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5 juillet 2025
LE MFDC PEUT-IL COURIR LE RISQUE DE LA PAIX ?
La situation de ni guerre ni paix a engendré la naissance de sanctuaires rebelles. En attendant, une économie parallèle doit faire face à une armée sénégalaise déterminée à réinstaller les populations dans leurs localités d’origine
Sputnik France |
Momar Dieng |
Publication 25/06/2020
Au Sénégal, la situation de ni guerre ni paix en Casamance a mis en veilleuse la revendication d’indépendance et engendré la naissance de sanctuaires rebelles. En attendant, une économie parallèle structurée autour de trafics divers doit faire face à une armée sénégalaise déterminée à réinstaller les populations dans leurs localités d’origine.
Dans la nuit du samedi 20 au dimanche 21 juin, des tirs nourris d’armes lourdes ont retenti dans la zone de Bignona (région de Ziguinchor au sud du Sénégal). Le 15 juin dernier, un véhicule militaire sénégalais avait sauté sur une mine entre deux localités de Ziguinchor. Deux militaires ont été tués sur le coup, deux autres «grièvement blessés». Deux jours auparavant, huit «diambars» (mot wolof signifiant «fort» pour désigner les soldats sénégalais) avaient échappé à la mort après que leur véhicule a percuté une autre mine.
Ces incidents, les plus graves survenus depuis plusieurs mois, consacrent le retour des hostilités entre militaires sénégalais et rebelles du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC). Le conflit, entamé en décembre 1982, risque-t-il de s’exacerber après une longue période d’accalmie?
«La guerre est finie, mais la paix n’est pas là», résume pour Sputnik Robert Sagna, président du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (GRPC), une structure soutenue par les pouvoirs publics sénégalais et supposée avoir l’oreille du Président Macky Sall. «Ces derniers événements entravent certes le processus de paix [parrainé par la Communauté de Sant’Egidio proche du Vatican, ndlr] en cours, le rendent plus difficile, mais ils ne le mettent pas en danger», ajoute cet ancien ministre d’État et ex-maire de la ville de Ziguinchor.
Les incidents qui se multiplient viennent de la volonté de l’armée d’encadrer le retour au bercail des déplacés. Depuis plusieurs années, en effet, plusieurs milliers de personnes avaient déserté leurs localités pour échapper aux combats meurtriers entre militaires et rebelles.
Profitant de l’absence des populations, des franges du MFDC ont pris possession des lieux abandonnés et transformé le vide ainsi créé en des «cantonnements militaires».
Robert Sagna, président du GRPC
En même temps, ils ont développé sur place une économie parallèle, plus mafieuse que légale.
«Les bandes armées ont sanctuarisé des espaces qui ne leur appartiennent pas et qui restent des territoires occupés. Quand les populations ont fui, les rebelles ont intensifié le trafic de bois et le vol de bétail. Ils alimentent Ziguinchor et les autres centres urbains en grandes quantités de viande de brousse. Ils ont renforcé la culture de l’anacarde, pour laquelle ils tirent de substantiels revenus monétaires.
Et comme il n’y a pas eu en amont de négociations entre autorités sénégalaises et représentants de la rébellion pour organiser le retour des déplacés, personne n’ose s’approcher des zones conquises», analyse pour Sputnik un membre de la société civile locale qui a requis l’anonymat par peur de représailles contre sa famille, restée au village.
«Faux», rétorque Jean-Marie François Biagui, ancien secrétaire général du MFDC, fondateur et président du Parti social-fédéraliste (PSF), une entité éloignée de la revendication d’indépendance du MFDC originel et favorable à un grand ensemble fédéral sénégalais, qui prendrait en compte des spécificités régionalistes comme celles de la Casamance, cette région du Sud du pays.
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous sommes dans des économies de la mal-croissance, fondées sur un faux système comptable qui omet de comptabiliser ses vrais coûts et nomme inadéquatement ses actifs et ses passifs
La crise du Covid-19 a fini de mettre à nu les failles du système économique néolibéral. Cela fait déjà quelques décennies que sa soutenabilité est remise en cause par maints travaux scientifiques depuis les rapports Meadows (1972) et Brundtland (1987). L’économie-monde, telle qu’elle se déploie et fonctionne est une économie de l’entropie qui carbonise le vivant et dont l’empreinte écologique est forte et négative. Elle rejette dans la biosphère plus de déchets que celle-ci ne peut absorber. Pour produire des biens et services à moindre coût, elle délocalise la production industrielle là où les facteurs de production sont les moins coûteux et crée des chaînes de valeurs internationales à circuit long. La crise que nous vivons a montré les limites d’une telle organisation de la production. Pour se nourrir, une majorité de nations dépendent d’une production agricole réalisée à des milliers de kilomètres de chez elle, dont le transport accroit les émissions de gaz à effets de serre et accélère la réduction de la biodiversité. Cette interdépendance accrue permet d’avoir à sa table tous les produits du monde, mais constitue une vulnérabilité lorsque le commerce international est empêché par une raison qui limite la disponibilité des produits agricoles sur nos marchés (pandémie, guerre, fermeture commerciale, sanctions économiques, …). Il sera nécessaire dans ce domaine, sans prôner l’autarcie, de travailler à une sécurité et une souveraineté alimentaires. Etre capable de répondre à ses besoins en nourriture dans un territoire, en produisant localement ce qui est nécessaire, en diversifiant ses sources d’approvisionnement et en retrouvant la fonction première de l’agriculture qui est de nourrir les humains. Par ailleurs, le type d’organisation des chaines de valeurs internationales conduit à une fragmentation du processus de production et à une hyper-concentration de ce dernier. La production de certains biens est presque exclusivement dévolue à quelques entreprises dans quelques pays. La pénurie de masques au début de la pandémie du Covid-19 a parfaitement illustré les limites d’une telle configuration.
Au début de la pandémie, les USA, la première économie du monde était au plein-emploi (3.5 % de chômage). En mai 2020, elle atteignait son niveau de chômage le plus élevé depuis la crise de 1929 (16,3%)[1] avec 20,5 millions d’emplois détruits sur une population active de 156 millions d’individus. Il est apparu que l’organisation, la conception et les modalités du travail de notre système économique induisent une précarisation généralisée des emplois dans la plupart des secteurs de la vie économique, et pas seulement de ceux relevant de l’économie dite informelle, dont la volatilité des revenus et l’absence de filets sociaux de ses travailleurs ont été rendu plus manifeste par la crise actuelle. Aussi bien dans l’aéronautique[2], la production de biens et services, que pour les secteurs du tourisme, de la culture, de la restauration, c’est une économie structurée autour d’une temporalité de court terme où la vie économique est financée par des recettes journalières, qui s’est révélée. Une telle économie a besoin d’une accumulation quotidienne et à la petite semaine de cash-flows pour faire face aux charges d’exploitation dues mensuellement et aux traites bancaires, surtout pour les PME. Les grandes firmes qui ont des lignes de crédit ouvertes dans les banques, financent une grande partie de leur activité par endettement. Lorsqu’elles anticipent une baisse de l’activité dans les mois à venir, elles licencient. L’investissement et donc l’activité présente sont fortement liés à l’anticipation du futur. L’endettement étant un transfert des ressources du futur vers le présent, l’économie d’aujourd’hui est financée par les ressources de demain. Le système a une forte préférence pour le présent dont elle surpondère la valeur. Une telle économie vit au-dessus de ses moyens et entretient l’illusion de ses capacités et de sa puissance. Lorsque le futur devient incertain, celui-ci par rétroaction affecte le temps présent dont le niveau d’activité et de consommation dépendent. Nous faisons l’expérience d’une économie qui pour produire des biens de consommation, souvent en excès, épuise la bio-capacité de la planète, surexploite ses ressources, entrave sa capacité à se régénérer et transfère des revenus futurs dans un temps présent. C’est une économie du présentisme, de la démesure, de la précarité généralisée et de l’étouffement. La repenser dans ses fondements structurels, ses modes de fonctionnements et ses finalités est vital pour la survie de nos sociétés.
