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5 juillet 2025
DES PATIENTS SONT PRIS EN CHARGE A PARTIR DE CHEZ EUX
Le scénario qu’on craignait fortement est finalement arrivé. En effet, il est désormais établi que le Sénégal n’a pas les capacités hospitalières de faire face au coronavirus.
La situation du coronavirus est devenue préoccupante au Sénégal ou la barre des 2 000 cas actifs a été franchie hier, vendredi 26 juin. Avec le nombre de lits insuffisants et les structures sanitaires débordées, certains malades de Covid19 sont désormais pris en charge à partir de chez eux.
Le scénario qu’on craignait fortement est finalement arrivé. En effet, il est désormais établi que le Sénégal n’a pas les capacités hospitalières de faire face au coronavirus. De source bien renseignée, certains patients sont traités à partir de chez eux, dans la mesure où les structures de santé sont débordées. «C’est le cas du district de Dakar Ouest où des patients n’ont pas rejoint les centres de traitement et ont été plutôt pris en charge à partir de chez eux», confie un de nos interlocuteurs. Alors que les structures hospitalières sont débordées, la maladie poursuit sa progression fulgurante. D’autant qu’hier (vendredi 26 juin) 121 cas sont revenus positifs à la Covid-19 sur les 1057 tests réalisés, soit un taux de positivité de 11,4%.
Selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale, il s’agit de 79 cas contacts, de 15 cas importés à partir de l’Aibd et de 27 cas communautaires. Les cas communautaires sont répartis entre Diourbel(03), Fatick (03), Kaolack (03), Liberté 6 (02), Touba (02), Dakar Plateau (02), Parcelles Assainies (01), Mbao (01), Yoff(01), Pikine (01), Maristes (01), Tivaouane (01), Mermoz (01), Khombole (01), Sicap Baobab (01), Joal(01). Plusieurs districts sanitaires sont touchés par la situation du jour. Les nouveaux cas ont été recensés à Dakar ouest 14, Dakar centre 18, Dakar sud 08, Dakar nord 13, Touba 04, Guédiawaye 04, Mbao 05, Rufisque 01, Ziguinchor 04, Tivaouane 06, Popenguine 17 dont les 15 cas importés, Mbour 11, Kaolack 05, Diourbel 03, Khombole 02, Fatick 03, Thiadiaye 02 et Joal 01.
A souligner que 31 patients sont déclarés guéris tandis que 27 malades sont dans un état clinique jugé grave. Par ailleurs, l’on a déploré au cours de la journée du jeudi 25 juin 04 nouveaux décès liés à la Covid-19. Le Sénégal compte désormais 6 354 cas positifs dont 4 193 guéris, 98 décédés, un évacué et donc 2 062 sous traitement
DIOUF SARR «DESENGAGE» LES MEDECINS DOCTORANTS
Les étudiants de 6e et 7e année en médecine recrutés depuis le 17 mars dernier par le Cous dans les centres de traitement de Diamniadio et de Dalal Diam viennent de quitter le navire après avoir été désavoués par le ministère de la Santé.
Les étudiants de 6e et 7e année en médecine recrutés depuis le 17 mars dernier par le Cous dans les centres de traitement de Diamniadio et de Dalal Diam viennent de quitter le navire après avoir été désavoués par le ministère de la Santé. Pis, après des revendications répétées, ledit ministère a fait savoir aux dernières nouvelles qu’« aucun lien légal ne lie ses étudiants à ses services». Consternés par cette décision des autorités, les médecins doctorants ont retiré leurs blouses pour indiquer « la cessation de toutes les activités de prestation médicale » dans lesdits centres.
C’est un scénario inattendu. De jour comme nuit, les étudiants doctorants en médecine des centres de traitement des épidémies (Cte) de Diamniadio et de Dalal Diam, ne ménageaient aucun effort pour assurer la prise en charge des malades atteints du nouveau coronavirus.
Ainsi, « sollicités par le Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous) sur la base d’un contrat moral depuis l’ouverture du centre de Diamniadio le 17 mars 2020 et celui de Dalal Diam le 25 mars 2020 », ces derniers sont restés sans statut et sans informations concrètes au sujet de leur contrat. De surcroit, « les prestations de services qui, au début, étaient rémunérées à un montant ont été revus à la baisse par rapport au montant de départ, jusqu'à ne rien percevoir depuis la date du 03 mai 2020 ». Le tout sous la bénédiction « du non-respect des engagements prises par le ministre de la Santé lors de sa visite dans le centre de Diamniadio à la date du 29 mai dernier ».
Dans la dynamique de leurs récriminations, ces derniers ont décidé de rencontrer les autorités compétentes dudit ministère pour obtenir gain cause. Mais aux dernières nouvelles, après ladite rencontre avec le directeur des ressources humaines et plusieurs autres acteurs du ministère de la Santé, ces médecins doctorants qui bravaient le risque d’être contaminés par un virus meurtrier sont éjectés et désavoués par les services de Diouf Sarr. « Hormis les primes de motivation mensuelles de 150 000 F Cfa octroyées à tout le personnel des CTE sur demande du président de la République, nous ne pouvons rien percevoir du ministère car n’ayant aucun lien légal avec lui et que même cette prime nous est versée sur demande du ministre et de par sa bonté », renseigne la circulaire d’information rendue publique par le collectif des médecins doctorants. La même circulaire fait aussi savoir qu’« aucune attestation ne nous sera délivrée à la fin de cette épidémie et pour cause le ministère de nous a pas engagés ». Et le ministère de la Santé d’ajouter : « aucune garantie ni couverture ne sera faite par le ministère à l’endroit des médecins doctorants…
S’il se passait quelque chose en cours d’exercice médical, notre responsabilité serait directement engagée ». Ainsi refoulés par le ministère de la Santé, le collectif des médecins doctorants a opté pour « la cessation de toutes activités de prestation médicale dans les centres de traitement des épidémies (Cte) de Diamniadio et de Dalal Diam, dans le cadre de la lutte contre la Covid 19 à compter du jeudi 25 juin 2020 à 19h ».
LES DISPOSITIONS PARTICULIERES DE LA LOI
La production, l’importation, la détention en vue de la vente, la mise en vente, la mise à la disposition de l’utilisateur, l’utilisation, sous quelque forme que ce soit, de produits plastiques à usage unique ou produits plastiques jetables sont interdite
Selon les clauses de la nouvelle loi, la production, l’importation, la détention en vue de la vente, la mise en vente, la mise à la disposition de l’utilisateur, l’utilisation, sous quelque forme que ce soit, de produits plastiques à usage unique ou produits plastiques jetables sont interdites.
L’interdiction concerne, les gobelets, les verres et les couvercles à verre, les couverts et les assiettes, les pailles et les bâtonnets mélangeurs pour boissons (pipettes), les sachets destinés et utilisés pour conditionner l’eau ou toute autre boisson alcoolisée ou non à des fins de mise sur le marché.
La loi stipule aussi que les sacs plastiques sorties de caisse, avec ou sans poignées, avec ou sans bretelles, sont interdits quelle que soit leur épaisseur. Cependant, selon les dispositions de cette nouvelle loi, l’interdiction ne vise pas les sachets plastiques destinés et utilisés dans les points de vente pour emballer les denrées alimentaires afin de les protéger, de permettre leur manutention ou leur acheminement, du producteur ou du revendeur au consommateur, et d’assurer leur présentation. La loi prévoit aussi qu’une consignation (garantie) est exigée à l’achat de tout produit contenu dans des bouteilles en plastique. Le montant de la consignation fixé par décret est perçu par le vendeur au moment de l’achat et est restitué en cas de retour de la bouteille en plastique vide. Mieux, il est aussi dit que tout vendeur est tenu, en cas de retour, d’accepter les bouteilles en plastique vides et de les acheminer au point de collecte le plus proche.
