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14 juillet 2025
par Scandre Hachem
LE COVID-19 ET L'AFRIQUE À TRAVERS L'EXPÉRIENCE DU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Un pôle économique à l'extrême sud-est, pour nommer Tambacounda, est tout à fait réalisable. Il serait un pendant à la région de Dakar et un pont pour le développement de nos échanges en direction de toute l'Afrique subsaharienne
Les prévisions funestes des experts ont encore une fois été démenties, celles-là mêmes qui nous prédisaient millions de morts et catastrophes innommables.
Non seulement la pandémie n'y a sévi qu'à des taux marginaux, mais nos élites ont pu trouver, avec le peu de moyens à leur disposition, les savoir faire et savoir être propres à amortir sa dissémination et adopter des thérapeutiques expérimentales avec une indépendance d'esprit salutaire. Et ce, malgré le suivisme plus ou moins prononcé mais relativement temporaire de nos gouvernements vis à vis des puissances coloniales.
Cette épidémie a été l'occasion d'une impulsion intense de la créativité et de l'ingéniosité de nos scientifiques et techniciens notamment dans les technologies de pointe que sont l'électronique, le numérique et l'impression additive, plus communément appelée 3D. Si les pouvoirs publics savent l'écouter dans la durée et transformer ce surgissement en stratégie, on peut raisonnablement espérer alors la naissance d'une vague de fond qui pourrait propulser l'émergence réelle de l'Afrique et asseoir toute sa place d'acteur majeur dans l'équilibre mondial.
Acteur majeur et équilibre, non pour singer le monde occidental ni le monde asiatique dans leur course infernale à la productivité, au gain de temps compté en heures, puis en minutes et en secondes, non pour être mus par l'appât du gain et du profit maximal, non pour mettre l'humain au service de la comptabilité économique qui finit par se donner pour la Science économique, et j'en passe...
Équilibre mondial et acteur majeur pour cultiver et asseoir ses valeurs culturelles et civilisationnelles fondées sur l'adage qui dit "Nitt, garabou nitt la" (l'être humain est un remède pour l'être humain), une économie dont la mission essentielle et le fonctionnement sont de répondre aux besoins sociaux et non au profit de quelques individus, fussent-ils organisés en classe sociale. Revenir à l'économie au sens étymologique de gestion des biens de la famille ou de la maisonnée. Et non l'expropriation et le travestissement de son sens au profit de l'élaboration et l'imposition de règles destinées à permettre et encourager l'accaparement essentiel des biens par les plus puissants.
Car cette pandémie, par delà notre réaction et notre réponse pour la contenir et nous en protéger, s'est peu propagée et fixée en Afrique, d'elle-même, non comme le nuage de Tchernobyl qui se serait opportunément arrêté à telle ou telle frontière, mais peut-être tout simplement parce que l'Afrique est relativement en marge des circuits et mouvements économiques et commerciaux mondiaux.
On constate à priori que les pays les plus touchés sont des plaques essentielles de la circulation des marchandises et des personnes à partir du centre de la mise à feu de la pandémie. À l'intérieur même de ces pays, ce sont les régions les plus actives dans cette économie mondiale et de ses circuits qui ont été les plus touchées, le cas de l'Iran n'étant qu'une particularité qu'il faudra élucider un jour, mais qui pourrait être lié à la proximité historique de ses échanges civilisationnels avec la Chine et avec la présence fortuite de marchands iraniens à Wuhan dès la naissance de l'épidémie, bien avant qu'on en repère l'existence et la nature, marchands qui reviennent en Iran et sont au centre de la circulation commerciale et humaine dans le pays et, enfin, au manque criant de moyens techniques et de médicaments causé par les sanctions américaines.
En dehors de ces plaques tournantes avec une forte concentration humaine et une grande densité des transports, les zones plus lointaines et moins densément peuplées ont été beaucoup moins touchées.
Rappelons que la pandémie de la peste noire aux XIV et XV èmes siècles a mis quatre-vingts ans à se propager de son centre à son apogée géographique et s'est déplacée en suivant les circuits de circulation des grands centres de vie économique et religieuses. Un rythme à la mesure aussi de la vitesse de circulation de chaque époque.
C'est ce même phénomène qui a permis de préserver relativement l'Afrique qui occupe, de fait, une place marginale dans les grands flux des circuits commerciaux mondiaux. Notre faiblesse a été pour une fois notre force.
Mais cela ne s'arrête pas là.
Le monde occidental vit depuis un demi-siècle dans un environnement de plus en plus aseptisé, où les défenses immunitaires de l'être humain sont remplacées progressivement par des médicaments, et où leur production et leur mobilisation seraient donc de moins en moins sollicitées et finiraient par être anesthésiées.
Cela n'est pas le cas en Afrique et dans de nombreux pays du Sud. Non par une quelconque anticipation stratégique, mais par un manque de moyens tout simplement. N'ayant pas le luxe de substituts extérieurs pour le protéger, notre corps serait obligé de se défendre par sa force interne, maintenir et renforcer en conséquence ses défenses immunitaires propres. Là aussi, c'est une faiblesse qui nous permettrait de renforcer cette capacité.
Et pour reprendre l'adage qui dit "Niakk pékhé, pékhé la", ne pourrait-on pas penser, selon la même logique, que "Niakk doolé, doolé la", et que la reconnaissance active de sa faiblesse face à une situation est aussi le lieu potentiel de production d'une imagination et ingéniosité extrême à élaborer et mettre en oeuvre des solutions propres à dénouer des blocages à priori inextricables.
Le constat rationnel et honnête vis-à-vis de nous-mêmes de nos faiblesses devrait nous permettre en conséquence, non de nous en satisfaire en se bombant le torse pour certains, ni de nous y complaire pour d'autres, mais de mettre en oeuvre une stratégie pour notre développement, asseoir notre place, toute notre place, dans le nouvel équilibre mondial qui se dessine. Une stratégie à l'instar des arts martiaux qui se structurent essentiellement en puisant dans sa propre faiblesse et s'appuyer sur la force de l'adversaire pour en venir à bout.
Nous vivons dans un écosystème. Notre être est en adéquation avec celui-ci dans une relation intime et séculaire, exactement comme tous les autres peuples et grandes aires de civilisation. Nous vivons donc avec les germes, les bactéries et autres agents infectieux spécifiques à notre environnement, exactement comme notre corps porte en lui de ces mêmes agents indispensables à son équilibre et non nécessairement prédateurs, sauf au cas où il subit des modifications importantes pour telles ou telles raisons ou telles ou telles circonstances. Même dans cas là, un apport extérieur pour nous protéger et guérir, du fait de sa rareté, s'accompagne du facteur essentiel que représente la mobilisation extrême de notre système immunitaire.
Pour quelles raisons n'imaginerions pas dès lors une protection fondée non sur la recherche effrénée d'un milieu aseptisé où tout agent potentiellement pathogène est traqué et détruit à coups de produits chimiques de plus en plus puissants, mais auquel il finit par s'adapter et résister toujours mieux, mais plutôt par un développement de l'hygiène tout simplement, non pour détruire ces agents selon les termes d'un combat de Sisyphe, mais tout simplement pour s'en éloigner lorsque cela est nécessaire. Ce sont là deux modes de protection radicalement différents, avec des conséquences sur le système de production et de développement pharmaco-sanitaires décisives.
Quant à chercher à s'intégrer à tout prix aux circuits commerciaux mondiaux, avec des centres de civilisations extérieurs à notre écosystème, ce qui signifie nous ouvrir aussi à des agents pathogènes auxquels notre système immunitaire n'est pas du tout préparé, malgré la "mondialisation", n'aurions nous pas intérêt à privilégier enfin le développement de nos relations économiques et commerciales dans le champ africain, celui-là même qui constitue notre milieu global, nous y fortifier, et y créer progressivement les moyens spécifiques et adéquats à notre réalité pour les affronter, sans pour autant cesser de nous nourrir abondamment et intelligemment des connaissances produites sous d'autres cieux mais savoir réhabiliter cette fois celles produites sous les nôtres tout en sachant les débarrasser de leurs pesanteurs ?
