SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
5 juillet 2025
Par Lena Savelli
FAIRE FACE A LA COVID-19 ET RECONSTRUIRE EN MIEUX
Alors que nous fêtons le 75ème anniversaire de la Charte des Nations Unies, ce 26 juin 2020, le monde est confronté à un des plus grands défis de son histoire, eu égard à l’ampleur et aux conséquences de la pandémie de COVID-19.
Alors que nous fêtons le 75ème anniversaire de la Charte des Nations Unies, ce 26 juin 2020, le monde est confronté à un des plus grands défis de son histoire, eu égard à l’ampleur et aux conséquences de la pandémie de COVID-19.
La COVID-19 menace de compromettre les progrès accomplis par les pays dans la réalisation des Objectifs de développement durable contenus dans l’Agenda 2030, tout comme ceux fixés pour les pays africains, dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine. La pandémie est plus qu'une crise sanitaire ; elle est une crise économique, sociale, humanitaire, une crise de sécurité et des droits de l'homme, mais surtout une crise humaine, qui nous touche en tant qu'individus, en tant que familles, communautés et sociétés. Au peuple Sénégalais, nous exprimons toute notre compassion en ces moments difficiles et présentons nos condoléances pour tous ceux qui nous ont quitté.
La COVID-19 vient nous rappeler d’une part, l’obligation de renforcer la coopération et la solidarité internationale et d’autre part la nécessité de faire face et de reconstruire ensemble un monde meilleur. A ce propos, le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres a appelé à une réponse multilatérale à grande échelle, coordonnée et globale. Le Sénégal, sous le leadership du Chef d’d’Etat et du Ministre de la Santé et de l’Action Sociale, bien avant l’apparition du premier cas, a pris des mesures pour apporter une réponse efficace à la pandémie.
Très vite, le Système des Nations Unies s’est mobilisé en fournissant un appui intégré à la réponse nationale, tirant parti des avantages comparatifs de ses agences, fonds et programmes spécifiques, présents au Sénégal. Faire face… Il s’est agi dès le début de la crise d’accompagner le Gouvernement pour parer aux priorités, notamment surmonter l'urgence sanitaire et mettre en œuvre des mesures rapides de sauvetage économiques et sociales.
En plus du renforcement du Système de Santé, à travers un appui technique, la surveillance épidémiologique, la mise aux normes des structures d’accueil, mais également de la prise en charge des plus vulnérables, la contribution des Nations Unies au Sénégal s’est déployée dans des domaines aussi divers que la continuité de l’administration, l’éducation, la surveillance des frontières, l’aide alimentaire, la communication communautaire, l’emploi, l’appui logistique au pays, etc. Un Plan de préparation et de réponse à la COVID-19, a très vite été mis en place, avec un financement de près de 120 milliards de FCFA, dont plus de 91 milliards déjà mobilisés dès la fin du mois de mars. Alors que nous avons franchi la barre des 6000 cas et que les impacts socio-économiques de la COVID-19 ont clairement des conséquences importantes sur la vie des familles et des communautés, le Système des Nations Unies au Sénégal, continue de se tenir aux côtés du Gouvernement et des populations, en particulier les plus vulnérables d’entre elles, pour faire face à pandémie et la vaincre.
Reconstruire en mieux… ensemble !
La COVID-19 n’a pas rendu les armes et continue, au Sénégal comme ailleurs, à avoir des effets dévastateurs. Outre la souffrance humaine immédiate causée par la maladie elle-même et la perte des moyens de subsistance de millions de personnes, la pandémie a également mis en évidence plusieurs vulnérabilités majeures, qui ne sont d’ailleurs pas propres au Sénégal. En effet, la crise économique mondiale ne manque pas d’impacter le pays, compte tenu de l’interconnexion mondiale, qui a facilité la propagation rapide de la pandémie. La crise a mis à jour, la précarité des chaînes de valeur mondiales longues et complexes, qui font que de nombreux pays ont eu du mal à se procurer des fournitures médicales et d’autres fournitures stratégiques.
Les inégalités sociales ont été exposées et rapidement exacerbées par la perte massive mais inégale d'emplois. Au Sénégal, comme dans beaucoup de pays Africains, le secteur informel, qui représente une part importante des actifs, a été rudement touché, tout comme le monde rural. Les femmes, les enfants, les migrants et les personnes âgées sont également très impactés par les effets socioéconomiques de la pandémie. Aussi, même si la crise actuelle n’est pas la première à mettre en évidence les fragilités que nous observons, la profondeur et l'ampleur des circonstances actuelles ont placé la question de la résilience et de la préparation en tête des préoccupations. Ces vulnérabilités mises au jour sont d’autant plus préoccupantes, qu’elles sont à penser à la lumière d’autres menaces toutes aussi pugnaces, que sont la crise environnementale, les risques sécuritaires, la pauvreté, l’insécurité alimentaire, la malnutrition, etc. Ces enjeux sont du reste, ceux portés par les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies, dont la réalisation s’avère avec la crise de la COVID-19, plus jamais nécessaire.
Pour mieux reconstruire et faire face non seulement à la COVID-19, mais à d’autres crises qui vont inéluctablement survenir, nous avons ensemble la responsabilité et l'intérêt de ne pas seulement rechercher des mesures à court terme, mais nous devons sereinement et avec clairvoyance, interroger les insuffisances et manquements qui ont conduit à la crise actuelle, afin de les corriger. La récupération est l'occasion de lutter contre les inégalités, l'exclusion, les lacunes des systèmes de protection sociale, la crise climatique et les autres fragilités et injustices qui ont été mises à nu par la pandémie. Cet exercice ne pourra faire l’économie d’une meilleure prise en charge des préoccupations et de l’intégration des femmes et des jeunes, dans les processus de prise de décision et la définition des politiques. Nous nous réjouissons qu’ici au Sénégal, le Gouvernement ait très tôt intégré ces aspects dans sa politique et ses plans de développement et nous saluons les efforts constants dans ce sens. Pour mieux reconstruire, nous devrons améliorer l'accès aux fournitures médicales, ainsi que réduire les droits de douanes qui leur sont appliqués. Les petites et moyennes entreprises devront également être protégées, par exemple en tirant parti des possibilités offertes par l'économie numérique et en élargissant l'accès aux technologies.
