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30 juin 2025
LE TOURISME À GENOUX
Entre frontières aériennes et terrestres fermées, hôtels aux portes closes, travailleurs en chômage technique, les acteurs s’en remettent à un État qui a plusieurs chats à fouetter
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 23/07/2020
Pilier de l’économie nationale et deuxième pourvoyeur de devises pour le pays, le secteur du tourisme est à l’agonie, victime des effets du coronavirus. Entre frontières aériennes et terrestres fermées, hôtels aux portes closes, travailleurs en chômage technique, les acteurs s’en remettent à un État qui a plusieurs chats à fouetter.
«Tristement sinistré.» C’est sans langue de bois qu’Éric Philibert, directeur associé du Lamantin Beach Hôtel de Saly au Sénégal, livre ses états d’âme sur la situation du secteur du tourisme frappé par la pandémie de coronavirus et menacé d’asphyxie.
«Cela est d’autant plus rageant que le tourisme sénégalais commençait enfin à recouvrer son lustre d’antan. Maintenant, la crise va être longue et il faudra patienter au moins plus de deux années avant de retrouver le niveau précédant l’apparition du Covid-19», confie le patron d’un des fleurons du tourisme et de l’hôtellerie sénégalais, contacté par Sputnik.
Selon la Fédération des organisations patronales de l’industrie de l’hôtellerie et du tourisme au Sénégal (Fopits), le secteur a perdu, depuis le mois de mars, environ 246 milliards de francs CFA (375 millions d’euros). Un chiffre éloigné du montant de 142 milliards de francs CFA (216 millions d’euros) avancé par Amdy Sène, conseiller technique au ministère du Tourisme et des Transports aériens.
Approché par Sputnik, il s’appuyait sur une estimation de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).
«En ce qui nous concerne, nous avons déjà perdu, en termes de chiffre d’affaires, plus de 1,5 milliard de francs CFA (plus de 2 millions d’euros). Et alors que l’hôtel est fermé, nous perdons 100 millions de francs CFA (152.000 euros) chaque mois», révèle-t-il.
En 2019, 1,7 million de touristes étrangers ont visité le Sénégal, d’après le ministre du Tourisme Alioune Sarr. Deuxième source de devises pour le Sénégal (6% du PIB national) après la pêche, le tourisme est en crise ouverte, un genou à terre. Du delta du Saloum au Cap Skirring, de la Petite Côte au Sénégal oriental, de Dakar à Saint-Louis, les acteurs crient leur détresse face à la fermeture et/où à la baisse draconienne de l’activité des hôtels.
«Nous n’avons pas de solution et nous ne savons pas où nous allons. Nous pouvons tenir jusqu’en fin décembre, mais après?», s’interrogent Amdy Sène et Mamadou Sow, responsables du patronat hôtelier lors d’une conférence de presse.
Le cri de désarroi du patronat touristique
Pour éviter l’effondrement du secteur, l’État, par le biais du Programme de résilience économique et sociale (PRES), a mis en place le Crédit hôtelier et touristique, un fonds de 15 milliards de francs CFA (23 millions d’euros environ), indique Amdy Sène interrogé par Sputnik.
GORÉE PAIE SA SANTÉ AU PRIX FORT
Si le coronavirus n’a pas encore posé ses valises à Gorée, il y a tué plus 95 % des activités génératrices de revenus. Dans la dignité et le confinement, l’île-mémoire, patrimoine mondial de l’humanité, vit la pire crise économique de son histoire
La plage bondée, caractéristique des étés goréens, n’est plus qu’un souvenir qui a laissé place au spectacle d’un littoral quasi vide. La petite dizaine de baigneurs qui profitent de la douceur de l’eau, n’est constituée que d’enfants insouciants à la morosité qui règne sur l’île depuis quelque temps. La traversée menant à Gorée, dans une chaloupe transportant moins d’une trentaine de personnes, renseignait déjà sur les conséquences de l’interdiction de l’île aux visiteurs. Une fois sur place, le silence perturbé par le bruit des vagues qui échouent sur le rivage, est pratiquement le seul rescapé de l’ambiance d’antan.
Pour se protéger de la pandémie du coronavirus, les Goréens ont casqué fort. ‘’Il y a eu un cas suspect sur le bateau ‘Aline Sitoé Diatta’ (ferry assurant la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor). Aussi, un agent de la liaison maritime Dakar - Gorée (LMDG) habitant dans la banlieue dakaroise, a été infecté. Suite à ces deux événements, l’accès à l’île a été interdit à toute personne n’y résidant pas’’, explique Mamadu Adama Diop, chef de cabinet du maire.
En effet, le 15 mars 2020, un arrêté ministériel a suspendu les visites à Gorée. Mais pour une île dont plus de 70 % des habitants vivent d’activités en relation avec le tourisme, c’est toute l’économie locale que ce cas de force majeure a mis à terre.
A Gorée, l’on s’active principalement dans l’hôtellerie, la restauration et la vente d’objets d’art. Avant la crise, l’île historique recevait entre 3 000 à 4 000 personnes par jour. Autant de clients potentiels dont les acteurs économiques ont dû se priver depuis 4 mois. Un manque à gagner colossal dont Oumar Sy, Secrétaire général de l’Association des restaurateurs de Gorée, fait part : ‘’Nous vivons des situations très difficiles, depuis la fermeture de l’île aux étrangers. Tous les restaurants sont fermés, car ils dépendent de la clientèle extérieure. Au plan économique, nous sommes le site le plus touché du Sénégal et peut-être même dans le monde.’’
‘’Nous sommes le site le plus touché du Sénégal et peut-être même dans le monde’’
Détenteur de deux restaurants et d’une maison d’hôtes, Omar fait travailler 26 employés pour lesquels il essaye de maintenir un revenu minimum. En chômage technique depuis le début de la crise, ses salariés gardent encore 70 % de leurs revenus. Un effort auquel il consent, en espérant une aide du gouvernement et des autorités communales. ‘’On essaye de faire face à nos charges fixes. Mais je veux d’abord venir en aide, autant que possible, à mes employés qui sont, pour la plupart, des Goréens comme moi’’, souffle-t-il.
Toutes les activités productrices de revenus sont à l’arrêt sur l’île. Ce qui implique le tourisme d’affaires et local, l’organisation de forums et de rencontres. Cette situation est aussi durement ressentie par Lucie Manga, gestionnaire de l’hôtel municipale La porte du retour. ‘’Il n’y a plus de clientèle, assure-t-elle. Nous avions des mois remplis de réservations, mais tout a été annulé, avec l’arrivée de la pandémie. La situation actuelle nous fait perdre beaucoup d’argent. Nous avons dû nous séparer d’une partie de notre personnel. Depuis 4 mois, nous puisons dans nos réserves pour assurer les salaires de ceux qui disposaient d’un contrat longue durée, puisqu’il n’y a plus de rentrée d’argent’’. Le moment est habituellement une période faste pour les trois hôtels que compte l’île-mémoire. Même si la saison touristique est terminée, les vacanciers sénégalais en provenance de l’extérieur occupaient les lieux.
