Octobre Rose qui est une campagne de sensibiliser au dépistage du cancer du sein, a démarré hier, jeudi 1er octobre et se poursuit jusqu’au 31 courant. Au programme de cette année, la présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer (Lisca), Dr Fatma Guenoune jointe par téléphone hier, annonce des consultations sur rendez-vous téléphonique pour cause de covid-19. Mais d’emblée, elle confie qu’il y’a plus de 1800 nouveaux cas de cancer de sein chaque année au Sénégal avec plus de 80% de décès.
Selon la présidente de la Ligue sénégalaise contre le cancer du sein (Lisca), Dr Fatma Guenoune, il y’a plus 1800 nouveaux cas de cancer du sein chaque année au Sénégal avec plus de 80% de décès. La campagne Octobre Rose qui a débuté hier, 1er jeudi octobre, vise ainsi à sensibiliser au dépistage de cette maladie qui fait des ravages chez les femmes. Comme chaque année, durant un mois, les campagnes de communication se renforcent pour faire connaitre la maladie et rappeler l’importance du dépistage.
Toutefois, avec la covid-19, le rendez-vous annuel «Octobre Rose» se déroulera différemment cette année. «Dans ce contexte de pandémie, au lieu de faire des consultations, des journées grand-format où on a plus de 1000 ou de 2000 femmes, nous organisons du 1er au 31 octobre, chaque jour, des consultations au niveau du siège de la Lisca et aussi nous allons nous déplacer en banlieue pour des consultations surtout au niveau des zones très sensibles où les femmes ne pourront pas se déplacer pour être à leur côté, les examiner. Les femmes qui désirent de se faire examiner, doivent prendre un rendez-vous au téléphone pour qu’on puisse leur organiser des consultations, soit le matin, soit l’après-midi parce que nous prenons 100 femmes par jour et nous ne voudrons pas qu’elles se regroupent», a fait savoir Dr Fatma Guenoune. Elle ajoute que la subvention des mammographies pour les femmes âgées de plus de 40 ans se poursuit. «Toute femme qui a plus de 40 ans qui désire se faire dépister par un examen de mammographie, passe à la Lisca pour prendre un bon qui lui permet d’aller payer au niveau du radiologue de son choix », a tenu à préciser la présidente de la Lisca.
En effet, la covid-19 n’a pas été sans conséquences sur la lutte contre le cancer. Selon Dr Fatma Guenoune, elle a entrainé un retard de prise en charge des malades mais aussi un report de rendez-vous médicaux. «Il y’a le retard de prise en charge d’une part parce que les malades avaient peur d’aller se faire diagnostiquer au niveau des centres de santé et des malades qui avaient entamé un traitement avec la fermeture de la circulation entre les villes, n’ont pas pu venir continuer leur traitement. Déjà, il fallait chercher une autorisation et pour la trouver, c’était assez difficile. Il y’a aussi les reports de rendez-vous parce que dans un premier temps, personne ne savait quoi faire, même pour les interventions au niveau des blocs opératoires, on ne prenait que des urgences. Donc, il y’avait des retards d’interventions chirurgicales», a expliqué Dr Fatma Guenoune. Le lancement officiel de la campagne Octobre Rose aura lieu ce jour et sera marqué par l’inauguration d’un appareil de mammographie au district sanitaire de Yeumbeul.
LES DOLÉANCES DES ACTEURS DE L'ORPAILLAGE
Ils appellent l’État à mettre en place une structure tripartite interministérielle regroupant les départements des Mines, de l’Environnement et du Commerce, pour que l’exploitation traditionnelle de l’or kédovin et ses retombées profitent à Kédougou
Dans ce dernier jet du dossier «A la Découverte du Graal Kédovin : l'orpaillage traditionnel, un mal nécessaire!» (Voir depuis notre publication de mardi 29 septembre 2020), Sud Quotidien donne la parole à des responsables et acteurs locaux directement concernés par l’orpaillage traditionnel dont l’essentiel de la production et des recettes échappent encore à l’économie nationale. Suffisant pour qu’ils appellent l’État à mettre en place une structure tripartite interministérielle regroupant les départements des Mines (et des industries extractives), de l’Environnement et du Commerce, pour que l’exploitation traditionnelle de l’or kédovin et ses retombées financières profitent réellement à la région de Kédougou et à l’économie sénégalaise.
Pour une entité interministérielle dédiée à la gestion et au contrôle de l’orpaillage
Pour une meilleure organisation et visibilité de l’activité d’orpaillage traditionnel au Sénégal oriental (Kédougou principalement) et pallier les nombreux problèmes déplorés dans les dioura et zones qu’ils polarisent, l’État du Sénégal avait octroyé aux orpailleurs Sénégalais des cartes d’orpaillage en 2013. Ainsi, grâce à ce sésame, ces derniers pouvaient engager, à leur service, des travailleurs venant de la sous-région. Seulement, ces cartes arrivent à expiration cette année-ci, au grand dam des orpailleurs qui craignent que «l’orpaillage traditionnel ne soit secoué par de nouvelles tensions», si elles ne sont pas renouvelées. Aussi cette mesure était-elle accompagnée, sur le plan économique, par la mise en place de comptoirs commerciaux pour permettre à la population de bénéficier des retombées financières des «dioura». Mais force est de relever que, contrairement aux attentes, la population locale ne capture qu’une infime part de cette production et de sa valeur. Car les diouratigui préfèrent non seulement aller vendre l’or aux plus offrants, notamment à des commerçants ressortissants de pays voisins, mais aussi sont découragés par les saisies malencontreuses de leurs «biens» par les douaniers et autres forces de l’ordre. Interpellés, des responsables et acteurs locaux du secteur de l’orpaillage traditionnel donnent la recette pour que la région de Kédougou et l’Etat du Sénégal profitent pleinement des retombées économiques de cette activité en sécurisant la production et les circuits de vente pour mettre fin à la fuite des capitaux et de l’or vers les pays voisins. Pour cela, ils proposent l’implication de tous les ministères concernés et la mise en place d’une structure tripartite interministérielle regroupant les départements des Mines (et des industries extractives), de l’Environnement et du Commerce pour une meilleure gestion de l’orpaillage et une traçabilité comme un meilleur contrôle des activités et productions des « dioura ».
