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5 juillet 2025
par Sidy Diop
SERIGNE PAPE MALICK SY, LE TIDJANE INTÉGRAL
Moderne, tolérant, ouvert et d’une grande curiosité intellectuelle, il était en phase avec son époque puisant dans les sources authentiques du savoir islamique et des écrits des savants pour donner sens aux complexités du monde
Il incarnait l’alpha et l’oméga de la tarikha Tidjanya. Ecole de la piété, du savoir, de l’éloquence, de l’humilité et de l’élégance, Serigne Pape Malick Sy en était, à lui seul, une thèse vivante. Il était le verbe de Tivaouane. Le Tidjane intégral. Il maniait l’éloquence avec art, distribuait le savoir avec retenue et distillait la gaieté dans les cœurs. Ses savoureuses anecdotes sur la vie de son père sont un précis de savoir-vivre pour les adeptes de la tarikha. Pape Malick Sy avait l’art du discours, le sens de la parole juste et d’un agencement des mots servis dans une tonalité apaisante pour soulager, rassurer, convaincre. Quoi de plus normal quand on a grandi au contact de grands puits du savoir comme Serigne Mansour Sy Borom Daradji et Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum.
Serigne Pape Malick, fils cadet de Serigne Babacar Sy, le premier khalife d’El Hadj Malick Sy, fut surtout son préféré. Serigne Cheikh Tidiane Sy « Al Makhtoum » raconte que la relation entre son petit-frère et son père était à ce point fusionnel que nul n’osait lui causer le moindre tort. D’aucuns y voyaient des signes d’une affection liée au fait que le fils portait le prestigieux nom d’El Hadj Malick Sy. Un jour, à l’heure de la prière du crépuscule, ne voyant pas Serigne Babacar avec qui il avait l’habitude de se rendre à la Mosquée, Serigne Cheikh Al Makhtoum alla s’enquérir de la cause de ce retard. Il trouva Serigne Babacar, bougie à la main dans sa chambre, cherchant une coccinelle. Les jeunes avaient l’habitude d’en attraper et de les attacher à un long fil pour les faire voler. Pape Malick Sy avait perdu sa coccinelle et la cherchait désespérément. Après l’avoir retrouvé, Serigne Babacar confia à Serigne Cheikh : « Si on ne l’avait pas retrouvé, Pape Malick n’aurait pas accepté de venir avec nous à la Mosquée et je ne puis me résoudre à prier sans lui ». Al Makhtoum raconte une autre scène poignante. Un jour, alors que le cadet du premier khalife d’El Hadj Malick Sy était gravement souffrant et que la famille craignait sa mort, Serigne Babacar appela les membres de sa famille et leur tint ces propos : « Je lui ai donné le nom de celui que j’aime le plus au monde, alors dites à Dieu, de ma part, de ne pas me le prendre ».
Cet amour pour l’attachant Pape Malick Sy sera prolongé par son frère et guide Serigne Cheikh Tidiane SY Al Makhtoum dont il est le confident. C’est à ce dernier que son père l’avait confié pour qu’il lui apprenne le Coran. Une relation presque filiale s’établira ainsi entre les deux frères au point que les enfants de Serigne Cheikh le considèrent, non pas comme leur oncle, mais comme leur frère.
C’est ici que se révèle la grandeur de l’homme. Serigne Pape Malick Sy a su taire ses qualités spirituelles (On n’est pas fils de Serigne Babacar Sy pour rien) pour se réaliser et s’affirmer par et dans la dimension spirituelle de son grand-frère et guide Serigne Cheikh Tidjane Sy Al Makhtoum. Il était déjà mort en lui depuis longtemps pour se réaliser dans ses immenses accomplissements. Le lien, entre les deux fils de Serigne Babacar est si fort que les discours du cadet sont sertis des pépites spirituelles du quatrième khalife général des Tidianes. Son évocation est continuelle. Son souvenir vivace. Pape Malick était l’image prolongée de Serigne Cheikh. « C’est lui qui a fait de moi un homme », disait Pape Malick Sy de son aîné. Ce dernier, pourtant, voyait autrement les choses. Aux Mouschtarchidines, il disait : « Serigne Moustapha est votre kilifeu (guide), mais c’est Serigne Pape Malick qui est mon kilifeu ».
Moderne, tolérant, ouvert et d’une grande curiosité intellectuelle, il était en phase avec son époque puisant dans les sources authentiques du savoir islamique et des écrits des savants pour donner sens aux complexités du monde. Il n’a jamais cessé d’alerter sur les emportements ou les errements, de placer la bonté au centre des préoccupations de l’humain. « Tout musulman doit servir Dieu à travers son prochain ». Un beau viatique pour les vivants !
LES RISQUES D'UN ECO QUI NE SERAIT QUE L'AVATAR DU FCFA
Le 23 juin, les tweets du président nigérian ont enflammé la toile. Buhari a prévenu d'un risque de dislocation de la CEDEAO, en cas d'adoption unilatérale de l'eco par les pays membres de l'UEMOA. Des déclarations qui ont fait réagir Kako Nubukpo
La Tribune Afrique |
Marie-France Réveillard |
Publication 28/06/2020
Mardi 23 juin, les tweets du président nigérian ont enflammé la toile. Muhammadu Buhari a prévenu d'un risque de dislocation de la CEDEAO, en cas d'adoption unilatérale de l'eco par les pays membres de l'UEMOA. Des déclarations qui ont fait réagir Kako Nubukpo, doyen de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l'Université de Lomé, qui appelle au débat et annonce la tenue prochaine des Etats généraux de l'eco...
Comment réagissez-vous au propos du président nigérian Muhammadu Buhari, qui a exprimé ses craintes à l'égard de l'eco dans une série de tweets ?
Kako Nubukpo : Le président Buhari a pointé le risque de dislocation de la CEDEAO [...]. J'ai applaudi quand les présidents Macron et Ouattara ont annoncé, le 21 décembre dernier, le changement de nom du franc CFA en eco. A cette époque, nous n'avions pas encore le projet de loi qui modifie le Traité de l'union monétaire ouest-africaine. Finalement, ce projet a été adopté par le gouvernement français fin mai et il est actuellement en discussion à l'Assemblée nationale française ainsi que dans les Assemblées nationales des pays membres de l'UMOA. A la lecture de ce projet de loi, on s'aperçoit que les changements sont limités au nom de la monnaie, à la fermeture du compte d'opération et au retrait des ressortissants français des instances de l'UMOA.
A la nuance près que, dans le même projet de loi, il est explicitement écrit, qu'en cas de crise, la France pourrait envoyer de nouveau ses ressortissants au Conseil de Politique monétaire de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest - BCEAO - en qualité de garant financier de la zone... Par ailleurs, la flexibilité du taux de change tout comme le régime de ciblage de l'inflation sont deux éléments cruciaux qui ne sont pas réglés par ce nouveau traité, lequel présente l'eco comme un simple avatar du franc CFA, avec le maintien d'une parité fixe entre la future monnaie et l'euro. Pourtant, l'eco est une monnaie destinée à 15 Etats, il ne s'agit plus d'une monnaie du Trésor français avec l'UEMOA. Il faut donc clarifier les contours de cette monnaie de la CEDEAO, dont les principes ont été rappelés le 29 juin 2019 lors du Sommet des chefs d'Etat. L'eco est une monnaie flexible, attachée à un panier de devises, avec un régime de ciblage de l'inflation alors qu'aujourd'hui, on voudrait nous faire adopter une version différente selon laquelle l'eco serait toujours attaché exclusivement à l'Euro.
Les déclarations du président Buhari replacent au centre du débat, la difficulté d'une monnaie commune entre les pays de l'UMOA et le géant nigérian qui représente 71% du PIB CEDEAO et 52% de la population...
J'espère que les déclarations du président Buhari ouvriront un vrai débat au niveau des chefs d'Etat, des parlementaires, des chercheurs, de la société civile ouest-africaine et africaine dans son ensemble, concernant les modalités d'une mise en place optimale de cette monnaie [...] Il est également légitime qu'il y ait un débat entre économistes pour savoir si la CEDEAO peut devenir une zone monétaire optimale. Il existe 2 écoles. La première école, héritière du prix Nobel d'économie Robert Mundell, plutôt pessimiste, considère qu'une monnaie commune dans la zone CEDEAO n'est pas possible, car certains pays comme le Nigéria sont plutôt exportateurs de pétrole et les autres importateurs de pétrole. De fait, ils sont rarement dans la même phase du cycle économique, ce qui rend difficile l'efficacité de la politique monétaire.
