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30 juin 2025
LE SYTJUST ET LE MINISTRE MALICK SALL ONT RENOUÉ LE DU DIALOGUE
La réunion tripartite entre le ministère de la Justice, le Haut Conseil du Dialogue social et le Sytjust s’est terminée hier aux environs de 21. Va-t-on vers une décrispation au sein de la justice ?
La réunion tripartite entre le ministère de la Justice, le Haut Conseil du Dialogue social et le Sytjust s’est terminée hier aux environs de 21. Va-t-on vers une décrispation au sein de la justice ? Au sortir de la réunion, les parties ont refusé de communiquer sur les discussions qu’elles venaient d’avoir. Toutefois nos sources nous renseignent qu’il pourrait y avoir une issue heureuse de cette réunion qui a été rendue possible par la présidente du Haut Conseil du dialogue social, Mme Innocence Ntap Ndiaye.
Les travailleurs de la Justice entendaient aller jusqu’au bout de leur lutte pour l’application d’un protocole signé entre l’ex-ministre de la Justice, Pr Ismaïla Madior Fall, et leur syndicat, Sytjust. Les camarades de Me Aya Boun Malick Diop ont tenté de paralyser tout le système judiciaire pour tordre le bras au gouvernement afin d’obtenir gain de cause. Depuis plusieurs semaines, ils enchaînaient les mots d’ordre de grève. Ils ont d’ailleurs décrété encore une nouvelle grève de 72 h ce lundi. Pourquoi le protocole d’accord tarde-t-il à être appliqué ? Difficile de répondre avec précision à cette question. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’un véritable dialogue de sourds s’était installé entre d’une part les travailleurs de la justice affiliés au Sytjust et le ministre de la Justice, Me Malick Sall. Le Sytjust exige de l’Etat la publication dans le journal officiel du protocole d’accord signé en octobre 2018 ainsi que l’application du décret présidentiel. Tout serait parti de l’accord signé entre l’ex- ministre de la Justice, Pr Ismaïla Madior Fall, et le Sytjust à la veille de la présidentielle. Le ministre, dans le but d’apaiser les ardeurs des greffiers, aurait fait des promesses qu’il est impossible de tenir aux travailleurs de la Justice dans le but de les amadouer.
Les dessous d’une loi discriminatoire
L’accès des greffiers, au bout d’une ancienneté de dix ans au moins, au corps des Administrateurs desgreffes et leur accès, après dix ans d’ancienneté, à la hiérarchie A2, constituent une disparité dans le fonctionnement et les règles d’organisation du Centre de formation judiciaire. L’article 50 du décret 2019-413 permet aux greffiers hiérarchie B2 ayant accompli au moins dix ans d’ancienneté, d’intégrer le corps des Administrateurs de greffe hiérarchie A1 après une formation de douze mois au C.F.J (Centre de Formation Judiciaire). L’article 51 du même décret prévoit que les greffiers ayant accompli moins de dix années de service B2 peuvent demander leur admission au CFJ pour une formation de douze mois conduisant à l’obtention du diplôme de greffier classé à la catégorie A2. L’article 49 dudit décret permet aux greffiers en chef B1 d’intégrer le corps des ADG A1 après une formation de douze mois au CFJ. Ces dispositions ne remettent-elles pas en cause les principes qui jusque-là servaient à caractériser la Fonction publique en ce qu’elle fonde la promotion à la hiérarchie supérieure uniquement sur l’ancienneté ? Elle ignore de manière absolue le critère du diplôme ou du concours professionnel.
Accès des citoyens à la fonction publique
Par ailleurs le décret 2019-413 consacre l’exclusivité du concours professionnel pour accéder au corps des Administrateurs de greffe (ADG). Le concours professionnel est en effet l’unique voie d’accès au corps des ADG et il n’est ouvert qu’aux greffiers en chef et auxgreffiers. Au même moment, les concours professionnels de l’Ecole nationale d’Administration (ENA) pour l’accession à la hiérarchie A sont ouverts aux greffiers, ce qui constitue une violation de la règle de l’égal accès des citoyens à la Fonction publique. Enfin, sur un autre plan, pour permettre l’élévation du corps des greffiers de la hiérarchie B à la hiérarchie A, le décret susvisé élève le niveau de recrutement pour le concours direct à Bac+3. Cette mesure consacre une option qui va éliminer des milliers de potentiels candidats. Si l’on considère que la catégorisation en hiérarchies est fondée sur la nature du travail confié aux fonctionnaires concernés, il est difficile de justifier ce changement de hiérarchie. Il convient de souligner que le ministère de la Fonction publique chargé des équilibres nécessaires aux droits et charges des fonctionnaires de l’Etat, s’est toujours opposé à ce changement automatique de hiérarchie concernant les greffiers. La question qui mérite d’être posée est de savoir si les droits acquis ne peuvent pas être invoqués pour s’opposer à la modification du décret 2019-413. (Décret n°2019-413 du 30 janvier 2019, portant création du Centre de formation judiciaire).
CORA FALL RACONTE SON COMPAGNONNAGE AVEC FEU SERIGNE PAPE MALICK SY
Selon Cora, Al Makhtoum lui avait confié que Pape Malick Sy n’était pas seulement son ami, mais également son frère car ils appartenaient à la même famille
Etant alité pendant le décès du porte-parole du khalife général des Tidianes Pape Malick Sy, le président Cora Fall qui entretenait d’excellentes relations avec le marabout avec qui il a cheminé pendant une période, a tenu à lui rendre hommage, mais également à revenir sur les relations qui les liaient, à travers des extraits tirés de son œuvre autobiographique qu’il est en train d’écrire et consacrés au défunt marabout.
