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5 juillet 2025
90% DES FILLES VACCINÉES À KAFFRINE
Quelque 2.000 filles de la région de Kaffrine (centre) âgées de 9 ans ont été vaccinées contre le cancer du col de l’utérus, un effectif représentant plus de 90% de l’effectif total concerné par cette vaccination, a indiqué samedi le médecin-chef régional
Kaffrine, 24 oct (APS) – Quelque 2.000 filles de la région de Kaffrine (centre) âgées de 9 ans ont été vaccinées contre le cancer du col de l’utérus, un effectif représentant plus de 90% de l’effectif total concerné par cette vaccination, a indiqué samedi le médecin-chef régional, Moustapha Diop.
‘’Dans la région de Kaffrine, plus de 2.000 filles ont été déjà vaccinées contre le cancer du col de l’utérus. A ce jour, nous avons largement dépassé notre objectif, qui était de vacciner 90% des filles de la région’’, a précisé M. Diop.
Il s’entretenait avec la presse locale, à l’ouverture d’une campagne de dépistage gratuit des cancers du col de l’utérus et du sein, à Kaffrine, une initiative des sages-femmes du département de Kaffrine, dans le cadre de la campagne ‘’Octobre rose’’.
Le vaccin contre le cancer du col de l’utérus ‘’est très efficace [et] a déjà fait ses preuves. Il est disponible dans tous les établissements de santé de la région de Kaffrine’’, a assuré le médecin-chef régional.
Selon lui, cette vaccination est très importante, car, en 2019 par exemple, 10% des 1.000 femmes dépistées dans la région de Kaffrine portaient des légions précancéreuses.
‘’Dans la région, nous avions enregistré en 2019 quelques cas suspects de cancer, que nous avons pris en charge à l’hôpital régional de Kaolack (centre)’’, a rappelé Moustapha Diop.
Selon lui, dans le cadre de la campagne ‘’Octobre rose’’ en cours, 695 femmes de Koungheul et de Birkelane (deux départements de la région de Kaffrine) ont déjà bénéficié d’un dépistage gratuit des cancers du col de l’utérus et du sein, avec un taux de positivité de 10%.
‘’Nous avons stoppé les légions précancéreuses qui se développaient chez ces 10%, grâce à une prise en charge effective, dans les centres de santé de Birkelane et de Koungheul’’, a assuré le médecin-chef de la région.
‘’Le cancer du col, comme celui du sein, commence à prendre des proportions très inquiétantes au Sénégal. Mais nous avons la chance d’avoir des stratégies de prévention’’, a-t-il souligné.
Selon Moustapha Diop, les centres de santé de Kaffrine et de Koungheul sont dotés d’appareils de dépistage et de traitement des légions précancéreuses.
M. Diop a profité de la campagne ‘’Octobre rose’’ pour inviter les Kaffrinois à veiller à ce que toutes les filles soient vaccinées.
Il a également demandé aux femmes dont l’âge varie entre 30 et 69 ans à faire le dépistage au moins une fois par an.
‘’Il faut également pratiquer l’autopalpation des seins après la période des menstrues pour détecter les légions suspectes, qui peuvent être diagnostiquées pour confirmer ou infirmer le cancer du sein’’, leur a-t-il conseillé.
HUIT NOUVEAUX CAS DE COVID-19
Les huit nouveaux cas proviennent de 1.017 tests effectués, ce qui donne un taux de positivité de 0,79%, contre 1,92% la veille.
Dakar, 25 oct (APS) – De 18 dans le bulletin quotidien de samedi, les nouvelles contaminations de Covid-19 sont passées à huit dans celui de ce dimanche, qui confirme l’absence de cas importés.
Les huit nouveaux cas proviennent de 1.017 tests effectués, ce qui donne un taux de positivité de 0,79%, contre 1,92% la veille.
Aucun cas importé n’a été signalé, signe peut-être de l’efficacité de la décision des autorités sénégalaises exigeant de toute personne désirant entrer dans le pays la présentation d’un test Covid-19 négatif de moins de cinq jours.
Les nouvelles infections sont constituées de trois cas contacts et de huit cas causés par la transmission communautaire, indique le bulletin, qui annonce la guérison survenue au cours des dernières vingt-quatre heures de 93 patients.
Quatre cas graves de Covid-19 sont pris en charge dans les services de réanimation des hôpitaux, indique la même source.
Aucun décès n’est survenu chez les patients, selon le dernier bulletin quotidien, qui assure que l’état des 975 personnes se faisant actuellement soigner de coronavirus est stable.
Au total, 15.551 cas de Covid-19 ont été recensés au Sénégal, 14.254 patients ont été guéris de la maladie à coronavirus qui a fait 321 morts dans le pays, précise la même source.
par Mamadou Ndoye
REINTRODUIRE L’HUMANISME DANS LES SERVICES ET SOINS
Nous nous devons de revoir notre rapport avec le « pouvoir », et notre besoin immense d’en faire démonstration depuis nos bureaux pompeux
Durant notre vie, nous n’avons pas arrêté de nous battre pour l’amélioration de la situation précaire de la masse des salariés et de dénoncer les environnements de travail très difficiles dans lesquels évoluent la plupart des professionnels, entre le manque de moyens matériels, les faibles revenus, la charge de travail et le niveau de stress élevé, la pression du résultat par les actionnaires au détriment de la qualité.
Tous ceux-là concourent au fait qu’il devient de plus en plus difficile pour les employés au premier front de délivrer un service de qualité.
Mais malgré cet état de fait, force est de constater que l’humanisme tend à disparaitre dans nos relations de tous les jours.
Notre leitmotiv à toujours été de ne jamais faire payer à un client ou à un collaborateur nos frustrations envers nos employeurs et tenter de servir jusqu’à la limite des moyens mis à notre disposition tout en allant puiser des valeurs intarissables, innées comme inculquées et lesquelles ne nécessitent aucun autre moyen ou approbation hiérarchique mis à part notre volonté à y user, à savoir : le respect, la considération, l'appréciation, l'écoute attentive, l'ouverture, l'accueil, la bienveillance, l'empathie, l'affection, l'amour et la fraternité, le tout regroupé en un seul terme l’humanisme (Niit Niité Moy Garab Bam). En effet, ne plus fréquemment observer ces valeurs précises dans nos relations est juste inexplicable dans une population se disant à 100% de croyants priant côte à côte le même Dieu qui place l’être humain au centre de tout.