MAMADOU DRAME, PRESIDENT DE L’ASSOCIATION DES ORPAILLEURS DE KEDOUGOU : «Si l’activité était négative à 100%..., elle aurait disparu depuis longtemps»
«Nous voulons aujourd'hui que le ministère des Mines et de la Géologie, en partenariat avec les détenteurs de permis qui sont dans la jungle, essaie de voir comment faire pour délivrer les couloirs aux orpailleurs. Sur les 16 couloirs qui ont été donnés, dont 14 pour la région de Kédougou et 2 pour celle de Tambacounda, la quasi-totalité ne fonctionne pas parce ces endroits ne sont pas très riches en or. D'autant plus qu'on demande souvent aux détenteurs de permis de céder une partie de leurs parcelles, ce qui est dérisoire, alors qu'il est difficile de trouver une surface qui rapporte. L’équipement mis en place à Bantako pour l’extraction du minerai coûte très cher, 50.000.000 de F CFA. Quand nous demandons un permis d’exploitation, qu’il soit artisanal ou semi-mécanisé, on paie 4.000.000 de F CFA la première année puis 2.000.000 de F CFA la deuxième et la troisième année. Ce qui fait en tout un montant global de 8.000.000 de F CFA sur une période de 3 ans. Il s’y ajoute la taxe superficielle, en raison de 50.000/m², pour un coût global de 2.500.000 l’an. Ce qu’il y a lieu de dire est que l’orpaillage peut-être une activité extrêmement bénéfique pour les hôtes, les populations. Mais il faut un encadrement des services, notamment ceux en charge des Mines et de la Géologie. Aujourd’hui, il est temps que le ministère des Mines et de la Géologie se dote dune structure pour la gestion uniquement des activités traditionnelles ; c’est la seule solution qui permettrait de pouvoir encadrer ce type d’activité. Mais audelà des activités purement négatives, l’orpaillage est un secteur qui rapporte énormément. Pour preuve, la plupart des maisons, ici à Kédougou, sont construites par ces orpailleurs-là. Les grands commerces approvisionnent les orpailleurs. Donc, le tissu économique de ces régions ordinaires dépend étroitement de cette activité. Aujourd’hui, il est très nécessaire et urgent que le ministère des Mines et de la Géologie s’en charge, en rapport avec le ministère de l’Environnement et du Développement durable et celui du Commerce, par la mise en place d’une structure interministérielle avec la création d’une structure nationale qui va porter la gestion durable de ces activités traditionnelles notamment l’orpaillage, les exploitations de résidus miniers. Parce qu’il y a énormément de résidus miniers qui peuvent être valorisés partout dans le Sénégal, notamment dans la construction. Car si l’activité était négative à 100%, c’est sûr qu’elle aurait disparu depuis longtemps ; mais ce sont ses plus-values sur l’économie directe qui font que l’orpaillage doit être encadré et même sécurisé».
KHALIL, GERANT DE COMPTOIR DE COMMERCE D’OR : «Les ressortissants des pays voisins achètent l'or brut... pour aller le revendre ailleurs au prix fort»
«Il y a un gap entre la quantité d’or produite et celle vendue à l’étranger qui est plus forte. L'Etat et les industries extractives doivent vendre une partie de leurs productions aux comptoirs pour alimenter le marché local, pour permettre aux bijoutiers de se ravitailler. En effet, la production des nationaux devrait combler ce gap ; mais jusqu'à présent, ils n'ont ni le soutien ni l'accompagnement nécessaire, encore moins de garantie au niveau du fonds minier de subvention. Nous sommes livrés à nous-mêmes, alors que le Plan Sénégal Émergent (PSE) conçoit le secteur minier comme un levier de développement.
La fuite de l'or du Sénégal vers les pays voisins qui achètent presque tout l'or produit par les orpailleurs est aussi un facteur qui appauvrit la région. L’Etat devrait mettre en place des structures de contrôle pour contrer ce phénomène. Les étrangers qui travaillent dans les zones d'exploitation (dioura) ne s'aventurent pas à rentrer dans la ville de Kédougou pour vendre leur or car les corps de contrôle qui devrait être dans les frontières à filtrer les entrées et sorties sont positionnés dans la ville pour intercepter l'or des producteurs artisanaux. Ce qui contribue fortement à les décourager à venir vendre leur or aux comptoirs. Enfin, l’État devrait mettre en place une structure chargée de réguler le coût de l’or qui parfois peut atteindre les 25.000 F CFA, au lieu de 20.000 ou 20.500 F CFA le gramme d’or brut. La hausse du prix fait que les ressortissants des pays voisins achètent l'or brut au prix du fixing de Londres et même au-dessus du fixing pour aller le revendre ailleurs au prix fort, au grand dam des comptoirs. Donc, c’est tout un processus qui nécessite d’être assaini pour que tout le monde y trouve son compte».
LANSEYNI SY, PRESIDENT CONSEIL DEPARTEMENTAL DE KEDOUGOU : «Je ne peux pas comprendre que l’on offre toutes ces mines d’or aux sociétés minières»
«Concernant l’exploitation minière de façon traditionnelle que l’on appelle ici les dioura, j’avoue que c’est une activité fort rentable. Mais ce que je ne peux pas comprendre, c’est le fait que l’on offre toutes ces mines d’or aux sociétés minières. D’ailleurs, la plupart des mines qui sont exploitées sont déclarées non rentables par les sociétés minières. Ce sont de petites zones où l’or est éparpillé et ne pouvant pas faire l’objet d’exploitation industrielle, raison pour laquelle on les appelle des couloirs. Puisque le Sénégal n'a pas une grande expérience en matière d’exploitation minière, ce sont les populations des pays riverains à savoir les Burkinabè, les Maliens, les Guinéens et les Nigériens qui pratiquent cela.
Quant aux Sénégalais, ils s’exercent dans le commerce, dans le transport. Et, depuis quelques temps, les populations des zones limitrophes le pratiquent aussi, parce qu’ils parviennent à investir dans les secteurs du transport, de l’immobilier, surtout dans l’économie informelle et la restauration. Dans le village où il y a une exploitation aurifère, le visage immobilier est transformé en dur et même en étage. Ce que nous sollicitons de la part de l’Etat, c’est qu’il réglemente ces couloirs mais aussi et surtout qu’il apporte de l’aide, car dans ces zones qui sont habitées temporairement, il n’y a aucun assainissement, ni eau ni électricité et l’hygiène, n’en parlons pas. Raison pour laquelle, dans ces zones, on note l’existence de maladies épidémiques surtout après l’hivernage. Aussi, l’Etat devrait mettre en place des services annexes qui se chargeront des questions relatives aux éboulements, à la construction de forages et à l’assainissement. Imaginez-vous que vers le mois d’avril, la barre de glace coûte 800 F CFA dans ces zones là, parce qu’il n’y a pas d’eau. Il faut aussi veiller à réglementer parce qu'il y a énormément d'étrangers et leurs habitudes sont déférentes des nôtres. Les agressions sexuelles et un fort taux du VIH/Sida, l’usage de la drogue, la délinquance, l’alcoolisme et l’insécurité ont atteint des proportions comme jamais auparavant. Il y a aussi les accidents en motos, surtout pendant la saison sèche. Lorsque les orpailleurs ramassent de l’or, la première des à choses à faire, c’est de se procurer une moto.