Le président Cora Fall a tenu avant tout à présenter ses condoléances au khalife général des Tidianes de même qu’à toute la famille de Seydi El Hadj Malick SY et plus particulièrement à l’épouse du défunt et à ses enfants. Cora Fall est revenu sur le soutien que Pape Malick Sy lui avait accordé pendant la période où il avait l’ambition d’aller à la conquête de la 5e coordination du Parti socialiste de Rufisque. C’était à une époque où les barons de ce parti régnaient en maîtres sur l’ensemble des coordinations socialistes du Sénégal.
Le maire honoraire du Rufisque renseigne également dans son livre que c’est grâce à Pape Malick Sy qu’il avait été reçu par Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum dans sa résidence à Fann. Serigne Cheikh lui avait demandé de revenir le lendemain seul, pour déjeuner en sa compagnie et aussi pour discuter plus amplement avec lui avant de lui donner sa bénédiction. C’est lors de cette deuxième rencontre que Serigne Cheikh lui avait fait une révélation à savoir qu’il soutenait Alioune Badara Mbengue lors d’une déclaration qu’il avait faite chez Mbaye Diop Fary Mbaye, directeur de l’hôpital Aristide Le Dantec, pendant cette période. Et Cora Fall aussi d’informer le marabout que son engagement était relatif à l’amour qu’il avait pour sa ville et à sa détermination de travailler à son développement.
Selon toujours Cora, Al Makhtoum lui avait confié que Pape Malick Sy n’était pas seulement son ami, mais également son frère car ils appartenaient à la même famille. Serigne Cheikh avait convoqué l’Histoire en lui rappelant que le grand-père et homonyme de Pape Malick Sy, à savoir El Hadj Malick Sy, était l’ami de son grand grand-père à lui, Cora, El Hadj Amadou Fall. Raison pour laquelle, durant les séjours du vénérable El Hadj Malick Sy à Rufisque, il élisait toujours domicile chez El Hadj Amadou Fall. Serigne Cheikh a donc indiqué à son hôte que, rien que pour cette raison, il allait lui donner sa bénédiction.
Cora Fall donne un adiya de 500.000 frs à Serigne Cheikh qui lui offre en retour… 10 millions de francs !
Comme demandé par le marabout, l’ancien député-maire de Rufisque était donc revenu le lendemain en compagnie de Pape Malick Sy, pour remercier Al Makhtoum de son soutien mais aussi profiter de l’occasion pour lui remettre la somme de 500.000 francs en guise de adiya à titre symbolique. Serigne Cheikh, grand seigneur, en plus de lui avoir retourné l’enveloppe, s’empressa d’ouvrir son armoire pour remettre à Cora une somme de… 10.000.000 francs pour l’encourager dans son combat politique ! Et sur le champ, raconte Cora, Al Makhtoum avait donné instruction à Pape Malick Sy d’aller vers ses disciples pour les informer de sa décision de soutenir Cora Fall. A partir de ce moment, Cora Fall était constamment avec Pape Malick Sy, et il arrivait souvent qu’ils se retrouvent au niveau de leur quartier général à Bambilor, non loin de Rufisque, pour travailler en toute sérénité. Ce qui leur permettait de mettre à jour les registres dans lesquels étaient consignés les noms de tous les militants.
Dans son autobiographie, Cora Fall fait aussi un bref retour sur le passé pour évoquer le combat politique qu’il a eu à mener pour une démocratie à l’intérieur du PS. Lorsque le bureau politique du PS avait décidé d’envoyer une commission nationale de vente de cartes et de renouvellements simultanés des instances de base du parti dans l’ensemble des comités, sous la supervision du secrétaire politique, Moustapha Niass à l’époque, ce dernier avait délégué Abdoulaye Niang comme commissaire. Ce dernier était secondé par une équipe pour l’accompagner dans sa mission.
Selon Cora Fall, n’eût été le courage politique, la détermination, l’engagement et l’esprit militant de Moustapha Niass, cette démocratie interne au parti socialiste pour laquelle il se battait, n’aurait jamais vu le jour. Il a aussi rappelé que ces renouvellements se sont déroulés jusqu’à 4h du matin en présence des forces de sécurité (GMI). Et il a fini par remporter la victoire au niveau des 11 sections, sur les 12 que comptait la 5e coordination de Rufisque. La seule section qui avait échappé à cette razzia, était celle dirigée par Doudou Cissé, directeur de l’Imprimerie nationale à l’époque, et Badara Mamaya Sène, l’ancien maire de Rufisque qui vient lui aussi malheureusement de nous quitter.
A en croire Cora Fall, depuis cette période, il n’avait jamais été battu à des élections à Rufisque au temps du règne du PS. Les seuls revers politiques qu’il avait eu à subir, c’était sur la base de complots au niveau du parti ou au niveau de l’institution municipale de Rufisque. Il a tenu aussi à rendre hommage aux jeunes qui, en 1975, avaient 16 ou 17 ans mais qui, quand même, s’étaient organisés dans tous les quartiers et six ans après, étaient devenus les électeurs de la ville de Rufisque. Ces jeunes ont largement participé, à travers leur engagement citoyen, à le soutenir dans son combat politique, qui avait abouti à sa victoire en 1980. Cora dit revoir encore la joie et l’immense plaisir sur le visage de Pape Malick Sy qui, ce jour-là, très heureux, était comblé par cette victoire qui était aussi la sienne. Voilà les raisons pour lesquelles, le maire honoraire de Rufisque dit avoir consacré une partie importante de son ouvrage biographique en cours d’édition au défunt porte-parole du khalife général des Tidianes.