Les producteurs sont également tenus, tous les 6 mois, de présenter au ministre en charge de l’Environnement, un rapport sectoriel contenant, entre autres, la quantité de bouteilles en plastique mises sur le marché, celles collectées et le nombre de points de collectes mis en place ainsi que leur nature et localisation. La restriction sur le plastique concerne aussi les importations. Il est mentionné dans le texte que l’importation de plastique sur le territoire national est interdite. En cas d’importation, le produit est saisi et réexporté dans son pays d’origine ou de provenance, aux frais de l’importateur, sans préjudice des poursuites pénales. D’où les saisies faites par le ministère ces derniers temps.
En outre, des sanctions sont prévues contre les fabricants et les importateurs de sachets plastiques. La loi prévoit que quiconque fabrique ou importe des produits en plastique à usage unique et des sacs plastiques sorties de caisse, est puni d’une peine d’emprisonnement allant de 1 à 3 ans, assortie d’une amende de 5 à 10 millions de F CFA. Et, l’utilisateur des produits en plastique à usage unique sortis de caisse, est puni d’une peine d’emprisonnement de 3 à 5 ans. L’exportateur de plastique, sans autorisation du ministère de l’Environnement, encourt une peine d’emprisonnement de 3 voire 5 ans et une amende allant de 50 à 100 millions. Celui qui importe du plastique court le risque d’être condamné de 3 à 5 ans de prison, avec une amende de 50 à 100 millions de FCFA. La nouvelle loi sur le plastique prévoit des dispositions coercitives afin de réduire considérablement l’usage des sachets plastiques. Elle prévoit une sanction pouvant même aller jusqu’à 10 ans de détention, avec une amende de 100 millions de F CFA. La loi n°21-2019 relative à la prévention et à la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques qui abroge celle n°2015-09 du 4 mai 2015, vise à restreindre l’usage du plastique à son strict minimum.
En effet, elle interdit les produits plastiques à usage unique ou jetables, prohibe les sachets plastiques sorties de caisse, qu’ils soient biodégradables, oxo biodégradables ou oxo fragmentables, instaure un système de consigne des bouteilles en plastique et prévoit des objectifs d’intégration de plastique recyclé dans les produits neufs constitués ou fabriqués à partir de matières plastiques mises sur le marché. Mieux, elle met en place un régime de responsabilités élargies des producteurs qui les obligent à prendre en charge les produits qu’ils mettent sur le marché lorsque ceux-ci deviennent des déchets et institue une taxe qui frappe les produits fabriqués à partir de matières plastiques non recyclables.
LE SÉNÉGAL PEINE À SE DÉPARTIR DE SES «DÉCHETS» PLASTIQUES
Deux mois après son entrée en vigueur, les sachets et gobelets à usage unique continuent d’inonder le marché et les déchets plastiques de pulluler
Le 20 juin dernier, la nouvelle loi sur le plastique, jugée plus contraignante, a connu ses deux mois d’application. Seulement, malgré l’engagement des autorités en charge de sa mise en œuvre effective, en vue de protéger l’environnement, le cheptel et les ressources halieutiques, etc., les résultats ne sont toujours pas probants. Deux mois après son entrée en vigueur, les sachets et gobelets à usage unique continuent d’inonder le marché et les déchets plastiques de pulluler.
Le 30 décembre 2019, l’Assemblée Nationale avait voté la loi relative à la prévention et à la réduction de l’incidence des matières plastiques sur l’environnement. Une nouvelle loi qui abroge et remplace celle de mai 2015 qui avait connu des limites, faute de résultats suffisants. En effet, elle ne concernait que les sachets plastiques à faible micronnage. Avec la nouvelle loi qui prévoit un contrôle beaucoup plus sévère, l’élargissement de l’assiette des interdits et l’alourdissement des sanctions, l’espoir était permis. Seulement, deux mois après sa mise en œuvre, le plastique continue d’être visible sur les étals des marchés et autres lieux de commerce.
La souplesse apportée dans la loi pour permettre aux populations de passer un bon Ramadan, comme l’avait expliqué le ministre, s’éternise. Un mois après que la Korité a été célébrée, le ministère de l’Environnement et du Développement durable, n’a toujours pas fait de sortie pour indiquer la conduite à tenir alors que le moratoire sur les sachets utilisés pour la vente de d’eau, de glace, de jus, etc., était censé expirer après le mois béni du Ramadan.
A côté, il y a aussi les producteurs des sachets d’eau qui sont autorisés à travailler pour pallier le manque à gagner occasionné par le Covid-19. Ainsi, alors que l’Etat attend la fin de la pandémie pour décider de leur sort, le coronavirus continue sa propagation fulgurante. L’interdiction du plastique devrait aussi aboutir, selon le ministre de l’Environnement, Abdou Karim Sall, au rétablissement du système de consigne sur les bouteilles. Jusque-là, rien n’a été fait ou, si c’est le cas, la pratique n’est pas connue des usagers.
ABDOU KARIM SALL A L’EPREUVE DE SES ENGAGEMENTS
Le ministre de l’Environnement et du Développement durable avait martelé à plusieurs reprises la détermination de l’Etat à appliquer de manière rigoureuse la nouvelle loi sur le plastique, insistant et répétant qu’elle est faite pour être appliquée. «Nous n’allons laisser aucun marché, aucun grossiste en rade. Nous ferons des décentes, des saisies et il y aura des amendes», avait-il mis en garde. Mieux, Abdou Karim Sall avait aussi indiqué qu’il ne voulait pas des actions d’éclats, mais celles qui s’inscrivent dans la durée.
Dans un entretien accordé à Sud Quotidien, le 25 avril 2020, Abdou Karim Sall avait indiqué que les conditions juridiques pour l’entrée en vigueur de la loi sur le plastique sont réunies. Quant à celles techniques et matérielles, elles se mettront en place au fur et mesure de l’application de la loi. Cela démontre, selon lui, que «l’Etat ne doit pas attendre que toutes les conditions soient réunies pour mettre en place une loi». «Dans certaines situations d’urgence, comme c’est le cas actuellement avec l’ampleur de la pollution plastique, il faut légiférer et passer à l’action. Le reste suivra. Car, plus nous attendrons, plus le mal va empirer et atteindre le point de non-retour», avait-il garanti. S’agissant de la circulation des sachets, le ministre de l’Environnement avait promis l’arrêt des importations. «Ce dont je suis sûr, c’est qu’aucune autorisation d’importation de sachets plastiques ne sera délivrée par le ministère de l’Environnement et du Développement durable. Au cas où ces sachets plastiques entrent frauduleusement dans le pays, les services de contrôle habilités procéderont à leur saisie, conformément à la loi, et infligeront aux contrevenants les sanctions prévues», avait-t-il mis en garde.
UNACOIS/YESSAL DANS TOUS SES ETATS
D’ailleurs des conteneurs de plastiques ont été saisis, en application de la loi effective depuis le 20 avril dernier. Selon L’info, en conférence de presse, l’Union nationale des associations de commerçants, opérateurs et industriels du Sénégal (Unacois/Yessal) a révélé que la douane a mis la main sur quelque 40 tonnes de sachets plastiques, d’une valeur équivalente à 120 millions de F CFA et 156 conteneurs de plastiques dédouanés d’une valeur de 5,5 milliards de F CFA. Et l’Unacois/Yessal de réclamer l’arrêt des saisies et la libération des stocks déjà dédouanés, en cette période de Covid-19 impactant tous les secteurs d’activités, tout en assurant les autorités de leur accompagnement pour la mise en œuvre de la loi.