A côté des ces inconvénients, l’orpaillage procure aussi beaucoup d’avantages financiers, surtout dans le transport, l’immobilier, le petit commerce. Même si le Sénégal se trouve dans la zone CEDEAO, les étrangers qui entrent ici en situation d’irrégularité devraient être refoulés. Raison pour laquelle il y a peu de retombées, à cause de la fuite de capitaux. Il faut aussi que l’Etat mette en place des comptoirs de commerce qui fonctionnent et des taxes afin d’avoir non seulement une idée de ce qui sort de là-bas mais aussi capturer de la valeur. En l’absence de structures de contrôle, les Sénégalais ne bénéficient que d’une faible part et se focalisent sur le commerce, contrairement aux étrangers qui passent par le Mali pour aller vendre sur l’international... L’orpaillage pourrait être considéré comme un mal nécessaire, car on ne peut pas interdire l’activité à nos concitoyens ; mais il comporte beaucoup de risques.»
LE DROIT A L’INFORMATION, GAGE DE LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE
Au Sénégal, il y a un problème d’accès à l’information des femmes, et à l’information sur des femmes, souligne Gilles Fausto, représentant de l’Institut Pano
L’institut Panos dans le cadre de son projet «Femmes: occupez les médias !», a tenu une réunion nationale hier, jeudi 1 octobre 2020 sur «L’accès à l’information des femmes et sur les femmes au Sénégal». Il ressort des débats que le droit à l’information est un gage de la démocratie participative et un moyen pour les femmes de demander des comptes aux gouvernants. Et c’est aux femmes qui sont dans les médias de faire des efforts sur ce plan.
Au Sénégal, il y a un problème d’accès à l’information des femmes, et à l’information sur des femmes, souligne Gilles Fausto, représentant de l’Institut Panos qui se prononçait lors de la réunion nationale sur «L’accès à l’information des femmes et sur les femmes au Sénégal», organisée hier, jeudi 1er octobre 2020. Le Sénégal fait partis de presque toutes les Conventions internationales relatives à l’accès à l’information et membre de plusieurs mécanismes promouvant l’accès à l’information en général, fait remarquer. Mais, l’accès à l’information des femmes et sur les femmes pose problème, regrettera-t-il.
Poursuivant son propos, il relève que dans la «législation sénégalaise, même si la Constitution consacre l’accès à l’information, la loi sur l’accès à l’information universelle reste bloquée à l’Assemblée nationale depuis 2018. Et l’absence d’une législation nationale sur l’accès à l’information peut, à notre niveau, empêcher aux femmes d’exercer le droit à l’information et à la communication. Le droit à l’information et à la communication est un gage de la démocratie participative et un moyen pour les femmes de demander des comptes au gouvernement», expliquera le représentant de l’institut Panos. C’est un moyen également pour elles de participer à l’action gouvernemental et de prendre des décisions en toute connaissance de cause avance-t-il.
Pour lui, si cette loi n’est pas protégée, il est évident que les femmes sont celles-là qui sont les plus lésées. «Ce débat public est posé pour sonner l’alerte aux gouvernants ; si on parle de gouvernance ouverte et de gouvernance participative, il y a des éléments déterminants qu’il faut établir : des règles claires d’abord et avoir une universalité de l’accès à l’information». Il souhaite que les recommandations qui seront formulées à l’issue de la rencontre amènent les décideurs politiques à se rappeler du projet de loi et de procéder à une seconde lecture pour insérer des dispositions qui sont consacrées à l’accès des femmes à l’information et l’accès à l’information par les femmes. Babacar Diagne, le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) qui prenait part à cette journée de travail pense qu’au Sénégal, l’accès à l’information des femmes et l’accès à l’information sur les femmes pose problème. «C’est un problème d’égo que nous devrons pulvériser pour avancer», dit-il. «D’abord parce que nous avons dans tous les domaines des expertises de femmes extrêmement importantes et variées».
A son avis, «c’est aux femmes qui sont dans les rédactions de faire des efforts importants sur ce plan». Le deuxième aspect c’est l’information sur les femmes. Selon lui, «on doit faire l’inventaire des expertises de femmes sinon on aura sur des questions importantes toujours des plateaux à 99% hommes et cela n’aide pas à avancer les choses. Tant que les femmes des médias vont véhiculer les mêmes stéréotypes que les hommes, on ne s’en sortira pas».
LE PROJET DE LOI SUR LE STATUT DES ENFANTS APATRIDES DÉPOSÉ À L’ASSEMBLEE
Le FSS vient de réaliser une prouesse dans la lutte pour la réhabilitation des droits des réfugiés, demandeurs d'asile et enfants apatrides
Le forum Social Sénégalais (fss) a lancé hier une campagne institutionnelle pour la protection des droits des personnes déplacées-réfugiées, demandeurs d'asile, ou migrantes dans le contexte de la pandémie à coronavirus. Il s’agit d’aller à la rencontre des différentes institutions du pays en charge de la protection et la défense des droits humains. La première rencontre qui a ciblé le ministère de la Justice, puisque le secrétaire d'Etat chargé des droits humains et de la bonne gouvernance a promis de soumettre le projet de loi relatif aux apatrides à l'Assemblée nationale.
Le Fss vient de réaliser une prouesse dans la lutte pour la réhabilitation des droits des réfugiés, demandeurs d'asile et enfants apatrides. En effet, une délégation composée de réfugiés hommes et femmes a été conduite, sous la houlette de Mignane Diouf du Forum Social, au ministère de la Justice. Cette rencontre avec le secrétaire d'Etat a porté sur deux questions principales à savoir la nécessité d'assister ces communautés dans le cadre de la riposte contre la covid. Mais aussi sur le projet de loi portant statut des réfugiés et enfants apatrides.
Concernant ce dernier point, le secrétaire d'Etat auprès du garde des Sceaux, Mamadou Salif Sow, a indiqué à la délégation que ce projet de loi est en cours pour être soumis à l'Assemblée Nationale ce mois-ci. Une décision saluée par Mignane Diouf qui ajoute que beaucoup d'enfants nés au Sénégal ne peuvent pas aller à l'école parce qu'on «considère qu'ils ne sont pas des Sénégalais».
D'où l'intérêt de cette campagne qui vise la prise en compte et la protection des droits des migrants et personnes déplacées dans la riposte à la pandémie de la Covid 19. De manière spécifique, il s'agira d'appuyer les refugiés et demandeurs d'asiles en denrées alimentaires et produits d’hygiène, d’attirer l’attention des décideurs et de toutes les institutions sur la nécessité de prendre en compte les droits des migrants, des réfugiés et demandeurs d'asiles dans les plans de riposte et de résilience à la pandémie de la Covid-19.
Pour Léon TINE Naka, vice-présidente du Comité des femmes réfugiées et demandeuses d’asile, cette rencontre est d’une importance capitale. «Cette situation est plus difficile, parce qu'au Sénégal, nous sommes 14.655 refugiés dont 51% de femmes, 3.776 refugiés dont 2.139 hommes (63%) et 1237 femmes (37%)», souligne Synclair Cotou, président du Conseil des réfugiés au Sénégal.