La COVID-19 nous aura également montré la nécessité d’accélérer l’industrialisation en Afrique pour produire dans nos pays, les produits de base et mieux faire face aux chocs mondiaux. Nous devrons en outre mieux protéger les personnes vulnérables, les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les migrants, les réfugiés et les personnes déplacées. Toutes ces nouvelles politiques et initiatives qui renforcent les systèmes de santé, améliorent la protection sociale et la situation économique, doivent être déployées à travers des voies respectueuses du climat et des droits de l’homme.
La COVID-19 nous aura appris l’importance d’anticiper sur les défis ; par exemple partout dans le monde, l'accent a été mis sur la prévention, les investissements et les changements de comportement, entraînant une exposition réduite et à une résilience accrue. Aussi, qu’il s’agisse de la question climatique ou des risques d’apparition d’autres pandémies, c’est en anticipant que nous réduirons les risques et les surmonterons. C’est également en faisant en sorte que la coopération au développement s’efforce de renforcer la résilience à long terme, pour permettre aux pays de se préparer à faire face aux risques prévus et imprévus.
La COVID-19 s’est imposée à nous de manière inattendue et foudroyante. Sortir de cette crise nécessitera une approche concertée, intégrée par les individus, les familles, les sociétés, les gouvernements et la communauté internationale ; une approche motivée par la compassion et la solidarité. A nous de faire de cette crise une opportunité pour construire un meilleur monde, plus juste, plus équitable. C’est à cela que s’engage le Système des Nations Unies au Sénégal, aux côtés du Gouvernement, des partenaires et des populations, pour que personne ne soit laissé pour compte.
En ce jour anniversaire de la Charte de Nations Unies, dont la raison d’être a été de sauver les générations futures du fléau de la guerre, de réaffirmer la foi dans les droits humains fondamentaux, de lutter contre l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, mais également entre les nations, grandes et petites, de promouvoir la justice, le progrès social et de meilleures normes de la vie dans une plus grande liberté, le Système des Nations Unies au Sénégal réaffirme son engagement. Faites entendre votre voix sur l’avenir que vous souhaitez, en participant à la plus grande consultation jamais organisée à l’échelle mondiale. Prenez une minute pour donner votre avis à l’ONU : https://un75.online/?lang=fre
Par Cheick Sakho
LE RETARD DU FOUTA
De tous les anciens royaumes qui forment aujourd’hui le Sénégal, il nous semble que le Fouta Tooro est celui qui a le plus du mal à entretenir sa mémoire
Le meurtre raciste du jeune afro-américain Georges Floyd perpétré par un policier blanc le mois dernier a plongé le monde dans un profond émoi. Des manifestations sont organisées un peu partout montrant ainsi la grande capacité d’indignation de toutes les personnes éprises de justice. Ce malheureux événement a eu des répercussions à travers le monde ; des mouvements « Black lives matter » essaiment.
De jeunes activistes, en particulier africains montrent une volonté d’en finir avec tous les symboles de l’esclavage, de la colonisation et de toute autre forme d’oppression. C’est dans ce contexte qu’une statue de Léopold II a été déboulonnée à Bruxelles et un poteau funéraire originaire du Tchad arraché dans un musée parisien.
Au Sénégal, le débat sur la statue de Louis Faidherbe qui trône à Saint-Louis agité un moment, ces dernières années, a refait surface. En effet, il est difficile de comprendre que 60 ans après les Indépendances, on continue d’entretenir la mémoire de l’ancien gouverneur colonial alors que Siidiya Ndatté Yalla, qui a défendu au prix de sa vie le Waalo, terre de ses ancêtres sur les lesquelles l’ancienne capitale de l’AOF a été érigée, est tombé dans l’oubli, amputant ainsi cet ancien royaume du Sénégal d’un pan important de son histoire. Le cas de ce prince du Walo est, cependant, loin d’être isolé, car au Cayor si Lat-Dior a donné son nom à un stade de Thiès, qui se souvient aujourd’hui du jeune ajoor Diéri Dior Ndella et/ou de son fidèle ami Sarithia Dièye, en particulier de leur acte héroïque dans le bureau du gouverneur Chautemps, le 7 avril 1904 ?
Cependant, de tous les anciens royaumes qui forment aujourd’hui le Sénégal, il nous semble que le Fouta Tooro est celui qui a le plus du mal à entretenir sa mémoire. En effet, si ailleurs des écoles, des rues, des avenues, des places publiques, des édifices portent les noms de personnages historiques (Stade Lat-Dior, Lycée Bour Sine Coumba Ndofen, Lycée Alboury Ndiaye, Lycée Maba Diakhou, École Ndaté Yalla, Lycée Ahoune Sané, Lycée Alpha Molo, etc.), le Fouta Toro semble avoir pris l’option de gommer de sa mémoire le souvenir des hommes et des femmes qui ont fait son histoire. En effet, à notre connaissance, seuls El hadj Omar et Thierno Sileymane Baal ont connu un meilleur sort pour avoir donné leurs noms à des écoles respectivement à Saint-Louis et à Dakar (hors du Fouta), encore que pour le second, il s’agit d’une école privée ; l’initiative relevant alors de l’unique volonté de l’entrepreneur.
Force est donc de constater que le Fouta Toro est en retard sur ce plan ; il ne s’agit pas ici, en effet, de déboulonner des statues (car il n’y en a pas puisque notre religion l’interdit), ni débaptiser (rien ou presque n’a été baptisé pour être débaptisé) mais bien de baptiser.