La deuxième école qui est celle de l'endogénéité des critères d'optimalité, considère au contraire, que ce décalage permet de garantir la disponibilité permanente des réserves de change, car les cycles haussiers et baissiers se compensent [...] J'organiserai d'ici quelques semaines, les Etats généraux de l'Eco à l'Université de Lomé, dans l'objectif de fédérer un collectif de chercheurs qui proposera une feuille de route aux chefs d'Etat. Elle comprendra les modalités de transition du franc CFA à l'eco, assorti d'un calendrier et de dispositifs de suivi et évaluations des réformes [...]
Actuellement nous faisons face à un double test. Au niveau de la France, il s'agit de mesurer sa volonté de tourner la page de la Françafrique et d'établir les bases d'une véritable politique de coopération au développement. C'est ce que j'appelle « le test de sincérité ».
Au niveau des chefs d'Etat ouest-africains se présente le « test de crédibilité », quant à leurs capacités en matière d'action collective pour la mise en place d'une nouvelle monnaie, capable de financer nos économies et de supporter la compétitivité à l'export de nos biens et services.
Quel regard portez-vous sur l'opérationnalisation de la ZLECA, reportée pour cause de Covid-19 : s'agit-il d'un idéal encore lointain ?
Sur le principe, c'est une très bonne idée qui renvoie à une volonté de panafricanisme. Se posent néanmoins deux questions. Premièrement, le degré de solidarité auquel les Etats membres voudront bien consentir. Les pays n'ayant pas tous la même puissance économique, la zone de libre-échange ne pourra se réaliser avec succès, sans des transferts qui permettront aux régions les plus faibles de remonter leur niveau de compétitivité. Cela renvoie à la vision de l'intégration régionale que l'on veut traduire au sein de la ZLECA.
AU SAHEL, LA FRANCE FACE AUX LIMITES DE L'ACTION MILITAIRE
Les succès remportés ces derniers mois par les français permettent à Paris d'afficher un optimisme prudent, mais le bilan de sept années d'opérations en témoigne : les victoires tactiques ne suffisent pas à sortir durablement cette région de l'ornière
Les succès militaires remportés ces derniers mois au Sahel par les troupes françaises permettent à Paris d'afficher un optimisme prudent, mais le bilan de sept années d'opérations en témoigne: les victoires tactiques ne suffisent pas à sortir durablement cette région de l'ornière
Alors que les groupes armés avaient pris l'avantage en 2019 en multipliant les attaques contre des bases militaires maliennes et nigériennes, les soldats de la force antijihadiste française Barkhane, forts de 600 hommes supplémentaires - plus de 5.000 au total - ont inversé la tendance avec leurs partenaires.
D'abord contre les groupes liés à l'organisation Etat islamique, rassemblés par Paris sous le vocable Etat islamique au grand Sahara (EIGS).Désigné au sommet France - Sahel de Pau (sud de la France) comme l'ennemi numéro un en janvier, l'EIGS a depuis subi de lourdes pertes dans la zone des "trois frontières", aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
Ensuite dans le centre et le nord du Mali, où les forces spéciales françaises, aiguillées par un drone américain, ont tué début juin le leader d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), l'Algérien Abdelmalek Droukdal.
"On a inversé le principe d'incertitude.C'est nous qui sommes imprévisibles pour les groupes terroristes", se félicitait juste après l'opération un haut gradé de l'état-major français. "Aujourd'hui au Sahel, la victoire est possible et c'est bien la perception qui est en train de s'installer chez nos partenaires", claironnait même un conseiller de la présidence.
Mais l'optimisme parisien ne fait pas l'unanimité.
"C'est indéniable qu'il y a eu des succès tactiques" dans cette zone, estime Jean-Hervé Jezequel, chercheur à l'International Crisis Groupe (ICG).Mais il oppose un "sentiment de déjà vu" à cet auto-satisfecit."Les Français ont déjà tenu ce discours à plusieurs reprises, notamment en 2018".
A l'époque, s'alliant avec des groupes armés locaux, la France avait axé son action sur le nord-est malien.Résultat, "des gros succès tactiques mais un impact long terme limité voire nul.Car Barkhane a ensuite délaissé la zone pour se concentrer ailleurs et laissé le champ libre aux jihadistes qu'ils avaient chassés", analyse une source humanitaire dans la zone.
- Exactions des forces locales -
Les pouvoirs centraux de ces pays, parmi les plus pauvres du monde, peinent quant à eux à réinvestir les territoires fraîchement ratissés pour offrir protection, éducation, justice et services de base à des populations livrées à elles-mêmes.
Ainsi, le mantra français est invariable depuis des années: "le volet militaire n'est qu'un outil", répétait encore récemment la ministre française des Armées Florence Parly, en rappelant l'importance d'un retour des services de l’État et de l'aide au développement.
En janvier, le président Emmanuel Macron avait prévenu que "toutes les options" étaient sur la table, y compris un retrait français.Aujourd'hui, Paris continue de souligner que sa présence militaire n'a pas vocation à être éternelle, mais l'heure du départ n'a pas sonné.
La France vante une meilleure coordination avec les forces locales qui, selon l'exécutif français, ont progressé bien que toujours "fragiles".Dans les faits, ces armées sous-équipées et peu formées sont encore loin d'être autonomes. Mi-juin, dans le centre du Mali, au moins 27 soldats sont morts dans une embuscade.
"Le nombre d'attaques dans la région de l'Ouest Sahélien a augmenté de 250 pour cent depuis 2018. Les pays partenaires restent déterminés contre le terrorisme, mais n'ont pas les moyens de contenir ni réduire la menace de façon soutenue", estime le département d’État américain dans un rapport publié mercredi.
Et les accusations d'exaction commises par les forces locales ces derniers mois plombent les efforts de la communauté internationale (outre Barkhane, les forces onusiennes de la Minusma et la force de formation des Européens EUTM).
Le sommet de Pau avait précisément souligné l'importance de combattre à la source le sentiment anti-français dans la région. C'est d'ailleurs en partie pour atténuer la méfiance contre l'ex-puissance coloniale que la France se démène pour mobiliser ses partenaires européens.
Paris mise ainsi beaucoup sur Takuba, un groupement de forces spéciales européennes censées accompagner les Maliens au combat.Las, après un an de tractations, seuls une centaine d'Estoniens et de Français seront déployés en son sein cet été.Quelque 60 Thèques devraient les rejoindre à l'automne ainsi que 150 Suédois en 2021.La Grèce et l'Italie continuent d'étudier le dossier.
LUMUMBA, ICÔNE INUSABLE DES LUTTES ANTICOLONIALES
Patrice Emery Lumumba entre dans l'histoire et la légende ce 30 juin 1960 avec son discours contre le racisme des colons en présence du roi des Belges Baudouin pendant la cérémonie officielle marquant la naissance du Congo
La République démocratique du Congo célèbre mardi le 60e anniversaire de son indépendance de la Belgique, et son héros national, Patrice Lumumba, icône des nouveaux militants anticoloniaux qui demandent aux anciennes puissances coloniales d'assumer leur passé.
Patrice Emery Lumumba entre dans l'histoire et la légende ce 30 juin 1960 avec son discours contre le racisme des colons en présence du roi des Belges Baudouin pendant la cérémonie officielle marquant la naissance du Congo: "Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des Nègres".
Le Premier ministre du président Joseph Kasa-Vubu répondait au monarque qui venait de saluer l'oeuvre colonisatrice de son ancêtre, Léopold II, un "civilisateur" et non un "conquérant" selon lui.
Mardi en Belgique, la ville de Gand s'apprête à déboulonner une statue de Léopold II pour marquer les 60 ans de l'indépendance de l'ancienne colonie.
Des effigies de Baudouin et Léopold II, accusé par le collectif "Réparons l'histoire" d'avoir tué "plus de 10 millions de Congolais", ont été vandalisées début juin à Anvers et Bruxelles, en lien avec le mouvement "Black lives matter".
A l'inverse, un tout petit square Patrice Lumumba a été inauguré en plein centre de Bruxelles en 2018, aux portes du quartier africain de Matonge.
"C'est extrêmement important pour que la Belgique puisse assumer son passé colonial, et pour la fierté des Afro-descendants", explique Kalvin Soiresse, 38 ans, député au Parlement bruxellois d'origine togolaise.
Le parcours fulgurant de Lumumba s'achève six mois et demi après son discours retentissant, le 17 janvier 1961.
Déchu, humilié, torturé, le martyr de l'indépendance est exécuté en pleine brousse à 50 km d'Elisabethville (actuelle Lubumbashi) par des séparatistes katangais et leurs hommes de main belges.Il avait 35 ans.
Le Congo avait sombré dans le chaos (mutineries, sécessions, intervention militaire belge et de l'ONU).
Le Premier ministre avait été renversé dès septembre 1960.
Ses appels du pied à l'Union soviétique en pleine Guerre froide avaient braqué les Etats-Unis, qui redoutaient de perdre leurs approvisionnements en cobalt congolais.
