LES FAUX COMPTES DE MANSOUR FAYE DANS UNE MARRE DE SUEUR FROIDE
En voulant tromper les sénégalais dans une opération de prétendue transparence après des forfaits sur les commandes, le Ministre et son équipe ont mis à nu l’incohérente de leurs chiffres - MOUVEMENT NATIONAL DES CADRES DE PASTEF
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Mouvement des cadres de Pastef, relatif à la gestion par le ministre Mansour Faye, de l'aide alimentaire due aux effets de la crise du coronavirus.
"A la place d’une présentation d’un bilan sur l’aide alimentaire, nous avons assisté, ce mardi 21 juillet 2020, à une véritable opération maladroite de maquillage des chiffres, dont les réalités sont volontairement glissées sous le manteau sombre des commandes publiques. Lors d’une première tentative de justification des ténébreuses conditions d’attribution des marchés du riz et du transport, le faux dauphin s’est lamentablement noyé dans sa propre sueur froide. Revoilà le beau-frère de Macky Sall qui cherche pitoyablement une bouée de sauvetage à travers un bilan scabreux qui l’enlise davantage. Aucune urgence ne pourrait soustraire des devoirs et exigences de transparence dans la gestion des deniers publics. Malheureusement, ceux qui nous gouvernent ont fini de rayer la notion de bonne gouvernance de leur lexique. Pour preuve, les sorties des rapports de tous les corps de contrôle sont bloquées au rythme des agendas électoraux du parti au pouvoir sans qu’aucune suite ne leur soit réservée.
En présentant leur vrai-faux bilan sur la gestion de l’aide alimentaire destinée aux ménages vulnérables dans le contexte de la COVID-19, Monsieur Mansour Faye et son équipe sont lourdement tombés dans le mélange glissant de l’huile et des pâtes alimentaires. Ils donnent un montant de 57 289 289 292 FCFA payé pour l’achat des denrées alimentaires pour 1 100 000 ménages (588 045 RNU, 411 955 ciblages communautaires et 100 000 pour les groupes spécifiques) à raison 66 000 FCFA le kit par ménage. Faites le calcul vous-mêmes, cela équivaut à 72 600 000 000 FCFA, sans compter le transport qui avoisinerait 2 000 000 000 FCFA d’après le DAGE du ministère du Développement communautaire, plus les paiements pour les 5000 vérificateurs à raison de 70 000 FCFA chacun et autres frais de stockage, de sécurité, de communications et impressions, etc. Alors, comment osent-t-ils parler de performance voire d’économie sur un budget de 69 000 000 000 FCFA ?
Le ministre et les agents de son département ont indiqué avoir dépensé, à l’issue de la période de distribution de 3 mois, 60 709 694 520 F CFA, soit un excédent de 8 290 305 480 F CFA.
Ce lugubre bilan ne fait que réconforter les sénégalais dans leurs suspicions sur la gestion peu orthodoxe de l’aide alimentaire. Les alertes du président Ousmane Sonko contre une pareille situation dès le début, à sa sortie des fameuses audiences de saupoudrage du président Macky Sall n’auront finalement servi à rien. En voulant tromper les sénégalais dans une opération de prétendue transparence après des forfaits sur les commandes, le ministre et son équipe ont mis à nu l’incohérente de leurs chiffres. Les attributions de commandes pour le 1 000 000 de ménages représentent 54 530 712 000 FCFA, avec le rajout des 100 000 ménages, les denrées alimentaires ont coûté au total 57 289 289 292 FCFA. Autrement dit, les 100 000 kits alimentaires supplémentaires ont représenté 2 758 577 292 FCFA, soit moins de 30 000 FCFA le prix du kit. Au final, quel a été le coût d’un kit alimentaire supporté par le contribuable sénégalais ? La réalité des faits est si têtue, si indélébile qu’aucune manipulation ne pourrait l'effacer, pas même un lavage par des torrents de sueur.
