Au rythme du nombre de tests réalisés, les cas positifs de la maladie du coronavirus ont connu, ce mardi, une baisse notable. Contrairement aux jours précédents où on dépassait systématiquement la barre des 100 cas, les échantillons revenus positifs ce jour sont au nombre de 66 sur un total de 953 tests réalisés, soit un taux de positivité de 6,93 %. Il n’y aucun cas importé mais 22 cas contacts et 43 cas communautaires ont été dénombrés. Les cas communautaires proviennent de : Dahra, Richard-Toll, Touba, Mbour, Saint-Louis, Dakar, Parcelles Assainies, Keur Massar, Ouakam, Almadies, Diourbel, Fatick, HLM, Grand Yoff, Point E, Rufisque et Zone B. Il y a eu 30 patients qui ont été déclarés guéris et 28 autres qui sont dans les services de réanimation. Les cas de décès ont également chuté. De 6 ce lundi, un seul décès a été comptabilisé ce mardi. A ce jour, 17945 cas ont été déclarés positifs dont 16592 guéris, 372 décédés et 980 sous traitement. Le ministère de la Santé et de l’Action sociale exhorte les sénégalais à respecter les mesures barrières individuelles et collectives.
DEUX DES TROIS PORTES DISPARUS RETROUVES MORTS DANS LA FORET DE BILASSE
Portés disparus depuis deux semaines, Arona Biaye et Souleymane Camara ont été retrouvés morts dans la forêt de Bilasse par une patrouille de l’Armée.
Rebondissement dans le feuilleton des jeunes portés disparus dans la forêt de Bilass, située dans la commune de Boutoupa Camaracounda, département de Ziguinchor. Arona Biaye et Souleymane Camara, deux (2) des trois (3) jeunes portés disparus il y a quelques semaines, ont été retrouvés morts dans la forêt de Bilass. Leurs corps en état de décomposition avancée ont été découverts par l’Armée. Sont-ils morts accidentellement ? Ou ont-ils été assassinés ? Les circonstances de leur mort restent floues. Mais ces découvertes macabres portent un coup dur au processus de paix pourtant sur les traces d’une bonne dynamique.
Portés disparus depuis deux semaines, Arona Biaye et Souleymane Camara ont été retrouvés morts. Leurs corps en état de décomposition avancée ont été découverts hier, lundi 21 décembre 2020, dans la forêt de Bilass, dans la commune de Boutoupa Camaracounda, département de Ziguinchor, par une patrouille de l’Armée. Acheminés à l’hôpital régional de Ziguinchor, leurs corps seront vite identifiés par leurs proches. D’abord, c’est le chef de village de Niadiou qui reconnaitra la dépouille de son frère, avant que les résultats de l’autopsie ne révèlent que l’autre corps sans vie est identifié comme étant celui de Arona Biaye, l’autre porté disparu. Cette découverte macabre a plongé toute la commune de Boutoupa Camaracounda sous le choc et, plus particulièrement, le village de Niadiou, là où sont originaires les jeunes portés disparus.
Au lendemain de cette affaire, des recherches ont été enclenchées pour retrouver ces trois (3) jeunes. Le temps passait, la désolation enflait dans le village de Niadiou qui gardait espoir, jusqu’à cette matinée d’hier lundi, à l’annonce de la découverte des corps de deux (2) jeunes. Ce feuilleton des trois (3) jeunes portés disparus remonte d’il y a un peu plus de deux semaines, lorsque les habitants du village de Niadiou apprennent qu’un des leurs a été porté disparu. Le lendemain, les jeunes du village se mobilisent et décident d’aller à sa recherche. Mais leur élan sera coupé par la rencontre d’une bande d’éléments armés qui ouvrent le feu sur ces jeunes. Il s’en suit une panique et une débandade.
