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28 juin 2025
LE BRT EN PASSE DE DÉTRUIRE DES TÉMOINS DE L'HISTOIRE DU PAYS
La libération des emprises sur les voies réservées au Bus Rapid Transit suscite une grande indignation, avec la destruction d’arbres, parfois historiques
Le contraste est saisissant sur un discours aux antipodes des actions. Allant jusqu’à instruire pour la modification des codes de l’urbanisme et de la construction, le président de la République s’était érigé en défenseur acharné d’un reverdissement et de la préservation du patrimoine végétal de Dakar. Ceci, lorsqu’il présidait, le 9 août 2020, au Centre de conférences international Abdou Diouf de Diamniadio, la cérémonie de la Journée nationale de l’arbre. Macky Sall affirmait alors : ‘’Nous devons partout planter des arbres. C’est la raison pour laquelle, je vais proposer, dans le cadre du Code de la construction et du Code de l’urbanisme, que désormais, les autorisations de construction soient adossées à l’obligation de planter des arbres devant les maisons et de faire en sorte que ces arbres puissent suivre.’’
Seulement, la position du président de la République sur l’importance de la préservation des arbres laisse sceptique beaucoup de citoyens. Surtout depuis le démarrage des opérations de libération effective des emprises sur le tracé du BRT (Bus Rapid Transit). Au moment de la sortie du chef de l’Etat, sur la section 3 du projet BRT, allant du "rond-point Case bi à l’échangeur de l’Emergence", débutaient les opérations de démolissage. Et l’abattage systématique des arbres sur les voies offrait un triste paysage où le bâti remportait de nouvelles victoires sur les arbres offrant encore de la résistance.
Mais depuis le 25 novembre dernier, d’autres opérations concernent les emprises visées par les sections 4 à 9, c’est-à-dire les parties ‘’allant du pont de l’Emergence (ex-pont Sénégal 92) au carrefour situé près de la RTS, passant par le collège Hyacinthe Thiandoum, les carrefours de Liberté 6 et de la boulangerie Jaune, la rue 10 prolongée, le rond-point ONU, la place de la Nation et le boulevard Général Charles de Gaulle’’.
Alors que les engins démolisseurs s’apprêtent à visiter la rue 10 et l’avenue Dial Diop, des riverains réunis autour du mouvement Jotna (jeunesse ouverte à toute nouvelle alternative) de Grand-Dakar lancent une alerte pour sauver les centaines d’arbres qui bordent cette avenue que le projet envisage de détruire.
Lamine Diouf fait partie de ce collectif et s’offusque face à l’éventualité de voir ces arbres, témoins du passé de son quartier, disparaître. ‘’Dans le contexte des changements climatiques qui touchent déjà le Sénégal, on ne pouvait pas rester les bras croisés et laisser des centaines d’arbres être coupés comme ça. Ces arbres ont été mis en place depuis la présidence du président-poète Léopold Sédar Sénégal. Le défilé de la fête nationale d’indépendance se faisait sur le boulevard Dial Diop qu’ils longent’’, dénonce-t-il dépité, l’option choisie par les responsables du BRT.
Le défilé de la fête nationale d’indépendance se faisait sur le boulevard Dial Diop
Selon ses concepteurs, le projet de ligne pilote de BRT ‘’s’inscrit dans une stratégie ambitieuse et globale de mobilité urbaine durable à Dakar menée par le Cetud (Conseil exécutif des transports urbains de Dakar)’’ et qui devrait réduire ‘’le temps de parcours entre Guédiawaye et le centre-ville de 90 à 45 minutes dans des conditions de confort, de sécurité et de régularité substantiellement améliorées’’.
Le tracé dessert au total 23 stations fermées avec des bus à plancher haut (quai hauteur 95 cm). La ligne pilote de bus sur voies réservées s’étendra sur une longueur de 18,3 km, de la gare routière de Petersen à la préfecture de Guédiawaye. Au départ, il longe les allées Papa Guèye Fall, puis le boulevard Général de Gaulle jusqu’à la place de la Nation. Il emprunte le boulevard Dial Diop et l’ancienne piste jusqu’au giratoire Liberté 6. Le quartier de Grand-Yoff prend le relais, en passant par le pont de l’Emergence puis les Parcelles-Assainies, par la route des Niayes, avant d’atteindre Fadia et Cambérène. Une fois à l’hôpital Dalal Jamm, il emprunte la corniche de Guédiawaye jusqu’à la préfecture.
Conformément à la réglementation nationale, le projet a fait l’objet d’une évaluation environnementale et sociale, et a obtenu un certificat de conformité environnementale délivré par le ministère de l’Environnement et du Développement durable, plus de trois mois avant son approbation par le Conseil d’administration de la Banque mondiale, le 25 mai 2017. Les travaux ont été lancés en grande pompe par le président de la République Macky Sall, le lundi 28 octobre 2019.
Mais le nombre impressionnant d’arbres abattus, sans forcément choisir l’option de les préserver à tout prix, ne passe pas au niveau du boulevard Dial Diop. Des riverains ont écrit des correspondances au ministère de l’Environnement et au président de la République. ‘’Le maire de Grand-Dakar nous a dit qu’il était impuissant pour sauver ces arbres. La seule réponse que les responsables de communication du BRT nous ont servie, était que deux arbres seront plantés pour chaque arbre détruit dans le cadre du projet’’, renseigne Lamine Diouf.
Des activistes du mouvement associatif pour mener le combat pour l’environnement
D’autres organisations regroupant des activistes issus du mouvement associatif dont le collectif Mbed mi dou mbalite, ou encore l’association Simple action citoyenne de Junior Diakhaté Niintche, l’enseignant qui reconstruit des écoles, s’investissent aussi pour la sauvegarde des arbres longeant le boulevard Dial Diop. Une manière d’essayer de sauver les petits traits de verdure que compte une ville en manque criard de poumons verts.
Loin de s’ériger contre le projet en lui-même, ces activistes plaident pour une implication des emplacements des arbres dans le tracé. Nous avons vu sur les maquettes publiées, explique Lamine Diouf, qu’il y a des espaces verts entre les voies routières qui sont réparties sur deux côtés. ‘’Pourquoi ne pas faire le tracé de sorte à laisser les arbres en place, les embellir pour qu’ils s’intègrent au paysage ? Ils suivent une trajectoire rectiligne du boulevard du centenaire à Sacré-Cœur pratiquement. Au moins, que l’on laisse en l’état ceux qui sont situés sur le trottoir. On peut les tailler afin qu’ils ne gênent pas la vision des automobilistes’’, propose-t-il.
Alors que le projet est entré dans sa phase active, Lamine Diouf et ses activistes espèrent sauver ce qui peut encore l’être, en appelant les Sénégalais à prendre conscience de l’importance de la préservation des arbres situés dans les emprises des grands projets de l’Etat. Au rond-point Castor, beaucoup d’arbres ont été récemment abattus pour la construction d’un autopont. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, estime-t-il, en lançant un appel à l’Agence nationale de la grande muraille verte (ANGMV) et à toute bonne volonté éprise d’une justice environnementale et de la préservation d’un patrimoine inestimable.
