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13 juillet 2025
Par Babacar DIOP
GEORGE FLOYD RAPPELLE AUSSI LA GRANDEUR DE LINCOLN
Lincoln a affronté l’épreuve de la Guerre civile en mettant la question de l’égalité au cœur du conflit. Il travailla à la sauvegarde de l’Union et à la libération des esclaves.
Pendant la lutte pour l’indépendance des colonies américaines, Johns Adams, deuxième président des États-Unis, disait à l’endroit de l’Empire britannique : « Nous ne voulons pas être traités comme des nègres !» (Losurdo, 2006 :63).
Cette déclaration scandaleuse suffit pour démontrer que la démocratie américaine, tant chantée, excluait de fait et de droit les Noirs qui étaient incapables de dépasser le statut d’esclave et de subordonné. Nous pouvons aussi rappeler que George Washington avait exclu les Noirs de la Continental Army en 1775 et Thomas Jefferson avait signé en 1802 un texte de loi interdisant aux Noirs le transport du courrier postal. C’est dans cette culture américaine fondée sur la domination raciale qu’Abraham Lincoln sera élu sixième président des Etats-Unis en 1860.
Son élection a eu pour conséquence directe, l’éclatement de la Guerre civile américaine, parce que les États du Sud esclavagiste craignaient les idées progressistes et abolitionnistes de Lincoln. Ce dernier eut le courage de dire à ses compatriotes, incapables d’entendre la voix de l’égalité : « Si l’esclavage n’est pas injuste, alors rien n’est injuste » (S.B. Oates, 2010 :113).
Lincoln a affronté l’épreuve de la Guerre civile en mettant la question de l’égalité au cœur du conflit. Il travailla à la sauvegarde de l’Union et à la libération des esclaves. C’est pourquoi, il est considéré comme l’auteur de la « Proclamation d’émancipation » des Noirs promulguée le 1er janvier 1863.Il abolit l’esclavage sur l’ensemble du territoire des États-Unis.
Après avoir apposé sa signature sur le document le plus révolutionnaire de l’histoire de la nation américaine, il prononça ces paroles à l’endroit de ceux qui l’entouraient : « Si mon nom entre jamais dans l’Histoire, ce sera pour cet acte » (S. B. Oates, 1984 :406). Après sa réélection à la présidence en 1864, craignant que sa « Proclamation d’émancipation » des Noirs soit ultérieurement invalidée par les tribunaux ou annulée par un nouveau Congrès ou une nouvelle administration, il mettra toute son énergie dans l’adoption du Treizième amendement à la constitution qui interdirait toute velléité de revenir sur l’émancipation des esclaves.
Le 31 janvier 1865, la Chambre des représentants adopta l’amendement historique qui abolit définitivement l’esclavage en Amérique. L’homme était profondément respectueux de la dignité humaine.
Le 04 avril 1865, Lincoln se rendit à Richmond pour rencontrer la communauté noire qui vivait dans la ville. Un vieil homme d’une soixantaine d’années tomba à genou, suivis d’autres Noirs pour le remercier de la liberté qu’il avait apporté à leur peuple. Lincoln leur dit avec fermeté : « Vous ne devez vous agenouiller que devant Dieu » (B. Quarles, 1962 :212).
Compte tenu de tout ce qui précède, Lincoln apparaît dans l’histoire comme un homme qui a œuvré pour la libération des Noirs. Les esclavagistes ne lui pardonneront jamais ses idées égalitaristes. Le 14 avril 1865, au théâtre Ford de Washington, la main assassine de John Wilkes Booth ouvra le feu sur Lincoln. Les esclavagistes guérissent difficilement de la folie de la suprématie raciale.
En réalité, ce sont les descendants de John Wilkes Booth, ravagés encore et toujours par le venin de la haine qui ont tiré sur Malcom X, le 21 février 1965 et sur Martin Luther King, le 04 avril 1968. Aujourd’hui, ce sont les mêmes qui ont tué George Floyd, le 25 mai 2020. La mort de Lincoln fut un grand choc pour l’humanité. Les Noirs américains chantent dans un vieux negro spiritual : « Le Christ est mort pour notre Rédemption et Lincoln pour notre Libération » (B. Quarles, 1962 :220).
Le 13 mai 1865, Karl Marx et l’Association internationale des travailleurs adressent une lettre de condoléances au président Johnson. Cette lettre brosse un portrait juste de Lincoln : « Il fut l’un des rares ayant réussi à devenir un grand homme sans cesser d’être bon. La modestie de cet homme, grand et brave, était telle que le monde n’a découvert qu’il était un héros qu’après qu’il soit mort en martyr ». (K. Marx/A. Lincoln, 2012 :238).
En France, trois mille étudiants défilèrent devant la légation des États-Unis pour honorer la mémoire de cet humaniste que fut Lincoln. Les élèves des écoles écrivirent une lettre d’hommage à la mémoire du grand héros de l’égalité. En 1908, dans une région sauvage et reculée du Nord-Caucase, en pleine Russie des Tsars, Léon Tolstoï, le grand écrivain de l’époque, est l’hôte d’un chef tribal « vivant loin de toute civilisation dans les montagnes ».
Ce chef, qui avait rassemblé ses proches, demandait au savant qui était de passage de leur raconter la vie des hommes illustres de l’Histoire. Tolstoï leur parla d’Alexandre le Grand, de Jules César, de Napoléon Bonaparte, de Fréderic le Grand. Constatant que la rencontre touchait à sa fin, le chef se lève pour dire qu’il regrettait qu’on n’ait rien dit sur Lincoln, un grand héros dont le pays qu’il habitait s’appelait l’Amérique. Il dit à Tolstoï : « Dites-nous pourquoi Lincoln a été tué ?».