Cora assure qu’il a été le premier jeune socialiste sous Senghor, en 1980, à succéder à un baron à la tête d’une coordination PS sur l’ensemble du territoire national. Ce qui eut l’effet d’ouvrir une brèche dans le cercle très fermé de secrétaires généraux de coordinations dont l’essentiel était contrôlé par des gérontocrates. En effet quelque temps après cette victoire de l’alors président de la Jeune chambre économique du Sénégal, des jeunes commencèrent à prendre le relais à la tête des coordinations du Parti socialiste à l’image de Jacques Diouf (défunt secrétaire général de la FAO) à Saint Louis, Robert Sagna à Ziguinchor, en passant par Mar Diouf à Bargny, Falilou Kane à Diourbel etc…
Notre interlocuteur se souvient que feu Bara Diouf, à l’époque directeur général du quotidien national Le Soleil, avait surnommé les jeunes de sa génération qui avaient succédé aux barons « les hommes du président ». Une manière de faire allusion au président Abdou Diouf, qui était de leur génération qui venait de succéder au président Léopold Sédar Senghor et qui partageait la même vision que ces jeunes loups concernant la marche du Parti socialiste. Le maire honoraire de Rufisque soutient qu’il ne pouvait faire l’impasse sur l’histoire qui le lie à Pape Malick Sy, qui avait été toujours à ses côtés, depuis que Al Makhtoum leur avait donné sa bénédiction.
Le président Cora Fall se souvient qu’un mois avant le rappel à Dieu de Pape Malick Sy, le défunt porte-parole du khalife général des Tidianes, ayant eu écho qu’il était alité, s’était empressé de lui rendre visite à son domicile et avait même tenu à ce qu’ils prennent une photo ensemble. C’est la dernière fois que Cora Fall l’a vu jusqu’à avoir reçu l’information de son rappel à Dieu. « Puisse Allah l’accueillir dans Son saint paradis tout en continuant de veiller sur sa famille » a prié, pour conclure, le président Cora Fall à l’endroit de son regretté ami Pape Malick Sy.
«POURQUOI LE PEN SENEGAL EVITE UN ENVAHISSEMENT DE L'ASSOCIATION…»
Président du Pen Sénégal, le colonel Moumar Guèye explique dans cet entretien les grands fondements de cette structure dédiée aux gens de la plume mais presque méconnue de ses principaux acteurs. Entretien…
Président du Pen Sénégal, le colonel Moumar Guèye explique dans cet entretien les grands fondements de cette structure dédiée aux gens de la plume mais presque méconnue de ses principaux acteurs. Entretien…
Le Témoin - Mon colonel, pouvez- vous nous présenter de façon succincte le Pen International ?
Colonel Moumar GUEYE - Le sigle P.E.N est un acronyme du mot anglais « pen » (stylo). Il résume les différents métiers de l’écriture : P comme Poets (Poètes), Playwrights (dramaturges) ; E comme Essayists (essayistes), Editors (Éditeurs); N comme Novelists (Nouvellistes), Non-fiction authors. Le PEN a été fondé en 1921 à Londres par Catherine Amy Dawson Scott. C’est une association internationale d’écrivains, apolitique. Elle bénéficie d’un statut de catégorie à l’UNESCO et d’un statut consultatif au Conseil économique et social des Nations Unies. Le PEN, qui a donné naissance à Amnesty International, a pour but de rassembler des écrivains de tout pays attaché aux valeurs de paix, de tolérance et de liberté sans lesquelles la création devient impossible. Présentement, le PEN international est composé de 144 centres, dans 101 pays à travers le monde. C’est une tribune offerte aux écrivains. Il leur offre l’occasion de discuter librement de leur travail et de s’exprimer au nom des écrivains réduits au silence à travers le monde… Il est également ouvert aux poètes, aux romanciers, aux essayistes, aux nouvellistes, aux éditeurs, aux historiens, aux auteurs dramatiques, aux critiques littéraires, aux traducteurs, aux journalistes et aux scénaristes qui partagent, tous, le même intérêt pour le métier et l’art de l’écriture. Ils ont tous comme dénominateur commun leur engagement dans la liberté de s’exprimer librement par le mot écrit…
Vous êtes Président du Pen Sénégal, cependant cette tribune offerte aux gens de la plume est presque méconnue au Sénégal. Qu’est-ce qui explique cela ?