En adoptant, sans le recul critique radical nécessaire, les moyens élaborés en fonction de systèmes économiques et sociaux étrangers à notre civilisation, nous nous donnons comme un simple marché de consommateurs et nous nous présentons désarmés pour nous en remettre entièrement à lui, sans nous appuyer sur la mobilisation optimale de notre propre système immunitaire.
Ce qu'il se passe au niveau de notre corps est du même type que ce qu'il se passe dans la nature avec les produits phytosanitaires et les engrais chimiques qui se révèlent être de plus en plus puissants, de plus en plus destructeurs des richesses et des capacités propres du sol à se régénérer et des plantes à se défendre, de plus en plus chers, bien qu'à une intensité moindre et une transformation plus lente. Tout cela pour le seul profit des industries pharmaceutiques et phytosanitaires mondiales qui voient ce marché particulièrement juteux se développer à une vitesse exponentielle.
C'est par un arrimage solide à l'Afrique, par une politique intelligente, souple et pragmatique de coopération et d'associations à tous les niveaux et dans tous les domaines, que nous sommes réellement capables de nous développer de façon homogène et intégrée : nous en partageons les contraintes, les ressources naturelles, le même niveau de développement, les mêmes grandes valeurs culturelles. C'est forts de cela que nous pourrons construire et occuper notre place dans le monde et dans son nouvel équilibre.
Créer pour l'Afrique les conditions d'un développement industriel et artisanal en encourageant la petite entreprise de transformation au service de l'artisanat. Pour ne prendre qu'un exemple, pourquoi ne pas limiter les droits d'exploitation de nos richesses minières, les accompagner de contraintes strictement respectueuses de l'environnement naturel et humain, associant les petites villes et les villages mitoyens et, enfin, exiger la rétrocession d'une partie de la production à des petites entreprises de transformation ayant pour finalité de revendre leurs produits finis ou semi finis à des artisans. Ceux-ci ont souvent du mal à se fournir en produits neufs mais très chers, travaillent généralement avec du matériel récupéré licitement mais qui donne aussi lieu, dans certains cas, à des transactions sur des produits issus en réalité de vols et déprédations diverses et variées.
Une telle politique créerait un environnement où l'on verrait éclore toute une gamme de petites entreprises de transformation et de production artisanale riches en main-d'oeuvre, en savoir faire et en créativité comme l'ont montré nos ingénieurs, techniciens, médecins quand il a fallu compter sur eux-mêmes pour affronter la crise que nous subissons car il n'y avait aucune "aide" extérieure de quelque sorte que ce soit, sinon minime, qui pouvait nous parvenir et nous permettre de nous passer de leurs services. C'est d'une certaine manière contraints et forcés que nous avons dû les écouter et les prendre au sérieux. Alors profitons en pour asseoir définitivement cette politique, l'encourager et lui donner les moyens de s'épanouir dans les meilleures conditions.
Et nous n'avons pas besoin d'entrer dans une logique de toujours plus pour notre développement, ce toujours plus qui soumet le monde fondé sur le système productiviste et néolibéral à une course infernale contre l'humanité et contre la nature. Nous avons besoin d'entrer au contraire dans un monde du mieux être au service de l'être humain et de la nature.
Nous avons besoin que nos concitoyens travaillent, créent, prennent le temps de vivre en harmonie avec leur environnement social et hors du besoin, et non pas de profits toujours démultipliés au service d'une minorité.
C'est le lieu, dès lors, de revisiter tous ces paradigmes que l'on nous inculque depuis des décennies, d'en mesurer les conséquences dramatiques, en prenant le risque de nous secouer nous-mêmes, déstabiliser nos certitudes intellectuelles comme notre confort matériel, pour nous orienter dans l'élaboration d'autres finalités et rasseoir solidement nos valeurs.
Protéger l'être humain, préserver ses capacités de défense propres et renforcer son système immunitaire, nous nous le devons. Nous le devons aussi à la nature, à la préservation de l'intégrité de notre planète. Dans une telle logique, nous devrions nous réorienter vers une agriculture qui respecte ces principes. Mettre en place des méthodes qui respectent et régénèrent les sols, favorisent et protègent la vie biologique qu'ils recèlent, prendre résolument distance avec les produits chimiques qui finissent de se substituer à la force vitale des sols comme des plantes qui s'en trouve dès lors anesthésiée et inopérante. Non pas, bien sûr de façon brutale mais selon une méthode raisonnée.
Le Sénégal dispose d'ores et déjà de suffisamment de compétences humaines et techniques, de centres de formation jusqu'au plus haut niveau et d'institutions pour se charger d'élaborer, mettre en oeuvre et assurer le suivi d'une telle ambition.
La muraille verte en oeuvre pourrait être l'occasion, si ce n'est déjà en cours, au profit des villageois des zones traversées, de mettre en oeuvre une formation à ces techniques de régénération et de protection des sols et des plantes afin qu'ils en tirent le meilleur. C'est d'ailleurs la condition de réussite d'une telle opération. Il faut que les villageois y trouvent leur intérêt, pas selon une éthique et une préservation de la nature et de la vie en général mais pour améliorer leur propre quotidien de façon concrète à court terme, avec une échéance définie de façon réaliste, dans une fourchette raisonnable, condition nécessaire pour qu'ils y adhèrent et protègent les plantes semées et/ou régénérées. S'appuyer sur ce qui a été réalisé en Casamance, mais cette fois, avec le concours massif de l'État qui mobilise les compétences nécessaires, les institutions et centres de formation pour participer à cette oeuvre gigantesque par sa dimension et par l'ambition qu'elle est en droit de générer en nous, pour notre avenir. Ce serait alors un mouvement massif de formation des paysans à ces nouvelles pratiques agricoles et une école grandeur nature pour les populations proches. Impliquer les villageois dans cet esprit, c'est contribuer aussi à favoriser, chez les anciens, l'émergence de savoirs séculaires, savoirs délaissés et enfouis à force d'avoir été dévalorisés par l'imposition de techniques modernes justifiées par ce qui se donne comme le fruit de la science, alors qu'en réalité il s'agit aussi et surtout d'une prétention à soumettre la nature et d'une volonté de promouvoir la production d'outils, de semences à usage unique et d'intrants à des fins essentiellement lucratives. Encouragés, valorisés et ramenés à revivre en harmonie avec la nature, une fois renouée la confiance en eux-mêmes, en leurs savoirs et savoir-faire, les paysans feront preuve, à n'en pas douter, d'une intelligence, d'une créativité et d'un investissement qui bousculeront radicalement nos certitudes et seront en même temps salutaires pour nous aider à retrouver pieds sur terre et quelque humilité face à nos connaissances "scientifiques", en réalité des connaissances bridées, organisées et formatées pour générer profits et rentes à croissance exponentielle.
Ceci nous permet d'aborder le quatrième volet des leçons de la pandémie en cours. La dissémination de la maladie suit les grands circuits de circulation économique et commerciale, et en conséquence les grandes concentrations urbaines. C'est ainsi que la région de Dakar concentre la majeure partie des populations infectées. Elle est en même temps l'unique poumon économique du pays. La confiner pour contenir l'épidémie, c'est plonger tout le reste du pays dans le marasme économique. On a pu le constater très rapidement sur le plan agro-pastoral pour ne citer que cet aspect. Briser son dynamisme économique par des mesures restrictives, rompre ses liens avec le reste du pays, c'est enrayer la possibilité pour l'écrasante majorité de ses membres de se nourrir tout simplement et la plonger dans la faim, tant l'économie informelle, d'où l'on y tire sa subsistance au jour le jour, y a cours jusque dans les moindres de ses méandres.
