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13 juillet 2025
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
FAIDHERBE OU L’INSULTE MÉMORIELLE (1/2)
EXCLUSIF SENEPLUS - Les Ndar-Ndar ou autres Sénégalais qui tiennent encore à lui, doivent être édifiés sur ce personnage inhumain qui, nonobstant ses crimes abjects, continue de fasciner une partie de la descendance de ses victimes
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 16/06/2020
La mort par asphyxie du Noir américain Georges Floyd aux Etats-Unis plus précisément à Minneapolis, a provoqué un peu partout dans le monde, des vagues d’indignations et de protestations. Elle a réveillé en Europe et aux Etats-Unis, ce sentiment antiraciste assoupi qui a débouché sur le déboulonnage de plusieurs statues de figures historiques esclavagistes et colonialistes qui trônent avec morgue dans plusieurs villes.
Le 7 juin 2020, plusieurs milliers de manifestants furax ont déboulonné la statue d’airain du marchand d’esclaves britannique Edward Colston à Bristol, ville du sud-ouest de l’Angleterre, érigée en 1895. Ils l’ont roulée sur plusieurs mètres dans la rue éponyme avant de la jeter dans la rivière Avon.
Le général britannique Edward Cornwallis, connu pour les sévices et mauvais traitements qu’il infligeait aux Amérindiens est tombé de son piédestal 240 ans après sa mort.
En Belgique, ce sont les statues de Léopold II de Belgique, symbole du colonialisme le plus monstrueux, qui ont été attaquées et vandalisées dans plusieurs villes (Tervuren, Hal, Ostende et Ekeren). Ce dernier a mené alors à la baguette l’exploitation du Congo au prix d’une répression sanguinaire avec la mise en place d’un véritable système d’esclavage s’appuyant sur le travail forcé et par la terreur. On vous épargnera les détails des atrocités et des actes de torture inhumains se traduisant par des mains coupées pour contraindre les populations rétives du Congo (actuel RDC) au travail et les 10 millions de Congolais qu’il a exterminés en 23 ans.
A Boston (Massachussetts), une statue de l’explorateur italien Christophe Colomb a été décapitée dans le parc qui porte son nom. A Miami (Floride), des statues qui portent son effigie ont subi la rage des manifestants qui les ont complètement badigeonnées.
A Richmond en Virginie, une statue de Jefferson Davis, le président des Etats confédérés pendant la guerre de Sécession qui a opposé le Sud au Nord abolitionniste de 1861 à 1865, a été déboulonnée. Dans cette même localité, c’est la statue du général sudiste Williams Carter Wickham, esclavagiste, qui a été basculée à terre.
Le 12 août 2017, la statue du général sudiste Robert Edward Lee, pro-esclavagiste, située à Charlottesville, en Virginie, qui a été démantelée dans un climat de tension (entre néo-nazis, suprématistes blancs et antiracistes), a débouché sur un mort et plusieurs dizaines de blessés.
A Prague et à Londres, les statues du Premier ministre britannique Winston Churchill ont été taguées.
Déjà le 9 mars 2015 à l’Université du Cap en Afrique, des étudiants réunis dans le mouvement « Rhodes must fall » (Rhodes doit tomber) demandaient le retrait de la statue de Cecil Rhodes, érigée en 1934 à l’entrée du campus. Après une bataille intense, le 9 avril 2015, la statue de l’archétype du colonialiste anglais et de l’oppression des Blancs sur les Noirs est déboulonnée.
On pourrait citer à l’infini les statues de figures de personnalités historiques racistes, esclavagistes ou colonialistes qui sont en train de subir leurs derniers instants en station debout. Mais si nous avons évoqué toutes ces statues déboulonnées et détruites, c’est pour mieux aborder celle du colon-gouverneur sanguinaire Faidherbe qui trône avec morgue à l’entrée de l’île de Ndar. Je préfère utiliser le mot « Ndar » qui véhicule notre identité propre plutôt que Saint-Louis qui fait référence au Roi croisé de France Louis IX, lequel régna en France de 1226-1270. Même s’il a été une figure légendaire de l’histoire de France et de la Chrétienté jusqu’à prendre le nom de Saint-Louis, même s’il a été un modèle du prince et du chevalier soucieux de l’ordre et de la justice, cela ne doit pas constituer des critères éligibles pour débaptiser Ndar et lui donner le nom d’un souverain de France dont la majeure partie des Sénégalais ignore l’histoire.
Indubitablement, des esprits chagrins, qui vivent encore dans les tréfonds de leur subconscient le colonialisme comme un bienfait, se lèveront pour défendre un soi-disant patrimoine de l’histoire de notre pays. Mais, Faidherbe, loin d’être un patrimoine, symbolise une blessure mémorielle qui, à chaque minute de sa station, suinte ses ignominies indélébiles et exhale ses cruautés fétides.
Depuis fort longtemps, des intellectuels intrépides comme Khadim Ndiaye, Abdou Khadre Gaye Emad et d’autres se sont levés pour exiger le démantèlement de la stèle faidherbienne de Ndar. Si certains Ndar-Ndar et autres Sénégalais, nostalgiques du colonialisme, s’opposent mordicus à toute idée de déboulonnement du plus sanguinaire colon que le Sénégal ait jamais connu, il faut souligner que d’autres Sénégalais ont fait du combat « Faidherbe doit tomber » une œuvre de citoyenneté, de souveraineté, de rectification et d’assainissement de l’histoire du Sénégal ternie par 11 années sanglantes de présence du gouverneur de Ndar sur le territoire sénégalais. Ce tortionnaire sans pitié a dirigé la colonie Sénégal en usant du fer, du feu et de la faim contre les populations rebelles pour obtenir du sang, de la sueur et des larmes. Une chose est sure : l’histoire réelle de Louis-Léon César Faidherbe n’a jamais été enseignée aux Ndar-Ndar voire aux Sénégalais qui se prosternent encore devant sa statue suintante de sang et des larmes séculaires de nos grands-pères résistants.
Aujourd’hui, tout un tas de mythes (mensonges au sens grec du terme) est construit autour de Faidherbe. Certains de ses admirateurs soutiennent naïvement que c’est le père de l’Etat moderne du Sénégal pour qu’on lui trouve une statue, une place et un pont baptisés en son nom. Même dans la capitale Dakar, Faidherbe est plus que vénéré avec une avenue célèbre, un hôtel et une pharmacie qui portent son nom. Heureusement que Iba Der Thiam, devenu ministre de l’Education sous le règne d’Abdou Diouf, a débaptisé, avec son projet « Ecole nouvelle », le lycée Faidherbe en lui donnant le nom du marabout-guerrier Cheikh Omar Foutiyou Tall.