- "Etre lumumbiste aujourd'hui" -
"Lumumba devint en un rien de temps un martyr de la décolonisation, un héros pour tous les opprimés de la Terre, un saint du communisme sans dieu", résume David Van Reybrouck dans sa somme "Congo, une histoire".
"Ce statut, il le devait plus à l'horrible fin de sa vie qu'à ses succès politiques", avec seulement deux mois et demi au pouvoir, nuance l'auteur belge de référence sur l'histoire du Congo.
La Belgique a reconnu sa "responsabilité morale" dans l'assassinat de Lumumba, dès 2001 au terme d'une commission d'enquête parlementaire.Le Parlement belge envisage une nouvelle commission sur la colonisation du Congo, du Rwanda et du Burundi.
Mardi, le prophète Lumumba sera célébré sans excès dans son propre pays, où aucune cérémonie n'est prévue en raison du coronavirus (les autorités ont annoncé une journée de "méditations").
A Kinshasa, sa statue, main droite levée vers le ciel, semble haranguer les automobilistes au milieu de l'immense boulevard qui porte son nom entre l'aéroport et le centre-ville.
Elle n'a été érigée qu'au début des années 2000, à l'époque des régimes Kabila père et fils.
Dans le paysage politique subsiste un petit Parti lumumbiste unifié (Palu) dont le patriarche, Antoine Gizenga, vice-Premier ministre en 1960, est décédé en 2019, à 93 ans.Son fils, Lugi, qui lui a succédé à la tête du Palu, est mort début juin.
Hors ce parti, des personnalités perpétuent l'héritage nationaliste de Lumumba, comme l'ex-porte-parole du président Joseph Kabila (2001-2019), Lambert Mende.
"Etre lumumbiste aujourd'hui c'est mener le combat pour que le Congo soit libre de choisir ses partenaires économiques en fonction de ses propres intérêts", affirme M. Mende, toujours prompt à dénoncer le "néocolonialisme" des "partenaires occidentaux" de la RDC.
Et que reste-t-il de Lumumba chez les moins de 20 ans (50% des plus de 80 millions de Congolais)?Au lycée, son histoire est enseignée de "façon lapidaire" reconnaît un professeur, Egide Mawaso.
Le sujet peut être délicat.Dans sa chute, Lumumba a été trahi par d'autres pères de l'indépendance, à commencer par son modeste chef d'état-major, Joseph Mobutu, le futur maréchal-dictateur (1965-1997).
Enfin, le mythe d'un Lumumba communiste a été entretenu par l'URSS elle-même, qui a donné son nom à une université accueillant à Moscou des étudiants africains venus de "pays frères".
"Communiste, il ne l'était pas.Il a répété plusieurs fois qu'il était nationaliste et non communiste", assure l'universitaire Jean Omasombo.
Cet auteur d'un livre sur Lumumba dénonce la "propagande coloniale" qui le présentait comme un agent soviétique.Le débat continue.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LES ROCHERS DE JOKKUL
EXCLUSIF SENEPLUS - N’y a-t-il pas d’autres espaces qui peuvent faire office de dépotoirs ? Comment peut-on accepter que nos défunts cohabitent avec des immondices ? NOTES DE TERRAIN
L'atmosphère, à l’intérieur, est traversée par un voile de quiétude. À part le sifflement invariable de la centrale électrique du Cap-des-Biches, tout est calme ici. Un silence profond. Même le clapotis des vagues arrive aux oreilles sans souffle. Bientôt, ce sera l’hivernage. Les herbes vont se dresser haut. Elles vont encombrer tous les passages. Le terrain sera boueux. Il sera difficile de trouver son chemin et de venir se recueillir. Les chèvres paresseuses qui déambulent en bande, ne pourront plus marcher sur les coquillages ornant les sépultures.
De grands échassiers survolent le lieu. Le rônier, en face, est secoué par des aigles. Ce qui attire mon attention, de temps à autre. La brise de mer arrive par à-coups, et se mêle à l’humidité de l’air. Au loin, quand je lève le visage, j’aperçois les cheminées d’évacuation de la centrale électrique. Elles défigurent cet environnement empreint de douceur. En rentrant dans les lieux, chaque fois que mon esprit s’y attarde, je m'assois toujours de façon à tourner le dos à la centrale électrique. Pour ne pas avoir à supporter ses longs tuyaux de fer, qui offusquent ma sérénité.
Après la visite au cimetière, et avant de partir, je grimpe toujours sur les grosses pierres qui protègent Jokkul de l’avancée de la mer. Ces rochers jalonnent le rivage et forment une petite forteresse, qui encadre la nécropole. Seul un petit espace, qui sert d’embarcadère pour les pirogues, a été emménagé. Vu d’en haut, cela ressemble à une petite fente. On dirait un gouffre, qui lie mer et terre. Telle une force électrique agissant sur deux éléments opposés. Des garçons sont assis sur les rochers, de l’autre côté. Et deux gars conversent sur la plage.
D’un vol bas, des aigles se disputent la suprématie du ciel. Ils sifflent des cris monotones. Pareils à des complaintes d’orgueil. Ils tournoient au-dessus de la plage. Leurs ailes larges, gonflées par l’air sec, se déploient majestueusement. L’un des rapaces pique du nez, avant de reprendre un vol régulier. Je l’ai suivi des yeux. Un peu comme si mon attention s’était égarée. Il est arrivé à quelques petits mètres d’une pirogue qui mouille au large. Il a rôdé un court instant autour de l’embarcation, et a rebroussé chemin. Il est reparti vers les terres de Rufisque.
D’ici, je peux voir Dakar au loin, les matins où il n’y a pas de brume. J’aperçois aussi des navires qui se confondent avec l’horizon. Il me semble qu’une fumée se dégage des cheminées de la centrale électrique, en mince filet. Je fais tout pour ne pas tourner le regard vers cette direction. Près du rivage, des pirogues voguent sur l’eau, un peu à la dérive. En général, il y a toujours des pêcheurs qui s’activent sur la berge. Ce matin, personne, ici, n’est habillée en tenue de marin. Personne non plus ne s’affaire dans les pirogues. J’ai bien dit bonjour à quelques gars, un peu en contrebas. Je n’ai pas bien regardé, néanmoins. Sont-ils pêcheurs ? Peut-être bien.
La rage me prend, chaque fois que mes yeux se crispent sur le rivage. Partout des déchets plastiques, et beaucoup de saleté. Ça gâche la tranquillité des lieux. Mais ce n’est pas le plus triste. Ce qui fait pincer mon cœur, c’est ce canal, sale et nauséabond, accolé au mur du cimetière. À chaque fois que j’approche du petit pont qui mène à l’entrée de la nécropole, mes nerfs s’échauffent. Quelle désolation ! Nos proches, qui dorment en paix ici, partagent le voisinage avec un immense dépotoir d’eaux usées et de saletés ménagères. Y a de quoi pleurer. Et vraiment, ça me fait mal.
Lundi, j’étais au cimetière de Dàngu. C'est presque pareil. Le même discrédit. Des murs en lambeaux, qui s’affaissent. De la crasse aux alentours. Bon Dieu, pourquoi tant de laxisme ? Sommes-nous tellement frappés par la dureté de la vie pour oublier ces femmes et ces hommes. Ceux qui sont enterrés ici ont droit à la dignité. Plus que les vivants, d’ailleurs. Il s’agit de nos aïeux, de nos pères, de nos mères, de nos frères, de nos sœurs et de nos amis. Une partie de nous gît ici. Avons-nous oublié cela ? Je songe : « Dis-moi comment tu t’occupes de la maison de tes morts... »
C’est comme si on oubliait nos disparus. N’y a-t-il pas d’autres espaces qui peuvent faire office de dépotoirs ? Comment peut-on accepter que nos défunts cohabitent avec des immondices ? Et, je pense : « Si la mort doit mener au paradis, les cimetières doivent être organisés, comme des parcs accueillants, où les âmes peuvent flâner. En attendant les promesses du jardin d'Éden. » Les nécropoles, ainsi que leur proximité directe, doivent refléter un meilleur tableau. On peut les rendre beaux, sans artifices prétentieux ni fioritures. C’est une affaire de bon sens, et de vertu. À quoi servent nos mille leçons de morale ? Si nous ne prenons même pas soin des défunts. Autorités, où êtes-vous ? La politique ne s’arrête pas qu’aux vivants. Il faut aussi prendre soin de ceux qui sont partis.