Léon Tolstoï fut ému par ces frustes barbares qui se passionnaient pour un homme qui habitait un pays lointain et était mort depuis des décennies. Il leur parla de Lincoln et de son honnêteté légendaire. Tolstoï évoqua que la supériorité de Lincoln réside dans sa force morale et la grandeur de son caractère : « Washington était un Américain type.
Napoléon était un Français type, mais Lincoln était un humaniste aussi grand que le monde. Il était plus grand que son pays, plus grand que tous les présidents réunis » (D. K. Goodwin, 2012 : 332). Au moment de conclure, Tolstoï, le grand humaniste, l’un des plus grands écrivains de la littérature universelle, dit à ces hôtes qui vivaient dans les montagnes reculées du Nord-Caucase : «La grandeur de Napoléon, César ou Washington n’est qu’un rayon de lune à côté du soleil de Lincoln » (B. Vincent, 2009 :372). Le lendemain, tandis que Tolstoï se prépare à rentrer, ils lui demandent de leur procurer un portrait de Lincoln. Il ne tardera pas à satisfaire cette doléance, parce qu’un des ses amis avait chez lui une grande photographie de Lincoln.
Cette belle histoire humaine a continué son chemin jusqu’à mon Sénégal natal. Depuis plusieurs années, j’ai accroché un portrait de Lincoln sur le mur de mon bureau de travail, à côté de ma bibliothèque. Le regard bienveillant du vieil homme me rappelle à tout instant que chaque génération doit renouveler la lutte pour l’égalité.
Dr Babacar Diop
RETOUR DE PARQUET POUR CHEIKH YERIM SECK
Dans cette affaire qui met en cause une famille d’origine libanaise, le journaliste a fait des révélations sur une supposée implication du Garde des Sceaux, ministre de la Justice et d’autres acteurs du secteur de la justice.
Le journaliste Cheikh Yérim Seck a bénéficié d’un retour de parquet, au terme de son face-à-face avec le Procureur de la République hier, mardi 16 juin. Après avoir passé la nuit à la Gendarmerie de Thiong, le journaliste retourne aujourd’hui au Tribunal pour une autre rencontre avec le Procureur qui va peut-être sceller son sort. Cheikh Yerim Seck est poursuivi pour les déclarations qu’il a faites sur la télévision 7TV, la semaine dernière. Occasion pendant laquelle il est revenu sur plusieurs sujets notamment l’affaire Batiplus.
Dans cette affaire qui met en cause une famille d’origine libanaise, le journaliste a fait des révélations sur une supposée implication du Garde des Sceaux, ministre de la Justice et d’autres acteurs du secteur de la justice. Il a aussi accusé les gendarmes d’avoir trouvé, lors de leur descente, une somme beaucoup plus importante que celle annoncée.
Le Cdeps exige la libération de Cheikh Yerim Seck
«Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) considère que l’emprisonnement d’un journaliste, alors que les faits ne sont pas encore établis, suscite une inquiétude quant à la liberté de la presse et la liberté d’expression», indique un communiqué du patronat de presse parvenu à la rédaction. Mieux, le Cdeps trouve que dans cette «période de pandémie du coronavirus, l’emprisonnement semble encore plus inadapté». Le Cdeps trouve que l’arsenal juridique sénégalais comporte de nombreuses dispositions attentatoires à la liberté de la presse et la liberté d’expression comme la diffusion de fausses nouvelles, la diffamation, le secret défense, la fermeture administrative d’un organe de presse. D’où la nécessité, dès lors, de la dépénalisation ou dépersonnalisation des délits de presse. Le Cdeps ajoute, par ailleurs, que l’emprisonnement du journaliste Cheikh Yérim Seck serait un acte d’un autre âge dans une société démocratique. De ce fait, il exige la libération immédiate de Cheikh Yerim Seck pour qu’il puisse comparaître libre devant un tribunal, en cas de jugement.
SYNPICS SUR L’ARRESTATION DE CHEIKH YERIM SECK : «Il ne saurait, en aucune manière, être demandé à un journaliste de trahir ses sources»
En soutien au journaliste Cheikh Yérim Seck, arrêté pour ses déclarations dans l’affaire Batiplus, le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) a tenu à préciser que la protection des sources d’information du journaliste est la base de la liberté de presse et constitue un pilier essentiel de la déontologie journalistique. Par conséquent, «il ne saurait, en aucune manière, être demandé à un journaliste de trahir ses sources», a dit son secrétaire général, Bamba Kassé, dans un communiqué parvenu à la rédaction. M. Kassé est formel. «La preuve d’une information liée à une source à protéger, ne saurait également être exigée à un journaliste». Ainsi donc, le secrétaire général du Synpics trouve que «demander au journaliste Cheikh Yérim Seck, l’origine de ses propos est en totale contradiction avec la liberté de la presse». Mieux, ajoute-til, «c’est une démarche inopportune d’autant plus que l’affaire pour laquelle le journaliste est entendu, est pendante devant la justice et fait déjà l’objet de plusieurs traitements dans les médias». Le syndicat soutient qu’en rapport avec la Fédération Internationale des Journalistes, Reporter Sans Frontières et le CPJ, il suit cette affaire avec beaucoup d’intérêt et fera du respect de la liberté de la presse son objectif
par l'éditorialiste de seneplus, Tidiane Sow
LE GÉNÉRAL ET LA VÉRITÉ DE LA GUERRE
EXCLUSIF SENEPLUS - L’exécutif semble céder à chaque coup de boutoir. On en revient à là où on aurait dû commencer : informer, sensibiliser, responsabiliser et rester derrière le peuple
Souvenons-nous de nos westerns favoris : quand la cavalerie charge, le général est sur le côté. Plus le grade est élevé, plus le gradé est loin derrière les troupes. Cela n’a rien à voir avec le courage ni avec la bravoure. C’est la loi de la guerre. C’est le général qui a le plan de la bataille, il doit être à l’abri.