Ce qui sous-tend le jumelage servile Ndar-Lille matérialisé depuis 1978, c’est parce que Louis-Léon César Faidherbe, y a vu le jour le 3 juin 1818. D’ailleurs pour lui rendre hommage, une statue équestre, située sur la place Richebé à Lille, y a été érigée depuis en 1896. Si au Sénégal certains anticolonialistes, minoritairement, portent inlassablement le combat « Faidherbe doit tomber », en France, l’association Survie Nord, le Collectif Afrique, l’Atelier d’histoire critique, le Front uni des immigrations et des quartiers populaires et le Collectif sénégalais contre la célébration de Faidherbe se battent pour déboulonner ladite statue, symbole de la pérennisation et de la valorisation de l’entreprise de négation humaine appelée pudiquement colonisation. C’est pourquoi, lors du bicentenaire de la naissance où Lille célébrait Faidherbe pour avoir résisté et défendu « courageusement », pendant trois mois, la France de l’invasion prussienne en 1870, ces associations susnommées ont dénoncé l’invasion africaine pendant plusieurs décennies dudit Général, patriote chez lui et bandit en Afrique. Ainsi elles ont demandé « le retrait de la statue de Louis Faidherbe et de tous les symboles qui glorifient le colonialisme dans les espaces publics lillois et qu’à leur place, hommage soit rendu aux victimes de la colonisation et à celles et ceux qui y ont héroïquement résisté ».
Aujourd’hui, rien ne s’oppose à ce que la statue provocante du sanguinaire Faidherbe soit déboulonnée et jetée à la mer. Pour certains esprits, Faidherbe est avec Mame Coumba Bang, les mânes protecteurs qui veillent sur Ndar. Que ceux-là qui défendent nostalgiquement le persécuteur de leurs grands-pères nous disent pourquoi, dans la nuit du 13 au 14 août 1983, les autorités sénégalaises ont fait enlever la statue de Faidherbe se trouvant en face du palais de la présidence de la République, dans le jardin du bâtiment qui abrite l’actuelle maison militaire de la présidence ? C’était une insulte à l’endroit de notre souveraineté incarnée par le palais présidentiel.
Les Ndar-Ndar ou autres Sénégalais qui tiennent encore à grand-père Faidherbe, parce qu’ignorant que ce dernier a massacré, au nom de la pacification et de la mission civilisatrice des races inférieures par celles supérieures, leurs vrais grands-pères, doivent être édifiés sur ce personnage inhumain qui, nonobstant ses crimes abjects, continue de fasciner une partie de la descendance de ses victimes.
EXCLUSIF SENEPLUS - Faire des réalisations viables et durables pour sa collectivité nationale ou territoriale, ne doit pas être pour un homme ou une femme politique, un motif de fierté, de gloire ou de fanfaronnade
Faire des réalisations viables et durables pour sa collectivité nationale ou territoriale, ne doit pas être pour un homme ou une femme politique, un motif de fierté, de gloire ou de fanfaronnade imméritée/injustifiée. C’est un devoir, une nécessité qui lui incombe. C’est donc le contraire qui aurait plutôt surpris, étonné. Car, quand il/elle sollicite, avec un sourire commercial (i.e bien calculé et intéressé) les suffrages de ses concitoyens ou des populations de sa commune, c’est parce qu’il/elle se sent en mesure de répondre concrètement à leurs attentes et à leurs aspirations profondes. Du moins, c’est la promesse qu’il leur fit pendant la compagne électorale. Accordez-moi vos suffrages et je répondrai à vos besoins d’accès aux services de base. Par contre, ce qu’il feint de leur dire, c’est qu’il accède facilement à la richesse pendant que les populations peinent à avoir à leur tour, accès aux services sociaux de base, et que les moyens dont il se sert pour répondre à leurs attentes et aspirations, ne sont pas tirés de sa poche et de ses économies personnelles. C’est de l’argent public et donc du contribuable sénégalais. Peut-être, a-t-il un cœur de pierre et non de chair, un dessein inavoué et sombre pour exploiter son peuple. Sinon pourquoi la politique est devenue le raccourci le plus sûr pour s’enrichir et enrichir ses proches ? Pourquoi ne se préoccupe-t-il pas de la prochaine génération mais toujours de la prochaine élection ? Pourquoi s’obstine-t-il tant à vouloir frapper les esprits et non à marquer son temps de son empreinte indélébile ? Frapper les esprits ne relève-t-il pas de l’évènementiel, du sensationnel, de l’éphémère, du superficiel alors que marquer son temps relève du durable et donc de l’utile ?
Répondre aux questions ci-dessus impose ou du moins devrait contraindre et ordonner à tout homme ou à toute femme politique d’être humble, modeste. Ne nous apprend-on pas que l’humilité/la modestie c’est de l’or, du diamant ? L’homme n’est donc plus le remède de l’homme ? Pourquoi oublier comme nous le rappelle Seydou Bodian (InSous l’orage) que l’homme n’est rien sans les hommes, il vient dans leurs mains et s’en va dans leurs mains ?
O toi homme politique : qui es-tu pour te croire suffisant ? Qui es-tu pour clamer si bruyamment que tu n’as pas besoin de conseils ? Qui peut véritablement s’enorgueillir de n’avoir pas besoin de conseils en ce monde ? Et pourquoi tant d’orgueil si mal placé. Un homme ou une femme politique doit-il/elle faire preuve d’une telle dose d’insolence, d’arrogance et de suffisance ? Le champ politique n’est-il pas par excellence un espace ouvert aux débats d’idées et à la contradiction ?
Le politicien aura beau amasser des richesses ici-bas, il ne les emportera pas dans sa tombe, encore moins dans l’au-delà. Il aura beau construire villas, immeubles et réussi à collectionner des voitures de luxe, il laissera tout derrière lui. Et pour ne pas laisser à sa famille, des regrets post-mortem, il doit chaque jour, pendant qu’il est encore en vie, implorer le Tout-Puissant pour que son héritage ne divise pas sa progéniture comme c’est souvent le cas. Doit-il alors se nourrir de la misère de son peuple ? (Ndax rongoniou baadola, war naa siim cerey buur) ? Ne serait-il pas le plus court moyen de voir les portes du ciel se refermer devant lui ? Se nourrir de la misère de son peuple ne ferait-il pas retomber la colère divine sur sa progéniture ?
Qui ne se rappelle Jean-Bédel Bokassa, Joseph Désiré Mobutu, Ahmet Sékou Touré et plus récemment Pierre Nkurunziza ? Pierre Nkurunziza n’avait-il pas un agenda caché à la Kabila ? Mais ce qui est encore plus marrant, c’est qu’Ahmet Sékou Touré avait froissé le général De Gaulle (celui-ci s’était senti si humilié et froissé qu’il avait oublié son képi en repartant) à travers son téméraire et historique refus : « Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage ». Ce qui n’aura pas empêché à son magistère d’être fortement entaché par les atrocités (50 000 morts) du funeste Camp Boiro.