Cela devrait alors nous inciter à revoir notre politique d'urbanisation et de structuration de notre économie à l'échelle de l'ensemble du pays. Celles-ci restent tributaires d'une logique mise en place depuis le XIXème siècle par le système colonial. Cette logique est en voie de transformer l'agglomération de Dakar qui s'étend déjà sur toute sa région en une véritable mégalopole qui finira bientôt par absorber la région de Thiès elle-même, y compris la ville de Mbour et l'ensemble de leurs satellites.
Il serait fortement souhaitable d'enrayer résolument cette dynamique et se donner les moyens de redessiner le tissu urbanistique et économique, selon une vision holistique et une stratégie intégrée sur l'ensemble du pays, à commencer par le fait de favoriser l'émergence d'un pôle fort à son autre extrémité. Des moyens existent pour cela. Dakar est le bout d'un entonnoir où vient s'engouffrer le reste du Sénégal et des pays de la sous-région, notamment ceux du sud et du sud-est. Ce sont en conséquence tous les moyens de transports qui viennent s'y déverser, engendrant un surcroît massif de pollutions, embouteillages, pertes de temps et surcoûts substantiels qui se chiffrent chaque année à des centaines de milliards de francs, sans parler des ravages pour la santé, la surpopulation nourrie par l'exode rural et l'exode tout court de notre jeunesse la plus résolue, la plus intrépide et la plus débrouillarde.
Un pôle économique à l'extrême sud-est, pour nommer Tambacounda, est tout à fait réalisable. Il serait un pendant à la région de Dakar et un pont pour le développement de nos échanges en direction de toute l'Afrique subsaharienne au moins.
Articulée sur une politique agricole qui nourrisse son homme, une chaîne de petites entreprises de transformation et un artisanat tels que définis plus haut, les populations y verront l'intérêt de se fixer sur leur terroir et d'y trouver les moyens d'une vie raisonnablement confortable. Cela permettrait de contenir les surdensités de populations, de créer les conditions d'un maillage de régions suffisamment autosuffisantes pour éviter de multiplier déplacements forcés pour toutes sortes de besoins, et enfin de contenir les propagations de catastrophes (épidémies ou autres) et de les confiner, lorsque cela s'avèrera strictement nécessaire et non le fruit d'une panique, sans pour autant en subir des dommages catastrophiques pour les populations concernées.
Bien des éléments de bilan ont déjà été tirés de cette pandémie, d'autres le seront encore dans les mois et même les années à venir. À un mal peut correspondre un bien dit-on. Il nous appartient de relever le défi. L'Afrique en a les moyens, pour peu que nous acceptions aussi de nous tromper et subir des échecs, mais oser surtout et malgré tout nous en relever et revoir notre copie.
LE SENEGAL ENGRANGE PLUS DE 90,5 MILLIARDS FCFA
La suspension du service de la dette dû aux créanciers bilatéraux officiels jusqu’au 31 décembre prochain est une véritable bouffée d’oxygène pour l’économie sénégalaise fragilisée par la pandémie de Covdi-19
La suspension du service de la dette dû aux créanciers bilatéraux officiels jusqu’au 31 décembre prochain est une véritable bouffée d’oxygène pour l’économie sénégalaise fragilisée par la pandémie de Covdi-19. Grâce à la suspension du service de la dette, le Sénégal récolte90.567.780.874Fcfa. Ce fonds sera réinjecté dans le système pour prendre en charge les dépenses sanitaires, sociales et économiques inscrites dans le Programme de résilience Economique et Sociale (Pres). Cependant, la dette contractée auprès de créanciers privés n’est pas concernée.
Le Sénégal va engranger, à travers son adhésion à l’Initiative de suspension du service de la dette (Issd) dû aux créanciers bilatéraux officiels, une centaine de milliards. Les pays membres du G20 ainsi que de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi) ont donné un avis favorable à la suspension de la dette jusqu’à l’année prochaine. En effet, le Sénégal va réinjecter ce fonds destiné alors au paiement de la dette, dans l’économie pour renforcer la résilience à la Covid-19 qui a fini d’éprouver nos économies. «Cette suspension temporaire permettra aux pays éligibles de mieux faire face aux répercussions sanitaires, sociales et économiques de la Covid-19.
La participation du Sénégal à l’Issd se matérialisera par la suspension du paiement du principal et des intérêts dus à l’ensemble des créanciers du secteur bilatéral officiel, jusqu’au 31 décembre 2020, pour un montant de 90.567.780.874 de francs CFA entre le 1er juin 2020 et la fin de l’année, soit 13,51% du service de la dette extérieure dû en 2020», renseigne le ministère des Finances et du Budget. Selon le ministre Abdoulaye Daouda Diallo, ces 90 milliards seront consacrés au financement des dépenses sanitaires, sociales et économiques inscrites dans le Programme de Résilience Economique et Sociale (Pres) pour lutter contre les effets de la pandémie. «Les services compétents du ministère des Finances et du Budget engageront, dans ce cadre, les discussions avec le Secrétariat du Club de Paris et les créanciers bilatéraux officiels pour une mise en œuvre ordonnée de cette participation», souligne-ton dans un communiqué parvenu à «L’As».
Toutefois, le gouvernement précise que la dette contractée auprès de créanciers du secteur privé n’est pas concernée par cette suspension. «Le Sénégal réaffirme son engagement à se conformer à l'ensemble de ses obligations contractuelles vis-à-vis des créanciers du secteur privé et n’envisage pas d’étendre l’Issd à ces derniers», indiquent les services du ministère des Finances et du Budget. «Le soutien des créanciers privés au Plan Sénégal Emergent - que ce soit au travers de prêts ou la souscription d’obligations émises sur les marchés de capitaux internationaux - a permis d’inscrire le Sénégal dans une trajectoire de croissance forte et inclusive que les autorités entendent préserver. Le Sénégal reste mû par le souci de protéger cette relation de confiance qui lui a notamment permis d'emprunter à des maturités, allant jusqu’à 30 ans», rassure Abdoulaye Daouda Diallo.
USINE BENE-TALLY, SUR UNE BOMBE PANDEMIQUE EN PUISSANCE !
Situé dans la commune de Biscuiterie, le quartier est à la fois un volcan démographique et une bombe épidémique en puissance.
Situé dans la commune de Biscuiterie, le quartier de Usine Bène Tally est à la fois un volcan démographique et une bombe épidémique en puissance. L’extrême densité de la surpopulation a complètement défiguré ce très beau quartier où il faisait bon vivre et habiter naguère.
Avant l’heure du début couvre-feu, c’est-à-dire entre 20 h et 23h, cela vaut la peine d’aller s’aventurer à usine Bène Tally. Car c’est à ce moment seulement que vous pouvez palper la densité de population et la forte croissance démographique de l’un de ces quartiers les plus populaires de la commune de Biscuiterie. Avant-hier, ce que notre reporter a constaté à usine Bène Tally, aucune presse écrite au monde ne peut le décrire.
Seule la télévision ou les vidéos peuvent le restituer fidèlement. Tenez ! Pour honorer un rendez-vous au lieudit « robinet Lansana », un sous-quartier de usine Bène Tally, votre serviteur a emprunté la principale qui traverse cette Chine populaire en miniature. De l’intersection dite « garage Coopé » au « robinet Lansana », nous avons fait presque 30 minutes pour une distance de moins de 200 mètres. Ce, à cause d’une emprise humaine sur la chaussée entravant la circulation des personnes et des biens. Une scène surréaliste qui nous renvoie à l’’entrée du petit train bleu (Ptb) en gare où cours de laquelle voyageurs montant et passagers débarquant se télescopent.
