SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
15 juillet 2025
Par Alassane MBENGUE
SAUVER L’ANNEE SCOLAIRE ET REFONDER LE SYSTEME EDUCATIF
L’impératif aujourd’hui est de revisiter les options de nos politiques publiques afin d’engager avec courage et lucidité la refondation de notre système éducatif.
Mardi 2 juin 2020, les élèves des classes du Cm2, de Troisième et de Terminale vont reprendre les cours, après plus de deux mois de suspension des enseignements et des apprentissages dans les locaux dédiés. Toutefois, un dispositif de continuité pédagogique était mis en place par le Men à travers l’initiative «Apprendre à la maison». Cette décision du président de la République est accompagnée de mesures sanitaires, sécuritaires et pédagogiques, nécessitant à la fois réorganisation, adaptation et innovation, particulièrement dans les écoles et établissements, au double point de vue du pilotage pédagogique et de la gestion de la vie scolaire. Evidemment, cette décision est combattue par les tenants de l’officialisation d’une année blanche au regard du temps perdu (dommage que le Sénégal soit le seul ou l’un des rares pays où cette idée est agitée), d’autres pensent qu’elle est prématurée au regard de la situation de la pandémie du Covid-19 dans notre pays qui s’approcherait du pic. Bien sûr, je suis partisan de la mesure, ce qui fonde cette modeste contribution axée sur trois points dialectiquement liés : pour un discernement dans la reprise - revenir sur la journée de travail et l’impératif de «repenser la pensée» sur notre système éducatif.
Pour un discernement dans la reprise
L’année doit être sauvée. Quel qu’en soit le prix, mais dans le discernement. Il est évident que la reprise est fortement liée à l’évolution de la pandémie. Dans cette optique, la carte épidémiologique, à la date du 11 mai, a révélé que 22 départements sur 45 ont été épargnés. Dès lors, il serait plus prudent de procéder à une reprise en fonction des régions. Jusque-là, les régions de Kaffrine, Kédougou et Matam qui n’ont enregistré aucun cas pourraient reprendre les cours. Ensuite, les régions les moins touchées qui constituent le gros lot où la maladie est géographiquement bien circonscrite dans quelques localités. Pour les régions de Dakar, Diourbel et Thiès, attendre que la situation soit moins pesante pour les populations. En somme, le schéma actuel doit être compris et pris comme une hypothèse de travail qui doit forcément suivre l’évolution de la pandémie dans le pays.
Revenir sur la journée de travail
En décidant de mettre un élève par table-banc avec des cohortes de 20 élèves, hormis peut-être Mariama Ba, Le Prytanée ou le Lycée d’Excellence de Diourbel, l’écrasante majorité des établissements aussi du public que du privé verront au moins les classes dédoublées en raison des effectifs pléthoriques. Ainsi, les professeurs ne pourront faire tout au plus que 50% de leur crédit horaire, donc les programmes restants ne seront exécutés que de moitié. En somme, le temps brut d’enseignement-apprentissage se résumerait en réalité à un mois sur les deux perdus (une semaine en mars, trois semaines en avril et le mois de mai) et sur les deux prévus (juin et juillet), le mois d’août étant réservé aux examens du Bac et du Bfem. La situation sera plus compliquée pour le privé, car l’essentiel des professeurs notamment des classes de Terminale, viennent du public à cause de la réorganisation des emplois du temps. Compte tenu de cette situation très particulière, le ministre de l’Education nationale pourrait demander exceptionnellement au président de la République une dérogation pour que le système éducatif conserve sa journée normale de travail de huit heures. Cette mesure aurait l’avantage de maintenir les emplois du temps initiaux, permettant aux chefs d’établissement de mieux gérer la reprise d’une part ; d’autre part, de faciliter la reprise de certains dispositifs de soutien scolaire dans les établissements (rattrapage, accélération, etc.).
L’impératif de «repenser la pensée» sur notre système éducatif
Au demeurant, cet impératif ne devrait pas occulter les grosses et multiples difficultés de notre système éducatif à s’adapter aux crises. Déjà à l’interne, toutes les perturbations de plus de trois semaines entraînent presque un réaménagement du calendrier scolaire.
Avec le Covid-19 en plus du temps perdu, les mesures pour la reprise sont venues complexifier les choses. Pour illustrer cette vulnérabilité structurelle de notre système aux crises, prenons huit exemples.
1ère La majeure partie de nos infrastructures scolaires ne sont pas assez opérationnelles pour la mise en œuvre correcte des mesures d’accompagnement.
2ème L’encyclopédisme des programmes tant décrié s’adapte difficilement aux mesures prises.