Pourtant, ce ne sont pas des édifices, des places ou des routes qui pourraient porter leurs noms qui manquent dans la zone. Entre autres, nous pouvons retenir : -la RN2 (en réhabilitation) qui traverse l’ancien royaume de part en part pourrait par exemple porter le nom de Koly Tengalla qui a fédéré les sept provinces pour fonder le Grand royaume du Fouta Tooro au début 16e siècle ; comme elle pourrait prendre le nom de Samba Guéladjo, le plus illustre des princes deeniyanké, héros d’un grand récit épique ; ou encore celui de Thierno Siléymanie Baal, l’initiateur de la révolution des tooroodo, en souvenir de sa longue procession sur Horkayéré, alors capitale des satigi, ou bien celui d’Abdoul Qaadiri Kane premier almaami du Fouta Toro, ou enfin celui d’Elhadj Omar (Sayku Umaar, diraient les gens du Fouta) pour son envergure historique et son aura ;
-la préfecture de Podor pourrait, quant à elle, portait le nom de Baïdy Kacce Pam en souvenir de son acte de bravoure, lui qui, révolté par le comportement de ses compagnons, tua le commandant AbelJandet, le 10 septembre 1890 ;
-le lycée de Mboumba celui de Ibra Almaami et la caserne des sapeurs-pompiers de Pete, le nom de Mamadou Silèye (ces deux alliés éternels se sont battus pour préserver le Law et Yirlabe-Hebiyabe, leurs provinces respectives de toute domination);
-la gouvernance de Matam celui d’Abdoul Bocar Kane qui, avec son armée que Sékéné Mody Cissokko qualifie « d’orgueilleuse jeunesse du Bosséa » a dédié sa vie à la défense du Bosséa et du Ngenar et tout ayant comme projet de recréer l’unification du grand royaume du Fouta Toro ;
-la préfecture de Kanel celui de Alpha Oumar Thierno Baïla, le fidèle compagnon d’Elhadj Omar ;
-la brigade de gendarmerie de Ranérou (et là nous sommes au Ferlo) le nom d’Amadou Sampolel grand défenseur des fulɓe mbaalɓe et de leur bétail. Ce ne sont là que quelques pistes de réflexion que d’autres plus avisés que nous sur la question pourraient approfondir ; notre intension étant juste d’attirer l’attention sur un fait qui nous parait anormal et de susciter le débat. Il est, à notre avis, plus que temps de corriger ce grave manquement.
La réhabilitation de ces figures historiques est un devoir. Le souvenir de leurs actions doit être imprimé dans les mémoires des plus jeunes qui, pour la plupart, ignorent jusqu’à leurs noms.
LA GUINEE DIT NIET AU SENEGAL
La Guinée organisera toute seule la Coupe d’Afrique des Nations (Can) à 24 équipes en 2025. L’information a été donnée par Sanoussy Bantamba Sow, malgré la volonté du Sénégal de pouvoir organiser cette compétition africaine à deux.
La Guinée s’oppose à l'idée d'une co-organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 avec le Sénégal. Le refus a été exprimé par le ministre guinéen des Sports, Sanoussy Bantamba Sow, au terme d’une rencontre avec des membres du comité d'organisation de la CAN.
La Guinée organisera toute seule la Coupe d’Afrique des Nations (Can) à 24 équipes en 2025. L’information a été donnée par Sanoussy Bantamba Sow, malgré la volonté du Sénégal de pouvoir organiser cette compétition africaine à deux. «La Guinée n’a jamais organisé une CAN.
On va le faire et on ne se cachera pas derrière quelqu’un pour ça. Nous pourrons l’organiser en 2025.Oui, c’est un méga projet, mais il permettra la création de beaucoup d'emplois, le développement du sport», a indiqué le ministre des Sports au terme de la rencontre avec les membres du comité d’organisation de la compétition. Au lendemain de la tenue à Dakar des CAF Awards, le président de la Fédération sénégalaise de football, Me Augustin Senghor, avait suggéré que le Sénégal et la Guinée pourraient s’entendre pour une co-organisation de la CAN 2025. Ce qui serait une bonne chose pour les deux pays.
Lors d'une interview accordée récemment à la plateforme de l’Association Nationale de la Presse Sportive du Sénégal (ANPS), le patron du football sénégalais avait, à nouveau, réitéré cette volonté. Mais les autorités guinéennes ne sont pas emballées par cette idée. «Je vous promets que je ferai l'impossible, malgré la crise du coronavirus qui a freiné notre élan. Moi, je ne désespère pas», a-t-il ajouté. Par ailleurs, le ministère guinéen invite les membres du comité d’organisation à se battre pour la réussite de ce projet. «Je vous assure que nous allons réussir, c’est une équipe qui gagne. Que personne n’hésite par rapport à la réussite de ce projet !
Vouloir c’est pouvoir», a insisté M. Sow, ministre d’Etat, ministre des Sports. Alors que la Fédération guinéenne s’était dit ouverte à l’idée d’une co-organisation, le ministre des Sports, Sanoussy Bantamba Sow, ne veut pas en entendre parler. Toutefois, pour réussir cet évènement, les autorités guinéennes comptent sur la mise à niveau des infrastructures sportives du pays. Aujourd'hui, elles envisagent de construire cinq stades en plus de la modernisation des deux déjà existant, à savoir le stade Général Lansana Konté de Nongo et le stade du 28 Septembre de Conakry (capitale).
Après avoir été informé de l’agression dont a été victime une équipe de reportage de 7TV, mercredi dernier 24 juin, à Ouakam, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps), a sorti un communiqué hier, jeudi 25 juin,
Après avoir été informé de l’agression dont a été victime une équipe de reportage de 7TV, mercredi dernier 24 juin, à Ouakam, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps), a sorti un communiqué hier, jeudi 25 juin, pour dit-il, apporte toute sa solidarité à l’organe touché et en même temps, se constituer partie civile, suite à la plainte déposée auprès de la Gendarmerie contre les agresseurs et leur commanditaire par la direction générale de 7TV.
Le Cdeps s’insurge contre le fait que des journalistes dans l’exercice de leur profession sont de plus en plus agressés. «Encore une fois, après les agressions dont ont récemment été victimes nos confrères de l’antenne RFM de Mbacké et le Directeur de publication du quotidien Wa Grand-Place, les journalistes et techniciens des médias deviennent de plus en plus les cibles de personnes qui semblent agir en toute impunité.
Cette situation crée une situation d’insécurité, dont le seul but est d’empêcher les journalistes et techniciens de faire leur travail. Ce sont de nouvelles menaces pour la liberté de presse et la liberté d’expression », regrette-t-il dans la note parvenue à la Rédaction.