Pour cet humain, client ou patient que nous avons en face de nous, si en plus d’un service exécrable, nous nous refusons d’user d’au moins une de ces valeurs d’humanisme dans nos interactions, nous devenons disons-le sans prendre de gants, des êtres sans âme.
Et pourtant, chacun de nous est client quelque part, personne ne peut se suffire à être en même temps son propre chauffeur, médecin, banquier, policier, gendarme, agent administratif, employé de maison, directeur, chef d’agence, boutiquier, serveur, boulanger, vigile, assureur, mécanicien, procureur ou juge. Le temps et l’espace ne nous le permettent pas et nous obligent ainsi à interagir. De ce fait, il est temps que chacun de nous, en ce qui le concerne et dans son travail ou « carré de pouvoir » dont il pense détenir seul la science infuse, fasse son introspection et traite son prochain comme lui-même souhaiterait être traité lorsque celui se présente devant lui pour un service ou des soins.
Nous nous devons de revoir notre rapport avec le « pouvoir », et notre besoin immense d’en faire démonstration depuis nos bureaux pompeux ou sobres en passant par les accueils, les caisses, les urgences, jusqu’au vigile devant la porte. Nos egos sont devenus tellement démesurés que le « moi » et « mes » ont pris trop de place dans cet espace que nous partageons tous quotidiennement.
Il est temps que nous réintroduisons dans nos relations, ce que nous connaissions de nos ancêtres et appris de nos religions, us et coutumes, pour que la Teranga tant chantée partout ait tout son sens et surtout un impact positif ou à défaut un amortisseur dans le dur quotidien de nos compatriotes sénégalaises et sénégalais qui fréquentent les points de services et de soins publics comme privés.
Cette semaine j’ai vécu deux expériences que j’aimerais partager.
Au commissariat de police, j’ai rencontré un chef de garde d’une correction et d’un humanisme déconcertant. Il n’a pas accédé à ma requête mais nous l’a expliqué d’une manière qui m’a enlevé toute velléité d’y ajouter une quelconque phrase autre que « merci ». Son attitude et empathie a été des milliers de fois plus efficaces que les « dégage », « client bi dafa sof » « banga koy def dou dafa nekhone » « dieundeul mba nga bayi » auxquels nous avions été habitués
Nous avons amené en panique mon neveu de 18 mois qui n’arrivait plus à respirer convenablement et commençait à perdre connaissance dans un grand hôpital de la région de Dakar. Ils ne lui ont même pas appliqué les premiers soins, et c’est toujours avec le petit dans mes bras que je suis ressorti avec lui, pas par faute de moyens, mais parce qu’au service d’urgence le médecin n’a même pas voulu le toucher ni le regarder. L’infirmier est ressorti et m’a signifié avec une indifférence déconcertante que le médecin « recommande » d’aller à Albert Royer de Fann. Le « monsieur » ne m’a prodigué aucun conseil sur la manière de le réanimer ou de le mettre hors de danger, ni même se soucier de quelle manière je vais le transporter. Rien, dans un grand hôpital. J’ai dû m’essayer à le maintenir éveillé et à l’aider à reprendre sa respiration (être aussi impuissant et sans aucune assistance et sentir un petit qui vient à peine de connaitre la vie de partir dans tes bras. Je n’ai jamais vécu ce niveau de stress durant mes 45 ans d’existence). Le réconfort que j’ai eu dans ce périple, c’est que durant le trajet un conducteur de scooter qui m’avait vu porter l’enfant dans la voiture a tenté avec un certain succès de nous déblayer le chemin jusqu’à Albert Royer et l’accueil dont a fait montre la préposée à l’entrée d’Albert Royer nous a montrés que l’humanisme est toujours présent chez certains de nos compatriotes et peut sauver une vie. Mon frère et moi leur sont très reconnaissants.
Aller à l’hôpital, a la banque, à la police, au tribunal, aux assurances, au supermarché, est devenu une douleur physique et financière mais si en plus nous y sommes traités comme des « non humains », alors qu’à coté nous voyons toute l’attention que ce même Sénégalais peut donner à son mouton : c’est juste déconcertant.
Ce médecin du grand hôpital ira demain se plaindre de l’administration, ou de l’assureur ou du banquier, des télécoms ou même de la boutique du coin, ou du restaurant où il a été reçu par une personne tellement désagréable et il devra s’estimer heureux d’en n’avoir perdu que son appétit.
L’humanisme dans les services et les soins consiste en une gestion respectueuse à tous égards de la personne et de la dignité humaine ; si nous l’enlevons dans nos relations nous sommes tous en danger et devant le bon Dieu que nous convoquons partout et à tout va il nous sera difficile de jurer que nous n’avons pas été auteur de meurtre involontaire ou « volontaire » sur l’humain.
Chers compatriotes, et si nous redevenions humains pour mieux vivre ensemble ?
MYTHE AUTOUR DU DËMM SÉNÉGALAIS
Ce n’est ni un anthropophage boulimique, ni un cannibale itinérant en quête de la bonne chair. Il est une omniprésente créature entrée dans le récit des aventures d’une société toujours attachée à sa mythologie malgré les ravages du temps
Le « dëmm » sénégalais n’est ni un anthropophage boulimique ni un cannibale itinérant à la quête de la bonne chère. Il est une omniprésente créature entrée dans le récit des aventures merveilleuses d’une société toujours attachée à sa mythologie malgré les ravages du temps. Cet « être » fabuleux est également un moyen pour certaines communautés de se défaire d’un individu ou d’un groupe encombrant en portant l’accusation sur lui, en le frappant d’anathème. Des familles se sont disloquées par le simple fait d’un réquisitoire public articulé autour d’une anthropophagie ritualisée.