LES SENEGALAIS ENTRE ENTETEMENT ET ATTENTE D’ALTERNATIVE
Les sachets plastiques à faible micronnage communément appelés «mbouss», les tasses, assiettes et autres couvercles en plastique à usage unique sont désormais officiellement interdits au Sénégal.
Deux mois après l’entrée en vigueur de la loi n°2020-04 du 8 janvier 2020 relative à la prévention et à la réduction de l’incidence des produits plastiques sur l’environnement, l’usage et la vente des sachets plastiques à faible micronnage, de gobelets et assiettes à usage unique, ont toujours cours en dépit des sanctions prévues contre tout contrevenant et des engagements des autorités à la faire appliquer. Affirmant avoir du mal à gérer cette transition soudaine, les commerçants sollicitent des préalables, notamment des alternatives, pour l’effectivité de la loi.
Les sachets plastiques à faible micronnage communément appelés «mbouss», les tasses, assiettes et autres couvercles en plastique à usage unique sont désormais officiellement interdits au Sénégal. Seulement, la réalité est toute autre sur le terrain. Dans les rues, ruelles et autres espaces, la quasi totalité des déchets qui jonchent le sol ; sachets, tasses à jeter, gobelets et bouteilles, couvercles ; etc., sont à base de plastique.
Un petit détour au marché Sotrac de Keur Massar, permet de constater que pratiquement rien n’a changé dans les usages. Pis, ces sachets en plastique sont aujourd’hui plus que jamais présents dans tous les commerces. De l’emballage de produits achetés, à la vente de jus, d’eau, de glace etc., ces sachets à usage unique qui se retrouvent dans la nature, avec leurs conséquences environnementales néfastes, règnent en maître. Ici, l’information relative à la loi semble n’être pas passée ou du moins pas totalement assimilée.
AUCUNE SOLUTION DE REMPLACEMENT
En atteste, cette jeune fille assise à l’entrée du marché, entourée de glacières remplies de jus et de sachets d’eau qui affirme n’avoir pas eu écho de cette interdiction. «Ce n’est pas la première fois que j’entends ce genres de choses et je sais qu’on va tôt ou tard vers sa soustraction effective. Mais, en ce qui concerne, cette interdiction récente, je ne suis vraiment pas au courant et je n’ai même pas entendu quelqu’un en parler. En plus, je me procure des sachets chaque jour, en grand nombre, comme d’habitude, sans aucune difficulté. Et je n’ai constaté ni manque, ni augmentation des prix», a-t-elle soutenu. A quelques mètres de là, Aliou Dia tient une cantine où il vend du lait caillé écrémé servi aussi dans des sachets imperméables.
Contrairement à sa voisine, il est au courant des dernières mesures, mais continue de passer outre pour assurer la stabilité de son activité. Et d’expliquer : «Ce n’est pas la première fois que l’Etat parle d’interdiction des sachets plastiques. Je me rappelle, à l’époque où j’étais encore à la Medina, le gouvernement avait alors interdit l’utilisation et la vente des sachets plastiques. J’avais tenté de m’y conformer. Mais, quand j’ai commencé à demander à des clients de se munir de récipients pouvant contenir le lait, j’en ai payé les frais. Les clients me disaient souvent : «c’est toi qui vends, tu n’as qu’à nous trouver où le mettre.»
Et certains préféraient même ne pas revenir acheter. C’est là que j’ai réalisé que ça ne pouvait plus continuer et j’ai renoué avec les mbouss plastiques, comme tout le monde». Aussi s’est-il désolé : «je crains que si la loi s’applique dans toute sa rigueur, qu’on perde le fil de notre activité. Je ne sais pas comment faire avec les clients parce que, pour l’instant, aucune solution de remplacement n’est proposée». La même réaction est notée chez son voisin, un vendeur de café nommé affectueusement dans ce marché Assane Baye Fall. Ce dernier ne veut entendre parler ni de retrait des tasses en plastique ni de transition avec les gobelets en papier, de peur de frôler directement la faillite. «Interdire l’usage des sachets et tasses en plastique revient à nous interdire de vendre le café. Déjà les gobelets en papier dur qu’on nous propose, on nous les vend à 2500 F Cfa le paquet, alors que les tasses à jeter coûtent seulement 750 F Cfa le paquet. Il y a une grande différence. En tout cas, si l’Etat nous propose une solution raisonnable et accessible, on est preneur ; mais, au cas contraire, on ne va pas lacher prise», a-t-il martelé.
LES COMMERCANTS PAS ENCORE PRETS
Alors que la loi interdit formellement la vente des sachets et plusieurs gammes de plastiques, avec des amendes conséquentes et peines allant de 3 à 5 ou 10 ans de prison ferme contre les contrevenants, Bass Khouma, vendeur de plastiques de tout genre au marché Sotrac, n’en a cure. Interrogé, il lâche, avec une dose d’amertume : «écoutez, il n’y a rien à dire làdessus. Je ne fais que vendre et tant qu’il y aura des fournisseurs et des acheteurs, je vais continuer d’en vendre, jusqu’à nouvel ordre. Et si je n’en vois plus, je me tournerai vers d’autres activités, c’est aussi simple. Les sachets plastiques font partie de notre quotidien, on en trouvera même au Palais. Mais les Sénégalais aiment trop s’attarder sur des détails», a-t-il laissé entendre. Commerçant depuis plus de 10 ans, Serigne Diop n’a pas l’intention de changer ces vieilles habitudes, à défaut de retrouver une alternative. «Ce n’est pas facile de s’en départir comme ça, du jour au lendemain. Parfois, l’Etat prend des mesures sans étudier leur impact sur le quotidien des Sénégalais.
Les sachets en plastique, nous les boutiquiers, déjà on ne les vend pas, on les offre aux clients comme emballage à l’achat de produits. Parfois, il nous arrive même de vendre un produit de moins de 100 F Cfa et le client réclame un sachet de 25 F Cfa. Vous voyez le manque à gagner. Alors, imaginez la transition avec les sachets ou sacs en papier qui sont plus couteux, mais on ne va pas s’en sortir. Ce n’est même pas envisageable», s’est-il plaint. Avant d’ajouter : «l’Etat, avant de soustraire ces plastiques du marché, devrait mettre en place d’autres alternatives, accompagner les Sénégalais à les adopter. Et, comme ça, il pourra les retirer progressivement du marché et ça ne portera atteinte à personne», a-t-il proposé.
FERMETE ET RIGUEUR
Trouvée dans un magasin, un gros sachet contenant ses provisions posé juste à terre, un bout de papier préfabriqué en éventail à la main, Ndèye Arame fait des mouvements de main pour s’offrir un peu d’air dans cette pièce exiguë. Malgré qu’elle utilise encore les sachets en plastique, elle reconnait leurs effets néfastes sur l’environnement. «Franchement, je reconnais le danger de ces plastiques. J’en ai entendu parler et reparler et j’ai suivi un documentaire sur ça sur une chaine étrangère. Il paraît que le plastique est à l’origine de plusieurs maladies respiratoires, allant même jusqu’à pouvoir causer le cancer. Je suis d’accord avec l’Etat sur l’interdiction et j’exhorte qu’il y ait plus de fermeté. Si les amendes persistent, tout le monde finira par s’en départir», a-t-elle argumenté. Nos tentatives de faire réagir les autorités du ministère de l’Environnement et du Développement durable sur cette «inondation» du marché sénégalais de produits plastiques, malgré l’effectivité de la loi depuis deux mois (le 20 avril 2020) et les garanties du ministre Abdou Karim Sall de la faire appliquer dans toute sa rigueur, tout comme les mesures prises (ou en cours), sont restées vaines.
par Pierre Franklin TAVARES
BAD, PREMIÈRES VICTOIRES DES LANCEURS D’ALERTE
Depuis plus de deux mois maintenant, nous assistons à une intense activité pour la défense du président Akinwumi Adesina. À cet égard, il s’observe trois principaux types de défense.