Au retour au village, l’absence de deux (2) jeunes du groupe est constaté, ce qui porte le bilan à trois (3) portés disparus. Des recherches, des prières n’ont pas permis de retrouver ces jeunes. Les deux (2) corps sans vie retrouvés dans la forêt de Bilass, les langues se délient sur les circonstances de leur mort. Ont-ils péri lors de la panique, lorsque des éléments armés ont ouvert le feu sur le groupe de jeunes ? Ont-ils été tués ou assassinés ? Par qui ? Ces interrogations restent pour l’heure sans réponse. Et l’espoir de trouver le troisième jeune vivant s’amenuise de plus en plus, surtout après ces découvertes macabres.
A signaler que ces deux jeunes (2) retrouvés morts dans la forêt de Bilass ont été portés sous terre, hier lundi après-midi. Arona Biaye inhumé à Niadiou et Souleymane Camara repose à Camaracounda. C’est la tristesse et la consternation en ce moment dans le village de Niadiou, plongé dans la psychose. Les familles de Arona Biaye et Souleymane Camara, actuellement inconsolables, les parents du troisième jeune porté disparu sont complètement plongés dans une totale désolation. Une séquence de portés disparus qui porte un coup dur au processus de paix en Casamance.
REUNION D’UN COMITE SE RECLAMANT DU MFDC A LA MAIRIE DE BOUTOUPA CAMARACOUNDA, CE MARDI ?
Il faut signaler également qu’il y a quelques jours, un comité se réclamant du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) a sollicité, a travers une correspondance adressée au maire de Boutoupa Camaracounda, une autorisation pour la tenue d’une réunion à la mairie de Boutoupa Camaracounda. Sur quoi devraient porter les discussions, ce mardi ? Mystère et boule de gomme. Les forêts de Bilass, Boussoloum et Boffa commencent à devenir une véritable hantise pour les populations locales, à cause d’une succession d’événement malheureux qui s’y produisent ces dernières années.
LES GERMES D’UN DANGER
Le soulèvement d’une bande d’agresseurs contre des forces de police venues les interpeller la semaine dernière en banlieue dakaroise est un précédent dangereux, mais dénote d’une pratique récurrente
De plus en plus l’on constate des actes de rébellion contre des éléments de la police ou de la gendarmerie, de la part de populations et surtout de «délinquants», «agresseurs» et autres malfaiteurs. Pis, des résistances sont opposées notamment à ces Forces de l’ordre quand elles interviennent au moment de la commission d’actes délictuels ou pour les en empêcher. Des pratiques qui constituent un risque réel à la sécurité des personnes et de leurs biens, sans occulter la stabilité du pays.
Le soulèvement d’une bande d’agresseurs contre des forces de police venues les interpeller la semaine dernière en banlieue dakaroise est un précédent dangereux, mais dénote d’une pratique récurrente. Ces derniers temps, des populations civiles ont tendance à s’attaquer aux Forces de l’ordre.
On se rappelle, en décembre dernier, des pêcheurs se sont violemment pris à des policiers dans l’exercice de leur mission. C’était à Mbour, lors d’une protestation des populations contre l’installation d’un nouveau quai de pêche. Un événement similaire s’est aussi déroulé dans la ville de Saint-Louis. En février, des émeutiers se sont attaqués aux forces de police et en ont blessé plus d’une dizaine. Les manifestants protestaient contre les licences de pêches signés entre le Sénégal et la Mauritanie.
L’année dernière aussi, des agresseurs se sont pris à des éléments de la Gendarmerie nationale qui intervenaient pour contrer le braquage de la Poste-Finances, à Koumpentoum. Le commandant de la brigade de gendarmerie de Koumpentoum, Tamsir Sané, a été tué par balle lors des échanges de tirs, dans la nuit du 25 au 26 juillet 2019. Des actes de défiance contre les Forces de l’ordre se sont aussi manifestés lors du couvre-feu instauré en mars dernier pour lutter contre la propagation de la pandémie de la Covid-19. Du refus d’obtempérer à des actes de sabotages, des jeunes de quartiers comme la Médina ont fait montre d’actes peu respectueux, envers des Forces de défense et de sécurité dont le seul tort était de veiller au respect des mesures édictées par l’autorité étatique, pour la quiétude et la sécurité sanitaire de tous.