« Jeunes, nous prenions la poudre d’escampette chaque fois que nous apercevions une vieille femme atteinte d’éléphantiasis. Elle ne semblait point agressive, mais son handicap physique l’avait mise en marge de la communauté. On disait de cette mamie impotente qu’elle se nourrissait de la chair fraîche des enfants ». Ce récit d’Abdoulaye Sow est très répandu dans les terroirs. La figure du « dëmm » traverse les âges et est entrée dans les imaginaires, au grand dam d’hommes et de femmes souvent pris de soupçons à cause de leurs conditions sociales, de leurs traits physiques, de leur âge avancé ou d’un projet d’exclusion sociale. « Dans notre village, vivait tranquillement une famille jusqu’au jour où elle a été accusée d’ »anthropophagie » après qu’un fils d’un notable a été amputé de sa jambe par des médecins pour apaiser son mal. On dirigea très vite les regards vers cette famille qui a, par la suite, disparu de la bourgade depuis les années 1960. Aucun des membres de ce lignage n’y a remis les pieds. Le village a même perdu leurs traces. Personne ne semble savoir ce qu’ils sont devenus. La légende qui s’est répandue au fil des âges raconte que le père, désespéré de voir son unique fils devenir une personne handicapée, a jeté un mauvais sort à cette famille frappée d’anathème », confie Salimata Dia, originaire d’un village du Fouta Toro.
Crime de la pauvreté
Au Sénégal, le « dëmm », dans l’imagerie populaire, ne porte pas les habits d’un cannibale boulimique comme les Fang d’Afrique centrale du 19ème siècle qui agrémentaient leur menu de chair humaine juste pour faire bonne chère. Il est une figure omniprésente dans les récits fabuleux et charpente les relations sociales dans certaines sphères où le référent imaginaire fait place au merveilleux et dresse des cloisons. C’est le cas dans une contrée sénégalaise où « il n’est pas recommandé de se trouver dans la demeure des cordonniers ou des tanneurs au déclin du jour. Pourtant, au petit matin, on n’éprouvait aucune crainte à les fréquenter. La vie suivait son cours normal jusqu’au crépuscule ; eux-mêmes sentant sans doute cet ostracisme, rechignaient à sortir la nuit au cours de laquelle les autres communautés villageoises les soupçonnaient de s’en prendre aux autres par leurs pratiques anthropophages », narre Lamine Niang, qui n’a pas toujours percé ce mystère de son royaume d’insouciance gouverné par cette créature entrée dans les imaginaires. Inexistante pour les uns, réalité du monde et de l’esprit pour les autres, elle demeure omniprésente dans le rapport à l’autre dans plusieurs communautés africaines et sénégalaises.
À Yoff Ndeungagne, une famille a aussi vécu dans l’infortune du réquisitoire public. « Ay dëmmlañu » (ce sont des « anthropophages ») ! Cette accusation a, pendant de longues années, plongé cette famille dans un abîme profond. Son indigence en a fait une proie facile, un bouc émissaire. La pauvreté est souvent associée au « dëmm ». On y raconte, sous le couvert de l’anonymat, que c’est grâce à l’ascension sociale d’un membre de cette famille que la malveillance à son égard s’est estompée. « Depuis notre tendre enfance, on nous interdisait d’aller dans certaines maisons avec un discours hermétique pour les mômes que nous étions », se rappelle Djibril, traumatisé, malgré l’œuvre du temps.
La vieille femme, le bouc émissaire idéal
« Une vieille femme, qui n’était pas des plus gracieuses certes, avec des grains de beauté sur tout le visage, avait quitté son patelin pour venir s’installer à Yarakh parce qu’elle était considérée comme une « dëmm ». Elle a préféré quitter son terroir pour ne pas compromettre l’avenir de ses enfants qui ne pouvaient y contracter mariage. Elle a mal vécu cette situation », fait savoir le quadragénaire Bassirou Diop qui se souvient de cette anecdote : « Un de mes cousins l’a vue en rêve avec sa fille et au réveil, il est tombé malade. L’information s’est répandue comme une traînée de poudre dans le quartier et cela a empiré la situation ». À en croire un professeur d’histoire et de géographie servant à Ziguinchor, la figure du « dëmm » relève d’une légende populaire. « Je suis en conflit avec ma mère depuis mon enfance car elle m’interdisait de fréquenter une mamie du quartier que je me plaisais à assister dans ses tâches quotidiennes. Chaque fois qu’il me gratifiait d’un repas, je mangeais sans arrière-pensée, au grand dam de ma mère convaincue de sa théorie », se souvient cet enseignant d’ethnie balante. Tout le monde n’est pas de cet avis malgré la modernité. C’est le cas du Saltigué Diène Ndiaye du centre Malango de Fatick. D’après lui, le « dëmm » est bien une réalité au Sénégal. « Nous reconnaissons les symptômes et la différence qu’il y a avec quelqu’un qui est possédé par un djinn », déclare-t-il, non sans ajouter que le malade suit trois mois de traitement (bain, encens, sacrifice, aumône…). La figure du « dëmm » défie le temps.
Par Eric NDOUR
UN PLAN DE RELANCE DITES-VOUS !!!!!!
Le dangereux Pap2A qui nous a été servi par les tenants du pouvoir risque d’être un plat mortel pour notre économie qui est déjà au bord de la dépression.
Le dangereux Pap2A qui nous a été servi par les tenants du pouvoir risque d’être un plat mortel pour notre économie qui est déjà au bord de la dépression. Il faut d’emblée signaler qu’il ne s’agit nullement d’un plan de relance, mais plutôt d’un plan de soutien avec des travaux à faire. Un plan de relance vise principalement à stimuler la croissance inclusive et le développement endogène et s’appuie sur les moteurs de l’activité économique, particulièrement sur les secteurs à haute intensité de main d’œuvre et les secteurs qui ont un effet multiplicateur sur la croissance.