Il ne s’agit pas de rendre les lieux orgueilleux, ni de décorer avec extravagance les tombes. Mais de faire en sorte que le paysage soit propre. Que les murs tiennent, et s’ils tombent qu’on les redresse. Qu’il n’y ait pas d’ordures au pied des cimetières. Qu’on en fasse des lieux hospitaliers. Pour les morts d’abord. Pour les vivants aussi. Bien sûr, en accord avec les règles régissant les espaces funéraires musulmans. Les nécropoles sont des lieux de vies. Elles sont des espaces intermédiaires, où flottent des énergies. Elles accueillent nos chagrins. Elles sont nos futures demeures. On ne peut pas les déconsidérer. Ou les laisser en ruines. Cela traduit quelque part une forme d’indécence. « On en a fini avec vous. Nos prières et nos visites vous accompagnent. Le reste ne nous concerne pas. »
Il va falloir que j’y aille. Le soleil égratigne le haut de ma tête depuis un bon moment déjà. Je n’ai pas encore le crâne en feu. Je sens que ça ne va pas tarder. Et hop, je descends prestement. En faisant bien attention à poser les pieds sur les creux des rochers. Pour ne pas glisser. Je m’amuse même un peu, un sport d’enfant comme on dit. L’un des deux hommes qui discutaient en bas, continue de me regarder. Je ne sais pas pourquoi il me dévisage depuis tout à l’heure. Tout en parlant, il ne cessait de m'épier.
J’ai deux hypothèses. Soit il pense que je vais faire quelque chose de répréhensible, comme fumer du yamba. Soit j’ai l’air d’un étranger bizarre. Je ne pense pas avoir quelques attitudes suspectes pourtant. Peut-être est-il juste curieux. En tout cas, ça m’agace un peu. Descendu en bas, je le fixe d’un air irrité. Qui dit : « Qu’est-ce que t’as à me regarder comme ça, vieux ? » Il a compris, me semble-t-il. Il détourne la tête et regarde maintenant son compère. Je me hâte de rentrer. Les choses de la vie m’attendent.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
L'’île veut être à l’avant-garde du combat pour l’éradication de toutes les formes de racisme, particulièrement celles dirigées contre les personnes de race noire conformément à sa vocation de lieu de mémoire - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL MUNICIPAL
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du conseil municipal de Gorée, daté du 27 juin 2020 et signé du maire Augustin Senghor, rebaptisant La Place de l’Europe en Place de Liberté et de la Dignité Humaine.
"Lors de sa réunion de ce samedi 27 juin 2020 à la Mairie de Gorée, le Conseil Municipal de l’île de Gorée a adopté à l’unanimité le projet de délibération portant changement de dénomination de la Place de l’Europe qui devient la nouvelle Place de la Liberté et de la Dignité Humaine. Cette mesure fait partie des actions importantes décidées par la municipalité de Gorée, site remarquable de la mémoire de la Traite et de l’esclavage des noirs pendant 4 siecles et classé à ce titre Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO depuis 1978 en réponse à la persistance des actes de racisme et de violence dans le monde.
Face à la vague de violence Raciale dont la communauté noire et afrodescendante est régulièrement victime (dont la dernière en date a coûté la vie à George Floyd, afro-américain exécuté froidement par asphyxie, en pleine rue et sans résistance par un policier blanc), la communauté de l’île mémoire veut être à l’avant-garde du combat pour l’éradication totale et définitive de toutes les formes de racisme, particulièrement celles dirigées contre les personnes de Race noire conformément à sa vocation de lieu de mémoire proactive, résiliente et restauratrice de la dignité humaine à travers les valeurs de liberté universelle et de tolérance dans un monde réconcilié avec lui-même.
Le Conseil Municipal a décidé d’inscrire cette action dans une logique de mise en cohérence du Parcours de visite mémorielle de Gorée dans lequel le Pèlerinage à la Maison Esclaves, sanctuaire de la traite transatlantique et la visite de la Place de la Liberté seront les étapes les plus importantes. C’est ainsi qu’il a été adopté le principe du déplacement de la Statue de la Libération de l’esclavage située à côté de la Maison des Esclaves vers la nouvelle Place de la Liberté.
En marge de la cérémonie d’inauguration de ladite place, des manifestations d’hommage à George Floyd et à toutes les victimes de crimes raciaux contre les personnes noirs ou afrodescentes seront organisées avec le concours d’artistes Sénégalais de renom à travers des fresques murales et des jeunes Goréens à travers un grand rassemblement sur la plage de l’île de Gorée en présence des plus hautes autorités.
Enfin, Un comité scientifique comprenant outre des membres du Conseil Municipal, des intellectuels artistes et représentants de l’autorité étatique, des partenaires et personnes ressources a été mis en place en vue d’élaborer dans les meilleurs délais le document conceptuel et d’orientation de cet important projet. Le conseil Municipal tient à remercier vivement le Chef de l’État Macky Sall pour son soutien à cette initiative de la collectivité territoriale insulaire et à la représentation de l’Union européenne pour sa disponibilité constante à assister la commune de Gorée de sa volonté de promouvoir la Liberté et de l’égalité."
par Mouhamédoul A. Niang
LES PÉRIPÉTIES DE LA DÉVALUATION DU CORPS NOIR ET L’URGENCE DE SON DÉPASSEMENT
Les médailles de la gymnaste noire et le succès exemplaire de milliardaires noirs changent la perception du corps noir, mais le mouvement Black Lives Matter montre les limites de cette perception favorable
Nous assistons aujourd’hui à un phénomène d’envergure internationale : le mouvement Black Lives Matter. Sa cause n’a jamais fait l’objet d’aucun mystère dans l’histoire contemporaine, et la réaction militante qu’il constitue se veut être une interpellation forte des tenants du pouvoir afin qu’ils apportent des réponses adéquates à cette grande pratique dont souffrent certaines minorités du monde, en général, et les Noirs, en particulier : la dévaluation, pour ne pas dire dévalorisation, des corps afro-américain et africain. Ce mouvement vient s’ajouter à d’autres qui le précèdent, tous menant presque même le combat en donnant l’impression d’un certain piétinement. L’histoire en retient que la vie du Noir peine encore à compter de toute sa valeur aux yeux des autres ; sa sacralité absolue n’effleure que peu l’esprit de ces mêmes autres. La serait-elle au regard du fait qu’elle vit le cauchemar des arrestations et des emprisonnements arbitraires sur le sol où le privilège de l’état de droit devrait l’en prémunir ? Ce contexte exige qu’on revienne un peu sur quelques aspects de cette pratique de la dévaluation de ces corps afin de montrer que le combat pour la reconnaissance de sa sacralité et de son égalité avec les autres corps du monde risque d’être long et qu’une réforme de la police, bien qu’indispensable, ne saurait suffire.
Les pratiques de dévaluation de certains corps par rapport à d’autres existeraient peut-être dans toutes les sociétés et dans les grandes étapes de l’histoire de l’humanité. Elles sont tributaires de capacités de production stratifiées. Cette production prend plusieurs formes. Elle peut être l’œuvre du naturel et/ou du culturel. En parlant de culture, nul ne saurait occulter le fait que le Moyen-Orient arabe en a une qui ne cache pas sa représentation des Noirs, celle-ci étant entérinée il y a des siècles par le lexique raciste d’un certain Ibn Khaldûn, à savoir «wahšiyyîn» et «mutawahhišîn» pour dire « sauvages », selon Bakary Sambe dans son rapport pour l’UNESCO, titré La Route de l’esclave. D’ailleurs, c’est en vertu de cette caricature que le commerce transsaharien vécut pendant longtemps du corps noir réduit à une servitude atrocement marquée par la castration des esclaves, gardiens de harems. Au sein même de l’Afrique, le servage est encore de rigueur. Reconnaissons-le sans aucune excuse ! Mais s’il y a un moment historique et un espace géographique où l’attribution systémique et sans commune mesure d’une grande valeur au corps et, son contraire, celle d’une infime valeur au corps s’est produite, c’est à partir de 1492 et dans ce que certains nomment fièrement : le Vieux Continent. La prétendue découverte de l’Amérique, point de départ du mouvement Black Lives Matter, accéléra la pratique de dévaluation de ces corps à travers l’invention de la classification des races et sa conséquence, le déni de civilisation ou d’humanité tout court. Il y avait une urgence à développer les grandes terres vierges d’Amérique pour enrichir l’Europe. Ayant connu l’Afrique, qui rayonnait de sa première grande différence, celle de sa pigmentation, singularisée par ses modes de vie exotiques pour le regard des tenants du pouvoir sur le Vieux Continent, l’Europe lui créa un profil pour le sortir de l’humanité, des homos sapiens, en dévaluant le corps de ses enfants par une théorie raciste passée comme de la science ; une pseudoscience appuyée par une certaine interprétation du religieux. L’esclavage, la première manifestation de cette dévaluation du corps, qui ironiquement le valorise seulement dans sa longue capacité de production gratuite, connaitra une série de rebelles qui aboutira au mouvement Black Lives Matter longtemps après le mouvement abolitionniste et celui un peu plus récent des droits civiques. En Europe, la déshumanisation du Noir nécessita une grande campagne de propagande intellectuelle, et une vraie sophistication du bateau négrier, l’espace où l’Africain capturé et vendu pour un rien découvre pour la première fois la réalité de sa déchéance existentielle avant de poser les pieds sur la plantation, où le marron, sans pancarte ni slogan, se réappropria rudement sa quintessence humaine. Aujourd’hui, chez l’Oncle Sam, la prison a remplacé le bateau négrier, ce conteneur macabre avant le grand assaut des conteneurs de la globalisation économique, eux aussi dépréciateurs de corps et de création productifs locaux dans plusieurs cas.