LA FRANCE DOIT SORTIR TOTALEMENT DE NOS AFFAIRES MONETAIRES
Les décisions concernant notre avenir monétaire collectif ne doivent plus venir de Paris. Il est grand temps de soumettre à la sanction des peuples africains de vraies réformes du système monétaire actuel - FRONT POUR L'ABOLITION DU FCFA EN AFRIQUE
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration datée du 21 décembre, du Front pour l’Abolition du franc CFA en Afrique, décriant la réforme de la monnaie ouest-africaine initiée notamment par le président français Emmanuel Macron.
« Aujourd’hui, 21 décembre 2020, cela fait un an que la France a entamé la réforme du franc CFA qu’elle a créé il y a 75 ans de cela, à une époque où aucun de nos Etats actuels n’existait.
Ce résultat est le fruit de la mobilisation anti-impérialiste de toutes celles et tous ceux qui se sont battus pendant des décennies pour l’abolition de la monnaie coloniale et qui ont donc contraint la France et ses affidés à annoncer précipitamment la « fin du Franc CFA » à l’occasion d’une visite du président français Macron à la base militaire du 43ème BIMA de Port-Bouet, près d’Abidjan l’an passé.
Mais, cette prétendue fin se résume en réalité à un changement de dénomination de la monnaie Franc CFA en ECO, la fin de la centralisation des réserves de change des Etats de l’Uemoa auprès du Trésor français, le « départ » du représentant de la France du conseil d’administration de la BCEAO.
Les changements annoncés en grande pompe par les présidents Macron et Ouattara n’étant que des modifications cosmétiques, c’est-à-dire de pure façade, après avoir fait l’objet d’une procédure d’approbation gouvernementale, puis parlementaire en France même, n’ont donné lieu à aucune réaction du côté des gouvernements et parlements africains concernés. Mieux ou pire, la création de cet ECO-Macron qui devait entrer en vigueur le 1er juillet 2020 n’est pas suivie d’effet à ce jour.
Cinq éléments au moins font que nous disons que la France et les présidents qui lui sont soumis ne cherchent qu’à duper la rue africaine en gommant du franc CFA ses éléments néocoloniaux visibles à l’œil nu afin de désamorcer la bombe souverainiste.
1- Le processus antidémocratique, antipopulaire excluant donc les peuples, les sociétés civiles, les patronats, les parlements africains…Processus initié par la France dans le but de ne laisser aucune marge de manœuvre à ses pantins africains ;
2- L’accord monétaire avec la France a été renouvelé. Alors que nous exigeons la fin de l’occupation monétaire française. Nous demandons que la France sorte de nos affaires monétaires par la fin de l’accord entre nos pays et la France ;
3- Le maintien de la parité fixe entre cet ECO-Macron et l’Euro qui est en réalité une préférence commerciale accordée à l’UE en général et à la France en particulier ;
4- Ce maintien de la parité fixe entre l’ECO-Macron et l’Euro vise aussi à éliminer le risque de change pour les investisseurs en général européens et français en particulier ;
5- Le choix par la France et ses valets de la dénomination ECO, qui a été volée à la CEDEAO, révèle une intention française : torpiller le projet de la monnaie CEDEAO afin d’étendre le franc CFA à d’autres pays africains avec une nouvelle dénomination ECO ;
Les décisions concernant notre avenir monétaire collectif ne doivent plus nous venir de Paris et il est grand temps de soumettre à la sanction des parlements et des peuples africains de vraies réformes du système monétaire actuel, en excluant la France de toute mainmise sur celui-ci. La France doit cesser d’être ce trait d’union entre nos pays, véritable frein au développement. La France doit sortir totalement, complètement de nos affaires monétaires.
C’est pourquoi nous :
- dénonçons cette parodie de mise à mort du Franc CFA néocolonial et exigeons la fin de l’accord de coopération monétaire entre la France et nos pays ;
- invitons toutes les africains, toutes les organisations progressistes à se mobiliser contre la présence monétaire française en Afrique et à faire barrage en Afrique et dans la diaspora à cette nouvelle tromperie monétaire ;
- exigeons l’organisation de débats nationaux et de référendums nationaux sur la monnaie ;
- saluons l’attitude progressiste et internationaliste de démocrates français qui contribuent à éventer ce complot impérialiste et invitons à la jonction de toutes nos forces pour la souveraineté monétaire de l’Afrique
Nous lançons un appel aux gouvernements, parlements africains concernés, en Afrique de l’ouest et du centre, ainsi que les organisations de la société civile, les syndicats et organisations patronales, les partis et mouvements politiques dans toute la zone monétaire du franc CFA à ouvrir un débat démocratique sur la question de la souveraineté monétaire de l’Afrique. Ces débats doivent aboutir à un referendum qui permettrait aux Africains de choisir directement soit de continuer à servir les intérêts de la France impériale, soit de prendre la voie de la souveraineté monétaire et donc de l’indépendance véritable, à l’image de nombreuses anciennes colonies françaises d’Asie, du Maghreb et d’Afrique noire.
Nous estimons qu’il s’agirait là de la procédure la plus démocratique pour la construction d’une sous-région ouest et/ou centre-africaine pleinement souveraines et maîtresses de leurs destinées, tant en matière de politique économique et financière que de stratégie de reconstruction autonome et de développement endogène. Il est à la fois inacceptable et humiliant de voir un pays non-africain continuer de prendre des décisions concernant notre monnaie et son fonctionnement. Les gouvernements et parlements africains, nous peuples africains concernés sommes donc à la croisée des chemins et devons enfin prendre nos responsabilités pour mettre fin à l’occupation monétaire française. »
LE SPECTRE DE LA FAMINE
Secrétaire exécutif du Conseil National de Sécurité alimentaire, Jean-Pierre Senghor dresse dans cette interview, la nouvelle carte de l’insécurité alimentaire au Sénégal. Une dramatique situation, amplifiée par la pandémie du Covid-19
Secrétaire exécutif du Conseil National de Sécurité alimentaire (Secnsa), Jean-Pierre Senghor dresse, dans cette interview accordée à L’Observateur via mail, la nouvelle carte de l’Insécurité alimentaire au Sénégal. Une situation - affectée par la pandémie du Covid-19 - qui aurait été pire si l’Etat n’avait pas initié très tôt l’opération «Aide alimentaire d’urgence»
Quel est l’impact de la pandémie à Coronavirus sur la situation alimentaire au Sénégal ?
Vous comprendrez aisément que, pour un pays comme le nôtre et nous sommes loin d’être les seuls en Afrique de l’ouest et ailleurs, les mesures hardies prises par le gouvernement, dès les premiers cas signalés au Sénégal, en vue de faire face à cette pandémie d’une ampleur inédite ont, tout naturellement, eu des effets imbriqués sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
La crise sanitaire, toujours en cours, a largement affecté les systèmes alimentaires ; elle a, en effet, perturbé les chaînes d’approvisionnement en produits agro-alimentaires, provoqué des pertes circonstancielles de revenus et d’emplois, une réduction des services sociaux de base, parfois une flambée des prix de certaines denrées alimentaires du fait de leur raréfaction.