En outre, son efficacité dépendra de l’affectation des fonds par ordre de grandeur et de priorité et de la profondeur des réformes structurelles. Un projet touchant tous les segments de la société devrait au moins épouser l’approche participative avec une consultation plus large de l’ensemble des acteurs politiques. La démarche solitaire du gouvernement montre à suffisance une tentative de saupoudrage.
Lancer 14712 milliards sur 3 ans sans perspectives à long terme ne sert techniquement à rien. A moins que l’Etat pense pouvoir régler tous nos problèmes avec les flux financiers issus de l’exploitation du pétrole à partir de 2023. Le Sénégal étant en déficit public quasi chronique, il ressort que ce Pap2A sera financé par des emprunts. Le taux de surendettement est déjà à un niveau de détresse et s’établira à plus 100% de notre Pib.
Cette stratégie politique pose particulièrement problème sur le bon diagnostic et l’efficacité des réponses apportées. Il faut juste rappeler que malgré les 1000 milliards d’apport pour lutter contre le Covid-19, le Sénégal reste très impacté, contrairement à la moyenne de la zone Uemoa où le taux de croissance attendu pour 2020 est de 1,3% contre 1,8% pour la Côte d’Ivoire et seulement - 0,7% pour le Sénégal. Je rappelle que le taux de mobilisation de nos recettes fiscales n’est que de 17% du Pib. Si les cash-flows attendus en 2023 ne sont pas au rendez-vous, le pays ne sera ni solvable ni liquide et sa capacité de remboursement sera terriblement faible.
Pire, la dette qui sera contractée pour financer ce fameux plan ne sera pas viable au grand dam des générations futures. Le constat est très amer : le Sénégal est extrêmement vulnérable en matière de dette intérieure publique et dette extérieure privée. Les effets pervers dus à l’augmentation de la dette et de la pression fiscale seront fatals à notre économie. Je rappelle que ce que le Sénégal dépense aujourd’hui, ce n’est pas de l’argent qu’il possède mais le peu de crédibilité qui lui reste. A l’heure actuelle, le pays est impécunieux. Hélas ! L’Etat est en train de trouver des excuses bidon pour faire ses dépenses courantes. Un appel du pied a été fait au secteur privé national pour une contribution à hauteur de 33% de ce plan.
Seulement ce secteur privé national n’a pas les moyens de lever ces montants colossaux sans l’appui de partenaires financiers. Il faudra obligatoirement une implication des banques nationales pour les accompagner. Le seul bémol est qu’il faudra être très attentif à la dette intérieure et de son niveau de remboursement. Le schéma de financement du Pap2A relève d’une escroquerie intellectuelle frauduleusement volontaire. Les prévisions irréalistes et utopiques dignes d’un marchand d’illusions meublent le contenu.
L’exemple le plus patent est la projection du taux de croissance à 13% alors que l’échec du Pse est toujours frais dans nos mémoires, surtout concernant l’objectif de la transformation structurelle de notre économie marquée par un taux de croissance totalement extraverti qui a fini de montrer ses limites dans ce contexte de Covid-19. La rigueur et la prudence auraient commandé de poser une hypothèse de Down case avec des estimations sur le taux de croissance hors pétrole qui représente l’économie réelle.
Les conséquences que pourrait engendrer ce plan sont multiples :
1. L’effet boule de neige avec un creusement continu et soutenu de notre déficit budgétaire sur une très longue période
2. L’effet d’éviction avec des risques probables de détournements
3. Nous avons une économie ouverte au reste du monde et nos entreprises locales ne peuvent pas «compétir» avec les multinationales si elles ne bénéficient pas d’une discrimination positive de la part de l’Etat à travers les commandes publiques, ou les contrats de sous-traitance.
4. Le déséquilibre de notre balance commerciale provoquée par une augmentation des importations, freinant ainsi le concept du «consommer local».
L’accélération de la souveraineté alimentaire exprimée par le gouvernement sonne comme un slogan creux au regard de la tenue de nos finances. Il faut souligner qu’entre 2019 et 2020, les importations de produits alimentaires (riz, sucre, produits laitiers, etc.) représentent 189,7 milliards de franc Cfa, soit 3,8% des importations. Il est le troisième poste d’importation après les biens d’équipements (4,4%) et les produits pétroliers. Les importations de produits alimentaires représentent 64,7% des recettes externes du budget (LFI2020).
Selon la Lfi de 2020, les recettes externes du budget (tirage sur don en capital et dons budgétaires) sont projetées à 293,5 milliards. Ce qui signifie que sur les dons en capital et dons budgétaires reçus de nos partenaires extérieures, il y a une ristourne de 64,7% à travers nos importations de produits alimentaires. Il est important de faire remarquer que le montant de nos importations en produits alimentaires (189,7 milliards de franc Cfa), c’est plus que le budget du ministère de la Justice (à peu près 102 milliards de franc Cfa), le budget du ministère du Développement industriel et de la petite et moyenne industrie (à peu près 116 milliards de franc Cfa), le budget du ministère de la Culture et de la communication (à peu près 60 milliards de franc Cfa), le budget du ministère de la Jeunesse (à peu près 105 milliards de franc Cfa), etc.
L’économie doit être tenue à bout de bras par les Pme et le secteur primaire, sinon elle s’effondre. Malheureusement, le gouvernement manque d’ambition et est trop frileux sur la stratégie d’accompagnement des Pme. Il urge de mettre en œuvre un «dispositif qui comporte quatre principaux axes, à savoir la promotion des Pme et l’amélioration de l’encadrement de ces entreprises, le refinancement des créances bancaires sur les Pme et enfin, la diversification des instruments financiers adaptés à leur financement».