Il convient de rappeler que le Centre PEN Sénégal existait au Sénégal bien avant les indépendances. Il a été successivement présidé par le poète Léopold Sédar Senghor, Ousmane Socé Diop, Birago Diop, Ousmane Sembène, Mbaye Gana Kébé... C’est sous le régime du Président Abdoulaye Wade et la présidence de M. Mbaye Gana Kébé que le 73ème Congrès international du PEN a eu lieu à Dakar du 1er au 10 juillet 2007. L’actuel président de la République, M. Macky Sall, était alors président de l’Assemblée nationale. Ce Congrès a eu un éclatant succès ! Après mon élection en qualité de président du PEN, j’ai fait part au bureau exécutif de ma volonté de ne pas pouvoir diriger une association qui ne serait pas reconnue par les autorités de notre pays. C’est ainsi que le bureau exécutif s’est employé à reconstituer les archives du PEN Sénégal. Malheureusement, après plusieurs mois de recherches au ministère de l’Intérieur en charge des libertés publiques, nous n’avons trouvé aucune trace de document officiel concernant l’existence du Centre PEN Sénégal. En réalité, force était de reconnaître que le PEN Sénégal existait, certes, mais il était tout simplement jumelé à l’Association des écrivains du Sénégal. C’est ainsi que dans l’article 4 du règlement intérieur de l’AES, il est mentionné que « le PEN Sénégal est une cellule de l’Association des Écrivains du Sénégal. Son Président est proposé par le Président de l’AES de même que les membres du bureau. Après ce constat, le Bureau exécutif, en accord avec le Président de l’AES, a décidé de faire du Centre PEN Sénégal une association de plein droit en régularisant son existence en se faisant délivrer un récépissé de déclaration d’association sous le numéro 0 1 9 1 5 7 / M I N T / D G A T / DLP/DLAPA/BA du 30 janvier 2019. C’est ainsi que le PEN Sénégal a été « recréé » à Dakar, conformément aux dispositions du code des obligations civiles et commerciales. Il répond au statut d’une association à but non lucratif dénommée PEN SÉNÉGAL. L’association est reconnue par le PEN INTERNATIONAL et le Gouvernement du Sénégal. Sa durée est illimitée et son siège installé à Kër Birago Gu Bees. Il faut préciser que le PEN Sénégal est une association apolitique. Il bénéficie d’un statut de catégorie à l’UNESCO et d’un statut consultatif aux Nations Unies. Le PEN Sénégal a pour but de rassembler des écrivains attachés aux valeurs de paix, de tolérance et de liberté, sans lesquelles la création devient impossible. Il contribue également à favoriser la liberté d’expression et de circulation des écrivains.
La structure est ouverte aux journalistes. Mais qu’est-ce qui a été fait dans ce sens ?
Effectivement le PEN est également ouvert aux journalistes, mais des dispositions strictes ont été prises par le Bureau exécutif du Sénégal qui a mis en place un comité de validation des adhésions, ceci pour éviter un envahissement de l’association par des prétendus candidats dont le profil et les qualités déclarés ne seraient pas conformes aux exigences du PEN Sénégal.
Quelle opportunité les hommes de médias pourraient ils tirer de l’association que vous dirigez ?
Il convient de noter que la liberté d’expression est une condition fondamentale pour tous ceux qui partagent le métier de l’écriture et la création. Je voudrais rappeler aux candidats du PEN que la plume d’un écrivain ou d’un journaliste constitue parfois une arme redoutable et dangereuse. Elle peut mettre en péril la paix et la cohésion sociale dans un pays. C’est la raison pour laquelle, écrivains et journalistes doivent faire usage de leur plume à bon escient et avec sagesse. Ils doivent respecter l’éthique et la déontologie régissant leur profession. La plume de l’écrivain ou du journaliste ne doit être ni irresponsable ni génératrice de propos discourtois ou diffamatoires! L’écrivain et le journaliste se doivent de respecter leur mission d’éveilleurs de conscience citoyenne, d’éducateurs des peuples, de lanceurs d’alerte et de défenseurs des acquis fondamentaux de la démocratie. Voilà pourquoi, l’énoncé des règles immuables de défense de la liberté d’expression adoptée par le PEN ne doit nullement soustraire l’écrivain et le journaliste à l’obligation qui leur est faite de se soumettre impérativement aux lois et règlements de la République, en matière de communication. L’un et l’autre doivent certes jouir de la liberté d’expression, mais ils doivent éviter les excès et les dérives, de nature à mettre en péril l’unité nationale, la cohésion sociale, la sécurité de notre peuple et la paix dans notre pays! Wolof Ndiaye a dit : «xam lépp, wax lépp baaxul ! » (Connaître tout et raconter tout est une mauvaise chose).
Le président Macky Sall a publié un essai intitulé « Le Sénégal au cœur ». À ce titre, pourrait-il adhérer au PEN Sénégal?
Oui, je pense que l’essayiste Macky Sall pourrait parfaitement adhérer au PEN Sénégal dans la catégorie des membres d’honneur. Bien entendu, aucune activité politique ne sera acceptée au sein de l’association.
Faut-il pour tout adhérent être membre de l’Association des écrivains du Sénégal ?
Pas forcément ! En principe tous les membres de l’AES sont membres du PEN Sénégal, mais tous les membres du PEN Sénégal ne sont pas forcément membres de l’AES.
LA COVID «OFFRE» UN BONUS D’UN AN A ALIOU CISSE
Avec le décalage de la Can en 2022, Aliou Cissé pourrait aller bien au-delà de 2021 qui lui a été fixé.
Maintenu à son poste de sélectionneur des Lions jusqu'en 2021, Aliou Cissé est parti pour prolonger son bail d’un an à la tête des Lions. Ce qui constitue un record de longévité d'un technicien à la tête de l’équipe nationale de football du Sénégal de 1960 à nos jours.
«Je suis un garçon béni». Aliou Cissé ne savait si bien dire en prononcer ses quelques mots. En dehors d’avoir souvent des tirages «cléments» aussi en phases éliminatoires qu’en phases finales de CAN ou de coupe de monde, l’ancien capitaine de l’équipe va bénéficier d’un bonus d’un an à la tête des Lions. Ce, suite au report de la CAN 2021 à 2022, puisque les éliminatoires depuis que cette compétition est passée de 16 à 24 sont devenues une simple «formalité» pour la plupart des grandes sélections africaines.
Ainsi, avec le décalage de la Can en 2022, Aliou Cissé pourrait aller bien au-delà de 2021 qui lui a été fixé. Maintenu à son poste jusqu'au prochain rendez-vous continental au Cameroun, le sélectionneur des Lions disposera d'un an de plus pour pouvoir passer les éliminatoires et préparer la compétition continentale. Mais, il aura surtout le temps d'inscrire son nom dans l'histoire de la tanière avec ce record absolu de longévité qu'il détient.
