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12 septembre 2025
UN ÉTUDIANT BLESSÉ PAR BALLE
Le pire a failli se produire lors des affrontements avec les forces de l’ordre. L’un des étudiants a été blessé par balle. Ce que ses camarades dénoncent avec la dernière énergie.
Comme ils l’avaient prévu hier, les étudiants en Master 2, promotion 2017 – 2018, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), sont descendus sur le terrain, ce vendredi, 6 novembre, pour réclamer le paiement de leurs bourses d’accompagnement. Le pire a failli se produire lors des affrontements avec les forces de l’ordre. L’un des étudiants a été blessé par balle. Ce que ses camarades dénoncent avec la dernière énergie.
Forts de ce fait, ils comptent de nouveau descendre sur le terrain demain, précisant qu’ils ne s’arrêteront que lorsqu’ils recevront des messages pour le démarrage du paiement.
Ils devaient percevoir leurs bourses depuis fin octobre 2020. Les bourses d’accompagnement sont réservées aux étudiants impactés par les retards des enseignements en master 2.
Aux dernières nouvelles, le blessé a été évacué à l’hôpital. De nombreux étudiants comme Bassirou Faye et Fallou Sène, sont tombés au front, en réclamant le paiement de leurs bourses.
«IDY SERA LE CANDIDAT DE MACKY EN 2024»
Le député et chef religieux à Touba, Serigne Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly, n’est pas tendre avec le pouvoir en place
Le député et chef religieux à Touba, Serigne Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly, n’est pas tendre avec le pouvoir en place. Dans l’interview qui suit, le parlementaire membre du parti Guis-Guis du président Pape Diop, soutient que le régime du président Macky Sall n’a pas de solutions pour résoudre le problème de l’émigration des jeunes tentés par l’eldorado européen. Il dénonce aussi ce qu’il appelle le « second deal » entre Idrissa Seck et Macky Sall. Selon lui, le patron de Rewmi sera le candidat de Macky Sall en 2024. Cela devrait passer par une grande coalition qui portera le nouveau président du Cese au pouvoir. Entretien
Le Témoin – Monsieur le député, le professeur Iba Der Thiam vient de nous quitter. Quel témoignage pouvez-vous faire sur le défunt ?
Je profite de l’occasion pour présenter mes condoléances à la famille éplorée du défunt et au peuple Sénégalais. Il fut un savant et, comme le disait un sage africain, à travers sa disparition c’est une bibliothèque qui a brûlé. Certes, il a laissé du savoir sous forme d’écrits, mais il en a aussi emporté dans sa tombe. Ainsi va la vie ! Rien n’est éternel, mais une personne ne dépassera jamais les jours qu’elle doit passer sur terre. L’essentiel est de vivre utile pour la société et le monde. Et dans ce sens, je pense que le professeur Iba Der Thiam était un homme respecté dans le monde entier de par son savoir. Il a eu à marquer la vie politique du Sénégal car il fut ministre de la République et député durant des années… C’est un grand Monsieur qui aimait son pays. Je me rappelle, lorsqu’il faisait campagne, il disait aux Sénégalais de choisir le candidat au beau sourire. Il fut un homme de paix, mais aussi un véritable homme d’Etat. Je présente mes condoléances à toute la nation sénégalaise à la suite de sa mort.
Le Sénégal vient de se doter d’un nouveau gouvernement. Quelle appréciation portez-vous sur l’équipe mise en place dimanche dernier ?
Les Sénégalais attendaient la formation d’un gouvernement depuis cinq jours. Au finish, la montagne a accouché d’une souris. Si Macky Sall croit panser les plaies des Sénégalais, ce n’est pas avec cette équipe-là. Nos compatriotes s’attendent à des réformes en profondeur dans tous les secteurs. Mais, à la lecture de la composition de cet attelage gouvernemental, nombreux sont ceux qui sont déçus. Les Sénégalais sont confrontés à d’énormes problèmes, mais ce n’est pas demain qu’ils retrouveront le bonheur avec ces nouveaux ministres.
Pourquoi vous dites cela ?
Tout le monde connait la situation économique du pays marquée par une morosité générale. Il n’y a pas d’emplois, d’ailleurs le ministre en charge de l’Emploi avait insulté les Sénégalais avec sa fameuse phrase sur les chercheurs d’emplois. Les jeunes sont déçus par le ministre de la Jeunesse car le président de la République leur avait promis plus de 500 mille emplois annuellement. Ajoutez à cela les inondations auxquels le pays est confronté. beaucoup de familles sont encore dans les eaux en dépit du déclenchement du plan Orsec. Tous ces problèmes ont fait qu’on pensait que le chef de l’Etat avait entendu les doléances des Sénégalais lorsqu’il décidait de changer l’attelage gouvernemental. Mais, en réalité, à y voir plus clair, Macky Sall possède une feuille de route différente de celle du peuple qui continue de souffrir.
N’est-ce pas justement parce que les attentes des Sénégalais ne sont pas prises en compte par l’ancien gouvernement que le président a décidé de procéder à un remaniement ?
Je répète que Macky Sall est un incapable. Pour régler les problèmes des Sénégalais, il faut qu’il trouve des ministres ayant plus de connaissances que lui. Or, si vous êtes un incapable et que vous décidez de choisir une équipe d’incapables, c’est sûr que le résultat sera nul. C’est pourquoi, je suis convaincu que ce ne sont pas ces gens-là qui sortiront le pays du gouffre dans lequel il se trouve. Preuve de l’incapacité du président, il a renvoyé six responsables de son parti pour aller chercher des ressources humaines ailleurs. Quant à ces gens qui ont décidé de faire de l’entrisme, ils ne sont mus que par leurs intérêts personnels.
Ce nouveau gouvernement a été marqué par l’entrée de ministres issus du parti d’Idrissa Seck selon qui, pour ces retrouvailles avec Macky Sall, il a privilégié l’intérêt du pays. Etes-vous d’accord ?
Il faut noter qu’il n’y a qu’un seul parti qui est allé rejoindre le pouvoir, c’est Rewmi. Si Macky Sall s’est basé sur le score réalisé par Idrissa Seck lors de la dernière présidentielle pour croire que le parti de ce dernier est assez représentatif, il se trompe et lourdement. Idrissa Seck était dans une coalition (Idy 2019) et c’est la fusion des forces de ces partis politiques qui lui a permis d’arriver deuxième derrière bbY. Sinon, il n’aurait même pas eu 2 % de l’électorat. Lorsqu’il est allé rejoindre Macky Sall est-il parti avec les autres membres de la coalition ? bien sûr que non. Il n’a négocié que deux ministères pour ses poulains. Nous, de bok Gis-Gis, détenons cinq députés à l’Assemblée nationale et plus de cent conseillers municipaux dans les différents départements sans compter les maires et conseillers départementaux. Si Idrissa Seck s’est classé deuxième lors de la présidentielle de 2019, c’est surtout grâce à bokk Gis-Gis. Pour gagner la bataille de Touba, j’avais mis sur la table plus de 30 millions FCFA et dix véhicules pour battre compagne. Finalement, nous avions remporté la palme à Touba. Aujourd’hui, je le regrette car si c’était à refaire, je ne le referais plus. Idrissa Seck ne vaut pas tous ces sacrifices. Il est un traitre. Il a trahi Touba.
Bokk Gis Gis a-t-il été consulté par Idrissa Seck lorsqu’il a été appelé par Macky Sall pour entrer dans le nouveau gouvernement ?
Peut-être qu’il en a parlé avec le président Pape Diop. Je ne sais pas. Toujours est-il qu’on est un parti politique et que cette idée n’a pas été discutée dans les instances régulières du parti. Tout ce que je peux vous dire, c’est que jamais le président Pape Diop n’ira rejoindre le camp de Macky Sall car le faire c’est trahir le peuple. Et le président Pape Diop n’est pas prêt à le faire. Il n’est pas dans ces dispositions. On avait signé un pacte avec Idrissa Seck pour rester dans l’opposition et défendre les intérêts des populations jusqu’en 2024. Aujourd’hui, il a rompu ce pacte et nous en tirerons les conséquences politiques.
Donc, vous pensez qu’il y a un « deal » entre Macky Sall et Idrissa Seck qui l’a convaincu de venir le rejoindre ?
Le « deal » existe depuis l’après élection. Idrissa Seck lui-même l’a reconnu lors de son point de presse pour justifier son entrisme dans le gouvernement. J’ai toujours dit qu’il y a un « deal » qui est en train de se faire sur le dos des Sénégalais. Le premier « deal » est connu, il reste maintenant le second « deal ».
Quels sont selon vous les contours du premier « deal » ?