Parmi les questions qu’elle soulève, figure celle de la rémunération du travail et de sa valeur. Les infirmières, les médecins, les caissières de supermarchés, les conducteurs d’autobus, tous les emplois liés aux soins ont révélé durant cette crise leur caractère essentiel pour la vie de nos sociétés, alors qu’ils sont les métiers les moins bien rémunérés par le système économique actuel, qui surpaye le capital, les intermédiaires, les bullshits jobs[3], les emplois des marchés captifs et sous-payent ceux qui contribuent à nourrir, à pérenniser et à soigner la vie[4]. Une réévaluation de la valeur marchande du travail et de sa rémunération pourrait être fondée sur sa contribution au maintien de la vie, à la préservation d’un environnement sain, à l’intelligence collective, à la production de savoirs et à la culture de l’esprit.
L’économie-monde est productrice d’inégalités entre les nations et à l’intérieur de celles-ci. Ces fractures sont apparues à plusieurs niveaux ; dans la faculté inégalitairement distribuée de disposer d’une épargne ou d’actifs qui permettent de traverser des moments difficiles, dans la possibilité d’accéder à des soins de qualité, mais également dans la différence de vulnérabilité des groupes humains selon l’historique des fragilités déjà constituées, notamment les comorbidités issues des conditions de vie difficiles. Ces inégalités sont liées au système de production de la valeur ajoutée de l’économie-monde et à ses modes de redistribution, aux règles du commerce international et à la division internationale du travail. Le système économique mondial est structurellement construit pour produire de l’inégalité et accélère l’entropie du vivant. C’est cette architecture qu’il faudra désarticuler, refonder les institutions qui la sous-tendent, repenser leurs missions (OMC, Institutions multilatérales, …) et inventer de nouveaux processus de régulation des relations macro et microéconomiques ; déconcentrer les pouvoirs et défaire les monopoles. Nous vivons dans un monde où un seul individu détient une richesse supérieure au PIB de 179 pays cumulés[5], ce qui représente 3,4 milliards d’individus et 43, 7 % de l’humanité. Voici l’étendue de la folie. Elle se passe de commentaires. Nous pourrions produire des règles qui plafonnent les richesses détenues par les individus, parce qu’à partir d’un certain seuil, une minorité pathologiquement accumulatrice, prive une majorité de ressources nécessaires à une vie digne ou limite ses possibilités d’y accéder.
La division internationale du travail a fait des nations émergentes et celles dites en développement des productrices de matières premières qui sont transformés dans des industries des pays du Nord. La valeur ajoutée est ainsi transférée des pays du Sud du Globe vers ceux dits du Nord. La convention est de mesurer la richesse produite en sommant les valeurs ajoutées produites annuellement. Ce concept de croissance du PIB ne prend pas en compte les coûts environnementaux, humains et sociaux de l’appareil productif mondial. Ici se pose la question de l’évaluation de la valeur de ce qui est produit, de son utilité et de son coût. En réalité nous sommes dans des économies de la mal-croissance, fondées sur un faux système comptable qui omet de comptabiliser ses vrais coûts et nomme inadéquatement ses actifs et ses passifs. Le prix de nos produits devrait intégrer leur coût environnemental et refléter leur contenu en carbone. Ce que nous appelons croissance économique, fait décroitre le vivant. Le système économique actuel en favorise l’entropie. Nous surpayons une production d’objets dont certains sont superflus et futiles, et ne servent qu’à entretenir des industries à un coût exorbitant pour la planète.
Une économie du vivant serait fondée sur une réévaluation de l’utilité de tous les secteurs de la vie économique au regard de leur contribution à la santé, au soin, au bien-être, à la préservation du vivant et à la pérennisation de la vie, à la cohésion sociale. C’est ce que Isabelle Delanauy appelle une économie symbiotique, cest-à-dire une économie dont le métabolisme n’affecte pas négativement les ordres sociaux, environnementaux et relationnels. L’une des questions épineuses des Etats durant la crise du Covid-19 a été de réaliser le bon arbitrage entre une reprise de la vie économique nécessaire pour répondre à nos besoins, et la préservation de la santé. Les deux étant liés dans une boucle récursive. Pour déconfiner, il a fallu commencer par faire redémarrer les activités jugées essentielles à la vie sociale. Il ne s’agit pas ici de prôner une limitation de la vie économique à la satisfaction des besoins biologiques fondamentaux : se nourrir, se soigner, se vêtir. Les besoins de l’esprit et de la culture sont aussi fondamentaux à nos sociétés, mais de se poser la question de l’utilité et de la nécessité des biens produits, de leur mode de production et de leurs impacts sociaux et environnementaux. On ne pourra plus se payer le luxe de ne pas interroger la finalité de la vie économique ainsi que ses modes de production ; ni de l’inscrire dans une cosmopolitique du vivant.
Une économie des communs
Dans une époque caractérisée par une crise écologique et un creusement des disparités économiques et sociales à l’échelle du globe, la nécessité de produire des communs et de préserver des espaces non-rivaux et non-exclusifs, garantissant un droit d’usage et d’accès au plus grand nombre aux ressources communes est impérieuse. La biodiversité, l’eau, l’air, les orbites géostationnaires, les quais de pêche, les droits humains sont autant de communs dont les règles de gestion doivent être co-définies par les parties prenantes. Le commun doit être constitué et une question importante est celle de sa fabrique et de sa gestion.
Les communs, avant de relever de discours sont d’abord des pratiques sociales du faire en commun. A chaque fois qu’une communauté décide de gérer une ressource collective en mettant l’accent sur l’accès équitable, la durabilité, l’inclusivité, un commun émerge. Elinor Ostrom s’est posée la question de savoir comment un groupe d'acteurs qui sont dans une situation d'interdépendance pouvait s’organiser et se gouverner pour préserver la continuité d'avantages communs ; lorsqu'ils sont tous confrontés à la tentation d'agir de façon opportuniste. Les constats empiriques indiquent que des communautés, principalement en milieu rural, peuvent gérer les ressources naturelles de manière durable et que les relations sociales jouent un rôle important à cet égard. Le commun au sens de Hardin est envisagé comme une ressource non gérée, n’appartenant à personne. La tendance des politiques fut de considérer l’acception du commun de Hardin. Cependant, dans la pratique, un commun, ne consiste pas seulement en une ressource, mais en un système social vivant d’agents créatifs, une communauté, qui gère ses ressources en élaborant ses propres règles, traditions et valeurs. Cette vision n’est pas prisée par les économistes car elle déplace le débat en dehors du cadre théorique de l’Homo economicus, en faisant appel aux autres sciences humaines et sociales comme l’anthropologie, la sociologie, la psychologie ; mais surtout, elle rend difficile l’élaboration de modèles quantitatifs rassurants. Dans la réalité, lorsqu’il y a un nombre élevé de facteurs idiosyncratiques locaux, historiques, culturels qui rendent difficile la proposition d’une norme universelle standard, ceci contrarie la tentation nomologique de l’économie qui veut transformer toute régularité statistique, en norme. Les communs nomment un ensemble de valeurs sociales qui se situent au-delà du prix du marché et de l’appropriation privative. Ils reflètent des réalités informelles, intergénérationnelles, expérientielles, écologiques, qui ne peuvent être comprises uniquement par la théorie de l'acteur rationnel ou les récits néo-darwiniens de l'économie néolibérale.
Pourquoi il est important d’élaborer un langage des communs ?
Le langage des communs permet de nommer et d’éclairer les réalités des enclosures du marché et la valeur du faire en commun. C’est un instrument de réorientation de la perception et de la compréhension. Sans un langage des communs, les réalités sociales auxquelles ils renvoient resteront invisibles ou culturellement marginalisées, donc politiquement sans conséquences. Aussi, le discours sur les communs est un geste épistémologique qui permet de réintégrer des valeurs sociales, écologiques et éthiques dans la gestion de notre richesse commune. Cette langue permet de formuler des revendications politiques et des hiérarchies de valeurs. Elle permet aussi de nous extraire des rôles sociaux étriqués dans lesquels nous sommes enfermés (consommateur, électeur, citoyen).