Le non-respect des forces de l’ordre, à travers des actes de défiance, notamment la police, est fréquent à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. A plusieurs occasions, des étudiants affrontent les éléments de la Police, qui tentent souvent de les empêcher de bloquer la circulation sur l’avenue Cheikh Anta Diop et la corniche ouest, pour réclamer le payement de leurs bourses. Cette situation n’est pas spécifique à l’université de Dakar.
A l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, l’Université Alioune Diop de Bambey (UADB) et dans d’autres établissements d’enseignement supérieur, les grèves sont des occasions pendant lesquelles les étudiants affrontent les forces de l’ordre qui veillent au grain pour que ces potaches ne barrent pas les boulevards, avenues ou autres routes nationales, au nom de l’expression d’une colère, quelle que soit la légitimité de leur revendication.
LE SENEGAL EN EAUX TROUBLES
Emporté par la seconde vague du coronavirus dans le monde, le Sénégal continue de sombrer dans les eaux. Pour ce lundi 21 décembre, six décès ont été dénombrés contre 8 le weekend end passé.
Emporté par la seconde vague du coronavirus dans le monde, le Sénégal continue de sombrer dans les eaux. Pour ce lundi 21 décembre, six décès ont été dénombrés contre 8 le weekend end passé. Une situation préoccupante qui interpelle les autorités sanitaires sur de nouveaux protocoles de soins.
Le virus du corona aurait-il subi d’autres mutations avec cette période de fraicheur qui se dessine sur l’étendue du pays ? Toute porte à le croire selon plusieurs spécialistes de la santé qui ont renseigné que le coronavirus qui circule pendant cette deuxième vague est légèrement différente de la première.
Au Sénégal, les foudres ont commencé à tomber lors de la première semaine du mois de novembre et la situation est devenue préoccupante au mois de décembre. Il ne se passe plus de 48h au maximum ou 24 h au moins sans que l’on enregistre des pertes en vie humaines avec des cas de Covid journalière de près de 100 cas. Et pour hier, lundi, 06 décès ont été dénombrés liés au coronavirus dans le pays et 8 autres, durant le weekend écoulé.
Le coordonnateur du Centre des opérations urgences sanitaires (Cous) Dr Abdoulaye Bousso qui soutenait lors de son passage dimanche à l’émission Objection de Sud Fm que le Sénégal est dans la phase ascendante de contamination est d’avis que la progression de la contamination n’a pas atteint pour l’instant celle de la première vague. Une thèse qui trouve son fondement dans l’enregistrement des cas covid.
Toutefois, il faut remarquer que la pandémie a pris une autre tournure avec son lot de décès qui dépasse le début de la seconde vague. Si le taux de l’létalité ne dépassait pas 2% lors de la première vague, au rythme où vont les choses, il pourrait atteindre 6% et le Sénégal pourrait basculer dans une situation endémique au coronavirus avec des épisodes saisonniers, selon des professionnels de la santé publique.
Le chef de l’Etat, Macky Sall, qui l’a compris très vite a demandé au ministre de la Santé et de l’action sociale de réactiver tous les centres de traitement pour une meilleure prise en charge des patients. Toutefois, force est de remarquer que plusieurs centres ne sont pas éligibles à la prise en charge des cas compliqués de Covid-19 et que certains patients sont référés dans les centres pilotes.
Aujourd’hui avec la hausse des décès qui prend l’ascension avec trois, quatre, six par jour, les autorités sanitaires et étatiques sont interpellées sur de nouveaux protocoles de soins, en attendant l’arrivée du vaccin de Covid-19 considéré par les acteurs de la réponse comme le sauveur.
MACKY, UN QUINQUENNAT EN QUESTION
Alors que l’échéance de son programme quinquennal PSE2 pointe à l’horizon, le président tarde à traduire en actes plusieurs de ses engagements. Sa gestion des affaires publiques reste toujours tributaire de certaines pratiques politiciennes
Alors que l’échéance de son programme quinquennal Pse2 prévu pour 2023 pointe à l’horizon, le président Macky Sall tarde encore à traduire en actes plusieurs de ses engagements. Sur le plan politique, sa gestion des affaires publiques reste toujours tributaire de certaines pratiques politiciennes.
