Invité de Mamadou Ibra Kane, Ousseynou Nar Gueye prone une gestion fédéralste du Mali à l'image du Nigéria.
Ousmane B. Diop, François H. de Saint-Chamaran & Issa Wachill
LE COVID-19, L’AFRIQUE ET LE NOUVEAU TEMPS DU MONDE
En 2050, l'Afrique abritera 1/4 de la population mondiale et devra trouver ses propres moyens pour se nourrir, se soigner. A quelles conditions cela serait-il possible dans l'actuel modèle de société mondialisée de marché ?
Ousmane B. Diop, François H. de Saint-Chamaran & Issa Wachill |
Publication 15/06/2020
Alors que la mobilisation contre le Covid-19 s'intensifie à l'échelle planétaire, force est de constater que, même si ce virus n'épargne aucune région ni aucune économie du monde, en revanche, les moyens d'y faire face révèlent de fortes inégalités entre pays, et au sein même des pays touchés, entre régions, cités, villages et catégories sociales.
Cette situation ne peut amener qu’à s’interroger sur cette relative impuissance, qu'il s'agisse des moyens de riposte sanitaire autant que d'atténuation des nombreux impacts économiques et sociaux de cette pandémie. Ainsi mise à mal, la presque totalité des systèmes de santé du monde, les économies des pays riches, émergents et sous-développés sont, à des degrés divers, menacés ou frappés par une augmentation de la pauvreté, du chômage, et des clivages sociaux ; bref le Covid-19 a révélé une véritable vulnérabilité créant un fort impact qui remet en cause le mythe du progrès illimité.
Cet événement inédit par sa soudaineté et la rapidité de son expansion fait craindre, au-delà des pertes en vies humaines, des troubles sociaux, une crise de confiance des peuples à l'endroit de leurs dirigeants, mais surtout une montée des populismes dont les stigmatisations ethniques constituent un signe avant-coureur inquiétant.
Une profonde angoisse a gagné le monde qui venait d'entrer en fanfare dans le XXIème siècle en embouchant la trompette triomphante de ses succès accumulés tout au long du siècle précédent. Brutalement mis à l'arrêt, comme pétrifié, ce même monde se retrouve désorienté !
A l'ivresse succède l'interrogation face à l’injonction soudaine que nous adresse ce virus et qui vaut pour tous et pour chacun à travers le monde, quelle que soit le contexte local de la pandémie. Ceci est-il une simple expérience, une parenthèse, ou au contraire une confrontation pleine de sens ?
Pour le savoir, il nous faut adapter notre regard et le porter loin au-delà de nos certitudes traditionnelles. C'est, semble-t-il et par défaut, la seule manière pour l’humanité de surmonter ce choc de questionnement et d’incertitude qui caractérise les premiers effets appréhendables de cette crise du Covid-19.
Il semble bien que partout où l’humain a enfreint les lois de la Nature et du Vivant, ceux-ci nous rappellent cruellement que les transgressions éthiques accumulées finissent par se payer « cash »…
L'Afrique offre un exemple de cette difficulté à trouver un sens à cette crise dans laquelle beaucoup voient, (à tort ou à raison ?), « la main cachée de Dieu venue punir l'humanité de ses fautes ». Mais, comme l'expiation n'est pas de la compétence des blouses blanches, on leur a préféré les divinités, les marabouts et autres rites anciens hérités de la coutume. Encore une fois, logique d'État et logiques traditionnelles croisent le fer en contexte d’une « modernité » fondée sur un optimisme aveugle !
Mais, ce violent assaut contre nos certitudes ne deviendrait-il pas salutaire, malgré tout, en raison de l'immense potentiel d'interrogations et de remise en question, que cette crise multiforme soulève, en ouvrant ainsi pour notre époque nombre d'avenues nouvelles aux perspectives élargies, porteuses de visions recadrées afin d’être compatible avec le respect de la planète qui nous accueille.
La sagesse antique, plus que jamais, nous montre sa pertinente actualité, simplement parce qu’elle repose sur un socle de réflexion fondée sur « ê physikê » (c’est-à-dire : la nature, d’où la physique)[1]la connaissance de la Nature rendant sa démarche humble et dénuée d’emphase :
« La santé de l’homme est le reflet de la santé de la terre. » (Héraclite)
Aussi, plutôt que de mutations hâtives dans des directions incertaines, le monde
n’aurait-il pas simplement besoin de faire une pause ?
Afin de prendre du recul, de la hauteur pour sortir de l’immédiateté en tout qui empêche d’établir de grands desseins, de se resituer dans un temps long, afin de réfléchir à la pertinence de maintenir le cap de cette modernité autoproclamée, caractérisée par l'obsession du rendement, du productivisme, de la rapidité de l’information et par l'accélération d’un prétendu progrès à sens unique, au point de laisser craindre, légitimement, le remplacement des humains par des robots issus de l’Intelligence Artificielle.
Car, il importe de rappeler que les derniers mois de l'année 2019 ont été marqués par des mouvements populaires significatifs de contestation dont le point commun était en filigrane, le désenchantement vis-à-vis de la mondialisation en cours et la volonté de construire un nouveau modèle grâce à l’action de dirigeants soucieux d’apporter protection et mieux-être à leurs peuples (cf. Liban, Algérie, Hong-Kong, Irak, Chili, Soudan, France-Gilets Jaunes).
Un autre fait marque malheureusement cette époque, c'est l'étendue croissante des pays frappés par le terrorisme qui implique de relever un défi majeur pour nombre de pays africains. Ce contexte d'instabilité et d'insécurité constitue un frein risquant de devenir systémique et rendant irréaliste toute tentative de prévision de sortie de la pauvreté pour les pays concernés, tant en terme de calendrier, qu’en terme de performance économique.
Alors, pour relever tant de défis, le monde et tout particulièrement l'Afrique, ont besoin d'oser ! Oser se réinventer, oser changer les grilles d’analyse, oser modifier des paradigmes obsolètes, et ce, afin de construire des prospectives réalistes dans l'unique objectif de se projeter dans un avenir maîtrisé, afin de ne pas laisser à d'autres le soin de lui désigner sa place future dans le monde d'après le Covid-19, car il risque fort de ressembler à celui d’avant, mais en bien pire.