Heureusement, l’opération «aide alimentaire d’urgence» initiée très tôt par le gouvernement, via le ministère en charge du développement communautaire, combinée aux actions concertées des acteurs bilatéraux et multilatéraux, de mêmes que celles d’une douzaines d’ONG partenaires, ont permis de juguler l’insécurité alimentaire fortement exacerbée par la survenue de la pandémie à Civid-19.
Aujourd’hui, quelles sont les zones les plus touchées ?
Comme vous devez sans doute le savoir, le SE-CNSA mène de larges enquêtes bisannuelles dont les résultats font l’objet de deux d’ateliers du Cadre Harmonisé d’analyse des zones à risque ainsi que des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelles, à l’échelle des 45 départements du pays. Ces deux rendez-vous annuels, communément appelés CH, se tiennent en mars et en novembre de chaque année dans chacun des 17 pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, membres du Réseau de Prévention des Crises Alimentaires (RPCA).
Au Sénégal, le dernier atelier qui s’est tenu du 9 au 14 novembre 2020 à Saly, avec la participation de tous les acteurs majeurs impliqués dans la lutte contre l’insécurité alimentaire au Sénégal, a permis de dresser deux cartes de situations alimentaires du pays.
En période courante (octobre-novembre-décembre), la consommation alimentaire des populations est satisfaisante dans la majeure partie du pays. Sur les quarante-cinq (45) départements analysés, trente (29) départements ont une consommation alimentaire normale (phase minimale), quinze (15) sont en phase sous pression et un en crise. Dans les départements dont la consommation alimentaire est en phase minimale, plus de 80% des ménages ont une consommation normale. Aucun déficit de survie, ni de protection des moyens d’existence n’ont été enregistrés dans ces 29 départements.
En revanche, dans les 15 départements où la consommation alimentaire est dite sous pression comme Salémata, Birkelane, Louga, Vélingara, Ranérou, Koumpentoum, Saraya et Kanel, par exemple, les ménages arrivent à couvrir, certes, leurs besoins alimentaires, mais ne peuvent pas trop se permettre d’autres dépenses sans recourir à des stratégies d’adaptation, c’est-à-dire vendre un bien ou solliciter l’aide d’une connaissance ou d’un membre de la famille, plus nantie.
Seul le département de Matam est répertorié en phase crise, à date; c’est à ce titre que 92 150 personnes, soit 11.518 ménages, auront besoin d’un appui rapide avant la fin du mois de janvier 2021.
Selon le PAM,770.000 personnes seraient en situation d’insécurité alimentaire durant la période de soudure 2020, qu’est-ce que cela veut dire exactement ?
Je signale que le PAM est une des agences du Système des Nations Unies qui a contribué au financement de l’enquête conduite et coordonnée par le SE-CNSA. Il a également, comme toujours, participé activement à l’atelier d’analyse de ces données, au même titre que les sectoriels et des autres acteurs.
En réalité, bien qu’ayant été gratifié, cette année, d’un hivernage plutôt généreux, le Sénégal a vu la crise sanitaire obérer quelque peu les résultats attendus. Par ailleurs, il est important de souligner que la disponibilité de productions abondantes dans le pays ne signifie pas, forcément, que ces produits agricoles sont accessibles à tous et partout ; des disparités sont à noter dans l’accès à ces productions, selon les terroirs.
Les résultats du cadre harmonisé, indiquent que, bien que ce soit un seul département, celui de Matam, qui est répertorié en phase crise en ce moment, le nombre total de personnes identifiées en phase crise dans les 45 départements est estimé à 516 562 personnes, dont 92 150 à Matam.
En nous projetant à la période de soudure (juin-juillet-août), si aucune action n’est prise en vue de juguler la question, le nombre département en crise passera à quatre (Matam, Ranérou, Salémata et Saraya) et le nombre de personnes affectées par l’insécurité alimentaire atteindra voire dépassera le chiffre annoncé par le PAM. D’où la nécessité d’agir vite ; un Plan national de Réponse (PNR) sera soumis à l’autorité, à ce titre, avant la fin de l’année.
Afin de mieux appréhender ces chiffres, il me semble important de les placer dans un contexte plus général en rappelant la situation de la sous-région à laquelle nous appartenons.
Le dernier RPCA nous enseigne que «pour la deuxième année consécutive, la région doit se préparer à une crise alimentaire et nutritionnelle majeure en 2021. Près de 16.7 millions de personnes ont besoin d’une assistance alimentaire immédiate, dont 9.2 millions de personnes au nord du Nigéria. Environ 1 million de personnes sont en situation d’urgence (octobre-décembre 2020).
Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë pourrait passer à 23.6 millions au cours de la prochaine période de soudure (juin-août 2021), atteignant un nouveau pic.
D’ici à juin-août 2021, six pays risquent de compter plus d’1 million de personnes en situation de crise et au delà : Nigeria (13 millions), Burkina Faso (2.7 millions), Niger (1.7 million), Sierra Leone (1.4 million), Tchad (1.1 million) et Mali (1 million).
Cette situation alimentaire et nutritionnelle sans précédent, est provoquée par la conjonction de chocs, socio-économiques, sécuritaires et sanitaires.
L’inflation continue de frapper durement le Nigeria, le Liberia, la Sierra Leone, la Gambie et la Guinée… »
Toute proportion gardée, je vous fais remarquer que le Sénégal s’en sort plutôt pas trop mal. Nous devons, toutefois, plus que jamais, rester vigilants en agissant encore plus vite, par anticipation, cette année encore; c’est ce que nous commande notre mission de veille et d’alerte.
Qui sont les plus concernés par cette situation ?
Les populations les plus affectées par l’insécurité alimentaire sont, naturellement, celles déjà vulnérables, les moins résilientes aux chocs de toute nature (climatique, économique, sanitaire, etc.).
Où en est le Plan national d’urgence pour la sécurité alimentaire (Pusa 2020)?
Le Plan d’Urgence Sécurité Alimentaire 2020, élaboré et mis en œuvre par le gouvernement, suite la survenue de la pandémie à covid-19, a bel et bien tenu ses promesses. L’Etat a conduit une action précoce, dès avril 2020, ce qui a permis de réduire considérablement les effets de la crise sanitaire sur les populations les plus vulnérables et au delà. Un consortium de six ONG (OXFAM, ACF, PLAN International, CRS, Word Vision et Save the Children) a accompagné le gouvernement dans le mise en œuvre du PUSA 2020 avec des opérations d’appui aux populations cibles qui se sont poursuivies jusqu’en octobre dernier.
Selon toujours le rapport d’octobre du PAM, 45 957 personnes ont été assistées en septembre, contre 59 400 en octobre, qu’est-ce qui explique cette augmentation ?