Finaliste de la dernière Can organisée, en Egypte en 2019 perdue devant l'Algérie, l'actuel coach des Lions est sans doute l'homme des records du football sénégalais. Après avoir réussi à propulser les Lions à une finale et à une qualification à une Coupe du monde de football, 17 ans après celui de la génération 2002 dont il était le capitaine, Aliou Cissé, jusque-là sélectionneur, devrait être lors de la prochaine Coupe d'Afrique, le technicien qui aura resté le plus de temps sur le banc des Lions.
Depuis les premières sélections nationales, il y a soixante ans, aucun technicien local ou étranger n’était resté aussi longtemps sur le banc. En place depuis le 5 mars 2015, il avait pris le relais du Français Alain Giresse au lendemain de l'élimination du Sénégal au premier tour à la CAN de Mongomo en 2015. Il commence à battre son premier record en devenant le seul sélectionneur du Sénégal à disputer deux Can successives.
Seul Claude Leroy avait eu une telle opportunité (1990 et 1992). Après le passage des techniciens Bruno Metsu et Guy Stéphane, qui se sont succédé à la tête des Lions lors des Can 2002 et 2004, Amara Traoré en duo avec Abdoulaye Sarr, a fait ses débuts en menant les Lions à la CAN égyptienne de 2006. Avec en prime une élimination en demi-finale et une 4e place. Le même duo reviendra pour la CAN 2012. Mais l'expérience avait tourné court avec le bide de Bata. Ce qui a précipité son départ et son remplacement par le français Alain Giresse.
Après la Can au Gabon en 2017 et celle en Egypte en 2019 avec une place de finaliste suivie d'une qualification au Mondial, Aliou Cissé s'est ouvert la voie vers un troisième Can. Après quatre années sous sa toge de sélectionneur, la Fédération sénégalaise de football avait convenu avec le sélectionneur, de poursuivre la collaboration pour les 30 prochains mois soit jusqu’au 31 août 2021, avec une revalorisation de sa rémunération qui frôlerait les 15 millions F CFA par mois. Mais avec la fixation de nouveaux objectifs liés à des participations probantes de l’Equipe du Sénégal à la CAN 2021 (une évidence puisqu’après deux journées, le Sénégal a enregistré deux victoires) et à une qualification à la Coupe du Monde en 2022, qui, elle, constitue un énorme challenge. Mais l'objectif suprême reste le trophée continental, derrière lequel, différentes générations dites d’orée après depuis Tunis 1965
«IL N’Y A PLUS DE RÉFÉRENT COMMUN ET L’ETAT EST PRESQUE INEXISTANT»
Selon Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, le fait que des citoyens fassent justice elles-mêmes est la conséquence de la faillite des politiques publiques qui ne date pas d’aujourd’hui
Selon le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, le fait que des citoyens fassent justice elles-mêmes est la conséquence de la faillite des politiques publiques qui ne date pas d’aujourd’hui. Toutefois, Me Assane Dioma Ndiaye qui condamne ces actes de justice populaire, interpelle les autorités avant que le pire ne se produise.
Que pensez-vous du fait que les populations font justice elles-mêmes ?
D’abord, condamner les actes. La justice populaire est la pire des justices. C’est une justice expéditive qui ne donne pas à la personne la possibilité de se défendre et quand mort s’en suit, évidemment, on ne saura jamais la vérité. Or, toute personne, quelque soit les accusations qui pèsent sur elle, doit pouvoir avoir la chance de s’expliquer. Et toute personne bénéficie d’une présomption d’innocence sauf si sa culpabilité est reconnue par une juridiction de jugement. C’est inacceptable que les citoyens se fassent justice eux-mêmes.
Pourquoi en est-on arrivé à ce niveau ?
Il faut comprendre que c’est le lot des sociétés en décomposition. Ce qu’on appelle des sociétés qui sont dans une phase de désinstitutionalisation. Quand les institutions publiques ne jouent pas leur rôle, il y’a faillite des politiques publiques. Et quand il y’a faillite des politiques publiques, les citoyens se cherchent eux-mêmes leurs propres solutions et il n’y a plus de référent commun. Il n’y a une indisponibilité de certaines choses qui relèvent de l’impératif judiciaire. Chacun essaie de trouver sa propre solution se disant que l’Etat est devenu un néant. Nous n’avons rien qui puisse nous reculer. C’est extrêmement grave ce qui se passe aujourd’hui au Sénégal. Tout ce qui relève de l’institution, de la légalité peut être remis en cause du jour au lendemain parce que simplement les citoyens n’ont plus foi à la République, aux institutions de la République. C’est inquiétant et cela interpelle l’ensemble de la société. On ne peut pas continuer à vivre dans cette incertitude, dans cette vulnérabilité où chacun a ses propres repères. Il n’y plus de référent commun et l’Etat est presque inexistant. C’est l’aboutissement d’un long processus. Nous avons alerté depuis longtemps la société civile mais jamais on n’a pris compte de cette dégénérescence de la société républicaine.
Quelles seront les conséquences de cette justice populaire si l’Etat ne prend pas ses dispositions ?