Dans cet esprit, l'Afrique pourrait prendre une initiative, parrainée par des États, des ONG indépendantes, de grandes Institutions, qui consisterait, notamment, à :
Renoncer à l'abandon de la dette. En effet, le risque à terme, pourrait conduire à une restriction des capacités de négociation des mêmes Etats lorsqu'il s'agira de redéfinir les conditions d'exploitation de leurs matières premières.
Or, dans un tel contexte, l'abandon de la dette n'est pas nécessairement la meilleure solution.
En contrepartie, il conviendrait d’œuvrer avec le reste du monde à la création d'un organisme indépendant, titulaire d'une incontestable légitimité, qui pourrait dans le domaine particulier de la santé humaine gérer l'après-crise pandémique, dont les effets ne se tasseront probablement qu'après mise au point des traitements préventifs et curatifs, c'est à dire pas avant un laps de temps, à ce jour, indéterminable ; cet organisme formalisant, dès lors, les modèles informels des Club de Paris et Club de Londres.
Cet organisme pourrait comprendre, dans des proportions à définir, des représentants de l'OMS, de la banque Mondiale, du FMI, de l'OMC, de la BRI pour la gestion des DTS[2], mais aussi d'organisations régionales telles que l'UA, la BAD, et des représentants des diverses branches des industries pharmaceutiques ainsi que de hautes personnalités, notamment scientifiques, dotées d'une incontestable autorité morale, à l’aune de leur compétence avérée.
Cet organisme pourrait ainsi gérer un fonds spécialement dédié au financement de la politique nationale de santé des pays membres et qui serait alimenté par :
le remboursement des dettes sous forme de cotisations ;
un abondement paritaire émanant des Institutions mentionnées et d’un Club de donateurs publics et privés ;
un prélèvement sur les ventes d'armes, mais payé, pour être dissuasif, par les pays acheteurs et les pays exportateurs, s'inspirant ainsi de l'ancienne taxe Delors ;
un apport en nature de brevets pharmaceutiques tombés dans le domaine public.
Seraient financés en priorité :
les projets nationaux articulés à des stratégies régionales ou sous-régionales, afin d'éviter les doublons et les concurrences contre-productives ;
les pôles de recherche par grandes branches de disciplines, de traitements cliniques, de production pharmaceutique ;
des infrastructures d'accompagnement tels que toilettes publiques, équipements d'hygiène publique, de préservation environnementale, etc.
en fonction de critères à définir, chaque pays disposerait d’un « droit de tirage », équivalent à l’apport de sa dette, lui permettant d'investir massivement dans une politique de santé planifiée et réaliste.
En 2050, l'Afrique sera un continent qui abritera 1/4 de la population mondiale qui devra trouver ses propres moyens pour se nourrir, pour travailler à son autosuffisance en tous domaines, et pour se soigner.
A quelles conditions cela serait-il possible dans l'actuel modèle de société mondialisée de marché prédominant qui a fait consensus depuis la chute du Mur de Berlin ?
D'aucuns voudront poursuivre le chemin tracé vers un rattrapage de l'Occident, par l'application systématique de ses méthodes de production. Mais, elles sont, elles-mêmes, en pleine évolution.
D'autres, à l'inverse, seront les partisans farouches d'une rupture radicale d'avec le modèle occidental pour lui préférer la résurgence de valeurs endogènes et la supériorité de la foi sur les droits de la personne.
Enfin resterait un troisième groupe qui lui, modestement, s'interrogerait, scruterait l'avenir tel Diogène avec sa lanterne, pour identifier la place faite à l'humain afin de pouvoir habiter autrement la planète. C’est en choisissant cette voie que l’Afrique pourra faire valoir son génie propre et rappeler que la finalité de toute civilisation est et demeure d’instaurer un rapport humain au monde !
Ce texte a été préalablement publié dans Le Soleil du 8 juin.
Signataires
Ousmane Blondin Diop est ancien Ministre-Conseiller du Sénégal auprès de l’Unesco et président de l’Alliance des Forums pour une Autre Afrique (ALFAA).
François Henri de Saint-Chamaran est ancien professeur associé à l’Université Panthéon-Sorbonne, membre de jurys des classes préparatoires des Grandes Écoles de Commerce, membre-fondateur de Alfaa.
Issa Wachill est originaire de l’Ile Maurice, ancien Conseiller Culturel à la Délégation Palestinienne de l’Unesco, membre-fondateur de Alfaa.
[1] En alphabet grec : η φυσικη ; transcription en alphabet latin : ê physikê.
[2] Les « Droits de Tirage Spéciaux », constituent, initialement, un actif de réserve international, créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres, dans l’attente d’une refonte des accords de Bretton Woods.
«JE SENS ASSEZ TRISTEMENT UN RETOUR AU MONOPOLE DES GROUPES FRANÇAIS SUR LE CINEMA SENEGALAIS»
A 73 ans, Ben Diogaye Bèye répond et projette son appréciation sur la jeune génération de cinéastes, les téléfilms et la pandémie du Covid-19.
Avec une expérience de plus de 50 ans, Ben Diogaye Bèye garde toujours cette passion qui l’a poussé vers le cinéma. A 73 ans, l’artiste s’est replié dans son atelier pour former de jeunes cinéastes. De là à lâcher la réalisation ? Loin de là car le patriarche a bénéficié d’un financement du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique (Fopica) pour un nouveau film. Où en est-il par rapport à ce film dont l’acteur principal est décédé ? Ben Diogaye Bèye répond et projette son appréciation sur la jeune génération de cinéastes, les téléfilms et la pandémie du Covid-19.
Comment se porte le cinéma sénégalais ?