Il avait promis à Macky Sall de ne rien faire qui pourrait embraser le pays après la proclamation des résultats de la Présidentielle. Si vous vous rappelez, tous les leaders de partis s’étaient regroupés dans son domicile, prêts à en découdre avec le pouvoir après la proclamation des résultats de la Présidentielle. La déception a été grande à sa sortie lorsqu’il a fait sa déclaration. Donc, il a tenu sa promesse de ne rien faire et, en retour, Macky Sall devait lui donner le statut du chef de l’opposition. C’est pourquoi, cette idée a été activée depuis quelque temps de manière récurrente. Aujourd’hui, il l’a nommé président du Conseil économique, social et environnemental. Or, c’est Idrissa Seck lui-même qui avait décrié les budgets colossaux du CESE, du HCCT qui pouvaient, disait-il, être réorientés pour résoudre les problèmes des populations à savoir la Covid 19, les inondations et l’emploi des jeunes. S’il revient aujourd’hui pour être à la tête du CESE avec un budget de sept milliards FCFA, c’est qu’il a trahi le peuple et n’est mû que par son intérêt personnel. Il a ravalé ce qu’il avait vomi. En plus, il avait dit qu’il ne voulait pas d’une nomination mais du mandat des populations. Il n’est pas un homme vertueux. Il ne respecte pas la parole donnée. « Dou gor ».
C’est quoi la deuxième phase du « deal » ?
Les gens le sauront d’ici 2024. Mais je vais l’éventer. Cela passe par la création d’une grande coalition en faveur d’Idrissa Seck. Macky Sall se chargera d’organiser les élections et il fera tout pour remettre les rênes à Idrissa Seck en 2024. Entre-temps, Macky Sall se chargera de sceller les sorts de Khalifa Sall et de Karim Wade qui ne participeront pas à ces joutes électorales. Tout cela est sciemment concocté par le pouvoir. Les Sénégalais verront plus tard le « deal », mais qu’ils sachent que les vérités politiques d’un jour peuvent être différentes le lendemain. Tout peut être chamboulé avec le temps.
Avec cet entrisme de Rewmi, la route n’est-elle pas balisée pour le Pastef d’Ousmane Sonko ?
Le pouvoir veut encercler Ousmane Sonko car il l’empêche de dormir. Le leader du Pastef ne doit pas dormir sur ses lauriers. Le pouvoir attend le moindre faux pas pour le ferrer. Macky Sall ne voudrait jamais que Karim Wade ou Ousmane Sonko lui succède au pouvoir. Il veut protéger ses arrières. Il faut qu’il se mette d’accord avec quelqu’un qui voudrait bien masquer ses errements et ceux des membres de sa famille. Pour avoir les mains libres de mettre en place la stratégie qu’il a concoctée avec Idrissa Seck, Macky Sall va se débarrasser de certains de ses militants de la première heure. La première vague a été liquidée avec Moustapha Diakhaté, Alioune Badara Cissé …, aujourd’hui il y a la seconde vague avec Makhtar Cissé, Boun Dionne, Aly Ngouille Ndiaye, Oumar Youm, Mimi Touré etc. Il y aura après une troisième phase pour nettoyer complètement le parti afin d’imposer son diktat.
Aujourd’hui qu’Idrissa Seck est avec Macky Sall, peut-on penser que ce dernier a laissé de côté son intention de briguer un troisième mandat ?
Macky Sall sait qu’il ne peut pas obtenir un troisième mandat. Pour dire vrai, je n’ai jamais cru qu’il nourrissait une telle intention, bien qu’en politique, il ne faille jamais dire jamais. Il ne peut pas faire ce forcing, même si certains de ses partisans et affidés n’ont cessé de travailler son oreille. En plus, Macky Sall n’est pas un nain politique. Il a dû apprendre de ses pairs ivoirien et guinéen de Conakry qui ont tenté de faire un forcing. Il y a eu dans ces pays plusieurs morts. Et, même si, par extraordinaire, ces présidents remportent les élections, il leur sera difficile de gouverner. A l’heure actuelle, en Afrique, il est impossible de postuler pour un troisième mandat sans faire de victimes. Les populations sont maintenant éveillées. Alors, ce que Macky Sall peut faire, c’est de couvrir ses arrières du genre un « bara yeggo » avec son potentiel successeur pour qu’il le protège ainsi que ses proches ayant eu à commettre des détournements. Quant à Idrissa Seck, je retiens ce que Me Abdoulaye Wade m’avait dit sur lui lors d’une audience au Terrou-bi, avant la présidentielle. Le « Pape du Sopi » me disait que notre compagnonnage avec le leader de Rewmi ne pourra que nous desservir. « Je sais que tu peux lui faire gagner Touba, mais les sacrifices nécessaires pour qu’il gagne tout le pays, il ne pourra jamais les faire. Idrissa Seck croit qu’on va lui offrir la présidence de la République sur un plateau d’argent » m’avait-il mis en garde. Même s’il existe un « deal » avec Macky Sall pour lui succéder, Idrissa Seck ne sera jamais locataire du palais de la République.
Les acteurs du Dialogue politique ont remis leur rapport au président de la République, mais jusqu’à présent la date des élections locales n’est toujours pas connue. Croyez-vous qu’elles se tiendront en 2021 ?
Lors du Dialogue, nous étions représentés par Déthiè Fall de Rewmi. Maintenant qu’Idrissa Seck est dans l’autre camp, nous allons trouver un autre représentant au sein des pourparlers qui se déroulent au niveau du Dialogue national. Tous les points qui ont été discutés et qui ne trouvent pas l’approbation des populations doivent être rejetés ou corrigés. Car, lorsque nous discutions dans le cadre du Dialogue, le Rewmi était en train de mener des discussions souterraines avec le pouvoir. Donc, tous les accords doivent être revus par les membres de la coalition qui composaient Idy2019, représentés par Déthié Fall. Les élections locales ont été repoussées à deux reprises. On a inscrit dans le budget une ligne pour leur organisation d’un montant de sept milliards pour l’année 2021. Mais celui que le président de la République a nommé ministre de l’Intérieur ne pourra pas organiser les élections d’ici mars 2021. Il faudrait qu’il prenne d’abord ses marques dans ce ministère sans compter l’audit du fichier qui n’est pas encore effectif. De même, on n’a pas encore trouvé la solution pour le parrainage au niveau local etc. Ce qui fait qu’il lui faut au moins quatre ou cinq mois pour organiser ce scrutin. C’est pourquoi, je pense que ces élections ne pourront pas se tenir en mars 2021. On risque encore de repousser les échéances au-delà de mars 2021. Le pouvoir voudrait programmer les élections locales pour 2022 et les législatives pour 2024. Il sait que s’il n’a pas la majorité lors des législatives, il lui sera difficile de gouverner durant les deux ans qui lui restent jusqu’en 2024. C’est pourquoi, il ne va pas prendre le risque d’organiser les élections des députés en 2022. Puisque Macky Sall sait qu’il ne pourra plus briguer un troisième mandat, il se chargera d’organiser la présidentielle de 2024 et le futur vainqueur organisera les législatives.
Seriez-vous d’accord pour que votre mandat soit prolongé par Macky Sall en 2022 ou allez-vous démissionner ?
C’est la population qui m’a élu. Je ne démissionnerai pas. Si on proroge le mandat, qui l’a fait ? Si la population laisse faire cette prolongation sans réagir, qui-est-ce que je peux y faire ? Si je démissionne de mon mandat qui va prendre en charge les préoccupations de la population de Touba ? Je ne retournerai pas le mandat qui m’a été confié par les populations. Je ne le ferai pas à cause de manigances du pouvoir. Cependant, je les dénoncerais. Je dirais devant tout le monde, que cela soit au sein de l’hémicycle ou au niveau des médias, que je ne suis pas d’accord, mais, pour autant, je ne démissionnerai pas.
Quelle doit être aujourd’hui l’attitude de l’opposition pour contraindre le pouvoir à respecter le calendrier électoral ?
Les leaders de l’opposition doivent sortir de leurs bureaux climatisés. Le pouvoir n’a peur que des rapports de forces. Si les gens sortent massivement pour réclamer le respect du calendrier électoral, c’est sûr que le pouvoir y réfléchira par deux fois avant de repousser quoi que ce soit. Pour ce faire aussi, il faut que les populations acceptent de jouer le jeu. Quand l’opposition les appelle à une marche, elles doivent sortir de leurs maisons pour venir répondre. Les revendications de l’opposition concernent tous les citoyens. C’est dans cette condition seulement que le pouvoir reculera.
A propos de Bokk Gis-Gis, certains de vos collègues ont dénoncé l’absentéisme du président Pape Diop à l’Assemblée nationale. Ils sont partis jusqu’à exiger son départ de l’Hémicycle. Ont-ils raison de s’attaquer à votre président ?