Ce sera l’insécurité humaine parce que tout le monde peut être victime de ces actes. Ce qui est plus grave, c’est que le Sénégal sera considéré comme un îlot d’insécurité où l’investisseur ne viendra plus. Les touristes ne viendront plus. Et même les nationaux n’auront plus foi à leur pays. Parce que si la règle de trois n’est pas contraignante et qu’on ne peut pas avoir des solutions qui relèvent de la République où chacun est assuré que devant telle situation, c’est telle solution qui sera donnée parce qu’il faut de la prévisibilité dans une société. A partir du moment où c’est l’imprévisibilité, l’insécurité, la désinstitutionalisation, on n’a aucun pouvoir qui est là qui est capable de dissuader, de donner la solution par rapport à des faits donnés, les conséquences seront énormes et chacun est dans une sorte de psychose. Aujourd’hui, tout le monde redoute d’être dans une situation où il ne pourra pas faire un appel à la justice ou il ne pourra pas recevoir l’application de la loi donnée simplement parce qu’il y’a une fuite de responsabilité, une faillite des institutions et finalement, c’est la loi du plus fort. C’est une transaction permanente ou en tout cas la justice ne serait qu’un entérinement des rapports de force.
Quelles sont les peines qu’encourent les auteurs de justice populaire ?
Tout dépend des conséquences que cela peut entrainer. Par exemple, dans l’affaire du jeune Ibrahima Touré, les auteurs sont poursuivis pour meurtre, le fait d’avoir donné volontairement la mort à quelqu’un. C’est des faits criminels. Les peines peuvent aller de 10 ans à la perpétuité. S’il en estrésulté des blessures aussi, ça peut aller à des peines d’1 à 5 ans. S’il s’agit même des faits de dénonciation calomnieuse ou de diffamation parce que si vous accusez une personne à tort, cette personne peut se retourner contre vous et soit vous portez plainte pour dénonciation calomnieuse parce que vous lui avez imputé des faits qui peuvent faire l’objet d’une procédure judiciaire par des autorités compétentes. C’est ce qu’on appelle la dénonciation calomnieuse. Vous pouvez l’arrêter, l’amener devant le juge ou devant la Police. Si vous traitez la personne de voleuse ou de que quoi que ce soit, alors que les faits ne sont pas avérés, vous courrez le risque d’une plainte contre vous pour dénonciation calomnieuse. Là aussi, les peines peuvent aller jusqu’à deux ans de prison. C’est des faits graves et même en cas de culpabilité, cela ne vous disculpe pas. Si vous tuez quelqu’un parce que vous estimez que cette personne est coupable, ça ne vous disculpe pas parce que vous n’avez pas à vous faire justice vous-même. Il y’a des institutions de la République qui sont là et le citoyen ne peut que dénoncer mais même par rapport à certaines formes de dénonciation, le citoyen court le risque de se voir opposé après une dénonciation calomnieuse.
L’ETAT «RENFLOUE» SES CAISSES PAR TOUS LES MOYENS
Comment comprendre la célérité avec laquelle la Commission de Contrôle des opérations domaniales (Ccod) a, en sa séance du 20 avril 2017, décidé de vendre les appartements appartenant à Bibo Bourgi ?
Aujourd’hui, mardi 21 juillet, jusqu’au mardi 28 juillet 2020, le Directeur des Domaines procédera à la vente aux enchères des appartements “EDEN ROC “, appartenant à Ibrahima Aboukhalil, alias Bibo Bourgi, saisis par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Ainsi donc, après la décision de vente des 30 hectares de l’aéroport de Yoff, l’Etat chercherait toujours à renflouer ses caisses fortement impactées par la pandémie de la Covid-19.
Dans une interview accordée au magazine économique britannique Financial Times, le 23 juin dernier, le chef de l’Etat Macky Sall n’a pas caché ses inquiétudes sur l’état de l’économie sénégalaise, dans les mois à venir. Selon lui, «le Sénégal risque la récession, si la pandémie du Covid-19 poursuit sa lancée dévastatrice. L’impact économique est énorme. Au cours des cinq dernières années, le Sénégal a connu une croissance annuelle de pas moins de 6,5%. Maintenant, même si tout se passe bien, la croissance sera de 1%. Si cette pandémie se poursuit, nous serons en récession, cela ne fait aucun doute».
La messe est ainsi dite. Tous les moyens sont bons pour trouver des niches économiques, à même d’amortir les conséquences désastreuses d’une récession imprévue. La vente aux enchères annoncée pour ce jour, mardi 21 juillet, des appartements “EDEN ROC“, appartenant à Ibrahima Aboukhalil, alias Bibo Bourgi, saisis par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) entrerait dans ce cadre. Sinon, comment comprendre la célérité avec laquelle la Commission de Contrôle des opérations domaniales (Ccod) a, en sa séance du 20 avril 2017, décidé de vendre lesdits appartements ce jour ?
En réalité, la décision de confiscation des biens des mis en cause dans l’affaire de l’enrichissement illicite a été prise par la Crei dans son arrêt n°02/2015 du 23 mars 2015. Cette décision a été définitivement confirmée par la Cour suprême du Sénégal le 20 août 2015. Ce n’est que 5 ans après que l’Etat, après une annonce en 2017, décide de passer à l’acte. Pourtant, le régime en place semblait être dans les dispositions de réformer la Crei. En octobre 2015, sur le plateau de la chaine de télé Itélé, le président Macky Sall avait réitéré sa volonté de corriger ladite juridiction exceptionnelle, comme l’avait aussi souhaité à l’époque son ancien Premier ministre, actuelle présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Aminata Touré avec le journal “Le Quotidien“.