Oui, le PAM n’a pas été en reste dans la mise en œuvre du PAUSA 2020, il s’est, dès le départ, joint aux efforts de l’Etat et des autres acteurs impliqués dans la lutte contre l’insécurité alimentaire. Les chiffres cités, là, représentent, en réalité, le nombre de personnes appuyés par le PAM en septembre et en octobre derniers dans ses zones d’intervention, ce qui fait un total de 105 357 personnes de plus qu’il a directement soutenues au cours de ces deux mois.
Quelles sont les projections en termes de sécurité alimentaire pour le Sénégal ?
Malgré la situation pas très rassurante qui se profile en 2021 pour le Sahel et l’Afrique de l’ouest et dont a fait largement écho le RPCA, du fait de la crise sanitaire qui ne semble pas connaître son épilogue, au delà des mesures urgentes à prendre, sans attendre, en vue d’éviter une soudure difficile, le Sénégal, s’engage résolument et travaille en conséquence à assurer sa souveraineté alimentaire. C’est donc un glissement qui s’opère lentement, mais sûrement, il n’est pas que sémantique, mais plutôt la manifestation voire la concrétisation progressive d’un engagement politique affirmé en la matière. Il ne saurait en être autrement d’ailleurs, au regard d’un des enseignements majeurs que nous devrions tous tirer de cette crise sanitaire : produire ce que nous consommons en investissant massivement dans l’agriculture (productions vivrières) et le développement rural.
Apporter des réponses économiques durables à cette problématique humanitaire par l'investissement et l’innovation dans la construction de Terroirs résilients et par ricochet de ménages résilients aux chocs aussi bien climatiques, économiques, sociaux et sanitaires. C’est à la fois, le gros enjeu auquel nous devons faire face et le défi majeur que le pays se doit de relever au cours des 5 prochaines années.
par Ousseynou Nar Gueye
DAKAR, VILLE OCCIDENTÉE
Dakar tient en deux aspects, « l’occidenté » et l’imprévisibilité, qui font de la capitale sénégalaise une ville attachante
Jeune Afrique |
Ousseynou Nar Gueye |
Publication 21/12/2020
«Occidenté ». Mot-valise combinant « occidentalisé » et « accidenté ». C’est le qualificatif que donne à Dakar le dramaturge, écrivain et acteur culturel sénégalais, feu Oumar Ndao, auteur du beau livre Dakar, l’ineffable, qui vient d’être réédité en poche*. La capitale sénégalaise, partie continentale de l’Afrique la plus avancée dans l’océan Atlantique, est en effet à l’ouest. Et parfois, « complètement à l’ouest ».
Dakar tient finalement en deux aspects : « l’occidenté » et l’imprévisibilité. D’abord, « l’occidenté ». Ces situations cocasses où les oripeaux architecturaux coloniaux, les tentatives de remises en ordre et de mises au pas, héritées d’une administration calquée sur celle de l’Europe, entrent en collision avec l’exubérance autochtone et ses protubérances « rurbaines ». Ainsi, les perspectives rectilignes qui témoignent d’un vrai plan d’urbanisme du centre-ville, de la Médina attenante et des quartiers (Sicap, Mermoz, HLM) créés dans les années 1960 et 1970 par le président-poète Léopold Sédar Senghor ont vite fait de céder le pas aux ruelles en oblique et chaussées à dos d’âne non conventionnelles des nouveaux quartiers.
Résistance par l’inertie
Dans la ville « moderne », des quartiers qui se désignent eux-mêmes comme des « villages traditionnels » font de la résistance, avec une grande force d’inertie. Dakar n’a pas été « fondée » en 1857, comme le prétend l’histoire officielle. Les villages des « Lébous », cette branche des Wolofs qui parlent une langue aux tournures typiques avec un vocabulaire spécifique très vaste, étaient déjà là depuis des siècles. Les Lébous, qui ont majoritairement rallié la confrérie musulmane layène, ont leur « grand Serigne de Dakar », qui leur tient lieu de roi coutumier.
Les Layènes, dont le fondateur est considéré comme une réincarnation africaine et musulmane de Jésus, sont entre autres à Cambérène [proche banlieue de Dakar]. Là-bas, ils font bloc contre la connexion de deux bouts d’autoroute par un pont déjà construit, qui se trouve pile devant le mausolée du fils aîné et premier khalife du Mahdi fondateur. Et le pont trône là, sur la plage, incongru comme une chèvre perchée sur un poteau électrique.
Famara Ibrahima Sagna a fait ses comptes. Au cours de ses activités, le Comité de pilotage du dialogue national (CPDN), dirigé par Famara Ibrahima Sagna, a dépensé 94 millions 917 mille 401 F CFA, d’après son rapport. Dans ledit document, l’on note que le reliquat des 100 millions mis à sa disposition, soit cinq millions 082 mille 599 F CFA, a été reversé au Trésor public depuis le 31 juillet 2020, date à laquelle le comité a cessé de fonctionner.
La note rappelle que le CNDP comprenait d’une part une commission politique financée à part sous la conduite du ministre de l’Intérieur, et d’autre part les sept autres commissions pour le financement desquelles il n’a été mis à la disposition du CPDN que 100 millions F CFA, constituant une avance de fonctionnement de son budget.
En raison de la Covid-19, le CPDN avait interrompu ses activités en mars dernier.
En cas de prorogation de sa mission, le comité aura besoin d’un "budget" et des "instructions tenant compte des risques sanitaires du moment", signale le rapport. Mais, des observateurs ont déjà fini de trancher, indiquant que l’objectif était atteint avec l’adhésion d’Idrissa Seck à la mouvance présidentielle.
En attendant la suite, Famara Ibrahima Sagna et son équipe remercient le chef de l’État, Macky Sall, et les acteurs de la vie politique qui "auront apporté leur concours" à l’expérience du dialogue.
DES OPTIONS DE MOBILISATION DES RESSOURCES DOMESTIQUES
Alphonse Ousmane Thiaw, a fait part lundi à Mbour de l’identification des options de mobilisation des ressources domestiques en faveur de la planification familiale
Mbour, 21 déc (APS) – Le directeur de cabinet du ministère de la Santé et de l’Action sociale, Alphonse Ousmane Thiaw, a fait part lundi à Mbour (Thiès, ouest) de l’identification des options de mobilisation des ressources domestiques en faveur de la planification familiale (PF).
"Des options de mobilisation de ressources pour la planification familiale à travers des investissements catalytiques visant à inciter efficacement les décideurs à augmenter ou améliorer l’allocation des ressources ont été identifiées", a-t-il notamment dit.
Il s’exprimait ainsi à l’ouverture d’un l’atelier de concertation, de sensibilisation et de consolidation du plan d’action pour la mobilisation de ressources domestiques en faveur de la planification familiale au Sénégal initié par la direction de la santé de la mère et de l’enfant et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).
Cette rencontre vise à renforcer le consensus sur la nécessité de mobiliser des ressources domestiques en faveur de la planification familiale en général et l’achat de produits contraceptifs en particulier.