Par contre à Bène-Tally, c’est plutôt oisifs, commerçants et résidants qui courent et traversent dans tous les sens. Les uns se pressent pour rentrer à temps avant le couvre-feu, les autres pour chercher de quoi manger avant que les étals, les restaurants et les boutiques du coin baissent rideaux. Même l’éblouissement des phares de nombreux véhicules ne parvient pas à repousser les piétons qui débordent du trottoir jusqu’à encombrer la chaussée. Bien qu’arrivés à destination, nous tournons en rond à la recherche d’un lieu stationnement en bordure de route. Impatient de nous recevoir rapidement avant 22 heures, le doyen O. Guèye, enseignant à la retraite, se désole. « Monsieur, vous avez-vous-même constaté comment le quartier usine Bène Tally est victime d’une démographie anarchique et d’un surpeuplement démesuré. si vous avez du à mal à trouver une place pour vous garer, c’est à cause des nombreux chauffeurs de taxi et de cars rapides habitant Bene Tally. Des conducteurs dont la majorité écrasante sont des locataires ici. Après le travail, ils stationnent n’importe comment ! » S’énerve le vieil enseignant. Immeuble « Niakhar » ! A vrai dire, usine Bène-Tally fait partie des quartiers à hauts risques de Covid19. De fait, dès l’apparition de la pandémie, ce quartier a enregistré les premiers cas de transmission communautaire à cause de l’extrême densité de sa population. Selon M. ndiaye, ancien membre du comité directeur de l’Asc Niary Tally mais résidant à usine Bène Tally, ce dernier quartier est en entrain de subir les effets d’une surpopulation démesurée. l’envahissement des locataires précaires et la multiplication des immeubles à location de masse ont transformé usine Bène-tally en une bombe pandémique en cette période de crise sanitaire « les populations autochtones ne se retrouvent plus dans leur propre quartier où on ne sait plus qui est qui ! La surpopulation de Bene Tally a aggravé la pauvreté, l’insalubrité et l’insécurité avec des immeubles-dortoirs dont personne ne connait les propriétaires » regrette-t-il. Ces immeubles à habitation de masse nous rappellent un fameux reportage que le témoin avait intitulé « usine Bène tally et les marchands de sommeil ».
Dans cette édition publiée courant 2010, nous avions fait une incursion dans un immeuble surnommé « Niakhar » du nom d’une commune de la région de fatick dont provenaient la plupart des locataires. Un immeuble de quatre étages abritant près de 400 personnes composées en majorité de bonnes domestiques issues des villages sérères ! Et particulièrement de la commune de Niakhar. Dans les chambres de cet immeuble, s’entassent femmes et enfants dans des conditions inhumaines où la promiscuité, le manque d’hygiène et la précarité les exposent à toutes sortes de maladies « Ce genre d’immeubles sont très nombreux à usine Béne-Tally. Ils ont été construits ou transformés par des émigrés dits Sarakolés qui ne prennent jamais en compte les conditions de vie des locataires. Pour un palier, ils mettent 20 chambres et une seule toilette commune. Dans quel pays sommes-nous ?
Au pays de l’anarchie, évidemment ! » S’étrangle cet ancien membre d’un mouvement associatif de Bène Tally. puis, il nous renvoie au sous-quartier « robinet Lassana » où s’offre à nos yeux ébahis la scène d’une foule impacte et indescriptible à l’heure du couvre-feu prévue à 23 heures « A cette heure-là, usine Bène tally ressemble à un gigantesque marché de nuit où hommes, femmes et enfants se faufilent parmi les stands des petits vendeurs, gargotiers et les marchands tabliers ainsi que les véhicules et scooters. Certes, la croissance démographique peut être un facteur de développement économique comme la Chine l’a prouvé. Mais dans le domaine social, la surpopulation est un facteur de risques et de propagation de virus comme la Covid19. Hélas ! Usine Bène Tally qui jadis était un quartier chaleureux et accueillant où il faisait bon vivre et habiter, est aujourd’hui victime de sa forte démographie. Au grand bonheur des marchands de sommeil !
Par Pape NDIAYE
HONORABLE MAIRE BARTH, NE PERSONNALISEZ PAS VOTRE NOBLE COMBAT !
Le maire de Mermoz Sacré-Cœur risque de faire des dommages collatéraux dès lors qu’il a pris pour cible d’honorables citoyens dont les villas ont été filmées et jetées en pâture dans les réseaux sociaux
L’occupation du littoral de la capitale, c’est-à-dire de la limite du port de Dakar à Yoff-Diamalaye, est aussi visible que le nez sur le visage ! Elle est tellement massive, cette occupation, qu’elle obstrue la vue des citoyens empruntant la Corniche et qui ne peuvent tout simplement plus contempler la mer et respirer l’air marin à cause de l'occupation illégale du domaine maritime. Cela, tout le monde l’a constaté et le déplore. Et avec le peu de servitudes de passage pour l'accès aux plages, le comble est atteint. C’est pourquoi la croisade courageuse entreprise par le maire de Sicap Mermoz-sacré Cœur, Barthélemy Dias pour qui « le Témoin » a beaucoup de sympathie et il le sait, cette croisade est salutaire en même temps qu’elle est très populaire au niveau des populations de Dakar. Un combat citoyen que les riverains applaudissent. Hélas, ce qui est déplorable, c’est le fait que cette lutte, plutôt que d’être de portée générale et de viser tous les occupants du DPM, soit plutôt sélective, politisée et personnalisée en visant notamment d’honorables hauts fonctionnaires traités de « voleurs » et jetés en pâture à l’opinion.
Dakar a mal, vraiment mal de son désordre et son anarchie. Si ce ne sont pas des marchands ambulants qui squattent les trottoirs, ce sont des hôteliers et autres hommes d’affaires qui squattent le littoral et construisent dans le domaine maritime. Une agression et une occupation illégale du territoire qui datent du régime du président Abdou Diouf avec notamment l’implantation des restaurants et de l’hôtel « Lagon » dans l’océan Atlantique même ! Sans compter les nombreuses cliniques et hôtels construits dans le domaine maritime de Dakar. C’est en survolant Dakar qu’on se rend compte de la densité de l’occupation du littoral. De la petite corniche à la grande corniche ouest en passant par le Cap Manuel, les Madeleines, Soumbédioune, Mermoz, les Almadies, Ngor, Yoff, Diamalaye, ce sont des secteurs entiers du domaine public maritime de la capitale qui ont été squattés par de nouveaux riches dont les maisons ont les pieds dans l’eau.
Face à cette situation, on comprend la portée salutaire du combat du maire de Sicap Mermoz-sacré cœur, Barthélemy Dias, dans sa volonté de préserver le littoral. Ou, du moins, ce qui reste comme servitudes de passage pour l’accès aux plages. Car l’occupation du littoral à usage commercial ou industriel ne profite qu’aux hommes d’affaires. Naturellement, elle cause, hélas, un sérieux désagrément aux riverains et autres habitants des quartiers de la capitale déjà privés de plages. Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons pas ne pas appuyer ou encourager le maire Barthélemy Dias dans sa lutte contre la spoliation du littoral. Malheureusement, l’honorable Barth risque de faire des balles perdues, voire des dommages collatéraux, ou encore se tromper dans ce combat citoyen dès lors qu’il a pris pour cible d’honorables citoyens dont les villas ont été filmées et jetées en pâture dans les réseaux sociaux. Des citoyens qui ont construit en toute légalité sur le domaine public maritime, certes, mais qui n’ont empiété sur aucune plage. Mieux, on en connaît beaucoup parmi ceux désignés à la vindicte par notre sympathique maire (aussi bien mon directeur de publication, Mon, que votre serviteur sont des administrés de la commune qu’il dirige) qui ne sont pas des « voleurs » comme il le dit, mais de braves gens dont la fortune est parfaitement licite. Mieux, en aucun cas, ils n’ont pas fermé ou bloqué l’entrée à la plage. Et cela se vérifie sur place !