LE G7 FIXE SES CONDITIONS ET AVERTIT L’ETAT
En perspective de la prochaine année scolaire qui va démarrer le 12 novembre, les syndicats des enseignants regroupés dans le G7 alertent d’ores et déjà l’Etat du Sénégal pour une année scolaire apaisée.
En perspective de la prochaine année scolaire qui va démarrer le 12 novembre, les syndicats des enseignants regroupés dans le G7 alertent d’ores et déjà l’Etat du Sénégal pour une année scolaire apaisée. Lors d’un séminaire de trois jours qui a réuni les acteurs de l’école et le ministre de l’Education nationale Mamadou Talla, le Secrétaire général du Saems, Saourou Sène, par ailleurs membre du G7, a exigé le respect des accords signés par l’Etat du Sénégal.
L’Etat du Sénégal a le devoir d’appliquer les engagements qu’il avait pris pour améliorer les conditions de travail et de vie des enseignants. C’est la recommandation faite par Saourou Sène, Secrétaire général du Saems, par ailleurs membre du G7. D’autant que, souligne-t-il, les enseignants ont montré à la face du monde leur patriotisme en regagnant les classes dans une situation difficile marquée par la pandémie de la Covid-19. Qui plus est, ils ont obtenu des résultats satisfaisants aux examens. «L’année scolaire 2019- 2020 a démarré par des mouvements d’humeur du G7 pour deux raisons. La première est une question de gouvernance et la deuxième est relative au protocole d’accord signé entre l’Etat et les syndicats.
Pour les questions qui sont sur la table, le gouvernement du Sénégal est appelé à prendre les meilleures décisions pour qu’on les dépasse. D’autant qu’avec la pandémie, les enseignants ont fait preuve de patriotisme. Considérés comme les soldats du savoir, ils ont été au front sans pour autant se soucier de leur état de santé», affirme Saourou Sène qui exige le respect du protocole d’accords. En dépit des résultats obtenus lors des examens de fin d’année, Saourou Sène trouve qu’il n’y a pas de quoi se glorifier. En ce sens que les résultats ne sont pas définitifs dans la mesure où les classes intermédiaires n’ont pas été encore prises en compte. Il a profité de l‘occasion pour solder ses comptes avec Dame Mbodj du Cusems/A qui avait soutenu que les résultats des examens étaient truqués. Il juge irresponsables ces propos. «C’est manquer de respect que de dire que les enseignants ont comploté pour truquer des résultats. Les enseignants tireront les conséquences de ces fausses allégations. Pire, la personne qui a tenu ces propos avait demandé une année blanche. En tant que soldats de l’éducation, nous nous étions opposés à une année blanche. Heureusement, car si nous avions connu une année blanche, le Sénégal aurait été le seul pays à connaître cela», déclare-t-il.
MAMADOU TALLA SE FELICITE DES RESULTATS
Pour le ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, la pérennisation du dialogue est la meilleure manière de dissiper les malentendus. Suite aux résultats obtenus cette année, Monsieur Tall a exprimé sa gratitude aux enseignants ayant répondu à l’appel du devoir au péril de leur vie. Pour le ministre, l’objectif de ce séminaire de trois jours est de préparer la reprise des apprentissages. «Il fallait faire un bilan pour voir les points forts et les points faibles de l’année qui vient de s’achever. C’est donc une occasion d’analyser les points positifs et les points à améliorer», indique le ministre de l’Education qui, par ailleurs, a félicité les parents d’élèves et les enseignants pour leur patriotisme. «Les enseignants ont montré leur engagement avec détermination. Et grâce à leur responsabilité, l’école n’a pas été un vecteur de propagation du virus», clame Mamadou Talla qui exhorte les différents acteurs à consolider les acquis.
LA GALERE DES 150 TRAVAILLEURS DE LA SIGELEC
Les travailleurs de la Société Industrielle de Générateurs Electriques de Pout sont restés 33 mois sans salaire
150 travailleurs de la Société industrielle de Générateurs Electriques (SIGELEC) de Pout vivent dans la galère depuis 33 mois, sans recevoir le moindre sou de l’entreprise. Selon Moussa Diaw porte-parole des travailleurs, la direction a prononcé le licenciement économique sans respecter les mesures liées à la décision. Les travailleurs, dont deux sont décédés faute de moyens pour bénéficier de soins, ont élevé le ton lors d’une conférence organisée à Thiès, en présence de l’ex-député Hélène Tine, le forum civil, le mouvement y en a marre et Guy Marius Sagna qui a annoncé une marche nationale le 10 octobre prochain.
Les travailleurs de la Société Industrielle de Générateurs Electriques (SIGELEC) de Pout sont restés 33 mois sans salaire. C’est pourquoi, ils ont initié une conférence à Thiès, pour expliquer aux Sénégalais le sort que leur ont réservé les héritiers de Idrissa Seydi fondateur de l’usine. C’était en présence du forum civil, du mouvement y en a marre, de l’ex-député Hélène Tine, Guy Marius Sagna de FRAPP France Dégage qui a d’ailleurs annoncé une marche nationale le 10 octobre prochain.
Selon lui, le mémorandum qui fonde la marche porte sur 23 points dont l’affaire des travailleurs de la SIGELEC, et la lettre d’information a déjà été déposée devant le Préfet de Dakar. Et autorisée ou pas, souligne Guy Marius Sagna, la marche aura lieu car il n’est pas question d’accepter que le droit de manifester soit confiné alors que l’agression contre les travailleurs ne l’est pas. Selon Moussa Diaw porte-parole des travailleurs, la souffrance de ces 150 pères de familles est-telle que deux d’entre eux sont décédés des suites de maladies, faute de soins adéquats alors que plusieurs enfants ne vont plus à l’école.
La SIGELEC est en arrêt total depuis janvier 2018, et les travailleurs ont été envoyés au chômage technique. Mais les travailleurs estiment que les héritiers n’ont rien fait pour restaurer leur dignité. Au contraire, la famille est accusée d’afficher une indifférence qui frise le mépris, aucune décision allant dans le sens d’ouvrir le capital, vendre des parts à d’autres et permettre à l’entreprise de redémarrer ou même la liquider totalement n’a été prise.