L’analyse issue de plusieurs rencontres suggère de se focaliser sur le plaidoyer aux niveaux national, infranational et auprès de l’Agence pour la Couverture Médicale Universelle (ACMU) afin d’avoir le plus d’impact possible dans un contexte réaliste, a estimé M. Thiaw.
Selon lui, le Sénégal a toujours été au rendez-vous en respectant les engagements du sommet de Londres de 2012 où la ligne budgétaire pour l’achat des produits est passée de 100 millions à 300 millions en 2016.
"Dans le contexte actuel d’engagement de la communauté internationale vers l’atteinte des objectifs de développement durable de 2030, le Sénégal veut se positionner en leader et réaffirme son engagement au deuxième sommet de Londres de 2017 et même au-delà", a dit le DC du ministère de la Santé.
C’est ainsi, a confié Alphonse Ousmane Thiaw, que dans le budget de 2021 du ministère de la Santé et de l’Action sociale, une inscription budgétaire de 500 millions FCFA est consacrée à l’achat de produits contraceptifs.
De plus, fait-il noter, l’opportunité est aujourd’hui donnée, grâce aux partenaires techniques et financiers et particulièrement à l’UNFPA de bénéficier d’un mécanisme innovant pour renforcer la mise en œuvre des engagements des pays dans la sécurisation des produits contraceptifs.
"Cela à travers le projet d’une durée de trois ans, (2019-2021, financé par la Fondation Bill et Melinda Gates (BMGF) et, qui est un fonds incitatif de contrepartie double pour l’achat de produits contraceptifs", a-t-il expliqué.
D’après lui, cela permettra au Sénégal d’obtenir zéro besoin non satisfait en planification familiale d’ici 2030, pour un accès universel à la planification familiale et, ainsi contribuer de façon significative à l’atteinte de l’objectif de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD).
121 NOUVELLES CONTAMINATIONS ET 6 DÉCÈS
'’Sur 1404 tests réalisés, 121 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 8, 62%’’, a déclaré le docteur Mamadou Ndiaye, directeur de la Prévention
Dakar, 21 déc (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a rapporté lundi 121 cas de Covid-19 et 6 décès.
'’Sur 1404 tests réalisés, 121 sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 8, 62%’’, a déclaré le docteur Mamadou Ndiaye, directeur de la Prévention.
Ces nouvelles contaminations concernent 52 contacts suivis et 69 cas issus de la transmission communautaire recensés à Dakar et dans plusieurs endroits du pays.
Le directeur de la prévention a annoncé que 40 patients ont été déclaré guéris alors que 26 autres sont pris en charge dans les services de réanimation.
Six (06) décès ont été enregistrés dimanche, selon docteur Ndiaye.
Depuis le 2 mars, le Sénégal comptabilise 17 879 dont 16 562 guéris, 371 décédés et 945 patients sous traitement.
Par Dr Babacar DIOP
RETOUR SUR LA CRISE DE DECEMBRE 1962
La crise du 17 décembre 1962 est surtout une entreprise d’étouffement d’une politique révolutionnaire de construction d’une économie nouvelle, de participation collective, sur les ruines d’une économie de traite
Le 17 décembre 1962, à l’aube, tandis que la crise entre Senghor et Dia fait craindre le pire, Dakar dort, à la veille de la journée la plus tragique de notre jeune république. Deux camps se font face : le camp du progrès, de l’indépendance politique et économique du pays et le camp du statu quo, de la réaction, de la soumission du pays aux intérêts étrangers. Dans cette bagarre politique qui oppose Léopold S. Senghor à Mamadou Dia, chacun agit en commençant par se compter. La crise a frappé le cœur des institutions et du parti. Depuis le 14 décembre déjà, 41 députés de l’UPS avaient déposé une motion de censure auprès du bureau de l’Assemblée nationale pour destituer Mamadou Dia.
La machination des forces réactionnaires
Au moment de proclamer l’indépendance de la République du Sénégal, le 20 août 1960, notre pays est sous la direction du parti unique. Ainsi le parti a décidé de présenter la candidature de Léopold S. Senghor à la présidence ; il est élu le 05 septembre 1960 par un collège électoral. Le parti a porté la candidature de Mamadou Dia à la tête du Conseil du gouvernement ; il est investi le 07 septembre 1960 par l’Assemblée nationale. Mamadou Dia est plus qu’un premier ministre, parce que le Sénégal a adopté un régime parlementaire.
Par conséquent, il est le vrai chef de l’exécutif, il définit lui-même la politique de la nation, Léopold S. Senghor étant un président honoraire de la République. La motion de censure, déposée par le député Théophile James de Gossas, installe un malaise profond au sommet de l’État. Le Bureau politique de l’UPS convoqué en journées d’études les 15 et 16 décembre, reconnaît que les auteurs de la motion devaient au moins informer le parti et recueillir son autorisation. Léopold S. Senghor, après avoir consulté, Mamadou Dia propose la convocation du Conseil national du parti à la date du jeudi 20 décembre 1962 pour trouver une issue politique heureuse à la crise. Le lundi 17 décembre 1962, alors que le Président du Conseil du gouvernement Mamadou Dia est dans son bureau, au building administratif. Il décide de se rendre au Palais de la République pour une explication personnelle avec Léopold S.
Senghor afin de sauver une amitié vieille de dix-sept ans et d’épargner le Sénégal de violence inutile. Mamadou Dia est surpris d’entendre Senghor l’accueillir en lui disant sans ménagement : « Mon cher Dia, le vrai problème, c’est une question de régime ! [...] Je crois que qu’il faut que nous fassions comme tout le monde, un régime présidentiel » (M. Dia, Afrique. Le prix de la liberté, 2001 : 205). Pourtant, un mois plus tôt, lors d’une rencontre à Paris, Mamadou Dia avait proposé sa démission pour une réforme constitutionnelle visant un régime présidentiel. Senghor avait refusé arguant que Dia devait rester à son poste pour l’intérêt du Sénégal.
Très déçu par l’attitude de Léopold S. Senghor qui vient d’assumer qu’il n’est pas étranger à la motion de censure déposée par un groupe de députés, Mamadou Dia se rend à l’Assemblée nationale pour la réunion du Bureau politique élargi au groupe parlementaire. Une autre surprise l’y attend : Ibrahima Sarr l’informe de la décision du bureau de l’Assemblée nationale de fixer pour 15 heures, en ce même 17 décembre, la tenue d’une séance de plénière avec comme ordre du jour « la discussion et le vote de la motion de censure ».
Pourtant le parti a décidé de sursoir la motion de censure en attendant la réunion du Conseil national convoqué le jeudi 20 décembre. Le Président du Conseil du gouvernement retourne à son bureau du building administratif. Les évènements se précipitent, et il sent l’étau se resserrer autour de lui. La stratégie de Senghor est irréprochable. Il commence à y avoir des défections dans les rangs du Président du Conseil. Le secrétaire général du gouvernement, Jean Collin, un exemple parfait d’ingratitude, soutient : « Je ne reste pas avec des gens qui perdent » (M. Dia, Afrique. Le prix de la liberté, 2001 : 195).