Ceux qui agitent un tel débat ne sont pas sérieux. S’ils pensent que c’est comme cela qu’ils peuvent prendre la place du président Pape Diop à l’Assemblée nationale, ils se trompent. Il faut préciser que le président Pape Diop est présent dans l’Hémicycle lors des sessions plénières. D’ailleurs, il siègera à partir du 17 novembre lors des plénières pour le vote du budget. Mais la stratégie du parti, c’est qu’il gardera le silence, il n’interviendra en aucun moment puisque bokk Gis Gis compte des députés qui peuvent prendre valablement la parole. Parce que nous ne pouvons pas permettre que notre leader Pape Diop, qui a été président de l’Assemblée nationale et du Sénat, soit chahuté. Il est clair que si on pointe du doigt notre leader pour ses absences, il faudrait aussi rappeler que, du temps où lui-même dirigeait l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, qui était député à cette période, n’avait jamais mis les pieds dans l’Hémicycle ! Pourtant, on n’a jamais parlé d’une quelconque exclusion le concernant. Plus récemment, des députés comme Ousmane Sonko, Déthié Fall, Farba Ngom ne sont signalés dans ce registre, mais un tel débat n’a pas été agité. Alors il faut qu’on cesse de tromper les Sénégalais. Ce n’est pas sérieux. Pape Diop connait bien son rôle de député et de défense des intérêts des populations.
Que pensez-vous de l’émigration clandestine des jeunes ?
Je suis désolé de dire que Macky Sall n’a pas une politique pour la jeunesse sénégalaise. Il avait promis 500 mille emplois par an durant sept ans. Il n’a rien réalisé. Les jeunes n’ont plus espoir en leur avenir. S’ils n’arrivent pas à trouver du travail décent pour fonder une famille et survenir aux besoins de leurs parents, ils sont obligés de croire à un avenir meilleur ailleurs. Ce que Macky Sall n’a pas réalisé en sept ans, il ne pourra pas le faire en trois ou quatre ans. Les jeunes subvenaient à leurs besoins grâce aux ressources halieutiques, or, celles-ci sont bazardées aux Chinois. C’est pourquoi, je continue de croire que Macky Sall n’a pas de solution pour les jeunes du pays. Je ne crois pas non plus qu’ils cesseront de sillonner la mer.
CONFIDENCES DE FEMMES ET D’HOMMES À LA VIE CHAHUTÉE
L’existence de familles monoparentales est une réalité dans nos sociétés bouleversées par la modernité et l’individualisme
Le divorce est devenu une mode au Sénégal et particulièrement à Dakar. Selon les estimations d’experts, un couple sur trois se sépare avant même la deuxième ou la troisième année de vie conjugale. Conséquences : beaucoup de femmes assurent le rôle de père et de mère en même temps. Nombreux sont, également, les pères célibataires qui s’occupent de leurs enfants dont les mères ont quitté le foyer. Certains d’entre eux ont accepté de partager avec nous leur vécu quotidien.
L’existence de familles monoparentales est une réalité dans nos sociétés bouleversées par la modernité et l’individualisme. Ce phénomène, jusque-là inconnu dans nos sociétés, est occasionné par la multiplication des divorces entraînant la prise en charge des enfants, dans la plupart des cas, par les mères. Qui sont obligées d’assumer en même temps le rôle du père. Dans cette situation, les plus grands perdants restent bien sûr les enfants ballotés entre le père ou la mère.
Leur éducation, santé, habillement et bienêtre etc., dépendent du parent qui est en charge de leur garde. Le plus souvent, ce rôle est dévolu à la mère, surtout si l’enfant est encore mineur. Car, c’est très rare dans nos sociétés que les pères restent avec les enfants en cas de divorce.
Depuis son divorce, Mariama C. vit seule avec ses trois enfants dont deux filles Zeyna (13 ans) et Amina (7 ans) et un garçon Fadel (9 ans). C’est elle qui s’occupe d’eux et les prend en charge. « Les charges sont lourdes sur mes épaules, mais je me débrouille. Après tout, ce sont mes enfants et je ne veux pas qu’ils sentent l’absence de leur père. Ce dernier, depuis notre séparation, a décidé de ne plus s’occuper d’eux après 15 ans d’union durant lesquels j’ai beaucoup supporté pour sauver mon mariage. Mais malheureusement, je n’en pouvais plus.
Mon ex-mari passait tout son temps dehors. En plus, il prenait trop d’alcool. Franchement, je ne pouvais plus supporter tout cela. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé le divorce. Et depuis, il ne dépense plus 1 FCFA pour s’occuper de ses enfants », confesse cette mère de famille dépitée du comportement de son ex-époux qui vit en concubinage avec sa maitresse et nourrit les enfants d’un autre homme tout en délaissant ses propres enfants. La situation est la même pour cette restauratrice. Hélène Sagna s’occupe depuis son divorce de ses enfants. « Mon mari est moi avons vécu 5 ans de mariage. Tout le temps, il se plaignait que ses revenus n’étaient pas suffisants pour nous entretenir et payer en même temps le loyer. Ayant de la compassion pour lui, je travaillais dur jour et nuit pour l’aider. L’eau et l’électricité étaient à ma charge ainsi que la scolarité des enfants. Au bout de quelque temps, j’ai découvert que rien de ce qu’il me disait n’était vrai. Parfois, il m’inventait des missions d’une semaine ou de quelques jours pour passer du beau temps avec ses conquêtes dans des auberges et hôtels de la place. Moi, comme une folle, je me battais pour joindre les deux bouts et prendre soin de ma petite famille. Un beau jour, alors qu’il avait oublié son téléphone portable en allant au travail, j’ai décidé de jeter un coup d’œil sur son appareil. C’est à cet instant que tout a basculé », raconte la bonne dame qui venait ainsi de découvrir les infidélités de son époux. Le divorce qui s’en est suivi n’a pas pour autant changé le mari qui a abandonné sa famille. Laquelle est aujourd’hui à la charge de son ex-épouse.
Toutefois, Hélène Sagna ne désespère pas de le voir un jour prendre en charge ses enfants. « Je pense que sa conscience ne lui permettra pas d’abandonner ses enfants si lâchement. Un jour ou l’autre, il reviendra vers eux, car après tout c’est leur père. De mon côté, je ne compte pas refaire ma vie si rapidement, car avec les hommes d’aujourd’hui, il faut faire très attention avant de s’unir », confie cette brave restauratrice très déçue du comportement des hommes.
Mon mari m’a abandonné quand j’étais enceinte de mon deuxième enfant…
pour ces deux femmes, la vie de M. Fall a elle aussi été chahutée. Notre interlocutrice aborde péniblement sa souffrance et peine même à sortir les mots de sa bouche tellement elle souffre. Selon elle, il lui est difficile de tourner cet épisode car son ex-mari l’a abandonnée alors qu’elle était enceinte de son second enfant pour s’offrir une autre épouse sans lui en parler. « Enceinte de mon deuxième enfant, mon mari a commencé à changer de comportement. Parfois, il refusait même de m’adresser la parole. Il s’éloignait davantage de moi et j’ignorais les raisons. ‘’ Ndékétéyo’’ il avait pris une deuxième femme sans m’en parler. Ma belle-famille l’a forcé à le faire sans m’aviser. C’est quand j’étais à terme que j’ai su ce qui se tramait autour de moi », dit-elle.
Une trahison qui a failli lui coûter la vie. Elle demande le divorce et retourne chez ses parents. Avec son salaire d’enseignante, elle parvient à prendre en charge ses enfants sans attendre l’aide de leur père qu’elle essaie d’effacer de sa vie. Ma femme me trompait avec un autre… « Ma femme ne m’a pas demandé le divorce, mais c’est moi qui l’ai quittée lorsque j’ai découvert qu’elle me trompait avec un autre. Ce fut un coup très dur pour moi, car je ne le croyais pas capable d’une telle bassesse. Et pourtant, je ne lui ai jamais rien refusé. Tout ce qu’une femme rêve d’avoir dans son ménage, elle l’avait », confie ce cadre qui pensait avoir trouvé le grand amour et une vie calme.
Séparé de son épouse, il a pris la responsabilité de garder ses enfants. « Au moins, avec moi, les enfants mènent une vie normale. D’ailleurs, c’est plus sûr pour leur éducation », a-t-il conclu.
