Dakar, 21 sept (APS) - La "tournée économique" du président Macky Sall dans les régions du centre du Sénégal fait le menu de la livraison de lundi de la presse quotidienne, au moment même où la question du troisième mandat refait surface.
"L’axe Fatick-Kaolack-Kaffrine a vibré, le week-end, au rythme de la tournée agricole du chef de l’Etat, Macky Sall, qui a visité près d’une dizaine de localité du centre pour s’enquérir de l’état des cultures et s’entretenir, sans protocole, avec les acteurs du monde agricole", rapporte le quotidien Le Soleil.
Le président Sall "dit boucler sa tournée sur une note d’espoir au regard de l’abondance de la pluviométrie et du comportement satisfaisant des champs. Il a annonce d’autres programmes de renforcement, de mécanisation et de modernisation de l’agriculture", ajoute Le Soleil.
Macky Sall, "satisfait du développement des spéculations" lors de cette tournée, a invité "les hommes d’affaires à investir dans les fermes laitières", indique le journal Le Quotidien, qui cite le chef de l’Etat : "J’ai voulu monter que l’agriculture n’est pas que l’affaire des agriculteurs’’.
Vox Populi, également, se fait l’écho de cet appel du président de la république à l’endroit des hommes d’affaires sénégalais : "Investissez dans l’agriculture, l’agrobusiness et l’élevage intensif".
De même table-t-il sur "le riz de plateau" pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire au Sénégal, souligne L’Info, Lii quotidien, pour sa part, évoque un "tour du Sénégal en...promesses’"au sujet de ce déplacement du président Sall.
Selon ce journal, le chef de l’Etat a salué dans un tweet "l’engagement de tous nos braves agriculteurs pour le travail inlassable afin d’assurer la sécurité alimentaire du pays". "Quant aux paysans, relève Lii quotidien, ils attendent des actes. Comme promis".
Pour Kritik’, "Macky Sall récolte les dividendes politiques". "Des fortes inondations de Keur Massar aux vastes exploitations agricoles dans le bassin arachidier, le chef de l’Etat a passé en revue les hauts et les bas de la forte pluviométrie à travers le pays", avance le journal.
"Confiant sur les rendements agricoles quoique le secteur mérite une modernisation, le chef de l’Etat a invité le secteur privé à investir les filières novatrices, non sans doper ses troupes politiques à chaque étape du périple présidentiel", note le même journal.
"Macky sans barrières", titre justement Tribune en parlant de cette tournée présidentielle "sous forte mobilisation des militants" du pouvoir, "sans le respect des mesures barrières édictées par les autorités sanitaires".
"Macky mobilise et bafoue les mesures barrières", résume le quotidien L’As, lequel pointe une tournée économique "transformée en un véritable rappel des troupes. De Niakhar à Saroudja ne passant par Fatick commune, Sokone ou encore Toubacouta, Macky Sall a eu droit à un bain de foule partout où son cortège est passé".
Et le journal de déplorer qu’en cette période de pandémie de Cocid-19, "ce sont tout simplement les mesures barrières qui sont foulées au pied". Un constat fait par plusieurs autres journaux également revenus sur le débat sur le troisième mandat, au détour d’une petite phrase du président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY), regroupant le parti au pouvoir et ses alliés à l’Assemblée nationale.
"Le spectre prend forme", estime Sud Quotidien, selon lequel Aymérou Gningue "relance le débat" sur le troisième mandat du président de la République après ses dernières déclarations.
M. Gningue a rendu publique ce week-end une "position politique" sur cette question, en remettant "sur la table cette question lancinante sur laquelle le président Macky Sall, himself, a préféré entretenir le clair-obscur", écrit Kritik’.
Les quotidiens s’intéressent presque tous à cette phrase, à l’image du journal Le Quotidien : "Juridiquement, Macky y a droit", a déclaré Aymérou Gningue en parlant d’un troisième mandat que le président serait autorisé à briguer.
Walfadjri, L’As, la plupart des journaux pour tout dire, reprennent les mêmes déclarations du président du groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar (BBY). "Ce n’est pas une question qui doit être posée, parce qu’elle a été réglée", ajoute Aymérou Gningue dans d’autres propos relayés par Vox Populi.
"Macky Sall va-t-il franchir le Rubicon en imitant Alpha Condé de la Guinée et Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, qui ont annoncé leur troisième candidature à la présidentielle ? En tout cas, la déclaration faite, hier, par Aymérou Gningue va secouer le landerneau politique sénégalais", note Vox Populi.
Déjà, ces secousses se voient de loin, et même de si près, si l’on en croit une première réaction, celle de Serigne Ahmadou Gaye, un juriste-politiste. "Un troisième mandat est juridiquement illégal", affirme-t-il dans des propos relayés par Source A.
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KEUR MASSAR, DES PROMESSES À L'EAU
EXCLUSIF SENEPLUS - La visite de Macky Sall dans la localité n'a pas apaisé les nombreuses victimes d'inondations. Deux semaines après les fortes pluies, le défi de l'assainissement reste immense sur place, les frustrations aussi (wolof)
A Keur Massar, deux semaines après les fortes pluies, les populations passent la nuit à chercher la bonne étoile les pieds dans l'eau. Les artères routières transformées en lagunes déversent leurs crues dans les maisons. A l'intérieur des habitations le niveau des eaux atteint parfois le mètre de hauteur. Les dégâts sont inestimables. Les populations désemparées sont très remontées contre les autorités. Elles fustigent en effet l'attitude du président de la République, qui selon eux, ne leur a témoigné aucun signe d’empathie lors de sa visite.