Le Président Macky Sall avait reconnu, à la suite d’une question de la journaliste française, que la Crei n’était pas populaire. Cela serait dû, à son avis, au fait «qu’elle a un fonctionnement assez particulier». Il s’était alors empressé d’ajouter : «nous sommes en train de voir comment la faire évoluer, parce qu’elle a été antérieure à toutes les conventions mises en place par le système des Nations-Unies pour lutter contre la corruption.» Ce qui, d’ailleurs, avait donné un coup de frein aux autres dossiers entamés par la Crei et même à l’exécution des peines pécuniaires. Mais, Covid-19 oblige !
A mettre dans le même lot, la décision de «confier l’assiette foncière disponible de 30 hectares à l’Aéroport de Yoff à la Caisse des Dépôts et des Consignations (Cdc), afin de renforcer l’aménagement durable et la valorisation équitable de la zone concernée à travers des offres publiques d’aménagement et de vente, répondant aux principes de transparence et de rentabilité pour l’Etat», comme indiqué dans le communiqué du Conseil des ministres, du mercredi 24 juin dernier. Une vente aux enchères décidée par le régime en place alors qu’il était prévu de réhabiliter le site de Yoff, de le désencombrer des constructions près de la piste et d’étudier les dispositions de garder un aéroport régional à Dakar, comme en disposent les grandes métropoles.
Cela, après avoir enterré le projet mort-né de transformation de notre premier et seul aéroport international en cité des affaires, sur sa superficie totale de 800 hectares à confier aux Qataris. De toute évidence, la pandémie de la Covid-19 qui a fini de déstabiliser les grands projets économiques et financiers du pays et partout ailleurs à travers le monde, semble avoir ressuscité les vieilles intentions à l’abandon, ou tout simplement rangées dans les tiroirs.
ZONES D’OMBRE AUTOUR D’UNE MISE EN VENTE
Annoncé par la Direction des impôts dans un communiqué rendu public le lundi 19 juillet et largement partagé par la presse, la mise en vente des 7 appartements de la résidence Eden Roc saisis sur Bibo Bourgi suscite des interrogations
Annoncé par la Direction des impôts dans un communiqué rendu public le lundi 19 juillet et largement partagé par la presse, la mise en vente des 7 appartements de la résidence Eden Roc saisis sur Bibo Bourgi suscite des interrogations. En effet, la réactivation de ce dossier dans ce contexte marqué par les scandales liés aux rapports de l’Ige, à la gestion du foncier, aux licences de pêche, à l’affaire des gazelles Oryx et autre gestion des fonds de « Force Covid-19 » impliquant des proches du président de la République semble peu anodine.
Le régime en place chercherait-il à tout prix à noyer le débat sur les scandales présumés qui éclaboussent certains de ses partisans avec la vente des appartements de la résidence Eden Roc, un des symboles de la mal gouvernance de l’ancien régime libéral du président Abdoulaye Wade. Annoncée par la Direction des impôts dans un communiqué rendu public le lundi 19 juillet et largement partagé par la presse, la mise en vente de ces 7 appartements de la résidence Eden Rock saisis sur Bibo Bourgi dans le cadre de la procédure de traque des biens mal acquis visant Karim Wade, fils de l’ancien président de la République suscite quelques interrogations.
En effet, la période choisie par le pouvoir en place pour lancer cette procédure de vente laisse croire une stratégie de communication visant à détourner l’attention de l’opinion nationale sur les scandales liés aux rapports de l’Ige, au foncier, aux licences de pêche, aux gazelles Oryx, à la gestion des fonds de « Force Covid-19 » et autre affaire des semences révélée par Cissé Lô et impliquant certains proches du président de la République. C’est dire à quel point cette mise en vente suscite des interrogations.
Et pour cause, ce n’est pas pour la première fois que l’Etat du Sénégal annonce cette opération de vente de ces dits appartements appartenant à l’homme d’affaires sénégalo-libanais, Ibrahim Aboukhalil, alias Bibo Bourgi condamné en même temps que Karim Wade, par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à 5 ans de prison assortie d’une amende de 69 Milliards FCFA et la saisie de tous ses biens.
En 2017 déjà, embrouillé par les appels à la libération de leur candidat aux élections législatives, venant des partisans de l’ancien député-maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, condamné à cinq ans de prison dans le cadre de l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar enclenchée sur la base d’un rapport de l’Ige jusque-là tenu secret., les responsables du régime en place étaient montés au créneau, deux jours après la forte mobilisation de soutien pour les 100 jours de détention de l’ancien responsable socialiste pour annoncer le 16 Juin 2017 la mise en vente de ces appartements de la résidence Eden Roc.
Un avis de mise en vente de ces apparts versés dans le patrimoine privé de l’État du Sénégal avait été même publié dans l’édition du vendredi 16 juin du quotidien national «Le Soleil» par l’ancien directeur des Domaines, Mamour Diallo, avaient renseigné nos confrères du quotidien Libération. Cet article sur la vente de ces appartements fait suite à un autre publié quelques mois auparavant par nos confrères du journal Le Quotidien qui révélait au mois de janvier de cette année 2017 le nombre d’appartements (07) concernés par cette vente mais aussi le prix de 650 millions de francs Cfa l’unité fixé par les autorités.
À l’époque, cette information n’avait pas laissé indifférent Bibo Bourgi qui avait, via ses conseillers, mis en garde les potentiels acquéreurs que ces biens «font l’objet d’une procédure pendante devant une juridiction internationale statuant sous l’égide du règlement d’arbitrage de la commission des Nations unies pour le droit commercial international» et «la sentence finale qui sera rendue par le tribunal arbitral leur sera opposable». Ceci pour dire qu’elle suscite bien des interrogations, cette réactivation par le régime de ce dossier de la vente des appartements de la résidence Eden Roc, un des symboles de la mal gouvernance de l’ancien régime libéral du président Abdoulaye Wade, dans ce contexte marqué par divers scandales : rapports de l’Ige, foncier, licences de pêche, gazelles Oryx, gestion des fonds de « Force Covid-19 » et autre affaire des semences révélée par Moustapha Cissé Lô.
