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3 octobre 2025
LA JUSTICE A ÉTÉ HUMILIÉE ET IL EST TEMPS QUE CELA CESSE
L’affaire dite Souleymane Téliko, du nom du président de l’Union des Magistrats Sénégalais continue de susciter indignation et colère des acteurs, surtout de la société civile
L’affaire dite Souleymane Téliko, du nom du président de l’Union des Magistrats Sénégalais continue de susciter indignation et colère des acteurs, surtout de la société civile. Selon le directeur exécutif d’Amnesty International/Sénégal, Seydi Gassama, c’est la justice qui a été «humiliée» et «il est temps que cela cesse afin que le Sénégal puisse redorer son blason judiciaire.»
L ’affaire du juge Souleymane Téliko relève purement de l’intimidation. Le directeur exécutif d’Amnesty International/Sénégal, Seydi Gassama, en est convaincu. Joint au téléphone, au lendemain de la transmission par le ministre de la Justice, Me Malick Sall, à l’instance disciplinaire du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) du rapport d’audition du président du l’UMS par l’Inspection Générale de l’Administration de la Justice (IGAJ), il retient que le juge Téliko est exempt de reproches dans cette histoire et ne devrait même pas faire l’objet de poursuites. A son avis, M. Teliko n’a fait que lire le droit intercommunautaire de la CEDEAO et «c’est plus la posture du juge indépendant qui dérange la tutelle que ses propos». Alors s’agit-il d’acharnement ou de tentative de liquidation interne ?
Pour Seydi Gassama, le pouvoir veut «réduire au silence» les autres magistrats avec cette affaire Teliko». Chose qui, pour lui, semble «incohérente» étant donné que le Sénégal est un pays démocratique et la justice doit être aussi l’un de ses «leviers de transparence». «Ceci sonne comme une mise en garde de l’Etat à l’endroit de la justice, gare à qui donnera son opinion sur des affaires sensibles. Nous assistons à un musèlement sans précèdent de l’exécutif du judiciaire, sous nos yeux», argue le directeur exécutif d’Amnesty international section Sénégal. M. Gassama signale aussi que ces dérives ne pourront être résolues que par les justiciables, afin de parer à toute entrave à l’indépendance de nos juges. Interrogé sur l’internationalisation du combat de l’Union des Magistrats Sénégalais (UMS), avec cette «cabale» contre le juge Teliko, M. Gassama s’en félicite et espère une réaction des instances internationales qui, selon lui, devraient voir enfin le vrai visage de ce régime. «Ce régime essaie de vendre une image de séparation des pouvoirs. Mais, en réalité, cette affaire démontre le contraire. En tant que membre de la société civile, nous allons participer à cette lutte car la justice a été humiliée bon nombre de fois et il est temps que cela cesse afin que le Sénégal puisse redorer son blason judiciaire», conclut-il.
L’ESCROQUERIE FONCIÈRE DU SIECLE
Dans ce second jet relatif au lotissement administratif de la commune de Niaguis, Sud quotidien revient sur le dépassement de la norme du Code de l’Urbanisme, la validation suspect de l’application dudit lotissement par les autorités compétentes locales
Dans ce second jet du dossier relatif au Lotissement administratif de la commune de Niaguis (voir édition d’hier) Sud quotidien revient sur le dépassement de la norme du Code de l’Urbanisme, la validation suspect de l’application dudit lotissement par les autorités compétentes de la localité. Sans occulter l’aliénation du domaine national par certaines populations, le flou expressément entretenu par la municipalité sur les compensations des impactés ou encore la surpuissance de Bouba Sow, président de la commission démoniale de la mairie de Niaguis.
Pour se faire une idée de la clé de répartition tant décriée par le Comité de veille et d’alerte et des raisons avancées par la société SCI Le Toit du Sud et la municipalité de Niaguis pour la redéfinir, nous nous sommes procurés le document faisant état du dépassement de la norme de 30% de voiries et équipements pour arriver approximativement à 50%. Ledit document distribué lors de la rencontre avec le gouverneur de Ziguinchor, le 31 juillet 2019, indique que les réalités sur le terrain, après travaux effectués pour application du lotissement par le géomètre Mansour Diouf, donnent aux équipements d’utilité publique 73hec 87a 95ca et 171hec 81ca pour la voirie. Soit un total 248hec 168a 95ca sur les 592hec 75a 14ca de la surface totale à lotir. Le premier hic réside dans ce dépassement de près de 50% contraire à la norme édictée par le Code de l’urbanisme. En effet, l’article R 78 dudit code stipule que «la densité au niveau du lotissement d’habitation est déterminée par la Densité Résidentielle Nette (DRN) et le taux d’occupation par types d’activités». C’est ainsi que le taux d’occupation par types d’usages est fixé ainsi qu’il suit : surface réservée à l’Habitat et à ses annexes : maximum 70% ; surface réservée à la voirie : minimum 15% ; surface réservée aux activités et aux équipements 15%». Le type d’activité de la zone de Boucotte Macagne et Baraf est l’agroforesterie. Autre fait qui attire l’attention, le calcul de la superficie des assiettes. Dans ledit document, il est mentionné que la superficie des Lots A est de 502ha 49a 41ca, celle des Lots B est de 84ha 98a 81ca. Comme total des lots A et B, au lieu de trouver 587ha 48a 22ca, il est écrit dans ledit document que l’ensemble de ces lots fait 592ha 75a 14ca, à savoir la surface totale initiale à lotir. Il en ressort nettement qu’il y a un flottement de 5ha 24a 92ca qui n’est pas justifié. Concernant la légende des équipements et réserves des lots A et B, audelà du nombre impressionnant de lots réservés aux lieux de culte (6), de postes de santé (5), et des réserves équipements (6), certaines superficies tapent à l’œil. Comme exemple, une école élémentaire 2 qui fait 40.000m² et dépasse de loin le Lycée qui n’en compte que 32.034m².
Pis, le lotissement prévoit des lots de 9.093m² et 13.093m² pour des stations d’essence. On décompte aussi 14 espaces verts. La zone dont l’activité principale est l’agroforesterie compte 2 Commerces d’une superficie totale de 4.738m², un Centre d’affaires de 24.850m², un Centre commercial de 27.842m², sans oublier le Marché central de 32.407m². Pour essayer de voir la conformité du lotissement avec le Code de l’Urbanisme, la rédaction a joint au téléphone un urbaniste qui a requis l’anonymat car travaillant dans l’administration publique. Il révèle que le plus souvent, les demandes d’autorisation de lotissement respectent tous les règles, à savoir un bon plan avec tout ce qui va avec, dans le but d’obtenir l’autorisation du ministère du Renouveau urbain, de l’habitat et du Cadre de vie. Mais, il se désole qu’au moment d’appliquer sur le terrain les dimensions portées sur le plan, les promoteurs font ce qu’ils veulent. Qui plus est, selon lui, les services de la Division régionale de l’Urbanisme et de l’Habitat ne parviennent pas à procéder à la vérification intégrale sur le terrain de ladite application du lotissement, faute de ressources humaines suffisantes, mais aussi de moyens. Pis, il a souligné que les promoteurs peuvent se permettre même de vendre des espaces qui avaient été réservés pour les équipements, sans être inquiétés.
Validation du lotissement par les services techniques compétentes locales : Ça sent la complicité
En dépit de toutes ces bizarreries, il est indiqué dans ledit document que le chef du Service régional du Cadastre, Donacien Kanfany, a non seulement réceptionné le lotissement en question, mais aussi procédé à sa vérification. Comme conclusion, il est indiqué que M. Kanfany a constaté que les dimensions portées sur le plan correspondent à celles mesurées sur le terrain. Mieux, un certificat de conformité du lotissement aurait été accordé par le chef du Service de la Division régionale de l’urbanisme et de l’habitat de la région de Ziguinchor. Celui-ci aurait procédé à la vérification des travaux de viabilisation en réponse à la demande de réception formulée par la commune de Niaguis, sur la base de l’autorisation de lotir sur le TNI d’une superficie de 592ha 75a 14ca. Cela, sans pour autant citer le nom dudit chef de service. Néanmoins, nous avons contacté le chef du Service de la Division régionale de l’urbanisme et de l’habitat de la région de Ziguinchor, Abdoulaye Badji. A l’évocation du sujet, M. Badji dit d’emblée que «quand un lotissement est allé jusqu’à être approuvé par l’autorité, jusqu’à avoir l’arrêté, il n’y a rien à dire. Tous les services techniques ont eu à faire leur travail. Quand le comité régional va jusqu’à approuver, on n’a rien à dire».