''C'est un passage éclair que Macky a fait ici. Nous ne l'avons même pas aperçu'', regrette Ndeye Marie Ba qui accuse la SN HLM d’avoir exigé le payement de 500 000 FCFA par lot sans réaliser les travaux d'assainissement y afférents. Amadou Mbaye abonde dans le même sens et demande des explications ''chaque maison a payé 500 000 FCFA pour l’assainissement des Parcelles Assainies de Keur Massar et ils n'ont rien fait. C'est notre argent et ils doivent réaliser les ouvrages'', soutient-il, ajoutant que Macky Sall a de surcroit, privé les sinistrés de leur mobilité lors de sa visite. « On ne pouvait pas sortir pour exprimer notre amertume. Nos parents n'ont pas pu aller travailler ce jour-là ».
Le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY) s’est invité au débat sur le troisième mandat. Invité de l’émission «Grand Jury» de la Rfm, Aymérou Gningue n’y est pas allé par quatre chemins. Il a tout simplement déclaré que juridiquement, le président de la République Macky Sall peut briguer un troisième mandat. D’après lui, seul le Conseil constitutionnel peut décider de l’avenir du leader de l’Alliance pour la République (APR) en ce qui concerne la prochaine élection présidentielle, si ce dernier souhaite participer à ces joutes électorales. « Je ne veux pas entrer dans les détails. Posez la question aux juges constitutionnels, ils vous répondront. Le Président Macky Sall peut envisager juridiquement de se présenter en 2024 en toute légalité, s’il veut briguer un troisième mandat », a fait Aymérou Gningue. Une déclaration en droite ligne de celle de son camarade de parti Mbaye Ndiaye. Il n’est pas du même avis que Moustapha Diakhaté, Me Moussa Diop, Sory Kaba etc qui ont été virés pour avoir défendu le contraire.
L’ECOMIG rapatrie les deux soldats sénégalais
Les deux soldats sénégalais de l’ECOMIG qui avaient pris part à la célébration d’un anniversaire au quartier Bijilo de Serrekunda, en violation du couvre-feu décrété par le président Adama Barrow, ont payé pour leur mauvaise conduite. Le commandement de l’Ecomig qui a confirmé l’arrestation des soldats avec 20 autres fêtards a pris des sanctions contre eux. Les deux militaires sont expulsés au Sénégal pour violation des règles de conduite de la mission de la Cedeao en Gambie. Le commandant Andy LaAnyane en charge des relations publiques renseigne que les deux militaires font partie des éléments de l’Ecomig qui gardent le palais de la République. Le commandant Andy LaAnyane n’a pas manqué, toutefois, de condamner l’attitude de nos soldats. A l’en croire, le rapatriement de ces militaires reste un message fort envoyé à tout le personnel de l’ECOMIG. Il souhaite que des mesures disciplinaires supplémentaires soient prises à leur encontre une fois au Sénégal.
Un charlatan abrège la vie de Baye Zale Ndour à Joal
Un meurtre odieux s’est produit dans la nuit du vendredi au samedi vers 3h du matin, dans la commune de Joal. Une bagarre opposant le jeune Baye Zale Ndour à un présumé voleur répondant au nom de Moustapha a viré au drame. Selon un témoin, alors que toute la maison était dans les bras de Morphée, ils ont entendu un bruit étrange. Ainsi Aliou et Baye Zale Ndour se sont levés pour inspecter la demeure. Ils aperçoivent un individu qui a aussitôt pris la poudre d’escampette. Alors il est pourchassé par Baye Zale Ndour, âgé de 19 ans. Il réussit à débusquer le malfaiteur de son refuge dans la pénombre d’un arbre. Interpellé par Baye Zale Ndour, le présumé voleur brandit un couteau et se fait menaçant. Les deux hommes se livrent à une bagarre pendant laquelle Moustapha poignarde mortellement Baye Zale Ndour avant de disparaître dans la nature. Les gendarmes informés ne tarderont pas à mettre la main sur Moustapha. La dépouille de Baye Zale Ndour est transportée au centre de santé de Mbour pour les besoins de l’autopsie. Moustapha lui, est en garde à vue à la brigade de la gendarmerie de Joal. Selon certaines indiscrétions, il est connu comme un charlatan à Joal. Mais son business était à l’arrêt à cause du manque d’argent et de la rareté du poisson, Moustapha s’est provisoirement reconverti en voleur pour subvenir à ses besoins.
Un policier de Mbour fauché par une moto
Le policer répondant au nom d’Abdou Diouf, en service au commissariat central de Mbour, a été fauché par une moto. Même s’il n’a pas perdu la vie, il s’est quand même retrouvé avec une jambe cassée. Dans le cadre du contrôle de routine, un check point a été érigé à l’entrée de Mbour en venant de Joal. Selon un témoin, dans la soirée, un conducteur de moto qui supportait deux autres personnes a éteint ses phares pour échapper à la vigilance des limiers. Mais il a violemment heurté l’agent en exercice qui était en opération. Informés, les sapeurs-pompiers ont évacué le blessé à l’hôpital départemental de Mbour. Le conducteur de la moto qui habite au village de Warang a été arrêté par la police.
Les limiers de Sédhiou saisissent 40 kg de chanvre indien
Le chanvre indien circule bien ces derniers jours au Sénégal. Mais l’Ocrtis est à l’affût. Hier matin, la brigade de Sédhiou a intercepté une quantité estimée à une quarantaine de kilogrammes dans le village de Marandan sur l’axe Carrefour 22/Kolda. Selon nos sources, les hommes du commandant Abdoulaye Diallo, ont poursuivi les trafiquants qui avaient à bord de leurs motos Jakarta l’herbe prohibée. Après une coursepoursuite, ces derniers ont réussi à s’échapper, laissant derrière eux leurs moyens de locomotion ainsi que la marchandise.