L’honorable maire de Mermoz Sacré-Cœur semble oublier que le domaine public maritime appartient à l’Etat qui peut en autoriser certaines occupations sous conditions. En dehors des déclassements, il peut être sujet à une autorisation d’occupation temporaire ou définitive comme les villas, les hôtels, etc. C’est dans ce cadre que d’éminents hauts fonctionnaires, magistrats, diplomates, ambassadeurs, officiers de l’armée, anciens ministres, professeurs d’université, médecins et autres qui ont construit leurs résidences dans le domaine maritime.
Faute d’espace dans les zones urbaines ou résidentielles de Dakar, la plupart d’entre eux se sont rabattus dans ce domaine maritime. Ce, après avoir dignement servi l’Etat ici et ailleurs pendant des décennies. Donc là où des hôteliers et investisseurs étrangers s’activent dans domaine maritime, pourquoi pas eux c’est-à-dire des sénégalais ordinaires ou « extraordinaires » ne doivent pas y résider ? Et qui des sénégalais qui ne sont pas des moindres à savoir nos hauts cadres et autres commis de l’Etat qui durant toute leur vie ont eu à servir le Sénégal. Il s’y ajoute que le littoral de Dakar est long, très long. Pourquoi donc choisir la seule portion qu’il a filmée pour la lyncher alors que, encore une fois, de derrière le port de Dakar jusqu’à Diamalaye, l’occupation est visible et massive ? Il est vrai que ces parties ne sont pas situées administrativement dans le périmètre communal de Mermoz-sacré mais quand même, notre cher Barth gagnerait à généraliser plutôt qu’à personnaliser. Parce que nous aimons beaucoup Barthélémy Dias, nous lui conseillons de ne pas se tromper de combat ! Et d’éviter d’atteindre des victimes innocentes avec ses balles perdues. Car le combat maritime ne doit être politique, mais citoyen ! Et dans ce cas, monsieur le maire, monsieur notre maire à Mon et à moi, nous vous l’assurons, you’ll never be alone dans ce combat !
PUGILAT ENTRE BARTHELEMY DIAS ET LE SOUS-PREFET DE DAKAR
Qui du maire de la commune de Mermoz Sacré-Cœur ou du Sous-préfet de Dakar Djibril Diallo, a tort devant le déballage sur le scandale foncier ?
Qui, du Maire de la commune de Mermoz Sacré-Cœur Barthélemy Dias ou du Sous-préfet de Dakar Djibril Diallo, a tort devant le déballage sur le scandale foncier ? Le maire de Sacré Cœur avait arrêté le chantier de M. Djibril Diallo. Pour lever l’équivoque au sujet du même patronyme qu’il partage avec le supposé délinquant foncier, l’autorité préfectorale avait indiqué un diplomate aux Nations Unies, ancien président de Onu sida pour l’Afrique centrale et occidentale, né à Kolda il y’a 67 ans. Mais la réplique de Dias-fils ne s’est pas fait attendre. Dans une vidéoconférence, il précise qu’il n’a pas nommé le Sous-préfet de Dakar. Et qu’il parlait du diplomate Djibril Diallo.
L’affaire du bradage du littoral opposant le maire de la commune de Mermoz sacré cœur et le sous-préfet de Dakar est loin de connaitra son épilogue. Au lendemain des éclaircissements sur cette affaire, la réplique de Dias-fils ne s’est pas fait attendre. Quelques heures seulement après la sortie de l’autorité sur le problème foncier du littoral qui défraie la chronique ces derniers temps, Barthélémy Dias a publié sur sa page Facebook une vidéo pour donner des informations sur sa réunion avec le préfet de Dakar et le sous-préfet des Almadies, tenue ce mardi 09 juin. « Si quelqu’un peut faire un VAR, qu’il le fasse pour montrer aux gens à quel moment j’ai cité le nom du sous-préfet Djibril Diallo dans mes interventions sur cette affaire. Je persiste que je n’ai pas sonné Djiby Diallo. Il m’entend. Ce n’est pas entre lui et moi. D’ailleurs, qu’il me sorte l’élément où j’ai une fois souligné le nom de Djiby Diallo, sous-préfet de Dakar-Plateau... Je ne l’ai point sonné. Il serait mieux pour lui, qu’il parle aux Sénégalais de son passage à Sangalkam ou à Gossas! Je ne l’ai pas sonné... Ces malfaiteurs et fonctionnaires véreux verront du feu. Moi j’ai bien précisé que je parlais du diplomate sénégalais Djibril Diallo », a lancé Dias-fils.
Le décret du découpage administratif qui déchire les deux hommes !
Entre les deux hommes il y a eu un mal entendu en ce qui concerne le décret du découpage administratif érigeant à Dakar des communes d’arrondissement. D’emblée, Barthélémy Dias indique que c’est un décret de 1996 lié au découpage administratif. « Cette précision faite, il en fera une autre relativement au conflit de compétence territoriale. La plage de Mermoz fait partie de la commune de Fann/ Point E Amitié, et ce, depuis le décret 4016/745 du 30 mars 1996 qui a vu le découpage administratif érigeant à Dakar des communes d’arrondissement. Mais ce qui est clair c’est que le document de Djibril Diallo est bien instruit. Ce décret que vous (Ndlr : Sous-préfet Djibril Diallo) avez convoqué est antérieur à celui que j’ai convoqué et qui n’est autre que celui de 2008-1025 du 10 septembre 2008. Donc abrogeant celui de 1996», a clarifié l’édile de la commune de Mermoz sacré. Ce que ne semble pas partager le sous-préfet de Dakar. lors de sa conférence de presse Djibril Diallo, soutient qu’il n’y a aucun doute, le terrain est effectivement situé dans la commune de Fann-Amitié-point E dirigée par Palla Samb, d’après le décret 96- 745 du 30 du 30 avril 1996″. ».
Les clarifications du Sous-préfet de Dakar
Pour lever l’équivoque au sujet du même patronyme qu’il partage avec le supposé délinquant foncier, l’autorité préfectorale indiquera que le Djibril Diallo en question est diplomate, âgé de 67 ans un sénégalais né à Kolda qui est un haut fonctionnaire aux nations unies. C’est le président de l’onu sida pour l’Afrique centrale et occidentale. «Djibril Diallo est bel et bien attributaire du titre foncier N° 18794 au niveau de Dakar pour 4000 m2. Mieux, il a eu à respecter toutes les procédures qui lui étaient soumises pour obtenir son autorisation de construire. C’est ainsi que son dossier instruit par le servie l’Urbanisme est arrivée à la Mairie de Point E après avoir obtenu effectivement les avis du service du Cadastre, du Domaine et de l’Urbanisme. L’approbation de l’autorisation intervient après instruction du dossier par l’Urbanisme et l’avis de tous les services techniques (le Cadastre les Domaines l’Urbanisme et la mairie : ndlr)”, avait clarifié le sous-préfet de Dakar Djibril Diallo. qui soutient que le Sénégal est un Etat organisé. Et que le président de la république Macky sall n’a rien à voir dans cette affaire.
Par Papa Faye
LE RETOUR DES SAISONNIERS, UN VRAI DILEMME !
Dès la proclamation de l’Etat d’urgence au Sénégal, j’avais posté sur mon compte Facebook une note de compassion et d’alerte sur la précarité des migrants saisonniers, sonnés par la paralysie du secteur informel dans lequel ils s’activent essentiellement.