SELLY BA, SOCIOLOGUE : «Les enfants issus de ces familles monoparentales sont souvent vulnérables»
« Il faudrait une politique dédiée à la famille pour encadrer davantage les couples sur les sens du mariage, les droits et les devoirs. Mais également, préparer les futurs mariés avant d’entamer la vie de couple », explique d’emblée la sociologue Selly BA. Selon qui les familles monoparentales augmentent parce que c’est un phénomène lié aux multiples divorces. « Il y a un lien de cause à effet. Ça, c’est un fait. La cause des multiples divorces, c’est qu’on n’a pas encadré et préparé les futurs mariés à leurs responsabilités. A leurs droits et devoirs au niveau du couple aussi », éclaire la sociologue. A l’en croire, beaucoup de facteurs entrent en jeu dans cette multiplication des familles monoparentales. Parmi ces facteurs, elle cite la situation économique, la question de l’emploi et celle de l’effritement des valeurs. « Le fait qu’aujourd’hui les femmes sont scolarisées et accèdent à des postes de décision, leur confère une certaine liberté. La femme qu’on a aujourd’hui en 2020 est différente de celle des années précédentes », explique Selly BA. Ce qui fait que toutes les femmes qui sont dans cette situation d’aisance financière aspirent à plus d’autonomie confie notre interlocutrice. « … Il y a de moins en moins de mariages arrangés, c’est-à-dire les décisions qui se prenaient dans les couples n’appartenaient pas directement aux concernés (l’époux ou l’épouse), mais c’était aux parents, à l’oncle ou aux grands parents de régler les problèmes qui se passaient dans le couple », explique-t-elle. « Aujourd’hui, les gens se retrouvent dans la rue, dans internet ou dans d’autres lieux de rencontres et font connaissance. Parfois, une relation amoureuse nait et il y a mariage. Les gens ne prennent plus le temps de se connaître. C’est la raison pour laquelle les couples basculent vite », diagnostique Mme BA.
A propos des enfants issus de ces familles monoparentales, la sociologue soutient qu’ils sont souvent vulnérables, très fragiles et influençables. « Parce qu’il y a l’affection soit de la mère ou du père qui leur manque. Et du coup, ça créée un vide autour de l’enfant. Il y a un besoin affectif qui fragilise davantage l’enfant. Et cela joue sur le plan psychologique. Mais, encore une fois, tout dépend de l’entourage familiale et du contexte familial ou baigne l’enfant », soutient Mme Selly ba qui préconise que les futurs mariés soient préparés à une vie de couple pour saisir le vrai sens du mariage.
PROLONGATION DE L’AGE DE LA RETRAITE A 65 ANS CHEZ LES MEDECINS, CHIRURGIENS-DENTISTES, PHARMACIENS ET VETERINAIRES
Mballo Dia Thiam plaide pour une généralisation de la mesure à tout le corps médical
Alors qu’il pensait voir une « démocratisation » de l’âge de la retraite chez tous les travailleurs de la santé, Mballo Dia Thiam dit constater, en lieu et place, une discrimination d’une catégorie du corps médical (paramédicaux : Ndlr) et un traitement de faveur pour les chirurgiens-dentistes, les pharmaciens et les médecins vétérinaires qui, désormais, prendront la retraite à l’âge de 65 ans. Ce recul de l’âge de la retraite est pourtant une vieille doléance de ses camarades syndicaliste car toujours inscrite sur leur plateforme revendicative. D’où son plaidoyer pour l’élargissement de la mesure chez toutes les catégories de travailleurs du corps médical.
Une fin heureuse à l’avantage de « toutes » les catégories de travailleurs de la santé ! C’est ce qu’exige Mballo Dia Thiam, en réaction à la mesure prise par le chef de l’Etat et prolongeant l’âge de départ à la retraite chez les médecins et pharmaciens jusqu’à 65 ans.
Selon le patron du Sutsas (Syndicat autonome des travailleurs de la santé et de l’action sociale), l’allongement de l’âge de la retraite jusqu’à 65 ans doit être valable pour tout le corps médical. Médicaux comme paramédicaux devraient être dans la même fourchette du taux plein de la retraite. Cette exigence du président de l’Alliance And Gueusseum n’est pas fortuite.
Le gouvernement semble remuer la « plaie béante » en donnant la part belle à une catégorie de professionnels de la santé à savoir les médecins, les chirurgiens-dentistes, les pharmaciens et les médecins vétérinaires. Lesquels vont pouvoir désormais jusqu’à 65 ans, contre 60 auparavant, soit une prolongation de cinq ans avant de faire valoir leurs droits à une pension de retraite. Ce décret portant relèvement de l’âge de la retraite est la matérialisation d’un accord signé par le gouvernement avec le Syndicat autonome des Médecins du Sénégal (Sames).
Bon prince, Mballo Dia Thiam dit « saluer un tel avantage octroyé à cette catégorie de travailleurs de la Fonction publique », non sans accuser le gouvernement d’avoir fait dans la « discrimination ». « Les gens du pouvoir ont avancé des arguments avec des motifs qui sont valables pour toutes les autres catégories de travailleurs », s’est indigné le secrétaire général du Syndicat unique des Travailleurs de la Santé et de l’Action sociale (Sutsas) qui dit porter en bandoulière le combat pour le recul de l’âge de la retraite depuis les années 2000. Un combat qui, hélas, peine encore à avoir une suite favorable. « En son temps, le Fnr (Ndlr, Fonds national de retraite) était déficitaire. Il fallait revoir les bassins de cotisations et prolonger l’âge de la retraite pour une démocratisation de la retraite. On avait demandé à ce que tous les agents cotisent les mêmes montants.
Malheureusement, et depuis lors, rien n’a changé. Les fonctionnaires perçoivent beaucoup plus que les décisionnaires qui reçoivent des pensions modiques une fois à la retraite », se désole M.. Thiam selon qui « beaucoup de choses sont à rectifier. Comme, par exemple, la migration de ceux qui sont à l’Ipres (Ndlr, Institution de prévoyance retraite du Sénégal) vers le Fnr ».
D’après le patron du Sustas, on devrait aujourd’hui « aller au-delà de l’allongement de l’âge de la retraite à 65 ans pour arriver à stabiliser le bassin des cotisations en faisant cotiser ceux qui sont en activité pour ceux qui sont en inactivité ». A côté des cotisations, il y a la question du recrutement qui altère aujourd’hui leur pension de retraite. « Il y a un retard de recrutement massif qui fait qu’aujourd’hui, les contractuels sont plus nombreux que les fonctionnaires. Les contractuels dépassent de loin le nombre de fonctionnaires. Or, on devait avoir plus de fonctionnaires que de décisionnaires. Cela déteint aujourd’hui sur notre pension de retraite qui nous met dans une situation de précarité dès qu’on arrive à la retraite » indique-t-il. Deux questions nodales qui font que ces syndicalistes de la santé affiliés à l’Alliance And Gueusseum y avaient exigé l’inclusion de l’indemnité de risque pour l’équité dans la pension de retraite.
Toutefois, le Chef de l’Etat ayant accordé la prolongation de l’âge de la retraite à 65 ans, Mballo Dia Thiam approuve et parle d’un bon pas franchi. Cea dit, il pense que le chef de l’Etat doit faire en sorte que « nous autres en bénéficions afin de nous sortir de la précarité. Car, tous les travailleurs méritent de meilleures conditions de travail, et les mêmes égards à la retraite » soutient Mballo Dia Thiam.
Le patron de l’alliance « And Gueusseum » dit « n’avoir pas à cracher sur les avantages des autres », mais trouve, en parallèle, que tout travailleur devrait être enrôlé dans cette mesure du taux plein de l’âge de la retraite, aujourd’hui porté à 65 ans pour une certaine catégorie du corps médical… En des termes clairs, il demande la fin de la discrimination entre membres du même corps médical…
Par Mamadou Oumar NDIAYE
LAISSONS TRANQUILLE IDY, IL FAIT DE LA POLITIQUE !
Contrairement à ceux qui l’accablent, moi, je trouve qu’il a fait preuve d’un très grand courage politique en décidant de travailler avec le président de la République.
Qu’on me permette, une fois encore, de naviguer à contre-courant de l’opinion et de me singulariser en me démarquant du lynchage en règle que subit M. Idrissa Seck depuis qu’il a accepté d’accepter la main tendue du président Macky Sall.
Contrairement à ceux qui l’accablent, moi, je trouve qu’il a fait preuve d’un très grand courage politique en décidant de travailler avec le président de la République. En prenant le risque d’être impopulaire, de perdre même dans l’opération une partie de son électorat qui n’a pas compris la signification de l’acte qu’il vient de poser, il montre qu’il a l’étoffe d’un homme d’Etat. Ce contrairement à l’homme politique qui, lui, vogue dans le sens du vent et recherche toujours la popularité. Or, c’est connu qu’en temps de guerre, de crise ou par gros orage comme avec cette pandémie du coronavirus qui a fini de mettre les pays du monde entier en récession — en plus de tuer des centaines de milliers de personnes surtout en Occident —, il est indiqué de faire bloc, de taire les divergences, de constituer un front commun afin de combattre le péril avec toutes les chances de le vaincre.