Aucun secteur n’est épargné par les conséquences de la crise sanitaire. La chanson est la même partout. Chez les vendeurs d’objets d’art, Adja Fatou Sall raconte que c’est en pleine foire sur l’artisanat, prévue sur deux mois, que la pandémie est arrivée : ‘’Nous avons dû tout arrêter au bout d’un mois. La marchandise que nous avions achetée nous est restée sur les bras. Et depuis lors, nous n’avons plus aucune activité.’’
La trésorière de l’Association des marchands et artisans de Gorée (AMAG) laisse paraitre toute son amertume, en révélant qu’avec le ‘’confinement’’ de Gorée, son manque à gagner sur ces 4 mois peut être estimé à 2 millions de francs CFA. Et le plus dur est que personne ne sait quand est-ce que cette situation va s’améliorer.
La seule commune du Sénégal qui n’a pas de cas de coronavirus
Alors le jeu en valait-il la peine ? Tous les insulaires sont convaincus que oui. Gorée est encore la seule commune du Sénégal qui n’a pas connu de cas confirmé de coronavirus. Une prouesse qui ne doit pas grand-chose au hasard. Aux premiers jours de l’arrivée de la Covid-19 au Sénégal, une commission de volontaires, accompagnée du maire, a procédé à des séances de sensibilisation par des visites à domicile, chez les 300 familles que compte l’île. La frontière naturelle aidant, le contrôle de l’accès à Gorée n’était pas très difficile. La mairie a placé deux agents à l’embarcadère, au niveau de la LMDG, pour filtrer les visiteurs. Si l’on ne dispose pas d’une carte d’insulaire, il faut une autorisation pour acheter un ticket à l’embarcadère.
Pour les Goréens de retour de l’étranger, un confinement de 15 jours à Dakar est exigé avant de rentrer dans l’île. Même les insulaires qui n’ont pas respecté la recommandation de ne pas participer aux éditions 2020 des grands rassemblements religieux ont été confinés sur le continent avant de revenir.
‘’Les habitants se sont engagés à protéger Gorée’’, témoigne le chef de cabinet du maire. Mamadu Diop se rappelle le premier jour de sensibilisation : ‘’Un habitant nous a donné de l’argent, en proposant que chaque Goréen cotise pour mettre quelque chose de côté. Une cellule de crise a été montée et la communauté goréenne de la diaspora a été mise à contribution. Depuis lors, nous avons acheté des kits alimentaires, des masques, du gel hydro-alcoolique, des médicaments, etc.’’
En effet, la municipalité n’a pas attendu l’aide alimentaire accordée par le président de la République, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, pour se mobiliser. Bien qu’elle ait reçu sa part pour ses citoyens, elle a procédé à 5 autres distributions de kits alimentaires. ‘’Nous sommes obligés de le faire, parce que Gorée n’a aucune activité industrielle. Tout repose sur le tourisme’’, justifie le jeune directeur du centre socio-culturel de l’île.
Si Gorée peut se permettre de rester digne, elle le doit, en grande partie, à sa municipalité dirigée par Augustin Senghor. Son apport a été magnifié par Adja Fatou Sall, qui confirme l’octroi régulier d’une ration de la mairie qui permet à la population de tenir. Cependant, note-t-elle, ‘’il y a de gros problèmes de liquidité. Parfois, il faut payer le gaz, l’électricité, etc. Nous ne travaillons pas pour avoir de quoi assurer cela’’.
Une discrimination positive pour Gorée réclamée
Sur le plan de la résilience économique et sociale destinée à faire face aux conséquences de la propagation de la Covid-19 au Sénégal, 77 milliards de francs CFA ont été réservés au secteur du tourisme et des transports aériens. Quinze milliards sont alloués au crédit hôtelier. Cet apport est désespérément attendu par les acteurs touristiques de l’île, à l’image du secrétaire général de l’Association des restaurateurs de Gorée. Mais pas que ! ‘’Nous avons été soutenus par la municipalité dans les démarches pour constituer un dossier afin de demander une aide du programme au niveau du ministère du Tourisme, confie Omar Sy. Mais nous appelons le chef de l’Etat à faire quelque chose de particulier pour Gorée’’. Depuis de début du mois de juin, la réouverture des restaurants a été autorisée, mais Gorée n’est pas encore concernée. Et pour beaucoup d’établissements, il faudra réfectionner avant de rouvrir, car l’érosion a fait quelques dégâts.
Au niveau des hôteliers, non plus, les aides du gouvernement n’ont pas encore été reçues. Aucun plan de réouverture n’a été défini. Une des nombreuses raisons qui pousse Mamadu Diop à demander à l’Etat une discrimination positive pour recouvrir un peu des recettes perdues avec l’arrêt des visites sur l’île. Avec la levée des mesures restrictives sur les transports et la reprise des vols internationaux à l’aéroport international Blaise Diagne, les autorités réfléchissent sur la meilleure formule pour une réouverture de l’île. Et pour le chef de cabinet du maire, ce sera l’occasion de trouver des solutions innovantes, comme le e-Ticketing, pour éviter le plus possible les rassemblements.
Toutefois, à Gorée, personne n’est pressé de rouvrir l’île aux visiteurs, dans un contexte de hausse des contaminations au Sénégal. La configuration géographique fait craindre le pire, si une épidémie venait à s’y répandre. ‘’Nous aurions beaucoup de mal à traiter des malades, les évacuer sur Dakar, etc., alerte Lucie Manga. Une préoccupation qu’elle partage avec la plupart des insulaires qui ne cessent de rappeler que la santé reste prioritaire sur les préoccupations économiques.
Mais au-delà de tout cela, il faudra tirer des leçons de l’impact de la pandémie sur l’île. ‘’La première sera de repenser un modèle économique qui ne se basera plus simplement sur le tourisme. Soixante-dix pour cent des acteurs de l’économie de l’île n’y habitent pas. Au fort de la crise, ils sont tous partis et c’est nous les insulaires qui assurons la riposte pour tenir le coup’’, alerte Mamadu. Un des moyens serait déjà d’avoir plus d’insulaires dans le personnel de la LMDG.
LA FILIÈRE LAITIÈRE SE NOIE SOUS LES EXCÉDENTS DE LAIT EUROPÉENS
Avec la crise du Covid-19, la flambée des stocks de lait en poudre importé, qui inondent déjà le marché sénégalais depuis 2018, va encore fragiliser les producteurs locaux
Le Monde Afrique |
Théa Ollivier |
Publication 23/07/2020
En cette saison des pluies, à la mi-juillet, la dizaine de vaches de Michel Doudou Sène pâture toute la journée dans la brousse redevenue verdoyante des environs de Kaolack, à 200 kilomètres à l’ouest de Dakar. Mais le soir venu, à l’étable, seules quelques-unes passeront à la traite. L’éleveur sénégalais se désole : « Nous limitons la production car nous peinons à l’écouler. Les clients préfèrent le lait en poudre importé, moins cher et plus facile à trouver. » Pour s’aligner sur le prix des importations, Michel Doudou Sène a dû baisser le tarif du litre de lait de 700 à 500 francs CFA (de 1 euro à 75 centimes). « Pourtant, notre lait est de meilleure qualité ! Mais il est aussi plus cher à produire », s’agace-t-il, en regardant avec désespoir ses trois génisses sur le point de mettre bas.