Cet article prolonge le précédent1 et ne se laisse entendre que dans cet horizon. Cette continuité cognitive vise à un double objet : d’une part, montrer en quoi les soutiens actifs du président Akinwumi Adesina, par d’étonnantes erreurs, des idées fausses, une insuffisance de connaissances historiques accompagnée d’une attitude arrogante, n’ont guère été utiles à la défense de sa cause, et, d’autre part, comment les lanceurs d’alerte ont remporté, avec éclat, la première manche du conflit ; un conflit dont on ne peut dire ou même anticiper le dénouement. Au vrai, en démontrant le premier point, nous étayons de facto le second.
Depuis plus de deux mois maintenant, nous assistons à une intense activité pour la défense du président Akinwumi Adesina. À cet égard, il s’observe trois principaux types de défense. Leur trait commun, qui est aussi leur principale faiblesse, est de n’être que des ripostes aux accusations proférées par les lanceurs d’alerte.
Au reste, le cœur de leur argumentation repose non pas sur la réfutation ordonnée et probante des seize accusations lancées, mais sur trois ressorts :
1) la déconsidération systématique des lanceurs d’alerte ;
2) l’éloge panégyrique du président Akinwumi Adesina qu’il faut «défendre», en raison de son leadership et de ses «bons» résultats (économiques, financiers, sociaux et notation), afin d’éloigner le risque de liquidation de la Banque.
Il s’agit donc de réunir toute l’Afrique derrière le président Akinwumi Adesina, contre les lanceurs d’alerte et les États-Unis ; 3) une réelle mobilisation diplomatico-médiatique, pour étouffer dans l’oeuf l’à l’herte ou dénaturer cette alerte.
Un tel panégyrique du président Akinwumi Adesina n’est pas sans rappeler celui d’Isocrate (380 av. J.-C.), dont le but était d’amener toutes les cités grecques à s’allier à Athènes, contre le danger perse. Les promoteurs d’Akinwumi Adesina ne font pas autre chose : rassembler toute l’Afrique, contre les États-Unis et les lanceurs d’alerte.
En quoi consiste cette triple défense ? Elle est, d’abord, de nature politique et diplomatique, organisée et promue par un prestigieux cortège de onze anciens chefs d’État africains, dont trois femmes de renommée.
Le chef de fil, très actif et persuasif, est l’ex-président Olusegun Obasanjo. Une Lettre (Déclaration) rendue publique fin mai dernier précise l’intentionnalité (ou la visée) et sa mise en œuvre : une invitation à «se lever» pour «défendre» la BAD3, en désignant l’adversaire principal, «le secrétaire américain au Trésor», sa méthode, la calomnie, puisqu’il «dénigre la Banque et bafoue l’ensemble de son système de gouvernance», et son objectif : la «fin» de l’institution bancaire, et son outrecuidance qui est «sans précédent». Cette Lettre cosignée non seulement affiche leurs arguments mais aussi dévoile le mode et l’orientation de leur raisonnement, que l’on peut résumer comme suit :
1°) pour lors, le Covid-19 est la principale affaire qui doit préoccuper l’Afrique. Or, à cet effet, le président Akinwumi Adesina a réussi à mobiliser 10 milliards USD pour le financement des plans de lutte gouvernementaux contre cette pandémie. Donc, l’Afrique doit faire bloc autour de lui, puisqu’il est efficace ;
2°) par sa « vision » (doctrine des ‘’5 grandes Priorités’’) et son « leadership », Akinwumi Adesina est parvenu :
a/ à fixer un cap à la BAD. On sait désormais où il entend conduire la Banque et, par sa crédibilité personnelle, il a redonné une très forte confiance à cette institution bancaire sur les marchés financiers, ce qu’atteste l’inédite et exceptionnelle recapitalisation (115 milliards USD) ;
b/ à promouvoir les femmes au sein de cette institution (égalité des sexes) ; c/ à mobiliser d’importantes ressources, 3 milliards USD, par le lancement d’une Obligation sociale;
3°) l’Afrique doit se rassembler pour résister et ne pas céder face aux pressions injustifiées, aux calomnies et aux injonctions de l’Administration américaine, quand bien même les États-Unis sont la première puissance mondiale, le second actionnaire (6%) de la BAD (après le Nigeria : 9%) et le principal investisseur (40 milliards USD) dans les programmes sectoriels de la BAD.
Le président en fonction de la Fédération du Nigeria, Muhammadu Buhari, réputé pour son incorruptibilité, l’Union Africaine (panafricaine) et la Cedeao (Afrique de l’ouest) ont apporté leur soutien à la démarche du groupe d’anciens chefs d’États africains et réaffirmé leur confiance à Akinwumi Adesina.
Ensuite, une défense de nature interne, c’est-à-dire intérieure à la Banque par la mise en oeuvre d’un double mécanisme : l’auto saisine du Comité d’éthique (organe de surveillance) et le Bureau du Conseil des gouverneurs. Le premier organe a rejeté, en bloc, la totalité des seize accusations des lanceurs d’alerte, en les estimant «non fondés, non corroborés et non étayés» ; et, sur ce, le second est convenu d’exonérer, totalement, le président Akinwumi Adesina.
Enfin, une défense de nature médiatique, menée à grands renforts d’oukase lors de débats télévisés. L’un des débats consacrés à cette crise interne de la BAD4 qui s’est déroulé sur la chaîne Africa 24 l’illustre bien. Deux des trois participants, François Loncle, homme politique français connu, et Jemal Taleb, avocat franco-mauritanien, ont affirmé leur soutien sans réserve aucune au président Akinwumi Adesina. Le premier, au nom d’un ‘’anti-américanisme primaire’’ (déstabilisation montée par les USA), d’une méfiance à l’égard de l’influence économique de la Chine (endettement risqué) et, quoiqu’il ne le dise pas explicitement, sur fond de reprise d’un bien vieux slogan ‘’l’Afrique aux africains’’5.
Et, fait surprenant (mais pas étonnant) pour un élu, ses jugements sur les lanceurs d’alerte sont de valeur méprisante : leur accusation, dit- il avec sérénité, est «dérisoire», constitue une «polémique vaine» et reste tout à fait «ridicule». Jugement final : «polémique ridicule». Et, sans doute en fin connaisseur de la matière, M. François Loncle énonce un effarant et effrayant jugement : «les commissions d’enquête (en France du moins) étant à charge», il est difficile voire impossible qu’il y ait de «l’objectivité» ; d’autant que «la suspicion» devenue d’un emploi facile (dans le monde) empêche une « objectivité totale».
Par conséquent, ajoute-t-il, il y a le risque d’une «instrumentalisation de l’enquête». Et, quelque peu paternaliste, il conseille même aux Africains de ne s’intéresser qu’«aux problèmes de fond». Donc, la réclamation des lanceurs d’alerte, plus exactement « la formulation de leurs accusations», n’est pas utile et moins encore nécessaire, dans l’exacte mesure où elle ne soulève qu’un problème de surface. C’est une initiative superficielle et puérile. Car l’Afrique a d’autres priorités. Chacun comprend ici que François Loncle parle du programme des ‘’5 grandes priorités’’ du président Akinwumi Adesina.