Les travailleurs ont dénoncé « le dilatoire des héritiers », avant d’exiger « le respect du protocole signé devant l’inspection du travail, le paiement intégral des droits des travailleurs, le paiement des arriérés de salaire, l’audit de l’entreprise, etc. ». Cet audit, selon le collectif, est une étape importante d’autant plus qu’il n’y a jamais eu de mévente en ce qui concerne les piles qui se trouvent d’ailleurs toujours dans les boutiques alors que l’usine ne fonctionne plus depuis janvier 2018. Avant ce phénomène, la SIGELEC parvenait à écouler sur le marché 25 000 cartons de piles par mois et le chiffre d’affaires qui en découlait permettait de verser pas moins de 3 milliards de Fcfa dans les caisses de l’Etat en termes de taxes. Aujourd’hui, ces travailleurs sont dans le désarroi total et les plus chanceux ont saisi l’opportunité d’une reconversion, même s’il s’agit de métiers précaires.
D’autres, la grande majorité, sont dans la détresse totale, parfois avec des familles qui ont périclité, sans IPM, encore moins de coopérative de consommation, car les retenues à la source opérées par l’entreprise n’ont pas été reversées depuis belle lurette. Selon le coordonnateur du collectif, l’une des héritières, en l’occurrence « la notaire Tamaro Seydi, s’est permise d’aller dans le sud du pays pour apporter une assistance à d’autres personnes alors qu’elle a laissé ici des travailleurs en souffrance. Nous trouvons cela inadmissible.
Actuellement, la situation est devenue insupportable et nous travailleurs sommes seuls face à notre destin, car il y a une absence manifeste d’assistance de la CNTS. Nous déplorons l’indifférence et la non-présence de Mody Guiro qui, depuis que nous traversons ces difficultés, n’a jamais mis les pieds dans l’entreprise. Nous déplorons aussi le comportement de l’inspecteur régional du travail de Thiès qui ne mesure pas la souffrance des travailleurs ».
Pour Guy Marius Sagna de FRAPP France dégage, la lutte des travailleurs de la SIGELEC interpelle un point important des fondamentaux de FRAPP France dégage, en l’occurrence la souveraineté que le pays tarde encore à acquérir dans tous les domaines. Selon lui, ce manque de souveraineté touche même le domaine des piles, d’où la nécessité de sauvegarder la seule entreprise industrielle de fabrication de piles. C’est pourquoi l’Etat ne devrait nullement croiser les bras et laisser une telle entreprise agoniser. D’après lui, l’un des messages adressés par la pandémie du coronavirus, c’est de ne jamais dépendre de l’extérieur. La priorité, ce n’est ni le débat sur un troisième mandat, ni un débat avec l’opposition, mais de régler les problèmes des Sénégalais.
Pour lui, les héritiers d’Idrissa Seydi qui est une référence dans le secteur sont invités à ressembler à leur père et pas seulement à porter le nom de Seydi. Il affirme qu’il partagera entièrement le combat engagé par le collectif des travailleurs de la SIGELEC jusqu’à ce que leurs indemnités de licenciement soient payées et que le protocole d’accord soit totalement respecté. Est-ce que l’Etat du Sénégal n’est pas complice ? s’est interrogé Guy Marius Sagna, avant d’ajouter que l’usine est aux arrêts et pourtant les piles Hellesens sont toujours vendues dans les boutiques. Il a indexé la défaillance des syndicats dans la gestion de ce dossier, à travers le pacte de stabilité qui est à ses yeux un pacte de compromission et de corruption, qui fait que les syndicalistes s’emmurent dans le silence alors que ces travailleurs et leurs familles sont dans le désarroi à cause d’une injustice. Pendant ce temps, dit-il, l’inspection du travail ressemble à un véhicule sans moteur.
HELENE TINE EX-DEPUTE : «La mémoire de feu Idrissa Seydi doit être honorée par ses héritiers»
L’ex-député Hélène Tine, qui accompagne le collectif depuis plusieurs mois, trouve inacceptable cette situation. Selon elle, si les responsables de l’usine procèdent à un licenciement économique, ils doivent en assumer toutes les conséquences financières. Pour elle, le fondateur de la SIGELEC, en l’occurrence feu Idrissa Seydi, est un homme de valeur, un grand capitaine d’industrie respecté par tous les Sénégalais. C’est ainsi qu’elle a appelé ses héritiers à honorer sa mémoire en respectant les engagements avec les travailleurs qui souffrent depuis 33 longs mois. Elle a appelé l’inspection du travail à traiter ce dossier avec toute la diligence et l’impartialité requises car c’est une question de droit et la saisie des biens pour payer les droits des travailleurs ne doit pas être écartée. Mais malheureusement, se désole-t-elle, «la force publique n’est requise que quand il faut aller mettre dehors des pères de familles à Terme Sud et non quand les droits de 150 pères de familles sont piétinés
HOTT ACCELERE LA CADENCE
«Allez-y ! Je vous couvre !», a lancé le président de la République lors du dernier conseil présidentiel sur la relance économique, demandant des réformes immédiates dans le secteur économique.
Manifestement, le ministre de l’Economie suit le tempo de son patron qui veut des réformes. Face à la presse hier pour discuter de la mise en œuvre du PAP2, Amadou Hott a évoqué les insuffisances du code des marchés publics avant de soutenir que le pays ne va pas se développer si un projet dure trois ans, parce que simplement les gens ne sont pas d’accord sur un appel d’offres.
«Allez-y ! Je vous couvre !», a lancé le président de la République lors du dernier conseil présidentiel sur la relance économique, demandant des réformes immédiates dans le secteur économique. A la suite de Macky Sall, le ministre de l’Economie, Amadou Hott a souligné que le code des marchés publics comporte des insuffisances qui retardent l’exécution des marchés et exigent des correctifs. «On ne va pas se développer si un projet peut tenir trois ans parce que simplement les gens ne sont pas d’accord sur un appel d’offres. Vous n’êtes pas d’accord, vous allez à l’Armp, vous allez à la Cour suprême. Et vous retardez un projet de développement qui doit avoir de l’impact sur les populations et sur leur bien-être», s’est désolé le ministre Hott.
A l’en croire, il faut envisager un encadrement, et cela de manière beaucoup plus forte. «Aujourd’hui, c’est encadré, mais ça ne suffit pas. Il y a des possibilités de réformer le code qui n’est pas parfait», indique le ministre de l’Economie qui insiste sur le fait qu’un projet de 3 mois ne doit plus être retardé par quelqu’un qui a perdu et qui va jusqu’à la Cour suprême.
A l’en croire, ce n’est pas parce quelqu’un est moins cher en termes d’offres que l’Etat aura aussi les résultats voulus. «Il faut reconnaître que le moins cher n’est pas forcément le mieux», déclare-t-il.
«ON N’A PAS UN PROBLEME D’ENDETTEMENT»
Répondant à certains économistes qui estiment que le plan de relance ne produira pas les résultats escomptés parce que l’endettement ne sera pas possible, Amadou Hott se montre formel. «On n’a pas un souci d’endettement », rassure-t-il avant d’ajouter : «La partie publique a été déjà financée.