Nous sommes gouvernés par un ordre du discours. Une expertise internationale qui fait système. C’est un matériau à dimension multiples (théories économiques, accords commerciaux, littérature managériale mainstream) qui relève d’un mélange de registre théoriques et systémiques. Des langages qui à travers des discursivités hétérogènes se reconnaissent et se renforcent. C’est ce que Foucault appelle une archive. A notre époque, une théorie philosophique puissante n’a pas plus d’effet qu’un mot d’ordre. Nous sommes gouvernés par un langage qui fait système, Pour sortir de ce langage et de la réalité qu’il crée, il est nécessaire d’élaborer celui d’une économie du vivant et de la production de communs, préludes à l’élaboration de ses pratiques de son éthique et de ses finalités. Une économie du vivant nécessite une refonte complète de l’économie comme pratique et ordre du discours. Il s’agit de reconstruire la discipline, ses fondements, sa pratique, son axiologie, ses finalités et de les intégrer dans la plus haute des finalités : celle de nourrir la vie.
[1] Données du Bureau of Labor and Statistics, (BLS) USA
[2] Air Canada a licencié 70 % de ses salariés. Air France a eu besoin d’une injection de 7 milliards d’euros de la part de l’Etat Français et Néerlandais pour faire face aux effets de la crise. L’Etat Allemand est entré dans le capital de la Lufthansa avec un investissement de 3 milliards d’euros.
[3] Voir David Graeber, Bullshit Jobs (2018), éditions les Liens qui Libèrent.
[4] La France a décidé d’une revalorisation salariale des personnels soignants dont on s’est rendu compte de l’importance de la contribution dans la crise sanitaire
[5] M. Bezos, le patron de Amazon dont la fortune pourrait dépasser 1000 milliards de dollars en 2026, d’après le média américain Esquire.
UNE VIE DE COMBAT CONTRE LE NÉOCOLONIALISME
Le mouvement qui s’oppose au racisme anti-noir à travers le monde se prolonge au Sénégal et ailleurs dans une remise en cause effective du colonialisme - SenePlus rend hommage à quelques patriotes sénégalais
Le mouvement qui s’oppose au racisme anti-noir à travers le monde se prolonge au Sénégal et ailleurs dans une remise en cause effective du colonialisme et principalement du néo-colonialisme qui perdure aujourd’hui encore en l’Afrique francophone tout particulièrement.
SenePlus rend hommage à quelques patriotes sénégalais qui ont porté ce combat toute leur vie :
UN SUR-DISPOSITIF COMMUNAUTAIRE SANS PRE-DISPOSITION COMMUNAUTAIRE
La riposte communautaire, jusque-là simple slogan communautaire, gagnerait à être transformée en produit communautaire. Correspondant concrètement à l’acte d’engagement communautaire qui reste, pour le moment, dans les esprits, en l’état de théorie
Aucune guerre ne s’est jamais gagnée par, seulement, des soldats fortement mobilisés sur le terrain mais faiblement armés au niveau stratégie.
L’histoire de la seconde guerre mondiale est là pour nous le rappeler. En 1942 alors que la 6ième armée contrôle 90 % de Stalingrad, il est lancé la bataille de la ville, en hiver. Les soldats allemands vivent alors une situation extrême. Ils ont faim, ils ont très froid car leur équipement est prévu pour une guerre en Europe, et non pas en Urss, là où il fait très froid en hiver. En effet, « le froid a gelé les marécages et les chars et unités motorisées allemands » le général hiver a littéralement encerclé les troupes allemandes. Malgré qu’Hitler oblige le général Paulus à rester à Stalingrad et à la défendre coûte que coûte. Le 3 février 1943, Paulus capitule.
Aucune partie de football ne s’est jamais gagnée par, seulement, une constellation de joueurs de qualité mais sans fond de jeu véritable.
Le palmarès sportif de l’équipe nationale du Sénégal en est une illustration parfaite. Papa Diouf (Ancien Président de l’Om et première victime de la CoViD-19 au Sénégal) s’en interrogeait en ces termes : « La question qui mérite une réflexion est : pourquoi au Sénégal on ne gagne rien du tout en football malgré le potentiel qui est le nôtre (…) Au vu de la qualité des joueurs qui se sont succédé en équipe nationale » (Contenu publié le 11/09/2017 à 19:07 dans Senenews Sport). En guise de réponse le coach Zdravko Logarusic, entraineur du Soudan équipe adversaire du Sénégal lors des éliminatoire de la coupe du monde 2018, avance « qu’ils n’ont pas de problèmes de joueurs, mais plutôt de tactique de jeu, c’est tout ». (Dans le journal «Les Echos» Vendredi 19 octobre 2018 - 11:06). En parallélisme sur la forme et sur le fond, la riposte communautaire sénégalaise contre la CoViD-19 se (re)trouve exactement dans la même configuration que les scenarii sus-présentés. C’est-à-dire beaucoup de communautaires de tous genres; légitimes ou légitimés, trop d’activités communautaires intéressantes ou intéressées, mais le tout sans un plan de riposte stratégique pensé, réfléchi et clairement défini. De ce point de vue, le résultat ne saurait être que le même, suivant la logique de l’harmonie imitative. Un échec programmé de la riposte communautaire avec pour élément annonciateur l’évolution exponentielle des cas communautaires à Dakar. Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale en arrive à la triste conclusion par (re)connaître que : « la transmission communautaire est clairement établie et se traduit par une augmentation des cas issus de la transmission communautaire mais aussi des décès communautaires (…) Force est de constater que la Région de Dakar constitue l’épicentre de l’épidémie au Sénégal (…) A la date du 29 mai 2020, la région de Dakar totalisait 2525 cas dans notre pays sur les 3429 dépistés au Sénégal soit un taux de 73,6 ». Pourtant, c’est sur ce terrain de Dakar précisément que se côtoie, se télescope, voire se confronte ou s’affronte une multiplicité de discours autour du coronavirus. L’on assiste, ainsi, à une mise en société d’un jeu de voix d’acteurs mobilisées qui dérive sur une cacophonie qui rappelle Babel. Face à cette multiplication de voix communautaires peu compréhensibles, que nous préférons plutôt qualifier d’activisme communautaire, je me permets d’adresser aux autorités de la lutte contre la CoViD-19 la question, à la fois, interpellative et accusatrice suivante.
Y a-t-il quelqu’un, quelque part qui décide de quelle riposte communautaire le Sénégal doit-il mettre en œuvre ?
Car ne nous y méprenons pas, ce ne sera ni la multiplicité des acteurs communautaires en sur-présence sur le terrain, ni leur enthousiasme débordant encore moins leur qualité intrinsèque, qui ne fait aucun doute, qui suffiront à eux seuls pour remporter la riposte communautaire contre la CoViD-19. Il faut impérativement une stratégie communautaire globale, officielle et adaptée à la situation sous forme de ligne directive. Une feuille de route officielle proposable et opposable à tout acteur communautaire engagé, pour une riposte coordonnée et efficace. Conçue par qui de droit et non par qui de loi. Ou du moins, que les officiels renforcés que par une légalité décrétale associent dans la définition de leur politique communautaire les spécialistes confortés par une légitimité scientifique, au lieu de les scier du programme comme cela semble être présentement le cas. Vaut mieux tard que jamais, le ministre Abdoulaye Diouf Sarr semble enfin en prendre conscience lorsqu’il dit : « L’endiguement de l’épidémie doit mobiliser toutes les énergies. Cela passe par un renforcement de nos stratégies à l’échelle locale et un engagement fort de l’ensemble des communautés (…) J’ai demandé au Comité National de Lutte contre la gestion des épidémies de formuler dans les meilleurs délais, des recommandations pour freiner la propagation de l’épidémie dans la région de Dakar (…) parce que si on perd la main à Dakar, la lutte risque d’être perdue au niveau du pays. » Mais irez-vous M. le président de la république, M. le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, jusqu’au bout de cette logique en allant à la rencontre et à l’écoute de ces anonymes, qui ont fait leur vie sur la recherche de solutions communautaires, et non les renommées, dont leur vie se fait par la gestion communautaire. Car, cette dernière catégorie de personnalités jusque-là plébiscitées, n’a pas encore su mettre à profit le bon dispositif communautaire dont dispose le pays, brillante par leur absence, silence et initiative. Pour toute démarche (non) proposée, il est laissé à quiconque se réclamant communautaire la latitude de dérouler son approche communautaire. Ainsi au lieu d’une réponse communautaire, on en décompte une multitude. Encore que même si on est communautaire, son rôle se situerait, davantage, au niveau opérationnel de la mise en œuvre, plutôt, que du niveau stratégique de la conception. C’est là toute l’origine de ce pilotage à vue constaté dans toutes ces réponses communautaires sur-proposées, génératrices de beaucoup de bruits et de pas mal de confusions ?