3ème Le numérique s’est vite imposé comme la seule solution à la continuité pédagogique, alors qu’il n’est ni systématisé ni systématique dans les établissements. Quid de ces importants contingents d’enseignants analphabètes du 21ème siècle (TICquement parlant) et de ces nombreuses localités sans électricité ?
4ème La semaine de travail de 40 heures dans l’enseignement moyen et secondaire ne donne aucune possibilité d’adaptation aux crises.
5ème La norme de 45 élèves par classe a été jugée anormale pour être normalisée entre 60 et 70 élèves pour les classes d’examen. C’est pourquoi les effectifs de nos classes s’accommodent difficilement d’avec les conditions de la reprise des cours.
6ème L’absence d’un dispositif organisé de soutien scolaire dans nos établissements tant au plan social (élèves sous tutorat en dehors de la région de Dakar) que pédagogique.
7ème Le paradoxe de la distanciation progressive entre les établissements et les familles (plus de carnets de notes, peu ou pas de dialogue véritable). Et pourtant dans le contexte actuel, le rôle des parents est déterminant dans la reprise.
8ème La faible implication des collectivités territoriales dans le fonctionnement des établissements, alors qu’elles sont très attendues pour une bonne réussite de la reprise.
Dès lors, il est impératif de rendre notre système éducatif résilient face aux chocs endogènes et exogènes. Le maître mot durant cette crise n’est-il pas «Résilience» ? Le Programme de résilience économique et sociale (Pres) semble bien l’illustrer.
C’est pourquoi il est plus que nécessaire :
- de redéfinir de nouveaux rythmes scolaires en diminuant le temps de travail à l’école pour donner plus de temps d’apprendre à l’apprenant, ce qui nécessite, entre autres, la réévaluation de la place de certaines disciplines au premier cycle et dans les séries du second cycle ;
- d’assurer un pilotage efficace et efficient des établissements pour la réussite de l’apprenant à partir d’une gouvernance inclusive et participative ; d’accélérer la mise à niveau normalisée de tous les établissements en réévaluant la nécessité de généraliser le modèle de Lycée d’excellence ;
- de professionnaliser les métiers du système en mettant un terme au recyclage des enseignants à des postes ou fonctions très stratégiques (planification, statistiques, gestion financière et comptable, Grh, Casi, communication, etc.) ;
- de s’adapter aux nouvelles exigences éducatives qui découlent de ce que l’Unesco appelle les «Compétences du 21ème siècle», nécessitant de nouveaux paradigmes en termes
(i) de contenus et méthodes d’apprentissage,
(ii) de types d’apprentissage et
(iii) de types de pédagogie.
Mieux, puisque le coronavirus nous démontre que rien ne sera plus comme avant, il faudra, toutes affaires cessantes, placer la réflexion au cœur de cette inéluctable reconstruction sociétale, à moins d’opter pour la reproduction de l’ordre mondial actuel. Nous avons été nombreux à nous offusquer des hypothèses de l’Oms sur l’épuration démographique de l’Afrique, mais ils relèvent de la logique au regard de notre niveau de développement.
Dès lors, l’impératif aujourd’hui est de revisiter les options de nos politiques publiques afin d’engager avec courage et lucidité la refondation de notre système éducatif. L’essentiel des maux actuels de l’école découle ou est favorisé par les innombrables réformes, pour ne pas dire réformettes, du système éducatif qui ressemble plus à un laboratoire de spécialistes de l’éducation. C’est bien possible et nous le pouvons.
Alassane MBENGUE
Inspecteur de l’enseignement moyen et secondaire à la retraite
Ex-Sec gén de l’IA de Matam alassanembeng@yahoo.fr
VIVRE AVEC LES SCANDALES
Mansour Faye accuse les transporteurs pour les retards des vivres
C’est la commune de Ndiébène Gandiol qui a été choisie comme localité pilote de la distribution des kits alimentaires destinés aux ménages vulnérables du département de Saint-Louis. Cette opération supervisée par le Comité régional de supervision a connu un franc succès dans le département de Saint-Louis, selon le gouverneur de la région Alioune Aïdara Niang qui dirige ce comité.
Selon le chef de l’Exécutif régional qui avait à ses côtés le ministre du Développement communautaire, de l’équité sociale et territoriale, malgré quelques difficultés liées à la longueur du département qui fait plus de 400 km, au renchérissement du coût de la manutention du transport et les hésitations et tergiversations de certains transporteurs lors de l’acheminement des denrées, les opérations se sont très bien déroulées.