Pour la partie privée, il faudra qu’on aille chercher un peu plus d’argent, attirer des investisseurs. C’est pourquoi, on veut accélérer les réformes. Au niveau de l’endettement, le cadrage macroéconomique que l’on a fait prévoit un déficit budgétaire de 5% l’année prochaine ; 4% l’année suivante et 3% en 2022. C’est un cadrage que l’on a arrêté avec nos partenaires et qui tient compte de nos capacités d’endettement et surtout de la capacité à mobiliser plus de recettes à travers la stratégie d’augmentation des recettes.»
Pour le ministre de l’Economie, l’Etat va continuer les réformes dans la fiscalité pour simplifier davantage et élargir l’assiette fiscale, mais pour également formaliser le secteur informel. Concernant l’impôt sur le foncier bâti, il indique : «Quand vous avez une villa ou un appartement que vous louez à quelqu’un, c’est complexe pour calculer l’impôt. Nous prévoyons dans la prochaine loi de finance de les simplifier davantage. Si vous recevez par exemple 12 mois de loyer, vous versez un mois. C’est des stratégies simples que nous allons faire pour augmenter rapidement nos recettes. Et en augmentant nos recettes, on augmente nos capacités d’endettement et surtout notre capacité d’investissement.»
Par ailleurs, Amadou Hott a annoncé que le gouvernement veut donner au secteur privé en général et en particulier au secteur privé national plus de place. «Plus de place en accompagnant le secteur privé à bien inscrire dans des projets PPP, à prendre des participations, et en les organisant », renseigne-t-il. Il ajoute aussi que la mise en œuvre du PAP 2A nécessite des mécanismes de financements innovants articulés autour des fonds d’amorçage, des fonds de garantie et d’appui pour faire plus de place au secteur privé national.
MACKY SALL DEROULE LE TAPIS ROUGE À CELEIN DALEIN DIALLO ET FÂCHE CONDE
Entre Dakar et Conakry, la connexion est à son plus faible niveau
Le 27 septembre dernier, le chef de l’Etat guinéen Alpha Condé prenait la décision unilatérale de fermer ses frontières avec le Sénégal et la Guinée Bissau, deux pays voisins. Ce, sans que les raisons officielles d’une telle mesure diplomatique ne soient expliquées du coté de Conakry. Six jours plus tard, le «Témoin » est en mesure de révéler les dessous de cette rupture subite. Le Sénégal aurait mis les petits plats dans les grands en déroulant le tapis rouge à Celein Dalein Diallo lors d’un récent séjour de ce dernier à Dakar.
Entre Dakar et Conakry, la connexion est à son plus faible niveau. Le président de la Guinée, Alpha Condé, a, unilatéralement, décidé de fermer les frontières de son pays avec le Sénégal et la Guinée Bissau, la semaine dernière. Un geste que beaucoup d’observateurs avertis placent dans le cadre des relations souvent heurtées entre le chef de l’Etat guinéen et son homologue sénégalais, Macky sall. Surtout dans le contexte actuel où règne, en Guinée, un climat pré-électoral tendu sur fond d’un «forcing » constitutionnel perpétré par Alpha Condé pour briguer un 3ème mandat. Selon nos informations, dès l’entame de la campagne présidentielle en Guinée, le candidat Cellou Dalein Diallo a débarqué à Dakar. Un séjour de deux jours durant lequel l’opposant et principal adversaire du président guinéen à la présidentielle de novembre prochain aurait bénéficié de privilèges pratiquement de chef d’Etat. Ce fut le cas à l’aéroport international blaise Diagne (AIbd) où, après sa descente de l’avion, l’opposant a eu droit au tapis rouge jusqu’au salon d’honneur.
Bien informé, de l’autre côté de Conakry, Alpha Condé qui suit de près tous les déplacements de son opposant, recevait le compte rendu de ces honneurs faits à son ennemi juré et qui sonnaient pour lui comme un coup de poignard.
En plus de constituer, selon lui, une intolérable ingérence de la part du Sénégal dans le processus électoral en cours dans son pays. Dans une colère noire, le président guinéen n’a pas trouvé mieux que de fermer ses frontières avec le Sénégal en guise de protestations.
Toutefois, de sources bien renseignées, malgré tous les égards auxquels il a eu droit, le leader de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), Cellou Dalein, n’aurait pas pu rencontrer le président Macky sall. Les raisons ? «D’une part, le chef de l’Etat sénégalais s’apprêtait à se rendre à Bissau pour honorer l’invitation du président Oumar Emballo à la célébration de la fête de l’indépendance de ce pays. D’autre part, Dakar n’était pas prêt à assumer officiellement son soutien à l’opposant guinéen pour ne pas envenimer les liens déjà très tendues avec Conakry », renseigne une source tapie dans les arcanes du pouvoir. Or, d’autres sources proches du même pouvoir soutiennent exactement le contraire, à savoir que Macky aurait accordé une audience très discrète à Dalein. Au fond, le président Macky sall serait-il dans une position inconfortable en soutenant un homme politique engagé contre un troisième mandat, alors que lui-même joue dans le clair-obscur en ce qui le concerne sur un tel débat ?
Toujours est-il que d’après nos informations, le candidat à la présidentielle n’est pas rentré bredouille en Guinée. Il aurait été reçu par des hommes de l’ombre du président dépêchés pour le dernier briefing assurant le soutien de Dakar en faveur de sa candidature à la tête de la Guinée.
A la frontière, le matériel de campagne du candidat Cellou Dalein, arraisonné par les forces de l’ordre guinéennes
Il faut noter que la décision du chef de l’Etat guinéen de fermer les frontières entre son pays et le Sénégal relève aussi d’une machination électorale qui risque de constituer un coup de grâce politique infligé à son opposant, Cellou Dalein Diallo. Du côté de la frontière, précisément au village Carrefour Linkering, situé dans le département de Vélingara, des sources sur place nous ont informé de l’interception d’un impressionnant cortège par les forces de l’ordre guinéen.
En effet, pour contourner l’embargo interne dont son équipe fait l’objet dans son pays, l’opposant et ses proches s’étaient tournés vers le Sénégal pour l’achat de matériel de campagne ! «Pour les préparatifs de cette campagne présidentielle, nous avions acheté du matériel de campagne au Sénégal que nous comptions acheminer en Guinée. Il s’agissait de la logistique et de t-shirts aux effigies de notre candidat Cellou Diallo. Nous avions loué 5 camions pour les besoins du transport de ce matériel. Tous ces préparatifs nous ont coûté 800 millions de francs. C’est ce lourd dispositif électoral que le président Condé refuse de voir entrer dans le territoire guinéen » soupire un membre de l’équipe de campagne du candidat guinéen.
L’autre raison qui a conduit Alpha Condé à décider que les Guinéens du Sénégal et de l’Angola ne pourraient pas participer à ce scrutin, c’est qu’ils sont majoritairement Peulhs. Et qu’à Dakar, par exemple, Cellou Dalein Diallo l’a régulièrement écrasé à toutes les élections.