Chassez le naturel, il revient au galop. Qu’on le dise ou pas, l’actuel chef de l’Etat semble centrer sa gestion des affaires publiques plus sur les slogans et autres discours politiques que sur la transformation des difficultés auxquelles les Sénégalais font face. Réélu au premier tour de l’élection présidentielle du 24 février 2019 avec 58,26% des suffrages valablement exprimés, l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, s’était engagé à «forger l’image d’un nouveau Sénégal par la « transformation structurelle de l'économie, l’amélioration du capital humain et de l'État de droit » grâce à son programme quinquennal, Pse2, prévu sur la période 2019-2023. Sous ce rapport, il avait ainsi annoncé plusieurs mesures dont, entre autres, un programme dénommé « Zéro déchet » visant à forger l’image d’un nouveau Sénégal, « plus propre dans ses quartiers, dans ses villages et dans ses villes » et celui d’un « Sénégal vert » dont l’objectif est de lutter contre la déforestation et la spéculation foncière pour ne citer que ces programmes-là.
Sur le plan politique, le président Sall dont la réélection a été contestée par l’opposition, notamment les quatre autres candidats qui étaient en lice avec lui lors de cette présidentielle, avait également tenu à remettre les compteurs de la contestation à zéro avec ses adversaires politiques. D’où son appel au dialogue « ouvert et constructif dans l’intérêt supérieur de la nation » pour un « nouveau contrat de confiance », lancé dans la foulée de la proclamation officielle de sa réélection par le Conseil constitutionnel. Seulement, à moins de deux années de l’échéance 2023 qu’il avait fixée comme repère de l’exécution de son programme quinquennal, Pse2, force est de constater que non seulement la plupart des mesures annoncées par l’actuel locataire du Palais de la République tardent à se concrétiser sur le terrain mais aussi que certaines pratiques contraires à son engagement de rupture dans la gouvernance des affaires publiques persistent encore, au grand dam du Sénégalais lambda.
Mise en veilleuse tendancieuse de certains programmes
Annoncés par le chef de l’Etat, Macky Sall lui-même dans son discours d’investiture pour son dernier quinquennat, les Programmes « Zéro déchet » et « Sénégal vert » avaient été perçus par bon nombre d’observateurs comme des initiatives phares qui pourraient transformer de façon radicale le visage du Sénégal en ce sens que leur exécution allait redonner un nouveau souffle à l’environnement sénégalais de manière générale. Seulement, il faut dire que cet espoir de voir le nouveau visage du Sénégal propre n'aura tenu que le temps d'une rose. Et pour cause, à peine lancée par le président de la République près de sa résidence privée sise à « Fenêtre Mermoz », le 4 janvier 2020 dernier, la campagne nationale de promotion de la propriété baptisée « Cleaning days» prévue tous les premiers samedis de chaque mois a été arrêtée suite aux mesures d’interdiction de rassemblement prises par les autorités dans le cadre de le lutte contre la pandémie du Coronavirus, le 2 mars 2020. Depuis lors, ce programme est rangé dans les tiroirs administratifs malgré les différentes mesures d’allégement des restrictions qui se sont succédé depuis le 12 mai.
S’agissant du programme « Sénégal vert » ou « PSE vert » qui vise à lutter contre la déforestation et la spéculation foncière, son lancement n’a toujours pas été effectué. Alors que sur le terrain, la forêt sénégalaise notamment en Casamance et dans le Sénégal oriental continue à subir le diktat des exploitants illégaux du bois. Toutefois, il faut préciser que cet abandon ou mise en veilleuse des politiques ou programmes étatiques n’est pas une première sous le magistère du président Sall. Puisqu’il en est ainsi entre autres, du programme d’autosuffisance en riz dont on n’entend plus parler, nonobstant les milliards de francs Cfa qu’il a engloutis.