Au Sénégal, le lait en poudre représente 84 % des importations de lait, majoritairement en provenance de l’Union européenne (UE). « Depuis 2018, nos marchés sont inondés par des stocks sans précédent de l’UE, qui concurrencent notre lait local », résume Fatou Cheikh Ndione Sané, directrice des industries animales au ministère de l’élevage.
Une situation qui risque d’être encore amplifiée par les excédents de stocks de poudre de lait européens constitués lors de la crise du Covid-19, alors que la demande en produits laitiers s’effondrait sous l’effet des confinements. Ces surplus ont toutes les chances d’être déversés en Afrique de l’Ouest, au risque d’affaiblir durablement des filières laitières déjà fragiles et peu structurées.
Les moyens de l’autosuffisance
« Nous sommes préoccupés par la situation des éleveurs, et surtout des femmes qui composent la majorité de ce secteur », alerte Khar Ndiaye, directrice des programmes pour Oxfam Sénégal. Le lait importé, de faible qualité nutritionnelle, est 30 % moins cher que le lait local grâce aux subventions de la politique agricole commune européenne, fait valoir Mme Ndiaye. Dans ces conditions, les producteurs sénégalais ne peuvent guère résister à la concurrence, pâtissant déjà de la faible productivité de leurs vaches, du prix élevé des aliments de bétail et d’un circuit logistique compliqué.
Pourtant, avec 3,9 millions de bovins sur territoire – parmi lesquels 70 % de femelles dont la moitié est en âge de produire du lait –, le Sénégal a les capacités d’être autosuffisant. L’un des enjeux est d’arriver à acheminer le lait local des zones de production aux unités de transformation puis aux points de vente. Pour y parvenir, « nous sensibilisons au changement des habitudes de consommation », explique Mme Ndiaye.
LA DÉMOCRATIE S'EST AVÉRÉE ÊTRE UN GOUFFRE POUR LE MALI
A l’indépendance, les Maliens ont calqué les institutions françaises au lieu de prendre le temps de développer des mécanismes de gouvernance et des institutions qui leur soient propres
Après avoir travaillé au Mali sur 8 ans, durant la période 1989-1993 et 2001-2005 et continué à suivre l’évolution du pays, je ne peux que constater aujourd’hui à quel point la démocratie, qui était pourtant porteuse d’espoir lors des premières élections pluralistes en 1992, s’est avérée être un gouffre pour ce pays.
A l’indépendance, les Maliens et Maliennes ont calqué les institutions françaises au lieu de prendre le temps de développer des mécanismes de gouvernance et des institutions qui leur soient propres. Au début de la soi-disant démocratisation, encore une fois on copie l’Occident et on ouvre les vannes au multipartisme. Il arrive quoi ? Plus de 200 partis politiques sont créés – en fait des agglomérations de personnes autour de personnalités appréciées, avec lesquelles on a des liens familiaux, amicaux, ou autres. Fort heureusement, il n’y a pas de partis ethniques au Mali.
Et il arrive quoi ? L’exercice du pouvoir politique étant essentiellement un exercice d’enrichissement personnel pour sa famille et pour son clan, sachant que sa durée est d’un maximum de deux mandats de 5 ans et qu’il faut financer les campagnes électorales, la corruption n’a cessé de croître depuis l’arrivée du multipartisme. Ce multipartisme basé sur les relations a un autre effet pervers : l’absence de renouvellement à la tête des partis. Plusieurs se sont scindés, mais aucun n’a remis en cause son chef parce qu’il n’avait pas gagné l’élection. Alors on retrouve aujourd’hui en grande partie les mêmes joueurs politiques qu’il y a près de 30 ans. Il faut dire qu’ils étaient jeunes à l’époque, voués à un bel avenir. Lorsqu’il y a des partis politiques bien structurés, ils s’empressent de virer leur chef après un échec électoral. Pas au Mali, le parti est le chef.
Les élections se sont succédées entre 1992 et 2020 avec un taux de participation des électeurs famélique. On a souvent attribué ce manque de démocratie au manque d’éducation. Il faut regarder de plus près. C’est à Bamako, où la proportion d’alphabétisés est la plus importante qu’on vote le moins.
Le président Keita (IBK) a bien été élu en 2013, suscitant beaucoup d’espoir auprès de la population aux prises avec la montée du terrorisme. Dès 2014, on me disait qu’il était mal entouré, s’appuyant trop sur sa famille. En 2017, on me disait que le pays était gouverné par une mafia et que le seul espoir était qu’IBK ne se représente pas en 2018. La liste de ce qu’on lui reprochait était longue, se résumant à ne pas se soucier du Mali, mais uniquement de ses voyages à l’étranger, à ne pas renforcer l’armée dont on avait pourtant grand besoin et qui avait été dépouillée par ses prédécesseurs, et surtout à dilapider les fonds dont le Mali avait tant besoin pour fournir un minimum de services aux citoyens et citoyennes. Il se représente et gagne les élections en 2018, élections à nouveau décriées comme étant frauduleuses. L’opposition proteste, puis tout rentre dans l’ordre. Rien ne change. Toujours pas de paix en vue, au contraire, un conflit qui s’est étendu au centre du pays, ne s’essoufle pas.
L’école est aux abonnés disparus comme cela a souvent été le cas depuis 1992. L’Accord de paix d’Alger de 2015 n’est ni appliqué, ni amélioré. Et la corruption continue joyeusement. Arrive le Dialogue National Inclusif fin 2019 qui donne une certaine légitimité au pouvoir en place, sans offrir de nouvelles pistes de sortie de crise. Arrive les élections législatives en mars et avril 2020. Reportées plusieurs fois en raison de l’insécurité et la nécessité de modifier le code électoral et de tenir compte d’un nouveau découpage électoral en respect de l’Accord d’Alger. Alors qu’aucune de ces conditions n’est réunie et que la COVID-19 pointe son nez, branle-bas de combat, les élections législatives sont programmées. Nous connaissons tous ce qui est arrivé à la fin du deuxième tour, alors que la Cour constitutionnelle a invalidé et d’office changé les résultats pour faire élire 31 députés qui étaient recalés selon les urnes. L’un d’eux devient même président de l’Assemblée nationale.
En fait IBK s’est servi des mêmes tactiques qui avaient prévalues contre lui au deuxième tour de l’élection présidentielle de 2002. Bon prince, il avait calmé ses troupes et accepté qu’un bon nombre de ses votes soient annulés par la Cour Constitutionnelle. En 2020, c’est la revanche.