Face à cette situation qui perdure, il demande aux autorités de prendre les dispositions nécessaires afin de mettre un terme à la pratique. «Le Cdeps en appelle aux autorités pour garantir la sécurité publique, poursuivre les auteurs de ces violences et les traduire en justice. Il en va de la stabilité politique et sociale dans un État démocratique », prévient-il
UNE REOUVERTURE FORCEE POUR UN DIPLOME «BIAISE»
Cette fois-ci, les services de Mamadou Talla peuvent se féliciter d’avoir réussi le pari d’une reprise des enseignements pour les classes d’examens face au contexte de Covid 19.
Le rendez-vous entre enseignant et apprenant a bien eu lieu dans la région dakaroise hier, jeudi. Cette fois-ci, les services de Mamadou Talla peuvent se féliciter d’avoir réussi le pari d’une reprise des enseignements pour les classes d’examens face au contexte de Covid 19. Même si le respect des mesures barrières requiert plus de suivi, avec des masques et cache-nez enfilés dans les poches des potaches, des groupuscules formés pour le bavardage en plein air. Reportage sur une reprise au forceps des enseignements qui, si elle ne garantit pas un diplôme au rabais, peut être en tout cas à la source d’un diplôme polémique selon certains acteurs.
Pour la deuxième rentrée des classes en contexte de Covid-19, le rendez-vous enseignant-apprenant a eu lieu dans la majorité des écoles dakaroises. Hormis certains établissements qui ont été réquisitionnés par l’État dans le cadre de la distribution des kits alimentaires, à l’exemple du collège d’enseignement moyen (Cem) Hlm Grand-Yoff, le collège privé « les Pédagogues », qui se situait à quelques mètres de ce dernier, a ouvert ses portes pour accueillir ses élèves candidats aux différents examens. Ainsi, très tôt, on a pu constater la formation de groupuscules d’élèves dont plusieurs sans porter de masques se livraient gaiement à un exercice de bavardage en plein air.
Pis, ces élèves étaient tous munis de leurs masques mais bien enfoncés et froissés dans leurs poches. Pour se justifier, Souleymane Diagne évoque « la chaleur » et « l’essoufflement » comme handicap au port du cache-nez. Après avoir hoché la tête pour indiquer son accord par rapport à l’opinion de son camarade de classe, Bénédicte Sène pointera son doigt en direction d’un des professeurs dudit établissement qui avait son masque dans la main gauche et, dans l’autre main, des produits alimentaires. « Vous voyez avec moi que même les professeurs ne peuvent pas respecter ces consignes. Le masque étouffe en cette période-ci. Les salles de cours ne sont ni climatisées ni ventilées. C’est naturellement un foyer de chaleur en cette période. Alors vouloir porter un masque dans de telles conditions me semble être du suicide », a laissé entendre la jeune élève en classe de Terminale.
Opposé à cette argumentation, M. Mbaye, directeur de l’élémentaire de cet établissement scolaire n’est pas du même avis que ses apprenants partisans de « l’abandon des masques », compte tenu de la chaleur, et fait remarquer le dispositif sanitaire composé d’un thermo flash et d’une boite de gel hydro alcoolique déployé à l’entrée de l’établissement. « Nous essayons de faire de notre mieux pour faire respecter les mesures sanitaires indiquées par les autorités et éviter tout cas de contamination dans notre école », a-t-il indiqué. Non sans confirmer « qu’avec la chaleur, le port du masque n’est pas une chose plaisante » mais de soutenir, « qu’importe cette chaleur, on se doit de porter le masque pour d’abord se protéger ainsi que ceux qui sont à proximité».
Le directeur du cycle élémentaire dudit établissement n’a pas manqué l’occasion d’attester la présence de la majorité des élèves mais de renseigner « 11 cas d’absences ». Au collège catholique Hyacinthe Thiandoum, la reprise est effectivement actée. Professeurs, maîtres et élèves sont peu à rater le rendez-vous de cette reprise des cours après plus de 03 mois de vacances obligés. « J’avais hâte de venir à l’école pour retrouver les amis », a fait savoir Réné Codjo, élève en classe de 3e dans ledit établissement. Aussi, pour un des professeurs de cet établissement, « la tâche s’annonce difficile » car, « les élèves ont tout oublié. On dirait qu’ils venaient de commencer la rentrée». Et de poursuivre tout en voulant garder l’anonymat, « même avec les multiples incisions sur le programme normal par l’inspection, j’ai bien peur que les élèves ne soient pas dans les prédispositions pour continuer les cours». Même constat au niveau du Lycée Sergent Malamine Camara. D’ailleurs, certains élèves n’ont pas hésité à se débarrasser de leurs sacs pour se livrer à une partie de football devant la façade dudit lycée.
« JE NE DIRAI PAS UN DIPLOME AU RABAIS MAIS CE SERA UN DIPLOME POLEMIQUE »
Le directeur du collège Sacré-Cœur ne semble pas, lui, être enchanté ni par la couture du programme proposée par le ministère de l’Education nationale et encore moins par les horaires imposés par l’inspection. Très tôt, dans la matinée d’hier, jeudi, après avoir reçu la visite de Mamadou Talla, le chef de cet établissement avoue que « l’État a voulu reprendre coûte que coûte » mais « il y aura des répercussions sur le niveau des élèves ».
Des conséquences qui ne seraient pas des moindres, selon Marcelin Coly, car « même quand on regarde les horaires, de 09h à 14h y compris les temps de pauses, ce sera compliqué. Ça va porter préjudice aux élèves étant donné qu’il y a un gap qu’il faut nécessairement atteindre. Je ne dirai pas un diplôme au rabais mais ce sera un diplôme polémique ». Et de poursuivre : « lorsque vous regardez le réaménagement du programme proposé, vous réalisez qu’il y a des fois plus de 08 chapitres supprimés. Ces chapitres n’étaient pas dans le programme pour la forme. Donc, il est évident qu’il y aura des répercussions non seulement sur le niveau des élèves mais aussi sur leur diplôme».