Rappelons aussi la qualité principale d’un homme politique selon Mitterand : l’ indifference ; une fois la voie tracée disait-il, il ne fallait pas s’arrêter aux états d’âme subalternes, il fallait être indifférent aux jugements éphémères, aux coteries, aux manipulations, aux jalousies. Enfin, il assénait qu’il fallait avoir la nuque raide pour ce qu’on estimait juste.
Les gens regarderont toujours dans le rétroviseur et tireront des enseignements à posteriori. Le biais rétrospectif peuple les places publiques.
Dans cette guerre qu’il avait déclarée à la Covid-19, la place du président aurait été meilleure derrière nous autres fantassins, les citoyens. Il a pris le risque d‘essuyer toutes les éclaboussures à la moindre anicroche en se mettant devant et en multipliant des gestes qui, aujourd’hui, pourraient apparaitre comme des maladresses : suppression du poste de Premier ministre, réquisition de tous les pouvoirs, mise en scène devant des sacs de riz, etc.
Le discours du 11 Mai fût un tournant. Ce fût un énoncé chaotique. La parole manqua de richesse, le ton d’espoir, et les questions de réponses fermes. Les lobbies semblaient continuer d’imposer leur diktat à un exécutif qui en la circonstance concentrait pourtant tous les pouvoirs.
Le président apparut fatigué, mal à l’aise. L’aplomb de ses premiers discours avait disparu. La façon lente dont il débitait les mots pouvait trahir qu’ils n’étaient ni dans son esprit, ni dans son coeur. A nous citoyens à qui il s’adressait, ils ne furent pas plus dans notre coeur, ni dans notre esprit. Une phrase malheureuse sonna le glas de nos espoirs : “il nous faut apprendre à vivre avec le virus” : le contraste était saisissant avec le slogan “Nous sommes en guerre” des premiers jours de la maladie.
Le président a peut-être écouté trop de monde. La meute, comme les chiens sauvages a fini par attaquer sa politique, chaque chien lui arrachant un lambeau ; cela commença par quelques religieux qui obtinrent l’ouverture des mosquées. Puis les commerçants s’engouffrèrent dans la brèche ouverte pour exiger l’ouverture des marchés. La diaspora, avec une rare ténacité, obtint contre l’avis de la justice et de son ministre de tutelle, le rapatriement de ses morts au pays. Puis vinrent les enseignants qui obtinrent à la dernière minute le report sine die de l’ouverture des classes, après avoir été laborieusement convoyés aux quatre coins du Sénégal. Une heure avant ce report, le ministre de l’Education nationale assurait que tout était fin prêt pour l’ouverture du lendemain. Les jeunes rognèrent sur le couvre-feu en brûlant quelques pneus épars dans les rues désertes et enfin les transporteurs n’eurent qu’à hausser légèrement le ton pour faire sauter le verrou de l’interdiction du transport interurbain et obtenir ainsi gain de cause.
L’exécutif semble céder à chaque coup de boutoir. Le peuple, jusqu’alors tétanisé par la peur du virus, a compris le message : “Nous devons vivre avec le virus”. On en revient là où on aurait dû commencer : informer, sensibiliser, responsabiliser et rester derrière le peuple.
Les récentes mesures prises ne passèrent point pour ce qu’elles furent - à savoir un allègement des mesures sanitaires au profit d’une reprise économique - mais pour ce qu’elles paraissaient être, à savoir une reculade devant des protestations catégorielles du peuple. Des moussaillons, sans grande influence à priori, sous l‘effet de menaces à peine voilées ont contraint le pouvoir à reculer.
La grandeur des hommes politiques se révèle surtout en période de crise. Elle ne consiste pas toujours à occuper un poste ou un employ, dit-on. Elle consiste surtout à avoir une vision, à la vivre et ne pas craindre d’être mal compris.
Elle exige une communication impeccable, de l’originalité, de la coordination et du courage. Maintenant, les citoyens sont devant, à l’assaut de la maladie, à la place qu’il faut, celle où ils auraient dû être depuis le début. A eux d’exercer avec discernement leur responsabilité : celle de respecter les mesures barrières et de ne pas abdiquer.
Dr Tidiane Sow est Coach en Communication Politique
Longtemps considéré comme parti «faiseur de roi» pour avoir été décisive lors des deux alternances politiques, le parti et son leader semblent depuis quelques années entrées dans un profond déclin
Lancée le 16 juin 1999 par l’actuel président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, l’Alliance des forces de progrès (Afp) a soufflé hier, mardi 16 juin 2020, sa vingtaine et unième bougie dans un contexte très particulier. En effet, longtemps considéré comme parti «faiseur de roi» pour avoir été décisive lors des deux alternances politiques, l’Afp et son leader semblent depuis quelques années entrées dans un profond déclin.
L'Alliance des forces du progrès (Afp) a soufflé hier, mardi 16 juin 2020, sa vingtaine et unième bougie. Lancée le 16 juin 1999 par l’ancien ministre des affaires étrangères et responsable du Parti socialiste, Moustapha Niasse non moins actuel président de l’Assemblée nationale à travers son fameux appel intitulé «Je suis prêt», l’Afp a marqué l’histoire politique du Sénégal ces deux dernières décennies.
En 2000 comme en 2012, l’Afp a été très décisive lors des deux alternances politiques au Sénégal faisant ainsi de son leader charismatique, Moustapha Niasse, un faiseur de roi incontesté à deux reprises.
Seulement, depuis l’avènement du régime actuel, Moustapha Niasse et l’Afp semblent perdre de plus en plus l’espoir qu’ils incarnaient aux yeux de beaucoup de sénégalais. Et ce, en dépit de la position stratégique que Moustapha Niasse occupe actuellement en tant que président de l’Assemblée nationale non moins deuxième personnalité de l’Etat après le président de la République.