Mamadou Dia demande à la Gendarmerie nationale de faire évacuer l’Assemblée nationale jusqu’au 20 décembre, date de la convocation du Conseil national du parti. Quatre députés sont interpellés par les forces de l’ordre : Abdoulaye Fofana, Ousmane Ngom, Magatte Lô et Moustapha Cissé. Le président du Conseil du gouvernement requiert en même temps les forces militaires pour qu’un détachement reçoive mission de protéger le palais présidentiel. Voilà la noblesse de Mamadou Dia qui pense à la protection et à la sécurité de son adversaire en pleine agitation politique.
Le président de l’Assemblée nationale, Me Lamine Gueye, se rend à pied au palais de la République pour obtenir du président Senghor l’autorisation de réunir les députés à son domicile afin de voter la motion de censure. Dans l’après-midi du 17 décembre, 47 députés convoqués de manière sélective, de bouche à oreille, sont présents au domicile de Me Lamine Gueye, pour destituer le président du Conseil du gouvernement. Dans la même dynamique, le président Senghor nomme le Colonel Jean-Alfred Diallo, chef d’état-major des Forces armées, à la place du général Amadou Fall, considéré comme un loyaliste à l’égard de Mamadou Dia. Cette décision en soi constitue une violation de la Constitution, car le chef d’état-major est nommé sur proposition du Président du Conseil du gouvernement.
La nuit tombe sur Dakar, le gouvernement de Mamadou Dia tombe, car les députés présents chez Me Lamine Gueye ont fini par voter la motion de censure. Le mardi 18 décembre 1962, à l’aube, le président Mamadou Dia regagne sa résidence de la Médina. Il est entouré des hommes qui lui sont restés fidèles. Également, des partisans se sont rassemblés autour de sa maison pour lui témoigner leur soutien. Dans l’après-midi, à 16 heures, le capitaine Pereira à la tête d’un détachement de para commandos met aux arrêts Mamadou Dia, Ibrahima Sarr, Valdiodio Ndiaye, Joseph Mbaye et Alioune Tall. Une vaste campagne de manipulation se met alors en place pour détruire l’image de Mamadou Dia.
La radio fait passer en boucle : « un coup d’État au Sénégal, déclenché par le chef du gouvernement, Mamadou Dia, semble avoir échoué » (R. Colin,S énégal notre pirogue, 2007 : 293). À Ses visiteurs, Senghor fait croire que Mamadou Dia a détourné un trésor de guerre qu’il évalue à 500 millions de FCF (R. Colin, Sénégal notre pirogue, 2007 : 296).
Le comble est atteint lors de la visite du père Cosmao au président Senghor : « Savez-vous, mon père, que l’on a découvert que Mamadou Dia faisait pratiquer des sacrifices humains dans sa résidence de Médina ? » (R. Colin, Sénégal notre pirogue, 2007 :296). LE proCèS Le 7 janvier 1963, l’Assemblée nationale met en place la Haute Cour de Justice chargée de juger Mamadou Dia et ses codétenus. Le juge Ousmane Goundiam est le président de cette Cour qui a pour mission exclusive de liquider un adversaire politique.
Trois députés (Abbas Gueye, Ansou Mandian et Théophile James) qui ont voté la motion de censure sont membres de la Cour. Le gouvernement propose le juge Ousmane Camara comme procureur général. L’instruction dure un mois (du 15 février au 15 mars) et le procès 5 jours (du 9 au 13 mai 1963). Le procès de Mamadou Dia et de ses codétenus tient en haleine tout le pays. La presse internationale rend régulièrement compte de son déroulement. On note surtout que les prisonniers font preuve d’une grande dignité.
On se rappelle encore l’intervention de Mamadou Dia pour démolir l’accusation fantaisiste dont il faisait l’objet : « On fait un coup d’État pour prendre le pouvoir. Moi, j’avais tous les pouvoirs » (M. Dia, Afrique. Le prix de la liberté, 2001 : 208). Au cours de l’audience, le Procureur général dit à Mamadou Dia : « Vous êtes sur le terrain de la morale et Senghor, votre adversaire, sur le terrain de l’efficacité politique » (M. Dia, Afrique. Le prix de la liberté, 2001 : 232). La réplique de Mamadou Dia entre est mémorable : « S’il y a un conflit entre la morale et la politique, je préfère être du côté de la morale » (M. Dia, Afrique. Le prix de la liberté, 2001 : 232).
Le samedi 13 mai 1963, la Haute Cour de Justice rend son verdict : Mamadou Dia est condamné à une déportation perpétuelle dans une enceinte fortifiée ; Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Valdiodio Ndiaye sont condamnés à vingt ans de détention criminelle ; enfin Alioune Tall, est condamné cinq ans d’emprisonnement et dix ans d’interdiction de droits civiques. Ce verdict de la Haute Cour de Justice est le dernier acte d’un long processus de liquidation de Mamadou Dia et de sa révolution politique, économique et sociale. Le Sénégal vient d’envoyer en prison l’un des plus brillants économistes de l’Afrique, celui qui a signé son acte d’indépendance et a élaboré le Premier Plan de développement du pays, avec l’aide du Père Lebret et le grand économiste François Perroux. En réalité, Mamadou Dia a créé l’École nationale d’administration et de magistrature (ENAM) et l’École nationale d’économie appliquée (ENEA).
Dans son cheminement, il a mis en place une politique d’orthodoxie financière et de souveraineté. De toute évidence, il est le bâtisseur, le concepteur et l’architecte de l’armature institutionnelle et administrative de notre État devenu souverain. En réalité, Mamadou Dia est « le véritable père, non pas de la nation- car la nation n’a pas de père- mais de l’État sénégalais moderne » (D. Samb, Figures du politique et de l’intellectuel au Sénégal, 2016 :90). Les codétenus sont envoyés à Kédougou dans des conditions inhumaines.
Pendant douze années, ils ont vécu dans l’isolement, dans des cellules séparées, n’ayant aucune possibilité de communiquer entre eux ou de se soigner correctement. Senghor savait être impitoyable ! Joseph Mbaye et Ibrahima Sarr ont vu leur santé se détériorer et leur vie lourdement menacée. D’ailleurs, ils ne survivront pas très longtemps après leur sortie de prison. Mamadou Dia, quant à lui, a laissé sa vue dans les geôles de Kédougou.
Le 21 mai 1972, à Roland Colin (à ne pas confondre avec le cynique Jean Collin), médiateur pour l’élargissement de Mamadou Dia, Senghor pose ses conditions : « Je lui demande de prendre, par écrit, l’engagement de renoncer à la politique » (R. Colin, Sénégal, notre pirogue, 2007 : 328). La réponse de Mamadou Dia est à la hauteur de l’affront : « Je préfère vivre libre en prison plutôt que prisonnier dehors » (R. Colin, Sénégal notre pirogue, 2007 : 330-331). Pour Mamadou Dia, on peut renoncer à un droit, mais on ne peut pas renoncer à un devoir. La politique est un devoir et un sacerdoce. Par conséquent, la condition de Senghor est une insulte à la démocratie et aux démocrates. Mamadou Dia préfère la dignité à la soumission : Le Sénégal ne m’appartient pas, mais moi j’appartiens au Sénégal» (M. Dia, Afrique. Le prix de la liberté, 2001 : 268).