Selon Alioune Aïdara Niang, le département de Saint-Louis a fini de recevoir l’ensemble de son quota, alors que pour l’ensemble de la région, plus de 70% des produits sont disponibles. «Nous avons mis en place 70% des denrées alimentaires. La région de Saint-Louis a reçu l’ensemble de son quota et notre objectif est de remettre les kits aux 67 mille ménages bénéficiaires identifiés dans la région», indique-t-il.
Le ministre Mansour Faye a, quant à lui, fait savoir dans le même sillage qu’à Saint-Louis, les opérations se déroulent bien comme dans la plupart des régions. Toutefois, «beaucoup d’efforts restent à faire, surtout dans les régions du centre comme Diourbel, Louga, Thiès et Kaolack», indique Mansour Faye qui semble préoccupé par le rythme actuel des opérations de distribution dans ces zones. Le ministre qui dit vouloir terminer la distribution de ces denrées au plus tard dans quinze jours, afin que les bénéficiaires puissent en disposer avant l’hivernage, compte sur les gouverneurs pour atteindre cet objectif. «Nous pensons que fondamentalement, dans un délai de quinze jours tout au plus, les opérations de distribution seront terminées à l’échelle nationale.
C’est le énième délai et nous pensons que nous allons le respecter», soutient le ministre qui, depuis le lancement officiel des opérations, ne rate aucune occasion pour sensibiliser les différents acteurs impliqués dans le processus de distribution de l’appui alimentaire sur l’urgence de terminer au plus vite ces opérations pour que les populations puissent disposer de leurs kits. Mansour Faye n’a pas manqué d’adresser des félicitations à l’Administration territoriale et aux forces de défense et de sécurité qui ont mené avec succès les opérations de distribution. Il a par ailleurs invité ses collègues maires à accompagner le processus pour un bon déroulement des opérations de distribution. Au début de la pandémie, le gouvernement du Sénégal avait dégagé 69 milliards de francs Cfa pour l’achat de kits alimentaires destinés à aider les ménages vulnérables à faire face aux effets néfastes du Covid-19. 1 million 100 mille ménages ont été ainsi identifiés à l’échelle nationale comme bénéficiaires de ces kits.
A Saint-Louis, 67 mille ménages bénéficiaires sont concernés dont 12 mille 925 pour le département de Saint-Louis qui ont reçu chacun 100 kg de riz, 10 litres d’huile, 10 kg de pâte, 18 morceaux de savon et 10 kg de sucre
par Mamadou Ndiaye
L’AMÉRIQUE S’AGENOUILLE
Trêve de dissertations sur les troubles découlant du meurtre de George Floyd. Il s’agit maintenant d’ouvrir grands les yeux sur les hypothèques qui pèsent sur la plus grande démocratie du monde. L’est-elle encore ?
À force de nier les évidences, l’Amérique finit par poser un genou à terre ! Triste pour un pays qui se persuade d’être invincible. Le déferlement, la semaine dernière, de violences consécutif à la mort en direct de l’Afro-Américain George Floyd traduit l’affligeante incapacité des Etats-Unis à éradiquer les racines d’un mal profond : la haine raciale. Comment comprendre qu’un homme menotté par derrière sans opposer de résistance, de surcroît nu et à plat ventre sur le talus puisse représenter un danger pour ce policier qui ajoute le burlesque au comique de situation (la colère à la place du rire, bien évidemment) !
Derrick Chauvin -ça ne s’invente pas- a tué froidement G. Floyd qu’il accuse de détenir par devers lui un faux billet. De combien ? Et alors ! Et lui ? Petite cause, grand chaos ! N’est-il pas dépositaire de l’autorité publique pour pouvoir mettre aux arrêts un suspect sans violation du 6ème amendement de la constitution américaine ? Des spécialistes de la neutralisation, estiment sans ambages qu’un indélicat en état d’arrestation, une fois sous les menottes, sécurise tout le monde. Le flic Chauvin n’en avait cure. Il a déclenché une spirale de violence à travers tout le pays par son « genou assassin ».
Pourtant, en 2016 déjà, un footballeur américain de haute stature, Colin Kaepernick, s’était détourné de l’hymne américain lors d’une finale mémorable, poussant plus loin la force du symbole jusqu’à planter un genou à terre en signe de protestation contre les violences policières. Depuis, ce geste est entré dans la mémoire collective de victimes du racisme qui crient à gorge déployée que la promesse de l’égalité des droits n’a jamais été remplie aux Etats-Unis. Par milliers, les jeunes, affluant en masse au siège du commissariat de Police du 3ème district de Minneapolis, ont, dans un épais silence, brandi le poing comme signe de ralliement à une cause : « Black lives Matter ». Traduction : « La vie des Noirs compte ! »
Ils font écho à cet autre poing levé en octobre 1968 à Mexico par le fameux athlète Bob Beamon contre l’assassinat de Martin Luther King en avril de la même année à Memphis. Cela fait des décennies donc que la crise raciale s’enracine et s’aggrave. Des réseaux de haine se tissent au sein des Etats du sud, bastions des mouvements suprémacistes, que courtise avec assiduité le Président Donald Trump. En se rendant visibles, ils sonnent le réveil des antifacistes que Trump voudrait anéantir en les qualifiant de groupes terroristes.