Eric NDOUR
Analyste financier Cadre de banque
Secrétaire national adjoint à la jeunesse de Rewm
GORGUI CISS SANS MASQUE
Le maire de Yène reconnaît à chaque militant le droit de se porter candidat au secrétariat général du parti. Mais, considère le secrétaire national aux Relations internationales du PS, le débat posé par Serigne Mbaye Thiam est prématuré
C’est l’un des hauts responsables du parti à se prononcer après la sortie de Serigne Mbaye Thiam. Pour Gorgui Ciss, la fin de l’intérim de Aminata Mbengue Ndiaye n’est pas prévue par les textes du Parti socialiste. Dans cet entretien, le maire de Yène reconnaît à chaque militant le droit de se porter candidat au secrétariat général du parti. Mais, considère le secrétaire national aux Relations internationales du Ps, le débat posé par Serigne Mbaye Thiam est «prématuré».
Peut-on parler de crise au Parti socialiste ?
Oui et non. On peut parler de crise dans la mesure où la quiétude que le parti avait connue depuis le mois de mars avec le Covid-19 et même avant, a été interrompue. Avec le Covid-19, les activités ont été arrêtées mais avant nous avons tenu des réunions et le Secrétariat exécutif national avait édicté un certain nombre de directives allant dans le sens de la vente des cartes, des renouvellements et de la massification du parti. Mais subitement, quand on veut coûte que coûte nous donner l’impression qu’il nous faut tout de suite aller à un congrès, c’est cela la nouveauté. A partir de ce moment, chacun est y allé avec son commentaire. Je crois que nous pourrons nous entendre si, en responsables, nous arrivons à nous retrouver pour parler sereinement de ces questions. On peut toujours trouver un terrain d’entente. De ce point de vue, on peut dire qu’il y a une crise. Mais il n’y a pas de crise parce que notre parti est organisé avec des textes qui régissent son fonctionnement. Quand on nous dit qu’il y a une fin pour l’intérim, ce n’est pas prévu par nos textes qui n’ont jamais parlé de délai par rapport à un intérim. Nos statuts sont clairs : la circulaire relative aux renouvellements des instances dit qu’il faut terminer les renouvellements, aller à une période d’ouverture des candidatures, élire le Secrétaire général du parti avant d’aller au congrès.
Etes-vous d’accord avec Serigne Mbaye Thiam quand il dit que par définition l’intérim doit avoir une fin ?
Tout à fait, mais ça dépend. On ne peut pas décréter la durée de l’intérim. Il faut savoir discuter et apprécier les situations pour se donner un échéancier. Par exemple, pour la vente des cartes, on peut dire que chaque coordination qui atteint un taux de vente de 65% peut renouveler. Si on apprécie et qu’on trouve un seuil critique, la direction du parti peut fixer l’organisation du congrès à cette période. Ce qui va correspondre à la fin de l’intérim. Mais tout cela doit être discuté.
Donc, vous estimez que Serigne Mbaye Thiam a brisé la quiétude du parti ?
Oui, mais vous savez, à partir du moment où c’est une question assez importante pour notre parti, c’est normal que les principaux responsables du parti en parlent. C’est un débat d’idées mais le moment venu, on pourra, tous ensemble, s’asseoir et en discuter.
On vous a entendu dire que Serigne Mbaye Thiam n’a pas la «légitimité» pour être Secrétaire général du Ps. Sur quoi vous vous fondez ?
Ce n’est pas ce que j’ai dit. De mon point de vue, pour être Secrétaire général d’un parti, il faut au moins un certain nombre de critères dont la représentativité mais également une légitimité historique. Il faut aussi un leadership en politique. J’ai dit que le leadership en politique, ce n’est pas un décret qui le donne, il se construit à la base à l’approche des militants et, à partir de ce moment, on peut devenir un leader en partant du local. On ne gère pas les militants d’un parti comme des administrés. Quand on est un directeur, on a des agents. Ça, c’est un décret qui vous permet d’avoir un leadership là-dessus. Quand on veut nous faire croire que lui (Serigne Mbaye Thiam) est le candidat idéal comme il dit et qu’il y a beaucoup de personnes qui sont allées le voir pour qu’il devienne le Secrétaire général, de mon point de vue, il n’est pas le meilleur candidat. C’est ce que j’ai dit mais il est loisible à chaque militant de se porter candidat pour diriger le parti. Ce sont les militants qui élisent le Sg de façon souveraine.
Il y a votre camarade Malick Faye de la coordination de France, soutien de Serigne Mbaye Thiam, qui vous rappelle votre fronde à la fin du règne de Ousmane Tanor Dieng. Que lui répondez-vous ?
Je n’ai jamais animé une fronde contre Ousmane Tanor Dieng et je vous renvoie à ma dernière interview avec le journal Le Quotidien.
Vous étiez contre la reconduction des deux ministres socialistes…
Très bien. Cela n’a rien à voir avec une fronde. J’ai dit que si vous me demandiez mon avis, j’aurais proposé une rotation. Après avoir passé 7 ans comme ministre dans un parti qui cherche à attirer les jeunes et qui regorge des ressources humaines de qualité, j’avais dit qu’on avait raté de donner un signal très fort. Voilà ce que j’avais dit et je le maintiens. Ce n’était pas bien pour le parti et on a vu ce qui s’est passé. Je n’ai jamais mené une fronde contre Tanor.
On vous a vu critiquer la direction du parti dans des manifestations à Yène…
Je ne suis pas quelqu’un qui critique pour critiquer. J’ai donné mon point de vue sur la situation du parti. A l’époque, j’ai dit ce que j’avais à dire.
Serez-vous candidat au Secrétariat général du Ps ?
A chaque chose, son temps. Le processus étant enclenché, les candidatures ne seront ouvertes qu’une fois les renouvellements terminés. En ce moment, tout militant qui le souhaite, pourra déclarer sa candidature soutenue bien sûr par une instance du parti, soit une coordination, un département ou une région. D’ici à cette période, tout peut se passer.
Avez-vous des ambitions pour diriger le parti ?
On ne peut pas empêcher quelqu’un de dire ce qu’il pense ou d’exprimer une préférence.
Quelle est votre préférence ?
Je suis un militant du parti depuis 1975, donc de très longue date. Je suis devenu responsable au niveau local en étant président de communauté rurale, maire, premier vice-président du Conseil départemental de Rufisque actuellement et je m’occupe des Relations internationales au niveau du parti.