A tous ces anciens dirigeants, nous souhaitons bien-sûr, la miséricorde divine. Mais, pourrions-nous manquer de nous demander si leurs disparitions ne devraient pas nous interpeller, nous pousser à nous interroger sur le retard du Sénégal alors au même niveau de développement que la Corée au lendemain de la deuxième guerre mondiale ? Or, il y a un fossé qui sépare maintenant le Sénégal de la Corée. Pourquoi ce retard de notre pays et de l’Afrique en général ? Pourquoi ne pas partir de nos erreurs passées pour améliorer le quotidien de nos concitoyens ? Pourquoi s’entêter à retomber dans les mêmes travers ? Faire de la politique n’est-ce pas se mettre au service de la cité ? Quoi de plus noble que de servir et non se servir de son peuple ? Pourquoi chercher à « se célébrer » plutôt que de laisser le peuple vous célébrer en signe de reconnaissance pour bons et loyaux services rendus ?
A beau vouloir d’une longévité, ne convient-il pas de reconnaitre qu’un homme ou qu’une femme centenaire finit toujours par devenir un poids pour ses proches ? Il faudrait alors se ressaisir et se départir de son machiavélisme. Il faudrait cesser d’éteindre les autres pour mieux briller. Pire, il faudrait arrêter de marcher comme un serpent sous l’herbe, prêt à mordre et à inoculer son venin mortel aux passants. Le temps est venu de faire son examen de conscience, (son introspection) et son mea culpa pour changer, se convertir/reconvertir avant qu’il ne soit trop tard. Car nul ne sait quand la mort frappera et anéantira tout, surtout ce qui ne fut que vanité. L’ecclésiaste ne prévient-il pas que vanité des vanités, tout est vanité ?
A bon entendeur…
VIDEO
LA VISION SANS CONCESSION DE FELWINE SARR
Selon l'économiste et écrivain, la crise du coronavirus est l’opportunité historique pour les Africains de ne plus se laisser traverser par l'Histoire, mais d'être des sujets de l'Histoire
Selon l'économiste et écrivain Felwine Sarr, la crise du coronavirus est l’opportunité historique pour les Africains de ne plus se laisser traverser par l'Histoire, mais d'être des sujets de l'Histoire. Il nous explique pourquoi la catastrophe annoncée par de nombreuses instances internationales sur le continent n'a pas eu lieu. Pour lui, les représentations négatives sur l’Afrique sont si ancrées qu'une partie du monde ne prend même plus la peine de regarder la réalité et les faits. L'auteur d'"Afrotopia" appelle aussi à repenser les relations entre le continent et le reste du monde.
par Siré Sy
MACKY, LE COUP DE POCKER DE LA DETTE PUBLIQUE (2/5)
EXCLUSIF SENEPLUS - Sur ce point de la dette publique, le président a mal posé le sujet - Il avait l’occasion d’être le chantre africain d’une nouvelle forme de solidarité internationale - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L'adage dit que c’est au pied du mur que l'on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c'est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l'échelle d'une Nation-État, que l'on apprécie les choix, les décisions et le leadership d'un chef d'Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Thank Africa WorldWide Group vous propose une toute nouvelle série du Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l'heure est grave !’’, de cinq (5) épisodes, entièrement et exclusivement consacrée à et sur le président Macky Sall. Pour cette deuxième épisode de ''Président et Gestion de crise ‘’quand l'heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Macky Sall.
Dès les premiers mois dans le cadre de la gestion de la Covid-19 au Sénégal, le président Macky Sall, au plan intérieur, a pris des mesures drastiques : Etat d'urgence assorti d'un couvre-feu, restrictions et privations dans les mobilités, mise en place d'un fonds de mille milliards FCFA, fermeture des écoles, universités, lieux de culte, gares routières et marchés.
Au plan extérieur, le président Macky Sall en a appelé aux bailleurs de fonds et autres créanciers, pour une annulation de la dette africaine. Si bien qu'on pourrait être amené à penser que le président Macky Sall, en prenant ses mesures drastiques au plan interne, s'est voulu couper les veines et faire un clin d'œil aux créanciers (G20, BM, FMI), pour leur justifier en amont, de la nécessité et de la pertinence d’une annulation de la dette publique. Une façon de mettre les créanciers devant le fait accompli...
Mais voilà, le président Macky Sall, qui certainement depuis fort longtemps n’a plus relu Boileau, a peut-être oublié que "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement - Et les mots pour le dire arrivent aisément".
Sur ce point de la dette publique, le président Macky Sall a mal posé le sujet. Car, le problème n'est pas la dette (en soi) publique mais le taux d'intérêt de la dette publique africaine.
Ainsi, au moment où certains pays (Allemagne, USA) empruntent au taux zéro, d'autres pays (Italie, Espagne) empruntent au taux de 1,5% alors que les pays africains empruntent au taux de 6%. Au moment où en Afrique, le risque-pays est de plus en plus maîtrisé d'une part et d'autre part, au moment où de nouveaux gisements pétroliers et gaziers très prometteurs sont découverts de plus en plus dans des pays africains.
C'est pourquoi, au lieu d'en appeler pour une annulation de la dette publique africaine (ce qui n’est conséquent d’ailleurs, le G20, la BM et le FMI parlent de suspension en lieu et place d’annulation), le président Macky Sall avait l’occasion d’être le chantre africain d’une nouvelle forme de solidarité internationale, en mettant le curseur sur une baisse drastique du taux d'intérêt de la dette publique africaine.
Est-ce alors à dire que le président Macky Sall a voulu donner une réponse économique à une crise humanitaire, en "confinant" presque le Sénégal dès les débuts de la Covid-19, et que devant le refus des bailleurs de fonds et autres créanciers du G20, d'annuler la dette publique africaine en optant plutôt pour sa suspension, le président Macky Sall a finalement "déconfiné" les Sénégalais ? Lui seul le sait !
ENQUÊTE SUR UNE FAKE NEWS QUI A SECOUÉ LE SÉNÉGAL EN 2019
L'article accusait le candidat sénégalais de l'opposition à la présidence, Ousmane Sonko, d'avoir accepté des pots-de-vin importants d'une compagnie pétrolière européenne. Il a été écrit par "Michelle Damsen", un nom à deux lettres du mien
BBC Afrique |
Michelle Madsen |
Publication 16/06/2020
Par une journée ensoleillée de janvier dernier, je suis sortie d'un cours de danse dans le nord de Londres avec sur mon téléphone une série d'appels manqués provenant de numéros africains.
Je n'avais aucune idée de ce dont il s'agissait - j'ai donc vérifié ma boîte de réception et mes comptes Facebook et Twitter - il y avait des centaines de messages me demandant tous la même chose - étais-je "Michelle Damsen ?", l'auteure d'une mystérieuse histoire au centre d'une tempête médiatique au Sénégal.