Dans la même veine, Babacar Niasse, directeur des études du groupe scolaire « Yalla Suur En » de confier qu’il « ose espérer que les autorités en charge de l’éducation sénégalaise savent ce qu’elles font. De toute façon, il est évident que les élèves ne s’en sortiront pas comme dans une année normale ». Par ailleurs, sur la problématique de l’utilisation de la craie qui peut constituer un vecteur de contamination, Babacar Niasse fait savoir « qu’il n’a pas de solution spécifique à cette question ». Et d’indiquer : « Tout ce que j’ai pu faire, c’est de mettre des boîtes de craie à la disposition de chaque professeur. Il n’est plus question qu’un professeur partage la même boîte de craie avec un autre ». Non sans oublier de préciser que « la circulation du cahier de texte de mains en mains est aussi arrêtée ».
UNE RENTREE «MOUILLEE» PAR LA PLUIE
L’école à Ziguinchor a eu du mal à prendre son envol hier, jeudi. La reprise des cours a été fortement perturbée par les fortes pluies tombées dans la région.
L’école à Ziguinchor a eu du mal à prendre son envol hier, jeudi. La reprise des cours a été fortement perturbée par les fortes pluies tombées dans la région.
De fortes précipitations accompagnées de vent qui ont imposé un report de cette reprise dans la plupart des établissements de la région. Les enseignants et les élèves bloqués par ces pluies n’ont pu rejoindre leurs établissements respectifs. D’ailleurs, la tournée des autorités dans les écoles a été reportée à Ziguinchor. Idem à Bignona où le préfet et les autorités scolaires étaient contraints de surseoir à leurs visites dans les écoles.
A l’école élémentaire Francisco Carvalho, l’un des rares établissements où élèves et enseignants ont répondu à l’appel, l’inquiétude est déjà perceptible si l’on se fie aux explications du Directeur de l’Ecole Cheikh Tidiane Cissé qui évoque des risques d’inondation : « C’est une zone marécageuse, il n’y a pas de pistes qui permettent aux enfants d’accéder dans les salles de classe. S’il y a deux pluies de ce genre, le système sera complétement paralysé. Et puis, toutes les salles ne sont pas électrifiées ; autant de difficultés qui peuvent être des contraintes au bon déroulement des enseignements
apprentissages», déplore l’enseignant qui ne cache pas ses inquiétudes tout comme certains parents d’élèves qui affichent leur pessimisme. Mamadou Wade, le Président du CGE, dira : « Moi, je n’ai pas espoir vu les conditions dans lesquelles se trouve l’école. Les enseignants sont là très déterminés, les enfants aussi très déterminés, ils veulent faire leurs examens par ce qu’à 7 h déjà ils étaient là. Ce sont des enfants qui sont motivés mais le problème, ce sont les aléas de l’hivernage qui installent les inquiétudes», martèle le parent d’élèves.
A Mpack, le CEM de la localité frontalière à la Guinée Bissau, seuls six élèves ont répondu à l’appel. La Principale du CEM et son personnel attendaient impatiemment les élèves qui n’ont pas fait signe de vie toute la journée, excepté ces six élèves. Une reprise à Ziguinchor et sa région très affectée par les fortes pluies qui ont donné le signal dans certains établissements de la commune de Ziguinchor. Comme les CEM Kandé, Malick Fall, Goumel, les écoles élémentaires Jean Kande, Colobane, Goumel qui sont dans une configuration particulière ne sont pas à l’abri des inondations.
DAKAR ASSURE SA RENTREE
Avortée le 02 juin dernier pour cause des manquements notés dans le dispositif sanitaire et sécuritaire, la reprise des cours pour les classes d’examen semble bien passer au niveau de Dakar.
Avortée le 02 juin dernier pour cause des manquements notés dans le dispositif sanitaire et sécuritaire, la reprise des cours pour les classes d’examen semble bien passer au niveau de Dakar. Le dispositif était bien en place pour aborder un démarrage effectif des cours.
Contrairement à ce qui s’est passé le 2 juin dernier et qui a abouti à un report des cours, il est remarqué un peu partout à Dakar que les écoles ont bien réussi pour cette fois à prendre toutes les dispositions en vue d’une reprise sans difficulté. C’est le cas u CEM Manguier de la Médina. A 9h 20, déjà tous les cours avaient démarré. Interrogé sur la situation de son établissement le Principal se confie : «Je n’ai pas beaucoup d’élèves. Peut-être que c’est mon effectif qui a vraiment réduit, mais c’est une avantage pour nous. Les élèves sont bien organisés, on respecte les mesures barrières. Tout le monde s’est lavé les mains. Donc, pour l’instant, il n’y a pas d’inquiétudes à signaler».
En pleine séance déjà, Monsieur Cissé, professeur d’histoire et de géographie, se réjouit du démarrage des cours malgré la présence de la maladie. «Nous sommes heureux de retrouver le chemin de l’école. Je peux dire que c’est un plaisir de faire cours avec mes élèves, surtout en classes d’examen. C’est vrai qu’il y’a la maladie qui est là, mais cela ne doit pas empêcher la vie de continuer. L’éducation aussi doit continuer. Nous devons terminer l’année en beauté, pour cela nous devons faire quand même avec la covid-19».
Et d’expliquer dans la foulée, «on va essayer tant bien que mal de respecter toutes les mesures barrières. Vous avez vu la disposition des classes. Elles sont divisées en deux, parce que c’était des classes qui étaient en effectif de quarante élèves, maintenant on les a divisées en deux». En croire au professeur d’histogéo, qui informait sur le dispositif au niveau des salles de cours «la distanciation est strictement respectée pour un mètre entre les élèves, comme vous le voyez dans les classes. Tous les élèves portent des masques. Vous avez aussi le dispositif de lave-mains, il y’a des masques qui sont en train d’être distribués à côté, le gel qui est là, le thermo-flash pour prendre de la température. Nous demandons aux élèves de respecter les mesures mais aussi aux collègues et le personnel administratif de faire autant pour ne pas faire regretter le gouvernement d’avoir pris cette décision», a fait savoir M. Cissé.