L’esclavage ne put durer éternellement. Les âmes sensibles, ou du moins les humanistes abolitionnistes - on attaque aujourd’hui les statues à leur effigie - se réveillèrent, forçant le Vieux Continent, transformé par sa boulimique Révolution industrielle avec l’apport de la traite négrière abolie bien après l’indépendance des États-Unis, à inventer une autre identité fondée sur une deuxième forme de dévaluation du corps africain, seul moyen de l’envahir ; on admit son corps au sein de l’humanité mais pas dans celui de la civilisation. Il fallait donc lui donner un peu de cette valeur qui lui manquait : la civilisation. D’où la colonisation, qui ne fut pourtant qu’une confirmation de la survalorisation du corps occidental et ses besoins matériels. Cette pratique de dévaluation du corps africain à civiliser, surtout dans l’Empire colonial français, contrairement à l’approche britannique du Indirect Rule, eut comme résultat la création de grands ensembles coloniaux rigoureusement administrés et imprégnés efficacement par la créativité scientifique au nom d’un bon rendement productif et son transfèrement vers les usines polluantes du Vieux Continent. Mais comme beaucoup de grands penseurs africains l’ont bien montré, y compris Cheikh Anta Diop, civiliser l’Africain consistait à l’aliéner culturellement, donc à dévaluer davantage toutes ses productions culturelles. L’Africain entra dans une grande ère du doute : la crise de la croyance et de la confiance. Comme sur la plantation, où l’acculturation de l’esclave lui a donné un nouvel état civil et une nouvelle religion, lui faisant « oublier » la valeur du patrimoine culturel de la terre de ses origines - une certaine rétention de celui-ci y est visible, néanmoins, comme l’amorce louable d’un retour vers l’Afrique - on ancra dans la colonie le complexe d’infériorité pour imposer une autre vision du monde à passer comme étant plus riche et plus porteur de progrès. La valeur économique, militaire, culturelle, humaine, tout court, s’apprécia colossalement ou prit une envergure titanesque sans précédent pendant que les peuples du berceau de l’humanité passèrent de la maitrise de leurs propres systèmes à l’imitation limitante d’un autre imposé et passé comme essentiel à l’avancée de l’humain. Ils se firent damer le pion et continuent de l’être, leur devenir étant plus celui de dépendants que d’indépendants.
Le temps, faisant sa petite et grande marche, aboutit à la décolonisation que les anciens colonisateurs « préparèrent » d’une façon qui réduisit la valeur de ces indépendances, et donc la capacité du corps africain à produire ce qui lui permettra de briller dans le concert des nations : cette balkanisation ou morcellement en faibles petites nations décriée par les adeptes du panafricanisme. Pourtant, les puissants de l’Europe qui procédèrent ainsi chantent à tue et à dia la grande nécessité d’une grande union européenne, rempart contre le colosse américain et le Kung Fu man chinois, tout en finançant notre Union africaine incapable de gérer la menace terroriste dans l’ancienne AOF où l’ancien colonisateur a su imposer la sécurité d’une main de fer. Pire encore, les indépendances n’ont pas permis, et Ahmadou Kourouma en a fait ses choux gras, de redonner aux Africains la valeur que leurs gouvernants doivent à leur vie, selon les principes de la démocratie et du respect des droits humains. Sinon comment justifier la mise en place de la Cour pénale internationale que certains ont surnommée la cour pénale africaine ? La vérité exige, cependant, que l’on jette des fleurs à certains leaders qui font de grands efforts. Si seulement ils jouissaient de la liberté de leur corps dans toute sa totalité ! Pire encore, comme le bateau négrier accosta sur nos côtes pour nous signifier la dévaluation de nos corps, comme le train colonial vint participer à la spoliation de nos ressources en empruntant des rails posés par des mains africaines inhumainement endolories, le conteneur, cet outil de la globalisation, vint un peu plus réduire notre « capacité de création […] qui fait la valeur suprême de l’homme » (Nations nègres et culture 14). Même au sein de notre Afrique, les capacités de création butent contre un certain doute. Prenez le cas du Covid-Organics malgache : un silence de malaise freine la divulgation des preuves de son efficacité chez nous. Le meilleur vient toujours hors du continent noir où l’Européen y vivant devient un Expat alors que nos frères et sœurs sont des immigrés légaux ou clandestins chez lui. Pire encore, on vient dévaluer nos monnaies par des prétextes de politiques d’ajustement structurel et mettre le dollar tout comme l’euro au-dessus des nôtres, les inférieurs du système économique mondial, assujettis aux caprices de la spéculation qui n’épargne guère nos chères ressources naturelles. La baisse de leur prix amorce davantage notre paupérisation. Tiens, hier, par exemple, nous avons appris que la Zambie avait un PNB supérieur à celui du Brésil et égal à celui de la Corée du Sud dans les années 60 et 70, un peu comme le Ghana. Au diable la chute des prix du cobalt et du cacao ! L’Afrique, surtout l’Afrique noire, peine ainsi à s’ériger comme un modèle économique qui réduirait à néant tous les préjugés qui pèsent sur l’homme noir. La dévaluation demeure.
Les contextes de colonisation, de décolonisation et de mondialisation ont vu, non la fin de la dévaluation du corps noir, mais ses métamorphoses, comme c’est le cas ici du rapport entre le berceau de l’humanité et le Vieux Continent. De la plantation, on passa au share cropping, un peu l’équivalent du servage du Moyen Âge européen, sans aucun droit à la propriété, encore moins au droit de vote, puis au Jim Crow avec sa manifestation, la ségrégation raciale accompagnée de séances de lynchage abjectes et une limitation de l’accès au droit de s’approprier un logis malgré les sacrifices faits pendant les deux grandes guerres bien après la Grande Guerre de Sécession. Aujourd’hui, la prison s’est substituée à la plantation, et une certaine catégorie de policiers au contremaitre et au chasseur d’esclaves. L’arme à arme fait regretter le chien qui traquait l’esclave et qui s’assurait sain et sauf dans la plantation où sa valeur productive primait sur son humanité. Aujourd’hui, on tue facilement l’homme et la femme noirs parce que leur valeur productive est perçue par certains comme n’ayant aucune véritable valeur. Quelle erreur de jugement déshumanisante ! L’élection d’un président noir ne fit pas grand-chose pour augmenter la valeur du corps noir aux yeux majoritaires qui, pourtant prennent du plaisir à suivre les grands athlètes de la NFL, de la NBA, de la WNBA, et de la NCAA. Les médailles de la gymnaste noire et le succès exemplaire de milliardaires noirs changent la perception du corps noir, mais le mouvement Black Lives Matter montre les limites de cette perception favorable. Tout cela changera que les bons Blancs engagés se ligueront avec les vaillants membres des multiples minorités pour transcender la politisation pernicieuse de la race d’un côté comme de l’autre. Cela se fera aussi quand le panafricanisme aura permis à l’Afrique d’émerger comme la Chine, ce nouveau colosse dont la maturité surprit tous sauf ce nouveau colosse. Nous parlerons alors d’un nouvel ordre mondial synonyme d’une Afrique rayonnante au grand bonheur de ses enfants et des Afro-descendants. La pratique de sa dévaluation prendra alors fin et lui permettra d’être un peu plus ce que l’Égypte antique fut à un temps où le Vieux Continent était à la quête d’une civilisation que la Grèce, s’inspirant du monde pharaonique, lui légua (mal)heureusement.
Mouhamédoul A. Niang, PhD
Associate Professor of Franchophone Studies
Colby College
Waterville, ME
USA
YOLOMAL BUUMU NJAAM GI NGIR GËN LAA XOJ, FARÃS DEFATI NA MËNINAM (Boos Ndóoy)
Jikko ak boroom, sëg ya rekk ! Ndege, Farãs dafa am pexe moo xam ne, ca jamonoy nootaange ja ba tey jii, ci lay wéy di naxe réew yim tegoon loxo démb ngir saxal nootaange bi ci beneen anam.
Jikko ak boroom, sëg ya rekk ! Ndege, Farãs dafa am pexe moo xam ne, ca jamonoy nootaange ja ba tey jii, ci lay wéy di naxe réew yim tegoon loxo démb ngir saxal nootaange bi ci beneen anam. Pexem caay-caay moomu, mënees na ko tudde : yolomal buumu njaam gi ngir gën laa mën a naj cib ruq. Te, ràññees na ko ci ni Farãs di jëflanteek réewi Afrig yim nootoon, rawatina yi féete bëj-saalumu màndiŋum Saxara mi.