Et puisque les dirigeants africains, eux, ne savent pas comment ils devraient orienter l’Afrique, un dernier conseil : abandonner l’aide au développement et ne rechercher que des aides à l’investissement. Il fallait la trouver, ce n’était qu’à portée de mains, c’est-à-dire hors de la tête des Africains. De concert, et avec l’assurance du bedeau, Jemal Taleb accentue le plaidoyer de François Loncle, en formulant une vérité jusqu’ici inconnue : «une enquête, on peut lui faire dire ce qu’on veut».
Mourir de rire, s’exclameraient les jeunes ! Car, à cette vérité nouvelle, on peut aussitôt lui objecter : si votre assertion est vraie, alors et de facto est justifiée la suspicion des lanceurs d’alerte et du Secrétaire d’état américain quant à la qualité de l’enquête du Comité d’éthique et à la décision du Bureau des Conseils des Gouverneurs d’exonérer, dans une première réaction, le président Akinwumi Adesina.
Et si les Cyniques, Antisthène et Diogène de Sinope, étaient parmi nous, avec ironie, ils opineraient : si votre assertion est vraie, c’est-à-dire valable en toutes circonstances, pourquoi donc venez-vous d’affirmer, juste avant et avec belle assurance, que « l’enquête interne» dirigée par Takuji Yano, l’administrateur japonais de la BAD, est «favorable» au président Akinwumi Adesina?
Ainsi, «à l’insu de son propre gré», selon la célèbre formule d’un grand cycliste français, Jemal Taleb ne fait qu’énoncer un jugement contradictoire6 qui bien loin de ruiner les réserves des lanceurs d’alerte relatives aux conclusions de ces deux organes internes ne fait que conforter leur demande d’une enquête indépendante. Mais il y a plus grave encore dans les propos de Jemal Taleb.
Emboîtant le pas à François Loncle, il délégitime le principe et la force de toute en-quête. Or le principe et l’autorité de l’enquête sont le coeur et au fondement de la rationalité, aux plans juridique (le Droit) et philosophique (Socrate), comme établi depuis le fameux procès de Socrate à la faveur duquel Platon rédigera Apologie de Socrate, ouvrage dans lequel Philosophie et Droit s’empruntent les outils pour construire, précisément, ce que sont le principe et la force (de vérité) de l’enquête : l’elenchos7, la réfutation ou «le débat contradictoire».
On le voit donc bien, toute la démarche de François Loncle et Jemal Taleb tend à dévaloriser l’idée même de l’enquête, non pas seulement en pareille affaire mais plus généralement en son fondement même. Pour qui donc sait écouter et, par suite, entendre et comprendre, il y a dans les mots de François Loncle relayés par Jemal Taleb une incongruité. Et c’est un affligeant spectacle que de voir un grand élu français et un grand avocat africain formuler des africâneries au sens que nous avons conféré à cette notion dans le précédent article. En effet, l’ombre d’un instant, viendrait-il à l’idée de François Loncle de prononcer sottise pareille sur un média français ou européen ? Certainement pas.
Et s’il le faisait, il serait immédiatement invectivé, parce qu’il toucherait à l’essence de la démocratie et de la République. Alors, pourquoi donc Jemal Taleb se sent-il obligé d’approfondir ces africâneries, au lieu de s’en départir ? Pourquoi un homme de Droit, un intellectuel dont le Droit est même un métier, attaque-til ainsi le Droit ? Mesure-t-il la portée et les conséquences de ses paroles ? Cette alliance du politique et du juriste sert-il vraiment la cause du président Akinwumi Adesina?
Au fond, l’erreur de François Loncle et Jemal Taleb est de vouloir devenir le tamtam percutant de la Déclaration des onze anciens chefs d’États africains, dont ils ne font que reprendre l’argumentaire. C’est pure redondance. Ou vacarme.
Au reste, dans leur défense médiatique du président Akinwumi Adesina, il est aisé de remarquer combien et comment François Loncle et Jemal Taleb évitent, avec grand soin, de poser la problématique d’ordre éthique. Tout, sauf cela. Ils la relèguent avec condescendance. Et en face de leur dédain des lanceurs d’alerte et de l’ingérence américaine, ils organisent un dithyrambe d’Akinwumi Adesina : son autorité déplaît, uniquement parce qu’elle est celle d’un chef ; le succès historique de la régionalisation de la Banque est de son seul fait ; les comptes de résultats de la banque est son triomphe personnel, et il est le premier à l’atteindre ; sa notoriété bancaire est peu commune ; sa politique agricole est exceptionnelle et sauvera l’Afrique.
Espérons pour lui que, en matière d’intrants, ne lui éclate pas un scandale Monsanto-Roundup ; il a une vision, quand tous les autres n’en ont jamais eue ; il tient deux fronts à la fois par un haut fait d’armes : il est l’adversaire coriace des Américains (surtout de Donald Trump) et de la Banque mondiale qu’il va supplanter en Afrique ; sa gouvernance n’est en rien comparable avec celle de Donald Kaberuka (accusé au passage de complotisme et d’être allié probable des Américains) ; sans Akinwumi Adesina, l’obtention du Triple A eût été impossible ; il est l’unique à avoir créé un Forum des investisseurs ; il est le premier à réussir le lancement d’une Obligation sociale, etc., et s’il a recruté trop de compatriotes, cela n’a que bien peu d’importance ; et si, pour la remise d’un prix qui lui a été attribué, le coût du voyage de groupe au Japon a été pris en charge par la Banque, cela est tout à fait négligeable voire normal. Sacrés flatteurs !
La Bruyère a peint leur portrait8, indulgent et reluisant les vêtements mal ajustés de ceux qui ont le pouvoir et toujours sévère avec ceux qu’ils croient petits ; et Jean de La Fontaine a croqué leur caractère9. Et un proverbe latin enseigne, nous dit-on, qu’un discours trop flatteur porte avec lui son poison. Cette manière hautaine et dédaigneuse de considérer que, en matière de gestion des institutions africaines, l’éthique n’a que bien peu de valeurs est la plus grave faute des deux compères. Elle peut même donner à penser que tout ou partie des accusations des lanceurs d’alerte est vrai. Car ils n’expriment en réalité qu’une crainte ; celle qui est au fond d’eux-mêmes, à savoir que même si les accusations étaient fondées il faudrait les écarter d’un revers de main ou d’un coup de menton.
À entendre nos deux flatteurs, tout se passe comme s’ils plaidaient pour une sorte d’immunité présidentielle au profit d’Akinwumi Adesina. Car enfin si les seize accusations lancées sont une quantité négligeable, pourquoi donc tant redouter une «enquête indépendante» ? Appelons autrement la question : comment, d’avance, un élu et un avocat peuvent-ils estimer «ridicule», «vaine» et «dérisoire» une en-quête qui est la seule pierre de touche ? Que protègent-ils ?
Mais allons plus avant, accordons de la valeur à leur jugement. Le dérisoire, le ridicule et la vanité des accusations ne ressortiraient-ils pas avec plus d’éclat, de vérité et de force, s’ils étaient le résultat d’une « enquête indépendante » et non celui d’une évaluation du Comité d’éthique ? Pourquoi cette peur immense du Droit ? Et comment imaginer et laisser croire qu’il n’y a personne, en Afrique ou dans le monde, susceptible de mener une telle investigation ? L’afro-pessimisme des deux compères est bien trop grand. La vérité, le caractère de ce-qui-se-voit, n’est-il pas, en matière de Droit, que le terme d’un processus juridique contradictoire ? Ou bien alors les deux flatteurs savent-ils trop bien la force des lanceurs d’alerte, qu’ils en redoutent les effets ? «Lancer», ici, signifie jeter sur la place publique. «Alerte», qui nous vient du vieux français à l’herte, est un appel à la garde, un signal à rester en garde.