Dans quel camp vous situez-vous au sein Ps entre Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mbengue Ndiaye ?
C’est trop réducteur. Il n’y a pas de camp de X ou Y. Nous sommes un parti organisé avec une Secrétaire générale. Nous sommes avec Aminata Mbengue qui est Secrétaire générale du parti. Quand il s’agira de choisir un Secrétaire général, il appartiendra à chaque militant de choisir son camp.
Donc, le débat que pose Serigne Mbaye Thiam n’a pas lieu d’être ?
Je trouve que c’est un débat prématuré. Pour les Locales, il y a des gens qui déclarent leur candidature alors qu’on ne connaît pas encore la date. Pourtant, il y a des gens qui parcourent les villages et les campagnes pour faire campagne. Pour tout responsable du Ps, l’urgence serait de retourner dans nos bases respectives pour animer le parti, travailler à sa massification et préparer les élections locales. La base est l’expression par excellence où on peut bâtir le leadership. C’est mieux que de nous projeter vers un congrès dont on ne connaît pas la date. Avant d’aller au congrès, il y a des préalables.
En tant que maire de Yène, pensez-vous que les Locales peuvent se tenir au mois de mars 2021 ?
Je ne sais pas mais cela va être difficile pour plusieurs raisons. Tout va dépendre des consensus autour desquels le dialogue politique et le dialogue national auront abouti. Il faut un audit du fichier électoral demandé par l’opposition avant d’aller à la révision des listes. Tout ça va prendre du temps. Mais, manifestement, organiser les élections au premier trimestre de l’année 2021, ça risque d’être trop serré.
Quelle lecture faites-vous des problèmes fonciers rencontrés un peu partout au Sénégal ?
On a toujours parlé de foncier au Sénégal. Ce n’est pas nouveau. Je pense qu’on n’en a beaucoup plus parlé sous le régime de Wade. Il reste entendu que le foncier est un problème. Mais la nature de ce foncier au Sénégal prête à équivoque. Il y a une loi de 1964 qui a nationalisé l’essentiel des terres du Sénégal, c’est-à-dire 95%. Mais le paradoxe est que les propriétaires à l’époque ont été dessaisis des terres au profit de l’Etat, et ce même Etat a laissé ces terres aux mains de ces mêmes occupants et exploitants qui ont continué à penser qu’il y a une loi mais que celle-ci ne s’appliquait pas à eux. Pour le paysan, la terre de ses ancêtres lui appartient mais au regard de la loi, la terre appartient à l’Etat. Quand l’Etat décide de prendre un terrain du domaine national où des paysages sont installés depuis des siècles, les paysans ont raison de considérer que ces terres leur appartiennent. Donc, l’Etat doit négocier avec ces propriétaires coutumiers avant d’ériger sur ces terres des projets d’utilité publique ou de les céder à des tiers.
Est-ce le cas actuellement ?
C’est là où il y a des problèmes parce que quand l’Etat veut immatriculer des terres, il y a une procédure prévue par la loi. Mais très souvent, dans de nombreux cas, la procédure n’est pas respectée. Par exemple, la collectivité concernée devait être partie prenante. Mais il arrive souvent que l’Etat immatricule des terres pour des projets ou il les cède à un privé alors que la commune ou le maire n’est pas au courant à plus forte raison les paysans. L’Etat doit revoir tout ça.
Le Ps va-t-il soutenir Macky Sall pour un éventuel mandat ?
C’est un débat prématuré et qui n’intéresse que ceux qui l’entretiennent. On ne peut pas réélire le Président Macky Sall et en moins de 2 ans nous parler de 3ème mandat. Pour moi, ce n’est pas un débat. Le moment venu, on répondra. A chaque chose, son temps.
Me El Hadji Diouf a encore fait parler de lui. Avocat du candidat à la présidentielle guinéenne Cellou Dalein Diallo, il n’a pas épargné les chefs d’Etats qui essayent par tous les moyens à briguer un troisième mandat.
Me El Hadji Diouf a encore fait parler de lui. Avocat du candidat à la présidentielle guinéenne Cellou Dalein Diallo, l’avocat n’a pas épargné les chefs d’Etats qui essayent par tous les moyens à briguer un troisième mandat.
« Tous les présidents comme lui qui veulent un troisième mandat, je les considère comme des idiots », a d’entrée déclaré Me El Hadji Diouf. Pour lui, Cellou Dalein Diallo devait être président de la Guinée depuis 2010. « À l’époque, il avait récolté 51% des suffrages. Ils sont restés pendant 4 mois avant d’organiser un second tour d’une élection qui était remportée par un candidat », a rappelé la robe noire.
Selon Me El Hadji Diouf, Cellou Dalein Diallo est victime d’un complot. Il n’a pas raté la Cedeao, jusque-là aphone. « Il est victime d’un complot international. Un général Malien envoyé par l’Oif a été porté à la tête de la Ceni. J’ai suivi une déclaration des gens corrompus de la Cedeao qui disent déplorer la déclaration de Cellou Dalein. Il faut savoir qu’ils ont été surpris dans un hôtel en train de se partager de l’argent. Ils sont corrompus c’est des menteurs », a-t-il révélé.
Et pour faire face à ce qu’il appelle les dérives de Condé, Me El Hadji Diouf affirme que l’Ufdg a pris ses dispositions. « Cette fois-ci, Cellou Dalein a pris toutes les dispositions pour éviter un hold-up -électoral. Avec un logiciel performant et près de 800 experts en informatique pour suivre le processus. (…). Les Guinéens ne se laisseront pas faire. Ils sont prêts à accompagner leur président jusqu’au palais », a-t-il ajouté.
LE MERCURE VA GRIMPER JUSQU’À 42° C CE SAMEDI
La chaleur va persister, ce samedi, surtout dans les régions du nord et du centre, où les températures les plus élevées vont varier entre 38° et 42°C, annonce l’ANACIM
Dakar, 24 oct (APS) – La chaleur va persister, ce samedi, surtout dans les régions du nord et du centre, où les températures les plus élevées vont varier entre 38° et 42°C, annonce l’ANACIM, l’agence météorologique nationale.