Par rapport au dépassement sur le taux réservé à la voirie, aux activités et équipements, Abdoulaye Badji se défend que «dans le Code, il est dit : «au minimum 15% de la surface à lotir». Ce qui voudrait dire, selon lui, qu’il y a la possibilité de dépasser ce taux. Qui plus est, il estime qu’«aujourd’hui, la tendance c’est les grandes voies, parce qu’il y a la croissance démographique» et que si «dans un lotissement, la voirie dépasse 40%, c’est dans l’intérêt des populations». Pour autant, il reste catégorique que dans le lotissement de Boucotte Mancagne et Baraaf, il n’y a pas de dépassement de 50%, contredisant la mairie, qui soutient dans le document qu’il y a un dépassement approximatif de 50%. Quid du nombre exorbitant d’infrastructures sociaux de base annoncé dans le plan en zone rurale? Sur ce point, il a préféré répondre que ce lotissement répond textuellement au Code de l’urbanisme et que si le travail n’était pas bon, «l’autorité n’allait pas approuver le lotissement». Quant à l’indisponibilité du nouveau plan réaménagé après la rencontre avec le Gouverneur de région, et réclamé en vain par les membres du Comité de veille et d’alerte, il dira qu’«un plan c’est pour les services techniques. Le plan, celui qui a besoin de l’avoir, il fait un extrait de plan. On ne peut pas prendre le plan et le mettre sur la place publique. Ce n’est pas bon». Il a par ailleurs estimé que les membres du Comité de veille et d’alerte ont voulu défier l’autorité. Pis, il les accuse d’avoir fait leur propre lotissement et procédé au morcellement et à la vente de parcelles à 1.300.000 FCFA, tout en promettant aux acquéreurs de se faire dédommager par la municipalité, si toutefois le lotissement touchait leur lot. «Ce n’est pas sérieux», a-t-il pesté, non sans indiquer que c’est ce qui a été à l’origine de leur arrestation.
Des propriétaires terriens tombent sous le coup de l’article r 163 de la Loi n°2008-43 du 20 août 2008
Contrairement aux allégations de l’actuel Sg du comité de veille et d’alerte, qui soutient que les autorités locales, notamment le Gouverneur, n’ont réagi qu’à la suite de la marche pacifique qui leur avait été accordé pour le 24 juillet 2019 à Ziguinchor, nous avons parcouru un Procès-verbal de réunion de concertation, en date du 15 mars 2019. Cette rencontre avait été convoquée par le Sous-préfet de Niaguis, suite aux nombreuses lettres de contestation de la part des planteurs et acheteurs de Ziguinchor dans les villages de Boucotte Mancagne, Mandina Mancagne et Baraf et adressées au Maire et au Sous-préfet de Niaguis, au préfet du département, au Gouverneur de région et autres autorités sur le lotissement administratif de Boucotte Mancagne/Baraf et Mandina Mancagne, selon le Pv fait à Niaguis le 17 avril 2019. Ont pris part à cette rencontre, Salif Bailo Barry, au nom des agriculteurs à Kantène, Cheikhou Dabo, porte-parole des propriétaires des terres et acheteurs de Boucotte Mancagne, Daniel Diatta, acheteur auprès de Benoit Diatta, Idrissa Sané, acheteur auprès de Benoit Diatta, et même Benoit Diatta, en tant que Sg du comité de veille et d’alerte des villages impactés par le lotissement, sans oublier les chefs de villages, ou encore les autorités de locales.
Le hic, sur le Pv de la rencontre, non seulement beaucoup d’intervenants ont indiqué avoir acheté des terrains auprès de certains propriétaires terriens, mais aussi ces derniers ont avoué avoir aliéné les terres du domaine national. Il en est ainsi de Daniel Diatta et d’Idrissa Sané qui révèlent avoir acheté les terrains auprès de Benoit Diatta. Même Benoit Diatta, actuellement en prison dans le cadre de ce litige foncier, avoue avoir morcelé le verger de son père, acheté le 27 juillet 1991, en 78 parcelles d’habitation. Il explique avoir procédé à la vente des 73 lots à des tiers habitants Ziguinchor, faute de moyens financiers pour soigner son père, et qu’il a conservé 5 lots pour lui. Une vente qui s’est faite sans aucun enregistrement au niveau des services des Domaines, encore moins au niveau du Cadastre de Ziguinchor. Le Sous-préfet en a profité pour attirer l’attention des planteurs, propriétaires traditionnels de terres, vendeurs et acheteurs de terre du domaine national. Il a fait comprendre que les terres du domaine national appartiennent à l’Etat qui les a rétrocédés, par transfert de compétences, aux collectivités territoriales (Réf. Loi n°2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code général des collectivités locales). Mieux, il a indiqué que les planteurs n’ont qu’un droit d’usage sur la terre et qu’aucune aliénation (vente, location) sur cette terre n’est tolérée par la loi n°64-46 du 17 juin 1964 relative au domaine national. En réalité, les propriétaires traditionnels de terres, vendeurs et acheteurs de terres du domaine national ont violé les dispositions de l’article R 163 de la loi n° 2008-43 du 20 août 2008 portant partie législative du Code de l’Urbanisme. Il stipule que : «La vente ou location des terrains compris dans un lotissement, ainsi que la délivrance de l’autorisation de construire ne peuvent être effectuées qu’après l’obtention de l’autorisation de lotir et l’exécution de toutes les prescriptions imposées au lotisseur par cette autorisation. En cas d’inobservation des dispositions du présent article, l’action de nullité des ventes ou location est poursuivie devant le tribunal par l’autorité administrative, les acquéreurs de lots ou les locataires sans préjudice de tout dommage, intérêt ou restitution».
Un flou total entretenu expressément par la mairie
Même si par ailleurs, les propriétaires terriens sont tombés sous le coup de l’article R 163 du Code de l’Urbanisme qui interdit toute vente ou location du domaine national, il n’en demeure pas moins que la municipalité n’a pas joué en faveur de la transparence dans ce lotissement. En effet, après la réunion tenue avec le gouverneur de la région, qui aurait donné des instructions pour la suspension du lotissement dans le but de respecter la norme établie par le Code de l’urbanisme, concernant la norme de 30% de voiries et équipements, et le recensement exhaustif des impactés par ce lotissement de Boucotte Mancagne et Baraf, la municipalité a refusé systématiquement de communiquer sur l’indemnisation en nature (lots). Cela, alors qu’il était prévu que ladite indemnisation devait être adoptée de commun accord entre les acteurs : la Mairie, le promoteur Le Toit du Sud et les populations. Autre flou entretenu par la municipalité, il existerait une autre application du lotissement qui dépasserait de loin le nombre de lots annoncé dans le document présenté à la gouvernance, le 31 juillet 2019. De toute évidence, des propriétaires terriens rencontrés ont affirmé avoir reçu, preuves à l’appui, des lots numérotés au-delà de 4000, alors que dans le premier document, il est indiqué que le nombre de parcelles de lots est de 3958. Certaines diront que la municipalité a procédé au morcellement de certains lots de 625m² en des lots de 300m², et même en des demi-lots, au point d’atteindre environ un total de 6.000 lots. A titre de preuves, ils nous ont montré le lot N17 qui fait 10/15m. En réalité, ce sont des lots de 25/25m qui ont été morcelés en 2 lots de 10/15m, pour laisser une petite ruelle de 5m. Il en est ainsi du lot 15, qui a été morcelé en 2 parcelles, à savoir un lot numéroté J15 et autre lot P15, pour laisser une ruelle d’environ 5m. Sur ce dernier lot, on y voit la plaque d’une dame acquéreuse du terrain, avec son nom et son numéro de téléphone dessus. Sur le lot G15 Lot 708 A, l’acquéreur du terrain y a implanté aussi une plaque avec son nom dessus. Malheureusement, la mairie refuse de communiquer sur ladite question et cache le plan de masse que ce soit au Comité de veille et d’alerte, mais aussi à la presse.