Nous pouvons noter d’autres incohérences. En effet dans le rapport de présentation général de l’ordonnance modifiant la loi 2019-17 du 20 décembre 2019 présenté par le ministre Abdoulaye Daouda Diallo en juin 2020, les moyens et voies de la résilience sont présentés par le Ministère. Les ressources mobilisées sont de 1002 000 000 000 F CFA (contributions volontaires 20 000 000 000 FCFA, recadrage budgétaire 119 000 000 000 FCFA, prêts programmes 623 000 000 000 FCFA, dons budgétaire 240 000 000 000 FCFA) et les dépenses pour la résilience sont de 1014 300 000 000 FCFA (santé 78 700 000 000 FCFA, social et diaspora 103 000 000 000 FCFA, stabilité macroéconomique 755 000 000 000 FCFA, sécurisation de l’approvisionnement 77 600 000 000 FCFA). Ainsi, le programme de résilience économique et social présente un déficit de 12 300 000 000 FCFA. Cette situation permet au Sénégalais de noter une incohérence au niveau des soldes des deux ministères. Un minimum de respect vis-à-vis des Sénégalais devrait pousser vos collaborateurs à jeter un coup d’oeil sur le PRES. Cette tartuferie d’excédent de 8 290 305 480 F CFA ne pourra jamais redorer le blason d’un incompétent. Ce déficit du PRES est confirmé par le Dr Bousso qui dénonce le manque de moyens dans la riposte contre la Covid-19. Dans le journal Kritik’ du samedi 25 juillet, Dr Bousso nous dit : « il y a vraiment urgence à pouvoir disposer de fonds ».
Quel est le mérite de Mansour Faye pour occuper un ministère qui gère 253 590 705 497 FCFA du budget national, si ce n’est le fait d’être le beau-frère du président de la République. En situation d’urgence, beaucoup de ménages ont attendu trois longs mois avant de recevoir leur kit alimentaire. Alors qu’un simple transfert d’agent aurait été plus efficace et moins coûteux, mais des férus de commissions à coup de milliards ne feraient jamais un choix pareil.
Nous exigeons les comptes réels à la place des chiffres préfabriqués pour tenter de redorer une image terriblement froissée par les conditions d’achat et du transport de l’aide alimentaire suffisamment douteuses. Comme le scandale du riz ne suffisait pas, on y rajoute « des légumes frais de la DER ». Depuis quand cette structure est devenue une productrice d’oignons et de pommes de terre pour recevoir une commande juteuses d’une valeur de 1 000 000 000 FCFA et à qui elle est destinée ? Est-ce que Mansour Faye prépare une opération de tabaski ?
La bonne gouvernance est une exigence fondamentale du peuple sénégalais. C’est pourquoi, à travers son programme politique, PASTEF entend « instaurer le culte de la transparence et de la reddition des comptes ». A ce titre, la redevabilité restera notre principe phare de référence sur lequel aucune concession n’est possible."
par René Lake
MERCI BABS
Babacar Touré a joué un rôle déterminant dans le processus de démocratisation du Sénégal mais aussi de la sous-région - C’est une énorme perte pour le pays - Une vie utile, certainement. Un professionnel. Un militant. Un patriote.
Membre de la famille Sud, René Lake, l’administrateur de SenePlus, depuis Washington a réagi tard dans la nuit de dimanche à lundi au décès de son ami, son frère et camarade Babacar Touré, l’un des fondateurs du Groupe Sud Communication, éditeur de Sud Magasine qui deviendra plus tard Sud Hebdo avant d’être Sud Quotidien. Amis depuis plus de 40 ans, ils ont mené ensemble d’innombrables combats pour la liberté de la presse au Sénégal et en Afrique. A Paris, ils ont collaboré, entre autres, sur des projets de l’Institut Panos et René Lake a été le premier correspondant à l’étranger de Sud Hebdo et plus tard Sud Quotidien. SenePlus publie ci-dessous l’intégralité de sa réaction à chaud.
"Babacar Touré. BT pour les uns. Mbaye pour d’autres. Babs pour moi.
C’est une énorme perte pour le pays. Mais pour nous tous, ses amis et camarades, nous sommes tous fiers de sa contribution positive à la construction de notre pays.
Il a joué un rôle déterminant dans le processus de démocratisation du Sénégal mais aussi dans la sous-région. Et bien entendu Babs a été une figure de proue de l’éclosion de la presse privée professionnelle dans une bonne partie de l’Afrique francophone.