En effet, sur le plan politique, l’Afp se distingue par une perte de vitesse en termes de représentativité à tous les niveaux. Plusieurs de ses cadres ont quitté le navire emportant dans leurs bagages militants et bases politiques pour fonder leur propre formation. Il en est ainsi entre autres, de Feu Serigne Mamoune Niasse, Me Massokhna Kane, Mor Dieng, Me Abdoulaye Babou, Abdou Khadre Ndiaye, Hélène Tine et Malick Gakou pour ne citer que ceux-là. Au niveau national, les activités du Secrétariat politique se résument à des communiqués de presse. Au niveau des instances locales, seule une poignée de responsables s’efforce encore à tenir désespérément le flambeau de l’espoir.
À l’Assemblée nationale par exemple, le parti de Moustapha Niasse qui comptait lors de sa participation aux élections législatives sous sa propre bannière en 2001, 11 députés ce que lui avait d’ailleurs permis de former un groupe parlementaire confortant ainsi sa position de troisième force politique après le Parti démocratique sénégalais (au pouvoir) et le Parti socialiste (opposition), a vu son quota s’effondrer sous l’actuelle législature. De 12 sièges sur les 119 remportés par la nouvelle majorité au pouvoir Benno Bokk Yakaar (Bby), Moustapha Niasse s’est vu attribuer lors des dernières législatives que de 6 sièges. Soit 04 sièges de plus que son ancien numéro 2 Malick Gakou, qu’il a fait exclure du parti dans la foulée du Bureau politique du 10 mars 2014 lors duquel, Niasse a décidé que l’Afp ne présentera pas de candidat à la présidentielle qui devait se tenir en 2017 avant d’être reporté en 2019 mais soutiendra le Président Macky Sall pour un second mandat.
Dans le gouvernement, l’Afp contrôle qu’un ministère sur les 2 qu’il avait lors du précédent gouvernement et ce, au moment où, le Parti socialiste a gardé ses deux portefeuilles. À 78 ans et définitivement disqualifié pour une élection présidentielle, le président de l’Assemblée nationale, demeure tout de même un allié indispensable du chef de l’État sénégalais, Macky Sall. Mais, s’il tient à ce que son parti lui survive, il est obligé de préparer la relève. 2024, c’est maintenant !
LA SEN’EAU SE CACHE DERRIERE UN CONCOURS DE CIRCONSTANCES
Interpellée au premier chef par le calvaire que vivent des milliers de ménages de la capitale affectés, depuis plusieurs jours, par la pénurie d’eau, en cette période de propagation de la Covid-19, la société SEN’EAU s’explique.
Interpellée au premier chef par le calvaire que vivent des milliers de ménages de la capitale affectés, depuis plusieurs jours, par la pénurie d’eau, en cette période de propagation de la Covid-19, la société SEN’EAU s’explique.
Dans un communiqué daté du 15 juin et intitulé «Informations sur les manques d’eau», SEN’EAU note que ces coupures sont dues à l’arrêt de l’usine de Ngnith pour des travaux de maintenance, une série d’arrêts d’autres ouvrages entrainant du coup le non fonctionnement correct des boosters de Mékhé et de Carmel, les réservoirs des Mamelles qui se sont vidés, perdant, par la même occasion, leur capacité distributive.
Et de souligner que pour venir en aide aux populations touchées, une soixantaine de camions-citernes ont été mobilisés pour approvisionner les zones déficitaires. «Ces derniers jours, des perturbations dans la distribution de l’eau potable dans certains quartiers de la région de Dakar sont notées. Cela s’explique par un concours de circonstances qui affecte encore le système.
D’abord, le 30 mai dernier, l’usine de production de Ngnith, avec une capacité de 50.000 m3/jour, a été arrêtée pour des travaux de maintenance. L’intervention s’est bien déroulée et terminée dans les délais et la remise en service a été faite dès la fin des travaux.
Ensuite, nous avons connu une série d’arrêts d’autres ouvrages qui, en principe, devaient compenser la production de l’usine, entrainant du coup le non fonctionnement correct des boosters de Mékhé et de Carmel qui sont stratégiques dans le transport de l’eau vers Dakar. La consommation ne s’arrêtant pas, les réservoirs des Mamelles se sont vidés et ont, par la même occasion, perdu leur capacité distributive, alors qu’ils ont une très grande zone d’influence allant des Mamelles à Ngor, Ouakam, Mermoz, Batrain, Keur-Gorgui, en passant par Benn Tally, Niarry Tally, Dieupeul, HLM, entre autres. Cette période de pointe est bien prise en charge par l’Etat, la SONES et SEN’EAU dans le cadre du programme d’urgence d’un coût de 5,4 milliards de F CFA pour des régénérations des forages, la réalisation de forages, des actions de maillages sur le réseau, l’installation de surpresseurs pour accélérer la circulation de l’eau vers les consommateurs. A terme, nous visons un volume additionnel de 47.000 m3 d’eau. En ce moment, une soixantaine de camions sont mobilisés et font des rotations dans les zones déficitaires.»
MOMAR NDAO, PRESIDENT ASCOSEN «Non, nous ne sommes pas encore satisfaits de SEN’EAU, parce que...