L’INERTIE COUPABLE DE L’ETAT
L’affectation des terres aux prives, la non-implication des populations, le foisonnement des conflits fonciers, sont à l’ordre du jour au Sénégal, avec leur lot de controverses, de zizanie et d’incompréhensions
Les litiges fonciers sont à l’ordre du jour au Sénégal, avec leur lot de controverses, de zizanie et d’incompréhensions. Et l’affaire qui est venue, en premier, les remettre sur la table est le différend entre le président du groupe Sédima, Babacar Ngom, et les habitants de Ndingler avant que ceux d’un autre village (Djilakh) avoisinant la ferme de l’homme d’affaires n’entrent dans la danse et réclament l’annulation du titre foncier qui donne à l’investisseur la propriété de 225 hectares. Même si des initiatives qui ne font pas l’objet de contestation existent, il est à déplorer les rapports heurtés entre populations et investisseurs privés qui deviennent de plus en plus récurrents.
L’affaire des terres de Ndingler n’est donc que la face visible de l’iceberg. Mieux, elle a déclenché une vague de soulèvement des populations rurales. Dans la région de Thiès, A Nguéniène Peul, les habitants protestent contre l’octroi de centaines d’hectares à la multinationale espagnole Promudel. Ailleurs, ce sont des déclarations à la presse et autres mouvements d’humeur qui sont notés. Ces exemples viennent s’ajouter à une longue liste de litiges fonciers qui, par le passé, ont eu parfois des conséquences dramatiques. La cause incombe à une règlementation obsolète que les autorités tardent à accommoder avec les exigences du moment.
LE DIAGNOSTIC DE LA COMMISSION DE LA REFORME FONCIERE
Les conclusions de la Commission de la réforme foncière de 2016 sont sans équivoque. L’étude des politiques foncières montre que les transactions à grande échelle touchent la plupart des zones agro-écologiques. Elles concernent aussi bien des projets agricoles que des activités non agricoles et impliquent à la fois des investisseurs étrangers et des opérateurs économiques nationaux. Mieux, le document signale que ces acquisitions de terres surviennent dans un contexte marqué par le recul de la présence de l’État en milieu rural suite à la politique de désengagement de la puissance publique imposée par les programmes d’ajustement structurel, la recomposition des exploitations familiales dans le cadre du processus de libéralisation de l’économie et l’émergence d’une activité agricole d’entreprise qui préfigure un nouveau modèle de développement agricole.
Par ailleurs, ajoute-t-il, l’enjeu de l’établissement d’un cadre de régulation du processus de transfert des terres rurales des exploitations familiales vers les investisseurs privés se pose avec d’autant plus d’acuité que les transactions foncières, telles qu’elles se mènent actuellement, posent quatre types de problèmes. Premièrement, les affectations des terres ne respectent généralement pas les logiques locales de gestion des terres et des ressources naturelles. Elles sont souvent effectuées sans concertations avec les populations concernées.
Puis, les terres sont généralement attribuées aux investisseurs privés sans un examen préalable du type et de la finalité des investissements envisagés, ni une évaluation des impacts économiques, sociaux et environnementaux des projets agricoles pour lesquels des terres sont affectées aux acteurs de l’agrobusiness. Aussi, les investissements agricoles et cultures pour lesquels, les terres sont affectées aux investisseurs ne sont pas toujours respectés et beaucoup de superficies ne sont pas mises en valeur.
DES TERRES DÉTOURNÉES
Il y a aussi le fait que certains investisseurs transforment en baux auprès des services des domaines et à l’insu des communautés rurales, les affectations qui ne leur confèrent qu’un droit d’usage, ce qui soustrait les terres concernées du contrôle des conseils ruraux.
L’octroi des terres à des promoteurs privés pose problème parce que les populations sont dans la crainte d’être privées de leur source de revenus, l’agriculture familiale dans des exploitations, le seul gagne-pain de nombreux ménages ruraux. Selon le Recensement général de la population de l’agriculture et de l’élevage de l’Agence nationale de la statistique et de démographie de 2014, le Sénégal compte 755 532 ménages agricoles, dont 557.446 (73,8%) sont en milieu rural. Ces ménages agricoles sont pour l’essentiel de petits producteurs familiaux au regard des superficies cultivées.
Les superficies cultivées annuellement demeurent modestes et varient entre 25.000 ha et 36.000 ha, avec des rendements stables autour de 0,9 t à 1 t/ha. Les privés ont jeté leur dévolu sur plusieurs zones. Mais, la vallée du fleuve Sénégal, reste une convoitise. Selon les conclusions de la Commission de la réforme foncière, le décompte des affectations et régularisations faites par 8 communautés rurales en fin 2012, chiffre à 316.435 ha la superficie totale concernée. Beaucoup de ces affectations portent sur des terres sablonneuses, dévolues aux pâturages et à l’élevage. Cependant, signale le document malgré leur importance, la très grande majorité des superficies affectées n’est pas mise en valeur.
Pour les périmètres aménagés par l’Etat et surtout ceux réalisés par les privés, les taux de mise en valeur par campagne sont très faibles, en dehors de l’hivernage. Les superficies aménagées sont partiellement exploitées en raison de la dégradation résultant d’un manque d’entretien, de défauts d’aménagement, de la salinisation des sols, ou de l’absence d’un réseau de drainage.