De ce point de vue, qui n’ignore pas que le Sénégal traverse lui aussi la plus grave crise de ses 60 ans d’existence en tant que pays souverain ? Qui ne se rend pas compte que notre pays lutte pour sa survie économique avec des secteurs entiers de l’activité qui sont par terre, des entreprises qui ferment en cascade, un chômage plus qu’endémique précipitant des milliers de jeunes dans des pirogues pour espérer gagner un continent européen lui-même durement frappé par la pandémie et menacé — si ce n’est déjà arrivé — par une récession sans précédent. Inutile de dire que ces pays vers lesquels nous nous tournions au moindre problème pour qu’ils nous aident ont aujourd’hui d’autres chats à fouetter. Ils se préoccupent d’abord de balayer devant leurs propres portes et songent avant tout à se défendre contre la pandémie qui fait des milliers de morts chaque jour dans le continent européen.
Sur le plan sécuritaire, également, le Sénégal n’est pas à l’abri de convulsions avec ce qui se passe au Mali où les djihadistes occupent la moitié Nord du pays — et où l’on évoque de plus en plus le départ des militaires français de l’opération « barkhane » qui empêchent encore ces barbus de bivouaquer à Bamako. Au Sud, le passage en force du vieux camarade Alpha Condé pour un troisième mandat à l’évidence de trop risque évidemment de faire déferler un flot important de réfugiés chez nous. Sans compter qu’un éventuel embrasement de la Côte d’Ivoire — qui pèse 40 % du Pib de l’Uemoa —aura forcément des répercussions dans tout cet espace, et naturellement au Sénégal où le feu couve sous la cendre et où il ne manquerait plus qu’Ousmane Sonko souffle sur les braises… en Casamance. C’est en tout cas, dit-on, l’une des plus grandes craintes du président de la République qui, pour établir un cordon sanitaire autour de cette région, est allé chercher Idrissa Seck pour l’associer de nouveau au pouvoir. Car il ne faut surtout pas que les collectivités locales tombent entre certaines mains !
Retour en zone pour Idy !
En réalité, le président du Conseil départemental de Thiès effectue un retour en zone dans la mesure où il était partie prenante de Benno bokk Yaakar pour avoir soutenu l’actuel président de la République au second tour de la présidentielle de 2012. « Gagner ensemble et gouverner ensemble » avait dit le président. De fait, dès sa victoire, il avait associé Rewmi au gouvernement en lui octroyant deux portefeuilles ministériels. Ensuite, tout était calé pour qu’Idrissa Seck prenne la présidence du Conseil économique et social (l’environnemental est venu après). Les choses étaient claires dans l’esprit du président Macky Sall : chacun des leaders des grands partis qui l’avaient soutenu devait hériter d’une institution. Ainsi, Moustapha Niasse, qui avait contribué à la victoire avec le plus grand nombre de voix, a obtenu la présidence de l’Assemblée nationale — où il s’accroche toujours bec et ongles ! Idrissa Seck devait prendre le Conseil économique et social tandis que feu Ousmane Tanor Dieng devait patienter jusqu’à ce qu’une institution soit créée sur mesure pour lui après la dissolution du Sénat. Hélas, entretemps, face à ses critiques des décisions du nouveau président, « Idy » fut sommé de se taire ou de prendre la porte. Il choisit cette dernière option. Tout cela pour dire qu’en acceptant d’aller trôner au Conseil économique, social et environnemental, il récupère en quelque sorte une institution qui lui revenait de droit ! On peut, certes, lui reprocher ses déclarations passées où il exigeait la dissolution du Cese qualifiée d’institution « inutile » mais enfin, ce ne serait pas la première fois qu’un politicien dirait une chose et son contraire voire se renierait ! Et puis, peut-être qu’il le disait par dépit d’avoir été privé de ce « machin » qui pèse quand même sept milliards de francs.
Opposant au Sénégal, une mission impossible !
Plus fondamentalement, il faudrait sans doute que nos compatriotes se convainquent que l’adversité politique, ce n’est pas la guerre civile et que, pour les intérêts supérieurs de la Nation, ou lorsque cette dernière est menacée, il peut arriver que des unions soient scellées entre le pouvoir et l’opposition. Ainsi, au lendemain des violentes émeutes post-électorales de févriermars 1988 qui avaient nécessité l’instauration d’un état d’urgence très rigoureux, et aussi après les événements sénégalo-mauritaniens de 1989, le président Abdou Diouf avait associé son alors plus farouche opposant, Me Abdoulaye Wade, à la gestion du pouvoir. C’était le fameux Gouvernement de majorité présidentielle élargie dans lequel Wade avait été nommé ministre d’Etat sans portefeuille et où siégeaient Ousmane Ngom, Aminata Tall, Idrissa Seck et JeanPaul Dias mais aussi des ministres du PIT et de la LD/MPT. Au vu de ce précédent, n’estil pas concevable que, 32 ans plus tard, le Sénégal, une nouvelle fois confronté à des périls — il est vrai d’une tout autre nature —, ressorte cette formule qui avait servi si heureusement à la fin des années 80 et au début des années 90 ? S’agissant toujours de nos compatriotes, ils doivent cesser de vouloir une chose et son contraire c’est-à-dire une démocratie qui fonctionne selon les meilleurs standards — dans laquelle, donc, la majorité gouverne et la minorité s’oppose — et refuser de s’en donner les moyens. Or, un anachronisme incompréhensible veut que, dans ce pays, il n’y a toujours pas de financement public des partis politiques.
Dans ces conditions, en Afrique d’une manière générale, en dehors de la formation au pouvoir qui peut piocher dans les caisses de l’Etat ou racketter les investisseurs et les hommes d’affaires, comment veut-on que les partis d’opposition vivent ? Car, l’époque où un dirigeant messianique ou richissime comme Wade — que la politique avait d’ailleurs ruiné avant son accession au pouvoir — tenait à bras-le-corps son parti en supportant toutes les dépenses est révolue. De plus, les chefs d’Etat mécènes ou prodigues comme Oumar bongo ou le Guide libyen Mouammar Kadhafi, qui finançaient à tour de bras les opposants du continent, ne sont plus au pouvoir ou de ce monde. Quant à des investisseurs comme ce célèbre logisticien d’un pays européen qui arrosait lui aussi les candidats africains, soit ils ont des ennuis judiciaires dans leur pays, soit ils ne sont plus aussi généreux ! Si leurs intérêts ne sont pas suffisamment préservés par les présidents en place…
Sans argent public — auquel ils devraient pourtant avoir droit — et donc sans moyens de retenir leurs meilleurs cadres, les partis d’opposition africains ne peuvent donc tout simplement pas jouer leur rôle. C’est un secret de Polichinelle qu’Idrissa Seck aussi a été appauvri par la politique. Il aurait pu souffler un peu si le statut du chef de l’opposition avait été voté et si, en toute logique, il avait été désigné pour occuper cette position. Hélas, par des manœuvres mesquines, là aussi, on a tout fait pour qu’il ne puisse pas être reconnu chef de l’opposition avec les avantages matériels et financiers qui vont avec. Last but not least, c’est bien connu que, sous nos cieux, les militants n’achètent même pas leurs cartes de membres à plus forte raison faire des donations pour ceux d’entre eux ayant quelque fortune. bref, être opposant dans un pays comme le Sénégal, c’est une mission presque impossible !
Faisant preuve de « réalisme », pour ne pas dire de « realpolitik », Idrissa Seck a donc choisi une voie très sage consistant à s’associer à la gestion du pouvoir pour répondre à l’appel de la patrie. Et voir venir car nul ne sait de quoi demain sera fait… Surtout que, encore une fois, il réintègre la majorité qu’il avait contribué à créer. bien évidemment, tout le mérite de ce « new deal » politique revient au président de la République qui a eu la grandeur de tendre la main à son principal opposant alors pourtant qu’il aurait pu prétendre gouverner seul en se disant qu’après tout, les Sénégalais lui ont renouvelé leur confiance il y a un an et demi avec un taux plus que flatteur de 58 % des suffrages valablement exprimés. Avec les plus de 20 % que lui apporte son « come back » allié, Idrissa Seck, il peut espérer remporter haut la main les prochaines élections locales et législatives. Et placer en pole position le poulain qu’il aura choisi pour la présidentielle de 2024. Mais nous n’en sommes pas encore là !