Si on voit les distinctions du cinéma sénégalais ces dernières années, je vois de temps à temps des noms, des talents qui émergent. Tout le monde est d’accord que le jeune Alain Gomis a fait des choses immenses en remportant 2 fois l’Etalon du Yennenga à Ouagadougou. Mati Diop a eu un prix à Cannes. C’est formidable et cela montre qu’il y a des choses qui bougent. Ça c’est ma perception en tant que citoyen sénégalais. Mais en tant que cinéaste, quelqu’un de l’intérieur, je suis un peu gêné. Cela fait 50 ans que je suis dans le cinéma. Les cinéastes avaient une association tellement combattante mais ils ne sont plus ensemble. Il y a aujourd’hui de petits groupuscules alors que ç’aurait été bien que l’association qui regroupe tous les professionnels existe encore. On défend mieux ses intérêts collectivement qu’individuellement. C’est un travail des cinéastes. Je n’ai plus l’âge pour courir après les gens afin qu’ils soient ensemble ou s’associent. Je constate cette dispersion et c’est très dommage. Quand j’étais venu au cinéma, notre souci et idéal était de faire exister un cinéma africain, sénégalais. Nous nous sommes vraiment battus. Il y a beaucoup d’acquis du cinéma sénégalais qui proviennent des soutiens de l’Etat, et qui sont le résultat des combats que notre association a menés, même s’il est vrai qu’elle n’existe plus depuis très longtemps. Nous avions pour souci principal de faire exister la cinématographie africaine, sénégalaise. Aujourd’hui dans ce contexte, la priorité c’est d’asseoir la carrière individuelle. C’est plus des individus qui veulent s’imposer.
Comment en est-on arrivé là ?
Je n’ai pas dit qu’on ne peut pas régler nos problèmes. Les choses bougent quand même. Il y a des initiatives et je ne dis pas que c’est bloqué. Soyons clairs ! Il se peut que ça bouge sur des aspects dont je ne suis pas au courant. Comment en est-on arrivé là ? Il y a eu un certain laxisme au sein des derniers bureaux de l’association.
Est-ce que les problèmes du cinéma+7 sénégalais ne sont pas dus à l’émergence des téléfilms ?
Pour les téléfilms, il y a plusieurs choses. D’une part, je ne suis pas du tout les téléfilms. Je ne suis pas amateur et ne regarde jamais. Ça ne m’intéresse pas. Ce n’est pas une attaque.
Pourquoi les téléfilms ne vous intéressent pas ?
Je crois que les gens courent trop vite pour installer leur carrière. Il faut les comprendre. Ce n’est pas une critique. Je ne dis pas que les réalisateurs sont des amateurs et ne connaissent pas le cinéma. Ils ont leur stratégie de passer par des séries et peut-être, ils pourront faire des films de cinéma. Or, la réalité est que la capacité de faire des films de série est la même que celle du cinéma. Je peux comprendre que les gens cherchent à réussir. Quand on entre dans un métier, c’est pour y réussir. Quand on a l’ambition d’être cinéaste, que l’on passe par des postes d’assistant.
Ces téléfilms sont-ils une menace pour le cinéma sénégalais ?
Il faut savoir que le cinéma sénégalais s’est imposé comme une réalité sérieuse aux plans national et africain. Depuis notre doyen Ousmane Sembene, notre ami Djibril Diop Mambety, le cinéma existe.
Mais les téléfilms sont plus nombreux et plus suivis au Sénégal…
Cela ne veut rien dire. Il est plus facile de faire un téléfilm qu’un film de cinéma. Ce ne sont pas les mêmes réalités. Ce n’est pas une menace pour le cinéma.
Est-il problématique que le Sénégal s’impose dans le 7ème art africain et qu’il n’y ait pas de salle de cinéma ?
Vous touchez du doigt un grand problème. L’Etat faire doit faire des efforts. Le Fopica existe et c’est une très bonne chose. Vous savez, le cinéma est une chaîne avec plusieurs maillons. Il y a la production, la distribution et l’exploitation. Il faut que tous ces segments marchent pour que la chaîne puisse tenir. Le Fopica donne une avance. Je me souviens avoir écrit du temps du Président Abdoulaye Wade une lettre aux 3 groupes parlementaires pour leur demander s’ils ne pouvaient pas sur le plan de la législation, encourager des promoteurs immobiliers à prévoir des salles de cinéma dans leurs immeubles. Malheureusement à l’époque, je n’avais jamais eu de réponses. Je suis membre de l’association Cinéastes sénégalais associés (Cineseas) qui est devenue amorphe depuis de 20 ans. Mais si je devais lancer un appel aux autorités, ce serait d’inciter les investisseurs sénégalais, comme on construit tellement à Dakar, à se tourner vers la construction de salles de cinéma dans leurs immeubles. Si on fait ça petit à petit, le cinéma peut être rentable. Il y a la salle Canal Olympia, qui existe dans toutes les capitales de l’Afrique occidentale. Aujourd’hui il y a d’autres investisseurs français qui sont en train de construire des salles ici même à Dakar. C’est très bien mais cela me fait penser à un retour en arrière aux temps des sociétés qui avaient le monopole de la distribution et d’exploitation de films au Sénégal. Tout en encourageant les investisseurs étrangers à venir investir dans le cinéma, il serait bon qu’on encourage nos hommes d’affaires dans la construction de salles de cinéma. L’Etat a la possibilité de le faire en allégeant les taxes pour les encourager.
Le Président Macky Sall recevant les cinéastes en 2017 avait promis de construire un Centre national de cinématographie à Diamniadio. Est-ce qu’il y a un début de réalisation de cette promesse ?
Quelles que soient les intentions du président de la République, s’il n’y a en face un groupe qui saisit cette opportunité pour en faire un cheval de bataille, on ne peut pas avancer. Le Président a dit ça mais il appartient aux cinéastes de se battre pour obtenir la réalisation du Centre national de la cinématographie. Mais à partir du moment où il y a plusieurs groupuscules… D’accord, les gens peuvent être ensemble selon leurs affinités. Mais en dehors de cela, il y a une chose objective c’est qu’ils ont un intérêt commun. A défaut de faire une seule association, ils peuvent se constituer en fédération.