Convaincu que Macky sall, un Hal Pulaar, ferait partie d’un complot peulh avec Dalein, le vieux combattant devenu autocrate est donc devenu paranoïaque concernant tout ce qui vient du Sénégal.
A preuve, s’il en était besoin, par cette fermeture ubuesque des frontières avec le Sénégal mais aussi avec la Guinée Bissau où, horreur !, là aussi c’est un président peulh qui est aux commandes. Un président, Oumar Emballo, qui ne fait pas mystère de sa détestation d’Alpha Condé qui plus est !
QUAND MACKY ET SON CLAN BAFOUENT LEURS PROPRES REGLES
En application des décisions prises par le chef de l’Etat pour lutter contre la propagation du coronavirus dans notre pays, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique avait interdit toutes manifestations ou rassemblements de personnes
En application des décisions prises par le chef de l’Etat pour lutter contre la propagation du coronavirus dans notre pays, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique avait interdit toutes manifestations ou rassemblements de personnes dans les lieux ou endroits ouverts au public sur l’ensemble du territoire national. Hélas, c’est Macky Sall himself et son clan, notamment le ministre de l’Environnement Abdou Karim Sall, qui passent outre leurs propres mesures d’interdiction...
Au début de la pandémie, les autorités ne badinaient pas avec les mesures d’interdiction des rassemblements dans les lieux publics. Partout, la gendarmerie, la police et même l’Armée veillaient au grain. Les mesures étaient respectées à la lettre que ce soit par les citoyens et les autorités elles-mêmes.
Dame Amar et compagnie, qui avaient osé « déchirer » l’arrêté ministériel pour sortir en plein couvre-feu fêter l’anniversaire d’un de leurs amis sont en prison pour association de malfaiteurs, usage de drogue, non-assistance à personne en danger. La violation du couvre-feu a conduit à l’arrestation d’un de leurs complices, policier de son état. Bara Guèye, le directeur général de Clean-Oil, avait lui aussi été arrêté par la section de recherches de la gendarmerie de Colobane pour violation des mesures prises par les autorités dans la lutte contre le coronavirus. Le patron de Clean Oil avait violé la loi en célébrant en grande pompe son mariage avec sa 3ème épouse Adji dite Zeina diène. En plus du couple, quelques célébrités, venues assister aux festivités, avaient été aussi mises aux arrêts par la section de Recherches.
En tout, plus de 10.110 personnes ont été arrêtées durant le mois de juillet 2020 pour non-respect du port du masque. Il y en a eu des centaines d’autres arrêtées pour avoir bafoué l’interdiction de rassemblements. Hélas, depuis quelques jours, la donne a changé en ce sens que ce sont les autorités elles-mêmes qui violent leurs propres interdictions. Matar Ba a été le premier a violer l’arrêté du ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique. Le ministre des sports s’était, au début du mois d’août dernier, déplacé au stade Maniang Soumaré de Thiès pour lancer les travaux d’installation de la pelouse synthétique du complexe. Un événement qui avait rassemblé du monde dans la capitale du rail. Un acte posé par les responsables du football sénégalais et qui était en contradiction avec les dernières recommandations en date du ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, qui avait annoncé, la veille, lors d’une conférence de presse, l’interdiction des rassemblements au niveau des plages, terrains de sports, espaces publics et salles de spectacle, « avec effet immédiat ». Il avait même précisé que la plupart de ces mesures étaient déjà en vigueur au moment où il faisait cette déclaration.
Et Abdou Karim, le « braconnier» de gazelles Oryx aussi…
Après Matar Ba, ce fut au tour du président de la République bafouer les règles qu’il avait pourtant fait prendre par son ministre de l’Intérieur. En tournée « économique » la semaine dernière, notamment à Fatick, Kaolack et Kaffrine, Macky sall avait allègrement violé l’arrêté portant interdiction des rassemblements en piétinant les règles barrières préconisées par les autorités sanitaires. En effet, partout où il est passé, il avait été accueilli par une foule de militants. A Fatick, par exemple, ses camarades de parti, APR, lui ont réservé un accueil des plus chaleureux. Chacun a voulu, à sa manière, lui montrer sa force de mobilisation. Des tee-shirts et pancartes à l’effigie des leaders ont constitué l’essentiel du décor tout au long de la route Niakhar/Fatick. Le fait marquant de cette visite a été, certainement, le non-respect des mesures barrières, surtout en cette période de pandémie. Une situation bien constatée par les autorités administratives et les forces de l’ordre, qui ne cessent d’inviter les sénégalais au respect des règles édictées par les autorités. Mais hélas, non respectées durant cette tournée présidentielle. Le ministre de l’Environnement, Abdou Karim sall, qui a sans doute vu son « patron » fouler du pied les mesures prises par leur gouvernement, s’est cru autorisé dès lors à faire ce que bon lui semble. Vendredi dernier, en effet, le ministre de l’Environnement et du développement durable a, sans se soucier des mesures sanitaires édictes dans la lutte contre la pandémie, mobilisé dans son village natal, Orkadiéré. Le responsable apériste à Mbao, qui a été défait par Abdoulaye Pouye Obama lors des locales de 2014, a été accueilli dans une liesse populaire.
« Tous les citoyens sont d’égale dignité devant la loi », dixit un juriste
Contacté par Le Témoin, un professeur de droit, qui a voulu garder l’anonymat, rappelle que la loi est faite pour être respectée par tout citoyen. « Tous les citoyens sont d’égale dignité devant la loi. Chacun doit la respecter parce qu’on est dans un Etat de Droit. Donc, personne n’est au-dessus de la loi », soutient notre professeur de droit à l’université Cheikh Anta diop de Dakar. Il poursuit en soutenant qu’on doit respecter le parallélisme des formes. « Pour lever des interdictions, il faudrait respecter le parallélisme des formes. Ce, en sortant une loi qui va abroger la première », martèle notre interlocuteur. Il ajoute que si des sanctions ont été prévues par l’arrêté ministériel interdisant les manifestations et rassemblements, il faudrait qu’elles soient appliquées à tout citoyen qui aura passé outre les mesures prises. Bref, après ces comportements irresponsables des plus hautes autorités de l’état, le ministre de l’Intérieur ne devrait-il pas lever toutes les restrictions et laisser les populations vivre comme elles le veulent ?
VIOLATION DES MESURES BARRIERES PAR MACKY ET SES HOMMES
Les analystes politiques déplorent le mauvais comportement du pouvoir
Les images et vidéos sont suffisamment éloquentes ! Du côté des gens du pouvoir, depuis un certain temps, la tendance est à violer les interdictions qu’ils ont eux-mêmes édictées. Une situation que déplorent beaucoup de spécialistes et experts en communication. Deux d’entre eux, Bakary Domingo Mané et Ibrahima Bakhoum décortiquent les gestes des autorités politiques.