Grandes coalitions en Italie et en Allemagne aussi…
Soulignons, pour terminer, que ce n’est pas qu’au Sénégal que des coalitions se forment entre le pouvoir et l’opposition pour constituer des majorités de gouvernement. Je me contenterai de citer l’Italie et l’Allemagne. Dans le premier pays, alors confronté à une grave crise politique, économique et sociale — et faisant face au terrorisme des célèbres « brigades rouges » — avait été réalisé en 1978 ce qui est resté dans l’Histoire comme étant le « Compromis historique » entre le tout-puissant Parti communiste d’alors dirigé par Enrico Berlinguer, et la Démocratie chrétienne ayant à sa tête Aldo Moro. Ces deux partis qui dominaient alors la vie politique de ce pays depuis la Seconde guerre mondiale, avaient donc décidé de travailler ensemble— avec aussi le Parti socialiste — pour gérer l’Italie. Malgré l’enlèvement — suivi de l’assassinat — d’Aldo Moro le jour même où le vote de confiance au nouveau gouvernement devait avoir lieu, le « Compromis historique » avait été plébiscité le 16 mars 1978. Quelques années plus tard, le philosophe et ex-opposant Babacar Sine avait tenté d’acclimater la formule au Sénégal en proposant lui aussi un « compromis historique » entre le régime socialiste et les partis marxistes d’alors. Une proposition qui avait fait long feu après avoir été tournée en dérision par les opposants qui avaient alors parlé de « compromission historique »…
En Allemagne aussi, ce sont les rivaux historiques du Parti Social Démocrate et du groupe commun formé par l’Union chrétienne démocrate (Cdu) et sa déclinaison bavaroise (CSU) qui ont formé une « Grande coalition ». Ces deux principales forces, surmontant leurs divergences historiques, ont constitué une majorité qui gouverne actuellement — et jusqu’en 2021 en principe — le pays de la chancelière Angela Merkel. Comme quoi, Idrissa Seck et Macky Sall sont dans le sens de l’Histoire…
Le peuple cocufié !
Le dénominateur commun entre « Compromis historique » italien, la « grosse koalition » allemande et — dans une bien moindre mesure —le « gouvernement d’union nationale » du Sénégal des années 90, c’est que, dans toutes ces expériences, les opinions ont été tenues informées. Il y a eu des débats passionnés autour des programmes envisagés, parfois des votes dans les partis et les militants se sont prononcés en connaissance de cause. Je me rappelle qu’un jour de 1989, alors que j’étais rédacteur en chef de « Sopi », journal appartenant au Pds, Me Abdoulaye Wade m’avait fait venir dans son domicile du Point E.
Là, dans son bureau, il m’avait confié à peu près ceci : « Ecoute, toi, tu dois être mis au parfum au même titre que certains responsables du parti. J’étais en négociations avec le président Abdou Diouf et nous nous sommes entendus. Après-demain, il va prononcer un discours à l’occasion de la fin du Ramadan. Il va lancer un appel au leader de l’opposition parlementaire — c’est-à-dire moi — pour venir travailler dans le sens des intérêts du pays. Je répondrai positivement à son appel et ça devrait déboucher plus tard sur notre entrée au gouvernement » m’avait-il dit en substance en me demandant de lever le pied dans la ligne oppositionnelle très dure qu’avait alors le journal dont je dirigeait la rédaction.
Effectivement, quelques jours plus tard, le président Abdou Diouf lançait son fameux « Appel de la Korité ». La suite, on la connaît. Rien de tout cela dans les retrouvailles entre le président Macky Sall et son principal rival à la dernière présidentielle. Les Sénégalais se sont réveillés pour apprendre qu’Idrissa Seck était nommé président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et que deux responsables de son parti entraient au gouvernement.
Circulez, y a plus rien à savoir ! Sur la teneur des négociations entre les deux hommes, sur ce qu’ils ont conclu, sur l’éventuel programme qu’ils vont appliquer, nos compatriotes sont priés de ne rien chercher à en savoir. Macky Sall et Idrissa Seck ont agi comme des conspirateurs, comme s’ils faisaient quelque chose de honteux — alors pourtant que, j’insiste, c’est une excellente chose cette entente — et nous ont jugé indignes d’en être informé. Ce faisant, ils accréditent justement l’idée de « deal » largement partagée par les citoyens de ce pays.
Tout ce qui se fait sans le peuple s’effectuant contre lui, nos deux larrons se sont donc entendus dans le plus grand secret avant de mettre les Sénégalais devant le fait accompli. Une manière de leur dire : « salauds, on vous en bien entubés ! » Le tout assorti d’un bras d’honneur…
Pis, face à un bouleversement politique de cette ampleur, le président de la République n’a même pas jugé utile de faire une adresse à la Nation pour l’informer — à défaut de le prévenir — de ce qu’il avait arrêté avec le principal opposant de ce pays. Ce contrairement à ce qu’avait fait Abdou Diouf. Macky Sall s’est contenté d’envoyer deux collaborateurs lire des décrets annonçant des décisions qu’eux-mêmes venaient d’apprendre en même temps que le commun des Sénégalais ! On ne peut être plus méprisant envers le peuple…
Pis, devant le drame des jeunes migrants se noyant par dizaines en mer, le président, plutôt que de s’adresser à son peuple en faisant d’une pierre deux coups, s’est contenté de lui balancer un « tweet » à la manière d’un vulgaire Donald Trump. On a connu plus emphatique à l’endroit de ses concitoyens !
A l’issue de la réunion de son Secrétariat Exécutif National (SEN) hier, la Convergence Libérale et Démocratique Bokk Gis Gis (BGG) a conclu qu’une mauvaise politique de l’emploi au Sénégal est à la l’origine de la recrudescence de l’émigration clandestine. Pape Diop et Cie ont profité également de l’occasion pour se démarquer carrément d’Idrissa Seck et de sa coalition « Idy 2019 » pour protester contre la nomination du leader du parti Rewmi à la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et l’entrée dans le gouvernement de deux de ses partisans.
Le leader de la Convergence Libérale et Démocratique Bokk Gis Gis (BGG), Pape Diop, et ses partisans ont trouvé le coupable à l’origine de la recrudescence de l’émigration clandestine. Pour eux, il s’agit de Macky Sall et de son régime qui ont échoué dans la politique de l’emploi. « Le Secrétariat Exécutif National appelle les pouvoirs publics à prendre enfin la pleine mesure de ce véritable drame humain afin d’apporter des réponses urgentes et efficaces à la lancinante question de l’emploi. Victimes d’un chômage endémique et affectés par le manque de perspectives, des centaines voire des milliers de jeunes compatriotes essaient désespéramment de rejoindre l’Europe à bord d’embarcations de fortune. Le bilan est très lourd avec plusieurs pertes en vies humaines et dans des conditions insoutenables », explique un communiqué parvenu hier à « L’AS».
Pour lutter contre ce phénomène, ils appellent les Sénégalais à rester d’abord vigilants pour juguler complètement le coronavirus et à se mobiliser pour la relance de notre économie qui a été durement impactée par cette crise sanitaire. Rappelant que l’ancien président du Sénat avait déjà formulé des propositions allant dans ce sens, la Convergence Libérale et Démocratique Bokk Gis Gis« restera attentive à toutes les actions qui devront être menées pour faire repartir notre économie ». Selon eux, une mobilisation nationale autour de la relance de l’économie est d’autant plus nécessaire que notre pays est à nouveau frappé de plein fouet par le phénomène de l’émigration clandestine.
PAPE DIOP SE DEMARQUE D’IDRISSA SECK
S’agissant des négociations qui ont abouti à la nomination d’Idrissa Seck à la tête du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et de l’entrée dans le gouvernement de certains membres de l’opposition, Pape Diop et Cie affirment ne pas être mêlés ni de près ni de loin à des pourparlers avec le président Macky Sall et la mouvance présidentielle. « Tirant les conséquences de cette situation nouvelle, le Secrétariat Exécutif National considère que l’alliance avec le parti ‘’Rewmi’’ d’Idrissa Seck dont la candidature à l’élection présidentielle avait été soutenue par Bokk Gis Gis à travers la coalition ‘’Idy 2019’’ n’a plus sa raison d’être. Cette formation ayant décidé souverainement de quitter l’opposition pour rejoindre le gouvernement du Président Macky Sall.
Pour sa part, la Convergence Libérale et Démocratique Bokk Gis Gis réaffirme son ancrage dans l’opposition et entend bâtir une véritable alternative à la politique menée jusque-là par le régime du président Macky Sall et dont les effets pervers se manifestent dans tous les secteurs de la vie nationale», persistent et signent Pape Diop et ses partisans. Restant ouvert à toutes les forces politiques, aux mouvements citoyens et aux organisations de la société civile qui partagent ce combat, Bokk Gis Gis exhorte ses militants et sympathisants à rester mobilisés et à prendre part à toutes les activités du parti dont la relance est désormais « effective sur toute l’étendue du territoire ». Il est également demandé à tous les responsables à la base de s’organiser pour préparer activement les prochaines élections locales.