Le gouverneur de Dakar lance l’opération Feindy
Le gouverneur de Dakar lance aujourd’hui l’opération «Feindy», dans le cadre du plan Orsec. La cérémonie se tient au parking du stade Léopold Sédar Senghor en présence de l’administration territoriale de Dakar et des autorités locales. Le chef de l’exécutif régional de Dakar a donné le coup d’envoi de l’opération après la présentation du matériel, des produits et du personnel mobilisé à cet effet. Al Hassan Sall va ensuite visiter les sites de relogement temporaire de Jaxaay et Keur Massar.
Grève en vue au Crédit mutuel du Sénégal
Le syndicat des travailleurs du Crédit Mutuel du Sénégal(CMS) est à couteaux tirés avec la Direction générale. Les syndicalistes du Crédit Mutuel Sénégal ont tenu un point de presse samedi pour donner un ultimatum de dix jours au conseil d’administration pour apporter des éléments de réponse aux questions soulevées. Sans quoi, Momar Talla Sagna de la fédération des caisses du crédit mutuel du Sénégal (Fccms) avertit que les travailleurs vont décréter une grève de 72h. Le syndicaliste a dénoncé «desrecrutements de complaisance, des licenciements abusifs et exige la révision des accords de l’entreprise».
Réplique de la Direction générale du CMS
Restons au Crédit Mutuel du Sénégal(CMS) pour dire que la Direction générale n’a pas perdu du temps pour répliquer aux syndicalistes. Dans un communiqué parvenu à «L’As», la Direction générale balaie d’un revers de main les accusations de Momar Talla Sagna. On précise d’emblée dans la note que depuis l’arrivée du nouveau directeur général de la boîte Amadou Jean Jacques Diop, seules deux personnes ont été recrutées sur la base de leurs compétences à la suite d’un appel à la candidature ouverte. Mieux, ajoute-t-on, 20 travailleurs ont obtenu une promotion interne depuis l’arrivée du nouveau Directeur général. Quant aux licenciements présumés, la direction générale souligne qu’ils ont été faits sur la base des rapports d’inspection et de contrôle. D’après toujours la Direction générale, certains licenciements sont faits sur la base d’anciens rapports que les prédécesseurs d’Amadou Jean Jacques Diop n’ont pas pu exécuter. Sur l’accord de l’entreprise, on rappelle également que ce sont les délégués du personnel qui ont quitté la table des négociations et la Direction les attend pour la poursuite des échanges. Amadou Jean Jacques Diop rassure qu’il n’en est rien de la menace de grève car le personnel reste concentré pour offrir aux clients une meilleure qualité de service. A l’en croire, le système ne sera pas paralysé.
Aly Ngouille Ndiaye et Mamadou Talla dans le Matam
Le ministre de l’Intérieur poursuit sa tournée à l’intérieur du pays pour visiter les sites inondés. Dans la région de Matam, Aly Ngouille Ndiaye était accompagné par son collègue de l’Education Nationale, Mamadou Talla, pour visiter les zones inondées et assister les populations victimes de la crue du fleuve Sénégal. Le ministre de l’Intérieur a procédé à la pose de la première pierre du futur Commissariat de police de Linguère.
Quatre noyades en deux jours à Kolda
Le commandant de la compagnie des sapeurs-pompiers de Kolda tire la sonnette d’alarme sur les nombreux cas de noyades pendant les vacances scolaires. En deux jours, les soldats du feu ont repêché quatre corps de l’eau dans la capitale du Fouladou. Deux enfants ont perdu la vie au fleuve qui traverse la ville. Il a fallu d’âpres recherches pour retrouver les corps sans vie des mômes. Les deux autres noyades ont eu lieu dans une carrière abandonnée à l’entrée de Kolda, samedi. Les deux victimes, Thierno Mamadou Bassirou Diallo et Souleymane Baldé sont âgés de 10 ans. En cette période, les enfants envahissent cette carrière qui est devenue leur piscine. Le danger est qu’elle a reçu beaucoup d’eau avec les fortes pluies enregistrées à Kolda. Ces cas de noyade remettent également au goût du jour la problématique de l’absence des ponts pour faciliter la traversée du fleuve de Kolda. Les enfants cherchent toujours des raccourcis pour rejoindre l’autre rive. Les populations de Kolda continuent de réclamer l’achèvement du pont du quartier Hilèle dont les travaux ont démarré en 2006, dans le cadre du programme indépendance.
Deux projets de 871 millions pour 18 communes de Podor
Le ministre de la Gouvernance territoriale, du Développement et de l’Aménagement du territoire était à Saint-Louis ce weekend où il a lancé deux projets d’une valeur de 871 millions de Fcfa. Il s’agit de projets d’appui aux plans d’Investissement de 18 communes du département de Podor (Papic) et du Projet d’appui à la gouvernance. Ils sont financés par la Coopération espagnole. Le ministre Oumar Guèye qui a présidé la cérémonie a mis en place le comité de pilotage de ces deux projets. Il a souligné que le «Papic et le «Pagor» sont financés respectivement à hauteur de 655 millions et de 216 millions Cfa. A l’en croire, le Papic s’intéresse au renforcement de capacités et de la Gouvernance conformément au Code général des collectivités territoriales. Quant au «Pagor», il vient en appui aux budgets d’investissement de ces 18 communes du département de Podor ».Au nom des maires des communes bénéficiaires, Aboubacry Sowde Méry pense que ces deux programmes de développement permettront de contribuer efficacement à la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent(PSE).