Comment le protocole de riposte communautaire fort sur la forme est-il inopérant à cause de sa faiblesse sur le fond ?
Constitué d’agents formels comme d’agent informels tels, les agents de santé communautaire, les assistants sociaux, les Badienne Gox, les relais communautaires, les ASC, les associations locales, les leaders d’opinion (artistes, sportifs, notables, religieux, personnes de bonne volonté, politiques…)... Le dispositif communautaire est fort d’hommes et de femmes de terrain, et fiers de le revendiquer. A juste titre, ils sont formés ou formatés pour être proches de la population, la connaître et pouvoir l’influencer. Vaste et exaltant programme qui recoupe largement leur fonction. Mais la direction vers laquelle influencer la communauté, dans un sens ou dans un autre, cette prérogative n’est pas du ressort du communautaire. Dont le rôle est spécialisé dans la prise en charge de l’individu et non dans la manipulation de ses idées. Sa vocation n’est pas de concevoir, par lui-même, ni les messages, ni la stratégie de la riposte. Une mission dévolue à un responsable dédié qui n’est pas un acteur opérationnel de terrain mais un agent de conception. Dans cette situation où ceux qui sont censés rédiger la feuille de route de la réponse communautaire restent improductifs, par ignorance de leurs prérogatives ou par déficit de compétences pour leur tâche, les acteurs communautaires se retrouvent laissés à eux-mêmes. Sans contenus et orientations, ils s’improvisent, devant la communauté en interrogation de quelle direction prendre, officieusement stratèges en plus de leur statut officiel de maîtres d’œuvre. Bien présents sur l’étendue des terrains du pays et contraints ou désireux d’occuper tous les postes en même temps, les acteurs communautaires se mettent alors à dire et à faire.
A ce rythme effréné, ils finissent par répéter les mêmes messages et exécuter les mêmes tâches, qui consistent respectivement à :
- (re) parler, encore et toujours, des fameux gestes barrières : un discours rodé et même, à la limite, un disque raillé qui a besoin à l’occasion d’être renforcé et d’être renouvelé ;
- (re) distribuer, encore et toujours, des masques, des gels, de la nourriture : des actions d’appoint qui ne sont d’ailleurs, pas totalement, au point.
En ne reposant que sur ces deux leviers largement éprouvés, la machine de la riposte communautaire de la CoViD-19 du Sénégal déraille vers deux dérives : emballement et enraillement. Faute, non pas, de bras communautaires mais, plutôt, par défaut de tête communautaire. Alors face à ce cas grave, l’opération chirurgicale qu’il urge de réaliser est celle, à la fois, délicate et technique de greffer au corps communautaire, qui est déjà bien bâti, un esprit communautaire encore inexistant. Mais comment procéder ?
Quelques gestes précis pour insuffler une âme réfléchie à ce corps communautaire sur-animé.
Pour ce faire la riposte communautaire, jusque-là simple slogan communautaire, gagnerait à être transformée en produit communautaire. Correspondant concrètement à l’acte d’engagement communautaire qui reste, pour le moment, dans les esprits, en l’état de théorie.
En attendant que le concept se traduise concrètement, dans les faits, en conduite communautaire. La seule manière de rendre efficace l’engagement communautaire dans la trajectoire de la transformation communautaire qui est la finalité de la riposte communautaire pour arriver à bout de la pandémie de la CoViD-19. Mais pour cela, le processus doit se construire en se débarrassant de tous les équivoques autour de la notion clé d’engagement communautaire surtout chez les responsables du CnDE et du CrDE.
Ceux-là mêmes que le Ministre invite à nous proposer encore sans délai, une démarche accentuée de la réponse communautaire, en dépit des amalgames qu’ils traînent encore autour de l’approche communautaire. ne vaudrait-il pas, donc, mieux les inciter d’abord à se départir des amalgames qui les empêchent, de bonne foi, de bâtir une stratégie communautaire qui fait jusque-là défaut. Parmi les nombreuses nuances autours de l’engagement communautaire qu’ils doivent apprendre à discerner, nous retiendrons à tout hasard les suivantes :
- L’engagement communautaire se coconstruit entre spécialistes communautaires concepteurs et agents communautaires exécuteurs ; chacun bien ancré à sa place ;
- L’engagement communautaire s’acquiert par la communication interactive et non par la communication linéaire et la communication circulaire ;
- Loin du schéma de up-down imposé aux publics ;
- L’engagement communautaire se (dé)compte par le nombre de publics impliqués dans le programme et non par le nombre d’acteurs déployés sur le terrain ;
- L’engagement communautaire se traduit, dans la réalité, par des actions concrètes posées et non par des cognitions théoriques restituées ; privilégiant plus le faire que le savoir ;
- L’engagement communautaire mesure son efficacité par la baisse de la courbe de la transmission communautaire et non par la hausse exponentielle ;
Ainsi que c’est le cas aujourd’hui. Le protocole de riposte communautaire ne s’improvise pas donc, il se maîtrise dans ses grades idées, il se conçoit dans son architecture globale, il se met en œuvre dans une démarche opérationnelle et son efficacité s’apprécie par des résultats de nature sommative. Soumis à ce protocole, les clignotants de la riposte communautaire contre la CoViD-19 au Sénégal sont, pour le moment, au rouge. D’où l’urgence de mesures correctives pour freiner la dangereuse ascension de cette courbe de transmission communautaire. C’est une question de volonté politique à faire montre de la part des autorités pour faire enfin appel à une expertise scientifique disponible pour une cause d’utilité communautaire.
N’est-ce pas là l’exigence communautaire à laquelle nous appelle le coronavirus, une pandémie d’envergure, de nature et de couleur communautaires. Car si on n’y prend pas garde, par un effet contraire la riposte communautaire contre la CoViD-19, telle qu’elle est (é)conduite à l’heure actuelle risque de se muer en cas communautaire pour aggraver la contamination communautaire.
Urgence signalée. Mobilisons-nous plus et surtout mieux, ensemble nous vaincrons !
LA POSITION INTRANSIGEANTE DES ACTIONNAIRES TUNISIENS BLOQUE LES NEGOCIATIONS
Arriérés de salaires, salaires de reprise et gouvernance de l’entreprise ont été les trois points au menu des négociations triparties entre la Direction, les Employés et l’Etat pour la relance des activés de Médis Sénégal. Médis Sénégal ?
Arriérés de salaires, salaires de reprise et gouvernance de l’entreprise ont été les trois points au menu des négociations triparties entre la Direction, les Employés et l’Etat pour la relance des activés de Médis Sénégal. Médis Sénégal ? Cette industrie pharmaceutique fermée il y a quelques mois et qui fabriquait, entre autres médicaments, la fameuse chloroquine ! Hier, elle a « refusé » toutes les propositions de l’État.
Face à la rupture dans les pharmacies de certains médicaments de santé publique (Paracétamol, Fer, Gardénal, Sédaspir, Parégorique), fabriqués par Médis Sénégal, le président de la république avait, selon nos sources, demandé au ministre des Finances et du budget de prendre les mesures nécessaires pour le redémarrage en urgence des activités de la société pharmaceutique Médis Sénégal, en collaboration avec les ministères en charge de la Santé et de l’industrie (cf. Lettre n°01306 Pr/SGPr/CF du 21 avril 2020). Pour accélérer le processus, l’État aurait promis de mettre sur la table un montant de 5 milliards de francs pour l’augmentation de ses parts dans le capital de l’entreprise. Ce, afin d’aider Médis Sénégal à avoir du cash pour l’approvisionnement en intrants et le paiement des salaires.