Où en sommes-nous en juillet 2020 ? Il arrive un moment où trop c’est trop, comme on dit. L’invalidation des plusieurs résultats électoraux par la Cour Constitutionnelle a fait déborder le vase et le mouvement M5-RFP avec l’appui moral de l’iman Mahmoud Dicko est né pour demander au président IBK de démissionner, d’abroger l’Assemblée nationale et la Cour Constitutionnelle et de repartir sur de nouvelles bases en mettant en place une transition. Ce mouvement avait donné la possibilité au président IBK de rester en place, tout en déléguant son pouvoir à un Premier ministre choisi par l’ensemble des acteurs politiques. Le refus d’IBK à se soustraire du pouvoir et la mobilisation de la force anti-terroriste FORCAT qui a tiré à balles réelles sur des manifestants non armés, en tuant plusieurs, a conduit au durcissement des positions du M5-RFP. Il est aussi inexcusable que le mouvement de désobéissance civile se fasse dans la violence. Un changement s’impose et pacifiquement. Souhaitons que les multiples médiations finissent par fonctionner.
Que peut ou doit faire la communauté internationale ? Il ne sert à rien de se cacher derrière une Constitution qui a été bafouée tellement de fois. D’abord admettre que nous nous sommes enrichis sur le dos du Mali, du moins le Canada avec l’exploitation aurifère et certainement la France, malgré le lourd tribut payé par ce pays avec la force Barkhane. Deuxièmement, dialoguer avec tous les acteurs politiques et les encourager à trouver une solution paisible. Mon pays, le Canada semble absent des discussions à Bamako, du moins les médias ne le rapportent pas, alors que le Mali est un pays important de coopération internationale depuis plus de 40 ans. Troisièmement, suspendre l’aide budgétaire à un régime aussi corrompu et revoir les mécanismes d’appui lorsqu’un gouvernement de transition sérieux sera mis en place.
Louise Ouimet est ancienne ambassadeure du Canada au Mali (2001-05) et au Burkina Faso (1995-97)
par Gilles Olakounlé Yabi et Mirjam Tjassing
CRISE AU MALI, RÉSISTER À LA TENTATION DES RECETTES POLITIQUES USÉES
Sans une prise en compte explicite des aspirations des populations de ce vaste pays à un changement visible des pratiques politiques, aucun gouvernement d’union nationale ne saurait faire office de solution
Gilles Olakounlé Yabi et Mirjam Tjassing |
Publication 23/07/2020
Alors que cinq chefs d’État foulent le sol malien pour renforcer la médiation entreprise par la Cedeao, il n’est pas inutile de rappeler que les compromis politiques hâtifs ont nourri depuis de nombreuses années l’aggravation du fossé entre les citoyens d’une part, les gouvernants et les élus de l’autre. Sans une prise en compte explicite des aspirations des populations de ce vaste pays à un changement visible des pratiques politiques et de la gestion des affaires publiques, aucun gouvernement d’union nationale assorti de quelques correctifs institutionnels circonstanciels ne saurait faire office de solution.
Nous avons collaboré il y a quelques mois à l’organisation d’une série d’ateliers de réflexion sur l’économie politique au Burkina Faso, au Niger et au Mali. Nous avons écouté dans chacun de ces trois pays du Sahel des représentants de partis, d’organisations de la société civile, de mouvements citoyens et d’analystes décrire les pratiques politiques réelles, indissociables des pratiques économiques, sociales et culturelles. Nous avons essayé de dégager de ces échanges une compréhension plus fine des véritables sources du pouvoir politique, des mécanismes d’émergence des leaders, des rapports entre les élus et leurs bases électorales et des implications des pratiques politiques réelles dans le fonctionnement et la gouvernance démocratiques.
Crise de confiance
Le constat des acteurs était unanime au moins sur un point : la crise de confiance entre les populations et ceux qui sont censés les représenter et défendre leurs intérêts est profonde, et dangereuse, dans les trois pays. Avec, certes, des variations dans les manifestations de cette crise d’un pays à l’autre. Au Mali, sur un terreau d’insécurité, avec des violences qui se sont aggravées depuis huit ans, la stabilité politique est aujourd’hui menacée malgré la multiplication des initiatives internationales.
Ces dernières semaines, le pays a failli basculer dans une insurrection populaire aux conséquences incertaines. Les manifestations massives contre le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta ont dégénéré en destruction de bâtiments publics et en répression violente par des forces de l’ordre, et même par celles a priori destinées à la lutte contre le terrorisme. Bilan : au moins onze morts et une centaine de blessés.
La trêve décidée par le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), la coalition d’opposition, en raison de l’approche de la grande fête musulmane de la Tabaski ne mettra pas fin à la crise actuelle. D’ailleurs, la contestation des résultats des élections législatives, proclamés par une Cour constitutionnelle soupçonnée d’être aux ordres de l’exécutif, n’en a été que le détonateur.
Tirer les leçons du passé
Nous avons tous les deux suivi les soubresauts de l’histoire politique malienne de ces dix dernières années. Il peut être utile d’en tirer des leçons pour ne pas continuer à reproduire les mêmes erreurs. La principale leçon est que la focalisation exclusive sur l’apaisement a mené chaque fois à des compromis politiques qui ne prennent pas ou que très partiellement en compte les souhaits de changement et de refondation exprimés par les populations.
Ce fut le cas après le coup d’État militaire de 2012, qui avait suscité un espoir populaire de changement de la gouvernance, malgré les signaux inquiétants donnés par les figures de ce putsch. L’accord-cadre négocié par la Cedeao, alors pilotée par le président burkinabè Blaise Compaoré – à l’époque déjà contesté dans son propre pays – a mis sous le boisseau les demandes de concertation nationale et privilégié les arrangements de court terme visant une normalisation institutionnelle de façade.
Au lendemain de l’organisation rapide de l’élection présidentielle de juillet 2013, les « pourparlers inclusifs » qui devaient avoir lieu ont largement cédé la place à un processus dominé par le gouvernement et les chefs des groupes armés, toujours très influents dans le nord du pays. Les tentatives, notamment par l’Union européenne, d’élargir l’interprétation du mot « inclusif » pour prendre en compte l’ensemble des voix indépendantes de la société civile se sont en fait traduites par une invitation à chacune des parties de désigner sa propre société civile…
Entretien avec l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
MACKY SALL N’A AUCUNE LEÇON À DONNER À SES MINISTRES
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce régime est déconnecté des réalités du pays. L’IGE a une tare congénitale. Le président semble découvrir l'existence de la loi sur la déclaration de patrimoine, six ans après sa naissance - INTERVIEW DE SEYBANI SOUGOU
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 23/07/2020
La mort des gazelles oryx, le scandale foncier de Ndingler, les rapports de l’IGE, la non-déclaration de patrimoine des ministres de Macky Sall, tels sont les principaux thèmes que l’éminent juriste, Seybani Sougou, tente d’analyser dans cette interview.
SenePlus : Le Sénégal est fortement secoué par la mort des gazelles oryx mortes durant leur translocation. On pensait que seul le ministre de l’Environnement et du développement durable Abdou Karim Sall était impliqué alors que son homologue de l’Intérieur est lui aussi éclaboussé. Comment qualifier ces actes ?