A 100 mètres de là, un collège privé, Anne Marie Javouhey. Dans cet établissement nous avons trouvé sur place une équipe active dans l’organisation surtout dans la mise en place du dispositif relatif au protocole sanitaire. Commentant sur l’état des lieux dans son établissement, Sœur Pascaline Ndione, directrice de l’école révèle «en tout cas, à notre niveau du cours Anne Marie Javouhey, tout le dispositif est en place. Nous avons fait en tout cas tout ce qui est à notre possible pour mettre tout en place. Les élèves sont là, les parents sont rassurés quand même par ce qu’ils ont vu. En ce qui concerne le dispositif dans les classes, on a vingt (20) élèves par salle de classe et la distanciation physique est respectée. On a des niveaux comme les CM2, les troisièmes et les terminales. On a espacé les classes, dans chaque classe, il y’a vingt élèves». Même fait remarqué à l’école élémentaire Elhadji .L. Diene, IEF, Dakar-Plateau. «Les enseignants sont là. Ensuite, il y’a la présence des élèves accompagnés pour la plupart de leurs parents. Et en venant, chaque élève avait déjà son masque. Concernant le protocole sanitaire, on a aménagé quatre salles, qui sont désinfectées par le service national d’hygiène. Le dispositif est respecté dans les classes. On a deux classes de CM2 éclatées dans quatre salles de moins de vingt élèves», confirme Niokhor Diouf, directeur de l’école.
Au lycée Maurice Delafosse, Monsieur Fall, proviseur témoigne : «nous venons de reprendre les enseignements, apprentissages aujourd’hui (hier) et Dieu merci, il n’y a pas de problème jusqu’à présent. Que Dieu fasse que cela continue. Mais nous étions prêts, parce que la reprise était initialement prévue le 02 juin, elle a été reportée le 25 juin, mais depuis le 02, notre ministre de l’enseignement technique de la formation professionnelle a tout fait pour nous doter suffisamment de matériels, notamment des lave-mains, de gels, de thermo-flash. Il y’a vraiment tout. Les professeurs concernés sont là.» Au lycée privé Jean de La Fontaine, le directeur des études, des classes de terminales qui est au niveau de l’université Hampathé Ba, nous a d’abord invité à faire un tour au niveau des amphithéâtres. «Nous avons pu prendre des dispositifs, selon les conditions sanitaires et sécuritaires. Le protocole a été respecté», renseigne le directeur des études des classes de terminales.
Et de poursuivre «notre chance est qu’on a pu utiliser les amphithéâtres de l’université, parce que dans le groupe Jean de la Fontaine, on a une université, c’est l’université Hampathé Bâ. Etant donné que les étudiants n’ont pas encore repris, on a utilisé les amphis, pour mieux respecter les conditions de distanciation». Au lycée Blaise Diagne, le Proviseur Monsieur Diaby trouvé dans son bureau, se confie : «le matériel est là, les élèves sont là, la reprise est effective. Tout est désinfecté. Pour ce qui concerne les masques, nous avons distribué pour chaque élève trois masques, les professeurs, les membres de l’administration, le personnel technique tous en ont bénéficié chacun trois masques».
Nous avons terminé notre tour au niveau du CEM, John F. Kennedy. Dans son bureau, le principal Mme Sarr, née Aminata Kanté, explique, «nous avons repris les cours, pour les classes d’examen de troisième. On en a 172 dont 18 absentes. On a quatre classes de troisième qu’on a scindé en huit classes de troisième. Donc, les professeurs sont présents». Et de poursuivre, «On les a pris la température. Parce que la mairie nous a envoyé des volontaires pour nous épauler. Ce qui nous a permis de prendre les températures. Elles se sont lavées les mains, parce qu’il y’a aussi des lavoirs, du gel et des mouchoirs. On a réaménagé nos emplois du temps de 09h à 13h, pour permettre aux élèves de rentrer très tôt chez elles et aussi de pouvoir garder le masque».
121 NOUVELLES CONTAMINATIONS RAPPORTÉES VENDREDI
Le ministère de la santé a rapporté vendredi 121 nouveaux cas de Covid 19, portant à 6354 le nombre de cas recensés dans le pays.
Dakar, 26 (APS) - Le ministère de la santé a rapporté vendredi 121 nouveaux cas de Covid 19, portant à 6354 le nombre de cas recensés dans le pays.
Sur 1057 Tests effectués au cours des dernières 24h, 121 sont revenus positifs.
Il s’agit de 79 Cas contacts, 15 Cas importés et 27 Cas communautaires, a précisé le directeur de cabinet du ministre de la santé.
31 patients ont été déclarés guéris tandis que 27 cas graves sont en réanimation.
Quatre nouveaux décès ont été rapportés par les autorités.
A ce jour 6354 cas ont été déclarés positifs dont 4193 guéris,98 décédés, 2062 sous traitement.
Par Fadel DIA
ADIEU SAINT-LOUIS, BONJOUR NDAR
Pourquoi cette ville ne se muerait-elle pas en une cité conquérante et ne ferait-elle pas plus de place à l’héritage vivant de ceux qui lui ont donné leur sang et leur sueur plutôt qu’au souvenir d’un passé à jamais enfoui ?
Du Carsal (1) à la Convention des Saint-Louisiens (pour ne nous en tenir qu’à une période récente), ils sont légion ces lobbies dont la vocation est de réveiller cette belle endormie qu’est l’ancienne capitale du Sénégal, de lui redonner un peu de son lustre d’antan…Dame : presque quatre cents ans de passé connu et attesté par des documents, c’est sous nos latitudes un gisement exceptionnel, un fonds de commerce dont l’inventaire pourrait remplir plusieurs press-books touristiques alléchants !
Reste à savoir si, obélisques, jets d’eau et empoignades oratoires mis à part, il restera, dans quelques années, quelque chose des prestations de ces militants du Saint-Louis éternel. De quelle cause d’ailleurs se sont ils faits les champions, eux qui ont, à mon humble avis, le grand tort de ne brandir comme signes de ralliement que Faidherbe et les signares, les «Cahiers de doléances» (2) et la représentation du Sénégal au Parlement français, et par là même, de cultiver un splendide isolement de «minorité ethnique» portant en bandoulière une inguérissable nostalgie ?