«Nous dénonçons ces perturbations. Il y a des explications qui sont données par la SEN’EAU, et selon lesquelles il y aurait des travaux en cours, des pannes ayant rapport avec la SENELEC et que ceci est une conjonction de facteurs. Nous pensons que la réparation a beaucoup duré, donc nous pensons qu’il faudrait que la SEN’EAU puisse prendre le plus rapidement les dispositions idoines pour remédier à cela. Dire qu’il y a des pannes n’est pas une thèse valable. On nous a toujours dit que la question de la demande forte a été réglée. Et là on nous sert depuis le début qu’il y a de nouveaux travaux. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus nous servir ce plat réchauffé d’une demande plus forte à l’offre. Compte tenu de tous les investissements qui ont été annoncés par SONES qui devaient être à la disposition de SEN’EAU pour la distribution, nous ne comprenons pas que, malgré tous les programmes qui ont été annoncés à grandes pompes, jusqu’à présent, on se retrouve dans une situation où on nous parle encore de déficit. Non, nous ne sommes pas encore satisfaits de SEN’EAU. Parce que nous nous sommes dit que quand il s’agit de changer, ça doit être pour le meilleur. Nous nous attendions à ce qu’il y ait de l’amélioration, avoir de l’eau en permanence, mais pas à une dégradation aussi grave de la qualité du service», se désole Momar Ndao, le président de l’Association des consommateurs sénégalais (Ascosen), interrogé par Actusen
Dans un communiqué daté du 15 juin et intitulé «Informations sur les manques d’eau», SEN’EAU note que ces coupures sont dues à l’arrêt de l’usine de Ngnith pour des travaux de maintenance, une série d’arrêts d’autres ouvrages entrainant du coup le non fonctionnement correct des boosters de Mékhé et de Carmel, les réservoirs des Mamelles qui se sont vidés, perdant, par la même occasion, leur capacité distributive.
Et de souligner que pour venir en aide aux populations touchées, une soixantaine de camions-citernes ont été mobilisés pour approvisionner les zones déficitaires. «Ces derniers jours, des perturbations dans la distribution de l’eau potable dans certains quartiers de la région de Dakar sont notées. Cela s’explique par un concours de circonstances qui affecte encore le système.
D’abord, le 30 mai dernier, l’usine de production de Ngnith, avec une capacité de 50.000 m3/jour, a été arrêtée pour des travaux de maintenance. L’intervention s’est bien déroulée et terminée dans les délais et la remise en service a été faite dès la fin des travaux.
Ensuite, nous avons connu une série d’arrêts d’autres ouvrages qui, en principe, devaient compenser la production de l’usine, entrainant du coup le non fonctionnement correct des boosters de Mékhé et de Carmel qui sont stratégiques dans le transport de l’eau vers Dakar. La consommation ne s’arrêtant pas, les réservoirs des Mamelles se sont vidés et ont, par la même occasion, perdu leur capacité distributive, alors qu’ils ont une très grande zone d’influence allant des Mamelles à Ngor, Ouakam, Mermoz, Batrain, Keur-Gorgui, en passant par Benn Tally, Niarry Tally, Dieupeul, HLM, entre autres. Cette période de pointe est bien prise en charge par l’Etat, la SONES et SEN’EAU dans le cadre du programme d’urgence d’un coût de 5,4 milliards de F CFA pour des régénérations des forages, la réalisation de forages, des actions de maillages sur le réseau, l’installation de surpresseurs pour accélérer la circulation de l’eau vers les consommateurs. A terme, nous visons un volume additionnel de 47.000 m3 d’eau. En ce moment, une soixantaine de camions sont mobilisés et font des rotations dans les zones déficitaires.»
MOMAR NDAO, PRESIDENT ASCOSEN : «Non, nous ne sommes pas encore satisfaits de SEN’EAU, parce que...
«Nous dénonçons ces perturbations. Il y a des explications qui sont données par la SEN’EAU, et selon lesquelles il y aurait des travaux en cours, des pannes ayant rapport avec la SENELEC et que ceci est une conjonction de facteurs. Nous pensons que la réparation a beaucoup duré, donc nous pensons qu’il faudrait que la SEN’EAU puisse prendre le plus rapidement les dispositions idoines pour remédier à cela. Dire qu’il y a des pannes n’est pas une thèse valable. On nous a toujours dit que la question de la demande forte a été réglée. Et là on nous sert depuis le début qu’il y a de nouveaux travaux. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus nous servir ce plat réchauffé d’une demande plus forte à l’offre. Compte tenu de tous les investissements qui ont été annoncés par SONES qui devaient être à la disposition de SEN’EAU pour la distribution, nous ne comprenons pas que, malgré tous les programmes qui ont été annoncés à grandes pompes, jusqu’à présent, on se retrouve dans une situation où on nous parle encore de déficit. Non, nous ne sommes pas encore satisfaits de SEN’EAU. Parce que nous nous sommes dit que quand il s’agit de changer, ça doit être pour le meilleur. Nous nous attendions à ce qu’il y ait de l’amélioration, avoir de l’eau en permanence, mais pas à une dégradation aussi grave de la qualité du service», se désole Momar Ndao, le président de l’Association des consommateurs sénégalais (Ascosen), interrogé par Actusen
TROIS NOUVEAUX DÉCÈS, LE TAUX DE POSITIVITÉ GRIMPE À 12,5%
Les nouvelles continuent d’inquiéter au fil des présentations quotidiennes de la situation du jour par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. Ce mercredi, Dr Diouf a délivré des chiffres qui font état d’une hausse considérable des nouveaux cas.
Les nouvelles continuent d’inquiéter au fil des présentations quotidiennes de la situation du jour par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. Ce mercredi, 17 juin 2020, Dr Aloyse Waly Diouf a délivré des chiffres qui font état d’une hausse considérable des nouveaux cas.
La barre des 100 nouvelles contaminations est largement dépassée avec 122 patients testés positifs, mais plus inquiétant encore, c’est que le taux de positivité est passé de 6,6% avant hier à 7,4% hier et 12,5% aujourd’hui avec seulement 970 prélèvements réalisés.
Autre mauvaise nouvelle annoncée par le Directeur de Cabinet du ministère de la Santé et de l’Action sociale : trois nouveaux décès liés au coronavirus sont venus s’ajouter à la longue liste qui s’élève désormais à 73 victimes.