La promotion de la bonne gouvernance fourvoyée
S’il y a bien un domaine dans lequel l’actuel président de la République est attendu, c’est celui de la promotion de la bonne gouvernance. Car, malgré son engagement d’inscrire son magistère sous le sceau d’une « gestion sobre et vertueuse » en rupture avec la gestion de son prédécesseur et ex-mentor, Me Abdoulaye Wade, le président Macky Sall semble avoir du mal à imprimer ses marques sur ce terrain de la bonne gouvernance. En atteste la présence dans son entourage proche des personnalités accusées par des rapports de corps de contrôle publics de mauvaise gestion des deniers. Ces dernières ne sont pas inquiétées et continuent de vaquer librement à leurs occupations. Certaines d’entre elles, ont même fait l’objet de promotion dans le gouvernement. Il en est ainsi entre autres de l’actuel ministre des Infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement, Mansour Faye, non moins beau-frère du président de la République.
Visé par une plainte auprès de l’Ofnac pour sa gestion jugée scandaleuse des 69 milliards de francs Cfa mis à sa disposition par l’Etat pour l’achat de kits alimentaires destinés à aider les ménages vulnérables dans le cadre du programme de résilience Force Covid-19, Mansour Faye, contre toute attente a bénéficié d’une promotion grâce à sa nomination à la tête du ministère des Infrastructures dont le budget représente près de la moitié des 4.589,15 milliards Fca arrêtés pour le budget national 2021 du Sénégal.
Une gestion basée sur l’écrasement de l’opposition pour la réduire à sa plus simple expression
L’actuel chef de l’Etat n’a jamais caché par ailleurs son envie de régner en seul maitre sur le Sénégal sans une opposition forte. Déjà en juillet 2016, en marge du Conseil des ministres délocalisé à Pikine, il avait ainsi exprimé son objectif de réduire l’opposition à sa plus simple expression. Aujourd’hui, bien qu’étant réélu, le président Sall est plus que jamais déterminé à déminer le champ politique par le débauchage de ses opposants. C’est ainsi qu’il a réussi à enrôler dans le camp, Idrissa Seck, président du parti Rewmi et Oumar Sarr, ex-coordonnateur du Parti démocratique sénégalais lors du dernier remaniement ministériel.
Cette boulimie du pouvoir semble d’ailleurs justifier la dernière sortie du ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires, annonçant la disparition des 5 villes du pays pour laisser la place aux « départements et communes comme le stipule l’article 1 du Code général des collectivités locales ». Car, à défaut d’avoir au sein de son parti des responsables susceptibles de faire basculer démocratiquement ces agglomérations dans son camp, le président semble opter pour la voie de contournement du suffrage des citoyens pour pouvoir exercer son contrôle sur ces villes, dont Dakar en particulier.
unis, 21 déc (APS) - Les réalisateurs tunisiens Habib Mestiri et Heifel Ben Youssef proposent une relecture de deux classiques du réalisateur sénégalais Sembène Ousmane dont "Le mandat’’, une manière de rendre hommage à ‘’l’aîné des anciens’’, à l’occasion de l’édition 2020 des Journées cinématographiques de Carthage (JCC, 16-23 décembre).
‘’Le Mandat’’ et ‘’Noire 2’’, une référence à ‘’La Noire de...’’, un film de Sembène (1966), font partie des six ‘’remakes coup de cœur’’ de la 31e édition des JCC.
Les auteurs de ces deux courts métrages inspirés des classiques du défunt cinéaste sénégalais comptent ainsi saluer l’engament et l’humanisme de Sembène Ousmane, connu avant sa mort en 2007 pour ses partis pris militants sur les questions politiques et sociales.
Dans ‘’Le Mandat’’, Heifel Ben Youssef met en scène Dalel, une jeune femme qui a reçu un appel de son mari émigré clandestin en Italie l’informant d’un mandat à envoyer par la poste.
Cette promesse réveille chez la mariée l’envie d’une vie de riche, un espoir amplifiée par son entourage, les autres femmes du quartier, qui, elles aussi, espèrent recevoir leur part du ‘’gâteau’’.