La toute-puissance de Bouba Sow, président de la Commission domaniale à la municipalité de Niaguis
De toute évidence, même s’il est impossible de prouver que les agents de la mairie ont pu bénéficier financièrement de ce lotissement, il n’en demeure pas moins qu’il a permis à certains d’entre eux de gagner en notoriété. Il en est ainsi du président de la commission domaniale, plus connu que le maire et même plus que le Premier adjoint au maire, Wandifa Cissé. Cela, dans toute la contrée. Mieux, “Bouba Sow“ qui squattait les locaux du Conseil régional de Ziguinchor en tant que «planton» avant que Niaguis ne soit érigé en commune, s’est aménagé maintenant un bureau dans les locaux du Conseil régional. Le comble, le monsieur pour lequel on ne connait aucun autre travail, à part celui de conseiller municipal en charge de la Commission domaniale, a changé le véhicule 4*4 tout terrain, que lui aurait donné le défunt propriétaire de la SCI Le Toit du Sud, celle-là même qui a gagné le marché du lotissement de Boucotte Mancagne et Baraf, pour une jolie petite voiture. Notre source très bien au fait de ce qui se passe dans ladite municipalité, nous informe que l’un de ses fils avait bénéficié d’un financement de l’Agence nationale d’insertion et de développement agricole (Anida), créée pour promouvoir le développement d’une agriculture moderne, diversifiée, basée sur la maîtrise de l’eau et pourvoyeuse d’emplois durables pour les jeunes. Mais paradoxalement, fait-il savoir, il a voyagé pour l’Europe avec un de ses frères, il y a un plus d’un an. Le nouvel «Homme fort» de Niaguis s’est fait construire une grande bâtisse à étage à Niaguis, à côté de la vieille maison de son père, à environ 200m de l’entrée de Niaguis, en provenance de Ziguinchor, après la route des pavés. Une grande maison que nous avons pu voir de nous-même lors de notre déplacement dans la commune. Le grand bâtiment étale son arrogance devant les autres petites maisons qui se trouvent dans la localité. Le moins que l’on puisse dire, au moment où Bouba Sow étale sa puissance, 4 propriétaires terriens croupissent en prison, depuis près de 3 mois, attendant d’être fixés sur leur sort. Pis, la vente des parcelles se poursuit de plus belle, comme si de rien n’était.
L’ENVERS DE L’ORPAILLAGE TRADITIONNEL
Dans ce deuxième jet du dossier, Sud Quotidien revient sur le boom des gisements et le développement de nouvelles technologies d’extraction qui expliquent l’intensification de l’orpaillage traditionnel à Kédougou.
L’orpaillage traditionnel n’est plus l’apanage des Kédovins et des Sénégalais. Dans ce deuxième jet du dossier, Sud Quotidien revient sur le boom des gisements et le développement de nouvelles technologies d’extraction qui expliquent l’intensification de l’orpaillage traditionnel à Kédougou. Avec, en plus l’accroissement démographique résultant de l’arrivée massive de ressortissants de la sous-région et en corollaire, la prostitution et l’alcool qui sont les principales distractions des orpailleurs, l’apparition de nouvelles maladies rares comme l’hépatite B et un fort taux de prévalence du VIH.
UTILISATION DU MERCURE ET DU CYANURE DANS LES DIOURA : Dilemme autour du recours à des produits à la fois toxiques et «prolifiques»
Dans le processus de transformation du minerai d’or extrait des mines, deux principales méthodes de traitement du sable aurifère sont utilisées dans les «dioura» : la gravimétrie et l’amalgamation. La première consiste à utiliser des moquettes et des bassins pour laver le minerai d’or. La moquette retient donc l’or qui est plus dense et le reste est récupéré dans des bassines. Pour ce qui est de l’amalgamation, elle se fait en pulvérisant du mercure sur l’or récupéré par gravimétrie. Un tissu fin est utilisé pour récupérer l’or par percolation, puis ce dernier est chauffé dans un bol, afin d’avoir de l’or brut. Il existe un autre traitement qui se fait par cyanuration, consistant à ajouter au reste de minerai de la gravimétrie de l’acide sulfurique, de l’eau et du cyanure. L’or fondu à partir de ce mélange est récupéré sur des feuilles de zinc par électrolyse.
CONTAMINATION DES COURS D’EAU, DES SEDIMENTS VEGETAUX ET DU SOL…
De l’avis du directeur régional de l’Environnement et des Etablissements classés de Kédougou, M. Pathé Dièye, «le mercure a des impacts sur l’environnement ; c’est un métal lourd qui se concentre dans les végétaux et les tissus végétaux et chez l’être humain et qui finit par se bio-accumuler. A titre d’exemple, quand on mange des aliments issus de ces sites d’orpaillage, on court le risque de tomber facilement malade du cancer, parce que ce sont des facteurs cancérigènes. En réalité, le mercure permet de créer un amalgame et c’est cet amalgame qui, une fois chauffé, sépare l’or du minerai. Mais c’est cette vapeur mercurielle respirée par les gens qui travaillent sur ce site ou ceux qui les fréquentent, qui créent les différentes formes de cancer à l’intérieur de l’organisme. Et tous les symptômes qui sont associés à cette contamination au mercure sont constatés». D’ailleurs, des études réalisées par des cabinets comme Black Mines Instituts ou la Direction de l’environnement et des établissements classés (DEEC), confirment cette contamination au mercure. Le mercure contamine les sols, les eaux, les sédiments, les végétaux et les autres formes d’organismes vivants. Le cyanure aussi entre en jeu dans la récupération de l’or surtout quand les activités industrielles se sont intensifiées. Ce produit hautement toxique était juste utilisé, par le passé, au niveau des industries extractives ; mais avec le temps, quand l’orpaillage a évolué le mercure a occupé une place de choix. S’il est vrai que le mercure permet d’extraire jusqu’à 40% de l’or qui se trouve dans le minerai, avec le cyanure, si le processus d’élaboration est bien réussi, l’on peut en extraire jusqu’à 90%. Donc, c’est ce qui fait que les orpailleurs, en maîtrisant fortement cette substance, ont commencé à l’utiliser intensément. Pour rappel, le cyanure est rendu tristement célèbre par les campagnes d’extermination des juifs. Ce sont les gaz d’hydrogène du cyanure qui ont été utilisés lors de la seconde guerre mondiale. C’est une substance extrêmement dangereuse qui, lorsqu’elle est déversée dans les cours d’eau, tue toutes les formes d’organismes vivants.
CANCERS EN SUSPENS, ENFANTS ET FEMMES ENCEINTES EN DANGER PERMANENT
Alors que le mercure est cancérigène et se bio-accumule dans les tissus, le cyanure quant à lui est extrêmement dangereux ; donc deux dangers constituant des menaces pour la santé publique. Le cyanure, lorsqu’il est mélangé à une eau, quelle que soit la résistance de l’organisme, s’il absorbe cette eau, il meurt automatiquement. Donc, c’est pour cette raison, aujourd’hui, que l’orpaillage a pris une autre dimension avec l’utilisation de ces produits chimiques dangereux. L’argument qui est utilisé par les orpailleurs est que c’est une activité qui soutient fortement les développements économique et social de leur localité. Mais à quel prix ? Est-ce qu’il faut accepter de détruire l’environnement en abattant tous les arbres qui sont pratiquement sur un site pour pouvoir accéder au minerai aurifère ? Parce que, l’un des premiers impacts de cette recherche effrénée de l’or, c’est de détruire le couvert végétal, tous les arbres.