11 des nouveaux cas du jour sont issus de la transmission communautaire. Ils ont été enregistrés dans les localités suivantes : Touba (4 cas), Liberté 6 (2 cas), Grand Yoff, Keur Mbaye Fall, Zac Mbao, Keur Massar et Pikine. Le reste cas positifs (111) étaient des contacts suivis par les services sanitaires.
Au rayon des bonnes nouvelles, il y a eu 81 patients qui ont été testés négatifs et déclarés guéris.A ce jour, selon les chiffres du ministère de la Santé, le Sénégal compte 5369 cas enregistrés depuis le 2 mars 2020, 73 décès déplorés, un patient évacué en France, 3606 patients déclarés guéris et 1689 personnes contaminées et encore sous traitement.
AFFRONTEMENTS ARMÉS EN CASAMANCE, ‘’SILENCE’’ DES DÉPUTÉS ET D’AUTRES SUJETS À LA UNE
Dakar, 17 juin (APS) – Les quotidiens reçus mercredi à l’APS mettent en exergue des sujets très variés dont la ‘’reprise des hostilités en Casamance’’ (sud) et ‘’le silence’’ de l’Assemblée nationale’’, évoqués par EnQuête et L’As.
‘’L’armée pilonne les sanctuaires rebelles’’ en Casamance, selon le journal cité en premier lieu. ‘’Très tôt, hier matin, les populations de Ziguinchor comme celles de la commune de Bignona ont été réveillées par des détonations d’armes lourdes. L’armée a pilonné les positions rebelles à Adéane. Un acte qui résonne comme une reprise des hostilités en Casamance’’, lit-on dans EnQuête.
Trois incidents ‘’graves’’ à l’origine de la mort de deux soldats ont déclenché les ‘’hostilités’’, explique-t-il, précisant que les bases rebelles visées se trouvent dans la commune d’Adéane, où l’armée mène la lutte contre les trafics illicites de bois et les bandes armées.
L’As semble s’inquiéter du ‘’silence’’ de l’Assemblée nationale, ‘’qui ne fait plus de bruit’’. ‘’Les députés occupaient souvent le devant de la scène pour se prononcer sur l’actualité politique nationale (…) Mais la déclaration de l’état d’urgence [et le] vote de la loi d’habilitation semble[nt] avoir douché leurs ardeurs’’, écrit-il.
Il constate toutefois que ‘’le député d’AJ/PADS, Mamadou Diop Decroix, aura sauvé la face’’ de l’Assemblée nationale en interpellant le gouvernement sur l’attribution des licences de pêche.
Pourtant, il ne manque pas de sujets pour les débats parlementaires, au moment où les députés ne se font plus entendre, selon le même journal.
Les conditions d’attribution des marchés d’acquisition des denrées alimentaires distribuées aux ‘’ménages les plus pauvres pour réduire les effets socioéconomiques de la crise’’ sanitaire, par exemple. Et de ‘’nombreux autres aspects de la gestion sanitaire de cette pandémie’’ de Covid-19, dont ‘’les conditions exécrables d’organisation de la distribution du pain par la ministre du Commerce, et des vivres par Mansour Faye’’, le ministre du Développement social, ‘’ainsi que la reprise ratée des enseignements et apprentissages’’.
Le silence des députés n’est vraisemblablement pas total, car Aïda Mbodj a interpellé le gouvernement sur l’usage qui a été fait des fonds destinés à la résolution de la crise sanitaire, selon Source A.
‘’Des coupes sauvages’’
Mme Mbodj, membre du groupe des Libéraux et démocrates, dénonce ‘’l’acquisition, dans des conditions douteuses, de matériel médical par le ministère de la Santé, et non par la Pharmacie nationale d’approvisionnement qui est habilitée à le faire’’.
‘’Concernant l’aide alimentaire d’urgence, dont la distribution a démarré le 29 avril dernier, elle était censée se dérouler pendant deux semaines. Or, la grande majorité des ayants droit n’a toujours pas reçu leurs kits alimentaires’’, ajoute Source A.
La lenteur de la distribution des denrées alimentaires préoccupe la députée élue de Bambey (centre), qui a interpellé le gouvernement dans une correspondance adressée à Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale.
‘’Le Fmi encore sur le dos du Sénégal’’, lit-on sur la une de WalfQuotidien, selon lequel le Fonds monétaire international s’apprête à ‘’faire appliquer des mesures de rigueur’’ à l’Etat du Sénégal.
‘’Dans un réquisitoire écrit en termes diplomatiques, l’institution de Washington (le FMI) notifiera bientôt au gouvernement sénégalais le plafonnement de certaines dépenses publiques, avec notamment des coupes sauvages’’, ajoute-t-il.
‘’Pis, l’institution financière internationale aurait demandé au gouvernement de faire des économies substantielles (…) de l’ordre de 45 à 50 milliards de francs CFA’’, poursuit WalfQuotidien.
Selon Tribune, l’‘’assouplissement’’ de l’état d’urgence décrété dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 a engendré des ‘’accidents mortels’’, des ‘’agressions’’, des ‘’embouteillages monstres et [des] regroupements non autorisés, sans [respect] d’une quelconque mesure barrière’’.
Sud Quotidien est préoccupé par la pénurie d’eau dans plusieurs quartiers de Dakar. ‘’SEN’EAU assoiffe Dakar’’, écrit-il, faisant remarquer que ‘’les populations font face à un manque criant d’eau’’, à Ouakam, Ouest-Foire, Keur Damel, etc. Les habitants de ces quartiers ‘’tirent à boulets rouges sur SEN’EAU et (…) interpellent le président de la République, Macky Sall’’, rapporte Sud Quotidien. SEN’EAU est la société chargée de la distribution de l’eau à Dakar.
Les quotidiens évoquent également l’arrestation du journaliste Cheikh Yérim Seck. Le patron du site d’information YerimPost ‘’pourrait retourner en prison ce mercredi, puisque le parquet a demandé le mandat de dépôt’’, selon Le Témoin Quotidien.