Li Farãs di def mooy, saa bu demee ba cólle, xam ne gaa ñaa ngiy yeewu, rekk mu tàmbalee naxasaale ak a neexal. Ndaxte, jamono ju ne, dina am ci biir Afrig ak ci àddina sépp, ñuy ŋàññiy doxalinam ak ni mu aakimoo yenn réewi Afrig, dale ko 60i at ci ginnaaw. Bu ko wax ji sonalee, nag, mu daldi génn, ne dina soppi ddoxalinam. Maanaam, day taafantoo ay coppite ñeel digganteem ak réew yooyi nu tuud ci kow, mel ni kuy gedd ngañaay yi ko nooteel biy jural. Fekk ne yoo, duggewu ko lenn lu dul tuur lëndëm nit ñi, jaar ci suuf, lal yeneen pexe yi koy tax a wéyal nootaange bi.
Ginnaaw bi ñu ko toroxalee Indosiin, Déggooy Genève(Accords de Genève) yaadakkal xare boobu ci atum 1954. At moomu la Alséri daldi fippu moom tamit ngir foqati réewam ci loxo Xonq-Nopp yi. Jamono jooju, nag, Farãs dafa waroon a tànn benn ci 3i réew yii : Marog, Tinisi ak Alséri. Ndege, jàqoon na be, mënatul woon ajàmmaarlook 3i réew yiy sàkku ak a xeex ngir moom seen bopp. Moo tax, mu xool réew mu ko ci gënoon a yitteel, tànn ko. Noonu, ci atum 1956 la Farãs tàggook Marog (2eelu fan ci weeru màrs) ak Tinisi (20eelu fan ci weeru màrs), ba noppi, nag, ŋoy ci Alséri. Alséri, jamono jooju, daanaka ab diiwaan doŋŋ la woon ñeel réewum Farãs.
Noonu tamit la ragale woon réewi Afrig yi féete ci bëj-saalumu màndiŋum Saxara mi. Da doon bañ, ñoom it, ñu fippu, sumb ab xare, xeex ngir moom seen bopp. Looloo ko taxoon a yolomal tuuti buumu njaam gi, fab ab àtte bees dippe woon ci nasaraan “Loi-Cadre Defferre” ci atum 1956. Àtte boobu, nag, da doon may askani réew yoo yii, ñu falal seen bopp ay njiit ci seen i réew. Pexe moomu la laloon. Maanaam, li ñuy wax di màtt di ëf, yolomal tuuti ngir gën a wéyal nooteel bi. Ndaxte, looloo gënoon a yomb xeexandoo ak réew yu bare. Ndege, 2eelu xareb àddina si taxoon na ba yenn ci réewi Afrig yi yeewu ba dayob Farãs wàññeeku bu baax ci seen i bët. Noonu, ittey fippu ak moom seen bopp di leen gën a soxal. Loolu la Farãs xamoon bu yàgg, ba tax ko jël ay matuwaayam ngir wéyal nooteel bi ci beneen anam. Loolu moo tax Seneraal De Gaulle nas pexeem, tudde ko‘’Mbooloom doomi Farãs ak Afrig’’ (Communauté franco-africaine) jéem koowéyal, di ko suuxat.
Dafa di, Seneraal De Gaulle dafa gënoon a yaatal yombal gi àtteb “Loi-cadre Defferre” dooroon. Waaye, duggewuñ ko woon lu dul wéyal nootaange bi. Ndaxte, kat, ak lu ci mënoon a am, Farãs moo doon nos, di nocci. Li koy firndeel mooy ni mu doxale woon ak Gine.
Bi Farãs nee, ku bëgg demal boppam na dem, Gine dafa dog buumu nootaange bi ko lëkkale woon ak Farãs ci atum 1958. Ginnaaw bi, Farãs da koo fexeel, tegal koy téq-téq yu bare ciw yoonam ngir nasaxal ko, tiitalaale réew yi seen xel nekk ci toppandoo Séku Ture.
Lu ni mel, wares na ko fàttali, xamal nit ñi ne, xeeti àtte ak i pexe yi Farãs mës a lal yépp, noot réewi Afrig yi rekk la ko dugge. Muy ‘’Ndajem bennoo ci peggu Farãs’’ (Union française) mu 1946, àtteb “Loi-cadre Defferre” bu 1956, ‘’Mbooloom doomi Farãs ak Afrig’’ mu 1958, yépp, ay feemi neen lañ woon.
Ci ndoorteelu atiy 1960 yi, ba Farãs xamee ne mënatul a wéyal nootaangeem bi ñeel réewi Afrig yi, dafa mujje woon a bàyyi ñëpp ci ñoom moom seen bopp.
Waaye, ku yaakaaroon ne Farãs dina la bàyyee noonu, danga doon nax sa bopp. Ndege, ku ci nekk, da laa xaatimloo woon ay déggoo yi ko daan tax a teg loxo ci nguur yi, alal jeek koom-koomi réewi Afrig yi. Bataaxal ba Michel Debré bindoon Léon Mba, njëlbeenug njiitu réewum Gaboŋ ba woon, da koy firndeel. Daf ko ne woon :
“Dinanu leen delloo seen réew, ngeen moom seen bopp ci kow sàrt yii may limsi :réew mu ci moom boppam, dangay nangoo wéy di topp li nekk ci sàrt yi nu xaatimoon lu jiitu muy moom boppam ; ñaari tëralin yi nu fasandoo, te muy moom sa bopp bi ak déggooy jëflante yi (accords de cooperation), benn du dem bàyyi moroomam.»
Ci sàrt yile la réewum Farãs tënkoon réewi Afrig yim nootoon laata mu leen di delloo lenge yi. Looloo taxoon François-Xavier Verschave yëkkati kàddu yii : « Réewi Afrig yi Farãs nootoon, te ñu féete bëj-saalumu màndiŋum Saxara mi, ba ñuy moom seen bopp, dañu leen a nanguloo ay déggoo ci wàllu koom-koom, politig ak xare yu leen tàbbil ci kiliftéefug Farãs. »
Keroog, 22eelu fan ci weeru desàmbar 1974, ba 94,5i nit ci téeméer yoo jël ñeel askanuw duni Komoor ya (Anjouan, Grande Comore, Mohéli, Mayotte), wotee« WAAW » ñeel referàndumub moom-sa-bopp ba, Farãs dafa lànk, ne du ci dal. Mu daldi dogal ne dun bu ci nekk ak ay xobam, kon deesul boole dun yépp ci benn lim. Mu nekkoon ab jaay doole boo xam ne, ONU sax àndu ci woon. Rax-ci-dolli, dogal boobu dafa safaanoo woon ak àtteb Farãs bu 23eelu fan nowàmbar 1974 te di wax ne : « warees na boole xobi wotey dun yépp, boole seen i lim ngir xam ku jël raw-gàddu gi ». Waaye, Farãs dafa jéggi àtte boobule, wàññi ngirtey wote bi. Noonu la tege loxo ci dunub Mayotte bi nga xam ne, nee ñu, 100i nit yoojëloon, 63,22 yi « DÉET » lañu wote. Ba tey jii may wax ak yéen, dun baa ngi ciy loxoom.
Pexem naxe-mbaay moomu la Farãs jëfandikooti ñeel coppite CFA bi ECO bi konar a wuutu. Ndaxte, sémbub àtte bu 20eelu fan ci weeru Me 2020 bi koy dëggal, ci anam bu ni mel lees ko tërale. Nee ñu, ci biir sémbub àtte bile : dakkalees na teewaayu ndawal Farãs ci 3i ndajey caytu bànk yu mag yi ak gafay weccee yi (compte d’opérations). Li leer moo di ne ay feemi neen la. Ndege, ba tey, Farãs mooy wóoral ECO bi, te yemo (parité) bi ak weccin wu amul àpp wi (convertibilité illimité), duñ soppiku. Te, 2 yooyu ñooy gaañ sunu réew yi ci fànn yu bare.
Ci beneen boor, Farãs daa kootoog waa UEMOA, ñu suufu CEDEAO, sàcc seenub naal, soppi cëslaay geek jubluwaay bi. Ndege, ECO, moomeelu CEDEAO la. Ay at ñoo ngi nii, mu ciy liggéey. Li Farãs ragal Niseryaa jiite CEDEAO bokk na ci sabab yi ko tax a doxale ni mu doxale, moom ak yenn ci ay njiiti-réew yiy dox ci waawam. Xamees na xéll ne, bés bu Niseryaa tegoo ci boppu CEDEAO, Farãs dootul am baat ci réewi kurél gi, doonte moo leen yàgg a yilif, di leen jaarloo fu ko neex.