Selon Kassa Keita, un conseiller municipal de la commune de Tomboronkoto, un des nombreux sites d’orpaillage que compte la région, confortant les affirmations du directeur régional de l’environnement et des établissements classés, par rapport aux dégâts du mercure et du cyanure : «nous avons pu constater qu’avec l’utilisation des produits chimiques (le mercure et le cyanure, ndlr) ça n’allait pas. Les médecins nous ont renseignés sur leurs méfaits, car une fois déversés dans le fleuve Gambie qui longe le village et ingurgités par les poissons, ils deviennent nocifs non seulement pour les enfants, les femmes enceintes mais aussi ont des répercussions sur la santé. Ce qui est d’ailleurs vrai parce que nous remarquons que la vue de certaines personnes commence à s’affaiblir».
ÉBOULEMENT OU AFFAISSEMENT DE PUITS SUR DES ORPAILLEURS : L’or, au prix de vies humaines
Dans le nouveau Code minier sénégalais datant de 2016, c’est au Titre VII, à la section Exploitation minière semi-mécanisée que l’on peut classer l’orpaillage traditionnel. Dans partie, à la page 20, article 50, la loi stipule que «l’autorisation d’exploitation minière semi-mécanisée confère au bénéficiaire, dans les limites du périmètre attribuée et jusqu’à une profondeur maximale de quinze (15) mètres, le droit exclusif d’exploiter, selon des méthodes et procédés semi-mécanisés, les substances minérales pour lesquelles elle est délivrée.» Mais des diouratigui font fi de cette disposition de la loi en atteignant des profondeurs dépassant le double de ce qui est autorisé. En attestent les dires de Alassane, cet orpailleur sénégalais venu de la Casamance et établi au dioura de Bantaco qui affirme que la profondeur de son puits sis juste derrière un amoncellement de détritus de pierres, «avoisinait les 30 voire 40 m». Et Mamadou Dramé, le président de l’Association des orpailleurs de Kédougou de déplorer cela. «Le Code minier demande au exploitants de ne pas dépasser 15 m de profondeur lorsqu’ils creusent. Mais certains ignorent ces règles».
10 ORPAILLEURS ENSEVELIS DANS LES DAMAN EN 2019
Ignorance ou avidité d’argent de la part des orpailleurs, les « daman » atteignent parfois des profondeurs qui imposent au mineur de se munir d’un mini-ventilateur pour ne pas suffoquer et tomber en asphyxie. Tandis que d’autres mineurs à l’intérieur des fosses communiquent avec les tireurs de cordes situés en surface (sur terre), aux abords du puits à l’aide d’un mégaphone. Au cours de l’année 2019, une dizaine (10) de morts a été dénombrée, liés à l’effondrement des puits sur les orpailleurs clandestins. En cas d’éboulement, les gendarmes mettent la main sur le chef du «dioura», le chef du «daman» qui s’est affaissé et le «tombouleman» chargé de la sécurisation des trous.
En effet, force est de souligner que, même s’ils ont la lourde tâche de veiller à la bonne marche des «dioura» sous leur juridiction, ce trio (chef de dioura, chef de daman et tomboloman) ne peut pas, à lui-seul, gérer plus d’un millier d’orpailleurs dont la plupart se faufile et plonge clandestinement dans les anciens trous abandonnés, dont les parois sont fragiles, à leurs risques et périls. Or, les seules personnes à interpeller, en cas de tragédie, devraient être le chef de daman qui s’occupe de son puits, le propriétaire du «daman» et le «balandou» qui lui, s’occupe de la sécurisation c’està-dire du soutènement du «daman», moyennant argent, confie-t-on. C’est un travail très délicat qui impose au «balandou», à la fin de chaque journée, de s’introduire à l’intérieur des puits munis de gros piquets dont il dispose de part et d’autre des parois du puits pour le stabiliser et éviter son effondrement. Le seul hic est qu’aujourd’hui, ce métier est banalisé et ouvert à tout le monde. Quant au chef de dioura, il était choisi parmi les personnes expérimentées, en référence à la culture africaine. Comme c’est le cas avec l’actuel chef de dioura de Bantaco, désigné en remplacement de son père. Sous son magistère, le dioura rapportait, parce que, dit-on, il avait une bonne étoile. Le cas contraire, le chef de dioura est culturellement destitué et remplacé par un autre
PROSTITUTION, TRAITE DE PERSONNES, DETOURNEMENT DE FILLES ET D’EPOUSES D’AUTOCHTONES... L’autre réalité hideuse des dioura
Lorsqu’un site est découvert, des étrangers viennent s’ajouter à la population autochtone déjà sur place. Cet accroissement exponentiel se traduit par une plus grande utilisation de surface d’exploitation. Malheureusement, après le départ de ces derniers, se pose alors le problème de la réhabilitation des tranchées creusées. Car le dioura n’étant pas durable, il arrive que des villages «meurent» après la fermeture des sites d’orpaillage. En témoigne le village de Kharakhéna qui, avant la découverte de l’or, ne faisait même pas 500 habitants. Mais, avec la découverte de l’or, plus de 10000 personnes ont envahi ses sites. Maintenant que l’or a commencé à se raréfier, très peu de gens vivent désormais sur les lieux.
L’ORPAILLAGE, UN FACTEUR DE BRASSAGE CULTUREL
Sur un échantillonnage de 100 individus pris de cette marée humaine établie sur les lieux, seuls 4 individus sur 10 sont de nationalité sénégalaise. Les Maliens sont fortement représentés, soit 39,6% des orpailleurs. Ensuite viennent les Guinéens et les Burkinabés avec respectivement 10,3% et 5,2%. Les Bissau-Guinéens, les Ghanéens et les Mauritaniens sont faiblement représentés, soit respectivement 0,2%, 0,1% et 0,1%. Les Gambiens, Nigériens et Ivoiriens, etc. sont les moins nombreux. Kassa Keita, Bantako, conseiller municipal de Tomboronkoto, renseigne que «même si le village existait depuis près de 80 ans, l’orpaillage y a commencé en 2005, avec l’arrivée des Maliens, des Burkinabés, des Guinéens. Et depuis lors, nous sommes dans l’orpaillage. Avant, le village de Bantako comptait 245 personnes, essentiellement des notables, et maintenant nous sommes au nombre de 8240 habitants. Nous n’avons pas de problèmes avec les gens qui viennent de la sous-région, je dirai même que nous vivons en parfaite entente. Lorsqu’ils viennent s’installer, ils s’imprègnent alors des règles édictées et les respectent du mieux qu’ils peuvent».
LA PROSTITUTION ET LA TRAITE D’ETRES HUMAINS TOUJOURS D’ACTUALITE DANS LES DIOURA
Selon la loi n°2005-06 du 10 mai 2005 relatif à la lutte contre la Traite des personnes et pratiques assimilées et la protection des victimes, « La détention criminelle de 10 à 30 ans est encourue lorsque l’infraction est commise en recourant à des actes de torture ou de barbarie ou en vue de prélèvements d’organes humains ou qu’elle expose la victime à un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une infirmité permanente». Malgré cette loi dissuasive, dans les dioura, la prostitution sur fond de traite de personnes est banalisée, à la limite même normalisée. Et les femmes qui s’adonnent à cette perversion, majoritairement des Ivoiriennes, des Guinéennes, et même des Sénégalaises, le font clandestinement. Contrairement aux Nigérianes qui, elles, ne s’en cachent pas, au grand dam de la population autochtone.