Par la pression intérieure et internationale, la mobilisation des intellectuels comme Cheikh Anta Diop et Jean-Paul Sartre et l’implication plusieurs personnalités comme Félix Houphouët, Léopold S. Senghor fut contraint de libérer Mamadou Dia et ses codétenus, après douze années de détention. Ainsi, ils sortirent de prison le 28 mai 1974, le regard rempli de dignité : « Kédougou n’a été ni la mort, ni le naufrage. Il n’a été ni la capitulation, ni le reniement » (M. Dia, Afrique. Le prix de la liberté : 2001 : 279). La noblesse rend les hommes beaux : « Il est trop tard pour nous de nous renier, il est trop tard pour nous de nous prostituer » (M. Dia, Mémoires d’un militant du tiers monde, 1985 :157).
Le verdict de l’histoire
La crise du 17 décembre 1962 est plus qu’une liquidation d’un adversaire politique ; elle est surtout une entreprise d’étouffement d’une politique révolutionnaire de construction d’une économie nouvelle, de participation collective, sur les ruines d’une économie de traite. Les forces réactionnaires ont interrompu subitement l’entreprise d’émancipation et de libération de notre peuple.
Mais, la vérité finit toujours par éclater en plein jour. Le général Jean-Alfred Diallo, chef d’état-major des Forces de défense, utilisé par Senghor pour faire rallier l’armée à sa cause a témoigné : « Ce qui est sûr et certain, c’est que le Président Dia n’a jamais voulu faire de coup d’État […] s’il y a quelqu’un qui s’est servi de l’armée pour régler un contentieux politique, c’est peut-être bien Senghor, mais pas Mamadou Dia» (Sud-Hebdo du 17 décembre, 1992). L’idée de justice est plus puissante que le mensonge. Aujourd’hui, plus que jamais, Mamadou Dia surgit de sa tombe pour prendre sa revanche sur les comploteurs de décembre 1962.
La jeunesse a décidé de le porter au panthéon des grands hommes de notre histoire. Mamadou Dia est plus grand que tous nos quatre présidents réunis. Sa supériorité réside surtout dans sa force morale et la noblesse de son caractère. Aujourd’hui, il est devenu la plus grande figure politique de l’indépendance.
En définitive, l’humanisme de Léopold S. Senghor ne constitue qu’un rayon de lune à côté du soleil de la dignité de Mamadou Dia.
Conférence prononcée, le 17 décembre 2020 à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar
LE GESTE NOBLE D'ABDOULAYE DIA DE SENICO
Le différend judiciaire entre le promoteur de la société Senico et les victimes de Darou Salam extension établis sur le Titre foncier 11847/Dp est en phase d’être réglé grâce à une médiation du mouvement Frapp et de Y'en a marre
Le bras de fer autour du foncier qui oppose le promoteur Abdoulaye Dia président directeur général du groupe Senico et certaines populations de Darou Salam 02 extension à Keur Massar est en phase de trouver une solution grâce à une médiation d’acteurs de la société civile dont ceux du mouvement Frapp et de Y en a marre.
Le différend judiciaire entre le promoteur Abdoulaye Dia de la société Senico et les victimes de Darou Salam extension établis sur le Titre foncier 11847/Dp est en phase d’être réglé. Car le promoteur a décidé, selon les victimes, d’abandonner la guerre des tranchées suite à une médiation d’acteurs de la société civile dont Guy Marius Sagna et ceux du mouvement Y en a marre. «Serigne Abdoulaye Dia et les victimes ont décidé de fumer le calumet de la paix. Les 02 entités comptent s’asseoir autour d’une table pour discuter. Nous sommes contents d’Abdoulaye Dia pour avoir pris la décision noble de nous céder nos terres», a fait savoir la chargée de communication du Collectif des victimes de Darou Salam, Marie Aw.
Et le président des victimes Abdou Lahat Niang de dire : «Nous nous réjouissons d’Abdoulaye Dia qui a pris une noble décision et des garanties. Abdoulaye Dia a fait savoir qu’il ne va démolir aucune maison ici ni récupérer une parcelle. Il l’a fait savoir à Kilifeu de Y en a marre avec qui on portait le combat. Maintenant, on attend de voir pour le règlement définitif » Des aveux confirmés par le représentant du mouvement citoyen Y en a marre Kilifeu. Ce dernier, prenant la parole, a fait savoir : « Quand je me suis approché des victimes de Darou Salam extension, je me suis rendu compte qu’elles ont été victimes d’arnaque foncière. J’ai rencontré le promoteur Abdoulaye Dia qui m’a fait savoir qu’il n’avait jamais été question pour lui de démolir les maisons d’autrui. Il a exprimé sa volonté de discuter avec les victimes. Donc, nous sommes en phase pour régler le problème à l’amiable une fois pour toutes. C’est pourquoi nous comptons incessamment tenir une réunion entre les 02 entités ».Et de poursuivre pour flinguer l’Etat : « C’est l’Etat qui est responsable de ce problème pour s’être murer dans son silence. Car pour un même site, on ne peut pas donner un Titre foncier et une délibération.»
Le Titre foncier 11847 Dp litigieux et toujours pendant en justice qui oppose le promoteur Abdoulaye Dia et ces habitants de Darou Salam 02 extension de Keur Massar est d’une superficie de 27 hectares. Et sur ces 27 hectares, les 05 ont été occupées par ces 245 personnes.
LE TOURISME RELIGIEUX EST UNE BOUFFEE D’OXYGENE POUR LES MAROCAINS
Avec l’autorisation spéciale accordée au Sénégal de convoyer 1 000 Sénégalais à Fès, la ville impériale, berceau de la civilisation musulmane et arabe, a reçu ses tout premiers touristes religieux depuis le déclenchement de la pandémie du coronavirus
Mbaye SAMB Envoyé Spécial à Fès (Maroc) |
Publication 21/12/2020
Avec l’autorisation spéciale accordée au Sénégal de convoyer 1 000 Sénégalais à Fès, la ville impériale, berceau de la civilisation musulmane et arabe, a reçu ses tout premiers touristes religieux depuis le déclenchement de la pandémie du coronavirus. C’est pourquoi les autorités marocaines ont mis en place un dispositif sanitaire et sécuritaire pour faciliter le séjour aux pèlerins. L’évènement est d’ailleurs perçu comme une bouffée d’oxygène par les différents acteurs du tourisme marocain, un secteur qui a vécu un arrêt total de plusieurs mois.