Le Sénégal rapatrie un délinquant financier
Arrêté à l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd), comme l’a révélé Libération quotidien, l’ancien chef des services fiscaux du Bénin est en prison. En effet, deux policiers béninois sont venus le chercher à Dakar avant sa conduite vers son pays d’origine. Une fois au Bénin, Carlos Adohouannon a été présenté à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) qui l’a placé sous mandat de dépôt. Suspecté d’avoir détourné près de 4 milliards de Fcfa, Carlos Adohouannon était en fuite depuis septembre 2019. Plusieurs personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire.
LES DIACK, DE L'ENGRENAGE RUSSE AU SUICIDE NON-COLLECTIF
A travers des documents inédits consultés par l'ICIJ, un réseau de journalistes indépendants basé à Washington, et la CENOZO, l’affaire Diack révèle quelques dessous insoupçonnés du couple business-sport à travers les réseaux bancaires internationaux
Après cinq ans d’investigations, de commissions rogatoires, de demandes d’entraide plus ou moins satisfaites, ponctuées de mandats d’arrêt non exécutés, le glaive de la justice française a décapité l’ex dirigeant de la Fédération internationale d’athlétisme Lamine Diack et condamné par défaut son fils Papa Massata Diack. Tous deux sont accusés d’avoir couvert, en contrepartie d’argent, des cas avérés de dopage concernant des athlètes russes. Un dossier dans lequel a fini par se greffer la politique sénégalaise par où on ne l’attendait pas.
A travers des documents inédits consultés par le Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ), un réseau mondial de journalistes indépendants basé à Washington, et la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) dont le siège est à Ouagadougou, l’affaire Diack révèle quelques dessous insoupçonnés du couple business-sport à travers les réseaux bancaires internationaux.
Quand il invitait son fils, Pape Massata Diack, à assister à ses côtés à la coupe du monde d’athlétisme à Barcelone en 1989, Lamine Diack, alors ex-futur président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF muté en World Athletics, 1999-2015) ne s’imaginait pas qu’il venait de donner un tournant à sa vie et à celle de son fils. Il ne s’imaginait surtout pas que, 31 ans plus tard, tous deux seraient jugés et condamnés (le fils en fuite au Sénégal ayant été jugé par contumace) devant la 32e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour divers délits présumés retenus par le Parquet National Financier (PNF) : corruption active et passive, blanchiment aggravé, recel en bande organisée, association de malfaiteurs…dans le cadre de 23 cas de dopage impliquant des athlètes russes.
Ce mercredi 16 juin 2020, le père, âgé de 87 ans, a écopé d’une peine de quatre ans de prison dont deux avec sursis et 500 mille euros (environ 328 millions FCFA) pour corruption passive à travers des pots-de-vin versés par des athlètes russes et un double financement politique d’opposants sénégalais par la Russie en 2009 et en 2012. Côté corruption active, la justice française a reconnu Lamine Diack coupable d’avoir versé des pots-de-vin à plusieurs fonctionnaires de l’IAAF aux fins de couvrir les fautes de dopage d’athlètes russes.
Quant au fils pour qui être présent au procès de Paris aurait été un « acte suicidaire » au regard des « violations » de ses droits et de la procédure pénale, la complicité de corruption passive lui a valu d’être condamné à cinq ans de prison et à une amende d’un million d’euros (environ 656 millions FCFA).
Des dommages et intérêts, les deux ont été condamnés solidairement à en verser à hauteur de cinq millions euros (quelques 3,250 milliards FCFA) à World Athletics.
La connaissance des infractions reprochées à Lamine Diack et à Papa Massata Diack (ainsi qu’à leurs co-prévenus du procès de Paris) par le juge Renaud Van Ruymbeke (parti à la retraite) a été rendue possible par des milliers de documents bancaires rassemblés par le Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN), le « FBI » du Département du Trésor des Etats-Unis d’Amérique qui collecte et dissèque des informations liées aux transactions financières mondiales qui empruntent les réseaux bancaires américains. Son objectif est d’identifier les éléments potentiels de blanchiment d’argent, de financement national et international du terrorisme, de trafic de drogues, de crimes financiers divers…
La plupart des transactions liées aux Diack ont donc fait l’objet de signalements documentés par le FinCEN.
En gros, les infractions retenues par la justice française contre Lamine et Papa Massata Diack sont les suivantes :
1) le financement de campagnes électorales au Sénégal à hauteur de 1,5 millions de dollars (984 millions de francs CFA) versés par la Russie ;
2) le fait d’avoir directement ou indirectement sollicité 3 millions 450 mille euros (2 milliards 263 millions 200 mille francs CFA) auprès d’athlètes russes soupçonnés de dopage « en contrepartie de leur retrait de la liste des personnes suspectes afin de leur permettre de participer à des compétitions sportives ». L’avocat français d’origine sénégalaise Habib Cissé, conseiller juridique de Lamine Diack à l’IAAF, est accusé dans ce volet-ci ;
3) d’avoir corrompu par remises d’espèces, directement ou indirectement, des responsables de l’IAAF, en particulier Gabriel Dollé, en charge du service médical et de l’anti-dopage, à hauteur de 190 000 euros (près de 125 millions de francs CFA) afin qu’ils soutiennent « le ralentissement du processus normal de sanctions disciplinaires devant être prises à l’encontre d’athlètes convaincus de dopage, notamment de nationalité russe… Pour rappel, Gabriel Dollé a reconnu les faits de corruption qui lui sont reprochés mais n’a pu obtenir le système du « plaider-coupable » en vigueur aux Etats-Unis, par exemple.
Pour leur part, les avocats de Lamine Diack ont contesté les qualifications visées par le Parquet national financier.