Dans l’après-midi et durant la nuit, ‘’des débordements de perturbations en provenance de la Guinée pourraient occasionner des pluies faibles dans les régions sud du territoire’’ sénégalais, ‘’surtout dans les localités de Ziguinchor et Cap Skirring’’.
‘’Les visibilités seront généralement bonnes’’, et les vents seront d’‘’intensité faible ou modérée’’.
LA CONSTITUTION EST TRES CLAIRE
Ibou Sané, enseignant en sciences politiques, diagnostique les maux dont souffrent les formations politiques non sans aborder le cas de la Guinée
Depuis la réélection de Macky Sall à la tête du pays, on a l’impression qu’il n’existe plus d’opposition au Sénégal. A l’exception notable du leader de Pastef, Ousmane Sonko, la plupart des adversaires du régime, à l’image d’Idrissa Seck, observent un mutisme total. Ce qui laisse présager la mort programmée de leur parti. Procédant à une analyse profonde des crises au sein des partis de l’opposition, de l’avenir politique de Khalifa Sall et de Karim Wade, le Pr Ibou Sané, enseignant en sciences politiques, diagnostique les maux dont souffrent ces formations politiques non sans aborder le cas de la Guinée.
Face à la situation que vivent les principaux partis de l’opposition, peut-on dire que le Président Macky sall a réussi à réduire l’opposition à sa plus simple expression comme il l’avait promis ?
Pour reprendre un peu Jean Pierre Olivier De Sardan, je dirais que nous sommes dans une arène. En tant que tel, c’est un lieu d’affrontements, mais aussi un lieu où on met en place des stratégies. Et celle du Président Macky Sall semble être payante. D’autant que depuis 2012 jusqu’à maintenant, il a réussi à bloquer l’opposition, en créant une entité forte qui est le Benno Bokk Yaakaar (Bby). Ce bloc ne s’est pas encore fissuré, contrairement à ce que les gens pensent. Malgré les soubresauts et les difficultés du pays, ce bloc est resté intact. C’est parce que ce bloc est fort qu’on a l’impression qu’il y a entre lui et l’opposition une forme de distance qui est de plus en plus grande. Aujourd’hui, l’opposition est incarnée par un ou deux personnes. Il n’y a qu’Ousmane Sonko qui essaie d’émerger du lot en tapant à toutes les portes, en se faisant voir partout. Même s’il n’est pas obligé parfois de paraître puisqu’en paraissant, il attaque et en attaquant, il ne donne pas des solutions de sortie de crise. Donc, quand on regarde les leaders de l’opposition, on se rend compte qu’ils sont presque à peu près de même niveau. Tout le contraire de ce qu’on avait en 2000 où Me Abdoulaye Wade incarnait toute l’opposition. C’était quelqu’un de très fort et de très puissant qui savait embrigader tout le monde dans son mouvement. Ce qui faisait un peu qu’il était craint par le parti au pouvoir. Mais les gens oublient que le Président Macky Sall est quand même un élève du Président Abdoulaye Wade. Il connaît un peu ce qu’est le pouvoir. Le pouvoir, c’est la ruse, l’intelligence en mouvement etla dynamique. Les opposants avaient négligé le Président Macky Sall, ils croyaient qu’il ne pouvait pas embrigader tout le monde dans son mouvement, mais ils se sont rendu compte effectivement que c’est quelqu’un de très intelligent, qui ne parle pas beaucoup, qui est efficace et qui arrive toujours à tenir son opposition à distance. Maintenant, qu’il ait soutenu qu’il va réduire l’opposition à sa plus simple expression, cela ne veut pas dire qu’il usera de tous les moyens pour écraser ses opposants. Ses opposants aussi sont des intellectuels et des gens qui réfléchissent. Le problème de l’opposition actuellement, c’est qu’elle n’a pas le vent en poupe, parce qu’elle est complètement émiettée, complètement divisée et personne ne veut céder la place à l’autre. Dans ces conditions, il est difficile d’avoir un leader charismatique. Ainsi, chacun prêche pour sa propre chapelle. Ce qui donne encore du poids et de la force au Président Macky Sall.
Dernièrement, on a noté le début d’une bataille de positionnement entre Serigne Mbaye Thiam et Aminata Mbengue Ndiaye au sein du Parti Socialiste. Quelle lecture en faites-vous ?
Il fallait s'y attendre, parce que comme le disait Pierre Bourdieu dans son ouvrage intitulé :«La domination masculine», les gens ont tendance à croire que les femmes ne peuvent pas diriger. Surtout au Sénégal où on ne veut pas que les femmes dirigent les partis politiques. Le leadership féminin, on le trouve un peu dans le domaine social et dans le domaine économique, mais pas dans le milieu politique. C’est là la conséquence qui fait qu’au Parti Socialiste, les hommes commencent à tirer à boulets rouges sur Aminata Mbengue Ndiaye pour qu’elle se décourage et qu’ils viennent prendre les commandes. Pourtant, Aminata Mbengue Ndiaye aurait pu diriger le Ps parce qu’elle connaît bien le parti et est là depuis plusieurs années. A mon avis, Serigne Mbaye Thiam a intérêt à faire beaucoup attention, parce que cette femme-là est dynamique. Elle connaît le pays et a des réseaux extrêmement importants qui pourraient la propulser le plus longtemps possible dans le parti. Serigne Mbaye Thiam a plutôt intérêt à négocier pour que, plus tard, elle lui transmette le témoin et qu’il continue. Mais s’il veut imposer un rapport de forces, Aminata Mbengue Ndiaye sera soutenue par les personnes âgées du parti. En plus de cela, elle a beaucoup d’atouts. Non seulement elle est une femme calme, mais aussi elle connaît le parti pour y avoir milité très tôt. Elle a accompagné les différents chefs d’Etat dans le parti et elle est très puissante. Alors que Serigne Mbaye Thiam est un militaire qui a des lignes et des positions très dures. C’est un homme rigoureux certes, mais aussi très dur. Or dans les partis politiques, on demande un peu de flexibilité. Si on est dur, on n’aura personne autour de soi.