"Un scandale de corruption secoue mon pays et votre nom a été mentionné". "Nous sommes très inquiets depuis que nous avons vu un article censé être écrit par vous."
"Je suis un journaliste sénégalais et j'ai vraiment besoin de vous parler !"
Ils voulaient tous savoir si j'avais écrit un article intitulé "Les défis de l'exploitation des ressources naturelles en Afrique", qui est paru sur un obscur site d'information ghanéen, Modern Ghana, le 9 janvier 2019.
L'article accusait le candidat sénégalais de l'opposition à la présidence, Ousmane Sonko, d'avoir accepté des pots-de-vin importants d'une compagnie pétrolière européenne. Il a été écrit par "Michelle Damsen", un nom à deux lettres du mien - Michelle Madsen.
C'était juste quelques semaines avant l'élection présidentielle sénégalaise et M. Sonko était l'un des principaux opposants au président Macky Sall.
En tant que journaliste d'investigation indépendante, ayant découvert la corruption dans l'industrie des ressources naturelles en Afrique de l'Ouest, j'ai écrit plusieurs articles sur le Sénégal et les compagnies pétrolières.
J'ai même écrit un article sur M. Sonko après qu'il ait publié un livre accusant le frère du président sénégalais, Aliou Sall, de corruption - des allégations qu'il a niées.
Mais je savais que je n'avais pas écrit l'article publié sur le site Ghana moderne et j'ai dit la même chose à tous les journalistes qui m'ont contacté. Mais j'ai été ébranlé par certains détails des reportages qui ont été publiés au Sénégal et par la rapidité avec laquelle l'histoire a été reliée à ma personne.
L'un d'entre eux, écrit dans Press Afrik, m'a même nommée directement, en disant que j'avais écrit l'article. Un autre article paru sur le site d'information Seneweb mentionnait Frank Timis, l'homme d'affaires basé au Royaume-Uni qui opère au Sénégal et a des liens étroits avec le frère du président Sall, sur lequel une équipe de journalistes indépendants et moi-même venions d'obtenir des fonds pour enquêter.
Après sa dernière sortie sur le présumé scandale de corruption et d’évasion fiscale dans l’affaire Batiplus, le journaliste a été placé lundi en garde à vue, à la gendarmerie de Faidherbe
Après sa dernière sortie sur le présumé scandale de corruption et d’évasion fiscale dans l’affaire Batiplus, le journaliste Cheikh Yérim Seck a été placé hier en garde à vue, à la gendarmerie de Faidherbe. C’est à la suite de son audition à la Brigade de recherches de Dakar sur les accusations portées sur des autorités dont le ministre de la Justice Me Malick Sall.
La machine judiciaire a été mise en branle : Le journaliste Cheikh Yérim Seck a été placé en garde à vue hier. Sa convocation à la Brigade de recherches de la gendarmerie de Faidherbe fait suite à sa sortie sur la chaîne privée 7Tv concernant l’affaire Batiplus. C’est en effet à la suite de ses accusations selon lesquelles 4 milliards F Cfa auraient été saisis chez les Farés lors d’une perquisition de la gendarmerie, mais seule une partie aurait été consignée à la Caisse des dépôts et consignations. D’après toujours Yérim Seck, le Fbi aurait même dépêché un agent et 3 mandats d’arrêt internationaux risquent d’être émis contre 3 «importantes» autorités sénégalaises. «Ces dernières auraient été corrompues par la famille Farés», ajoutait le journaliste. Ce n’est pas tout. Il a aussi accablé le cabinet d’avocats du ministre de la Justice, Me Malick Sall, qui, selon lui, assurerait la défense de la famille Farés. «Tout ce que son cabinet demande, c’est exécuté, mais tout ce que l’autre partie demande, il est rejeté. Tout ce que le cabinet du ministre a besoin, il l’obtient», soutenait Cheikh Yérim Seck d’après qui le dossier est influencé par Me Malick Sall. Dans un communiqué, le ministre de la Justice a démenti être impliqué dans ce présumé scandale de corruption et d’évasion fiscale. D’ailleurs, le cabinet Scpa Malick Sall & Associés annonçait qu’il se réservait d’user de toutes les voies de droit pour obtenir réparation du préjudice causé par cet «amalgame» qui vise à porter atteinte à son honneur et à sa crédibilité professionnelle.
Il y a quelques jours, le contrôleur de gestion madame Rachelle Sleylaty a été placée sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt pour femmes de Liberté 6. Elle a été inculpée pour les chefs d’association de malfaiteurs, faux et usage de faux en écriture de commerce, d’abus de confiance et de blanchiment de capitaux. En revanche, le directeur de «Batiplus», Christian Samra, a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire par le Doyen des juges d’instruction du Tribunal régional hors classe de grande instance de Dakar, Samba Sall. En fait, cette affaire a été ébruitée à la suite d’une plainte de Batiplus contre Rachelle Sleylati. Elle est accusée d’avoir volé une importante somme d’argent gardée dans un coffre-fort de la société. Interpellée, la mise en cause a mouillé son directeur général et a révélé l’existence d’une grosse quantité d’argent liquide dans un des magasins de la compagnie appartenant à la famille Farès. Selon elle, un «vaste réseau de blanchiment d’argent a été démantelé, mais le comble est qu’aujourd’hui elle est la seule à être incarcérée. Et pendant ce temps, un des délinquants à col blanc, en l’occurrence M. Chabel Samra, continue à vaquer tranquillement à ses occupations dans Dakar alors que le Parquet avait requis son placement sous mandat de dépôt à la même date du 25 mars aussi».
PRISE LA MAIN DANS LE COFFRE, RACHELLE CRAQUE ET S’EPANCHE…
La semaine dernière, dans ces mêmes colonnes, notre collaborateur Pape Ndiaye annonçait la prochaine inculpation pour recel du fiancé ainsi que du père et de la mère de Rachelle Sleylati.
La semaine dernière, dans ces mêmes colonnes, notre collaborateur Pape Ndiaye annonçait la prochaine inculpation pour recel du fiancé ainsi que du père et de la mère de Rachelle Sleylati. Si pour le premier, André Rabih Kfoury, c’est chose faite depuis hier, pour les parents de l’ex-responsable des coffres de la société Batiplus ce n’est plus qu’une question de jours.
En effet, un événement familial malheureux a fait que leur face à face avec le doyen des juges d’instruction du Tgi de Dakar a été reporté à une date ultérieure. Comme je l’écrivais moi-même mercredi dernier, si Rachelle Sleylati, 24 ans et diplômée de Paris Dauphine, a été placée sous mandat de dépôt, c’est parce qu’elle a été la seule de la bande a avoir avoué son crime là où les autres ont nié les accusations portées contre eux, devant les gendarmes de la section de Recherches. Ayant reconnu sans contrainte les faits devant un huissier de justice, qui s’était présentée ès-qualité devant elle (par conséquent, elle ne pouvait pas invoquer des actes de torture !), l’employée de la société Batiplus ne pouvait donc se rétracter devant les gendarmes. Le voudrait-elle d’ailleurs que ses déclarations couchées sur PV l’accableraient.