Une vie utile, certainement. Un professionnel. Un militant. Un patriote. Il tourne les talons après avoir accompli une bonne partie de la mission. Je ne peux que dire en pleurs : Merci Babs !"
par Mimi Touré
MISSION ACCOMPLIE, CHER FRÈRE
Babacar Touré, ta contribution au renforcement de la démocratie est unanimement saluée. En somme, tu auras accompli ta mission avec brio
Tu es de ceux qui marquent leur passage sur terre. Tu fus un infatigable combattant de la liberté, un patriote et un panafricaniste engagé. Ta contribution au renforcement de la démocratie est unanimement saluée.
En somme, tu auras accompli ta mission avec brio. Nous garderons à jamais le souvenir de l’homme de coeur et de grandes valeurs que tu fus.
Que Allah le Tout Puissant t’accueille dans son paradis.
par Amadou Tidiane Wone
TRISTE NOUVELLE
Babacar Touré avait un sens des relations humaines qui lui aura permis de tisser un réseau dense dont il savait user pour servir son pays. Agir comme facilitateur, sans forcément apparaître au-devant de la scène. Une qualité rare au pays des "m'as-tu vu ?
Je viens de prendre connaissance des informations. Babacar Touré était un homme bien. Nous avions des relations et des affinités intellectuelles très poussées même à distance. Les esprits n'ont pas besoin de se voir pour se féconder.
Je me définissais comme un "Sudiste" depuis l'inauguration de Sud FM et cela lui plaisait bien. Il avait un sens élevé de l'humour, un esprit fécond, un sens des relations humaines qui lui aura permis de tisser un réseau dense dont il savait user pour servir son pays. Aider à dénouer des crises. Agir comme facilitateur, sans forcément apparaître au-devant de la scène. Une qualité rare au pays des "m'as-tu vu ?"
Avec la mise sur pied du Groupe Sud Communication, il aura révolutionné le paysage médiatique sénégalais et ouvert la brèche qui a fini par la libéralisation quasi intégrale des médias. Le fait le plus notable est que le Groupe Sud s'est construit avec des hommes et des femmes solides. Chaque journaliste fondateur de Sud a l'étoffe d'un leader. Le mérite était déjà immense de fédérer tant de fortes personnalités autour d'un projet éditorial puissant. Car Sud, c'est d'abord une vision, une ambition pour l’Afrique... Et plus généralement un idéal pour tous les pays du Sud confinés dans des rapports inégaux.
Est-ce pour cela que la dorsale humaine du Groupe Sud est restée quasiment la même depuis le début ? Cette stabilité est, en tous cas, un indicateur à évaluer et à partager dans la quête d'une remise en ordre de notre paysage médiatique.
Tout cela porte l'empreinte de Babacar Touré et de son groupe d'amis, forgés à la grande école du quotidien national le Soleil sous la houlette de Bara Diouf, qui a initié les plumes les plus alertes de la presse nationale sénégalaise.
Nous prions Allah le Tout-Puissant afin qu'il ouvre, grandement, les portes de sa miséricorde infinie à notre frère Babacar Touré.
Que la terre de Touba lui soit légère !
CAIRN ENERGY SE MET D’ACCORD AVEC LA SOCIÉTÉ LUKOIL POUR LA CESSION TOTALE DE SES ACTIFS AU SÉNÉGAL
Selon le communiqué, cette compagnie est également présente en Afrique (Egypte, Ghana), au Moyen-Orient (Iran, Irak, etc.) et en Amérique du Sud (Colombie, Venezuela).
Dakar, 27 juil (APS) - Cairn Energy a annoncé à la bourse de Londres la cession totale à la compagnie pétrolière russe Lukoil de ses intérêts et obligations dans les blocs pétroliers Rufisque Offshore et Sangomar Offshore et Sangomar Offshore Profond (RSSD), au Sénégal, a appris l’APS lundi du ministère sénégalais du Pétrole et des Energies.
‘’Cette annonce survient à la suite des discussions initiées depuis plusieurs mois après la publication par Cairn Energy de son intention de céder tout ou partie de ses parts dans les blocs RSSD’’, est-il écrit dans un communiqué dudit ministère.