Je commencerai par relater quelques scènes vécues. Au milieu des années 1970, j’ai commis dans un périodique publié alors à Saint-Louis (3) une série d’articles consacrés aux noms de rues dans la vieille cité. Je voulais instruire la population sur les illustres inconnus dont les noms ornaient encore les artères de l’ile (4), souligner le caractère quasi accidentel ou anecdotique de certaines dénominations (5), et montrer qu’on pouvait légitimement débaptiser certaines rues et places sans se renier.
Si certains de mes lecteurs approuvèrent, plusieurs notables de la ville m’accusèrent de dénigrement et même de crime de lèse-majesté ! Deux ou trois ans plus tard, alors que j’étais convié par le maire à participer à la cérémonie de jumelage retour entre Lille et Saint-Louis, j’assistais à une scène cocasse. Le maire de la ville natale de Faidherbe invitait celui de la ville à laquelle ce dernier devait sa renommée à renoncer à l’éloge qu’il voulait rendre à l’homme qui avait inspiré le jumelage : « Y en a marre de Faidherbe, nous dit-on sans ambages ! Nous sommes une municipalité socialiste et nous ne pouvons pas nous permettre d’encenser un conquérant colonialiste, un sabreur de populations civiles (6). Si encore on ne parlait que du général républicain, du vainqueur de Bapaume !»
Dix ans après cet évènement, alors que j’accompagnais un ministre de l’Education nationale, militant du réarmement patriotique qui se faisait une fête de donner au vieux lycée Faidherbe le nom d’Oumar Foutiyou Tall, j’assistais, éberlué à la plaidoirie d’une délégation de «cadres saint-louisiens» qui souhaitaient qu’on ne touchât surtout pas au vainqueur de Médine et de Loro…
Pourquoi donc Saint-Louis ne devrait-elle être fière que des marques et des empreintes laissées par le colonisateur ou par son cortège d’explorateurs et de négociants? Pourquoi tiendrait-elle pour négligeables celles imprimées, au prix souvent de beaucoup de sacrifices, par les hommes et les femmes du cru qui se succédèrent sur son sol pendant plusieurs siècles ? Pourquoi notre pays ne mettrait-il pas plutôt en exergue cette évidence : Saint-Louis, c’est la matrice où s’est forgé «l’homme sénégalais»! Elle l’est d’abord parce qu’elle est bâtie à l’entrée du fleuve qui a donné son nom à notre pays, parce que pendant longtemps elle s’est appelée «île du Sénégal», parce que, surtout, c’est sur son sol, sur un ruban de terre d’à peine deux kilomètres de long, que, pour la première fois, se rencontrèrent dans tous les sens du mot, que se mêlèrent, que s’opposèrent quelquefois, que fraternisèrent enfin, le wolof et le manjak, le joola et le pulaar… Il suffit pour s’en convaincre de consulter les registres de recensement général de la population de l’île à la fin du XVIIIe siècle (privilège qui n’appartient qu’à Saint-Louis). Tous les patronymes du Sénégal d’aujourd’hui y figurent : Kan (Kane), Guiouf (Diouf), Guiop (Diop), Gomis…
Aujourd’hui encore le «saint-louisien» ne répond, si l’on ne s’en tient qu’au seul nom de famille, à aucun critère ethnique. Ne nions pas non plus cette évidence : même si par coquetterie ou vantardise nous aimons anticiper la naissance de la «nation sénégalaise», nos frontières modernes sont artificielles, notre pays est une création coloniale dans sa configuration actuelle et c’est à Saint-Louis qu’il y a trois siècles les différences composantes culturelles qui l’habitent ont appris à vivre ensemble. Cela explique sans doute bien des choses et notamment que notre pays ait échappé aux «querelles tribales» qui ont suivi un peu partout la proclamation de l’indépendance.
L’île de Ndar était vierge de tout peuplement permanent à l’arrivée du colonisateur, on peut donc dire que tous ses habitants sont, d’une certaine manière, venus d’ailleurs, de gré ou de force. Saint-Louis c’est notre Amérique, le melting- pot où s’est formée une culture neuve, métissée, en rupture avec les ordres anciens.
Toutes ces raisons devraient inciter tout regroupement de saint-louisiens à être, non un cercle fermé, mais une communauté ouverte, sans exclusive, car on appartient à cette ville moins par la naissance que par la culture. C’est pour cela que nous devrions faire de Saint-Louis notre maison familiale, notre patrimoine commun, souhaiter que chaque sénégalais y ait un point d’ancrage, au lieu que l’ancienne capitale ne soit une enclave étrangère, même au sein de la région qu’elle administre et qu’elle est censée animer. Il y a un autre héritage dont Saint-Louis pourrait aussi s’enorgueillir, c’est l’extraordinaire capacité de résistance dont a fait montre sa population face au colonisateur qui s’était ingénié à la diviser en castes et classes, opposant «hommes de couleur» et «gourmettes», «nègres libres» et «engagés à temps», esclaves et captifs de «case» ou de «traite», «habitants» et étrangers, ces derniers comprenant aussi bien les gens venus du Cayor tout proche que ceux qu’on appelait déjà «Toucouleurs» !
Créée par les Blancs mais peuplée par les Noirs, Saint-Louis a pu ainsi préserver son identité africaine. Au temps de Faidherbe il était interdit aux griots d’y passer la nuit, mais nul n’a jamais réussi à briser la chaine des généalogies dont ils assuraient la survie. On y a organisé des autodafés de gris-gris, pourchassé les marabouts et fermé leurs écoles, mais on n’a pas pu y empêcher la construction d’une mosquée «en dur» dès le milieu du XIXe siècle. C’était une gageure : malgré sa modestie c’est à la fois le plus ancien monument de ce type et de cette nature construit dans la sous-région avec ce matériau et le premier financé par souscription publique ! Pendant des générations seule la minorité européenne et métisse avait le droit, à Saint-Louis, de porter l’appellation «d’Habitants», et pourtant il n’y a pas eu de «kriolisation» de la population, c’est-à-dire de constitution d’une oligarchie dominante avec sa langue et ses rites.