Papa Massata Diack, est accusé « d’avoir, de 2007 à 2015, en France et à l’étranger, tant à titre personnel qu’à travers ses sociétés telles que Pamodzi Sports Consulting, sciemment recelé des fonds, valeurs et biens quelconques qu’il savait provenir d’abus de confiance commis au préjudice de l’IAAF par son père Lamine Diack, portant sur les recettes provenant de sponsors telles que la société russe VTB Bank, la société chinoise Sinopec, la société coréenne Samsung, la société indienne Nirmal Lifestyle, la société Abu Dhabi Corporation et la télévision chinoise CCTV. » Des documents consultés par ICIJ indiquent que les détails des transactions sont parvenus à FinCEN. Dans une interview accordée à la chaîne américaine NBC News depuis son domicile de Dakar, Papa Massata Diack a rejeté avec force les conclusions du tribunal parisien. Il a aussi dénoncé la violation des « droits de la défense ». Interrogé par la presse sénégalaise, il a souligné qu’aller répondre à la justice française dans les conditions d’organisation du procès aurait été un « suicide » de sa part.
MAIS QUE PENSENT DONC LES SÉNÉGALAIS DES MESURES GOUVERNEMENTALES CONTRE LE CORONAVIRUS ?
Considéré comme l'un des pays ayant, pour le moment, le mieux géré la lutte contre le Covid-19, le pays a-t-il convaincu sa propre population ? Un sondage a été réalisé pour le savoir
Bien avant l'apparition du premier cas confirmé de Covid-19 début mars 2020, le gouvernement du Sénégal a instauré, à l'instar d'autres pays en Afrique, une série de mesures gouvernementales pour lutter contre la pandémie. Une réunion extraordinaire du comité national de gestion des épidémies a été organisée dès le 6 janvier 2020. Le Sénégal disposait même d'un plan de riposte avant la détection du premier cas de Covid-19 sur son sol. Il fallait, en effet, agir vite. Des chercheurs avaient prédit que le Sénégal allait subir un peu plus de 2 200 décès d'ici à la fin de l'année. D'autres avaient estimé que le pic des cas se produirait entre le 28 mai et le 15 juin 2020. En fait, l'évolution de l'épidémie au Sénégal est lente mais constante. Cependant, les données épidémiologiques disponibles dépendent beaucoup des stratégies de dépistage. La proportion de tests positifs reste autour de 10 % depuis plusieurs mois.
De bonnes dispositions au départ
De nombreuses mesures visant à lutter contre la pandémie ont été mises en place de façon graduelle. Dès le 14 mars, le gouvernement décide d'interdire les rassemblements et la fréquentation des lieux de culte. Le 23 mars, trois mesures importantes sont décidées : couvre-feu (dont les horaires vont varier dans le temps) ; interdiction des déplacements entre les régions ; et fermeture des marchés. La réouverture des lieux de culte a eu lieu le 11 mai pour les volontaires, puis la restriction du transport entre les régions a été levée le 4 juin, le couvre-feu et les marchés ont été rouverts (sauf un jour par semaine) le 29 juin. Pour que toutes ces mesures soient efficaces, elles doivent être appliquées, respectées et, bien sûr, acceptées par les personnes concernées. Il est donc essentiel de comprendre ce qu'en pensent les Sénégalais afin de les ajuster et de les adapter. C'est l'objectif de notre étude, qui sera bientôt publiée, centrée autour des quatre principales mesures (le couvre-feu ; l'interdiction des déplacements entre les régions ; la fermeture des marchés et la fermeture des lieux de culte) s'inscrivant dans l'évolution de l'incidence journalière des cas de Covid-19 présentée dans la figure suivante.
L'échantillonnage et les questions posées
Si plusieurs sondages téléphoniques ont été réalisés en Afrique de l'Ouest et au Sénégal sur la pandémie, rares sont ceux qui disposent d'un échantillon national et aucun ne s'est appuyé sur un modèle conceptuel éprouvé pour étudier l'acceptabilité des mesures. Pour disposer d'un échantillon national sans mettre en danger les enquêtrices, notre sondage a été réalisé au téléphone à l'aide d'experts internationaux de ce type d'innovations technologiques. Nous avons suivi la méthode des quotas afin que notre échantillon respecte la distribution de la population du pays concernant l'âge, le sexe et la région de vie. À partir de plus de 30 000 numéros de téléphone créés de façon aléatoire au Sénégal, un tirage au sort a été réalisé et des appels ont été effectués. Plus de 800 personnes ont répondu. Notre étude a obtenu l'autorisation du comité d'éthique national. Pour chacune des quatre mesures analysées, les questions posées portaient sur son importance, les efforts pour la respecter, le ressenti, l'efficacité pour réduire la maladie, les bénéfices tirés, la capacité́ à la respecter et enfin la concordance avec les valeurs personnelles.
Des mesures dont l'acceptabilité sociale est très variable
L'acceptabilité sociale des mesures prises par l'État a été calculée sur la base d'un score variant entre 0 (aucune acceptation) à 7 (acceptation totale). La figure montre que le couvre-feu et l'interdiction des déplacements entre les régions sont très bien acceptés, ce qui est aussi le cas de la fermeture des marchés. En revanche, la fermeture des lieux de culte porte plus à controverse. En dépit de quelques émeutes contre le couvre-feu, notre enquête montre que cette mesure a été appréciée positivement par la majorité des Sénégalais. Cela doit certainement s'expliquer par ses autres effets potentiels, notamment sur le plan de la sécurité et de la présence de tous les membres de la famille au domicile à la nuit tombée.