C’est le 6 mars dernier que Me Bernard Diatta, huissier de justice, a servi une sommation interpellative à Rachelle Sleylati. Ce en présence du top management de Batiplus, en particulier des responsables du Contrôle interne, mais pas seulement, et aussi du commissaire aux comptes de la société. Elle a eu à répondre à des questions portant sur des écritures d’argent manquantes sur son fichier informatique Excel servant au suivi du solde de la caisse, les régularisations par ses soins et les fausses écritures photographiées et transmise par Whatsapp aux contrôleurs par ses soins (des contrôleurs qui disposaient par devers eux, mais elle l’ignorait, des originaux des pièces qu’ils lui réclamaient). Elle a aussi été interrogée sur la disparition de son cahier de suivi des encaissements du premier semestre 2019.
Encore une fois, sans subir aucune pression et d’elle-même, Rachelle Sleylati a reconnu avoir régulièrement effacé des écritures d’argent pour diminuer le solde théorique, de même que la disparition du cahier de suivi des encaissements. Elle aussi avoué avoir créé des sorties d’argent fictives de 30 000 000 FCFA et majoré une autre sortie de 20 000 000 (sortie de 40 passe à 60). N’avoir jamais informé la Direction alors qu’elle était la seule à avoir accès au Coffre. Enfin, elle a reconnu être la seule à détenir la clef de ce dernier.
Surtout, en regardant l’auxiliaire de justice dans le blanc des yeux, elle a soutenu que la différence entre les sommes déposées dans le coffre par ses soins et ses propres écritures ne se justifiait pas et être incapable d’expliquer une telle situation. Interrogée par Me Bernard Diatta sur le fait de savoir comment elle comptait restituer la somme détournée par ses soins pour la période de 28 jours durant laquelle ont porté les investigations initiales et évaluée provisoirement à 126 millions de francs (Ndlr, le montant total détourné est de deux milliards de francs d’après le commissaire aux comptes), Rachelle Sleylati s’est montrée évasive : « je vais voir comment faire pour le remboursement » s’est-elle contentée de dire. Elle a été beaucoup plus loquace, en revanche, lorsqu’il lui a été demandé quelles personnes de son entourage étaient au courant de ses agissements et qu’est-ce qu’elle avait à déclarer sur tous les détournements qui lui sont imputables. Réponse « : « Mon père André Sleylati et mon fiancé Alex Rbih Kfouri. Je reconnais que j’ai personnellement sorti de l’argent du coffre. Je prenais chaque jour un (1) ou deux (2) millions en espèces. En outre, il m’arrivait de prendre cinq (millions) d’un coup, trois fois chaque mois. J’ai aussi offert des cadeaux (or et voiture) à ma mère Marie-Jo Sleylati. Il y a aussi mes oncles qui vivent dans la précarité et à qui j’ai offert des bons d’achat et autres bien matériels ».
Pour rappel, Rachelle touchait un salaire d’un million de francs par mois ! A la question de savoir qui lui a demandé ou conseillé d’agir de la sorte, la responsable des coffres de Batiplus a répondu « personne ». Mais le meilleur est à venir et nous l’avons gardé pour la fin car la prodigue Rachelle a livré les noms des bénéficiaires de ses libéralités et donné des détails sur l’utilisation de son fabuleux butin. En voulez-vous ? En voilà ! « J’ai aidé mon père dans le cadre de la construction de son immeuble à Ngor. Je lui ai remis à peu près 70 millions. A mon fiancé, je lui ai remis à peu près 50 millions en espèces et une voiture d’une valeur de dix (10) millions. Il m’a aussi aidé dans le cadre du montage de ma société D-Day dont le financement s’élève à 50 millions. J’ai aussi fait trois voyages en France et au Liban au cours desquels j’ai dépensé beaucoup d’argent. Il y a aussi la préparation de mon mariage qui m’a coûté beaucoup d’argent ».
Qui osera soutenir après cela que l’amour, c’est pas beau et que cette fille qui soutient aussi généreusement ses parents n’est pas brave ? Sauf que c’est avec de l’argent volé à ses employeurs qu’elle faisait preuve de telles largesses, hélas. Pudique, notre Juliette n’a pas voulu dire à l’huissier qu’elle a acquis en copropriété avec son fiancé ( !) Roméo un appartement d’une valeur de 380 millions de francs au sixième étage d’un luxueux immeuble de l’avenue Brière de l’Isle et qu’un acompte de 60 millions avait été déposé pour l’achat d’un autre. Lorsque les micmacs de Rachelle à Batiplus ont été découverts, le couple s’est précipité pour récupérer cette avance… Et l’on viendra après ça nous dire que la brave fille est une victime innocente d’une machine judiciaire infernale !
TOI AUSSI, MARIE-JO !
Alex Rabih Kfouri, fiancé de Rachelle, avait proposé de donner l’immeuble situé au Point E et appartenant à la mère de cette dernière à la société Batiplus, contre renonciation à sa plainte. Ce pour un montant de 1.600.000.000 de francs réévalué à deux milliards.
Pour avoir confirmation de cela, l’huissier de justice a interrogé la dame Marie-Jo Sleylati pour lui demander si elle confirmait que la somme de deux milliards de francs était sa dernière proposition. Réponse de la maman éplorée : « C’est moi qui ai proposé cet accord en date du 29 avril 2020 mais je sollicite une rencontre sans intermédiaire avec la société Batiplus en présence de mon avocat ». Au cours de la dite rencontre, un désaccord sur un problème de droit a empêché la conclusion de l’accord. Le reste se déroule sous nos yeux actuellement…
LE PIB PROJETÉ À 1,1% EN 2020
L’impact de la covid19 sur l’économie sénégalaise est catastrophique
L’impact de la covid19 sur l’économie sénégalaise est catastrophique. Le produit intérieur brut (PIB) connaîtra une chute jamais connue dans notre économie puisqu’il passe de 5,3% en 2019 à 1,1% en 2020. Ce tableau sombre de notre économie a été annoncé hier par Mme Corinne Deléchat du Fonds monétaire international (Fmi).