L’habitude est prise, au niveau des gens qui nous gouvernent, de piétiner les interdictions qu’ils ont, eux-mêmes, édictées pour endiguer la propagation de l’épidémie de la covid-19. En effet, les autorités semblent grisées par la tendance baissière de la pandémie liée au covid19 au point de se relâcher dans le respect des gestes barrières. Après le président de la République, Macky sall, qui a été accueilli en fanfare lors de sa tournée dans le centre du pays sans le respect des mesures barrières, c’est-à-dire avec d’impressionnants bains de foule, c’était le tour du ministre de la santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, d’accueillir ses militants dans une salle exiguë sans se soucier du respect de la distanciation physique. Le weekend dernier, le ministre de l’Environnement s’est illustré dans ce registre qui fait désormais loi dans le cercle du pouvoir. Dans le cadre de la campagne nationale de reboisement, Abdou Karim sall était accueilli par marée noire dans son village natal à Orkédiéré, localité située dans la région de Matam. des images qui ne riment pas avec le contexte que nous vivons et marqué par la crise sanitaire. Et ce même si, ces derniers jours, notre pays connait une baisse nette des cas positifs liés au covid-19. Mais on constate de plus en plus que les autorités font fi du respect des mesures interdisant les rassemblements publics, qu’elles appliquent sans état d’âme pour les autres.
Bacary Domingo Mané analyste-politique : « Ces ministres ne se soucient pas de la santé des populations »
Pour le journaliste et analyste politique Bakary Domingo Mané, ce hiatus entre le discours et les actes n’est pas un phénomène nouveau sous le régime du président Macky sall. A l’en croire, cela a toujours été le cas depuis le début de la pandémie. Et c’est le chef de l’Apr (Alliance pour la République), lui-même en premier, qui a bafoué ses propres mesures qu’il avait établies pour faire face à l’évolution de la pandémie. « Le président de la République, Macky Sall, avait reçu une frange de l’opposition et des segments de la société civile au Palais. Donc, on a constaté qu’il était le premier à fouler au pied la règle du respect des gestes barrières en serrant la main à Serigne Modou Kara Mbacké. Alors que, vis-à-vis des autres responsables politiques, il s’était abstenu de leur serrer la main. Ça, c’est une première chose. Ces autorités qui créent des rassemblements, ça n’a rien à avoir avec la tendance baissière de l’évolution de la pandémie. On assiste à une guerre de positionnement politique où chaque ministre veut montrer à son mentor qu’il a une base dans sa localité. Ces ministres ne se soucient pas de la santé des populations. Tout ce qui les motive vraiment, c’est de faire croire au président de la République qu’ils disposent d’une popularité. Parce que le président a besoin de cette popularité. Ils sont obnubilés par le positionnement politique. Leurs strapontins au sein du gouvernement, ils veulent le conserver » explique l’analyste-politique.
Ce ne sont pas des rassemblements spontanés
Bakary Domingo Mané ne voit pas ces rassemblements populaires qui accueillent le Président ou ses ministres comme quelque chose de spontané. Les foules que montrent quelques membres du pouvoir devant les télévisions, c’est pour se mettre en valeur auprès de leur patron. D’après l’ancien journaliste de « sud quotidien », ces rassemblements sont programmés par les responsables de parti chargés de mobiliser des militants dans chaque localité. « Vous entendez depuis quelque temps l’idée d’un remaniement ministériel. Ils (Ndlr : les ministres) ont peur. Ils ne savent pas de quoi demain sera fait. Ils veulent vraiment donner des gages de loyauté et montrer au président qu’ils sont à son service. Toute cette mobilisation, c’est uniquement pour dire qu’eux, ils sont là aussi à travailler pour l’image du président Sall. Dans ce cas d’espèce, ce sont ces hommes politiques qui sont allés chercher des populations dans les zones les plus reculées. Ils les ont amenées à un point de chute où, justement, le président ou son ministre devrait passer. Pour moi, dans l’un comme dans l’autre cas, ce n’est pas que les populations soient fascinées ou curieuses de voir passer l’autorité. Parce qu’elles sortent à chaque fois que le cortège présidentiel ou un ministre, disons, passe. Au contraire, ce sont des gens qui ont été amenés pour faire valoir ou faire croire évidemment que leur leader local a une popularité au niveau de sa base. C’est simplement ça ! » a résumé M. Mané. Et de poursuivre : « Ce ne sont pas des mobilisations spontanées. Ces hommes politiques sont allés chercher les populations dans les champs, dans les hameaux les plus reculés et les ont transportés à bord des « Ndiaga Ndiaye » et d’autres moyens de transport pour qu’ils viennent accueillir le président de la République. Ce sont des populations qu’on utilise comme des faire- valoir ou comme une masse pour servir des intérêts politiques », estime le journaliste et analyste-politique Bakary Domingo Mané.
Ibrahima Bakhoum : « Si les autorités veulent nous faire croire que le covid est derrière nous, c’est une lecture biaisée et faussée… »
Cette situation qui voit les gens du pouvoir fouler au pied leurs propres règles ne laisse guère indifférent le doyen Ibrahima Bakhoum. Selon lui, l’Etat est en train de montrer un mauvais exemple si ces images du ministre de l’Environnement interviennent dans ce contexte de la pandémie liée au covid19. « Si vraiment ces choses se sont passées dans ce contexte où nous sommes, ce n’est pas un bon message envoyé aux populations. On ne peut pas demander aux gens de se protéger et de respecter les mesures barrières et ensuite aller soi-même bafouer ces mesures. Dans un cas comme dans l’autre, les autorités ne sont pas en train de donner un bon exemple aux populations à qui elles demandent par ailleurs de respecter les gestes barrières. D’autant plus que le Conseil national de régulation et de l’audiovisuel insiste bien sur ces questions en disant que si vous devez diffuser quelque chose à la télévision, par exemple, alors que ça date d’avant covid-19, pour que les populations ne soient pas induites en erreur, il faudrait préciser que ces images sont des archives. Mais dans un contexte comme ça, si vous les diffusez sans indiquer une date, ça peut impressionner ces mêmes populations. Maintenant, les hommes politiques utilisent beaucoup des réseaux sociaux pour montrer leur existence. Pour les autorités qui sont en train de dire que l’affaire est terminée, que maintenant le covid est derrière nous, et que donc jusqu’à présent, on a fait respecter les mesures et qu’après c’est fini, qu’on n’a plus besoin de le faire. Si c’est cette lecture qu’on veut nous donner de la situation de la pandémie, cette lecture est biaisée ou faussée. Parce que là où cette chose serait en train de se passer, le ministre de la Santé continue sa campagne de sensibilisation du respect des gestes barrières. On ne peut pas parler le lundi du respect des mesures barrières, et revenir le soir faire quelque chose de contraire » soutient M. Ibrahima Bakhoum.