Dès la proclamation de l’Etat d’urgence au Sénégal, j’avais posté sur mon compte Facebook une note de compassion et d’alerte sur la précarité des migrants saisonniers, sonnés par la paralysie du secteur informel dans lequel ils s’activent essentiellement. J’en suis conscient et préoccupé surtout parce que je suis un rural (né à Mbinondar, dans l’arrondissement de Ngayokhème, et j’ai grandi à Dame, dans la commune de Diarrère, région de Fatick). Je suis aussi ruraliste (sociologue rural) et anthropologue intéressé par le développement rural et la gouvernance des ressources naturelles. Je passe l’essentiel de ma vie hors de Dakar, en mission de recherche, de facilitation ou de formation dans d’innombrables contrées et régions du pays, à l’exception jusque-là de celle de Matam.
Une idée sur l’ampleur de la migration interne au Sénégal
Selon le dernier recensement effectué en 2013, les migrants internes se chiffrent à 1 896 779 personnes, soit près de 15 % de la population totale du Sénégal. Selon la même source, toutes les régions sont concernées, soit elles sont de grands foyers de départ (exemples : Louga, Kaolack, Diourbel, Thiès), soit elles sont des foyers d’accueil (exemples : Dakar, Thiès, Diourbel, et surtout la ville de Touba) ou émettrices et réceptrices à la fois. Parmi ces migrants internes, 820 000 personnes, soit un peu plus de 43 %, sont concentrés à Dakar.
De qui parle-t-on ?
Tous, (enlever la virgule après tous) ne sont pas des ruraux mais comme il est noté dans un document publié en 2018 par la Fao et le Cirad, « ces mouvements circulaires sont le fait des jeunes immigrés en ville, durant la saison sèche, et qui reviennent souvent à la campagne pour participer aux travaux agricoles durant la saison pluvieuse ». Cette population est majoritairement composée d’actifs. D’ailleurs, les tranches d’âge les plus représentées dans ces flux migratoires sont celles entre 20-24 ans et 25-29 ans, selon le profil migratoire du Sénégal établi par l’Ansd et l’OIM en 2018.
En quoi c’est un dilemme ?
Rappelons que l’hivernage approche à grands pas, selon les prévisions publiées par AgriMed ; la pluie est d’ailleurs déjà tombée à Kédougou. Supposons que la majorité des migrants saisonniers vient du monde rural et devra y retourner pour les besoins de l’hivernage, ce serait près d’un million de personnes qui seraient concernées par le retour en vue. si l’on tient compte du fait que plus de 75 % de ces migrants sont concentrés dans l’axe Dakar, Thiès, Diourbel ; et que la région de Dakar à elle seule abrite 2 236 cas confirmés à la date du 27 mai 2020, sur le total de 3 161, soit près de 71 %, même un miracle ne pourrait pas empêcher que des saisonniers, même asymptomatiques, retournent avec le coronavirus. Pourtant, jusque-là le monde rural était assez épargné, on dirait que le virus aime la ville ou du moins est citadin ! Tant mieux, parce qu’au moins, des infrastructures sanitaires acceptables existent en ville et à des distances raisonnables par rapport aux lieux de résidence des personnes infectées. En milieu rural, plusieurs mourraient avant de voir une ambulance ou à force d’ingurgiter des racines et écorces d’arbres. La tradition rurale veut qu’on essaie d’abord la médecine traditionnelle avant d’aller voir ailleurs si ça ne marche pas. le retour des saisonniers en milieu rural va sûrement déplacer le virus et il pourrait s’en suivre un fiasco sanitaire. L’option de les retenir là où ils sont, fut-il en zone rurale comme dans les rizières du Walo ou les « juura » de Kédougou, serait-elle la meilleure ? Je ne le crois pas.
La faim tue plus atrocement que le coronavirus ; elle torture et tue sans distinction de tranche d’âge. La famine nous a déjà montrés sa capacité de destruction de l’espèce humaine en Afrique de l’Est, notamment en Ethiopie. Selon le forum sur la politique de l’enfant africain, près de la moitié des décès d’enfants en Afrique est due à la faim. D’ailleurs, dans la croyance populaire sénégalaise, l’Ethiopie est associée à la famine, et l’Ethiopien à une personne chétive, pour ne pas dire « ku xiif ». Je crois qu’une crise sanitaire de type de la pandémie due au CovID-19 serait moins dévastatrice qu’une crise alimentaire, dans un contexte où ceux qui nous ont secourus dans de pareilles circonstances sont les plus affaiblis par la pandémie. Je veux citer l’Europe de l’ouest et les Etats-Unis. Certains d’ailleurs ont souhaité – parce que ce ne sont pas des prévisions – le pire. L’option de les retenir en ville accroitrait aussi leur précarité déjà approfondie par la situation de quasi-confinement et la peur de contracter la maladie, qui a réduit les opportunités que leur offraient leurs activités informelles. Dans une telle configuration, ne serait-il pas mieux de laisser les saisonniers retourner au bercail ou rejoindre les localités où ils exercent l’activité agricole ? Le gouvernement aurait d’ailleurs choisi cette option. la grande question, c’est comment s’y prendre tout en produisant moins de dégâts ?
Comment organiser la mobilité des saisonniers ?
D’abord, essayons de voir s’il serait possible de répliquer chez les saisonniers l’expérience du convoyage des enseignants par les bus de la société Dakar Dem Dikk ? Un enseignant dispose d’une carte, l’élève aussi a sa carte d’identité scolaire ; il n’y a pas de carte professionnelle pour le paysan ou l’agriculteur sénégalais. En plus, le statut d’agriculteur est un statut dynamique, changeant au gré du choix et des opportunités des personnes qui s’y activent. Ceci est d’autant plus vrai que souvent, chez les jeunes, l’agriculture, celle dite pluviale notamment, n’est pas une aspiration mais une option par défaut. Par conséquent, il serait difficile de savoir qui est agriculteur et qui ne l’est pas ; qui y va pour l’hivernage ou pour autre chose. Option invalidée !
Dès lors, deux options restent à mon avis à évaluer : la mise en quarantaine des concernés, à leur arrivée dans les villages, et la levée de la mesure d’interdiction du transport interurbain. Dans la première option, il faudrait : former tous les agents de santé des districts sanitaires du pays à la prise en charge de malades Covid-19 (si ce n’est pas déjà fait) et doter ces districts de davantage de personnels qualifiés, avant tout mouvement de retour ; tester les personnes au départ et mettre en quarantaine les cas suspects jusqu’à confirmation ou infirmation de leur infection ; mettre en quarantaine les personnes qui arrivent à bon port et les faire suivre par les districts sanitaires les plus proches.
Dans la dernière option, il faudrait lever tout simplement l’interdiction de transport interurbain et ne pas recourir aux autorisations spéciales de circuler à cause de la difficulté d’identifier les personnes concernées et, surtout, des discriminations dans l’accès à ce sésame, encouragées par la corruption et le clientélisme, comme on l’a vu dans le passé. Je suis conscient que ces solutions ne sont pas un coup de baguette magique ou une recette miracle mais le résultat de la réflexion d’une personne concernée au premier chef. Une réflexion cherchant à faire comprendre un problème et à contribuer à la résolution de l’énigme qui se pose actuellement au gouvernement. Je sais aussi que le gouvernement a des experts et des conseillers techniques à même de trouver des solutions idoines mais « xel du doy » !
Dans ce pays, il est temps d’en finir avec les utilisations à des fins inavouées, tronquées et trompeuses, parfois sur la base d’intérêts personnels, d’un métier aussi noble et exigeant en éthique et en déontologie que le journalisme
«Il est des circonstances où se taire est mentir». On attribue ces propos à Miguel de Unamuno, «philosophe, qui (a) passé (sa) vie à façonner les paradoxes et qui venait «d'entendre un cri morbide et dénué de tout sens: vive la mort !».
C’était à la suite d’une apologie à la mort par un général sous le régime franquiste. Cela pour dire, qu’il y a des circonstances où il est nécessaire de faire entendre de dire ses vérités surtout quand il est question d’alerter pour le présent et pour le futur qui engagent la nation et les générations à venir.