Les employés bandent les muscles et réclament la tête des fautifs…
Courant mai et juin 2020, trois rounds de négociations ont, selon nos informations, été effectués entre la direction et les employés sous la supervision d’agents des ministères des Finances et de l’industrie. « Les trois points énumérés concernent d’abord le paiement des arriérés de 6 mois salaires. Sur ce point, les employés ont exigé le payement de toutes les sommes dues mais la Direction a proposé de payer 30 % des sommes en indemnités.
De son côté, l’Etat a demandé à la Direction de dégager une enveloppe satisfaisante et soutenable. Le deuxième concernait les salaires de reprise. Les employés ont proposé de suspendre la prime de performance jusqu’à nouvel ordre. La Direction, elle, a proposé de supprimer 10 rubriques salariales sur les 15 avec des pourcentages appliqués et une suppression de tous les avantages et primes. L’Etat a, de son côté, proposé de garder 13 rubriques salariales sur les 15 et une suspension de la prime de performance jusqu’à nouvel ordre. Le troisième point concernait la gouvernance de l’entreprise. Pour ce point, les employés ont exigé le départ des responsables « fautifs » (Directeur site, responsable des ressources humaines, responsable financier). Mais, l’Etat a, lui, demandé à Médis d’apporter des corrections sur la Direction de l’entreprise », confient nos sources. Toujours à en croire nos sources, les employés de Médis Sénégal ont accepté les propositions de l’Etat « bien que ça sera difficile avec les engagements bancaires que nous avons déjà contractés.
La Direction de Médis Sénégal a rejeté les propositions
» Mais, nous révèle-t-on, « la Direction de Médis a refusé les propositions de l’Etat en campant toujours sur ses positions. » Selon nos sources, ce refus de Médis Sénégal aurait bloqué toutesles négociations. «« La Direction générale de Médis veut diminuer drastiquement les salaires des employés (réduction de 10% à 50 % des salaires et suppression de tous les avantages) avant tout redémarrage de la production et les employés disent ne pas pouvoir concéder à de telles réductions qui sont une violation du code du travail. Les agents du ministère des Finances et du ministère de l’industrie disent qu’ils vont rendre compte à leurs ministres de tutelle. La lecture que font les employés de la situation est que la Direction générale de Médis veut définitivement fermer l’entreprise sans payer aucun droit aux travailleurs ». L’Etat va-til céder face aux caprices des tunisiens actionnaires majoritaires de Medis et sacrifier ses « fils » ? Wait and see !
MASQUE « DEMODE », REPRISE DES RASSEMBLEMENTS
Malgré la présence du Coronavirus au pays, les vacances ont fortement démarré. Les plages sont envahies par un monde fou à l’instar de celles sur la Corniche. Les Sénégalais ont ainsi repris leurs vieilles habitudes.
Malgré la présence du Coronavirus au pays, les vacances ont fortement démarré. Les plages sont envahies par un monde fou à l’instar de celles sur la Corniche. Les Sénégalais ont ainsi repris leurs vieilles habitudes. Notre reporter a fait une randonnée sur la Corniche.
C’est déjà les vacances. Une forte chaleur s’est emparée de la capitale depuis le début du mois de juin. Et le moins que l’on puisse dire est que le « dé-confinement » a libéré les gens qui ont déserté leurs maisons pour le grand air. Apprendre à vivre avec le virus est à la mode depuis que le président Sall a lancé le message. Les rues et autres espaces publics sont ainsi investis au point d’oublier les gestes barrières conseillés pour éviter de choper le virus. Le gel hydro alcoolique, les masques ne sont plus à la mode comme au début de la pandémie où beaucoup de personnes en disposaient dans leurs sacs. Bref, la crainte du début n’est plus d’actualité, nos compatriotes étant habitués au méchant virus qu’ils ne prennent plus au sérieux. Dimanche 21 juin dernier. La Corniche refuse du monde. D’un côté, les habitués de cet espace s’adonnent à leur jogging. Si certains sont à pieds, d’autres font leur mise en train à vélo. Les installations pour permettre aux pratiquants de faire la musculation sont prises d’assaut. Des appareils qui peuvent être vecteurs de transmission. Mais les gens ne semblent guère se préoccuper de cet aspect. D’ailleurs, il est rare de voir un d’entre eux avec un masque. Abdoulaye, visage couvert de sueur, s’entraine sur le sable face à la mer. Les vagues ne le dérangent point. « Je viens souvent à la Corniche pour m’entrainer, une façon de maintenir la forme. Certes, la maladie est bien dans le pays et gagne du terrain, mais on ne peut plus rester confiné dans les maisons avec cette canicule. Je suis un sportif. Je ne peux rester une semaine sans m’entrainer. Je réveille mes muscles. J’ai mon masque dans mon sac. Quand je termine, je fais trempette. Cependant pour rentrer, je porte le masque », explique le quadra avant de reprendre ses mouvements.
Le masque à rudes épreuves
De l’autre côté, des enfants, accompagnés de leurs parents, jouent dans une aire qui leur est destinée. Rares sont ceux qui ont mis le masque au visage. Idem pour leurs parents. un petit joue et crie avec ses amis sur l’aire de jeu. il n’a pas de masque sur lui. « Le masque m’étouffe quand je joue, je préfère l’enlever», dit le garçon pressé de rejoindre ses camarades. De nombreux véhicules sont stationnés près du littoral, source de conflit pour bradage. Des bulldozers sont stationnés, prêts certainement à tout détruire. Entre l’hôtel qui est à côté et l’espace vide, il y a une petite ruelle. Des centaines de jeunes de tout âge s’y dirigent. Ceux qui portent le masque peuvent se compter. Ce qui reste de cette partie de la plage est investie par des centaines de jeunes. De petits groupes se forment. Si certains font trempette, d’autres s’adonnent à une partie de lutte. Les plus petits jouent sur la rive. Le décor est également féminin avec de belles demoiselles assises sous des tentes. Avec le bradage du littoral, ce petit espace est envahi par un nombre impressionnant de personnes. Matar, 18 ans, qui vient de sortir de la mer fait sécher ses habits sur une grotte. « Grand, je ne porte pas de masque. Le port de masque me fatigue. Je suis venu avec mes amis. Je t’assure que personne d’entre nous n’a mis de masque. Nous ne croyons pas à cette maladie », lance guilleret le garçon. De la minute qui suit, un autre de ses camardes le rejoint. « Matar, j’ai beaucoup nagé. Je me repose un peu », dit-il à son pote. Avant de répondre à notre interpellation. « Le virus est dans l’eau ? Non, non, non grand. On dit qu’il faut se laver les mains et être tout le temps propre. Je pense qu’un nageur remplit tous ces critères », lance le jeune homme avec un brin d’ironie qui fait éclater de rire son ami Matar.
Aicha, la vingtaine révolue, assise sur une grotte surveillant les bagages de son petit ami, se fait des selfies. « Durant presque trois mois, je n’ai pas vu mon copain. On discutait sur Watshapp par appel vidéo pour se voir. Mais là, puisque le président de la République a levé les mesures de restrictions, nous nous revoyons à chaque fois que c’est possible. Nous avons pensé venir aujourd’hui à la plage et se divertir un peu. On porte bien des masques dans la rue pour éviter les policiers, mais quand nous sommes seuls, il n’y a pas de masque possible », dit-elle toute souriante.