DEUX MILITAIRES SÉNÉGALAIS DE L'ECOMIG RENVOYÉS DE LA GAMBIE
La force ouest-africaine déployée à Banjul pour contribuer à la stabilité du pays a indiqué avoir rapatrié ces soldats, arrêtés par les forces de sécurité locales pour avoir enfreint le couvre-feu instauré contre le Covid-19
La Mission de la Communauté des Etats ouest-africains en Gambie (Ecomig) a rapporté dans un communiqué que les deux soldats avaient été arrêtés par les forces gambiennes le 16 septembre. Ces deux membres de l'unité de gendarmerie affectée à la protection du président Adama Barrow avaient été arrêtés en même temps que d'autres participants à une fête d'anniversaire, a dit la presse sénégalaise.
L'Ecomig a dit condamner l'attitude des deux soldats. En plus d'une discipline stricte, les soldats ont pour consigne constante de se conformer aux règles locales, a-t-elle dit dans ce communiqué publié au cours du week-end. "A titre de message fort à l'attention de tout le personnel de l'Ecomig", les deux soldats ont "immédiatement" été rapatriés, a-t-elle dit. "Ils devraient faire l'objet d'autres mesures disciplinaires à leur arrivée dans leur pays", a-t-elle indiqué.
L'Ecomig, forte de plusieurs centaines d'hommes, est déployée en Gambie depuis janvier 2017. Elle avait été envoyée pour forcer au départ le président sortant Yahya Jammeh qui refusait de céder le pouvoir à Adama Barrow après l'élection de ce dernier à la présidentielle de décembre 2016.
L'accession au pouvoir de M. Barrow a mis fin à 22 années de régime autoritaire sous M. Jammeh, contraint à l'exil mais dont les partisans réclament le retour. L'Ecomig a pour tâche à présent de garantir la stabilité de ce petit pays enclavé dans le Sénégal à l'exception de la façade Atlantique.
L'Ecomig assure une protection rapprochée et déploie des patrouilles pour le président et les membres du gouvernement, et à des endroits stratégiques.
BÉDIÉ HAUSSE LE TON
L'ex-président ivoirien a appelé dimanche, au nom de l'opposition, à la "désobéissance civile" face à la "forfaiture" de la candidature controversée à un troisième mandat du chef de l'Etat Alassane Ouattara à l'élection présidentielle du 31 octobre
"Face à la forfaiture, un seul mot d'ordre: la désobéissance civile", a déclaré M. Bédié en conclusion d'une réunion des principaux partis de l'opposition à Abidjan, a constaté un journaliste de l'AFP.
"Nous sommes ici pour exprimer notre farouche opposition à cette violation de la Constitution", a insisté M. Bédié, sans donner davantage de détails.
L'opposition n'a pas appelé à un boycott du scrutin présidentiel, une hypothèse qui avait été évoquée.
La situation politique est tendue en Côte d'Ivoire à un peu plus d'un mois de la présidentielle.La crainte de violences meurtrières est forte, dix ans après la crise post-électorale née de la présidentielle de 2010 qui avait fait 3.000 morts.
Une quinzaine de personnes sont mortes en août dans des violences survenues dans le sillage de l'annonce de la candidature du président Ouattara à un troisième mandat et des échauffourées ont eu lieu mardi dans plusieurs localités après l'annonce du Conseil constitutionnel de la liste des candidats retenus pour le scrutin.
Seules quatre des 44 candidatures déposées ont été retenues par le Conseil: celles du président Ouattara et de trois opposants, dont l'ex-président Bédié (1993-1999).
Elu en 2010, réélu en 2015, M. Ouattara avait annoncé en mars qu'il renonçait à briguer un troisième mandat, avant de changer d'avis en août, après le décès de son dauphin désigné, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
La loi ivoirienne prévoit un maximum de deux mandats mais le Conseil constitutionnel a estimé qu'avec la nouvelle Constitution de 2016, le compteur des mandats de M. Ouattara a été remis à zéro, ce que conteste farouchement l'opposition.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LE QUAI DE NDAR
EXCLUSIF SENEPLUS - Saint-Louis, ville de mille fantasmes. Où tout semble vieux, et où le temps est neuf. Où les mondes s’entrelacent. Où la brise de la mer et celle du fleuve s’embrassent. Ville éternelle - NOTES DE TERRAIN
Vendredi 18 septembre 2020. 15h. Le ciel est malicieux. Il est jalonné par des nuages, petits et ronds. Le soleil ne parvient pas à déployer ses lames et à transpercer la voûte céleste. Pourtant, le climat est lourd, très humide. Je transpire abondamment. Le repas copieux que je viens de prendre assomme mon ventre. Pour ne pas me laisser engourdir, je décide de me promener, en attendant notre rendez-vous. En sortant du restaurant, j’hésite. Vers où vais-je me diriger ? Je me souviens à ce moment d’une librairie, que je visite, presque chaque fois que je viens ici. Allez ! Je n’ai pas perdu mes repères. Je me guide tranquillement jusqu’à l’établissement. Mais devant la porte, j’ai nettement l’impression que le décor a changé. Une fois dedans, cette perception est validée.
L’aménagement, à l’intérieur de la boutique, a été modifié. J’ai presque une pointe de déception. La déco est impeccable. Des objets d’art sont placés de part et d’autres de la boutique et résonnent avec l’ambiance du lieu. Mais, sur le court chemin, pour venir jusqu’ici, mon esprit s’était imbibé d’odeur poussiéreuse de livres. Comme un enfant capricieux qui attendait un cadeau précis, mais finalement devra se contenter d’un autre, je soupirais intérieurement, et, sans me lamenter, me contentais de ce qui était devant mes yeux. Je suis resté moins longtemps que d’habitude. Fouinant entre les rangées de la grande bibliothèque.