En lançant à l’herte, les projeteurs d’alerte ne visent pas autre chose que la sauvegarde de la BAD, pour laquelle il demande à rester en garde. Ils sont aux antipodes de la «flatterie» et du panégyrique d’Akinwumi Adesina.
Sauvegarder, sauvegarder, veut dire garder de nouveau ou garder à nouveau10. C’est donc sauver la garde. Mais quelle garde veulent sauver les lanceurs d’alerte ? «Garder», c’est conserver et préserver ce qui l’est par la mémoire, selon Augustin11. Tous ceux qui, ici, ne comprennent pas la démarche et le sens authentique des lanceurs d’alerte en font un objet de psychologie de bas étage : jalousie, rancœur, aigreur, etc. Mais en vérité, les projeteurs d’alerte font œuvre de mémoire. Ils ne font que rappeler, remémorer, à qui veut écouter, la force et la valeur de l’acte de fondation qui présida à la création de la BAD. Et, nous l’avons dit et dussions-nous le répéter, si la fondation de la BAD est onusienne, donc universelle (voir article précédent), il n’est que sa création qui soit africaine, donc particulière. H. Arendt peut ici aider à saisir ce que veulent dire les lanceurs d’alerte mais qu’ils n’énoncent théoriquement. Car elle montre, en effet, comment toute fondation ne dure et ne perdure que pour autant qu’elle est augmentée : «Le mot auctoritas, dit elle, dérive du verbe augere, ‘’augmenter’’, et ce que l’autorité ou ceux qui commandent augmentent constamment : c’est la fondation»12.
Les lanceurs d’alerte ne demandent pas autre chose que la fondation de la BAD soit « augmentée», là où ils voient celleci en train d’être diminuée. La garde qu’ils veulent sauver (de nouveau) ou « augmenter » (à nouveau), c’est l’acte de fondation (onusienne) de la BAD. En raison de quoi, lorsque le cortège d’anciens chefs d’État africains en appelle à la mobilisation des Africains au prétexte d’une destruction de la BAD, ils n’expriment en réalité qu’une triple faiblesse de leur mémoire : ou bien ils ne savent pas, et c’est une méconnaissance de l’histoire ; ou bien ils ont oublié, et les historiens doivent le leur rappeler ; ou bien encore, le sachant, ils feignent de ne pas le savoir.
En tous les cas, c’est bien à tort qu’ils croient que la fondation est africaine, alors qu’elle est onusienne, universelle. Et si François Loncle et Jemal Taleb se répandent dans les médias avec autant de mépris, c’est qu’eux aussi ne connaissent pas l’histoire des origines de la BAD. Pour reprendre une distinction catégorielle chère à Hannah Arendt, et qu’elle exprime avec grande clarté dans La crise de la culture, dans une œuvre, écrit-elle, que celle-ci soit politique ou d’une autre nature, nous ne devons pas en confondre l’auteur et l’acteur, quand bien même les deux notions ont la même racine. S’agissant de la BAD, l’ONU en est l’auteur et les États africains les acteurs. «Pour comprendre plus concrètement ce que voulait dire le fait de détenir l’autorité, dit H. Arendt, il n’est pas inutile de remarquer que le mot auctores peut être utilisé comme le contraire d’artifices, qui désigne les constructeurs et les fabricateurs effectifs, et cela précisément quand le mot auctor signifie la même chose que notre ‘’auteur’’ […] L’auteur […] n’est pas le constructeur mais celui qui a inspiré toute l’entreprise et dont l’esprit, par conséquent, bien plus que l’esprit du constructeur effectif, est représenté dans la construction elle-même.
À la différence de l’artifex, qui l’a seulement faite, il est le véritable ‘’auteur’’ de la construction, à savoir son fondateur ; avec elle il est devenu un ‘’augmentateur’’ de la cité»13. Il est donc erroné et, cette fois-là, vraiment « ridicule » de vouloir jouer à plus africain que les lanceurs d’alerte ou tout à fait burlesque de faire croire que l’on est plus ami et soucieux de l’Afrique que ces lanceurs d’alerte. Au demeurant, le lanceur d’alerte exerce une fonction sociale, qui diffère de la diffamation, de la délation ou de la trahison. Il interpelle, en public, afin que chacun puisse estre à l’herte, c’est-à-dire sur ses gardes.
Dans le monde, une soixantaine de pays en sont arrivés à protéger cette fonction, par la loi. Et en créant dans son organisation interne un tel dispositif, la Banque Africaine de Développement n’a fait que se conformer à une doctrine juridique, à une nécessité de transparence dans sa gestion et à une pratique qui, inéluctablement, se répand. Par conséquent, nous ne devons ni mépriser ni moquer les lanceurs d’alerte mais se satisfaire de leur présence. Mais alors pourquoi, lançant leurs terribles accusations, ont-ils choisi de garder l’anonymat ? C’est une option.
Et espérons qu’ils s’afficheront bientôt au grand jour. Cependant, nous savons qu’il s’agit d’un collectif composé d’employés. Ils ne sont donc pas si anonymes que cela. Leur statut est connu mais pas leur nom. Le mot an-onymat signifie « sans nom », ou qui ne recherche pas de « renom », par le fait de masquer son identité. Et puisqu’ils sont au pluriel, ils forment une société anonyme, c’est-à-dire dont le nom n’est pas connu du public. Ils sont connus comme membres du personnel sans être identifiés comme personnes.
La technique est ancienne et, dans la plupart des cas, vise à éviter une sanction disciplinaire, des fois un fichage (Francs-Maçons) ou prévenir une censure (auteurs) par l’usage du pseudonyme ou de l’hétéronomie. Ont-ils eu tort de se prémunir par l’anonymat, quand on voit le déchaînement diplomatique, les oukases médiatiques et le parti-pris précipité du Comité d’éthique ? Ils n’ont fait qu’appliquer l’une des recommandations de Sun Tzu. En tous les cas, les lanceurs d’à l’herte viennent d’enregistrer une série de trois victoires. La première : désormais, tout Président ou Présidente de la BAD saura qu’il peut faire l’objet d’une à l’herte.
La seconde : pris entre deux feux, le Bureau du Conseil des Gouverneurs a dû admettre la nécessité d’une «revue de l’enquête» ; ce qui sans déjuger les anciens chefs d’États ne leur donne pas pour autant raison. La troisième : l’opinion publique africaine semble favorable à l’idée d’une enquête indépendante. Car, plus que jamais, les peuples africains réclament des dirigeants exemplaires. Et ils n’ont pas tort.
Seule l’exemplarité confère de l’autorité à une fonction et à une institution. Ainsi, m’en souvient-il, lorsqu’Amadou Mathar M’Bow engagea, en 1987, son épreuve de force pour un nouveau mandat à la tête de l’Unesco, une seule raison, un seul motif, me conduisit alors à m’engager totalement. Lequel donc ? Cette simple note blanche des services de Renseignements français : « cet homme n’est corruptible ni par l’argent, ni par les femmes ». Mieux que Wangrin, Amadou Mathar !