Donc pour vous, le problème du cinéma sénégalais et des cinéastes, c’est le manque d’organisation ?
Je ne peux pas dire ça. Mais je sens assez tristement ce retour à ce qui existait avant. Je veux dire le monopole de groupes français sur l’exploitation et la distribution de films. Tout ce que l’Etat a fait pour le cinéma, c’était sur propositions des cinéastes jusqu’à ce Fopica qui est arrivé. Mais c’est au moment où il n’y a plus d’association.
Justement, où en êtes-vous avec votre film qui a reçu un financement du Fopica ?
On avait arrêté mon film pour cas de force majeure. On a été lâché par des partenaires américains d’une part et d’autre part, sur le chemin, l’acteur principal qui est sénégalais, est décédé. Aujourd’hui, on est en train de voir. Ce n’est plus d’actualité pour moi comme c’est quelque chose qui est bloqué. Je n’en parle même pas parce qu’il n’existe même pas. Je suis en train de faire des efforts pour réaliser ce film.
Quel est le budget de votre film ?
Je ne vois pas l’importance de vous le dire. Je ne l’ai plus en tête.
Quel regard avez-vous sur la jeune génération de cinéastes ?
C’est très bien de voir qu’il y ait beaucoup de jeunes cinéastes notamment des femmes. J’en suis très heureux. Personnellement, à mon âge, je m’investis beaucoup dans la formation de jeunes cinéastes. Je les encourage à travailler ensemble. Si quelqu’un a la chance d’avoir des moyens, qu’il prenne l’un d’eux comme assistant. Puisqu’ils n’ont pas eu la chance d’aller à l’école d’assistanat, il faut qu’ils travaillent là-dessus plusieurs fois pour maîtriser cela parce que c’est un métier qui n’est pas facile. Le cinéma implique l’esthétique, le physique et la technique.
Comment voyez-vous la gestion de la pandémie du Covid-19 par le gouvernement ?
Le gouvernement a très tôt pris des mesures. Je trouve que l’Etat a bien réagi surtout que nous avons la chance d’avoir un personnel soignant extraordinaire en particulier nos médecins. Mais le ministère de la Santé doit organiser la réflexion pour savoir pourquoi les Sénégalais ne respectent pas les mesures barrières. Il faut faire cette critique parce que cela n’a pas été fait ou bien, il faut changer de stratégie. Les Sénégalais ont leurs masques mais ils les mettent au niveau du cou ! Le ministère de la Santé doit revoir sa stratégie de communication. La communication doit vivre en même temps que la vie des gens qu’elle veut impacter.
Avez-vous été impacté par les conséquences du Covid-19 ?
Je suis déjà impacté par un autre problème avec mon film. J’ai arrêté mes projets depuis un an. J’ai beaucoup travaillé sur la communication liée à la pandémie. J’ai appuyé de jeunes cinéastes et producteurs qui produisaient des sketchs.
«MACKY SALL TENTERA DE SE PRESENTER A LA PRESIDENTIELLE DE 2024»
Hier, devant le Grand jury de la Rfm, Jean-Paul Dias a prêté des intentions au président de la République sur sa propre succession.
Selon Jean-Paul Dias, le président de la République tentera de briguer un troisième mandat. Le leader du Bcg, «théoriquement» encore membre de la mouvance présidentielle, a défendu le maire de Mermoz-Sacré Cœur sur le dossier du littoral.
C’est une déclaration qui risque de créer une nouvelle polémique sur une éventuelle candidature du Président Macky Sall à la Présidentielle de 2024. Hier, devant le Grand jury de la Rfm, le leader du Bloc des centristes gaindé (Bcg) a prêté des intentions au président de la République sur sa propre succession. «Il a l’intention de se présenter et il tentera de se présenter. Il n’aura pas de difficultés au niveau du Conseil constitutionnel. Le reste, il n’a pas de considérations particulières sur ce que peuvent penser les Sénégalais au plan moral avec tout ce qu’il a dit. Il tentera, sauf si intervient quelque chose d’extraordinaire qui l’empêche d’y aller», a insisté M. Dias. Il demande d’ailleurs aux Apéristes d’avoir le «courage» de dire qu’ils ne sont pas d’accord et que «ceux qui ont l’ambition de se présenter de dire carrément qu’ils sont prêts à se présenter».
«Des gens du pouvoir cherchent des poux dans la tête chauve de Barth»
Relativement à la polémique sur le bradage du littoral, Dias-père a pris fait et cause pour son fils, qui est par ailleurs le maire de Mermoz-Sacré Cœur. Il dit : «La polémique ne date pas d’aujourd’hui. Elle a pris aujourd’hui un autre aspect, un aspect plus politique provoqué par des gens du pouvoir ou affiliés au pouvoir qui, voyant que Barthélémy Dias, notre maire, a réussi à traverser la période du Coronavirus avec succès, avec beaucoup de popularité, se sont dit : «Malgré sa tête chauve, il faut lui chercher des poux dans la tête et ils ont inventé cette affaire.».» En outre, Jean-Paul Dias a répondu au ministre de l’Urbanisme, du logement et de l’hygiène publique, Abdou Karim Fofana, selon qui le régime actuel n’a attribué aucun terrain sur ce périmètre de la capitale. «L’Etat c’est une continuité. Donc, dans ce dossier, la responsabilité de l’ancien régime, tout comme l’actuel, est engagée. Les textes disent que lorsque vous êtes attributaires d’un terrain, vous avez deux ans pour construire ; si au bout de deux ans, vous ne construisez pas, on doit vous retirer le terrain. Ils ne font pas ça», a-t-il expliqué. D’ailleurs, pour une meilleure gestion du foncier, il suggère l’intégration des maires dans les comités d’attribution des terres mais aussi qu’ils y siègent.