Seybani Sougou : L’indignation collective suscitée par la mort des gazelles oryx est saine et parfaitement justifiée. Pour Karim Sall, il y a une triple infraction : un conflit d’intérêt puisque la Direction des parcs nationaux est placée sous son autorité (cf Décret n° 2019-794 du 17 avril 2019) ; le transfert clandestin d’espèces protégées en violation de la loi 86-04 du 24 janvier 1986 portant Code de la Chasse, et un délit d’atteinte à la conservation d’une espèce animale protégée, et de destruction d’un animal appartenant à une espèce protégée (2 gazelles sont mortes durant ce transfert clandestin). Sans s’en rendre compte, Aly Ngouille Ndiaye a enfoncé Abdou Karim Sall en affirmant qu’il dispose d’un protocole signé entre lui, et le directeur des parcs nationaux, colonel Boucar Ndiaye, qui a été approuvé le 2 février 2020 par le ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall. C’est la preuve définitive que c’est Abdou Karim Sall qui approuve in fine, les protocoles. Or, Abdou Karim Sall ne peut en aucun cas approuver un protocole dont il est demandeur et principal bénéficiaire et qui n’a jamais été rendu public. Par ailleurs, le protocole évoqué par Aly N’gouille Ndiaye pour justifier le transfert de gazelles vers sa ferme est illégal, car l'Oryx gazelle est un animal intégralement protégé et n’a pas vocation à être introduit dans une réserve privée, dans un objectif de repeuplement d’espèces protégées. L’attitude des deux ministres Abdou Karim Sall et Aly N’gouille Ndiaye est indigne, criminelle et prouve que les membres de ce régime sont hors sol, totalement déconnectés des réalités. Abdou Karim Sall, Aly N’gouille Ndiaye, le Directeur des parcs nationaux Boucar Ndiaye et ceux qui ont participé à cette opération de transfert et de « braconnage » doivent être poursuivis pénalement. Les deux ministres empêtrés dans cet énorme scandale devraient être démis de leurs fonctions. Tous les particuliers ou membres du régime détenteurs d’un protocole, ayant pour objet le transfert de gazelles oryx vers leurs fermes privées doivent savoir que la détention de ce document illégal, même signé par Abdou Karim Sall ne les met pas à l’abri de poursuites judiciaires. Tout protocole de ce type est nul et non avenu (l’existence d’un protocole n’empêche en rien l’illégalité).
A ce problème vient s’ajouter celui du foncier. Le plus patent est celui de Ndingler où le businessman Babacar Ngom s’est vu attribuer des hectares de terre qui n’appartiennent au périmètre de la commune de Sindia attributrice.
En vérité, ce régime est abonné aux scandales. Les révélations extrêmement graves sur le bradage du littoral (un domaine inaliénable), démontre que la délinquance du régime étend ses tentacules, y compris dans le domaine foncier, avec des phénomènes d’accaparement et de spoliation qui atteignent des niveaux insoupçonnés. De fait, l’affaire « Ndingler » a des relents d’un scandale d’Etat pour la bonne et simple raison que les 300 hectares ont été attribués au Groupe Sedima par la communauté rurale de Sindia, suite à une délibération. Au Sénégal, désormais ce sont les gouvernants qui délivrent désormais des faux : le président avec les vrais-faux décrets 2020-964 sur l’honorariat, les ministres avec les protocoles illégaux pour le transfert des gazelles oryx vers des fermes privées, ou le maire, de Sindia qui a attribué 75 ha de terres n’appartenant pas à sa commune. Nous sommes dans une situation d’insécurité juridique sans précédent : les documents de l’Etat n’ont plus aucune valeur et ne garantissent plus aucune authenticité. Au point que la signature de Macky Sall n’est plus crédible.
L’IGE a publié une série de rapports. L’on se rend compte qu’il y a encore de réels problèmes de bonne gouvernance. Ne peut-on pas dire encore : à quoi bon ?
Vous avez parfaitement raison de poser le débat sur la bonne gouvernance et l’utilité des rapports produits par les organes de contrôle. Vous aurez remarqué que depuis que Macky Sall est à la tête de la magistrature suprême, aucun membre de son régime épinglé par un organe de contrôle n’a été inquiété ni poursuivi par la justice, même lorsque des indices graves et concordants font état de malversations financières et de détournements de deniers publics constitutifs d’infractions pénales d’une extrême gravité. C’est le cas du rapport de l’Inspection Générale des Finances dans l’affaire Prodac resté sans suite ; du rapport de l’ARMP sur le scandale du Port autonome de Dakar, rangé aux oubliettes de l’histoire ou du rapport de l’OFNAC du Coud, qui enfonce la personne incriminée, et qui a eu l’outrecuidance de porter plainte pour diffamation. C’est le monde à l’envers puisque les incriminés estent en justice lorsqu’ils sont épinglés par des rapports officiels produits par des organes de contrôle !
Pour en revenir aux trois rapports publics de l’IGE 2016, 2017 et 2018/2019, ma première observation est de déplorer le retard considérable au niveau de la publication des rapports, car la loi impose à l’IGE de publier chaque année un rapport sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes. Secundo, beaucoup de nos concitoyens l’ignorent : ces trois rapports sont expurgés, en d’autres termes le public n’a pas accès à l’intégralité des éléments desdits rapports. Car, l'IGE produit deux types de rapports : d’une part, des rapports estampillés secret d’état, destinés exclusivement au président qui ne peuvent être publiés que lorsqu’ils sont déclassifiés (la notion de secret est désuète et doit être remise en cause car elle ne s’applique pas aux vols de deniers publics) ; et d’autre part, des rapports sur l’état de la gouvernance et la reddition des comptes (le rapport public n’est qu’une synthèse des constatations de l’IGE). Enfin, la troisième observation découle de la précédente, l’IGE, malgré le prestige attaché à ce corps a une tare congénitale, liée au fait que l’institution est placée sous l’autorité directe et exclusive du président (contrairement à l’OFNAC, l’IGE ne dispose d’aucun pouvoir pour transmettre ses rapports au procureur de la République). Cela dit, la lecture combinée des trois rapports de l’IGE fait apparaitre de nombreux actes de malversations et des pratiques de délinquance financière qui défient le bon sens. L’exemple de la Délégation Générale pour l’organisation du XV sommet de la Francophonie, illustre à lui seul, le carnage en matière de deniers publics. Tous les marchés passés en 2013 pour un montant de 40 milliards et 781 millions, 660 000 mille 141 un F CFA sont frappés de nullité (cf page 155 et 156 du rapport 2017). Au total sur les 2 exercices 2013 et 2014, des marchés d’un montant colossal de 65 milliards 627 millions, 971 mille et 570 F CFA ont été attribués par entente directe, de manière illégale, en violation totale des dispositions du code des marchés publics (cf page 157). Ces actes graves relèvent du grand banditisme financier. Il s’agit de crimes économiques. Comme les rapports de l’OFNAC, de la Cour des Comptes, de l’ARMP, les 3 rapports publics de l’IGE sont destinés au musée de l’histoire. Pour lutter contre la grande délinquance économique et financière, il faut une forte volonté politique et de nouveaux outils (parquet national financier). Ces réformes attendues ne seront pas mises en œuvre sous le régime de Macky Sall.