Dans les dioura où se côtoient le triptyque or-argent-sexe, deux types de prostitution existent. D’une part, il y a celle pratiquée de plein gré par les Nigérianes pour la plupart, et celle qui est l’œuvre des réseaux de proxénétisme et de traite de personnes. Dans les dioura, tout le monde se connaît et les moindres gestes des étrangers sont épiés. Après avoir été dévisagé par une ressortissante nigériane du nom de Ashley, la vingtaine environ, elle a daigné nous conter sa mésaventure, en échange du prix de la passe (2000 F CFA), sous prétexte que «le temps c’est de l’argent». Elle confie : «je suis venue ici (Kharakhéna, ndlr) délibérément par l’entremise d’une de mes amies du même quartier où nous avons passé le plus clair de notre temps. Elle nous a quittés pour une aventure dans les mines d’or de Kédougou. A chacun de ses retours, sa fortune ne faisait qu’accroître et elle a gagné non seulement le respect de tout le monde, quand on sait le pouvoir de l’argent, mais aussi l’estime de sa famille. En effet, elle a commencé la réfection de leur maison qui était en état de délabrement avancé. Mon amie m’a même confié qu’elle arrêterait bientôt ce métier dégradant car elle aurait amassé suffisamment d’argent pour débuter son propre commerce. Alors j’ai décidé de suivre ses pas ; d’où ma présence ici.»
A l’opposé de Ashley qui a sciemment décidé de s’embarquer dans le travail du sexe, d’autres le font malgré elles. Pis, par peur de subir le courroux de leur bourreau, elles sont obligées de s’y adonner. En effet, le 04 janvier 2020, les éléments du Commissariat de Kédougou ont démantelé un vaste réseau de trafic et de traite de personnes à Mouran, une localité située dans le département de Saraya, à 30 Km de la commune de Missirah Sirimana. Les mis en cause, un couple concubin, le burkinabè Y.C et la nigériane P.O détenaient de force 9 filles dont 2 mineurs. Les malchanceuses qui croyaient s’embarquer dans une aventure qui leur promettait l’eldorado, se retrouvèrent prises au piège dans le travail du sexe. Pis, une fois qu’elles ont foulé le sol sénégalais, via le Mali, leurs pièces ont été confisquées par les passeurs qui sont en réalité des proxénètes. Pour sortir de ce cercle vicieux, 3 solutions étaient possibles : soit payer sa rançon qui s’élevait à 1,5 million et gagner sa liberté ; soit accepter de travailler comme prostituée moyennant le prix de la passe ; soit vivre en concubinage avec un orpailleur et percevoir un «salaire» allant jusqu’à 120.000 F CFA/mois. Si elles refusaient d’obtempérer, ces femmes subissaient mille supplices, allant de la séquestration à la torture en passant par d’atroces bastonnades. Et ce n’est pas J. Ado, l’une d’entre elles ayant succombé à la brutalité du couple, qui dira le contraire. A l’annonce du verdict de leur procès, à l’issue duquel leurs «bourreaux» ont écopé de 10 ans d’emprisonnement et la somme de 21,5 millions d’amende, les 9 miraculées sautillaient de joie. Hélas, nonobstant le travail remarquable opéré par les limiers de Kédougou, la traite de personnes continue de prospérer, avec la découverte de nouveaux sites d’orpaillage. Tout comme la prostitution et l’alcool qui sont les principales distractions des diouratigui. Avec comme corollaire l’apparition de nouvelles maladies rares notamment l’hépatite B et un fort taux de prévalence du VIH.
RAVIR LA FEMME D’AUTRUI, UN VICE QUE L’OR PEUT OFFRIR
L’arrivée des orpailleurs qui n’ont de dieu que l’argent, entraine un lot de désagréments : le dérèglement des habitudes de vie, des traditions, le non-respect des interdits et désacralisation ; donc un bouleversement radical de la vie sociale. A. Ba, chef du village de Thiabédji, une localité aurifère située à 30 km de Kédougou et au Nord de l’actuelle commune de Bandafassi, passant en revue les maux de l’orpaillage artisanal déclare : «nous avons constaté que nos enfants se désintéressaient petit à petit de l’école. Même si le dioura n’est pas à proprement parler la cause de cet abandon, néanmoins il y est pour beaucoup». Et de poursuivre : «il s’y ajoute le fait que quelques femmes d’ici ont quitté leurs maris pour partir avec ces chercheurs d’or qui ont touché le pactole. Les jeunes filles du village à la quête d’aventures et d’une vie plus radieuse leur emboîtent le pas. Car ces chercheurs d’or, qui sont des étrangers en majorité, parviennent souvent, après de durs labeurs, à gagner une quantité conséquente de ce précieux minerai qui leur assurera un temps de vacances bien arrosées. On a même deux filles qui s’étaient enfuies avec des diouramen et leurs parents sont partis à leur trousse. Par la grâce de Dieu, on les a retrouvées. Dans pareille situation, nous convoquons la fille concernée et le garçon avec qui elle s’était enfuie pour savoir s’ils s’aiment. Si tel est le cas, alors nous scellons leur union sans plus attendre. Aussi, comme cela se passe dans la majeure partie des dioura, Thiabédji n’est pas exempt des déviations qui gangrènent le milieu de l’orpaillage. On nous rapporte souvent des cas de prostitution déguisée et de l’utilisation de l’alcool, deux actes prohibés par la religion musulmane à laquelle nous appartenons. Ainsi, en compagnie des gendarmes, nous vérifions l’information et si elle est avère, alors nous chassons les fautifs hors de ce village.»
L’UMS VENT DEBOUT CONTRE LE MINISTRE DE LA JUSTICE
Les collègues de Souleymane Téliko comptent en découdre avec le Garde des Sceaux jusqu’à leur dernière énergie
La procédure disciplinaire lancée par le ministre de la Justice contre le président de l’union des Magistrats du Sénégal (Ums) a mis de l’huile sur le feu qui couvait entre Me Malick Sall et l’organisation. Les collègues de Souleymane Téliko comptent en découdre avec le Garde des Sceaux jusqu’à leur dernière énergie. Mais pour le moment les protagonistes semblent choisir le tribunal de la presse pour expliquer leurs démarches à l’opinion.
C’est la guerre totale entre le ministre de la Justice et l’Union des magistrats du Sénégal. Me Malick Sall qui clamait haut et fort ne pas être mêlé, ni de près ni de loin, à la convocation du juge Souleymane Téliko devant l’Inspection générale de l’Administration de la Justice (IGAJ) est finalement entré dans la danse. Après l’audition du président de l’Ums par l’Igaj le 18 septembre, le garde des Sceaux s’est fendu d’un communiqué pour annoncer aux Sénégalais qu’il a «saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) du rapport de l’Inspection générale de l’Administration de la Justice (IGAJ), concernant le magistrat Souleymane Téliko, en vue d’une suite appropriée». «Le Garde des Sceaux ministre de la Justice informe, suite à la saisine de l’Inspection générale de l’Administration de la Justice (IGAJ), que le rapport n°14/2020 concernant le magistrat Souleymane Téliko vient de lui être communiqué.
A cet égard, conformément aux dispositions de la loi organique 2017- 10 du 17 janvier 2017 portant Statut des magistrats, le Conseil supérieur de la magistrature, statuant en formation disciplinaire a été saisi pour suite appropriée. Cette règle est d’application, sans discrimination aucune, à l’égard de tous les magistrats à l’encontre desquels des manquements ont été relevés», a écrit Me Malick Sall pour motiver sa décision.