Épinay-sur Seine, le 20 juin 2020
1 P. F. Tavares, La BAD : Africanité ou Africânerie ?
2 Olusegun Obasanjo (Nigeria : 1999 – 2007), Thomas Boni Yayi (Bénin : 2006 – 2016), Haile Mariam Dessalegn (Éthiopie : premier ministre, 2012 – 2018), John Agyekum Kufuor, (Ghana : 2001 – 2009), Ellen Johnson Sirleaf (Liberia, 2006 – 2018), Joyce Banda (Malawi : 2012 – 2014), Joaquim Chissano (Mozambique : 1986 – 2005), Mamadou Tandja (Niger : 1999 – 2010), Jonathan Goodluck (Nigeria : 2010 – 2015), Mohamed Marzouki (Tunisie : 2011 – 2014), Benjamin William Mkapa (Tanzanie : 1995 – 2005), Ameenah Gurib-Fakim (Maurice : 2015 – 2018), Rupiah Banda (Zambie : 2008 - 2011), Kgalema Petrus Motlanthe (Afrique du Sud : 2008 - 2009) et Jakaya Mrisho Kikwete (Tanzanie : 2005 – 2015).
3 Le point Afrique, La Banque africaine de développement lance une enquête indépendante sur son président, 5 juin 2020.
4 Polititia, Focus sur la Banque Africaine de Développement, 13 juin 2020.
5 François Loncle : « C’est aux Africains de régler le problème et non aux Américains ». L’ironie, ici, tient dans le fait que c’est un Européen, un non-Africain, qui formule le conseil (gratuit bien sûr) aux Africains.
6 P. F. Tavares, La Méthode Zemmour, Amazon, Paris, 2020.
7 Platon, Apologie de Socrate, introduction et traductions inédites de Luc Brisson, 3ème édition corrigée, Flammarion, Paris, 2005, p. 18.
8 La Bruyère, De la flatterie, in Discours sur Théophraste, Les Caractères, coll. La Bibliothèque dirigée par Jean d’Ormesson, Le Figaro et Éditions Garnier, Paris, 2010, pages 34 à 36.
9 Jean de La Fontaine, Le corbeau et le renard.
10 P. F. Tavares, Kierkegaard dans La Reprise.
11 P. F. Tavares, Saint Augustin, entre Mémoire et Souvenir, Pour une ontologie du Sous-Venir.
12 H. Arendt, Op. Cit., p. 160. 13 H. Arendt, La crise de la culture, Gallimard, Paris, 1972, p. 161.
Thiès totalise 454 cas positifs
De l’apparition de la pandémie du coronavirus au Sénégal à maintenant, la région médicale de Thiès totalise 454 cas positifs dont 194 guéris ; 9 décès, 57 contaminations en provenance de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD), un évacué à l’étranger et 189 sous traitement suivis par la région. S’agissant des chiffres publiés hier par le ministère de la Santé et de l’Action Sociale, dans le cadre de la situation du jeudi, la région compte 39 cas positifs sur 235 prélèvements effectués. Il s’agit de 15 cas importés à l’AIBD, 21 cas contacts suivis par les services médicaux régionaux et 3 cas issus de la transmission communautaire. La région a par ailleurs enregistré un nouveau décès lié à la Covid19 et zéro patient guéri.
Kaffrine accueille 03 malades de Covid19 de Kaolack
La région de Kaffrine est au vert. Les quatre cas de Covid-19 qu’elle avait enregistrés sont déclarés guéris. Toutefois, le personnel médical du Centre de Traitement des Epidémies (Cte) de Kaffrine ne chôme pas. Le Cte de Kaolack qui est apparemment débordé, a transféré trois malades de Covid-19. En effet, le district sanitaire de Kaolack a enregistré depuis le début de la pandémie 33 cas dont 26 sous traitement. Quant au district de Nioro du Rip (région de Kaolack) qui compte au total 4 cas, un seul est hospitalisé.
Fatick compte 26 cas de covid-19
La situation de la pandémie de la Covid-19 est de plus en plus inquiétante à Fatick. En effet, la région compte à ce jour 26 cas de coronavirus. Il s’agit de 18 cas contacts dont 13 élèves gendarmes, deux femmes enceintes et 08 cas importés dont 03 provenant de la sous région. Il s’agit plus précisément de la Sierra Léone. Pourtant, la région a été épargnée par la pandémie. Elle fait partie des dernières à être touchées par la Covid-19.
Condoléances de la Ligue Démocratique
En deux jours, le Sénégal perd deux éminents guides religieux et grands serviteurs de l’Islam. La Ligue Démocratique (LD) a appris avec «tristesse» les décès successifs de deux figures marquantes de l’Islam et de la confrérie Tidjane à savoir Serigne Pape Malick Sy (porteparole du Khalife général des Tidjanes) et Baye Cheikh Ahmed Tidiane Seck (khalife général de Thianaba). D’après le porte-parole des jallarbistes, Moussa Sarr, le khalife de Thianaba, Baye Cheikh Ahmed Tidiane Seck était un fervent serviteur de Dieu aux qualités et aux valeurs reconnues par tous. Idem pour le porte-parole du khalife général des Tidjanes qui s’était illustré par sa maîtrise des principes islamiques, son éloquence et sa disponibilité à l’égard de toutes les confréries religieuses du pays, souligne Moussa Sarr.
La Douane interpelle deux personnes avec de la cocaïne
La Douane est devenue incontournable dans la lutte contre le trafic de drogue. La brigade mobile n°2 de la Subdivision des Douanes de Dakar-extérieur a fait une belle prise hier à Dakar. Les gabelous ont interpellé, jeudi dernier dans l’après-midi, un individu détenant par devers lui 19 petits sachets de cocaïne pure. Il est tombé dans les filets de la Douane lors d’un contrôle de routine de véhicules sur la voie publique. En effet, les agents de Douanes en service ont remarqué et filé un véhicule de marque Toyota dont la plaque d’immatriculation a éveillé leurs soupçons. Alors, ils ont sommé le chauffeur de s’arrêter ; ce que ce dernier a refusé. Selon le Bureau des Relations Publiques des Douanes, le suspect a foncé à vive allure, mettant en danger la vie de l’un des agents. Il s’en est suivi une course-poursuite vers les Almadies. Mais il n’a pu échapper. Les douaniers ont réussi à immobiliser le véhicule et appréhender le chauffeur dans les ruelles de la Cité Biagui. En plus de la cocaïne, ajoute la même source, la fouille du véhicule et du chauffeur a permis de découvrir plusieurs documents dont un important lot de cartes bancaires. Le prévenu a révélé que la cocaïne appartenait à une personne de nationalité étrangère. Cette dernière a été arrêtée à son tour. Tous les deux sont en garde à vue.
Le présumé meurtrier de Binta Camara risque la perpétuité
La chambre criminelle de Tambacounda a examiné la seconde affaire qui avait ému et consterné les Sénégalais dans leur globalité. Il s’agit du meurtre de Binta Camara, fille du Directeur Général de l’Agence pour le Développement Local (ADL), l’année dernière. Son présumé meurtrier a été appelé à la barre hier pour répondre de ses actes. La partie civile a chargé Pape Alioune Fall qui, dit-elle, a prémédité son acte barbare. Selon les avocats, Pape Alioune Fall a bien mûri sa tentative de viol avant de mettre fin à la vie de Binta Camara. Mais pour les conseils de la défense, notamment Me Ciré Clédor Ly, le tribunal doit requalifier les faits en coups et blessures occasionnant la mort. Ils sollicitent une peine allant de 2 à 5 ans. Convaincu que la culpabilité de Pape Alioune Fall ne souffre d’aucun doute, l’avocat général a requis la perpétuité. Ce dernier sera fixé sur son sort le 2 juillet prochain.