Il n’y avait pas d’indications, ni d’ordre alphabétique pour les auteurs. Il fallait regarder à gauche et à droite, en haut et en bas. Puis de la droite vers la gauche, du bas vers le haut. Au pif, et un peu à la musicalité du titre, je choisissais un livre. Et le passais rapidement en revue. Que disait la quatrième de couverture ? Si c’était intéressant, je feuilletais. Une phrase qui résonne. Des mots sensibles, frissonnants. La franchise d’un dialogue. Et c’est bon. Les livres nous attendent, c’est la seule superstition à laquelle je crois. Il y en a un, je ne voulais pas le prendre. Je l’ai pris, cependant. Car en le feuilletant, j’ai trouvé un ticket de cinéma. Mon esprit a vagabondé. J’ai songé à un jeune homme, bohémien, tenant la main de sa dulcinée dans une salle de ciné. Lui chuchotant durant la séance des mots tendres. Parfois, entre deux regards échangés, leurs lèvres qui se rencontrent. Les autres livres ? Des romans historiques. Sept au total. Je ne les lirai pas avant novembre. Une pile de romans et d’essais patientent. Au bureau et à la maison.
Cela fait un moment que je n’étais pas venu à Saint-Louis. Mais je suis chez moi. Je le sais instinctivement. En sortant de la librairie, j’ai eu une envie de divaguer. Je suis retourné au resto. Les gars dissertaient sur le fameux ceebu Ndar. Le verdict était sans appel. Le repas était délicieux mais ce n’était pas un grand ceeb. En tout cas, pas ce que la légende raconte à propos du riz au poisson de Saint-Louis. Je veux encore bouger, flâner un peu et parcourir les rues de l’île. Cheikh est partant. Nous avons encore un peu de temps. Nous longeons la berge. Un vieux, parapluie à la main gauche, téléphone portable collé à l’oreille droite, vient vers nous. Il a l’air de quelqu’un qui ne porte aucun lourd fardeau. Chaque pas qu’il claque est mesuré, aurait-on dit. Il est enveloppé dans un grand boubou jaune, dont les manches sont repliées sur les épaules. Ses babouches blanches foulent le trottoir, patiemment. Il se tient droit, tout droit, et marche avec beaucoup d’assurance. En passant devant nous, j’entends des mots : « Barak Allah fik ».
Je contemple l’autre côté de la berge, le pont en ondulation et au loin la verdure. Un jeune garçon court. Il porte le maillot du Brésil. Numéro 10. Neymar. De jeunes gens sont assis tout le long du parcours et psalmodient des versets du coran. Ils sont presque tous accroupis de la même manière. Assis, une jambe pliée, l’autre dépliée jusqu’au genou. Le torse en mouvement, faisant des va-et-vient incessants. Comme si le contenu qu’ils voulaient mémoriser devait s’éparpiller dans leurs têtes mais aussi dans leur échine dorsale. Ces récitations, chansonnantes et pieuses, et l’air neuf qui s’échappe maintenant de l’atmosphère, m’emplissent de douceur.
Rêve fané
L’odeur de l’herbe, que broute plusieurs moutons sur la berge, est une bénédiction. Le parfum de l’hivernage. La poésie de la pluie et de l’enfance. Des petits oiseaux volettent entre le fleuve et la berge. Nous continuons. Jusqu’à la fameuse grue qui se trouve à la fin du quai. Elle me semble rouillée et bien dangereuse, pour les garçons qui viennent s’y balancer et qui plongent dans le fleuve. Est-elle bien entretenue ? Je ne m’attarde pas sur ces questions. J’ai juste envie de m’asseoir et de contempler ce cadre paisible. Le fleuve, couleur boue, est tout calme. Pour quelle raison ? Peut-être parce qu'il charrie les éléments drainés par l’eau de pluie ? Le soleil était toujours dissimulé par le manteau de nuages. Mais une lumière, ni trop éclatante, ni trop faible fusillait la surface de l’eau. Les reflets étaient d’or.
La maison en face est coquette. Une flore abondante vit à l’intérieur. Ses murs courts sont peints en beige caramel. Le pépiement des oiseaux rend l’ambiance complètement nonchalante. Je dis à Cheikh : « Si j’étais Saint-Louisien, je viendrai tous les jours avec ma belle, ici. » Il pensait la même chose. Nous reprenons notre chemin, après quelques minutes de contemplation. Au loin j’aperçois des barques. Il me semble que c’est Get-Ndar. Je veux y aller. Je pense instinctivement à Caaka Njaay. Je n’aurai pas le temps. En face du CEM Abdoulaye Mar Diop, un bûcheron taille le tronc d’un arbre. Des femmes lavent le linge. Très peu de personnes déambulent dans les rues. De vieux bâtiments menacent de s'écrouler. Comme à Rufisque.