Du côté du Gouvernement, on a cherché plutôt à relever le côté positif de la mission virtuelle menée au Sénégal du 02 au 12 juin par une équipe du FMI dans le cadre de la première revue de l’accord avec cette institution de Bretton Woods au titre de l’Instrument de coordination de la politique économique (ICPE). On parle de satisfécit du FMI dans le cadre de la mise en œuvre du programme soutenu par l’ICPE. "À fin décembre 2019, toutes les cibles quantitatives du programme, sauf une concernant le pourcentage des marchés publics de gré à gré, ont été atteintes et des progrès significatifs ont été accomplis dans la mise en œuvre des objectifs de réforme pour fin juin", s’est réjouie Corinne Deléchat la chef de la Délégation du FMI. L’institution de Bretton Woods souligne que ses services "saluent la finalisation de la stratégie de mobilisation des recettes à moyen terme, dont la mise en œuvre dès la deuxième moitié de 2020 soutiendra les mesures de relance de l’économie. La mise en œuvre du programme soutenu par l’ICPE est satisfaisante.
À fin décembre 2019, toutes les cibles quantitatives du programme, sauf une concernant le pourcentage des marchés publics de gré à gré, ont été atteintes, et des progrès significatifs ont été accomplis dans la mise en œuvre des objectifs de réforme pour fin juin ».
Seulement, ce clin d’œil politique et diplomatique n’empêche pas le FMI de dresser un tableau sombre de l’économie. La covid19 a fini d’avoir un impact très négatif sur l’économie du pays. Le Produit Intérieur Brut (PIB) est un indicateur économique qui permet de mesurer les richesses créées dans un pays au cours d’une période donnée. Le PIB est utilisé pour mesurer la « croissance économique » d’un pays. Mais son utilisation est parfois remise en cause.
Le PIB reste l’indicateur le plus utilisé pour illustrer la croissance économique et peut être utile pour comparer les performances économiques de différents pays. Cependant il est fort compréhensible que si le PIB estimé à 5,3% en 2019 chute jusqu’à 1,1% en 2020, les conséquences économiques seront dramatiques. "La pandémie Covid-19 a un impact significatif sur l’activité économique accentué par les mesures de fermeture des frontières, le couvre-feu et la distanciation sociale" a indiqué la responsable du Fonds monétaire international (FMI) Corinne Deléchat. Elle ajoute que « ces prévisions reposent sur la maîtrise de l’évolution de la pandémie, la mise en œuvre des mesures de soutien à l’économie et une reprise graduelle de l’activité au cours du second semestre de 2020. Elles sont toutefois marquées par d’importants risques à la baisse ».
Toutefois, la responsable du FMI a salué la mise en place par le gouvernement d’un "Programme de résilience économique et sociale afin de renforcer le système de santé et de soutenir les ménages, la diaspora sénégalaise ainsi que les entreprises et leurs salariés". « La prise en compte totale de l'impact de la pandémie sur la collecte des recettes et les besoins de dépenses supplémentaires porte le déficit budgétaire prévisionnel à 6,1% du PIB en 2020.
Les autorités ont exprimé leur engagement à mettre en œuvre des mesures temporaires, bien ciblées, d'un bon rapport coût-efficacité et pleinement reflétées dans un budget révisé. Elles entendent revenir progressivement à un déficit budgétaire de 3 % du PIB à l’horizon 2022 (objectif de convergence de l'UEMOA) à mesure que la situation se normalise. Les autorités se sont également engagées à initier des mesures pour renforcer la transparence et la reddition de comptes concernant les dépenses d'urgence » explique la délégation du FMI.
En avril 2020, le FMI a décaissé 442 millions de dollars EU (100 % du quota du Sénégal) soit environ 263 milliards de FCFA ou 2% du PIB, au titre de l’instrument de financement rapide (IFR) et de la facilité de crédit rapide (FCR). L’institution financière précise qu’il s’agit d’"un soutien immédiat en termes de liquidités afin d’appuyer l’Etat dans le cadre de la mise en œuvre de son plan de riposte".
BISBILLES AUTOUR DE L’HERITAGE DE CHEIKH BETHIO
Un an après la disparition de guide, l’unité des thiantacones semble avoir volé en éclats
Etienne Ndiaye (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 16/06/2020
Un an après la disparition de Cheikh Béthio thioune, l’unité des thiantacones semble avoir volé en éclats. Une situation due principalement à des rivalités de clans sur fond de tensions sur la question de l’héritage de leur guide spirituel. Les scènes ne se comptent plus en effet depuis lors révélant au grand jour les profondes divergences entre deux camps opposés, celui des «conservateurs» ou « légitimistes », dirigé par le fils aîné du défunt Cheikh, Serigne Saliou thioune, désigné khalife par les dignitaires mourides, et celui «légaliste» mené par Sokhna Aïda Diallo, la préférée du même. Cette dernière bénéficie du soutien de deux autres ex coépouses à savoir Sokhna Bator et Sokhna Déthié Pène, en somme le clan des jeunes épouses. Certains observateurs avertis n’ont pas hésité à décréter la décadence du mouvement des thiantacones du fait de la prééminence de l’aspect matériel au détriment des considérations d’ordre spirituel et éthique dans l’héritage de l’homme multidimensionnel que fut Cheikh Béthio thioune. Dernier épisode de cette cassure, une descente musclée des «légitimistes» au domicile de Sokhna Bator. Outrée, la dame a tenu à tirer la sonnette d’alarme et envisage de saisir la justice.
Étreinte par l’émotion, c’est une veuve tétanisée mais lucide qui a fait face à la presse dimanche dernier pour dérouler sa version des faits dans cette sordide affaire d’»agression» perpétrée par le clan du fils aîné de son défunt époux et guide religieux, Cheikh Béthio Thioune. «Je tenais à faire part d’une situation alarmante ici à Madinatoul Salam, à Keur 17, la maison qui m’a été offerte par Cheikh Béthio depuis avril 2018. Le dénommé Fame Samb, plus connu sous le nom de Serigne Saliou Gueule Tapée, l’aîné des fils de Serigne Béthio, est venu aujourd’hui chez moi avec ses frères qui sont plus âgés que nos fils pour proférer des menaces et provoquer les gens qui se trouvaient dans cette maison en mon absence. Comme ils ne m’ont pas trouvée sur place, le talibé qui avait la charge de garder la maison le leur a fait savoir. Ils ont insisté et aussi l’ont frappé, parce qu’ils n’ont pas été satisfaits du fait qu’il ne leur ait pas permis d’entrer dans la maison. C’est pourquoi, je dénonce cet acte qui n’est pas le premier du genre car il y a eu des antécédents.»
Poursuivant son récit, Sokhna Bator d’enfoncer le clou : «Après l’éclipse de Cheikh Béthio, il y a eu une situation qui perdure jusqu’à présent. Nous les femmes de Cheikh Béthio Thioune, je veux dire les plus jeunes, notamment Sokhna Aïda Diallo, Sokhna Déthié Pène et moi-même, sommes victimes de provocations de tous bords, d’injures, d’insanités à notre encontre. L’année dernière, après l’éclipse de Cheikh Béthio, Serigne Saliou Gueule Tapée est allé par effraction violer mon domicile à Touba. Il avait trouvé des gens de confiance Serigne Béthio là-bas et les avait chassés, a pris nos demeures et y a installé d’autres personnes. Lorsque j’ai eu vent de cette affaire, je me se suis rendue sur place pour m’enquérir de la situation. C’est ainsi que j’ai sollicité les services d’un huissier de justice qui a fait son travail et j’ai suivi la procédure qui sied. Après cela, il y a eu aussi des faits qui ont été relatés dans les médias et dans les réseaux sociaux. Je suis allée ici à Médinatoul Salam, dans la grande demeure, où nous avons nos maisons, pour procéder au nettoyage des lieux.