Lukoil, candidat acquéreur des 40% de Cairn Energy dans le projet pétrolier Sangomar, est le plus grand producteur russe de pétrole, rappelle le texte.
Selon le communiqué, cette compagnie est également présente en Afrique (Egypte, Ghana), au Moyen-Orient (Iran, Irak, etc.) et en Amérique du Sud (Colombie, Venezuela).
Il précise que ‘’les processus de cession sont encadrés par des lois et règlements dont le code pétrolier [du Sénégal] et ses textes d’application’’.
‘’Ainsi, dans le cadre de l’approbation de ladite cession, l’Etat du Sénégal veillera au respect des dispositions légales et réglementaires en la matière’’, assure le ministère sénégalais du Pétrole et des Energies.
Ce département ministériel ‘’surveillera de très près les capacités techniques, ainsi que la robustesse financière du futur partenaire à mener à bien les opérations pétrolières’’.
‘’Quant à la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN), qui dispose d’un droit de préemption (…), elle évaluera, pour sa part, l’opportunité stratégique, économique et financière de cette cession estimée à plusieurs centaines de millions de dollars US’’, souligne la même source.
Elle tient à rappeler que ‘’les cessions et acquisitions d’actifs pétroliers sont des pratiques courantes dans l’industrie pétrolière’’.
‘’Elles permettent aux compagnies d’ajuster leurs stratégies d’investissement et d’assurer la gestion de leurs portefeuilles’’, assure le ministère du Pétrole et des Energies.
Elle rappelle également que l’Association RSSD est composée de Woodside Energy (35%), de Cairn Energy (40%), de FAR RSSD (15%) et de la PETROSEN (10%).
‘’La décision finale d’investissement a été prise en janvier 2020 et le projet se trouve actuellement en pleine phase d’exécution pour un début de production prévu en 2023’’, poursuit la même source.
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
ATTENTION VIRAGE DANGEREUX
EXCLUSIF SENEPLUS - A force de vivre avec le virus, de l’esquiver dans sa mortelle course poursuite, nous avons perdu de vue sa contagiosité, désormais intégrée comme une donnée quotidienne. En nous habituant au danger, nous avons baissé la garde
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 27/07/2020
« On guérit une maladie mais on ne guérit jamais une mauvaise habitude » (proverbe africain
Le petit virus armé de cinq gènes seulement continue de faire vaciller nos pays. Depuis une dizaine de mois, il met à genoux une planète de plusieurs milliards d’êtres humains ayant environ 30 000 gènes.
La COVID-19 donne l’impression d’avoir repris des forces entre confinement et déconfinement, accru sa vitesse de circulation et confirmé notre impuissance à la vaincre. Tout se passe comme si nous revenions à la case départ, celle de l’explosion de la pandémie à la fin de l’année dernière.
Les annonces de découverte imminente de vaccin ou de molécule ressemblent à des opérations de communication commerciale et non à des victoires. Les grands pays restent impuissants, piqués dans leur orgueil de leaders du monde et interpellés par la menace d’une nouvelle hécatombe, économique celle-là, avec la récession qui s’annonce pour eux. Les autres, comme d’habitude, suivent.
La COVID-19 nous soumet à son rythme, impose son taux de létalité comme unité de mesure. Confinement, déconfinement, reconfinement, état d’urgence sanitaire, couvre-feu strict ou allégé, fermeture ou ouverture des écoles, des frontières, gestion des espaces publics. Toutes ces mesures semblent obéir aux grandes tendances perçues de l’extérieur et non en fonction de la pandémie à l’intérieur.
Arrogance du confort
La COVID-19 n’a pas surpris que les scientifiques. Elle a aussi pris de court les dirigeants politiques et les voyageurs impénitents qui, immobilisés une semaine, se sentent en cage.
A l’éruption de la pandémie, les grands pays, ainsi nommés, se sont emmurés dans leurs certitudes, persuadés qu’une telle maladie, au-delà de son intérêt scientifique ne les regardait que très peu.