Farãs noppi naa def lépp lu mu laaj ngir wéy di ratt réewi Afrig yu ñuul yi mu nootoon. Xam na li mu bëgg te mu ngi koy def. Léegi nag, sunu réew yi ñoo war a xam li ñu bëgg, te def ci seen xel ne ngir coppite am, nooteel bi jeex fi, fàww ñu booloo ngir gën a am kàttan. Tamit, fàww ñu nas ay feem yu ñu togg bu baax te tegu ci xel ngir noppee jaamaarlook moom. Bu ñu ko defee kenn kenn rekk, dina leen daaneel ñoom ñépp te du jóg ci di leen toroxal.
FÀWW FAIDHERBE DAANU !
«Tooñ, torox, goreedi ak ñàkk fulla weesuwul ñuy woyal Lat-Joor ci tóojug estati bu Faidherbe…» (Usmaan Sémbéen)
«Tooñ, torox, goreedi ak ñàkk fulla weesuwul ñuy woyal Lat-Joor ci tóojug estati bu Faidherbe…» (Usmaan Sémbéen)
Ginnaaw mbasum Covid-19 bi, mel na ne àddina saa ngiy jànkonteel ak meneen xeetu mbas : fippu. Dafa di, géejug mer gi juddoo ci bóomug George Floyd baa ngiy wéy di gandeer àddina sépp. Coow laa ngi ne kurr, tëwa jeex. Nit ñi yematuñ rekk ci di kaas, ñaxtook a xeexal àqi nit ku ñuul. Seen mébét mooy dekkil darajaam, yékkati fullaam ji nit ku weex joggi woon, teggi tuumay xayadi ak matadi yi nootkat yi daan taafantoo, di ko teg ci seen i der ngir moom leen. Moo tax, jamono jii, fépp foo dem ci àddina si, ñaxtukat yaa ngi fay xotti nataali nootkat yu démb yaak yu tey yi, di rajaxe bépp nittabaxon biy jëmmal njaam ak nooteel ñeel nit ku ñuul, walla kilifteefug nit ku weex ci kowam. Naka noonu, Senegaal itam, mbasum fippu mi agsi na fi, te nittabaxonub Faidherbe bi nekk Ndar mooy góom bi askan wi bëgg a faj.
Gaawu bii weesu, takk-der yi jàppoon nañ 4i ndaw yu bokk cig kurél gu tudd«Fàww nu daaneel Faidherbe» ci sababu ndaje miñ bëggoon a amal ak taskati xibaar yi. Waaye pólis mujje na leen bàyyi. Mébétu kurél googu, nag, ak ñiy sàkku ñu sempi nittabaxon bu Faidherbe bi, mooy ñu jële ci réew mi lépp luy màndargaal njaam ak nootaange. Bu dee ci wàllu Faidherbe, nee ñu nittabaxonam day jëmmal nootaangeb Farãs ci kow Senegaal ak lépp li ci aju ci xeebeel, toroxtaange ak coxorteb Tubaab bi, ñeel sunuy maam ak sunu bañkati démb ya.Rax-ci-dolli, mbedd yi, yoon yi ak béréb yees tudde ay nootkat ak i doxandéem day firndeel ne, ba tey jii, moomagunu sunu bopp.
Ñiy layal Faidherbe, di bañ ñu sempi nittabaxonam ca Ndar, dañ naan, ak lu ci mënti am, ngóor si am na lu mu defal réew mi : teg na fiy raay, xotti fiy tali, indi fiy jumtukaayi xarala, tabax fi jéggiwaay (pont), dàq naar yi sonaloon waalo-waalo yi, boole nguuraan yi (royaumes), def leen am réew, muy Senegaalu tey, añs. Waaye, kan mooy Faidherbe ci boppam ak lan la def ba tax ñu singali ko, di ko tam dëmm ?
Cib gàttal, Faidherbe mi ngi juddu 3eelu fan ci weeru Suwye 1818. Laata muy ñëw Senegaal, Alséri la ko caytug nootaange gu Farãs njëkk a yabal ngir mu tàggatu fab diir. Bam fa nekkee, lépp luy ñaawtéef bu xel xalaatul def na ko fa laata muy tuursi sunu deretu maam ya. Dafa teer Alséri, yàggul dara, mu tàmbalee xoqtal aka rey askan wa. Loolu lay biral ci bataaxal bum yónnee yaayam, di ndamu, naan ko ca : « …yàq naa yaxeet dëkkub lëmm bu taaru woon lool, ak i toolam. Ma yàqaale 200i kër ya fa nekkoon, tiital waa dëkk ba yépp, ñu daldi jébbalusi ci man, tey. »
Bi mu ñëwee Senegaal itam, lenn rekk a nekkoon itteem : fexe ba saxal nguur ak kilifteefug Farãs ci réewi Afrig yi, rawatina fii ci Senegaal. Loolu, nag, jaraloon na ko lu nekk. Ci as-tuut lin jukkee ci téere ak seedey ma-mboor yi ak ñi xam démb, limees na ci xeeti ñaawtéef ak jëf ju saltee salte yim def ci réew mi.
Faidherbe rey na fiy buur, taal i dëkk yu dul jeex. Nangu na fiy suufi jàmbur, taal i tool. Bóom nay sëriñ ak i imaam, lakk seen i téere. Siif na fiy janq, siiflu ay xale yu jigéen. Ténjloo na fiy soxna, jirimloo ay ndaw. Toroxal na jigéen, suufeel mag. Xeex na góori Yàlla yi, gàddaayloo kàngam yi. Sàcc na alalu réew mi, nasaxal koom-koom gi… Li ci gën a doy waar mooy ne, Faidherbe, daawul yabal ay soldaar rekk yem ci, dafa daan teewe loolu lépp, di reetaan, di ci bànneexu.
Maanaam, lépp luy tax am réew di naw boppam ak cëslaay gi mu war a sukkandiku ngir tabax ëllëgam ak naataangeem, Faidherbe da koo dëggati, yàqati ko ba mu yàqu yaxeet. Rax-ci-dolli, naalub xayadi bi Farãs laloon ngir xeebloo nu sunu aada ak sunu cosaan, Faidherbe moo ko njëkk a jëmmal. Ndege, Faidherbe mooy ki sos « Ecole des otages », daan fa yóbbu doomi Buur yeek doomi boroom daraja yi ak njiiti gox yeek dëkk-dëkkaan yi. Li mu ko dugge woon mooy jàngal leen aada ak cosaanu Farãs, fàtteloo leen seen yosi maam, xeebloo leen seen juddu. Kon, bokk na ci ñi nasaxal sunuy aada, xayadiloo sunuy ndaw. Waxatun dara, mu wax ñeel nit ku ñuul, ne : « li seen yuur yi tuuti moo tax nit ñu ñuul ñi xayadi. Looloo sabab seenub xayadi. » Moom, nag, ci anam bu metti la génne àddina.
Dikkaloon na ko lafañ ak ñàkkug nelaw gu tar, li ko dale atum 1875 ba ni muy deewe. Mu mel ni mbugalub Yàllaa wàccoon ci kowam ci kow suuf laata mu fekki bu allaaxira ba. Ndege, ba muy nekk Alséri, Faidherbe mës na daanu ci walum ndox mu galaase, ca tangori Djurdjura ya. Ca la jële gaañ-gaañ yu metti ak feebar bi koy mujje yóbbu ci atum 1889. Feebar na diirub 14i at. ( ?) Muy ame ay kiriis yu mettee metti. Moom kay, Faidherbe yàgg na ci lalub sukkuraat. Waaye, taxul nit ñi fàtte ñaawtéef yi mu def yépp, te njeexital yi jur ay rëq-rëq ci yokkute réew mi.