A ma grande surprise, la Gendarmerie a été appelée, parce que, ont-ils dit, je faisais de la provocation. Ce qui s’était passé c’est que les talibés déclamaient les « khassaïdes ». Comme les membres de ce clan n’étaient pas contents de ma présence sur les lieux, ils ont fait dans l’intox pour appeler la Gendarmerie, prétextant que j’étais venue faire dans la provocation» rappelle celle qui a fait acte d’allégeance à Sokhna Aïda Diallo. «Cette fois, ils sont venus, pas seulement les fils, mais accompagnés de soi-disant gardes du corps, ont proféré des menaces et exhibé des armes blanches parce qu’on ne les pas acceptés dans ma maison. Tout cela sous la direction de Serigne Saliou Gueule Tapée, Fame Samb de son vrai nom. Je compte saisir qui de droit par ce qu’il y a des autorités compétentes pour la diligence de cette affaire. Je souhaite que la lumière soit faite sur tout cela. Parce que j’ai des enfants en bas âge, des filles. C’est vraiment alarmant», explique toujours la veuve de Cheikh Béthio Thioune.
Quand le matériel détrône le spirituel
Le fond de toute cette agitation, selon la dame, c’est l’héritage de Serigne Béthio Thioune. «Serigne Béthio nous a confié des besoins et ce qui leur importe, c’est d’être en possession de tout ce que Serigne Béthio nous a confiés et par force, disent-ils. Alors, il faut que les choses soient faites de manière légale et légitime» a conclu la veuve, avant de donner la parole au sieur Ababacar Traoré présenté comme étant celui qui a fait l’objet de cette «agression» .Ce dernier n’y est pas allé par le dos de la cuillère pour enfoncer ses «agresseurs». «Cet après-midi (Ndlr, dimanche), vers les coups de 17 heures, une délégation conduite par Serigne Saliou Gueule Tapée et comprenant entre autres Seydina Thioune, Serigne Khadim Thioune l’ex-député, Serigne Khadim Thioune de Sokhna Mbossé, Serigne Sam Midadi et leur garde du corps s’est présentée ici.. Lorsqu’ils ont débarqué, ils m’ont demandé si Sokhna Bator était là, je leur ai répondu par la négative. Au moment où je répondais à leur interpellation, j’ai reçu des coups de Seydina Thioune. C’est après qu’ils ont commencé à nous abreuver d’insultes et ont brandi des armes blanches et proféré des menaces de mort à l’encontre de tous les résidents de cette demeure de Sokhna Bator. C’est au moment où je me suis résolu à appeler la Gendarmerie qu’ils ont pris la fuite à bord de leurs véhicules» confie le chargé de la sécurité de la résidence de Sokhna Bator. « Ce n’est pas la première fois qu’ils venaient. Ils avaient auparavant envoyé un jeune pour le même dessein. Ils ont promis cette fois de revenir en force. Face à cette situation et vu la gravité des faits et leur caractère récurrent, nous lançons un appel aux autorités pour que cela ne se reproduise plus» avertit le sieur Ababacar Traoré.
Gueule tapée dégage en touche
Interpellé, le «mis en cause», se défend. Serigne Saliou Thioune Gueule Tapée dit être suffisamment ‘’civilisé» pour n’être pas capable de verser dans des actes mettant en cause son statut de Khalife de la famille. «L’objet de notre déplacement au domicile de Sokhna Bator, c’était tout simplement d’engager des concertations pour l’héritage de notre défunt père et guide spirituel. C’est là une démarche tout à fait normale. Je ne vois pas donc pourquoi cela devrait soulever toute une polémique». Une chose est sûre : la question de l’héritage de Cheikh Béthio Thioune a fini de diviser la famille des Thiantacones un an après la disparition de leur guide spirituel. L’immense fortune du Cheikh a aiguisé des appétits au point de créer la fin du «Thiant».
En lieu et place de l’unité de disciples fervents et dévoués à l’expansion de leur philosophie du «Thiant», c’est à une mort programmée d’une belle révolution religieuse qu’on assiste. Chaque jour qui passe confirme cette fracture du mouvement Thiantacone. Les «conservateurs» sous la férule de Serigne Saliou Thioune, Khalife désigné par la hiérarchie mouride, continuent de s’opposer à ce qu’ils qualifient d’ « usurpation », voire d’ « hérésie » de la part de Sokhna Aïda Diallo, veuve du Cheikh dont elle fut la favorite. Les partisans de cette dernière, quant à eux, dénoncent une entreprise «d’extermination» de leur clan.
Par Abdoulaye SAKHO
RETARD ECONOMIQUE DE L’AFRIQUE AU SUD DU SAHARA, LA PART DU DROIT ?
S’il n’est pas le seul coupable, on peut considérer que le droit pourrait être cité parmi les complices de notre indigence économique
Aller au-delà des analyses superficielles passe par une mise en examen de ma propre science, le droit, pour voir s’il ne fait pas partie des coupables du retard économique depuis notre indépendance politique. Concernant le Sénégal, après la gouvernance économique de Senghor, de Diouf et de Wade, nous vivons actuellement le PSE, un projet économique pour un programme politique ambitieux du parti de Sall actuellement au pouvoir…
Je lui souhaite de réussir pour notre bien à tous ! Parmi les instruments ou les outils indispensables à cette réussite figure le DROIT. La question qui mérite donc d’être posée à ce niveau et que je pose ici est celle de savoir si notre droit actuel, notre droit positif, assume le rôle de facilitateur de l’économie qu’on prétend lui faire jouer depuis la prise de conscience par la quasi-totalité des observateurs et acteurs du jeu économique africain de la nécessité d’un « droit des affaires harmonisé, simple, moderne et adapté afin de faciliter l’activité des entreprises » pour paraphraser le Préambule du Traité pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Aujourd’hui, cette prise de conscience doit avoir comme objectif spécifique, la construction des fondements d’un véritable écosystème de la croissance et de l’innovation qui devra se traduire par un environnement juridique repensé. Mais, avons-nous ici et maintenant, au Sénégal, un droit qui serait un outil au service d’une économie prête à affronter les défis du PSE, un droit pour la révolution numérique et ses innovations, un droit pour les exigences du monde rural d’aujourd’hui, un droit pour les enjeux technologiques de demain comme les bio et les nanotechnologies ou les neurosciences ? Pour répondre, il faut sortir des sentiers battus comme je viens de le dire ci-dessus (je vais me répéter mais on dit que la répétition est pédagogique). Oui, les comportements des acteurs de la vie politique n’expliquent pas entièrement pourquoi nous sommes à la traine dans les divers classements et autres modes d’évaluation des économies contemporaines.