«L’ETAT EST INGRAT, ON NE SE SOUVIENT PAS SOUVENT DES GRANDS ACTES QUE VOUS POSEZ»
Après près de deux années passées à la tête du ministère du Pétrole et des Energies, Mouhamadou Makhtar Cissé a passé le flambeau à Aïssatou Sophie Gladima, ancienne ministre des Mines et de la Géologie.
La cérémonie de passation de service entre le ministre du Pétrole et de l'Energie sortant Mouhamadou Makhtar Cissé et sa remplaçante Aissatou Sophie Gladima a eu lieu hier dans la plus grande sobriété. Dans son allocution d’adieux, l'ancien directeur Général de la Senelec a fait un bilan élogieux de son passage avant d’exprimer son état d’âme sur l’ingratitude de l’Etat.
Après près de deux années passées à la tête du ministère du Pétrole et des Energies, Mouhamadou Makhtar Cissé a passé le flambeau à Aïssatou Sophie Gladima, ancienne ministre des Mines et de la Géologie. La cérémonie qui s'est déroulée dans la plus grande sobriété, comme l'a ordonné le président de la République, a été une occasion pour lui de remercier ses collaborateurs. A l'entame de ses propos, il a tenu à remercier le chef de l'Etat avec qui il a toujours eu de très bons rapports. Parlant de sa carrière, il est revenu sur les postes de responsabilités qu'il a eu à occuper et les nombreuses réalisations qu'il a eu à faire jusque-là. De la direction des douanes au ministère du Budget en passant par la Senelec, MakhtarCissé dresse un bilan élogieux.
Cependant, regrette-t-il « l'Etat est ingrat, on ne souvient pas des grands actes que vous posez, on ne se souvient que des erreurs et des fautes ». A sa remplaçante, il lui laisse un dossier lourd, relatif notamment à l’accès à l'électricité pour tous les sénégalais d’ici 2025. « Nous avons adopté la stratégie du secteur avec la lettre de politique du développement du secteur qui découle du Pse qui est le référentiel unique de la politique économique et social de l’Etat », dira Makhtar Cissé. Qui ajoute sur les principaux actes de cette lettre de politique sectorielle : « Nous nous sommes mis à l'ouvrage et beaucoup d'efforts ont été faits sur l'accès à l'électricité. Déjà, il y a 10% de progression sur une année sur l’électrification rurale et aujourd’hui, le taux est à presque 53% et le taux global avoisine les 70%. On est à 68% et l’objectif demeure l'accès universel à l'électricité pour tous les sénégalais en 2025. » Une autre réalisation toujours dans ce domaine, à en croire l’ancien Dg de la Senelec, fut la signature du contrat de gaz juste avant l'avènement de la covid-19. Ce qui nous permet de maintenir l'objectif du premier baril au Sénégal en 2023.
AÏSSATOU SOPHIE GLADIMA, ACTUELLE MINISTRE DU PETROLE ET DES ENERGIES : «JE VOUDRAIS VOUS RASSURER QUE TOUS LES ACQUIS SERONT CONSOLIDES»
A l'endroit du ministre sortant, le nouveau ministre du Pétrole l'a remercié de lui avoir facilité la passation de service et s'engage à « consolider les acquis », d’autant plus qu’elle est dans son domaine pour avoir cheminé pendant longtemps à Petrosen avec le président Macky Sall. Pour Aïssatou Sophie Gladima, le pétrole et l'énergie ne sont pas que des ressources aux occurrences réelles sur l’économie, « ils sont des enjeux névralgiques dont la gestion transparente, parcimonieuse, inclusive peut accélérer le rythme de croissance d'un pays et consolider ses efforts de développement». Elle continue en soutenant que les immenses découvertes faites dans le domaine des hydrocarbures et du pétrole ainsi que les investissements massifs et structurants dans le domaine des « énergies sous l'ère Macky sont un motif de fierté pour tous les fils de ce pays».
YAYA AMADOU DIA RÉTROGRADÉ, BLÂME POUR OUSMANE KANE
La formation disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature s’est réunie hier pour trancher le contentieux opposant les juges Yaya Amadou Dia et Ousmane Kane. Une affaire qui avait fini de polluer le débat public et de discréditer la Justice
Les deux magistrats s’étaient distingués dernièrement en «s’étripant» publiquement. Après les accusations de corruption portées à son encontre par le magistrat, Yaya Amadou Dia, Premier président de la Cour d’appel de Kaolack, avait porté la réplique en indiquant que ce dernier était d’une «particulière méchanceté ». L’affaire est finalement tombée aux mains du conseil de discipline de la magistrature qui a rendu hier son verdict.
La formation disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature s’est réunie hier pour trancher le contentieux opposant les juges Yaya Amadou Dia et Ousmane Kane. Une affaire qui avait fini de polluer le débat public et de discréditer la Justice.
Après s’être saisi du dossier, le couperet est finalement tombé. D’après des sources de « l’As », le juge Yaya Amadou Dia a été rétrogradé. Il passe ainsi du statut de magistrat hors hiérarchie à magistrat du premier degré. Quant au premier président de la cour d'appel de Kaolack, renseigne toujours notre interlocuteur, le conseil de discipline a décidé de lui servir un blâme qui est plus une sanction morale, une sorte d'avertissement. On peut ainsi déduire que l’autorité chargée de régler les questions de discipline au sein de la magistrature en veut plus au juge Yaya Amadou Dia.
Certainement, c’est dû au fait qu’il a été le premier à déclencher les hostilités à travers une lettre datée du 28 avril 2020 et dans laquelle il porte des accusations très graves sur la personne d’Ousmane Kane. Il est même allé jusqu’à le traiter de « magistrat corrompu ». Ce dernier a, face à la presse, nié les faits qui lui sont imputés avant de s’en prendre à son collègue pour le traiter de «méchant». Un autre élément qui laisse entrevoir que le conseil de discipline de la magistrature a été plus sévère avec le juge Dia, c’est le degré des sanctions.
En effet, la loi organique n° 2017-10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats divise dans son article 20, les sanctions disciplinaires en deux catégories. Il y a les sanctions du premier degré parmi lesquelles le blâme ; la réprimande avec inscription au dossier ; et le déplacement d’office.
Ensuite, il y a les sanctions du deuxième degré dont le retrait de certaines fonctions ; l’interdiction temporaire de fonctions pour une durée de trois (03) mois à un (01) an; l’interdiction temporaire d’exercer les fonctions de juge unique pour une durée d’un (01) à cinq (05) ans ; l’abaissement d’échelon ; la rétrogradation ; la mise à la retraite d’office ou l’admission à cesser ses fonctions lorsque le magistrat n’a pas droit à une pension de retraite ; la révocation avec droits à pension ; et la révocation sans droits à pension.
Il suffit ainsi de jeter un coup d’œil sur ces différents types de sanctions pour se rendre à l’évidence que le conseil de discipline de la magistrature a tranché en faveur du juge Ousmane Kane.
QUAND LES TELEVISIONS AMERICAINES COUPENT L'ALLOCUTION EN DIRECT DE TRUMP
Elles ont estimé que le président américain faisait de la désinformation. Celui-ci venait d'accuser les démocrates d'utiliser des "votes illégaux" pour "voler" la victoire.
La diffusion en direct de la première prise de parole de Donald Trump depuis la nuit de l'élection présidentielle a été interrompue par plusieurs télévisions américaines. Elles ont estimé que le président américain faisait de la désinformation. Celui-ci venait d'accuser les démocrates d'utiliser des "votes illégaux" pour "voler" la victoire.
Plusieurs médias américains se sont trouvés dans une position inconfortable lors de la retransmission en directe de l'allocution de Donald Trump jeudi 5 novembre, lorsque le candidat à la présidentielle américaine s'est mis à parler de "votes illégaux" que les démocrates utiliseraient pour "voler l'élection". Quelques télévisions américaines, estimant qu'il faisait de la désinformation, ont décidé de cesser immédiatement la diffusion de son discours en direct.
Le président des États-Unis prenait la parole pour la première fois depuis la nuit de l'élection présidentielle. Alors que le dépouillement des voix se poursuit, Donald Trump venait de dire, depuis la Maison Blanche, qu'il allait gagner "facilement" si "les votes légaux" étaient comptés, mais que si l'on incluait "les votes illégaux", les démocrates pouvaient "essayer de nous voler l'élection".
Parmi les médias qui se sont offusqués de cette tentative de fabrication d'une "fake news", la chaîne MSNBC a cessé sa diffusion. "Bon, nous voilà encore dans la position inhabituelle de [devoir] non seulement interrompre le président des États-Unis, mais aussi de corriger le président des États-Unis", a lâché le présentateur, Brian Williams.