Seuls deux policiers pour la surveillance
De l’autre côté de l’hôtel se trouvant sur la Corniche, deux policiers surveillent la plage. La baignade est interdite. Ils sont nombreux à prendre place sur des bancs installés par les vendeurs de poissons grillés. Les plus téméraires ont préféré partir de l’autre côté pour pouvoir se baigner. Amadou Diop demande à ses amis de rejoindre l’autre plage. « Allons de l’autre côté parce que la police ignore que les gens sont de l’autre côté. Il y a plein de monde là-bas », souffle-t il à ses potes. A la « Place du souvenir », des mannequins occupent cet après – midi les lieux. Garçons et filles s’entrainent à bien se tenir sur un podium suivant les conseils de leur encadreur. Le public présent semblait bien apprécier le déhanchement de certaines nymphes. Pour ces naïades, le port du masque ne semble pas être leur préoccupation. Les rares qui en portent l’ont mis au menton comme un accessoire de luxe. A côté, des « rollers » font des acrobaties à donner des vertiges. Assurément, les vacances ont bien démarré à Dakar sans trop se soucier de la pandémie qui n’a pas donné de feu vert pour laisser les gens circuler librement.
Par Amadou BA
LE RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE
La reconfiguration des relations internationales est une donne incontournable avec la crise du coronavirus
La reconfiguration des relations internationales est une donne incontournable avec la crise du coronavirus. Frappé de plein fouet dans toutes ses dimensions, le monde doit bien faire face à l’épreuve de la reconstruction de ses bases, de la redéfinition de ses priorités et de la renégociation du pacte qui a prévalu durant toute la période de l’après-guerre. Le nouvel ordre mondial prôné par le Président Macky Sall n’est pas seulement légitime. il est un impératif et une urgence. Impératif d’un monde plus équitable, il postule un repositionnement stratégique de l’Afrique dans les relations internationales.
Le Président sénégalais a, de façon permanente, posé la nécessité d’une réforme du Conseil de sécurité des nations unies. L’absence de l’Afrique de ce « saint des saints » de l’agenda mondial est devenue proprement un non-sens. Avec 1 milliard 200 millions d’habitants, l’Afrique représente 17% de la population mondiale. A l’horizon 2100, ce taux est projeté à 39%. Avec une Zone de libre-échange continentale africaine, 30% des réserves mondiales en pétrole, gaz et minéraux, 24% des terres arables, plus de 9% des ressources en eau douce renouvelable, une jeunesse qui représente plus de 70% de sa population, le continent est bien l’avenir du monde. Pourvu que le monde change son regard et accepte que la paix et la prospérité de tous sont intimement liées au progrès en Afrique. C’est une urgence, comme l’a clairement posé le Président sénégalais.
En effet, la crise sanitaire provoquée par la Covid19 est un révélateur puissant des inégalités qui caractérisent l’ordre mondial et dont l’Afrique est la principale victime. Toutefois, notre continent n’est pas dans la posture du nécessiteux attendant passivement l’aide d’un bienfaiteur. Dans la vision du Président Macky Sall, il est question de bâtir ensemble des règles d’un partenariat mutuellement bénéfique dans le respect dû aux uns et aux autres. La crise sanitaire en cours nous enseigne que le destin de l’humanité est un et indivisible. Ce qui touche la contrée la plus lointaine peut atteindre le monde entier avec une vitesse insoupçonnée. Dans la culture sénégalaise, il est dit que « l’homme est le remède de l’homme ». Cette sagesse est plus qu’actuelle dans un monde rudement soumis à un ennemi invisible qui ne connaît pas de frontières, ni âge, ni statut social. Voilà pourquoi le Président sénégalais appelle à un monde solidaire, capable de mettre l’humain et l’humanité au centre de ses finalités.
L’Afrique est un acteur majeur et incontournable de ce monde nouveau qui se dessine sous l’effet inattendu de la Covid19. Elle pourra d’autant plus jouer pleinement son rôle qu’elle a pris conscience, aujourd’hui, de sa puissance lorsqu’elle renforce son unité pour faire face à l’épreuve. Les nombreuses consultations et rencontres des instances communautaires pour une riposte commune à la crise sanitaire, du niveau sous régional au niveau continental, indiquent clairementquel’Afriqueestdéjàdansl’après-Covid19pourparticiper activement à la naissance du nouvel ordre mondial proposé par le Président sénégalais. L’appropriation de son appel par l’union Africaine et le G20 nous laisse confiant et très optimiste quant aux opportunités réalistes de changement du paradigme historique de domination et de dépendance au profit d’une nouvelle solidarité plus agissante, d’une coopération plus effective et d’un partenariat stratégique au service d’une humanité réunifiée pour faire face aux menaces globales et d’un partage plus équitable des ressources disponibles dans un contexte de mondialisation.
C’est tout le sens de son plaidoyer pour l’annulation de la dette publique et la restructuration de la dette privée des Etats africains dont il a défendu la cause bien avant la CoViD-19. En effet, ces arrangements constitueraient une base pour la refondation des relations entre l’Afrique et ses partenaires, tout en permettant au Continent d’aménager des espaces budgétaires susceptibles de favoriser son développement. Les ressources ainsi dégagées pourraient renforcer les efforts consentis dans le cadre des investissements dans la lutte contre la pauvreté, le chômage des jeunes et l’émigration clandestine qui font le lit de l’instabilité sociale et, partant, de l’insécurité de l’Afrique et de ses partenaires. Les nombreux échos favorables à cette perspective sont encourageants pour l’Afrique et la communauté des nations. Fidèle à ses traditions démocratiques, de paix et de solidarité, le Sénégal joue déjà sa partition.
A l’instar de tous les pays du continent, il devra renégocier sa place tout en s’appuyant sur les leçons apprises des contraintes imposées par la CoViD19 pour renforcer sa résilience, réduire sa dépendance dans la satisfaction des besoins fondamentaux de sa population (sécurité humaine, santé, éducation, alimentation…), dénouer les goulots d’étranglement économiques et financiers et accroître ses investissements dans la prospective, la révolution numérique et la recherche opérationnelle pour des réponses immédiates et endogènes á ses préoccupations essentielles et au-delà, la reconquête du marché mondial.
C’EST L’ARGENT QUI MANQUE LE PLUS
Cité Millionnaire est un nom que portent trois quartiers de Dakar, Pikine et Rufisque. Des quartiers dont le nom suggèrent l’aisance de leurs habitants mais où la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille.
Cité Millionnaire est un nom que portent trois quartiers de Dakar, Pikine et Rufisque. Des quartiers dont le nom suggèrent l’aisance de leurs habitants mais où la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille.
Dans la commune de Diamagueune-Sicap-Mbao, non loin de la pharmacie éponyme, à proximité de la nationale 1, au détour d’une ruelle pavée qui lui est perpendiculaire et qui rejoint les profondeurs de la commune, est nichée «Cité Millionnaire». Elle est parcourue par d’innombrables venelles aux tracés inégalés et exigus, formant un dédale ou l’on se perd facilement. Dans ce patelin, rien ne renvoie au clinquant «Millionnaire» qui donne son nom au quartier, du moins actuellement.
A l’heure où le soleil n’impose pas encore ses rigueurs aux badauds, les ruelles sont le passage de files continues de personnes en partance pour le travail. Les herbes qui émergent, les traces d’humidité au sol, les gravats qui jonchent les artères, en plus des sillons visibles qui ravinent le terrain, montrent qu’on est en zone inondable. Le quartier est plein de vie malgré l’heure matinale. Les femmes sont visibles à intervalles réguliers en cette heure matinale. Elles balaient la devanture de leurs maisons. Les bêlements des moutons qui divaguent ou qui occupent des enclos aux abords des maisons rendent le décor atypique.
Au détour d’une des ruelles, nous débouchons sur la place baptisée «Xaar Yalla» (Avoir en espoir en Dieu). Sous un toit en zinc, tenu par des piquets de bois, une assemblée s’est formée. Ici, c’est le lieu de regroupement d’hommes et de femmes majoritairement originaires de la région naturelle de Casamance. Ils sont mécaniciens, peintres, menuisiers, touche-à-tout.