Pour ces nantis, leur niveau de développement les mettait à l’abri d’une telle bourrasque épidémique propre à l’hémisphère sud où les règles d‘hygiène sont ignorées, les équipements sanitaires, quand ils existent, rudimentaires.
Cette attitude, nourrie du complexe de supériorité et qui…confine à l’arrogance, explique la lenteur de la prise de conscience du mal. Conséquence immédiate : la panique née d’une propagation inattendue du virus et le retard pris dans la contre-attaque. L’improvisation qui a été la règle a désarçonné les nations riches et accru le nombre de victimes. Elle a aussi entamé la confiance que le reste du monde avait dans la science occidentale.
Encore aujourd’hui, on assiste à une bagarre de chiffonniers entre marchands de médicaments, scientifiques, ayant chacun ses maitres espions comme du temps de la guerre froide. Régulièrement est claironnée l’invention d’un vaccin ou la découverte de la molécule miracle. Cet optimisme n’a nullement empêché la fermeture d’espaces, l’imposition des mêmes mesures barrières dont la panacée semble être le port du masque.
Décisions précipitées
La raison ? Simple et édifiante. Les impératifs économiques et sociaux imposent le déconfinement, total ou partiel qui prend l’allure d’une décision précipitée. Un déconfinement qui met à l’épreuve notre capacité à observer les restrictions sans autre limite que notre sens des responsabilités. Ainsi se révèle la nature profonde de ce roseau pensant qu’est l’homme selon Pascal, ou un chef d’œuvre comme veut le croire Shakespeare. Au total, un être ondoyant, essentiellement social qui ne s’accommode que difficilement d’un internement prolongé provoqué par une maladie qui prend les allures d’une endémie comme le paludisme ou la grippe dont nous sommes depuis toujours familiers, responsables de nos souffrances quotidiennes.
Aussi, nous nous comportons comme si la COVID-19 était une douloureuse parenthèse fermée, tant nous sommes prompts à nous extraire de nos habitats pour envahir la rue et ses espaces libres, les pistes de danse ou encore à nous prélasser sur les plages quand elles sont à portée de maillot. Une invitation à l’explosion du virus et un retour aux précautions coercitives du début de la maladie à coronavirus. Précautions sitôt oubliées lorsque nous nous regroupons, sans masque ni distanciation physique dans des spectacles non virtuels où hommage mérité est rendu au corps médical par exemple.
Et pourtant, chacun, dans cet élan généreux, met en danger sa vie et celle des autres. Les lieux de loisirs sont assurément ceux où la COVID-19 est niée, renvoyée à des lendemains incertains, tombeau de notre insouciance, marque de notre vulnérabilité.
Ressorts prodigieux
Nul ne songerait à interdire une vie sociale, notre raison de vivre, encore moins des activités économiques, nos moyens de vivre. Mais cette pandémie nous oblige à respecter des obligations qui n’ont nullement contrarié, de façon générale, l’organisation quotidienne de nos sociétés.
Le confinement, a révélé ce que nous pouvons avoir de ressorts pour organiser nos sociétés dans le cadre du travail. L’enseignement et la restauration en sont des exemples. Nous avons découvert le confort du télétravail qui a rendu presqu’obsolète la nécessité d’aller au bureau. Nous avons appris à nous voir de loin grâce à la magie du numérique.
Il est vrai que nos vieilles habitudes nous ont manqué, tels les contacts physiques, marques de nombreuses civilisations : serrage de mains, accolades, embrassades, etc. Ces habitudes étaient-elles si mauvaises ? Si oui, alors « On guérit une maladie mais on ne guérit jamais une mauvaise habitude », dit le proverbe africain.
Nous avons vécu comme un manque la fermeture des boites de nuit, salles de cinéma et théâtres, ressenti la nostalgie des tintamarres de la trépidante vie culturelle et sportive. Le vide des salles de spectacle et les gradins sans supporters arrachent une part de nous-mêmes.
A force de vivre avec le virus à nos portes, de l’esquiver dans sa mortelle course poursuite, nous avons perdu de vue sa contagiosité, désormais intégrée comme une donnée quotidienne. En nous habituant au danger, nous avons baissé la garde. Pourtant, comme le dit le code de la route, attention virage dangereux ! Ce manque de vigilance a entraîné une augmentation exponentielle des cas à travers le monde, en particulier dans les pays développés dont nous dépendons pour beaucoup.