Comment appréciez-vous la déclaration de patrimoine à laquelle le président de la République astreint ses ministres ?
C’est une grotesque farce ! Macky Sall n’a aucune leçon à donner à ses ministres, car il est le premier à violer la loi (l’article 37 de la Constitution l’oblige à déclarer son patrimoine avant son installation). A ce jour, cette exigence constitutionnelle n’a pas été respectée. Par ailleurs, sa sortie prouve qu’il n’a aucune autorité sur ses ministres puisqu’il est obligé de verser dans la menace pour les contraindre à respecter la loi. La loi relative à la déclaration de patrimoine existe depuis 2014. Macky Sall semble découvrir l’existence de la loi qu’il a signée le 2 avril 2014, en 2020, soit six ans plus tard ! Ce n’est pas sérieux.
Face à l’ensemble de ces problèmes, certains pensent que la solution pourrait venir d’un gouvernement d’ouverture. Pensez-vous que cela soit la panacée pour sortir le pays du gouffre dans lequel il se trouve ?
Un gouvernement d’ouverture : pourquoi faire ? Pour le partage du gâteau et des postes ? S’il s’agit d’un gouvernement d’ouverture pour appliquer le même programme qui conduit le pays dans une impasse, alors, disons-le clairement, le Sénégal n’est pas sorti de l’auberge. Sortir le Sénégal du gouffre dans lequel il est plongé suppose une orientation nouvelle et un véritable changement de cap, au niveau économique et social. Or, ce serait un terrible aveu d’échec pour Macky Sall qui nous a vanté le PSE (plan Sénégal émergent) sous tous les cieux. Changer les hommes pour maintenir la même politique équivaut à un jeu de chaises musicales. Très honnêtement, je ne crois pas que la formation d’un gouvernement d’ouverture soit actuellement la priorité des Sénégalais.
SAISIE D’ARMES ET DE MUNITIONS, RETOUR DE PARQUET POUR LES DEUX MIS EN CAUSE
Les sieurs Saliou Thiam et Cheikh Lô, mis en cause dans l’affaire de la saisie d’armes à Touba, ont passé la nuit hier au Commissariat urbain de Diourbel après un retour de Parquet
Les sieurs Saliou Thiam et Cheikh Lô, mis en cause dans l’affaire de la saisie d’armes à Touba, ont passé la nuit hier au Commissariat urbain de Diourbel après un retour de Parquet.
L’affaire de la saisie du lot important d’armes et de munitions est loin de connaître son épilogue. En effet, Saliou Thiam, âgé d’environ 65 ans, a été arrêté le week-end dernier par les éléments de la police de Gouy Mbinde avec un arsenal composé de 110 armes à feu et 807 munitions. D’après le sieur Thiam qui a dénoncé Cheikh Lô à la police, ce dernier serait non seulement son présumé fournisseur mais il travaillait également pour lui. Présentés au maître des poursuites, ces deux mis en cause ont fait l’objet d’un retour de Parquet et sont gardés dans les locaux du Commissariat urbain de Diourbel.
Force est de rappeler que Cheikh Lô, qui semble être un grand notable et très proche du khalife de Darou Mousty, avait été arrêté en novembre dernier à Pékesse dans l’affaire dite de la saisie des 750 munitions de l’Armée sénégalaise. Toutefois, Saliou Thiam a été mis aux arrêts samedi dernier par les limiers de Gouy Mbind avec un arsenal décrit comme suit : «110 armes à feu de divers calibres dont 18 Pa (pistolet automatique), 21 armes de fabrication artisanale et 71 fusils. 807 munitions dont 634 pour Pa, 53 pour Fap (Fusil à pompe), 98 munitions de guerre, 16 chargeurs et 2 jumelles.»
LE VIRUS ÉTOUFFE L’INFORMEL
Les mesures restrictives ont bloqué le secteur de la pêche et freiné les transports
Dans une enquête menée, entre le 25 mars et le 25 mai 2020, l’Observatoire sénégalais des migrations fait un focus sur les conséquences fâcheuses du Covid-19 dans le secteur informel à Dakar, Saint-Louis et Thiès.
L’une des leçons de la crise du Covid-19, c’est qu’il aura mis les économies du Sud et de manière crue, face à leur fragilité en commençant par les acteurs de ces économies dites informelles. C’est l’une des conclusions de l’enquête menée par l’Observatoire sénégalais des migrations sur l’impact de la pandémie dans le secteur informel. Dans le rapport intitulé : «Migrations internes, secteur informel et Covid-19 dans les régions de Dakar, Saint-Louis et Thiès», les auteurs de l’enquête se sont appesantis sur l’activité des chauffeurs, marchands ambulants, pêcheurs, mareyeurs et jakartamen durant la période du 25 mars au 25 mai 2020. Cependant, la grille d’observation directe a permis d’interroger les incidences socioprofessionnelles de la pandémie sur le quotidien des personnes interrogées originaires de Touba, Mbour, Kaolack, Diourbel, Ziguinchor, Dakar, Dagana, Fatick, Kaffrine, Thiès, Tambacounda, Bambey, Tivaouane, Kolda et Louga. «Sur les quatre-vingt-trois répondants, 23% sont chauffeurs dans les transports en commun, 19% sont marchands ambulants, 17% sont pêcheurs, 28 sont mareyeurs et 13% conducteurs de motos dites Jakarta», souligne l’enquête.
Selon l’étude, les mesures prises par les autorités dans le cadre de l’Etat d’urgence assorti du couvre-feu ont «largement perturbé» l’organisation et le déroulement des activités dans le secteur informel. «On remarque une réduction nette des dépenses alimentaires. En conséquence, 44 % des personnes enquêtées affirment que leurs dépenses alimentaires sont revues à la baisse contre 28% qui affirment au contraire avoir augmenté leurs dépenses alimentaires et 28 % qui ont maintenu les mêmes dépenses qu’avant le Covid-19. On peut raisonnablement attribuer cette hausse et cette baisse d’une part à l’inflation soudaine constatée sur certains produits de première nécessité. Ce qui conduit à dépenser plus cher pour les mêmes produits. D’autre part, l’irrégularité et la faiblesse de revenus peuvent pousser à rationaliser davantage les dépenses familiales pour les réduire à leur strict minimum», souligne le rapport.
«La crise sanitaire est en train de se transformer en crise socio-économique»
Pour les dépenses liées au transport, note-t-on, «75% ont vu leurs dépenses augmenter contre 22 % qui ont baissé les leurs et 2 % dont les dépenses liées au transport sont restées stables». Pour les transporteurs de personnes comme les chauffeurs de taxi, de car et de bus, ainsi qu’une bonne partie des apprentis, les conducteurs de moto-taxi Jakarta, la pandémie du Covid-19 a été vécue comme un «véritable cauchemar», relève le rapport. Qui explique : «La réduction de la mobilité urbaine a réduit considérablement leurs revenus. Non seulement le nombre de clients a baissé, mais les tarifs ont chuté. Ainsi, les chauffeurs et les conducteurs de moto-taxi Jakarta sont plus affectés que les pêcheurs, les mareyeurs et les marchands ambulants en ce qui concerne la baisse des revenus.»