«On dirait que (les responsables) de Macky 2012 sont anesthésiés»
Jean-Paul Dias a également donné son point de vue sur les récentes nominations des transhumants Abdou Fall et Moussa Sy, respectivement au Conseil d’administration de l’Apix et celui du Port autonome de Dakar. «Macky Sall a montré qu’il n’a pas des amis d’hier, il n’a que des amis d’aujourd’hui ou qu’il estime être ceux de demain. Donc, il peut continuer à faire ce qu’il fait. Je rends hommage à l’Apr qui a réagi. Macky 2012 n’a même pas réagi, on dirait qu’ils sont anesthésiés.» Sur ses relations avec la mouvance présidentielle, il soutient qu’«en théorie», il est toujours membre en attendant de prendre une décision. Mais déjà, pour les Locales, il annonce que son parti y ira sous sa propre bannière.
Par Madiambal Diagne,
MON PACTE DE CONFIANCE AVEC MACKY SALL ET LE PEUPLE
Rien n’est publié de ma plume sans une connaissance avérée des faits. Aucun individu ne pourrait me faire plier parce que connaissant la vérité, on est bien peu impressionné par tout le vacarme que l’on pourrait préparer pour éloigner de l’essentiel
Il est des choses bien symboliques dans une vie. Les dernières chroniques publiées dans ce journal, sous ma plume, ont bougé des lignes, secoué des baobabs et éclairé sur différents sujets («Akilee-Senelec : Qui doit crier au voleur ?» 18 mai 2020 ; «Le gouvernement est nu», 3 juin 2020 et «Finalement, ils ont fait pire que les Wade avec nos terres», 6 juin 2020). Les colonnes de ce journal sont le reflet d’une entreprise courageuse de liberté d’expression, de transparence dans le traitement de l’information, d’objectivité dans la présentation des faits et d’exposition au public des différents enjeux dans notre cher Sénégal. Je me suis lancé dans cette aventure avec un seul défi, faire tout savoir au lecteur pour une marche apaisée et viable de notre République. Cette exigence de transparence, de fidélité à la réalité et de souci de l’intérêt public, a toujours été la marque de fabrique de ce titre. Nos adversaires, tout comme nos sympathisants, nous le reconnaissent. Rien n’est publié dans ces colonnes ou de ma plume sans une connaissance avérée des faits, sans leur analyse lucide. Ne se dit-il pas dans ce pays que si Le Quotidien le dit, c’est sûrement vrai ! Le président Abdoulaye Wade avait sorti cette maxime en plein Conseil des ministres !
Il se trouve qu’à cet exercice essentiel de la vie démocratique, il y a un tribut à payer et un lot d’ingratitudes. Ce tribut, il n’a jamais été question pour moi de ne pas y sacrifier. En effet, quand je jette un regard dans le rétroviseur, plus rien ne m’impressionne. Il n’est guère de logique de tireurs embusqués, les combats qui me tiennent à cœur pour ce pays, je les porte de toutes mes forces. Aucune pression ou menace ne peut me détourner de cette voie. Aucun individu ne pourrait me faire plier parce qu’en connaissant la vérité, on est bien peu impressionné par tout le vacarme et tous les contre-feux que l’on pourrait préparer pour éloigner de l’essentiel.
Les procès d’intention ont pu être nombreux. Il m’est prêté d’un côté d’être en intelligence avec le président de la République Macky Sall pour dénoncer les failles de sa gouvernance et de lui donner un souffle nouveau. D’un autre, on suppose que je serais en mal avec le pouvoir politique (et/ou avec son «ami» disent certains), pour chercher à le charger de toute force. Il y a même le schéma d’un rapprochement avec l’opposition et certains milieux d’affaires pour tout discréditer de l’action publique. J’oubliais aussi l’argument selon lequel on préparerait un retour de Karim Wade au bercail et d’une voie toute tracée pour lui. On ne peut être que renversé par autant de fertilité d’esprit, mais dans l’impasse on peut comprendre que le sauve-qui-peut contraigne certains à faire feu de tout bois. Rien de ce jeu ne surprend, la première vague est de me prêter des mots et arguments qui ne sont pas les miens. Il arrive même d’identifier des personnes confinées dans l’anonymat, avec le dessein de les jeter en pâture mais en prétextant que ce serait Madiambal Diagne qui chercherait à leur nuire. La deuxième est de jouer avec un terrorisme intellectuel en orchestrant un tapage avec un agenda que j’aurais contre les religieux. La troisième est celle des coups de bélier avec une horde de cavaliers dont la fougue de leur course en dit suffisamment sur les motivations.
J’en irais à dire que rien n’est nouveau sous le soleil. En deux décennies, au gré des humeurs et colères des différents milieux avec les informations traitées, ma personne et ce journal ont été considérés comme armes de lobbys économiques, d’une intelligentsia mouride, d’adversaires politiques du président Wade, de cercles maçonniques ou de quelques autres obédiences, d’intérêts étrangers, de gradés des forces de défense et de sécurité. On finit par se perdre dans ce labyrinthe de connexions et d’explications des plus farfelues. Il est néanmoins rassurant qu’avec toutes ces obédiences qui nous sont prêtées, nos amis d’aujourd’hui sont nos ennemis du lendemain. Nos adversaires d’hier se muent en fervents sympathisants aujourd’hui. Tout cela au gré des publications et révélations de ce journal.
Le travail du journaliste est de soulever des lièvres, au peuple et aux autorités publiques de décider de les attraper ou pas. La succession des événements suite aux différentes révélations conforte sur le fait que des lignes ont pu être bougées et des postures revues. L’agitation et le tollé qui en ont découlé, montrent qu’un intérêt certain est prêté à ce qui est dit dans ces colonnes. Libre à chacun d’interpréter et d’en faire l’usage qui lui semble bon. Il n’est recherché à tirer aucune gloire ou de souhaiter à qui que ce soit une chute aux enfers. Il n’est pas non plus recherché de jeter qui que ce soit en pâture. Ce sont des faits qui ont été exposés et s’ils impliquent des chaînes, l’opinion aura au moins gagné à voir clair dans tout ce qui se joue en son nom. De la même manière que nous avions poussé à faire changer beaucoup de choses dans la gouvernance du président Abdoulaye Wade, nous pouvons affirmer avoir obtenu que le président Macky Sall soit assez interpellé sur la gestion du Plan de riposte contre le Covid-19, ou sur l’affaire du contrat controversé entre Senelec et Akilee ou sur la gestion des domaines fonciers de l’Etat. L’idée qu’une exigence du président de la République sur une clarté de tous les faits, allant jusqu’à demander une identification des différentes personnes impliquées dans les différentes affaires a secoué bien des baobabs. Les tirs tous azimuts se comprennent.