Le séjour des pèlerins sénégalais tire à sa fin, avec le retour aujourd’hui à Casablanca, avant le grand départ pour le Sénégal. L’étape de Fès, la ville impériale par excellence, très chargée d’histoire avec sa Médina classée Patrimoine Mondiale par l’UNESCO, a été marquée par une rencontre entre la délégation sénégalaise et Saïd Zniber, Wali (Gouverneur) de la région de Fès-Meknès, entouré de ses collaborateurs techniques. Fès, c’est aussi la ville la plus chargée d’histoire de la civilisation arabo-musulmane et une destination touristique très prisée, notamment par les adeptes de la Tidjaniya. C’est parce qu’elle est un berceau de la civilisation musulmane et arabe, avec le mausolée de Cheikh Ahmed Tidjane Chérif ; et l’objectif du Conseil Régional de Tourisme (CRT), selon Mhammed Yassir Jawhar son Président Délégué, est d’en faire une destination spirituelle très prisée par les adeptes de la Tidjaniya, et pour qu’elle soit un passage obligé avant le départ à la Mecque.
En effet, ils sont des milliers de musulmans, notamment des adeptes de la Tarikha Tidjane, à visiter chaque année la Médina de Fès pour renouveler leur foi islamique, en se recueillant sur la tombe du saint-homme, et certains en font même un devoir pour compléter leur pèlerinage à la Mecque. C’est à la faveur d’une autorisation spéciale accordée par le gouvernement marocain que les agences de voyage se sont retrouvées autour d’un consortium, pour mettre en mouvement ce quitus de convoyer 1 000 pèlerins. En effet, la crise sanitaire consécutive à la pandémie de COVID-19 a imposé un arrêt total de la machine touristique du royaume chérifien, pourtant très dynamique d’ordinaire. Très affecté pendant plusieurs longs mois avec des pertes inestimables, l’arrivée des pèlerins sénégalais, les premiers touristes religieux depuis la survenue de la pandémie, a été perçue par les acteurs locaux comme une véritable bouffée d’oxygène. L’illustration en est donnée au marché rustique de l’ancienne Médina, fief commercial, culturel, spirituel et intellectuelle par excellence, où certains commerçants se sont précipités dans les magasins, pour dépoussiérer les lieux afin de tirer le maximum de profit économique de ce séjour. Mais force est aussi de constater que, malgré cette nouvelle donne prometteuse, beaucoup de souks sont restés fermés. Depuis l’arrivée à Casablanca, jusqu’à Fès, l’accent est mis sur le respect des mesures sanitaires dans les établissements touristiques et toutes les plateformes dédiées à la promotion touristique afin de mettre en sécurité les touristes. En attendant la campagne de vaccination qui verra bientôt le jour, il est clair que cette opération aura des répercussions sur la redynamisation des stratégies concoctées par l’Office National du Tourisme Marocain (ONTM), pour être encore plus agressive et intensifier la promotion de la destination et créer les conditions d’un retour à une vie normale au niveau de tous les réceptifs. Aujourd’hui, même si c’est encore loin de la vitesse de croisière, le tourisme commence petit à petit à sortir la tête de l’eau, avec des taux de remplissage qui progressent lentement.
MHAMMED YASSIR JAWHAR PRESIDENT DELEGUE CRT FES «LA MEDINA A ETE RESTAUREE SUR LES INSTRUCTIONS DE SA MAJESTE LE ROI MOHAMED 6»
Mhammed Yassir Jawhar Président Délégué du Conseil Régional du Tourisme (CRT) de Fès estime qu’à travers cette opération, l’objectif était de booster davantage, redynamiser l’activité touristique entre le Sénégal et le Maroc, dans le cadre de la promotion du tourisme religieux entre les deux pays. Et cette dynamique cadre parfaitement avec la mission du Conseil Régional du Tourisme (CRT), bras armé de la promotion de la destination. C’est globalement dans le cadre de la redynamisation des agences marocaines et de leurs homologues sénégalais, pour permettre à un maximum d’adeptes de la tarikha Tijaniya de visiter la cité millénaire, spirituelle. Cette ziarra spéciale est très appréciée dans ce contexte de COVID-19, car entrant dans le cadre de la redynamisation des activités touristiques, du repositionnement de la destination Maroc et des relations bilatérales entre le Sénégal et le Maroc, et surtout avec la ville de Fès. Selon lui, le CRT s’est préparé auparavant à la réception des pèlerins, par l’instauration de plusieurs programmes. Il s’agit notamment de l’installation de plusieurs maisons d’hôtes dédiées au tourisme religieux. Il s’y ajoute que la Médina a été restaurée sur les instructions de sa Majesté le Roi Mohamed 6, pour rehausser la qualité du service et faire renaître les anciens monuments afin de leur donner une nouvelle vie, afin d’attirer le plus grand nombre de touristes culturels et spirituels. En clair, à travers ce programme, il s’agit de redonner un nouveau look, un nouveau style de vie à la Médina de Fès, par la restauration et la réhabilitation de plusieurs monuments, pour repositionner le produit spirituel et culturel au sein des intérêts du tourisme international.
MME SOW AWA GUEYE, DIRECTRICE D’UNE AGENCE DE VOYAGE «NOUS SOMMES ANIMES PAR UN SENTIMENT DE SATISFACTION ET D’ESPOIR»
Mme Sow Awa Guèye Directrice d’une agence de voyage à Dakar, qui a convoyé un lot de pèlerins dans le cadre du consortium, affirme que depuis l’arrivée à Casablanca, toutes les dispositions sanitaires et sécuritaires ont été prises pour faciliter le séjour aux pèlerins sénégalais. C’est pourquoi, dit-elle, le consortium ziarra Fès, qui regroupe plusieurs agences, est venue rencontrer le Wali(Gouverneur) de la région Fès-Meknès, pour le remercier et à travers lui toutes les autorités marocaines. Elle poursuit : «Nous sommes très satisfaits de l’accueil et de l’hospitalité marocains, qui n’ont d’ailleurs jamais fait défaut. Nous sommes animés par un sentiment de satisfaction et d’espoir. Nous avions l’habitude de venir 2 à 3 fois par année, mais avec la pandémie de COVID-19 qui sévit, personne n’a pu voyager depuis plusieurs mois. Et sur la demande pressante des pèlerins, nous avons pu décrocher une autorisation spéciale du gouvernement marocain qui a permis cette ziarar.»
MME DIAMANKA AGENCE DE VOYAGE «RESPECT DES MESURES SANITAIRES, POUR PERMETTRE A TOUS LES PELERINS DE RENTRER AU PAYS, SAINS ET SAUFS»
«Nous sommes restés plusieurs mois sans activités et ce voyage est une aubaine pour les agences de voyage. Il convient dont de remercier les autorités marocaines qui nous ont accompagnés dans ce contexte assez particulier. Notre satisfaction est surtout aujourd’hui d’avoir permis à ce groupe de pèlerins de faire ce voyage, d’autant plus qu’ils avaient visiblement la nostalgie de cette ville spirituelle. Le consortium a également fait les efforts idoines pour convoyer les pèlerins, tout en respectant toutes les mesures édictées, afin de leur éviter de choper le virus et de revenir au pays sains et saufs.»