L’UMS S’INSURGE CONTRE LA DECISION DE ME SALL
Mais quelques heures seulement après la diffusion de ce communiqué, le bureau de l’Ums a pris la balle au bond pour attaquer violemment le successeur d’Ismaïla Madior Fall. «Le Bureau réaffirme sa désapprobation totale de l’existence même de la procédure, qui constitue un réel affront fait à tous les membres de l’association et à la magistrature tout entière. L’empressement sans précédent manifesté par le ministre de la Justice à faire juger le président de notre union à travers la diffusion aux organes de presse d’un communiqué relatif à la transmission d’un rapport non encore notifié au principal intéressé, est un autre signe révélateur du caractère particulièrement scandaleux de cette procédure», dénonce l’Union des magistrats du Sénégal, dans un communiqué parvenu hier à «L’AS». Tout en réaffirmation sa détermination inébranlable à mener avec tous «les hommes épris de justice, le combat pour l’abandon de ces poursuites illégitimes, strictement motivées par une attitude vindicative et une volonté de dompter l’UMS et audelà, la Justice tout entière», l’UMS annonce un point de presse «incessamment» pour édifier l’opinion sur les tenants et aboutissants de cette procédure disciplinaire.
LE COMITE DE RESSORT DE SAINT-LOUIS S’INDIGNE
Dans le même sillage, le comité de ressort Saint-Louis (bureau régional de l’Ums, Ndlr) est sorti de sa réserve pour soutenir le «combat» que mène le président de l’Ums, tout en dénonçant «vigoureusement les attaques injustes et les poursuites odieuses contre lui». Il lance un appel à tous leurs collègues pour qu’ils se mobilisent pour Téliko dans la procédure disciplinaire engagée contre lui et aillent l’assister. Il demande également la convocation d’une assemblée générale extraordinaire dans les plus brefs délais. En adoptant cette démarche, le comité de ressort veut mettre fin à la volonté du ministre de la Justice de «faire coûte que coûte» juger le président de l’UMS pour une «faute disciplinaire imaginaire», «sauvegarder» l’indépendance de la justice et lutter contre toute forme de «bâillonnement» de leur association.
LEVEE DE BOUCLIERS DES PROFESSIONNELS DE L’INFORMATION
La presse dit basta aux violences policières exercées sur les professionnels de l’information et de la communication. L’agression d’Adja Ndiaye, camerawoman de Dakaractu par un élément du GMI, est l’acte de trop
Les acteurs des médias s’insurgent contre la violence exercée par des policiers contre les journalistes. La dernière en date, est l’agression de la camerawoman de Dakaractu, Adja Ndiaye par des éléments du Groupement Mobile d’Intervention (GMI). Les organisations de la presse qui attendent des sanctions contre les auteurs de cet acte barbare, vont déposer aujourd’hui une lettre de protestation au ministère de l’Intérieur.
La presse dit basta aux violences policières exercées sur les professionnels de l’information et de la communication. L’agression d’Adja Ndiaye, camerawoman de Dakaractu par un élément du GMI, est l’acte de trop. Elle a suscité une levée de bouclier des acteurs qui pour dénoncent ces récurrents actes ignobles.
Toutes les organisations de la presse ont condamné l’agression de Adja Ndiaye à travers des communiqués. Elles vont d’ailleurs déposer une lettre de protestation au ministre de l’Intérieur aujourd’hui dans l’après midi. En effet, à la suite du Synpics, l’Association des Editeurs et Professionnels de la Presse en ligne (APPEL) proteste vigoureusement, dans la lettre qui sera remise au ministre Aly Ngouille, contre la violence gratuite et répétée dont les éléments de la Police nationale font montre très souvent sur le terrain. «Les cas d’agression contre les journalistes, par des policiers, sont devenus très récurrents et inquiétants. Si ceux qui sont censés nous protéger, nous attaquent, nous tabassent et exercent des abus de toute sorte contre nous, personnel des médias, il y a de quoi désespérer. L’agression sauvage subie par Adja Ndiaye, camerawoman à Dakaractu ce lundi 28 septembre 2020 à la porte du Millénaire vient, malheureusement, confirmer cette série de violences exercées par des agents de police contre des journalistes», écritle président l’APPEL, Ibrahima Lissa Faye.
A l’en croire, la camerawoman a été prise à partie par une demi-douzaine de policiers qui l’ont menottée, embarquée dans la fourgonnette avant de la rouer de coups. «L’état de santé de la camerawoman s’est beaucoup dégradé particulièrement ce mardi matin, plongeant sa famille, ses proches et les membres de sa rédaction dans l’inquiétude», indique-t-on dans le communiqué. M. Faye se désole qu’aucun des cas d’agression de journalistes n’a été suivi d’effets.
Les Editeurs de la presse en ligne interpelle Aly Ngouille Ndiaye pour que les auteurs de cette agression soient identifiés et punis conformément aux lois. Ils espèrent une sanction exemplaire afin que les agressions contre les journalistes et techniciens cessent.
CJRS : CETTE VIOLENCE POLICIERE A L’ENCONTRE DES CITOYENS NE SAURAIT SE JUSTIFIER
La convention des jeunes reporters abonde dans le même sens que les éditeurs de presse en Ligne en soutenant que cette violence policière à l’encontre des citoyens ne saurait se justifier. Les jeunes reporters dénoncent cet acte de barbarie subi par notre consœur et espèrent que des sanctions fermes, à la hauteur de l’abus, seront prises contre les auteurs d’un tel acte impardonnable dans un État de droit. Pourtant, la convention avait appelé le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, à mettre un terme à cette violence inouïe dont font usage ses services vis+-à-vis des reporters qui, jour et nuit, prennent des risques pour donner la bonne information aux Sénégalais et au monde entier.
LE G20 EN SIT-IN AUJOURD’HUI DEVANT LE MINISTERE DE LA FONCTION PUBLIQUE
L’éducation est encore en eaux troubles. et c’est le Groupe des 20 syndicats d’enseignants (G20) qui se signale encore pour un sit-in ce matin devant les locaux du Ministère de la fonction publique, après une première tentative avortée
L’éducation est encore en eaux troubles. et c’est le Groupe des 20 syndicats d’enseignants (G20) qui se signale encore pour un sit-in ce matin devant les locaux du Ministère de la fonction publique, après une première tentative avortée car interdite par l’autorité préfectorale. Il entend ainsi dénoncer les lenteurs administratives dans la carrière des enseignants et une remise en cause des acquis des accords signés en 2014 et 2017.
Le Groupe des 20 syndicats d’enseignants (G20) veut tenir un sit-in aujourd’hui, mercredi 30 octobre, devant les locaux du Ministère de la Fonction publique établi au Point E. C’est son coordonnateur Mamadou Tamba qui a vendu la mèche. « Les syndicats regroupés au sein du G20 convient la presse dans toute sa diversité au sit-in qu’ils organisent demain mercredi 30 septembre 2020, devant le Ministère en charge de la Fonction publique et de la Rationalisation des Effectifs sis au Point E», a fait savoir Mamadou Tamba coordonnateur du G20, par ailleurs secrétaire général du Seppi. «Les syndicats membres du G20 s’indignent du mépris, des abus, des injustices et des discriminations dont les enseignants sont l’objet. C’est pourquoi, pour mettre un terme à cette situation qui s’empire de jour en jour, le G20 organise un sit-in ce mercredi 30 septembre 2020 devant le Ministère de la Fonction publique », explique t-il dans un communiqué.
Pour ce qui est du contenu de leur plate-forme revendicative, ces syndicalistes du G20 réclament entre autres « la fin des lenteurs dans la production des actes relatifs à la carrière et à la mobilité sociale des enseignants et le retour à la normalité, la diligence du paiement et la résorption du gap des rappels dus aux enseignants (validation, intégration, avancement, reclassement, etc.) et l’arrêt immédiat de la surimposition sur les revenus et les salaires des enseignants, le dégel irréversible du prêt DMC, la modification du Décret n°74-347 du 12 avril 1974 fixant le régime spécial applicable aux Agents non-fonctionnaires de l’Etat en vue de permettre aux enseignants décisionnaires de conserver 40% de leur ancienneté pour le reclassement et mettre fin aux nombreuses injustices qu’ils subissent, l’ouverture de négociations inclusives sur le système de rémunération des agents de la Fonction publique, la hausse au moins à 5% du Budget de l’Éducation Préscolaire, l’ouverture de dialogue inclusif sur la retraite à 65 ans, le respect des engagements sur les questions d’habitat pour le G10 et le G8 et enfin, l’implication du G20 dans toutes les instances de négociation et de dialogue social ».