A Saint-Louis, au contraire, les «signares» tenaient des «sabars» et les métis se mettaient au wolof. Même si aux élections législatives de 1914, qui allaient faire date, la vieille cité ne donna pas ses voix à Blaise Diagne, sans doute parce que le ressentiment contre Dakar qui lui avait ravi le titre de capitale de l’AOF ne s’était pas dissipé, c’est de l’île que partit le mouvement de jeunes patriotes, formés pourtant, pour la plupart, à l’école coloniale, qui allaient contribuer à faire du Goréen le premier député noir du Sénégal ! Ce sont donc les saint-louisiens qui ont assimilé le colonisateur et non l’inverse et c’est une prouesse que leur cité, porte drapeau de la présence française en Afrique de l’ouest, soit devenue le symbole de la plus médiatique des valeurs sénégalaises : la «téranga» !
Alors, pourquoi, avec tant d’atouts, ne peut-on se permettre de démomifier Saint-Louis ? Pourquoi cette ville ne cesserait-elle pas de toujours donner l’impression d’être une cité recroquevillée dans son passé, frileuse, toute confinée dans une histoire qui, quelquefois la concerne si peu ? Pourquoi ne se muerait-elle pas en une cité conquérante et ne ferait-elle pas plus de place à l’héritage vivant de ceux qui lui ont donné leur sang et leur sueur plutôt qu’au souvenir d’un passé à jamais enfoui ? Pourquoi, pour tout dire, ne pas enterrer Saint-Louis, qui est le nom de plusieurs dizaines de villes dans le monde, et redonner vie à Ndar, nom qui appartient à notre patrimoine et qui a une histoire ?
Oui, nous pouvons déboulonner la statue du général Faidherbe sans que le ciel nous tombe sur la tête, nous pouvons débaptiser la place et le pont qui portent son nom, et qui ne sont pas ses créations, sans attenter à l’histoire et surtout à l’Histoire !
Et puis sachons raison garder : le Saint-Louis hérité de la colonisation française n’est ni la Carthagène des Indes ni la Quito d’Equateur héritées de l’occupation espagnole (7). A l’exception du pont métallique (8) il n’y a pas sur l’île de monument qui mérite d’être inscrit à l’inventaire du patrimoine national au point d’être totalement intouchable. Je ne veux pas dire par là qu’on peut mettre à bas tous ses vieux édifices, je veux seulement dire que nous devons reconnaître que, l’âge, le climat, les déboires économiques aidant, plus aucun d’entre eux ne constitue aujourd’hui un modèle achevé et intact des constructions à argamasse de la période faste.
L’important, aujourd’hui, c’est de redonner à la vieille cité l’harmonie et la grâce dont avaient peut-être rêvé les plus inspirés de ses bâtisseurs ainsi que cette patine qui est la marque d’une longue existence, de restituer la divine surprise qu’ont dû éprouver ceux qui descendaient le fleuve et venaient d’un monde où dominent la paille et l’argile, et qui au détour d’une courbe, ont vu la ville de Saint-Louis surgir au-dessus de l’eau. Il faut restituer Saint-Louis à l’histoire et rendre à Ndar ce qui lui appartient et qui non seulement survivra au pic des démolisseurs, mais pourrait encore remplir une enviable corbeille de mariage ou inspirer un risorgimento salvateur. Ce qui appartient à Ndar c’est ce site improbable et aujourd’hui menacé, entre mer et rivières, avec vue imprenable sur l’infini, avec, sur plusieurs kilomètres, le fleuve Sénégal qui frôle la côte sans se décider à rejoindre l’Atlantique, faisant sa coquette comme le paon fait la roue.
Mais la perfide mer se vengera de ces simagrées en plantant une infranchissable «barre» à son embouchure. Ce qui appartient à Ndar c’est aussi cette mince et étroite pellicule de sable et d’argile, à la jonction du désert et de la mangrove, conquise sur les marées et la vase, longtemps hérissée de bâtisses blanches et carrées qui lui donnaient l’air d’une cité méditerranéenne exilée sous les tropiques. Ce qui appartient à Ndar c’est cette douceur de vivre qui y ramène les retraités et qui y retient les femmes : nulle part au Sénégal celles -ci ne sont aussi sûres d’elles-mêmes, et nulle part les mères ne sont autant aimées. C’est cette civilité qui est probablement le fruit du modus vivendi imposé par la rencontre d’hommes et de femmes d’origine sociale et ethnique aussi diverse. Ce qui appartient à Ndar c’est, enfin, cette nostalgie dont elle aura toujours à revendre…
(1) Comité d’Action pour la Rénovation de Saint-Louis (2) Probablement l’une des plus tenaces supercheries de l’histoire coloniale du Sénégal, que Senghor a contribué à répandre. Il ne s’agissait en fait que du manifeste d’un négociant qui revendiquait une plus grande liberté de commerce et nullement l’émancipation des esclaves. (3) Il s’agissait du Bulletin de la Chambre de Commerce. (4) Qui, même en France, se souvient du Baron Hyde de Neuville dont le nom avait été donné à la principale artère du sud de l’île et qui ne devait ce privilège qu’au fait qu’il était Ministre de la Marine, donc chargé des colonies ? (5) Comme la rue Navarin, toujours au sud, nom d’une modeste victoire navale française sur les Turcs (1827) qui eut lieu au moment même où l’on baptisait pour la première fois des rues à Saint-Louis. (6) A titre d’exemples : en 1857 Faidherbe fait bombarder tous les villages du Fouta situés au bord du fleuve Sénégal, de Nguidjilogne à Dembancané, soit sur 150 km ; en mars 1861 il fait incendier 25 villages du Cayor, entre Kelle et Mekhé etc. (7) En 1838 il y avait à Saint-Louis 310 maisons de briques, de qualité très inégale, et 3000 cases dont 2/3 en paille ; en 1870 la ville comptait 500 maisons en briques et encore 4000 cases ! (8) Rappelons tout de même que le pont d’origine a été remplacé, il y a quelques années, par un pont neuf construit à l’identique.
NB : La mention indiquant que le pont Faidherbe a été reconstruit n’était évidemment pas dans le texte d’origine, publié il y a plus de 25 ans dans Nouvel Horizon. De même que l’explication du sigle Carsal.