Sur les chaises de fortune en plastique, stabilisées par des bidons vides, ils partagent leurs brèves connaissances de l’histoire du quartier. Un chauffeur svelte, teint ébène, chemise jaune, témoigne: «Je suis venu en 1974 dans ce quartier. Il portait déjà le nom de Cité Millionnaire. Cette cité est issue des flancs de la Cité Sabé qui porte le nom d’une entreprise de construction.» A l’agora local, une femme, le corps décharné, des scarifications au visage, les rides prononcées, est assise sur un banc, un bol sur les genoux. Gnima Seydi habite depuis 34 ans dans ce quartier. «A l’époque, révèle-t-elle, l’espace était essentiellement occupé par des arbres.» Elle nous montre trois piles de briques sur un terrain nu.
L’endroit ne montre plus aucune trace de vie antérieure. Elle y a longtemps vécu avec son époux rappelé à Dieu. Ce quartier contrairement à la richesse à laquelle pourrait renvoyer son nom, est le siège d’une pauvreté extrême de ses habitants. La sexagénaire a vécu nombre d’inondations qui la poussait, elle et d’autres familles qui occupaient ce qui est devenu un terrain vague, à abandonner leur maison chaque hivernage pour s’établir dans le voisinage. Cette situation précaire a finalement eu raison de sa maison. Aujourd’hui, Gnima Seydi exerce, malgré son âge avancé, le métier de lavandière. Elle est actuellement en congé forcé. «Cela fait 3 ou 4 mois qu’on ne requiert plus mes services à cause de la pandémie de la covid. Il ne me reste plus qu’à mendier, ce que ma dignité m’interdit. Le bol que je tiens entre mes mains, je dois aller le rendre. C’est le dîner qu’on m’a offert hier», confie-t-elle amère.
La dame et tous ceux qui sont sous la tente de fortune regrettent leur non inscription sur les listes des aides alimentaires dues à la covid-19. Elle rajoute au tragique de son histoire : «Je loue une chambre durant l’hivernage où l’on retire l’équivalent de trente bassines d’eau journellement avec l’aide de quelques voisins. Et la nappe se recharge vite après cela.» Elle vit un cauchemar lors de la saison des pluies qu’elle entrevoit avec appréhension.
Son vis-à-vis, Gorgui Diop, chemise pourpre, bonnet serré, est peintre-décorateur. Il avoue ignorer l’origine du patronyme du site. Ce n’est pas l’essentiel pour lui. Ce qu’il souligne non sans le regretter, c’est le lotissement irrégulier du quartier, leurs difficultés en saison pluvieuse : «Tout le monde patauge sans qu’on ait le soutien d’aucune autorité, fut-elle municipale ou étatique. Nous considérons que nous n’avons pas de maire. Notre édile avec toutes les souffrances qu’on vit, a voulu nous donner 20.000 pour l’achat de gasoil lors des dernières inondations», regrette-t-il.
En chœur, les populations de la zone affirment se cotiser durant les mois pluvieux pour louer des machines. Avec pour seule aide, celle de Bara Dieng, un jeune délégué de quartier intérimaire apprécié pour son dévouement à la communauté et sa débrouillardise. Agé de 36 printemps, il est d’abord facile. Ce menuisier métallique est activiste dans plusieurs mouvements de défense des droits des populations. Trouvé chez lui dans les profondeurs du quartier, il lie le nom du quartier à ses premiers habitants. «Il se dit qu’à l’époque dans la cité, il y avait des millionnaires, mais aujourd’hui c’est tout le contraire, ajoute-t-il sourire aux lèvres. Il y avait plus précisément des Ndiambour-Ndiambour, des émigrés. Je me souviens encore de la famille Mboup avec Cheikh et son frère Modou.» « Vous n’avez pas besoin d’aide »
Après le Km 16 de la route de Rufisque, cap sur le Km 25, chez la dernière née des «Cités Millionnaires», dans la commune de Rufisque Ouest. Elle est prise en étau par les quartiers de Ndar Gou Ndaw au Nord, Diokoul à l’est, et les Hlm à l’ouest. Son nom officiel est Mousdalifa. Chose que beaucoup de personnes ignorent selon le délégué du quartier et président des délégués de la commune de Rufisque Ouest, Babacar Ndiour. Il parle d’un sobriquet affublé au quartier quand les constructions en dur ont commencé à essaimer. «Cela ne renvoie nullement à une question de richesse», énonce-t-il, péremptoire. Ce quartier est très calme contrairement aux autres «Cités Millionnaires». Ce qui se remarque, c’est un lotissement règlementaire puis des constructions qui font penser à des habitants aisés. Elle renvoie au Rufisque nouveau, bien différent des formes d’habitations traditionnelles en communauté des quartiers traditionnels lébous. Le quartier dénombre également beaucoup d’originaires de ces quartiers anciens de la vieille ville. Le délégué septuagénaire de la «Cité Millionnaire» de Rufisque, se rappelle les collectes d’argent pour la construction des mosquées, ou encore plus récemment les aides aux familles pauvres dans le contexte de la covid-19. "Vous êtes un quartier de millionnaires, vous n’avez pas besoin d’aide nous répétait-on, balance-ton", révèle-t-on. Plus sérieusement, il relève que «le quartier compte autant de pauvres que de personnes aisées, comme le Plateau et tous les quartiers de Dakar.»
C’est en 1998 qu’a été installé son premier délégué. Aujourd’hui, cette «Cité Millionnaire» compte près de trois cents maisons, deux mosquées, un centre spirituel catholique, le Mont Tabor,etc. Le calvaire du pont Sénégal Emergent Après Pikine et Rufisque, c’est dans le département de Dakar qu’on trouve la dernière «Cité Millionnaire». Coincée entre les quartiers Arafat, Hlm Patte-d’oie et le Pont Sénégal Emergent, elle est la plus célèbre. C’est un quartier très populeux aux rues constamment animées. On y trouve des commerces, des cantines d’artisans et des ateliers de couture à foison.
Imam Moussa Fall le délégué de quartier fait également office d’imam. Le vieil homme au crâne rasé occupe ce rôle depuis 2016 après avoir remplacé son frère. En 1989, quand il s’installait dans ce quartier, il ne recensait que trois maisons. Le quartier s’appelait Minam. «C’est simplementpar hasard qu’il porte le nom de «Millionnaire», relate-t-il. Maciré Kanté, courtier de son état disait tout le temps que le quartier était riche. Par la suite, beaucoup de personnes ont continué à l’appeler quartier Cité Millionnaire et cela s’est imposé. Chemin faisant, quartier Cité Millionnaire est devenu tout simplement Cité Millionnaire.» L’imam réfute la thèse selon laquelle le nom du quartier serait dû à la richesse de ses premiers habitants. A l’en croire, cela n’avait rien à voir avec une question d’opulence. «Il y avait des gens de toutes les classes sociales, avance-t-il. Peut-être, est-ce dû aux premières constructions en hauteur alors que dans certains quartiers il y avait beaucoup de baraques.» Le nom du quartier vaut souvent des plaisanteries à ses habitants. L’imam pioche dans ses réminiscences le souvenir d’une prière qu’il avait dirigée. «A la fin et alors qu’on sollicitait des aides pour des travaux de la mosquée, l’édile d’alors de la ville de Dakar Mamadou Diop, présent, avait rigolé et dit que les habitants de la cité n’en avaient pas besoin, puisqu’ils étaient des millionnaires.» Malheureusement, ce n’est pas forcément la réalité dans ce quartier dont le plan du lotissement d’origine comptait 444 parcelles. «Les besoins sont nombreux y compris pour ma propre personne », ironise le délégué. En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’il y a des personnes plus ou moins riches, d’autres qui sont pauvres, d’autres encore qui sont à un niveau intermédiaire.» Il n’y a pas que des problèmes pécuniaires dans cette «Cité Millionnaire». Le quartier souffre aujourd’hui d’énormes difficultés, particulièrement son blocage par le pont Sénégal Emergent qui rend plus que difficiles les déplacements des populations contraintes de faire des détours pour atteindre certaines zones.
LA COVID DICTE UN NOUVEAU CODE DE CONDUITE AUX CLANDOS
Le garage flottant ou clandestin de Liberté VI est un point de passage pour bien des passagers en partance pour le centre-ville de Dakar ou pour Ouakam.