‘’Il connaîtra son sort aujourd’hui’’, ajoute-t-il, précisant que Seck est poursuivi pour ‘’diffusion de fausses nouvelles, diffamation contre la gendarmerie’’, etc.
LES POPULATIONS SONNENT L’ALERTE DU MANQUE D'EAU
Se laver les mains avec de l’eau et du savon est l’une des principales mesures (sanitaires) pour lutter contre la propagation du coronavirus (Covid-19). Toutefois, cette pratique est devenue presque impossible dans plusieurs quartiers de Dakar
Se laver les mains avec de l’eau et du savon est l’une des principales mesures (sanitaires) pour lutter contre la propagation du coronavirus (Covid-19). Toutefois, cette pratique est devenue presque impossible dans plusieurs quartiers de la capitale sénégalaise. Pour cause, les populations font face à un manque criard d’eau dans plusieurs quartiers de Dakar. De Ouakam, en passant par Ouest-Foire et Keur Damel, jusqu’à Golf-Sud et Scat Urbam, l’eau ne coule plus dans les robinets et ce, depuis quelques jours. Dans ce reportage réalisé hier, mardi 16 juin, les populations tirent à boulets rouges sur la Sen’Eau et, par la même occasion, interpellent le président de la République, Macky Sall.
Vêtue d’un Tee-shirt bleu assorti d’un jean, Fatou Camara sort d’une boutique munie d’une bouteille d’eau (minérale) de 10 litres. Elle devra s’en servir pour préparer le petit déjeuner en attendant l’arrivée de la citerne d’eau qui ravitaille le quartier en cette période de coupure. Nous sommes à Ouakam. Ici, l’eau ne coule plus des robinets depuis plusieurs jours. Dans un coin du quartier, une longue file de personnes attire l’attention. Certaines assises sur des bidons vides, d’autres debout, tenant des seaux et des bassines, entre autres articles pouvant contenir de l’eau, elles attendent impatiemment la citerne qui doit venir d’un moment à l’autre pour les ravitailler en eau. «On est là depuis 8h. On est fatigués du manque d’eau et c’est devenu récurrent avec la Sen’Eau. Cela fait plus de cinq jours qu’on en souffre. On n’arrive même pas à se laver», se désole Astou Lo.
Y EN A MARRE DE LA LONGUE ATTENTE DES CITERNES D’EAU
Assise à côté d’elle, la mine triste, Awa Sène ne cache pas, elle aussi, sa désolation. «On en a marre de cette situation. C’est du n’importe quoi. Une ville comme Dakar qui manque d’eau, c’est inacceptable ! Ce qui est plus difficile, c’est que les factures ne tardent pas. Pis, nous sommes en pleine crise sanitaire, sans aussi oublier la chaleur infernale. Comment peut-on être propres si on n’a pas d’eau ?», se demande la mère de famille. Mais, en attendant de voir la citerne, les discussions vont bon train entre les populations, dans un rassemblement sans aucun respect des mesures barrières sensées les protéger contre le coronavirus.
A l’instar de Ouakam, plusieurs quartiers de Dakar sont privés du liquide précieux. Et le calvaire commence à durer, alors que le respect des mesures d’hygiène est essentiel en cette période de pandémie. «Cela fait plus d’une semaine, depuis que notre quartier manque d’eau. Nous sommes en pleine capitale, mais nous vivons comme des villageois, avec cette pénurie d’eau. Les populations souffrent vraiment», fait savoir Khady Ndour, trouvée à Ouest-Foire. Allant plus loin, elle interpelle les autorités. «Le président (de la République Macky Sall) doit régler cette situation avec la Sen’Eau parce que le manque d’eau perdure à Dakar», dit-elle.
MALGRE LA PENURIE D’EAU, A LA FIN DU MOIS, LES FACTURES NE TARDENT PAS
Presqu’en face, situé au Sud du Cices, Scat-Urbam n’est pas aussi épargné par la pénurie d’eau. Le quartier manque du liquide précieux depuis trois jours. «Déjà, la distribution se faisait à compte-gouttes. On veillait jusque très tard dans la nuit pour se procurer de l’eau, entre 22 heures et 5 heures du matin ; mais, maintenant, aucune goutte ne coule des robinets. Ce qui est le plus difficile, c’est que les citernes ne sillonnent pas le quartier. Vraiment, nous sommes fatigués. Pour avoir de l’eau, on est obligés soit d’acheter, soit d’aller à Sicap-Foire», se lamente Awa Sow. Un plus loin, en banlieue, le quartier Golf-Sud aussi est sous le joug de la pénurie d’eau. Pis, ici, les robinets sont à sec depuis fort longtemps. «Le manque d’eau est criard ici. Certains se procurent de l’eau à l’aide des pompes tandis que d’autres achètent. Et la majeure partie se rue vers les citernes. Malgré cette situation, à la fin du mois, on nous demande encore de payer les factures ; c’est écœurant», lance ce père de famille trouvé assis devant sa maison.
«ON A RECOURS A L’EAU DES POMPES, ON N’A PAS DE CHOIX AVEC LA SEN’EAU»
Loin de là, un jeune homme est en train de tirer une pompe. Mais l’eau qui en sort n’est pas trop claire. «L’eau n’est pas potable comme celle de robinets, mais on n’a pas de choix avec la Sen’Eau», laisse-t-il entendre. Le mal est très profond. En effet, dans plusieurs coins des quartiers de Dakar et sa banlieue, on aperçoit des personnes munies de bassines et de bidons vides à la «recherche» du liquide précieux. Avec ce manque d’eau, les populations ne savent plus quoi faire. Elles se demandent à quand le retour à la normale, tout en déplorant le fait que Sen’Eau ne leur a pas préalablement averti de la perturbation du réseau de distribution. Il faut aussi dire que la pénurie d’eau est devenue récurrente dans plusieurs zones à Dakar.