Il n’y a aucun mal à être seul dans un combat et de se voir adversaire de gens dont les intérêts propres ont pu être mis à mal. Le temps reste le meilleur des juges et rétablira chacun dans la vérité. Le Sénégal saura reconnaître ses fils.
Mon pacte avec Macky Sall
Mes relations avec le président Macky Sall nourrissent des commentaires et continueront d’alimenter les parlottes. Il doit être clair que je m’honore de son amitié et j’ai pour lui de l’affection qu’il me témoigne en retour. Cette relation est aussi fondée sur du respect et un pacte moral indéfectible pour moi. Je n’avais pas de relations suivies avec le président Macky Sall avant ses déboires avec le régime de Abdoulaye Wade. C’est en juin 2008, que j’ai eu à m’asseoir pour la première fois avec l’homme qui était alors président de l’Assemblée nationale. Notre ami commun Alioune Fall, journaliste, avait arrangé le rendez-vous au domicile du président de l’Assemblée nationale. Nous avions eu une discussion franche. Macky Sall n’avait pas cherché à se débiner le moins du monde. Il avait assumé toute sa part de responsabilité dans les actions menées par le pouvoir Wade contre ma personne et contre le journal Le Quotidien. Macky Sall avait été à la tête d’un gouvernement qui se voulait intraitable avec Madiambal. J’avais salué son courage et son honnêteté pour admettre le rôle qu’il aurait pu avoir joué. Il disait avoir compris le sens et la portée de mon combat et m’avait alors invité à me joindre à lui, «dans le combat qu’il menait pour la démocratie et pour protéger la République et restaurer ses valeurs». Il savait que sa rupture d’avec Wade était inscrite comme une fatalité. Je lui avais alors donné une poignée de mains pour lui dire «qu’il pouvait désormais compter sur moi». Le lendemain, j’avais rassemblé mes collaborateurs pour les informer de cette situation.
J’ai ainsi entretenu des relations régulières avec Macky Sall et je m’autorisais à lui faire des suggestions et des remarques, durant tout le déploiement de son action politique. A son arrivée au pouvoir en 2012, il a tenu à raffermir de telles relations et a fait de moi un interlocuteur assez privilégié pour discuter de questions majeures. Je me suis fait le serment de lui dire strictement la vérité, considérant que je ne pourrais lui être utile et être utile à la République que dans une posture de vérité et de franchise. En de nombreuses occasions, l’un et l’autre, nous avons pu éprouver notre amitié. Ce n’est pas pour autant que mon pacte avec le Sénégal en souffrirait d’une quelconque manière.
SONKO PROMET LA DESTRUCTION DE TOUS LES EDIFICES
Les voix continuent de s’élever pour condamner le bradage du littoral.
Les voix continuent de s’élever pour condamner le bradage du littoral. Après le maire de Mermoz Sacré-Cœur Barthélémy Dias et le collectif du SOS littoral, c’est au tour du président de Pastef Ousmane Sonko de descendre hier sur les lieux pour manifester son amertume et sa consternation. Le ton ferme et sans appel, il a promis la destruction de tous les édifices en question, dès son accession au pouvoir.
Le leader du Pastef est formel. Ousmane Sonko juge illégale la construction sur le littoral. Raison pour laquelle hier, dans un live sur la plage de Mermoz, il a averti les propriétaires des bâtiments et menacé de démolir tous les édifices. «Je viens à cette plage depuis plusieurs années. Ils nous ont fait un escalier qui ne vaut même pas 200.000 FCFA pour accéder à la plage dans le but de nous consoler. Je tenais à avertir les occupants de ne pas mettre leurs milliards, parce que nous ferons détruire toutes ces constructions illégales sur le littoral», avertit-il.
A l’en croire, «toutes les autorités dont les responsabilités sont engagées dans cette affaire devront rendre compte devant la justice». Ousmane Sonko indique par ailleurs que le combat pour la sauvegarde du littoral ne doit pas être mené par un seul Sénégalais. «Il n’est pas celui de Barthélémy Dias ni celui de Guy Marius Sagna, encore moins celui de Pastef, mais c’est plutôt un combat de tous les Sénégalais.»
Malheureusement, se désole-t-il, beaucoup de Sénégalais semblent ignorer les priorités. «Aujourd’hui, la mobilisation faite contre l’augmentation des horaires du couvre-feu, si les Sénégalais la font sur la question du pétrole ou sur le bradage du littoral, le problème va se régler», tranche le patriote en chef avant de se désoler : «Cependant si on appelle les Sénégalais à se mobiliser sur ces différentes questions, on risque de se retrouver avec moins de 200 personnes».
LE COLLECTIF «AAR SUNU SUUF-AAR SUNU LITTORAL DES BANLIEUES» INTERPELLE MACKY SALL
Près d’une vingtaine d’organisations issues de Guédiawaye, Yeumbeul, Malika, Tivaouane Peul et autres quartiers se sont regroupées au sein d’un collectif dénommé «Aar Sunu Suuf – Aar Sunu littoral des banlieues» pour combattre le bradage du littoral.
Près d’une vingtaine d’organisations issues de Guédiawaye, Yeumbeul, Malika, Tivaouane Peul et autres quartiers se sont regroupées au sein d’un collectif dénommé «Aar Sunu Suuf – Aar Sunu littoral des banlieues» pour combattre le bradage du littoral.
Parmi ces organisations signataires, Action pour la Justice Environnementale (AJE), Forum civil, section Guédiawaye, Jeunes volontaires pour l’environnement, Observatoire de Suivi des Indicateurs de Développement Economiques en Afrique (OSIDEA) entre autres. Tous regroupées dans un même collectif, «Aar Sunu Suuf-Aar Sunu littoral des banlieues ».