Usmaan Sémbeen bokk na ci ñi njëkkoon a wax ni nan fi jële nittabaxon bi, te soppi turi mbedd yin jox ay nootkat. Bindoon na sax Léwopool Sedaar Seŋoor ab bataaxal, ci atum 1978, naan ko ca :
« Tooñ, torox, goreedi ak ñàkk fulla weesuwul ñuy woyal Lat-Joor ci tóojug nittabaxonu Faidherbe. Lan rekk moo tax, cim réew mees wax ni moom na boppam, li ko dale Ndar ba Sigicoor, jaare ko Cees, Ndakaaru, Tëngéej, Kawlax, añs., ñu fay sargal nootkati démb yeek yu tey yi, di leen tudde ay mbedd, ay yoon, ay tali, ay pénc ak yeneeni béréb ? Xanaa réew mi amul ay jàmbaar, góor ak jigéen, yu yeyoo nu tudde leen sunuy liise, sunuy kolees, sunuy tiyaatar, sunuyiniwérsite walla mbedd yeek yoon yi ? »
Waaye, Seŋoor faalewu ko woon ndax, benn, ndawal Farãs la woon, ñaar dafa wegoon Faidherbe, nawoon ko lool ba koy wax ciy mbindam. Waaye, bu yoon jeexul, waaxusil du jeex. Tey, ay Usmaan Sémbéen yu baree ngi taxaw temm, fas yéene jaay seen bakkan ngir ñu jële Ndar nittabaxonu Faidherbe bi. Muy ndaw ñi, way-moomeel yi, kilifay aada yi, imaam yi ak ñenn ci politiseŋ yi, ñépp a ngi naan : « Fàww Faidherbe daanu ! »
SUNU GIS-GIS CI ”BLACK LIVES MATTER” AK YENEEN XEETI ÑAXTU ÑEEL XEETAL AK ÑAAWTEEFI TAKK-DERI AMERIG YI
Kàddug mbooloom kàngami Mbootaayu Xeet yi fekk baax Afrig*
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Ndey Koddu Faal |
Publication 28/06/2020
Njolloor, ca Minneapolis. Alkaatib Tubaab teg óomam ci kow loosu nit ku ñuul di bës, di bës, di bës rekk, tëwa bàyyi. Ñépp fàttaliku démb. Noyyi të ko ticc, mu fattnaan ngir Yàlla mënumaa noyyi. Saa su ne metit wiy gën a tar. Bëggul a dee, di woo ndey ji wallu, fàtte ne kooku faatu na bu yàgg a yàgg, ndeysaan. Di wàkkirlu Boroom bi. Ay onki yàkki. Àddina sépp di dégg i yuuxoom, teg ciy bëtam. Mu dëféenu ci tali bi, askan yépp di ko seetaan, xolu takk-der biy reetaan mu bësaat. Noyyi gënatee të George Floyd, mu faf dog.
Nun, kàngami Mbootaayu Xeet yi fekk baax Afrig, ñaawlu nanu bu baax xeetal geek néewal-doole doomu-aadama gi sax dakk fii ci Amerig ak ci àddina si. Ma nga doore ca maam ya ba sun-jonn-Yàlla-tey jii. Te ñiy def ñaawteef yii, nit ñu ñuul ñi lañ singali ; nu wax ko ak nu bañ koo wax, am na lu mu def ci nun. Kon dunu tàyyee jébbaane nooteel gi ñeel doomi Afrig yu ñuul yi. Duut ko baaraam am na solo, waaye danoo war a weesu wax, tey jëf.
Am na sax lu ci António Guterres miy njiitu Mbootaayu Xeet yi wax. Dafa ne : « Warunoo toog di seetaan ñuy toroxal nit ndax melo deram kese. » « Black Lives Matter » du ay wax rekk, xeet yépp a ko tax a jóg.
Kon wax ji doy na, nanu farlu ci xeex xeetal.
Naam, du guléet waaye George Floyd ak ñi xeetal mës a dal seen kow ñoo nu may nu mën a weeje tey xeebaate beek ñaawteefi takk-der yi. Kon, nu ngi leen koy sante. Nun ñi Yàlla may nu doon i kilifa noo war a waxal sunu mbook yi seen baat mënta àgg fu sore. Jot na nu taxaw temm daan musiba mii di nooteel te tàmbalee lëmbe àddina si ay xarnu ci ginnaaw.
Bóom gu ñaaw gi ñu bóom George Floyd weesu na jëmmam di wéy. Dañ cee war a am jàngat bu yaatu, daanaka mënees na koo méngaleek benn per cib caqu jafe-jafe yoo xam ni su nu ci jógul du baax. Jot na nag Mbootaayu Xeet yi jàmmaarlook xeetal ak noggatug doxandéem te loolu su ko defee day dëppook lim bi jiitu ci Sàrtam, lim biy wax ni dafa war a « naatal ak dooleel àq ak yeeleefi doomi-aadama yépp, bañ a toppatoo seen xeet, seen làkk walla seen diine ». Te ci dëgg-dëgg li Mbootaayu Xeet yi gëm mooy ñépp a yem te wareesul a doyadil benn doomu-aadama mbaa di ko mbugal.
Am na jamono doomi Amerig yu ñuul yi di xeex ngir jële ci àddina si boddikonte ci biir xeet (gàttal gi ci nasaraan CIEDR, di joxe ‘’Convention Internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale’’) fekk it ay réewi Afrig yuy soog a moom seen bopp ñëw bokk ci Mbootaayu Xeet yi. Ci jamono jooju ci atum 1969 lañuxaatim benn Déggoo bu yaatu ñeel bépp boddikonte ci biir xeet.
Jamono ju kenn dootul fàtte la ndax ca la ‘’apartheid’’, doonoon ñaawteef bu yoon daganaloon, nërméelu. La ko daneel, nag, Mbootaayu Xeet yi am na ci wàll te ba léegi da koy ndamoo.
Àq ak yeelleefu doomu-aadama ak sagu nit ku ñuul ci Afrig ak ci àddina si ñoo ngi riir tey te sunuy sët dinañ leen déggi ëllëg. Kon,mu war a leer ñépp ni Mbootaayu Xeet yi dootul dumóoyu su ñuy noot nit te dootul nangu par-parloo. Moom daal, dina def kem-kàttanam ngir kenn dootul jam kenn naani.
Daanaka la woon, wonni na ba tax Mbootaayu Xeet yi am fu mu wéeru. Dina jëmbët fulla ci xeex bi, xamal ñépp ne njaw des naw xambin, de4gg la, waaye du tee mu war a wóor ni xeetal ak i gàkk-gàkkam dinañ fi jógeji ba fàww.
Sunu Sekerteer Seneraal jël na ay dogal ngir xeex xeetal ak i njéexitalam yu ñaaw fépp ci àddina si ba ci sax sunu biir kër gii ci New York.
Su nu bëggee doon ay njiit yu baax, fàww nun ci sunu bopp nuy def li nuy digal nit ñi.Coppite dëgg dafa laaj nu waxtaan ak sunu xel, seet sunu digganteek Yàlla ndax sunuy jëfin méngoo naak li Sàrtu Mbootaayu Xeet yi santaane.
Soo dee njiit, dangay nangoo tënku ci Sàrtu Mbootaayu Xeet yi ni mayul kenn mu ni patt. Danoo war a yëkkati sunu kàddu, am fitu ñaawlu jaay-dooleek xoqtal.
Ku nekk ci nun dina takku ba dëgër, def kem-kàttanam ngir dakkal fi xeetal, dinanu ci dugal sunu xam-xam, def lépp lu nu mën ngir déqati ko, jële ko fi ba fàww.
Ba nit ñu weex ñi tàmbalee jàpp jaam sunuy maam di leen jaay ci diggante Afrig, Ërob ak Amerig, léegi mu mat 500i at. Rax-ci-dolli, ñeenti at rekk moo des ci fukki at yi ñu jagleel nit ku ñuul, ndax 2024 lay jeex. Kon, nanu bennoo, xàccandoodóorandoo, fexe ba Mbootaayu Xeet yi def wareefam, indi ci àddina si coppite yi sunuy askan yàgg a yaakaar. Ni ko ñépp xame, amees na arminaatub (agenda) 2030 ñeel àddina si. Bunu yëkkatee sunu baat dugal ci arminnatub Afrig ñeel 2063, coppite bi ñépp bëgg dina am.
Afrig la doomu-aadamaa fekk baax te it mooy jéeri ji war a taxawu bu baaxàddina ngir mu mën a sottal yokkute gu sax dakk ak jàmm.
Lii moo yittéeloon Mag ñi sosoon OUA ak tamit njiit yu mel ni Kwame Nkrumah walla xeltukat bu mag bu mel ni Séex Anta Jóob.
Bunu fàtte mukk kàdduy Nelson Mandela yii : « Képp ku iñaane nit àqam, daa fekk jàppewoo ko ni nit.»
Fannie Lou Hamer, doonoon fi njiit ci xareb doomi Amerig yu ñuul yi, mu ngi nuy bàyyiloo xel ci ne : « Kenn mënul a moom boppam fileek ñépp moomuñu seen bopp. » Doktoor Martin Luther King Jr, feelu ko naan : « Nooteel, fépp fu mu mënti ame, musiba la ci ñépp ».
Ñu teg ciy at, tey, ca réewu Afrig-bëj-Saalum làbbe Desmond Tutu dëggal kàddu yooyu ne : « Ngir nit ku weex moom boppam, fàww nit ku ñuul moom boppam ndax amul xeet wu mën a féex moom kenn, ñépp a war a àndandoo féex.»
(*) Ñi xaatim kayit gii ci seen turu bopp lañ ko defe. Kenn ku ci nekk ag kàngam nga ci Mbootaayu Xeet yi, di tofo ci Sekerteer Seneraal bi.