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LA FRAGILITÉ DU MONDE COLONIAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le confinement a été le temps de l'effondrement des tabous. Qu'est-ce-que l'actuelle génération a fait pour l'Afrique ? C'est l'heure d'un agenda de rupture - Rama Yade donne sa réflexion de ces instants incertains de la crise du covid
La crise du coronavirus qui a fortement bouleversé le cours de la vie, alimente les réflexions et stimule les esprits. Une table ronde virtuelle a récemment réuni dans ce cadre sur SenePlus, une douzaine d'intellectuels et leaders d'opinion sénégalais ou de la diaspora. Lors de ces échanges, l'ancienne ministre française, Rama Yade a longuement évoqué ses craintes, ses rêves et espoirs de ces moments incertains et du temps d'après, pour l'Afrique et le monde.
Qui l’eût cru ? Ainsi il est possible qu’un chef d’Etat africain reste quatre bons mois sans sortir de son pays ? Le virus a administré la preuve que ces interminables et coûteux déplacements ne sont ni utiles ni nécessaires, sauf dans des cas spécifiques
Qui l’eût cru ? Ainsi il est possible qu’un chef d’Etat africain reste quatre bons mois sans sortir de son pays ? Sans utiliser ce moyen onéreux, pompeusement appelé sous nos tropiques en mal d’autorité légitime, «avion de commandement», là où ses concepteurs et usagers se limitent à parler d’avion présidentiel. Même la notable exception que constitue l’avion du président des États-Unis d’Amérique a une explication plutôt terre à terre.
Air force One est juste un indicatif d’appel de tout aéronef de l’armée de l’Air dans lequel se trouve le président américain, qui devient «Marine One» quand il est à bord d’un appareil de la Marine. Certains pays, dont la Mauritanie voisine, ont opté pour l’utilisation d’un appareil réaménagé de la flotte de leur compagnie nationale qui est remis dans le circuit commercial dès la fin du voyage présidentiel.
Tout le contraire des pratiques de sous puissances locales qui, entre deux virées intersidérales, n’hésitent pas à dépanner des collègues moins bien lotis, ou à faire la navette entre les capitales africaines pour prendre en stop, des premières dames et des sportifs en quête de visibilité et de succès. Quand ce ne sont pas les courses à Paris, Dubai, Makkah, qui mobilisent l’avion de «commandement.»
Evidemment , il n’y a pas de voyage officiel sans délégation toute aussi officielle, même si on y dénombre quelques accointances du «commandement» préposées à des missions et à des tâches non renseignées .Tout ce beau monde logé, nourri et «perdiemisé» coûte énormément au contribuable, véritable «underdog», plèbe, ou badolos, bons pour entretenir les maîtres d’hier comme d’aujourd’hui, véritables oligarques, ploutocrates, flanqués de technocrates et d’experts en tous genres, et à usages multiples. Ceux et celles qui n’ont pas pu voyager à bord du saint des saints dans le sanctuaire du «commandement» en compagnie du Commandant en chef suprême, le feront par vol commercial. Ils se hâteront cependant de rejoindre la délégation où ils bénéficieront du même traitement que les veinards ayant fait le déplacement avec le «Boss».
Les frais de mission seront facturés doublement, à la signature du patron et à leur service sur la base d’un ordre de mission dûment concocté et soumis à leur signature. Si des contrats sont signés, les retombées ne tomberont pas à côté...pour ce genre de mission bien remplie ! Combien de milliards ont été «épargnés» en cette période de fermeture des frontières et d’immobilisation de la flotte des chefs d’Etat africains?
A considérer une quarantaine d’avions destinés aux déplacements des Présidents africains et de leurs camarillas, il y a de quoi doter et faire fonctionner une compagnie aérienne panafricaine, avec des échanges et des économies d’échelle inestimables, véritables accélérateurs d’intégration continentale.
Sans compter que les frais de stationnement dans des aéroports hors de prix, les révisions périodiques, renchérissent les coûts occasionnés par nos demandeurs d’aide. Les chefs d’Etat africains gagnent plus que leurs donateurs et mènent un train de vie impensable pour ceux-ci, assujettis qu’ils sont à une exigence légale et morale de redevabilité jusqu’à la limitation de l’origine et de la nature des cadeaux qu’ils sont autorisés à recevoir.
Le virus a administré la preuve que ces interminables et coûteux déplacements ne sont ni utiles ni nécessaires, sauf dans des cas spécifiques bien sûr, pour se réunir ou emprunter de l’argent ou passer des marchés. Ces « activités » n’ont du reste jamais cessé pendant ces quatre mois de confinement. On a emprunté, négocié la dette, organisé des élections, prodigué, (surtout reçu) des aides, organisé des évacuations et des rapatriements, refoulé ou recueilli des immigrants, assassiné des individus et des populations, manifesté et contre manifesté, réprimé et emprisonné à tout va...
Ce « connard » de virus a fait plus et mieux que toutes les préconisations et imprécations des «partenaires au développement». Il a triomphé là où les revendications et dénonciations politiques, syndicales ou citoyennes se sont heurtées à l’arrogance et au mépris des régents.
Désormais, les institutions de Bretton Woods, Organisation des Nations unies et ses agences, la communauté des « bailleurs » de fonds n’auront plus d’excuses pour cautionner les dérives fastueuses des dirigeants africains dont ils ont jusqu’ici encouragé le train de vie dispendieux et les frasques, étant entendu que leurs pays récupèrent doublement la mise, sous formes d’intérêts, de marchés captifs, et de destination d’investissements et de shopping des addictions de ceux qui consomment à outrance, sans se soucier de produire. Et si l’après covid commençait par là ?