Permettez donc que je balaie devant ma propre porte. Que j’interroge ma discipline pour montrer comment elle impacte négativement sur notre économie, comment elle est au cœur de notre position économique actuelle et, enfin, pourquoi il faudrait changer de paradigme dans le monde du droit pour en faire un véritable facilitateur de l’économie. Oui. Il faut en effet savoir que le droit n’est pas une discipline abstraite ou désincarnée, mais plutôt le reflet d’un état d’esprit, d’une culture et de grands choix collectifs. Or, le droit qui nous régit est frappé d’une tare originelle. C’est un droit emprunté, un droit venant essentiellement du droit français qui a certes fait école dans le monde à l’époque napoléonienne, mais dont les Français eux-mêmes disent qu’« il tient du chef d’œuvre en péril : vieilli, anachronique, en déphasage complet avec le monde agile d’aujourd’hui. Pis, il condamne l’innovation, ce carburant d’une période de mutations intenses ». (Vincent Giret, Le droit, les rentiers ou l’innovation, Le Monde du 11 Mars 2016, p. 7)… Trois exemples pour illustrer ces propos…
Quel droit pour le numérique ?
En me limitant au mobile, on peut dire qu’on assiste aujourd’hui à une sorte d’inversion de paradigme dans les pratiques sociales incluant la technologie de pointe qu’est le téléphone portable. Des opérateurs innovants se sont engouffrés dans cette niche que constitue le marché des services financiers hors des guichets et des établissements bancaire proprement dits. Pour réglementer, la prise en compte de l’aspect convergence entre le droit bancaire et le droit des communications électroniques est une nécessité. Mais il y a une difficulté. Elle tient au fait que l’innovation ne provenant pas du tout des pays développés (ce sont les populations des pays en développement qui, par la pratique, imaginent des outils de contournement des difficultés d’accès aux services financiers relevant du monopole bancaire), on a du mal à implémenter une réglementation efficace. Oui, autant les pays développés fournissent généralement les modèles de réglementation pour les pays de l’ouest africain de tradition francophone par le biais de ces greffes que constituent les « legal transplants » ayant pour objet le transport du droit ou de règles d’un pays dans un autre, autant aujourd’hui, il y a lieu de faire jouer l’imagination car beaucoup de ces innovations n’entrent pas dans les casiers connus du droit positif.
Quel droit pour le monde rural ?
Le monde rural est la grande oubliée de l’OHADA. L’entreprise agricole n’est toujours pas dotée de la structure juridique adéquate. En effet, dans un pays comme le Sénégal, malgré les nombreuses tentatives depuis les coopératives paysannes du temps du Président Senghor jusqu’au groupement d’intérêt économique des années 80 sous le Président Abdou Diouf, en passant par les sociétés unipersonnelles ou plus récemment le statut de l’entreprenant du système OHADA, le monde rural n’arrive pas à trouver la structure idoine qui va le conduire aux formes d’exploitation économique qu’exige le monde contemporain.
Quel droit pour l’investissement dans les projets d’infrastructures ?
Toutes les formes d’investissements ne sont pas prises en compte dans le code des investissements. Notre code connait très bien l’investisseur économique traditionnel mais il ne s’est pas adapté aux mutations qui ont fait apparaitre aussi bien l’investisseur professionnel que l’investisseur dans les projets d’infrastructures. Le code des investissements est dépassé : l’investisseur du code existe toujours mais il s’installe dans des endroits très « compétitifs » comme les pays à régime autoritaire ou les pays à « faible intensité juridique » (très peu de protection pour les travailleurs et très peu de taxes et impôts). L’investisseur professionnel, lui, est un investisseur au sens du droit des sociétés, c’est-à-dire, concrètement, un actionnaire qui investit dans une grande société. Toutefois, ce n’est pas n’importe quel actionnaire, ni n’importe quel investisseur. On parle ici du gestionnaire de l’épargne collective ou fonds souverain appartenant à un Etat (gestionnaire de fonds de pension ou de fonds souverains étatiques). L’investisseur professionnel investit donc à la place de ses mandants (adhérents ou Etat) et pour leur compte, en prenant une participation minoritaire dans le capital de sociétés d’accueil. L’arrivée de cet investisseur change absolument tout. Si on considère être en face d’un simple fournisseur de biens et services à l’administration, le droit des marchés publics aura vocation à s’appliquer. Mais s’il s’agit d’un investisseur qui vient « risquer ses billes » est-il toujours approprié de le mettre dans la procédure de la commande publique ? A mon avis, il y a quand même lieu de noter la différence entre une commande de l’administration et une proposition émanant d’un investisseur privé. Une inversion de ces données n’autorise-t-elle pas une autre structuration des relations Etat/secteur privé ? En tout état de cause et quelle que soit la réponse, des mesures doivent être prévues dans le sens de la sauvegarde de notre souveraineté économique via nos entreprises locales. Une révision du code des investissements pourrait être envisagée pour déboucher sur une loi d’orientation de l’investissement au Sénégal avec comme objectif principal l’insertion du privé national dans notre tissu économique.
Pour conclure.
Ces trois exemples montrent que notre droit peine à faciliter la vie à l’activité économique. Les raisons sont à chercher dans le fait que le Nobel d’économie de 1993 Douglas North, appelle les « institutions », c’est-à-dire l’ensemble des lois, des règles écrites ou informelles ainsi que les instruments créés pour en contrôler leur bonne application, ces institutions donc ne sont pas en phase avec les besoins d’une économie dans la voie de l’émergence. Nous essayons de rattraper le retard avec les outils juridiques d’un autre âge. Oui notre droit est resté statique et nous les juristes on continue à construire ce droit de manière autonome et abstraite en multipliant les typologies et les qualifications juridiques déconnectées des réalités économiques. C’est peut être agréable et cohérent en soi, mais nos constructions sont davantage conçues pour les livres que pour la vie réelle. Au lieu de voir le droit comme un moyen, un outil, les juristes ont tendance à sacraliser le droit comme une valeur elle-même, comme une science qui se suffit à elle-même au lieu d’y voir un moyen par lequel divers acteurs peuvent réaliser des objectifs (Un droit pour l’innovation et la croissance, Vermeille, Kohmann et Luinaud, Fondation pour l’innovation politique, Paris, Février 2016). Finalement, s’il n’est pas le seul coupable, on peut considérer que le droit pourrait être cité parmi les complices de notre indigence économique. En conséquence, il nous faut un autre droit pour accompagner notre développement économique…