L’actualité trépidante de ces derniers jours à propos d’affaires ou prétendues telles a aussi mis en relief, dans ses «marges de silence» pourtant bruissant qui affleurent dans certains écrits et voix la question, à certains endroits, les relations sujettes à interrogation entre la presse et la Justice.
Une situation qui somme d’interpeller et d’alerter. Dans ce pays, il est temps d’en finir avec les utilisations à des fins inavouées, tronquées et trompeuses, parfois sur la base d’intérêts personnels, d’un métier aussi noble et exigeant en éthique et en déontologie que le journalisme. Il est facile de constater, depuis quelque temps, combien en pleine pandémie de la CovID-19 qui aurait dû mobiliser les énergies individuelles et collectives, que le pays bruit de prétendus scandales sur fond de produits et de productions issues d’officines de mensonges et d’impostures. Il suffit d’un œil avisé et d’une perspicacité cognitive pour situer la provenance de certaines informations ou supposées comme telles.
Hélas quelque fois de milieux du temple de Thémis, parfois en des formes qui frôlent des violations de dossiers en instructions judiciaires. Certes, il existe chez tout journaliste le désir et même l’exigence d’informer, de dévoiler ce qui se voile. Mais encore faut-il que ce qui est diffusé reflète les faits les plus têtus afin de servir la bonne cause de la justice et du justiciable mais aussi qui renforce la crédibilité du journaliste. Or, à la vérité, il existe des hommes qui ne rendent pas à cette cause du journalisme toute sa noblesse. Cela mérite une réflexion courageuse. La prise de parole et les écrits de certains qui habitent la sphère des médias ne sont pas, hélas, de nature à protéger la profession contre les doutes, les soupçons et les suspicions.
Cheikh Yérim seck, qu’on le dise ou qu’on le taise fait partie de cette réduite galaxie dans la presse. Beaucoup de sénégalais, instruit par son récent passé et par ses faits d’armes auparavant à Jeune Afrique, qui n’est pas la bonne école de la vertu du journalisme, réagissent souvent outrés à ses écrits et à ses prises de parole. Il y va souvent avec une hardiesse assortie quelquefois de menaces sidérantes. Mais quelle est donc la main judiciaire qui le rend si hardi ?, se demande-t-on. Dans quelques chaumières dakaroises où les confidences sont comme des fumées qui s’échappent sous les portes les plus closes, il paraît que Cheikh aime faire étalage de ses relations «fraternelles» avec le plus puissant des procureurs du Sénégal.
De là, à alimenter des suspicions sur des relations professionnellement incestueuses… Dans tous les cas, il importe dans ce pays d’écouter ceux qui méritent vraiment d’être écoutés, de faire confiance à des porteurs de dignité, d’exemplarité, de probité intellectuelle. Bref, ceux qui méritent d’être sur les langues de la postérité.
Par ailleurs, même si «les occasions de conflits ne manquent pas, l'enjeu d'une relation équilibrée, respectueuse des contraintes et des règles déontologiques de chacune des parties, dépasse les clivages socioprofessionnels. Journalistes, avocats et magistrats sont chacun à leur manière les chiens de garde de la démocratie.
Leur alliance bien comprise, dans le respect des contraintes comme des fonctions des uns et des rôles, ne peut que la renforcer»* (voir ci-dessous). Autant donc relever la nécessité d’approfondir les relations plus normées entre la presse et la justice, deux piliers qui sont gardiens et protecteurs des libertés, même s’ils se font parfois méfiance à juste raison.
Toutefois, la presse ne doit en aucun cas servir de bras armé à la justice ; autrement les causes justes sont sous coupe réglée et le danger plane comme une épée de Damoclès sur tout citoyen dans quelque situation où il se trouve, dans quelque lieu où il cherche son chemin de vie. Et qui plus est, l’arme du chantage, surtout quand elle est dans la géhenne de l’impunité n’est pas celle qui sied à la plume du journaliste.
Le chantage et l’imposture sont des virus plus mortels que la CovID-19 et pour la presse et pour la justice. En la matière, la perception que l’opinion a de notre justice et de ses connexions est fondamentale.
Tout comme la crédibilité et la confiance qu’elle doit nourrir envers la presse. Ce sont des ingrédients essentiels, des antivirus pour empêcher la maladie de la presse et de la justice. Surtout en cette époque de quête de l’émergence fondée aussi sur l’équité sociale, la promotion d’une économie plus résiliente, éléments constitutifs avec d’autres d’une nouvelle politique en marche depuis 2012. Quand on dit qu’il faut éclairer les rues, les avenues et les villes, il faut aussi et surtout éclairer les esprits. La presse et la justice doivent y apporter leur part de lumière. Par le respect de la loi et de l’équité. Par l’information juste et vraie.
• les Cahiers du journalisme n°8. Décembre 2000. «Les relations entre presse-justice. le cas des journalistes spécialisés
Depuis le lancement de la grande opération de distribution de l’aide alimentaire d’urgence destinée aux ménages vulnérables sur l’étendue du territoire national, les bénéficiaires tardent à être servis.
Pour atténuer les difficultés des populations durant cette traversée de l’épreuve du coronavirus et surtout pour permettre aux gens de mieux se conformer aux mesures édictées par les autorités sanitaires, l’Etat du Sénégal avait visé dans son programme d’aide alimentaire d’urgence 1 million de ménages, dont 08 personnes par famille, soit 08 millions de personnes, en somme la moitié de la population générale. Toutefois, force est de constater que, depuis le lancement de la grande opération de distribution de l’aide alimentaire d’urgence destinée aux ménages vulnérables sur l’étendue du territoire national, les bénéficiaires tardent toujours à être servis. C’est le cas notamment à Dakar où les kits destinés aux populations de la capitale restent toujours en stand-by.
Depuis le lancement de la grande opération de distribution de l’aide alimentaire d’urgence destinée aux ménages vulnérables sur l’étendue du territoire national, les bénéficiaires tardent à être servis. Comme dans presque toutes les localités, le malaise est perceptible à Keur Massar, cette localité banlieusarde où la plupart de la population peine à joindre les deux bouts.
A Diam Welly, une localité sise à Keur Massar, les gens prennent encore leur mal en patience, en guettant chaque jour qui passe l’arrivée des secours promis par le gouvernement. Un fait que témoigne ce père de famille trouvé devant sa demeure : « j’ai été recensé il y a de cela deux mois mais depuis lors, je n’ai pas eu de retour. J’attends toujours en vain. Il y a deux semaines de cela, je me suis rendu chez le chef de quartier pour m’enquérir de la situation, mais il m’a fait savoir que le blocage n’est pas à son niveau et que l’acheminement des vivres suit un long processus avant d’arriver à bon port. Jusqu’aujourd’hui, on en est là encore. Je vis le calvaire depuis parce que mon fils ainé qui m’appuyait depuis l’Italie sur les charges est lui aussi impacté comme tout le monde. Je m’en remets tout simplement à Allah », a-t-il fait savoir. Même son de cloche chez sa voisine Ndèye Arame qui déplore elle aussi la lenteur : « depuis le début, je n’ai rien reçu ni de la part de l’Etat encore moins de notre soi-disant maire, pas même une goutte d’eau de javel. Ils sont passés plusieurs fois faire le recensement et chaque jour, on voit de nouvelles têtes qui viennent, disentelles, sous la demande du maire ou du chef de quartier. Il n’y a aucune organisation et ça ne présage rien de bon .En plus, depuis un moment, aucun signe de vie. Pourtant, j’ai une petite sœur qui habite les Parcelles, elle m’a informé avoir reçu un bon ou note qui prouve légalement qu’elle sera bénéficiaire mais ici rien » s’offusque-t-elle.