EXONERATION FISCALE CETTE ANNEE
Macky fait la part belle à la presse et au tourisme
Les secteurs de la presse et du tourisme vont normalement pouvoir se relever du choc causé par la pandémie de Covid-19. Hier, lors du conseil présidentiel sur la relance de l’économie, le chef de l’etat a annoncé qu’il allait les exonérer de fisc pour l’année 2020. Suffisant certainement pour qu’ils se remettent !
Après avoir doublé l’aide à la presse de 700 millions à 1,4 milliard et dégagé une enveloppe de 77 milliards pour le Tourisme, dans le cadre du fonds Force Covid-19, dont les 15 milliards FCFA ont été alloués au Crédit hôtelier et touristique, Macky Sall a montré hier qu’il tenait à accompagner ces secteurs précités à sortir complètement de leur torpeur. Pour ce faire, le chef de l’Etat compte passer par le levier fiscal en desserrant l’étau sur les entreprises de presse et de tourisme. «Exonérer cette année l’impôt ne nous coûte rien au fond. Donc, on va effectuer cette année une exonération fiscale pour la presse tout comme pour le secteur touristique », a-t-il laissé entendre, hier lors du conseil présidentiel sur la relance de l’économie. A l’en croire, cette mesure peut se justifier parce que son impact est faible sur les finances publiques. Ainsi, dit-il, cet allègement fiscal va porter sur la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA), l’impôt sur le revenu et les retenues à la source.
MACKY : «VOUS AVEZ TOUTES SORTES D’INTERVENANTS DANS LA PRESSE. ET ÇA POSE SOUVENT PROBLEME»
Revenant spécifiquement sur le secteur de presse, le Président Sall a appelé à sa structuration et à son organisation. «Nous sommes conscients qu’elle doit être accompagnée. Mais elle doit aussi travailler à son organisation. Vous avez des professionnels, mais vous avez aussi toutes sortes d’intervenants dans la presse. Et c’est ça qui pose souvent problème », a-t-il déclaré. Non sans exhorter les acteurs à régler la question de la carte de presse pour qu’on puisse savoir qui est professionnel de la presse et qui ne l’est pas. «Il faut d’abord clarifier les choses», a-t-il renchéri. Ensuite, poursuit-il, on pourra mieux améliorer l‘accompagnement de l’Etat. « Il faut que les entreprises se structurent. Il faut une comptabilité normale, que les employés aussi soient recrutés, inscrits à l’Ipres. Il faut formaliser un peu l’activité. Ainsi, l’Etat pourra un peu aider », soutient le président de la République. Monsieur Sall dit être convaincu qu’on ne peut pas aider des entreprises qu’on a du mal à identifier. «Si le secteur est organisé, je pense que nous pourrons intervenir pour mieux accompagner. Pour les aides directes, pour l’instant, on va voir ce qui est possible, dans le cadre des dispositifs futurs. Mais certainement, c’est par des mécanismes qu’on pourra vous accompagner et aussi par un allégement fiscal », a confié le chef de l’Etat.
Pour l’application du code de la presse, il laisse entrevoir que le temps de l’Assemblée nationale est révolu à partir du moment où le texte de loi est approuvé et promulgué. « C’est en ce moment qu’on peut prendre le décret. C’est vrai qu’il y a un décalage qu’il faut regretter souvent entre le décret d’application et la loi elle-même. Les ministres sont interpellés et il leur appartient de préparer les décrets pour ce qui concerne le code de la presse. Je crois que les textes sont d’ailleurs terminés », a expliqué le président de la République. Qui toutefois estime qu’il ne faudrait pas aussi donner l’impression que le gouvernement agit sous la pression. «Mais il est quand même temps que le ministre nous ressorte ce décret d’application qui est tout à fait prêt, pour le faire passer très prochainement», a-t-il conclu à ce propos.
L’ITINERAIRE D’UN SENEGALAIS CANDIDAT A UNE ELECTION MUNICIPALE AU BRESIL
Après une décennie au Brésil, Cheikh Mbacké Guèye, ce jeune natif de Guédiawaye, s’investit dans la politique
Après une décennie au Brésil, Cheikh Mbacké Guèye, ce jeune natif de Guédiawaye, s’investit dans la politique. Agé de 32 ans, divorcé et père d’une fille, cet infographiste de profession compte briguer la municipalité du Caxias do Sul, deuxième ville la plus peuplée (415 822 habitants) de l’état de Rio do Sul après la capitale porto Alegre. Aujourd’hui, son souhait est de devenir gouverneur de cet etatparmiles27que compte le pays de la Samba où il s’est installé depuis2010. Dans cet entretien qu’il a accordé à «L’As», le candidat du parti Démocratique travailliste évoque son enfance, son parcours scolaire, sa relation avec les Sénégalais du Brésil et décline son programme pour les populations du Caxias Do Sul.
«L’As»: qui est Cheikh Mbacké Guèye ?
Cheikh Mbacké Guèye : Je suis Sénégalais. Je suis né il y a 32 ans à Guédiawaye où j’ai passé presque toute mon enfance. A l’âge de 6 ans, mon père m’a amené à Touba dans un Daara pour des études coraniques. Ce qui fait que je suis un fervent Mouride. J’ai fait un an au Daara avant de revenir à Dakar où se sont installés mes parents. Mon père gérait l’imprimerie Cheikh Ahmadou Bamba qui était sur l’avenue Clémenceau actuelle Blaise Diagne. C’est par la suite que mon père a transféré l’imprimerie à Touba. Ce qui fait que j’étais entre Touba et Dakar. Par ailleurs, j’ai épousé une femme brésilienne. Nous avons une fille que j’ai baptisée Mame Diarra. Malheureusement, nous avons divorcé. quel est votre parcours scolaire et professionnel ? Je n’ai pas fait d’études poussées au Sénégal. D’ailleurs, je n’ai pas obtenu mon baccalauréat. J’ai quitté l’école pour une formation en infographie. C’est au sein de l’entreprise familiale que j’ai appris en grande partie l’infographie avant de m’inscrire dans une école à Dakar pour approfondir mes connaissances. Je suis un infographe et machiniste. Mais au Brésil, j’ai fait une formation en architecture.
Vous vivez depuis quelques années au Brésil. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce pays ?
En 2010, j’ai décidé comme tout jeune Sénégalais de tenter l’émigration. Je voulais être indépendant financièrement et avoir mon propre business. Comme mon grand frère vivait déjà au Brésil, il m’a invité à l’y rejoindre. Au bout d’un an au Brésil, j’avais presque maîtrisé le Portugais. Par la suite, on m’a mis en rapport avec des personnes qui maîtrisent mieux la langue. C’est dans ce cadre que j’ai aidé beaucoup de personnes notamment des Sénégalais qui avaient des problèmes avec la langue. Ainsi, beaucoup de Brésiliens se sont investis à nos côtés pour nous aider à enseigner la langue aux personnes qui avaient des difficultés avec le Portugais.
Quelles sont les conditions de vie des émigrés sénégalais au Brésil?
Le Brésil est un peu différent de beaucoup de pays, parce qu’il est composé de plusieurs Etats comme Rio de Janeiro, Sao Paolo, Rio Grande do Sul où je vis. Et chaque Etat est connu pour une activité bien spécifique. Par exemple à Rio de Janeiro, c’est le commerce qui domine le plus. La spécificité de Sao Paolo est l’industrie. Il est très facile de s’y intégrer. Toutefois, c’est un peu difficile d’avoir des papiers. Les Sénégalais essayent de gérer même si, comme on le sait, la vie des émigrés n’est pas du tout aisée. Les Sénégalais se débrouillent.
Vous vous êtes lancé en politique. Qu’est-ce qui a motivé votre candidature à une élection municipale dans l’état de Rio do Sul?
