitudes. « Nous vivons une situation sociale très tendue qui n’augure rien de bon. Ce semblant de calme, personne ne sait où cela va déboucher.
A chaque fois qu’il y a des remous, les quartiers de Médina et Gueule Tapée brûlent. Nous ne pouvons et ne voulons plus revivre pareille situation. C’est vraiment regrettable que pour des questions de positionnement politique, le régime soit prêt à en découdre avec les opposants en se servant des moyens de la police. L’urgence devrait être de donner de l’emploi aux jeunes plutôt que de créer une situation insurrectionnelle», déplore le jeune homme pour qui les enjeux sont ailleurs.
Au quartier Fann Hock, les alentours sont calmes. Pas âme qui vive. Quelques véhicules sont stationnés. Madame Diokhané qui a vécu une bonne partie de sa vie en Europe ne se sent point en sécurité. « Je n’ai pas assez de temps. Tout ce que je peux dire, c’est que cette situation de ni paix, ni guerre, peut dégénérer à tout moment. Et quand ça explosera, personne ne sera épargné, surtout que nos hôpitaux sont débordés avec la crise sanitaire », s’alarme la dame qui se demande si les autorités sont réellement conscientes des vrais enjeux du pays. « Les hommes de ce régime pourraient être des cibles. Donc ils ont intérêt à stabiliser le pays, plutôt que de planter les germes qui nous mèneront au chaos » conseille Madame Diokhané qui se dit très préoccupée.