Peut-être, aurait-on dû se hâter avec lenteur pour ouvrir les frontières, surtout aériennes. Avons-nous suffisamment mesuré les risques de telles décisions ? Nous devons encore réprimer cette soif du voyage pour continuer de préserver nos vies.
L’observation des restrictions a eu des effets bénéfiques sur notre manière de freiner la propagation du virus. Les visioconférences ont par exemple drastiquement réduit les dépenses liées aux déplacements de certains des princes qui nous gouvernent. Du reste, il n’est pas superflu de chercher à savoir combien de respirateurs, de masques et d’équipements médicaux et même d’hôpitaux pourraient être acquis avec les économies réalisées par la suspension de certains déplacements inutiles à l’étranger.
La preuve aura en tout cas été faite que de grandes décisions sur la marche du pays, de la sous-région, du continent et même du monde, pouvaient être prises sans mobiliser des avions, des délégations pléthoriques avec la logistique humaine et matérielle budgétivore qui s’y attache.
Évitons de tomber dans la facilité qui consiste à renouer avec nos mauvaises habitudes car le virus n’a pas rompu avec les siennes, celles de tuer insidieusement. Ce défi est certes grand mais il reste encore à notre portée.
Les derniers éditoriaux de Babacar Touré sont, dans notre Sénégal, notre monde, devenus troubles, un testament et un viatique pour celui qui voudra lire, pour chaque journaliste, pour chaque homme et femme de Sud
Merci. Babacar Touré nous a donné son plus beau chant. Maintenant nous le savons. Ce sont ses éditoriaux des dernières semaines.
Comme toujours, au bénéfice de tous. Il existe quelque part dans le monde, une légende qui raconte la beauté inégalée du chant d’un oiseau qui cherche dans la brousse l’épine la plus longue et la plus acérée permettant d’arracher la plus belle note. Lorsqu’il la trouvée, il entonne alors son dernier et plus beau chant, s’empale sur cette épine pour livrer son ultime et sublime hymne. Ultime acte de générosité et legs à ceux qui écoutent.
Babacar a défié les derniers instants de sa santé devenue fragile. Ses derniers éditoriaux sont, dans notre Sénégal, notre monde, devenus troubles, un testament et un viatique pour celui qui voudra lire, pour chaque journaliste, pour chaque homme et femme de Sud.
Babacar est parti un dimanche soir comme celui qui travaille les sept jours de la semaine et ne prend son repos que dans la dernière heure, lorsque les énergies vitales sont vaincues. Pas tranquille Babacar. Sud et l’esprit Sud sauront donner écho à ce que nous avons tous appris de toi. Nous partageons la tristesse et la fierté de ta famille. Notre terre perd un habitant. La postérité, le paradis gagnent un invité.
par Demba Ndiaye
ADIEU CAMARADE !
Le journalisme fut pour Babacar Touré, et nous par ricochet, plus une mission quasi impossible, un sacerdoce qui énervait bien de bien-pensants et autres « eau de pirogue » qui valsent au gré des vagues
Il y a d’abord l’Histoire avec un grand H. C’est celle d’une aventure. Sud. Les années 80 avec sa nouvelle guerre Nord-Sud. Se situer, se définir, prendre parti, assumer ses responsabilités. Alors, une bande de jeunes « fous » décida de s’assumer ; d’assumer les responsabilités de l’époque : recentrer les débats du continent dans le mouvement pendulaire d’une époque qui appelait à la résistance.
Sud sera une des armes de ce combat démocratique. Au réveil et aux luttes des forces démocratiques et patriotiques, Sud serait un porte-voix majeur. Il sera de tous les combats ; il rendra compte de toutes les plaintes et complaintes. Il s’incrustera dans les entrailles des détresses des petites gens ; il hantera le sommeil et la quiétude des gouvernants pour qu’ils entendent les supplices de celles et ceux qu’ils sont censés servir.