En outre, la pêche est un domaine qui a particulièrement été touché par la pandémie et par la suite par les mesures. En effet, pour les pêcheurs, «37% des enquêtés affirment être confrontés à une limitation des heures de travail, 30% font face à une limitation des déplacements et 6 % ont vu leurs revenus baisser. Pour les mareyeurs, la situation est plus délicate parce que 62% d’entre eux ont limité leurs heures de travail, 60% ont limité leurs déplacements et 9 % ont connu une baisse des revenus».
Si l’heure de débarquement coïncide avec les heures du couvre-feu, l’écoulement du produit devient impossible car, explique le rapport, «tous les autres acteurs du domaine sont tributaires de l’organisation des pêcheurs, de sorte qu’une perturbation de celle-ci se répercute sur l’activité entière du secteur». Cette situation, selon l’étude, «a fini par décourager un nombre important de pêcheurs quant à la nécessité des sorties en mer».
De Dakar à Saint-Louis en passant par Thiès, Diourbel, Tivaouane, Mbour etc., la crise sanitaire s’est très vite muée en «crise économique pour les acteurs du secteur informel, parties prenantes de la migration interne, qui n’ont pas été impactés par le plan de riposte Covid-19 initié par le gouvernement du Sénégal». Par conséquent, l’enquête en déduit que «la crise sanitaire est en train de se transformer en une crise socio-économique majeure». Finalement, «la propagation du Covid-19 en Afrique a déjà des effets destructeurs qui pourraient s’inscrire sur le moyen et long termes», prédit l’enquête.
Par Prof. Abdoulaye SAKHO
UNE PISTE JURIDIQUE POUR REGLER LA QUESTION DU FONCIER ?
Aujourd’hui l’espace public de notre pays « bruit » de questions foncières. Ce débat, à mon avis, dépasse les simples attributions de surfaces de terres
Aujourd’hui l’espace public de notre pays « bruit » de questions foncières. Ce débat, à mon avis, dépasse les simples attributions de surfaces de terres. Il s’agit, à vrai dire, d’une question fondamentale pour notre futur immédiat mais aussi pour les générations à venir. Aussi, toute réflexion se doit d’intégrer les voies et moyens de valorisation du monde rural, une des composantes de notre société qui tire le moins de profits des stratégies de développement économique malgré les discours officiels depuis notre indépendance. Je pense qu’il y a des pistes juridiques pour régler, au moins pour un temps, cette question du foncier qui a explosé hors de son traditionnel champ de prédilection, les zones urbaines et le littoral, pour embrasser le rural.
Une de ces pistes est, pour moi, une utilisation un peu plus féconde du concept de « fonds agro sylvo pastoral » dans notre droit positif1.
Oui, il n’est pas du tout hérétique de se pencher à nouveau sur le concept de fonds agro sylvo pastoral pour deux objectifs au moins : la valorisation du capital mort dans le monde rural (bétail inexploité servant juste comme instrument de mesure de la richesse personnelle, terres inaliénables et de contemplation comme dit Mamadou Oumar Ndiaye dans le brillant éditorial du 17/20 juillet 2020 du journal Le Témoin : « Il faut laisser exploiter ces immenses étendues de terres qui dorment » …) ; l’insertion réelle des activités rurales dans l’économie structurée (accès plus facile des activités rurales au financement et instauration de l’équivalent de la « propriété commerciale » dans les zones non urbaines).
Ce concept peut être rendu opérationnel dans un espace géographique donné (village, terroir, lieudit, regroupement intelligent de villages voisins…) si, bien sûr, on arrive à fédérer les activités économiques de ladite zone sous la coupe d’un organe de gouvernance et de gestion légitime aux yeux des populations de l’espace considéré. C’est vrai que des siècles durant la terre, objet de conquêtes et de convoitises guerrières, fut le siège et le symbole, par excellence, de la puissance et de la richesse économiques des hommes.
L’histoire du droit des biens, de la période romaine au Code civil français de 1804, appelé aussi Code napoléonien, le démontre à merveille. La valeur de cette chose que le droit des biens dénomme immeuble, par opposition au meuble, a toujours été sans commune mesure avec tous les autres biens susceptibles d’appropriation.
Oui, le droit de l’immeuble était une des bases essentielles du droit du patrimoine ! C’est ce qui explique en grande partie le fait qu’en France, la maitrise du foncier sur lequel s’exerce l’activité économique n’implique pas, a priori, sa propriété. Peut-être est-ce aussi l’explication à la loi sénégalaise sur le domaine national qui pose le postulat que la terre appartient à la Nation, c’est-à-dire nous tous.
Sauf qu’au Sénégal, comme dans la plupart des anciennes colonies, le choc des civilisations, le choc des cultures a engendré une situation qui a rendu très complexe notre relation avec notre environnement foncier et forestier. Les normes juridiques qui régissent ces questions ne sont pas univoques. Elles sont la résultante d’une cristallisation : celle de la tentative d’osmose, à un moment donné de notre histoire, du droit du colonisateur et du droit local dédaigneusement baptisé droit « indigène » ou « autochtone ».
La mayonnaise n’a pas pris : soit la norme d’origine coloniale s’est imposée faisant disparaitre le droit local ou bien le tolérant tout simplement. (On professe alors de manière docte, en toute ignorance ou innocence, dans nos facultés de droit africaines les notions de coutumes ou d’usages « contra legem » ou « praeter legem ») ; soit une norme de synthèse est consacrée mais qui sera rejetée de tous car ne satisfaisant personne. J’avoue que, malgré les indépendances politiques, nous n’avons pas, comme beaucoup de pays souverains, travaillé sur nos propres concepts. Nous avons au contraire reproduit, de manière certes brillante mais si stérile, ce droit venu d’ailleurs et qui ne semble pas très adapté au contexte de nos économies. par comparaison, lorsque la France a eu besoin de développer son commerce et de protéger ses commerçants, elle créa de toutes pièces un concept juridique central pour son économie : le « fonds de commerce ».
Ce concept, devenu central pour le développement des pme françaises, est une véritable fiction juridique de composition hétéroclite (marchandises, clientèle, enseigne ou nom commercial …) mais est regardé par le droit comme une universalité de fait. C’est ce bien, que nous, juristes, qualifions de meuble incorporel qui a, malgré tout, permis aux commerçants et petits entrepreneurs français d’accéder au crédit par le biais de ce que, encore nous juristes, appelons « nantissement » et de bénéficier d’une sorte de droit de propriété sur leur lieu d’exercice grâce à ce que, enfin, nous juristes, appelons, improprement d’ailleurs, « propriété commerciale » incarnée dans le droit au renouvellement du bail appartenant à tout professionnel locataire. Cela peut être envisagé pour notre foncier rural et la démarche ne sera pas du tout hérétique car elle est de plus en plus dans les préoccupations de nos partenaires au développement : la Banque mondiale invite régulièrement les intellectuels africains à produire des idées pour booster la croissance sur le continent ; de même, le rapport du Bureau indépendant d’évaluation du fmI, publié en mai 2011, une semaine après l’éclatement de l’affaire DSK, montre que nous devons développer une recherche propre.