En effet, déplorant la prédation foncière qui prend des ampleurs pour la stabilité de leur environnement et de leur cadre de vie, les membres dudit collectif ont décidé d’interpeller la Direction des Domaines qui, disent-ils, en complicité avec la Direction du Cadastre, des fonctionnaires complices, des prometteurs immobiliers sans scrupule, de certains maires et de prédateurs fonciers participent au bradage de leur foncier et de la bande du littoral. C’est pourquoi, pour y mettre un terme, le collectif Aar Sunu Suuf - Aar Sunu littoral interpelle le chef de l’Etat Macky Sall et l’invite à prendre les mesures suivantes dans le but de mettre fin à cette mafia foncière à laquelle certains fonctionnaires de la DGID participent au détriment de l’équité et de la démocratie foncière.
Ainsi, le collectif demande-t-il au président de la République d’annuler l’octroi des 4 hectares aux magistrats sur la bande des filaos et de les recaser vers un site moins litigieux. Mais aussi, de suspendre toute attribution où tentative d’attribution de 20 hectares le long de la bande des filaos au syndicat des inspecteurs des domaines.
Dans la même veine, le collectif Aar Sunu Suuf-Aar Sunu littoral invite le Chef de l’Etat à commanditer un audit sur la gestion du foncier par la DGID et à mettre à jour les recommandations faites par la commission nationale de la réforme foncière. Toujours dans leurs doléances, l’ancien député Cheikh Oumar Sy et ses amis demandent à Macky Sall de rapporter immédiatement le décret 202-143 portant modification de l’article R 207 du décret n° 2009-2450.
Dans leur ligne de mire également, toutes les personnes impliquées dans la spoliation foncière sur le littoral de la banlieue. Il s’agit, selon eux, des hommes politiques, affairistes entre autres.
DÉLIVRANCE DES AUTORISATIONS PAR LES AUTORITÉS ADMINISTRATIVES
Il a paru nécessaire pour le gouvernement de procéder à la modification de l’article R207 du décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme
A la demande du requérant, le représentant de l’Etat territorialement compétent signe et délivre, sous huitaine, l’arrêté portant autorisation de construire. C’est la nouveauté apportée par le chef de l’Etat dans le décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme. Mais elle n’est pas sans conséquence dans la mesure où les maires voient leur pouvoir réduit.
Face aux lenteurs constatées dans la procédure de délivrance d’autorisation de construire, il a paru nécessaire pour le gouvernement de procéder à la modification de l’article R207 du décret n°2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du code de l’urbanisme.
Ainsi, à en croire le rapport de présentation du décret signé le 10 juin dernier par le président de la République, en cas de silence de l’autorité compétente, le représentant de l’Etat peut signer et délivrer l’autorisation de construire. Cette modification règlementaire a pour objectif de garantir l’effectivité de l’autorisation de construire réputée accordée dans ces conditions ainsi que de la célérité de la procédure de délivrance du permis de construire par les communes, conformément aux directives du président de la République.
CHEIKH DIENG ATTEND LA REACTION DE L’AMS
Le maire de Djiddah Thiaroye Kaw, Cheikh Dieng, estime que c’est parce que le gouvernement se trouve dans une impasse par rapport à l’accaparement et à la prédation des terres du littoral qu’il se fraye une porte de sortie. «Face au réveil citoyen inattendu du peuple sénégalais, l’Etat procède à une diversion en soulevant un problème qui n’est pas à l’ordre du jour», déclare Monsieur Dieng. Ensuite, il relève une atteinte à l’Acte 3 de la décentralisation qui consacre une plus grande responsabilité aux maires élus démocratiquement et dépositaires de la légitimité au même titre que le président de la République. Ce qui est tout le contraire des autorités administratives qui sont assujetties au commandement, signale le maire libéral. Il est convaincu que le fait de retirer les prérogatives des maires élus démocratiquement au profit de personnes simplement nommées constitue un recul démocratique historique dont le Président Macky Sall porte la responsabilité. Ce qui, d’après lui, va à l’encontre de la marche du monde et de la démocratie au moment où l’on consacre de plus en plus des responsabilités et des transferts de compétence aux entités décentralisées. Cheikh Dieng attend la réaction de l’Association des Maires du Sénégal(AMS) qui est l’instance censée défendre les intérêts moraux des élus locaux. Selon lui, c’est parce que les maires jouent leur rôle de vigie démocratique en refusant de signer des actes illégaux d’autorisation de construire que cette mesure a été prise.
A l’en croire, l’Etat crée des voies de contournement pour mettre en avant une administration qui a souvent plus des préoccupations «clientélistes» que le souci de respecter les règles de construction. «La loi de 1976 sur la protection du domaine public maritime, le Code de l’environnement qui exige des études d’impact préalable pour ces types d’aménagement, entre autres textes, ont été allègrement violées par les autorités administratives en délivrant des papiers de bail, de titre foncier qui ne peuvent être attribués au titre individuel sauf en cas d’intérêt public», explique Cheikh Dieng.
UN ACTE ILLEGAL !
Par ailleurs, selon Cheikh Sadibou Sèye, chercheur en gouvernance publique, contacté par Seneweb, cet acte du chef de l’Etat est illégal dans la mesure où sur les termes de l’article 319 de la loi portant Code général des collectivités territoriales, les communes ont la compétence de délivrer «des autorisations de construire à l’exception de celles délivrées par le ministre chargé de l’Urbanisme».
Or, il indique que le décret pris par le Président Macky Sall confère au représentant de l’Etat la latitude de délivrer des autorisations de construire sans base légale». En effet, toujours selon le chercheur rapporté par Seneweb, la loi n°2008-43 du 20 août 2008 portant code de la construction dispose en son article L4 que «nul ne peut élever une habitation, restaurer ou augmenter un bâtiment existant ou encore creuser un puits distant de moins de 100 mètres des nouveaux cimetières transférés hors des communes sans obtenir préalablement une autorisation délivrée par le maire». Et l’article 68 de la loi portant Code de l’urbanisme dispose également que «l’autorisation de construire est délivrée au propriétaire ou à son mandataire, après instruction par les services chargés de l’urbanisme, par le maire dans les conditions définies dans la partie règlementaire du présent code».