Ce qui m’a poussé à faire la politique au Brésil, ce sont mes convictions. Il se trouve que le Brésil fait partie des pays où on n’a pas de difficultés pour obtenir des papiers. En plus, je fais partie des Sénégalais pour ne pas dire des Africains qui ont eu une bonne intégration dans le pays. Donc, j’ai jugé nécessaire de faire mieux en participant aux élections pour faire partie de ceux qui décident dans le pays et votent les lois. Ce qui me permettra de prendre en considération les problèmes des Sénégalais et de les régler. Je suis candidat aux élections municipales dans la circonscription de Caxias du Sul située dans l’Etat de Riodo Sul, au sud du pays. Au Brésil, le maire représente ce qu’on appelle député au Sénégal. J’ai obtenu la nationalité en 2018.
Quelle est la source de votre engagement politique?
Je n’avais jamais rêvé faire la politique. Pour preuve, je ne connais même pas les partis politiques au Sénégal. Peut-être que c’est mon destin qui m’a conduit à faire de la politique mais franchement, ce n’était pas mon rêve. Ma principale ambition, c’est de soutenir les Sénégalais pour les sortir de leurs situations. Mon plus grand souhait, c’est de devenir le gouverneur de l’Etat de Rio do Sul. J’ai une forte ambition de devenir le Président du Brésil, mais les textes me contraignent. Car, pour être le Président du Brésil, il faut être un fils du pays. La nationalité, à elle seule, ne suffit pas, même si elle permet d’ouvrir de nombreuses portes. Après les élections municipales, je compte briguer les plus hautes responsabilités à la tête du pays. Ce qui signifie que nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin.
Quelle sera votre mission, une fois élu ?
Ma mission est simple. D’abord, il s’agit de valoriser l’éducation. Par conséquent, j’essaierai de proposer aux autorités brésiliennes un programme sur l’éducation, mais aussi sur la culture africaine. D’autant que les Brésiliens ne connaissent pas beaucoup l’Afrique. Mon objectif est d'aider les Sénégalais et les Africains à accéder facilement au pays afin qu’ils puissent travailler dans les administrations grâce à leurs diplômes. En fait, il y a beaucoup de diplômés dans ce pays et qui n’utilisent pas leurs diplômes pour travailler.
Quel regard portez-vous sur la politique du président Jair Bolsonaro?
Je ne veux pas trop m’avancer sur la politique du Président Jair Bolsonaro, parce que premièrement, nous ne partageons pas le même parti politique. Je milite au Parti Démocratique Travailliste (Partido Démocràtico Trabalhista (PDT)). Deuxièmement, pour beaucoup de Brésiliens, le Président Bolsonaro est un conservateur et réputé proche de l’armée. Pour d’autres aussi, il est très radical. Mais je crois qu’il est en train de travailler même s’il a des méthodes particulièrement radicales. Même dans ses propos, il est très percutant. Depuis qu’il est au pouvoir, il s’est efforcé de réaliser un certain nombre de ses promesses, surtout dans le domaine de la lutte contre le banditisme et le trafic de drogue. Sur le plan économique, force est de reconnaître qu’il y a beaucoup de difficultés.
Comment voyez-vous le paysage politique actuel sénégalais ?
Le milieu politique sénégalais est très agité. La parole politique a pris le dessus sur l’action politique. Beaucoup de ressources financières sont englouties dans des campagnes politiques. Les deniers publics sont constamment détournés. La différence entre le Sénégal et un pays comme le Brésil, c’est que les hommes politiques brésiliens sont strictement contrôlés. Et lorsque la justice met la main sur un homme politique, qu’il soit ministre ou Président, il va répondre de ses actes. D’ailleurs, la lutte contre la mauvaise gouvernance au Brésil, ce n’est pas uniquement l’affaire de la police et du gouvernement, mais plutôt de toute la population. C’est pour cela que les hommes politiques veillent strictement au respect des règles. Actuellement, l’Etat a arrêté le financement des candidats à une élection municipale, à cause des soupçons de corruption et de détournements de fonds qui pesaient sur cette question. Par conséquent, chaque candidat doit chercher lui-même des fonds pour financer sa campagne. Même dans ce cas de figure, le candidat est appelé à justifier l’origine de ses fonds. Je pense que ces genres de lois sont aussi importants au Sénégal pour renforcer notre démocratie.
LE STADE RENNAIS S'OFFRE ALFRED GOMIS
Annoncé depuis quelques semaines, c’est désormais officiel. Alfred Gomis est le nouveau gardien de Rennes
Annoncé depuis quelques semaines, c’est désormais officiel. Alfred Gomis est le nouveau gardien du Stade Rennais. Il quitte Dijon et signe un contrat de cinq ans avec le club breton pour un montant qui tourne autour de 15 millions d’euros.
Rennes tient son nouveau gardien. Un an seulement après son arrivée à Dijon, Alfred Gomis a changé de tunique. Il rejoint l'équipe de Mbaye Niang. Avec le départ d’Edouard Mendy vers Chelsea, le Stade Rennais s'est mis en quête d'un nouveau gardien pour remplacer ce dernier. Ainsi, le choix du club breton s'est finalement porté sur Alfred Gomis.
Hier, le site officiel des Bretons a officialisé le transfert du portier sénégalais. Le montant du transfert se situe aux alentours de 15 millions d’euros. «Après avoir fait la traditionnelle visite médicale, Alfred Gomis, 27 ans, a paraphé un contrat de 5 ans avec les Rouge et Noir. Édouard Mendy parti à Chelsea, le Stade Rennais F.C. lui a trouvé un remplaçant dans les buts en la personne d’Alfred Gomis, son compatriote en sélection», lit-on sur le site officiel du club.
Arrivé la saison dernière en France, l'ancien de SPAL a réalisé un bel exercice avec le DFCO la saison dernière, participant largement au maintien du club dans l'élite. Après sa signature, Alfred Gomis se dit prêt à relever le défi. «Cela me fait très plaisir de rejoindre le Stade Rennais F.C. C’est un club que je connaissais déjà avant de rejoindre Dijon et qui continue de grandir chaque année. Tous les ans, il y a de nouvelles ambitions. Maintenant, nous devons encore travailler pour nous améliorer», a déclaré le portier de 27 ans.
Du haut de son 1,95 m, le portier révèle avoir appelé son compatriote Edouard Mendy pour demander des renseignements sur le fonctionnement du club. «On a discuté un peu avec Édou. C’est un très bon mec. Il m'a dit qu’il y avait un super vestiaire, que l'on bossait dur pendant la semaine et que l'on prenait beaucoup de plaisir le week-end. J’ai hâte de pouvoir partager de bons moments avec mes nouveaux coéquipiers et les supporters», a-t-il ajouté. De son côté, le président Nicolas Holveck estime que son club fait partie des effectifs les plus compétitifs en France.
Ainsi, il se dit satisfait d’avoir remplacé Edouard Mendy. «C’est un soulagement, car c'était la priorité de cette fin de mercato. C'était notre piste privilégiée et de loin. C’est une très grande satisfaction de pouvoir remplacer Édouard par un futur très grand gardien», a déclaré le président de Rennes. Avec la venue de Gomis, le président des Bretons ajoute que les deux portiers sénégalais ont le même profil. «Ils ont un parcours à peu près similaire, même si Alfred a toujours eu un parcours professionnel, un peu plus normal qu’Édouard qui a vraiment un parcours atypique. Alfred a connu plusieurs clubs, il a une expérience internationale. Il a montré la saison dernière en Ligue 1 qu’il avait un très grand talent», a-t-il poursuivi. Avec Alfred Gomis, les supporters espèrent qu’il va répondre aux attentes en ligue des champions et sera à la hauteur de l’investissement.
Agé de 27 ans, il connaît l'élite française, compte 292 matches professionnels dont 109 matches sans but encaissé et 11 rencontres jouées avec l’équipe du Sénégal.