Le film peint de cette manière un quotidien de femmes superflues, artificielles et qui ne dépendent que d’un mari absent, inexistant.
Le réalisateur, sans trahir l’essence du film de Sembène, ‘’une satire politico-sociale qui peint une certaine administration au lendemain des indépendances’’ de plusieurs pays d’Afrique, évoque plutôt le quotidien actuel de la classe populaire tunisienne ou de beaucoup de pays africains, l’argent envoyé par les émigrés servant en général à entretenir les familles restées au pays.
‘’‘Le Mandat’ n’est qu’une inspiration d’une petite situation du ‘Mandat Bi’ (1968) d’Ousmane Sembène, dans laquelle j’ai pu me projeter’’, explique le réalisateur tunisien dans un entretien accordé lundi à l’APS.
Ben Youssef affirme qu’il lui a paru nécessaire de mettre la lumière sur cette catégorie de femmes qui subissent une violence symbolique, une dépendance économique influencée par les médias, suivant laquelle l’épouse dépend entièrement de son mari, même pour prendre soin d’elle, aller chez le coiffeur, se maquiller, etc.
Heifel Ben Youssef met en exergue de façon subtile cette violence psychologique causée par l’absence d’un mari surlignée dans le film. Une situation qui n’est pas propre à la seule Tunisie.
‘’Ousmane Sembène est un réalisateur engagé, que nous respectons énormément, et ça a été un honneur pour moi de réinterpréter son œuvre plus de cinquante ans plus tard’’, ajoute-t-il.
‘’Noire 2’’, l’un des deux courts métrages en question, constitue une relecture libre et moderne autour de la couleur noire, avec un intitulé visant à intéresser les cinéphiles 2.0.
Le réalisateur Habib Mestiri monte sur cette base une chorégraphie pour réinterroger le film autour du masque et de la lettre, le tout se traduisant par un spectacle comportant des moments de silence et réservant une large part au visuel.
Mestiri part de ses souvenirs personnels liés à une rencontre avec Sembène, à Rome, en 1999, pour interpréter l’esthétique du noir, la liberté du corps, de l’expression.
Le réalisateur, qui considère Sembène Ousmane comme son ‘’maître’’, se dit admiratif de ce dernier, de ‘’ses choix artistiques et idéologiques, de son militantisme’’, toutes choses qui font de lui ‘’un cinéaste à part’’.
Le film porté par une actrice noire, un fait rare pour une production cinématographique tunisienne, est axé sur une lettre et un plat de spaghettis noirs, par lesquels il démarre.
Le court métrage de 16 minutes de Habib Mestiri s’ouvre sur des extraits du film original ‘’La Noire de...’’, lequel, datant de 1966, a été récompensé du premier Tanit d’or aux JCC.
‘’‘La Noire 2’ revisite l’œuvre de Sembène Ousmane pour lui rendre hommage, l’honorer pour son engagement, cette clairvoyance, mais cette générosité et cet humanisme qui nous manquent dans le cinéma actuel’’, fait valoir Habib Mestiri.
‘’Le cinéma est devenu aujourd’hui trop mercantile, il y a un désengagement vers l’humanisme, la culture’’, déplore celui dont le vœu est de montrer ce film au Sénégal.
Outre ces deux films inspirés de classiques de Sembène, quatre autres courts métrages tunisiens font partie des ‘’remakes coup de cœur JCC 1966-2019’’ du festival, dont ‘’Le septième’’ d’Alaeddin Abou Taleb et ‘’Le temps qui passe’’ de Sonia Chamkhri. Il y a aussi ‘’The Barber House’’ de Tarak Khalladi et ‘’Sur les traces de Saïda’’ de Fawzi Chelbi.
Ces films sont une initiative des Journées cinématographiques de Carthage et ont été produits par le Centre national du cinéma et de l’image (CNCI) de la Tunisie.
Le CNCI avait lancé un appel d’offres pour soumettre des projets, en exigeant que les candidats travaillent sur un des films qui avaient marqué les JCC de 1966 à 2019.