LA FACE CACHÉE DES CENTRES D’APPELS
Entre emplois précaires, surexploitation, non-respect du droit des travailleurs, la plupart des centres d’appel frisent l’esclavage. A côté, une sous-activité communément appelée « ligne rose » fait recette en sourdine
Service client, renseignements…les centres d’appels offrent d’importantes alternatives aux entreprises. Mais ce n’est que la partie visible de l’iceberg. En effet, entre emplois précaires, surexploitation, non-respect du droit des travailleurs, la plupart des centres d’appel frisent l’esclavage. A côté, une sous-activité communément appelée « ligne rose », fait recette en sourdine.
Place forte de la relation client en Afrique francophone, la capitale sénégalaise Dakar attire de plus en plus de centres d’appel. Des filiales de grands groupes internationaux ont posé leurs baluchons. De Pcci aux américains d’IBEX Global, en passant par Call Me détenu par un homme d’affaires sénégalais, ils sont nombreux à se disputer le marché sénégalais. A côté de ce qu’on pourrait appeler les précurseurs, beaucoup de petites structures voient de plus en plus le jour et la plupart de manière clandestine. Même si ces petits Poucet se contentent de petits marchés, ils ont eu le mérite de rendre le marché très concurrentiel. L’un des précurseurs, Pcci, en est la preuve par mille. Créée en 2001, l’entreprise est présente dans plusieurs pays. Avec plus de 1 300 employés au Sénégal, elle a connu une période très difficile qui l’a d’ailleurs poussée à se séparer de plusieurs travailleurs. Mais selon cet ancien de la boite, ce qui arrive à Pcci n’épargne aucun centre d’appels. «Certains problèmes sont plus exposés que d’autres. Mais aujourd’hui, tous les centres d’appels traversent des difficultés énormes. La plupart d’entre eux comptaient sur les gros clients. Mais certains d’entre eux ont commencé à internaliser le service client, ce qui fait que la marge de manœuvre a considérablement baissé. Beaucoup ont réduit leur effectif», révèle-t-il.
EMPLOI TEMPORAIRE…
Ils sont étudiants, jeunes diplômés…les profils sont variés dans les centres d’appels, chez les travailleurs des centres d’appels. Animatrice dans une télévision de la place, cette dame, la quarantaine, a passé beaucoup d’années dans le métier de télé conseillère dans des centres d’appels. Selon elle, c’était un emploi provisoire, le temps de trouver un travail pérenne. « Au début, je me suis dit que je pouvais y gagner ma vie en attendant de trouver mieux. Mais finalement, j’y ai passé presque une année», témoigne-t-elle. Selon elle, si les centres d’appels continuent d’attirer des jeunes, c’est parce que ces derniers n’ont pas le choix. «Aujourd’hui, même pour trouver un simple stage, c’est la croix et la bannière. On ne peut pas attendre désespérément. Faute de grive, on se contente de merle. J’ai trouvé sur place des gens qui ont passé plus de deux ans là-bas. Ils n’ont pas le choix», dit-elle. Gérant d’une boutique multiservices, Abdoul a passé près de deux ans dans un centre d’appels. Mais même s’il y gagnait une somme qui lui permettait de joindre les deux bouts, Abdoul dit avoir perdu énormément de temps. «C’est assez sécurisant de savoir qu’à la fin du mois, on perçoit quelque chose, mais le vrai danger, c’est qu’on oublie qu’on n’est pas formé pour faire carrière dans ce secteur. J’ai connu là-bas beaucoup de jeunes qui ont leur diplôme, mais qui ne pensent plus à déposer des demandes ailleurs. Ils sont presque résignés», révèle-t-il.
PLUS DE DIX HEURES DE TRAVAIL PAR JOUR
Selon Abdoul, si aujourd’hui la plupart de ceux qui travaillent dans ces centres d’appels n’ont pas le temps de faire autre chose, c’est parce que le nombre d’heures de travail dans les centres d’appels est infernal et frise l’exploitation. «Certains commencent à 6 heures du matin pour terminer à 17 heures. On n’a droit qu’à une pause déjeuner qui ne dépasse pas 30 mn. Si vous voulez prier, soit vous attendez la fin de la journée soit vous le faites avant. On est presque utilisé comme des machines. Et comme ce sont des emplois précaires, personne n’ose protester. La plupart d’entre nous n’avaient même pas de contrat», révèle-til. Pire, selon cette employée d’un centre d’appels, au travail, la liberté est vraiment restreinte. En effet, révèle-t-elle, ceux qui doivent démarrer à six heures bénéficient du véhicule de ramassage, mais ni plus, ni moins. «Une fois dans l’enceinte de l’entreprise, on n’a même plus le droit de parler au téléphone. C’est à la limite de l’esclavage», déplore-t-elle.
Titulaire d’une licence, Amdy n’avait pas les moyens de se payer une formation pour poursuivre ses études. C’est alors qu’il intègre un centre d’appels. «Je pensais pouvoir faire des économies pour me payer un master une année plus tard. Mais déjà le rythme a fini par tuer en moi tout ce qui était envie de poursuivre mes études. En plus, avec des salaires qui n’atteignaient même pas 100 000 francs, j’ai vite revu mes ambitions », regrette-t-il.
DES SALAIRES ENTRE 80 ET 150 000 FRANCS
Comme les clients, les opérateurs travaillant dans les centres d’appels sont divisés en équipes. Chaque groupe s’occupant d’un type de client donné. Des employés ayant le niveau du Bfem au master, on en trouve en pagaille dans les centres d’appels. Et le choix du département se fait en fonction du niveau d’études. Cependant, quel que soit le niveau d’études, le salaire frôle la misère. « Pendant deux ans, j’ai gagné moins de 100 000 francs. Il a fallu que je commence à former de nouveaux venus pour percevoir 100 000 francs pour des horaires de travail qui dépassent les dix heures par jour. Il y a beaucoup de personnes qui gagnent beaucoup moins que cela. C’est assez surprenant. Mais si ça ne change pas, c’est parce que la demande est très forte. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de personnes qui viennent postuler par jour. Il y a des centaines de demandes qui attendent. En quelque sorte, c’est soit tu acceptes soit tu cèdes la place », confie-t-elle.
LA LIGNE ROSE, LA BONNE AFFAIRE
A côté des centres d’appels très connus, ils sont nombreux à être dans le secteur et dans le plus grand anonymat. Mais ils ne se plaignent pas pour autant. Bien au contraire, ils se font énormément d’argent. Cette dame, sous le couvert de l’anonymat, y a fait fortune. Aujourd’hui reconvertie dans la vente d’articles de femmes, c’est grâce à son expérience dans un centre d’appels dont elle taira le nom qu’elle a financé son activité. Elle était dédiée à un service secret au sein du centre d’appels qu’on appelait la ligne rose. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le business n’est pas catholique. « C’est un numéro spécial. Il y a même des gens qui travaillent dans le centre, mais qui ignorent son existence. Le travail consiste à recevoir des appels de personnes qui veulent être excitées au téléphone. Le plus souvent, ce sont des personnes âgées, des occidentaux en majorité. Le truc consiste à leur dire des mots excitants, parfois des gémissements. Ils vont jusqu’à s’exciter au téléphone », explique-t-elle.
Et pour en tirer le maximum, la conseillère doit tout faire pour retenir son client le plus longtemps au bout du fil. « C’est en fonction de la durée de l’appel que la commission est calculée. Il m’arrivait de gagner près de 300 000 francs en moins de 15 jours », reconnaît-elle. Si avec ces gains importants, elle a pu faire des économies jusqu’à lancer une activité, ce n’est pas le cas pour beaucoup de ses amies. En effet, dit-elle, la plupart sont tombées dans le piège de l’argent facile. « Il suffit d’avoir une belle voix, savoir se montrer sexy et très sensuelle. Il y a beaucoup de centres d’appels qui font cela », révèle-t-elle. Cependant, le business ne se limite pas à cela.
Selon une de ses amies qui a une expérience de 5 ans dans les lignes roses, au-delà de la séduction en ligne, qui n’est rien d’autre qu’une forme de prostitution virtuelle, il y a une activité qui passe sous le nez et la barbe même du gérant du centre d’appels. « Souvent, tu peux avoir un client au téléphone, il est tellement excité qu’il veut même te proposer de t’inviter moyennant de fortes sommes d’argent qu’il est presque difficile de refuser. La tentation est très forte. Parce qu’en cherchant à exciter la personne, on s’excite soi-même. Rapidement on tombe dans le piège. Je connais beaucoup de filles qui ont fait fortune dans ce créneau», révèle-t-elle.