Bref, il sera le vigie et la sentinelle pour que les promesses soient tenues. L’Afrique et le Sénégal des années 90 étaient un brasier où se consumaient les espoirs d’un monde meilleur et de fortes aspirations démocratiques pour enterrer l’Afrique monolithique des coups d’Etat et de partis uniques. Il y a aussi les histoires de …Sud. C’est-à-dire les cadavres qu’il déterra, les débats qu’il imposa, les conflits qu’il assuma et géra. Des débats tenus et soutenus : la démocratie et les institutions par de grands intellectuels comme le Professeur Kader Boye ou Me Ousmane Sèye, des intellectuels comme Boris Diop, Souleymane Bachir Diagne, des sommités médicales, des leaders des syndicats autonomes en gestation ou en période d’affirmation. Ces multiples combats feront dire aux mauvaises langues et à ceux que Sud empêchait de dormir qu’il était « le premier parti d’opposition » du pays. Il assuma sa ligne éditoriale. Il amplifia le combat des forces démocratiques et pourchassa les fautes de gestion des gens du pouvoir.
Et Sud, ce bateau « ivre » de justice avait un timonier hors pair : BT. Parce que voyez-vous, personne ou si peu, ne l’appelait Babacar Touré dans la maison. Respect et familiarité. Parce que derrière sa « masse » imposante et qui en imposait, il y avait comme une âme de grand garçon jovial avec des éclats de rire apaisant. Il souriait ou éclatait de rire après vous avoir engueulé la minute d’avant. Il détestait le job mal fait, les sources imprécises ou les périphrases d’intello ou la langue de bois de juristes. (N’est-ce pas Latif ?) Mais il détestait par-dessus tout, les faux jetons et autres faux-culs, les m’as-tu vu. Les faux amis et faux compagnons de route. Parce que BT était entièrement et tragiquement entier.
Voilà pourquoi il traversa le dernier demi-siècle du XXe comme un ouragan rédempteur. Voilà pourquoi, le journalisme fut pour lui, et nous par ricochet, plus une mission quasi impossible, un sacerdoce qui énervait bien de bien-pensants et autres « eau de pirogue » qui valsent au gré des vagues. Parce que de là où tu es maintenant je sais que tu es en train de fulminer par tant de mots que tu qualifiais de maux dont nous étions souvent porteurs, diffuseurs, comme cette saloperie corona qui a emporté tant de gens de bien, je m’arrête là et te dis : A Diarama, Al Touré. Je t’appelais ainsi parce que tu ne m’appelais pas autrement que par « Al Demba ». Et je n’ai jamais compris pourquoi.
par Ibrahima Bakhoum
BABACAR, JE NE SAIS COMMENT PARLER DE TOI
Paix à l’âme de celui qui dès le début, crut et accompagna des jeunes journalistes, volontaires et désargentés. De Sud FM et de l’ISSIC puis, nous reparlerons plus tard. Comme tu sus allier vision, professionnalisme et rigueur, cher confrère !
L’élégance républicaine t’avait éloigné des pages de Sud. Parce que devenu régulateur des médias, tu avais choisi de ne jamais être juge et arbitre. Même si la publication phare du groupe ne t’avait jamais été étrangère, ni dans sa gestion, ni du fait de l’appui-conseil éditorial que tu apportais aux plus jeunes, tu avais pris le parti de ne jamais prendre parti pour la publication dont tu proposas le titre, un jour de 1985.
Le petit cercle d’amis et de confrères des quatrième, sixième et septième promotion du CESTI réunis dans ton salon à HAMO 1 avait tellement rêvé de panafricanisme et de libération et/liberté pour les peuples du Sud, que ta proposition de nom pour ce que nous allions créer, avait tout de suite obtenu l’adhésion des quatre autres.
Un jour, tu parlas de Sud comme d’une « galaxie éclatée » parce que ceux qui étaient là aux premières heures et ceux qui, plus tard rejoignirent les fondateurs avaient pour certains, suivi d’autres pistes et initiatives, sans jamais rompre les amarres avec la famille.