J’invite donc, encore une fois, à sortir de notre traditionnelle zone de confort en tant que juristes ! Il est vrai qu’il y aura toujours des esprits plus enclins à consolider les notions anciennes qu’à construire des édifices nouveaux. Mais cette proposition d’une approche renouvelée du concept de fonds agro sylvo pastoral pourrait, à mon avis, contribuer à une amélioration considérable de la situation des acteurs du monde rural. Elle pourrait élever celui-ci au rang de composante majeure du commerce mondial par la qualité de la production rurale. Certains des problèmes récurrents que vivait ce monde pourraient à terme être éradiqués ou amoindris.
La modernisation de la production et de la distribution des produits agricoles pourrait être effective. au plan interne, dans notre pays, cela pourrait permettre d’installer de manière durable un pouvoir économique conséquent dans le monde rural, pouvoir économique en mesure de tenir la réplique au pouvoir politique généralement installé (suite aux politiques de décentralisation) sans aucune ressource financière conséquente sinon des subventions qui proviennent du budget central (budget de l’Etat) qu’on a beaucoup du mal à mobiliser…
1 La loi sénégalaise d’orientation agro sylvo pastorale (Losap : 2004) prétend mettre l’accent sur la nécessité de rendre attractifs le monde rural et les exploitations familiales qui doivent être modernisés, intensifiés dans un système durable qui respecte l’environnement. malgré cette proclamation, on n’y est toujours pas… le monde rural n’arrive pas à trouver la structure juridique idoine qui va le conduire aux formes d’exploitation économique qu’exige le monde contemporain.
2 En étant le socle du statut de l’entreprise en milieu rural ; en permettant un regroupement judicieux et intelligent des principales activités économiques d’un terroir ; en soumettant ce regroupement à la gestion d’une structure de gestion « ad hoc » ou calquée sur les maisons familiales Rurales qui ont malheureusement disparues ou sur un modèle à créer ; en permettant une forme d’appropriation du sol (le foncier) grâce à son introduction et sa comptabilisation comme élément essentiel du fonds de la même manière que la marque et la clientèle sont essentiels au fonds de commerce ; en permettant des opérations de cession et de garantie (nantissement) sur le fonds ; en permettant des opérations de coopération entre fonds agro sylvo pastoral de terroirs différents en ouvrant les voies du financement bancaire aux opérateurs économiques du monde rural ; en permettant d’envisager l’exercice de droits de successions sur le fonds agro sylvo pastoral car l’histoire démontre que si la perspective de transmettre un bien à ses héritiers n’est pas fermée, il y a des chances que l’exploitant travaille bien jusqu’à la veille de son départ, or le caractère inaliénable de certains biens notamment de la terre rend vaine toute forme d’exploitation économique durable …
3 Il s’agit d’abord des litiges entre agriculteurs et éleveurs sur l’occupation et le droit d’usage du sol ; il s’agit ensuite de l’exode des jeunes ruraux vers les villes du fait du manque d’activités lucratives en campagne ; il s’agit aussi de la possibilité pour les terroirs de produire de la valeur et des richesses en tant que structure décentralisées et de ne plus dépendre du budget de l’Etat ; il s’agit enfin du manque criard d’industries de transformation implantées dans le terroir lui-même.
Prof. Abdoulaye SAKHO,
Directeur Institut EDGE.
Chercheur au Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (CRES)
LES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS DIVISÉS
4,5/10 pour l’élémentaire et 9/20 pour le secondaire. Telles sont les moyennes exigées cette année pour le passage des élèves des classes intermédiaires en classes supérieures
4,5/10 pour l’élémentaire et 9/20 pour le secondaire. Telles sont les moyennes exigées cette année pour le passage des élèves des classes intermédiaires en classes supérieures. Communiquée par le ministre de l’Education, cette décision est diversement appréciée par les syndicats d’enseignants.
« Je vous informe des modalités définies pour le passage des élèves en classes intermédiaires. 4,5/10 pour l’élémentaire et 9/20 pour le secondaire ». Ainsi est libellé le communiqué du ministre de l’Education nationale. Par cette décision, m. Mamadou Talla demande aux destinataires de veiller à l’application rigoureuse de ces mesures au niveau des écoles et établissements scolaires publics ou privés dans leurs circonscriptions respectives. Une décision diversement appréciée par les syndicats d’enseignants. Si certains enseignants pensent que c’est la meilleure solution pour sauver l’année scolaire, d’autres bottent en touche en accusant le ministre de n’avoir comme seul objectif que le sauvetage de l’année.
Pour eux, en effet, le ministre ne veut pas d’une année blanche tout en sacrifiant les élèves dont le niveau va baisser l’année prochaine. Vouloir sauver l’année scolaire et éviter qu’elle soit blanche est tout à fait normal, selon le secrétaire général du Saemss (syndicat autonome de l’enseignement moyen secondaire du Sénégal), Saourou Sène. « C’est la meilleure solution que l’on puisse prendre en cette année de pandémie de la Covid19. La moyenne indiquée par le ministre de l’Education est bien normale », soutient m. Sène qui demande à ceux qui fustigent ces propositions de proposer une alternative plus orthodoxe. « S’il y a une meilleure solution, qu’on nous la propose ! », lance t-il.
Tout en précisant que le Saemss ne prend pas en charge les questions de l’élémentaire, m Sène dit être en phase avec les nouvelles modalités de passage pour les classes intermédiaires du moyen secondaire. Ce, dès lors que 9 est une moyenne raisonnable pour la bonne et simple raison que, même au Baccalauréat, il arrive que l’on repêche des élèves qui ont cette moyenne de 9. m. Sène pense qu’il faudrait attendre les résultats des examens pour se faire une idée du niveau des élèves. « Et si ce niveau est tant soit peu inquiétant, la pandémie rend ce niveau encore beaucoup plus catastrophique », estime le patron du Saemss. Quant à m. dame Mbodj , le secrétaire général national du Cusems (Cadre unitaire de l’enseignement moyen secondaire) authentique, il soutient que la faute se situe au niveau du gouvernement qui veut saboter l’école publique au profit du privé par le biais de certains lobbies.
Le secrétaire général national du Cusems authentique pense que c’est le président de la République, par le biais de son ministre de l’Education, qui est le responsable car c’est lui qui a décidé de « faire sauter de classes les élèves ». Il s’interroge sur le fait que l’Etat veuille valider l’année tout en sachant que l’école a perdu près de 5 mois. a en croire m. Mbodj, il serait plus juste de rattraper le temps perdu. « Nous déplorons cette décision. Nous avons proposé au gouvernement de poursuivre les apprentissages jusqu’au mois de décembre afin de pouvoir combler le gap et ainsi faire des compositions », rappelle m. Mbodj qui considère les mesures prises (pour faire passer les élèves des classes intermédiaires en classe supérieure) comme une façon de sacrifier une génération. Un avis partagé par m. diop, enseignant à Tivaouane peulh, et qui pense que l’on devrait continuer les cours jusqu’au mois de décembre afin de sonder les élèves.