A quel avenir politique doit s’attendre Khalifa Sall ? Et qu’en est-il de son éligibilité ?
Khalifa Sall a une épée de Damoclès au-dessus de la tête, si bien qu'il ne peut rien faire et qu’il ne peut pas bouger. Il peut s'agiter, mais il ne peut pas faire grand-chose. Tant que le Président Macky Sall ne les aura pas amnistiés, lui et Karim Wade sont hors-jeu dans le champ politique. Donc, ils ont intérêt à négocier pour que le Président Macky Sall puisse demander à l’Assemblée Nationale de voter une loi d’amnistie. Et auquel cas, ils pourront jouer leur partition. Mais comme en politique tout est problème de calcul, et comme le disent les sociologues, la vie c’est de l'intérêt, Macky Sall a intérêt à ne pas les amnistier très tôt. Parce que s'il les amnistie très tôt, il va scier la branche sur laquelle il est assis. Par conséquent, Khalifa Sall et Karim Wade sont en difficultés parce que tant qu'ils ne seront pas amnistiés, ils ne peuvent rien faire.
Comment analysez-vous la situation du Pds qui a connu une saignée depuis la défaite de Me Wade et qui est aujourd'hui en quête de leadership ?
Je l'ai dit depuis 2009 et je continue de le dire mais je pense que les libéraux ne m'ont pas assez écouté. J’ai dit que le président Abdoulaye Wade aurait des difficultés pour garder le parti d’autant plus qu’il voulait propulser son fils au-devant de la scène. Or en démocratie, ce sont les militants qui désignent et non le chef de parti. La démocratie directe voudrait que chacun puisse lever le doigt et que le parti ait à désigner son candidat. Mais Malheureusement, comme le président Abdoulaye Wade lui-même a désigné son fils, il a joué à beaucoup de subterfuges. Mais on se rend compte que ce que disait le président Wade à l’époque, c’est qu’il travaillait pour son fils. Malheureusement, actuellement son fils est en difficultés. Il persiste et le parti est en train de se disloquer progressivement. Les gens sont en train de dribbler par jeux d'alliances quelque part, et s'il continue à s'entêter dans cette voie, le parti risque d'être complètement en lambeaux. Et cela n'est pas bon. Le deuxième problème que j’avais dit à l'époque, c'est que le parti socialiste et le Pds ne sont pas prêts à revenir de sitôt au pouvoir parce que, en général, quand vous perdez des élections, les gens ont tendance à vous oublier tout de suite. Ils préfèrent que vous alliez faire votre apprentissage à l’opposition, que vous attendiez que les autres gouvernent et que vous reveniez s'il le faut plus tard. Donc quoi qu'il arrive, le Pds est un parti complètement déchiqueté où les gens sont partis pour rejoindre d'autres alliances et qui, sur le plan financier, est à court de ressources. En Afrique, les idéologies ont disparu et le champ politique est devenu un champ d’intérêts où chacun va parce qu’il a un intérêt quelque part, même si on ne le dit pas.
Quelle lecture faites-vous de la situation en Guinée où on voit naître les germes d’une violence postélectorale ?
Il y a deux variables d'analyse en Guinée. La première, c'estla problématique ethnique que les gens ne prennent pas suffisamment en compte dans leurs analyses. Parce que le pouvoir économique est détenu par les Peuls et le pouvoir politique par les Malinkés. Et maintenant que les Peuls veulent à la fois avoir le pouvoir économique et politique, les Malinkés ne sont pas prêts à lâcher le pouvoir politique. Quoi que cela leur coûte. Parce que pendant longtemps, les Peuls ont souffert sous Sékou Touré au point que quand on parle d’émigration à travers l’Afrique, on fait souvent référence aux Peuls. Maintenant qu’ils ont la chance d’aller prendre le pouvoir, les Malinkés ont peur que demain, les Peuls puissent aussi avoir un esprit revanchard. Du coup, comme Alpha Condé est malinké, on lui demande de perpétuer la tradition. La deuxième variable d’analyse, c’est qu’en Afrique, on n’aménage pas des portes de sortie pour nos présidents et qu’on leur permette demain de ne pas quitter le pays et de rester sur place. Vous avez vu ce qui s’est passé en Mauritanie et en Angola. La seule personne qui a réussi que le pouvoir soit stable, c’est au Congo avec Etienne Tshisekedi qui a réussi à ménager un peu Kabila. Mais tant que les présidents sortants ne seront pas sécurisés, il n’y aura pas d'alternance au pouvoir. L’exemple sénégalais est une exception en Afrique. Qu'on ait deux alternances ailleurs, ce n'est pas possible. Parce que les gens ne veulent pas scier aussi la branche sur laquelle ils sont assis. Ils préfèrent s’accrocher au pouvoir plutôt que de se faire éjecter et de vivre demain toutes les conséquences de leurs agissements. Donc c'est très difficile en Afrique. Au Sénégal, les gens soupçonnent le président Macky Sall de préparer un troisième mandat. Mais rien ne nous le dit. C’est un problème de morale et d’éthique. Il faut que lui, il se dise : bon je suis jeune, je peux quitter le pouvoir et revenir plus tard ; ou bien alors il se dit : ce qui se passe ailleurs aussi, avec les gens qui commencent à avoir les mêmes repères que les autres pays africains, eh bien ! je peux être amené moi aussi à faire la même chose. La constitution est très claire et parle de deux mandats consécutifs. Et quand vous les analysez, ce sont deux mandats de 5 ans. Et les gens pensent que les 7 ans effectués plus les 5 ans en cours font deux mandats. En ce moment, ça ne dépend que de lui. Et comme jusqu’à présent il n’a dit ni oui ni non, il faut qu’on le laisse tranquille. Même la loi est floue et il n’y a que lui seulement qui peut décider d’avoir ou pas un troisième mandat. Et si nous continuons à le harceler comme ça, il risque de s’arcbouter sur sa position.