Sous ton influence, ton entregent, ton portefeuille relationnel qui débordait largement les frontières de notre pays, Sud avait réussi une initiative inédite. Tu t’es souvent plu à le dire dans des moments de plaisanterie : ce qui est devenu aujourd’hui le Groupe Multimédia Sud Communication était au départ un produit-passe temps pour de jeunes journalistes ayant chacun un port d’attache professionnel.
De ton poste à ENDA, tu coordonnais déjà le contenu du premier numéro de Sud Magazine consacré à l’éminent Professeur Cheikh Anta Diop. Le projet panafricaniste prenait déjà forme. La plateforme démocratique n’a plus jamais quitté l’espace public dont tu devins une figure, des plus illustres, des plus emblématiques. La signature Babacar Touré emballait tout ce que le Sénégal et l’Afrique de l’Ouest d’alors avaient comme intellectuels et personnalités politiques de premier plan.
Ainsi, Sud Magazine d’abord Sud Hebdo ensuite et le quotidien que ce lecteur a entre les mains aujourd’hui, réussirent sous ta présidence, à donner un autre nouveau visage à la presse papier. Les titres qui suivirent par suite complétèrent la bien nommée « bande des 4 », en l’occurrence Walfadjri, le Cafard Libéré et le Témoin. Les hommes et femmes des médias, les universitaires d’ici et d’ailleurs, venaient de découvrir un maître, un militant du journalisme.
La profession s’en trouvait rapidement rendue plus attractive, et des jeunes sortis des Ecoles ou se faisant encadrer sur le tas et le tard pour certains, ne rêvaient que de cette profession où la liberté d’expression côtoyait et se renforçait du devoir assumé de responsabilité. Plusieurs années venaient alors de s’écouler depuis le matin où, dans le froid glacial des mois de décembre à Dakar, je cherchai à te calmer parce que tu venais de te demander pourquoi il y avait un nombre si réduit de membres de l’équipe pour venir assurer la manutention de la publication dans les locaux de l’ADP.
La messagerie qui distribuait tout ce qui était publications de qualité au Sénégal, faisait l’essentiel de son chiffre d’affaires avec les journaux français et la presse africaine de Paris. Nous faisions progressivement de petits pas dans le monde des grands de la Presse. Pour te calmer je t’ai sorti quelques mots dont je n’avais moi-même pas mesuré la portée prémonitoire. « Arrivera un jour, te dis-je, où dans ce pays, personne ne pourra parler de journalisme sans y associer ton nom ». On était en 1986. Et depuis, je ne sais combien de fois je t’ai rappelé cette prédiction, question de te dire que j’avais vu juste, très largement au-delà de ce que je croyais voir venir. Ta réponse me revint très souvent : « je ne travaille pas pour la gloriole » Toi aussi n’avais pas vu venir, car te voilà largement auréolé de gloire. Après le professionnel, nous nous économisons relativement à ce qui fait que j’ai souvent parlé de toi comme d’une sécurité sociale ambulante.
Ta main n’a jamais quitté ta poche. Des milliers de familles dans ce pays et ailleurs peuvent en témoigner. La semaine dernière encore je te le disais après un appel de ton collaborateur Ousmane Ndiaye, qui ne se signalait jamais sans la bonne nouvelle : « le grand m’a demandé de t’envoyer … » Le lendemain du dernier message pécuniaire de ce même Ousmane, tu m’annonçais être sur le chemin de chez ton médecin.
Ton dernier voyage chez le toubib. Adieu Mbaye. Mes condoléances à la famille, à Ndèye Fatou ta fille qui dut si souvent nous attendre sommeillant seule à la devanture de son école maternelle, le temps des samedis après 13 h, que vienne le chercher le papa occupé à cogiter sur le menu d’une revue à la prochaine parution improbable, parce qu’il fallait aux fondateurs se cotiser pour aller au tirage. Paul Nejem de l’imprimerie Saint Paul que tu te plaisais à appeler Petit Paul avait été un complice des premières heures. Et Sud Magazine pouvait espérer paraître.
Paix à l’âme de celui qui dès le début, crut et accompagna des jeunes journalistes, volontaires et désargentés. De Sud FM et de l’ISSIC puis, nous reparlerons plus tard. Comme tu sus allier vision, professionnalisme et rigueur, cher confrère !