Le garage flottant ou clandestin de Liberté VI est un point de passage pour bien des passagers en partance pour le centre-ville de Dakar ou pour Ouakam. En cette période de pandémie de la Covid 19, les us ont été un tout petit changés.
Ce mardi du mois de juin, le thermomètre affiche les 25°. La chaleur étouffante accable les passants qui marchent sur le trottoir juste au niveau du giratoire de Liberté VI. Ici, le trafic est dense. Il est difficile de se frayer un chemin. Un véritable mouvement de foule et une circulation dense constituent le décor.
Le rond-point Liberté VI est devenu un haut lieu d’où partent et débarquent des centaines de passagers par jour. Ils y embarquent dans une faune hétéroclite de vieilles voitures de toutes les marques et de toutes les catégories, appelées à juste titre des «clandos», diminutif de «clandestins». Elles sont ainsi désignées parce que la loi ne les autorise pas faire du transport comme les taxis. Dans cette zone, le «taxi clando» reste, un moyen de transport très prisé du fait de son coût accessible pour les clients. Les prix valsent entre 200 FCfa et 700 FCfa selon les destinations. Au niveau du giratoire communément appelé Rond-point VI, un grand espace fait office de lieu de stationnement pour les bus de transport «Dakar Dem Dikk».
A quelques mètres, les taxis clandos sont stationnés à côté d’un arbre en attente des clients qui viennent au compte-gouttes. Ici, chauffeurs et clients discutent du tarif et de la destination de chaque taxi clando. Il est presque difficile d’identifier du regard un client ou un chauffeur à cause des masques qui couvrent une bonne partie des visages de ceux que l’on rencontre sur les lieux. Néanmoins, on note quelques récalcitrants qui ne se soucient pas du port obligatoire de masque encore moins de la distanciation sociale en cette période de pandémie de la covid 19. Habillé d’une chemise beige et d’un pantalon bleu, casquette bien fixée sur la tête, Malick Dia la trentaine révolue est le responsable du garage. «Mon travail consiste à organiser le départ des taxis clandos. J’oriente aussi les clients pour qu’ils puissent trouver un véhicule rapidement», explique-t-il.
LUTTE CONTRE LA COVID 19
En cette période de pandémie, les tarifs ont connu une légère hausse à cause des mesures prises par le ministère des Transports qui limite à trois le nombre de clients dans les taxis. Le tarif est passé de 200 FCFA à 250 F Cfa et de 500 F Cfa à 700F Cfa. «Ce qui explique cette hausse, c’est bien sûr la limitation du nombre de places. Si on gardait le prix d’avant on n’allait pas s’en sortir. C’est donc ce qui explique cette légère hausse sur le prix du transport», informe le responsable du garage. Mais ce qui reste quand même remarquable et positif dans ce travail de convoyage des clients en cette période de crise, c’est le respect des mesures sanitaires par les clients et les responsables qui officient sur ce lieu. Ngagne Ndao, un jeu de clés à la main, scrute l’horizon pour voir l’arrivée des clients. «Personnellement, je n’accepte pas dans mon taxi, un client qui ne porte pas son masque. On est en période de crise sanitaire et il y a des mesures qui sont édictées par le gouvernement, alors il faut les respecter », souligne-t-il. Il ajoute que «dans chaque véhicule, on a mis à la disposition des clients un gel hydro alcoolique pour le nettoiement des mains». Selon Rokhaya, une cliente, «le respect du protocole sanitaire doit être l’affaire de tous, on est en guerre contre un ennemi invisible ; il faut alors se prémunir avec les masques et se laver les mains pour éviter toute contamination», dit-elle.
DIFFICULTÉS
En cette période de crise sanitaire, l’impact négatif est ressenti dans quasiment tous les domaines d’activités et le secteur du transport n’est en reste. Le gain journalier des chauffeurs de taxi clando a littéralement baissé à cause de la covid 19. Babacar Diop un jeune chauffeur d’une vingtaine d’années n’en peut plus de cette kyrielle de mesures sanitaires prises par les autorités sans un appui financier à leur secteur. «Jusque-là, nous avons tout accepté venant de l’Etat mais on n’a pas encore reçu un franc venant du ministère du Transport alors que d’autres branches du transport sont appuyées financièrement. Ce n’est vraiment pas normal», fulmine-t-il, la mine sévère. Il poursuit en rappelant que «le chauffeur qui avait l’habitude de rentrer avec un chiffre d’affaires de 10 000 F Cfa peine aujourd’hui à gagner 5 000 F Cfa à cause de la limitation du nombre de places». L’autre pilule amère à avaler par les chauffeurs de taxi clando c’est, l’emplacement des bus Dakar Dem Dikk sur leur lieu de stationnement. Malick Dia, le responsable du trafic des taxis clandos au niveau de Liberté VI fulmine. «Nous avons toujours été en règle pour occuper ces lieux, rappelle-t-il. Chaque mois on paye 15 000FCfa à la mairie pour l’occupation de cette surface, mais vous pouvez constater de vous-même que cet espace est maintenant affecté à la société Dakar Dem Dikk et sans aucune explication valable», déploret-il.
UN DEMI-MILLION D'ÉLÈVES RETROUVENT LE CHEMIN DES CLASSES
Après avoir exprimé des critiques, des syndicats d'enseignants et des associations de parents d'élèves ont fini par accepter cette reprise des cours, tout en déplorant un manque d'eau dans certains établissements, rendant le lavage des mains difficile
Un demi-million d'élèves du Sénégal ont repris jeudi le chemin de l'école, après trois mois d'interruption due au coronavirus, un faux départ au début du mois et alors que débute la saison des pluies, dans ce pays d'Afrique de l'Ouest où l'épidémie continue à se propager.
"Les élèves sont déjà en classe.Ils ont tous mis des masques, disponibles dans l'établissement, tout comme le gels (hydroalcoolique)", a expliqué à l'AFP le responsable d'une école de la Médina, quartier populaire proche du centre de Dakar, Abdoul Diop.
"Nous avons réduit le nombre d'élèves dans les classes, dont certaines font moins de 20 élèves", alors que les effectifs sont généralement pléthoriques au Sénégal, a poursuivi M. Diop.
Cette réouverture partielle ne concerne que les quelque 551.000 élèves des classes dites d'examen (CM2, troisième, terminale), sur un total de 3,5 millions d'enfants scolarisés dans le pays.Les cours ont été interrompus à la mi-mars, lorsque le président Macky Sall a décrété l'état d'urgence, dont les mesures ont été depuis lors progressivement allégées.
Cette rentrée partielle était initialement prévue le 2 juin mais avait été reportée à la dernière minute après la découverte d'une dizaine de contamination parmi les enseignants.
Avec quelque 6.233 cas officiellement recensés et 94 décès, la maladie Covid-19 est toujours en progression au Sénégal, même si la situation est sans commune mesure avec celle qui prévaut notamment aux Etats-Unis et en Amérique latine.
Le président Sall s'est mis mercredi en quarantaine pour 15 jours après avoir été en contact avec une personne atteinte de la maladie, bien que lui-même ait "subi un test, revenu négatif", selon la présidence.
Après avoir exprimé des critiques, des syndicats d'enseignants et des associations de parents d'élèves ont fini par accepter cette reprise des cours, tout en déplorant un manque d'eau dans certains établissements, rendant le lavage des mains difficile.
Ils ont également souligné que la saison des pluies qui commence, en particulier dans le sud et l'est du pays, risque de détériorer les conditions de travail des élèves, beaucoup d'écoles ayant des toitures en chaume.
La fermeture des écoles pendant trois mois a bouleversé le calendrier scolaire.Alors que l'année se termine habituellement fin juillet, les examens ne seront organisés cette fois qu'entre fin août et début septembre.
Le gouvernement a annoncé qu'un comité pédagogique définirait prochainement les modalités de passage à l'année supérieure pour les 3 millions d'élèves qui n'ont pas repris les cours jeudi.
Les universités restent quant à elles fermées jusqu'à nouvel ordre, tout comme les frontières du pays.Un couvre-feu de 23H00 à 05H00 du matin est toujours en vigueur.