RECENSEMENTS PARTISANS ET SECTAIRES
Bien que le Sénégal ait été son pays d’accueil depuis le bas âge, ce Guinéen vendeur de charbon sous le couvert de l’anonymat affirme n’avoir jamais été recensé. Installé depuis plus de quinze ans dans ce quartier appelé Grand Médine, une localité sise au cœur de Keur Massar, il affirme pourtant entretenir une relation de connivence particulière avec les habitants. Aujourd’hui, se sentant frustré et marginalisé, il condamne cet acte avec la dernière énergie : « le jour où les jeunes du quartier sont passés pour le recensement, ils sont venus jusque devant ma boutique, prendre les coordonnées de la vendeuse de cacahuètes qui y était assise et me dépasser sans gêne. Et je les ai interpellés de suite mais parmi eux, un jeune homme m’a lancé « les Sénégalais d’abord, réclame ta part à Alpha Condé ». Vraiment, il a touché mon ego et depuis lors, je n’en ai pas reparlé et personne ne s’intéresse à moi d’ailleurs, se plaint-il. Avant d’ajouter : « ils ne sont pas plus sénégalais que moi. Je vis ici presque dix mois sur douze, avec ma famille, j’ai deux épouses et sept enfants, alors qui est mieux placé que moi pour recevoir cet aide », s’interroge-t-il. La dame Astou Diop, quant à elle, semble plus sceptique et évoque déjà une éventuelle distribution sélective. « On voit du n’importe quoi au niveau des recensements. J’ai entendu des rumeurs comme quoi les familles qui habitent dans les belles maisons ou maisons à étages ne vont pas en bénéficier. Au début, je ne croyais pas à cette absurdité et ça me faisait même rire. Mais maintenant je commence à le croire, parce qu’ils sont passés une seule fois chez moi pour recenser et depuis lors, je ne les ai plus revus. Pourtant, ils sont revenus plusieurs fois de suite dans les maisons environnants », a-t-elle laissé entendre.
ATTENTE SANS FIN
Même constat dans les autres quartiers à Dakar. A Fass sur la rue 22 prolongée, Ibou Lo, vendeur de journaux, ne dit pas le contraire. «Nous vraiment, à notre niveau, on n’a rien vu. On en a juste entendu parler. Vous savez, si vous dites que je vais mettre à votre disposition une aide alimentaire, tout en incitant tout le monde à rester à la maison et que par moment, cette même aide tarde à être servie aux bénéficiaires, vous ne pouvez retenir personne à la maison», fulmine-t-il. A son avis, « Ça va être très difficile, parce que nous avons l’habitude de sortir chaque jour pour chercher de quoi se nourrir et nourrir nos familles. Donc si l’Etat demande aux gens de rester chez eux, sans mesures d’accompagnement, vraiment c’est autre chose. Je pense que c’est la cause directe, de ce qui a favorisé cette propagation rapide de la Covid-19 au Sénégal ».
Et d’expliquer : « parce que les gens sont fatigués de rester durant trois, jusqu’à quatre mois sans arriver à satisfaire les besoins de leurs familles. Si vraiment, les gens ont très tôt reçu leurs kits, comme prévu par le président, je pense que tout le monde aurait le courage de suivre et de respecter les mesures édictées par le chef de l’Etat. Mais prendre des mesures que personne ne respecte, cela revient à zéro », a-t-il signifié avant d’indiquer qu’« Ici vraiment, c’est ce qui fait l’objet des débats dans les grandes places. Nous, vraiment on ne ressent rien d’autre que du découragement total… Le gouvernement n’a pas aidé les gens, malgré tout ce qu’il a dit. Pour ce qui concerne les kits vraiment, nous n’avons rien reçu depuis. Bien qu’on ait vu l’Etat montrer à la télévision des montages de sacs de riz », renseigne-t-il. Toujours à la Rue 22, notamment à la Médina, X 31, une dame trouvée à la devanture de la porte d’entrée de sa maison se confie, avec amertume : « Nous, à la médina, on n’a rien vu. Personne ne nous a amené ni de sucre, ni de riz, ni de savons. On est toujours en attente ».
Plus loin à la Rue 41, un vieux rencontré devant un kiosque de vente de produits cosmétiques, déclare : « Ils ont pris nos pièces d’identité mais on n’a toujours pas de retour à cet effet, ça fait longtemps de cela. Mais je n’ai rien vu. Est-ce que Dakar en fait partie, parce que j’ai ouïe dire que Dakar n’est pas concerné par cette aide. Nous avons en tout cas donné nos pièces d’identité, on ne sait pas en tout cas pour la suite ». A quelques encablures, une dame vendeuse de friperie à Gueule-tapée, derrière l’hôpital Abass Ndaw, nous révèle : « Il y avait mon voisin d’à côté, qui était passé un jour me demander ma pièce d’identité, disant que c’est pour me faire bénéficier de kits que doit partager le préfet. C’est depuis le mois de Ramadan. Depuis lors, je n’ai eu aucun écho. On a seulement reçu des kits alimentaires contenant un sac de riz de 25 kg, 5 litres d’huile et du sucre, mais venant de la mairie », clarifie-t-elle.
COMMENT LE RIZ DE MANSOUR FAYE A ECHAPPE AUX AYANTS DROITS ?
Elles se sont regroupées sous le mythique arbre Moussa Molo, au centre-ville de Kolda, pour lancer leur protestation, lundi dernier 8 juin.
Elles se sont regroupées sous le mythique arbre Moussa Molo, au centre-ville de Kolda, pour lancer leur protestation, lundi dernier 8 juin. Elles, ce sont ces centaines de femmes qui n’ont pas accepté leur mise à l’écart sur les listes de bénéficiaires de l’appui alimentaire du «Force Covid-19». Une manifestation spontanée de femmes fortement remontées contre les autorités locales. Les chefs de quartiers et autres membres des commissions sont accusées d’avoir délibérément choisi leurs parents et autres proches, au détriment de certains ayants-droit.
A l’image de cette veuve, habitante de Gadapara, (quartier de Kolda) près du poste de santé avec des enfants mineurs, écartée des listes car ayant son ainé fonctionnaire, lui a-t-on expliqué. Or, elle a vu des femmes de fonctionnaires ou d’autres ayant leurs enfants dans la fonction publique charger du riz dont elles venaient de bénéficier. Les femmes «marcheuses» sont allées voir le préfet pour étaler leur colère. Le chef de l’exécutif départemental a tenu à rassurer les protestataires de la volonté des autorités à travailler dans la plus grande transparence. Il a organisé une rencontre entre la mairie, certains chefs de quartiers et les protestataires.
Trois jours après, hier, mercredi 10 juin, l’adjoint au maire de Kolda, Daouda Sidibé, au cours d’un point de presse, a tenu à expliquer l’existence d’un quota sécuritaire qui va toucher certains ménages inscrits sur le Registre national unique (RNU) omis. Il a tenu à préciser qu’aucune nouvelle inscription n’est ouverte, contrairement aux rumeurs qui en font état. Une évaluation totale sera faite, a rappelé le premier adjoint au maire de Kolda. Reste que cette colère des femmes montre l’exaspération dans le ciblage des ayants-droit des politiques sociales. La refonte des listes de bénéficiaires des bourses familiales s’impose, au vu de la situation, souligne-ton, au moment où des fonctionnaires et autres salariés ou grand commerçants perçoivent cet appui.
La distribution de ces vivres a permis de mettre des visages sur ceux qui «avalent», sans aucun souci, cet argent alors qu’ils n’en ont pas droit. En effet, la condition, c’est qu’il fallait aller récupérer physiquement les bons et passer au magasin de stockage. Un supplice pour certains bénéficiaires obligés de se montrer au grand jour devant des voisins oubliés, plus nécessiteux.