18h. Le tàkkusaanu Ndar est aussi une légende ? Le débat est lancé. Où sont les charmantes femmes de cette cité. Qui, quand le soleil calme ses ardeurs, se drapent de leurs habits bien amidonnés, marchent avec la finesse et l’élégance des princesses du Walo, les mouchoirs de tête élégamment enroulés, et se baladent dans les rues de la ville, avant que ne tombe la nuit, sans ostentation, mais séduisantes et adorables comme l’envoûtement qui annonce le crépuscule, pour faire tourner la tête aux hommes ? Je la voyais comme ça, la fin de l’après-midi dans cette ville. Mais les légendes sont comme les vieux songes. Elles ne distinguent ni le passé, ni le présent. Ni la réalité, ni l’illusion. C’est un peu à l’image de Saint-Louis. Ville de mille fantasmes. Où tout semble vieux, et où le temps est neuf. Où les mondes s’entrelacent. Où la brise de la mer et celle du fleuve s’embrassent. Ville, je le sens, éternelle.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
L'HISTOIRE DE L'AFRIQUE A ÉTÉ ÉCRITE SUR LA BASE DE PRÉJUGÉS
Pendant très longtemps, l’Afrique a été considérée comme un continent sans histoire, rappelle le philosophe Souleymane Bachir Diagne. Pourtant, le cours du monde ne peut se penser sans le rôle que l’Afrique y a joué et y joue encore
Pendant très longtemps, l’Afrique a été considérée comme un continent sans histoire, rappelle le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne, professeur de français à l’Institut d’études africaines de l’université Columbia. Pourtant, le cours du monde ne peut se penser sans le rôle que l’Afrique y a joué et y joue encore. Entretien extrait de L'Atlas des Afriques, un hors-série de La Vie et du Monde, disponible en kiosque ou à commander en ligne.
L’Afrique habite nos imaginaires mais son histoire reste méconnue. Ce récit passionnant court de l’aube de l’humanité au XXIe siècle et fait revivre les pharaons noirs, les richissimes royaumes médiévaux, les temps tragiques de l’esclavage et de la colonisation, l’enthousiasme des indépendances... jusqu’à s’arrêter sur les grands enjeux d’une Afrique émergente qui retrouve peu à peu sa place dans le monde. Servi par une cartographie inédite, cet atlas met enfin en lumière, par-delà les clichés, ce continent devenu incontournable. 12,00€, en vente en kiosque ou à commander sur notre boutique.
Au regard de l’histoire ancienne, diriez-vous qu’il existe une ou plusieurs Afriques ?
Une telle durée de plusieurs millénaires signifie une extrême diversité dans les temporalités comme dans les espaces et conduit à penser qu’il y a effectivement plusieurs Afriques. Mais il ne faut pas perdre de vue la dimension continentale de cette longue chronologie. L’histoire de l’Afrique a trop souvent été fragmentée et écrite sur la base de nombreux préjugés, européens principalement. La civilisation égyptienne, par exemple, était jugée trop brillante pour appartenir au continent africain. Elle en a donc été détachée. Cette vivisection de l’histoire africaine a aussi coupé le continent en deux : l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Nord ou, en termes raciaux, « l’Afrique noire » et « l’Afrique blanche ».
La tradition principalement orale des sociétés africaines participe-t-elle de la moins bonne connaissance de leur histoire ancienne ?
Chaque type de source en histoire pose ses propres problèmes et défis. Pour le continent africain, la tradition orale est essentielle. Elle est la mémoire humaine, celle des récits et des témoignages. Reconstituer les principes sur lesquels reposait l’empire du Mali dans l’Ouest africain demande, par exemple, de confronter plusieurs récits de griots. Dans cette approche du « calcul des témoignages », on évalue, soupèse et recoupe les propos recueillis, puis, comme mesure de leur crédibilité, on les croise avec des sources archéologiques et d’anthropologie linguistique. Car chaque langue est une archive, chaque langue est porteuse d’une histoire. Grâce à ces différentes sources, les historiens africains et les africanistes accèdent à une vision de plus en plus précise de l’histoire du continent.
Le caractère périssable de certaines architectures a-t-il contribué à la « dissolution » des traces ?
Par définition, les matériaux périssables constituent des traces plus difficiles à retrouver que des constructions en pierre, comme les ruines de Grand Zimbabwe, par exemple. La plupart des sociétés africaines ont utilisé des matériaux comme le banco (terre crue) qui correspondaient à leur cosmologie et à leur philosophie de la vie. Comme s’il ne s’agissait pas de construire un édifice qui défie le temps mais de bâtir, avec du vivant, une œuvre sur laquelle il est alors nécessaire de toujours revenir. Avec l’islamisation de l’Afrique de l’Ouest, à partir du XIe siècle, les mosquées en matériaux périssables se sont multipliées. La grande mosquée de Djenné au Mali a ainsi connu des altérations et a été reconstruite à plusieurs reprises. Les poutres visibles sur ses façades maintiennent dans le bâtiment lui-même des moyens de l’escalader et d’effectuer des replâtrages périodiques.
La période des grands empires africains a été tardivement étudiée. Comment expliquez-vous ce retard ?
L’histoire écrite de l’Afrique est une discipline jeune pour des raisons évidentes de temporalité. Celle racontée par les griots, dans les chroniques du monde arabe ou encore aux XVe et XVIe siècles, est évidemment ancienne, mais les premiers livres sur l’histoire de ces régions sont marqués par la colonisation. Ils en étaient la justification même : l’Europe apportait à l’Afrique « la » et « sa » civilisation. Or, pour apporter une civilisation à une région, mieux vaut déclarer qu’elle n’en a pas. Pendant très longtemps, l’Afrique a été considérée comme un continent sans histoire. L’étude en était laissée aux seuls ethnologues spécialistes des peuples primitifs. C’est pourquoi l’écriture moderne de l’histoire de l’Afrique (connaissances, fouilles archéologiques, etc.) a pris du retard.
On ignore souvent qu’au Moyen Âge l’Afrique a été l’un des moteurs du commerce intercontinental, pour l’or notamment...
Oui, le continent a très longtemps joué un rôle primordial dans les échanges commerciaux. S’agissant de l’or, par exemple, l’un des événements les plus considérables de l’histoire africaine est le pèlerinage à La Mecque de Mansa Moussa, souverain de l’empire du Mali (dont la richesse est fondée sur l’or), en 1324. Il avait emmené avec lui une telle quantité d’or que le cours du métal s’effondra en Égypte ! Lire la suite en cliquant ici