Un 3e décret sur l’honorariat du président de la CESE
Finalement, on est à trois décrets, tous portant sur l’honorariat de l’ancien président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE). En effet, il est publié dans le Journal Officiel (JO) N°7330 du vendredi 19 juin 2020, une troisième version du même décret différente de celle rendue publique par Yakham Mbaye. Et le leader de la République des Valeurs, Thierno Alassane Sall, de se demander à juste titre : «Quel crédit accorder à cette session de rattrapage pour repêcher le Décret N° 964 du 17 avril 2020, enfin publié le 19 juin au JO?», soit trois semaines après les référés et recours du CRD auprès de la Cour Suprême? » Pour lui, la République est en danger parce qu’elle est discréditée chaque jour par les tenants du pouvoir. Se voulant formel, le juriste Seybani Sougou soutient que le décret publié par Yakham Mbaye est un faux. Il estime que si la Cour suprême n’annule pas le décret antidaté n°2020-964 instituant l’honorariat publié au JO du vendredi 19 juin 2020 ainsi que le décret n°2020-976 publié au JO n°7307 du 29 avril 2020 accordant le statut de présidente Honoraire du CESE à Mme Aminata Tall, les Sénégalais peuvent dire «Adieu à leur justice» sous le magistère de Macky Sall.
Célébration Journée internationale de la drogue
Le Centre Jacques Chirac de Thiaroye a abrité hier la célébration de la Journée internationale de la drogue. Le thème de cette année est : «Une meilleure connaissance pour de meilleurs soins : Quel effet sur la stigmatisation des usagers ?» A cause de la pandémie de la Covid-19, l’événement s’est tenu dans la sobriété. Les organisateurs ont présenté des vidéo à travers les réseaux sociaux pour faire le point sur les interventions et les financements des programmes de lutte contre le fléau.
Les syndicats en deuil
Le mouvement syndical est en deuil. En effet, l’une des figures de la classe ouvrière, Seyni Mbaye Ndiaye, par ailleurs secrétaire général de la centrale Udts/Forces ouvrières, est décédé hier des suites d’une courte maladie. Il a été inhumé au cimetière musulman de Thiaroye/Mer, localité d’où il est originaire. Beaucoup de syndicalistes et d’habitants de ce quartier ont fait le déplacement pour accompagner Seyni Mbaye Ndiaye à sa dernière demeure et lui rendre hommage. Ses camarades de l’Udts/Fo par la voix de son adjoint Amadou Samb, promettent de poursuivre la lutte syndicale afin de perpétuer de son legs. Décrit comme le défenseur de la classe ouvrière, il est décédé à l’âge de 66 ans.
Le chargé de Com du ministre de l’Intérieur positif à la Covid-19
Le ministère de l’Intérieur est infesté par le coronavirus. Le responsable de la Communication du département dirigé par Aly Ngouille Ndiaye a été testé positif au coronavirus. D’ailleurs, c’est le concerné luimême qui en a fait l’annonce sur sa page Facebook. Maham Ka révèle que suite à la contamination à la Covid-19 d’un de ses collègues, membre du cabinet, lui aussi a été finalement testé positif, il y a quelques jours ainsi que certains de ses collègues. Toutefois, M. Ka rassure qu’il est bien pris en charge dans un centre hospitalier de Dakar par un personnel de santé dévoué et professionnel. A l’en croire, sa famille est également en sécurité. Maham Ka demande à tout un chacun de continuer le combat, car la maladie est toujours là.
Réplique de l’organe de gouvernance de l’ASBEF
L’organe de gouvernance de l’Asbef n’a pas perdu de temps pour répliquer au Comité intérimaire de gouvernance de l’Asbef qui pense que la directrice exécutive et son équipe doivent débarrasser le plancher suite à la décision de justice. Il reconnaît, toutefois, que l’Asbef a reçu une notification d’ordonnance de mise sous administration provisoire, à la suite de laquelle le Comité exécutif national a interjeté appel. Pour le camp de la Directrice Exécutive Myriam Makéba Mingou, cette décision du juge a été motivée par une version erronée des faits de Patrick de Souza, candidat malheureux à l’élection. C’est pourquoi, dit-il, grande a été la surprise du Comité exécutif national de voir le choix porté sur Mme Aïda Soumaré parce qu’il y a une procédure initiée par l’Asbef contre elle. Pour eux, Mme Soumaré n’est plus volontaire de l’Asbef. L’organe de gouvernance de l’Asbef précise par ailleurs que Aïda Pouye, qui se présente tantôt comme un volontaire tantôt comme porteparole du collectif des travailleurs de l’Asbef, est un imposteur. Il l’accuse d’être au service d’une autorité institutionnelle pour semer le désordre.
KEMI SEBA NE SE RECONNAIT PAS DANS LE BLACK LIVES MAATTER
Le controversé activiste "anticolonialiste" français d'origine béninoise, a prôné vendredi, lors d'une apparition en France, un "Black Power" centré sur l'identité africaine, incompatible selon lui avec les revendications du mouvement "Black Lives Matter"
Le controversé activiste "anticolonialiste" français d'origine béninoise Kémi Séba, a prôné vendredi, lors d'une très rare apparition en France, un "Black Power" centré sur l'identité africaine, incompatible selon lui avec les revendications du mouvement "Black Lives Matter".
"Un bon nombre d'afro-descendants ne se sentent pas représentés par cette terminologie de +Black Lives Matter+, qui revient à dire +Eh les blancs, la vie des noirs comptent", a estimé lors d'une conférence de presse M. Séba, qui juge ce mot d'ordre du mouvement de contestation parti des Etats-unis "victimaire".
"Assa Traoré est notre sœur, mais nous disons clairement que le processus d'intégration dans lequel elle s'inscrit, notamment avec la France Insoumise, on ne se reconnaît pas dedans", a-t-il déclaré au sujet de la figure de proue actuelle de la mobilisation antiraciste en France.
Kémi Séba est l'ex-leader du groupuscule raciste et antisémite Tribu Ka, dissout en 2006. Passé de l'entourage de Dieudonné à l'"afrocentrisme", il anime aujourd'hui le mouvement Urgences panafricanistes, très suivi sur les réseaux sociaux, qui appelle à "l'autodétermination des afro-descendants".
Le militant, qui porte toujours un imposant collier en bois représentant le continent africain, a lancé un appel à ses militants à organiser une campagne pour "décoloniser les rues africaines".
Son mouvement a annoncé soutenir sous forme de bourses, d'éventuelles actions coups de poing dans les semaines à venir contre les symboles hérités, selon lui, de la période coloniale.
"Nous ne sommes pas obsédés par la volonté de détruire des statues dans la France mais sur le continent africain, nous allons chasser tous les symboles qui portent des noms coloniaux", a avancé M. Séba.
Une centaine de personnes sont venues vendredi soutenir le militant, dont les rappeurs Stomy Bugzy et MC Jean Gab'1.
"Il me parle lorsqu'il nous appelle à redevenir nous-mêmes, à décoloniser nos esprits et à réussir à être comme les autres communautés, que ce soit la communauté chinoise, maghrébine ou juive, qui a réussi à être forte et à s'auto-organiser", a ainsi commenté auprès de l'AFP Stomy Bugzy.
Kémi Séba, de son vrai nom Stellio Capochichi, a été plusieurs fois condamné en France pour incitation à la haine raciale.Il s'est illustré ces dernières années en menant une fronde contre le franc CFA, qu'il considère comme un leg de la politique coloniale de la France.
M. Séba a régulièrement été interpellé ou expulsé de pays comme la Côte d'Ivoire, le Sénégal ou la Guinée.