DR ADAMA DIOUF, PRESIDENT DE L’UNION DES ASSOCIATIONS D’ELUS LOCAUX (UAEL) : «C’est parce que dans les collectivités locales, il n’y a pas souvent le personnel qualifié»
«Je voudrais rappeler deux principes. Le premier, c’est que la collectivité locale est un démembrement de l’Etat. Et cela signifie que les compétences sont partagées en l’espèce. Le deuxième principe est celui de la subsidiarité. Cela signifie que l’action publique doit être exercée par l’acteur le plus proche et au lieu le plus approprié. C’est cela qui fonde la responsabilité qui a été donnée aux maires de donner l’autorisation de construire. Parce que c’est le maire qui vit la réalité au quotidien.(…) Cependant, il a été constaté des lenteurs de la part de certains collègues maires. C’est parce que dans les collectivités locales, il n’y a pas souvent le personnel qualifié nécessaire et suffisant pour s’acquitter de ces questions administratives dans le délai requis. Donc, au regard de la prégnance de la question, des revendications multiples qui atterrissent auprès des plus hautes autorités, il est tout à fait fondé que l’Etat prenne une décision comme celle-ci consistant à ce que l’autorité administrative territorialement compétente puisse signer l’autorisation de construire etla délivrer au citoyen. C’est cela la diligence, la célérité et l’efficience de l’action publique. Je rappelle que la collectivité locale est un démembrement de l’Etat. Donc, il est normal que ce dernier trouve des solutions s’il y a des difficultés quelque part dans l’échelon comme c’est le cas aujourd’hui au niveau d’un maire. Donc, je n’ai pas de problème par rapport à ça. Il faut, à chaque fois qu’il y a défaillance c’est-à-dire une lenteur, trouver une solution. Cela ne signifie pas que l’Exécutif local est dessaisi. C’est juste une mesure alternative, au cas où il y a des difficultés pour délivrer une autorisation de construire. A cet égard, je pense que le chef de l’Etat a tout le droit de le faire par le biais de son ministre en charge des questions de l’Urbanisme. Ici les compétences sont partagées. Et l’autorité centrale peut prendre une décision pertinente et alternative pour faire face à la défaillance de l’autorité qui est le maire ou le Président du Conseil départemental. Il faut dire également que nous n’avons pas le droit en tant que collectivité locale de bloquer les actions publiques et les actions de développement par une lenteur qui ne se justifie pas.»
64 MORTS LIÉS AU COVID-19
Le Sénégal a enregistré quatre nouveaux décès liés au Covid-19 ce dimanche. Ce qui porte le nombre de décès à 64 ans.
Le Sénégal a enregistré quatre nouveaux décès liés au Covid-19 ce dimanche. Ce qui porte le nombre de décès à 64 ans. Un bilan qui peut évoluer dans les prochaines heures car 22 cas graves luttent contre la mort dans les services de réanimation des hôpitaux Fann et Principal de Dakar.
‘’NOS MAGISTRATS SONT TOTALEMENT INDÉPENDANTS DU POUVOIR EXÉCUTIF’’
Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré dimanche que les magistrats sénégalais sont ‘’totalement indépendants’’ du pouvoir exécutif, ce que conteste souvent certains observateurs et usagers des services judiciaires.
Dakar, 15 juin (APS) - Le garde des Sceaux, ministre de la Justice, Malick Sall, a déclaré dimanche que les magistrats sénégalais sont ‘’totalement indépendants’’ du pouvoir exécutif, ce que conteste souvent certains observateurs et usagers des services judiciaires.
‘’Ils (les magistrats) ont toutes les garanties constitutionnelles. Je vous assure qu’ils prennent cette garantie. Ce sont des juristes comme moi. Je n’ai pas besoin de leur demander de prendre des décisions (…). Ils connaissent la Constitution comme moi. Ils disent la justice mieux que moi, [...] ils sont totalement indépendants’’, a soutenu M. Sall.
L’avocat nommé à la tête du ministère de la Justice depuis avril 2019 était l’invité dimanche de l’émission ‘’Jury du dimanche’’, diffusée par Iradio et iTV (privées). Il soutient n’avoir jamais cherché à influencer un magistrat.
‘’Depuis un an et quelques mois que je suis là, aucun juge ne peut dire que je l’ai appelé dans un dossier civil, commercial ou pénal pour lui dire : +Voilà ce que le pouvoir politique veut, ou ce que le chef de l’Etat veut+’’, a juré Malick Sall.
‘’Je vous l’assure, le président de la République ne peut pas mettre un visage sur 95% des magistrats. Il ne les connaît pas’’, a-t-il ajouté, soutenant que ‘’c’est la Constitution du Sénégal qui donne une garantie d’indépendance à la justice’’.
Interrogé sur la liberté provisoire accordée au député Seydina Fall dit Bougazelli, inculpé pour ‘’association de malfaiteurs, contrefaçon de billets de banque ayant cours légal, blanchiment de capitaux et tentative de corruption’’, M. Sall a dit que ce militant du parti au pouvoir n’avait pas bénéficié d’une ‘’protection judiciaire’’.
M. Fall a bénéficié d’une liberté provisoire après que l’un de ses avocats, Me Clédor Ciré Ly, a invoqué la dégradation de son état de santé.
‘’Objectivement, si Bougazelli avait une protection judiciaire ou politique, il ne serait pas en prison‘’, a argué le ministre de la Justice.
Selon lui, le député de Guédiawaye (banlieue de Dakar) a présenté plus d’une vingtaine de demandes de liberté provisoire.
‘’Toutes les demandes ont été rejetées avant qu’il n’obtienne cette liberté provisoire’’, a-t-il précisé.