Washington bougonne. La fronde se structure et s’étend. Marginale jusqu’ici, elle devient centrale. D’où l’appel aux militaires pour décréter l’état d’urgence dans plusieurs Etats. On le voit, plus d’un demi siècle après, le pays de Jefferson et de Lincoln, reste coltiné par la question raciale qui déchire la société, la réduisant à une inquiétante juxtaposition de communautés. Celle des Noirs, qui se disent Afro-Américains, ressemble à une kyrielle de troupes sans chefs charismatiques, à l’image justement de Martin Luther King, dont la parole porte et fait vibrer une nation.
Par un enchaînement de luttes, les unes plus mémorables que les autres, des droits civils et politiques furent conquis au détour d’une série de concessions du pouvoir blanc. A Harlem, les Blacks ont longtemps vécu le sentiment de dépossession quand, dans les années 80, des Coréens et des Japonais sont venus racheter à coups de milliards de dollars des terres qui leur appartenaient jadis.
« Nous voulons vivre. Nous sommes fatigués », disent en chœur les manifestants pacifiques dans d’interminables processions à travers l’Amérique des villes et des campagnes. L’Union Africaine suit la gravité de la situation et se dit préoccupée par « ces atteintes aux droits des Noirs ». Quel niveau de cruauté faudra-t-il atteindre pour susciter une large indignation ? se demande, pour sa part, l’ancien président du Bénin Nicéphore Soglo. Un déclic enfin ?
Les Afro-Américains représentent 13 % de la population totale US. A l’inverse ils font plus du quart de la population carcérale. Un poids démographique en net recul face à la montée des Hispano qui leur disputent désormais les avantages de « l’affirmative action ». La classe moyenne noire américaine n’arrive pas à se stabiliser du fait des crises cycliques qui affectent l’économie. Chaque année, ils sont des centaines de milliers à basculer dans le dénuement. Ils sont sous bancarisés. Pour survivre, certains d’entre versent dans l’informel quand d’autres s’adonnent à la drogue ou à la criminalité. Pas de doute, l’absence de perspectives ouvre des perspectives mais moins reluisantes.
Le manque d’apôtres de la paix ou de missionnaires de sacerdoce prive aujourd’hui le pays d’un leadership incontesté qui lui échappe d’ailleurs de plus en plus. Sous nos yeux, la politique se dissout. Elle se désagrège en même temps que la société américaine perd sa cohésion. En un mot son unité s’effrite. L’Amérique chahutée ? Pas encore car elle a une force résiduelle impressionnante.
En revanche, le danger guette ce pays de paradoxes. Trêve de dissertations sur les troubles découlant du meurtre de G. Floyd. Il s’agit maintenant d’ouvrir grands les yeux sur les hypothèques qui pèsent sur la plus grande démocratie du monde. L’est-elle encore ? Le contexte qui y prévaut est anxiogène. Des périls bien réels menacent la grande puissance. Quand des fautes manifestes de pilotage s’y ajoutent, le cocktail explosif n’attend, pour détonner, qu’un prétexte aléatoire.
L‘ambiance de Far West observée cette semaine dans cet Etat du Midwest a servi de détonateur d’une crise qui couvait depuis de longues décennies. L’exacerbation des haines vient troubler la quiétude d’une partie de l’Amérique profonde scindée en deux : d’un côté les riches et de l’autre, les exclus du système. Lequel ne se renouvelle pas. Il se sclérose. Et faute de remise à plat, il opprime plus que de raison, faisant de tous les citoyens des prisonniers de logiques qui se heurtent au quotidien. Les Noirs en premier le sont doublement : désavantagés par les inégalités, ils vivent pour la plupart d’aides basées sur une politique sociale mal adaptée.
A force de recevoir, les plus démunis d’entre eux s’enferment dans une « mémoire d’oppression en doutant plus de leurs capacités que du racisme dont ils sont les victimes », souligne l’universitaire de renom Shelby Steele. Il pointe aussi la « culpabilité des Blancs » en délicatesse, ajoute-t-il, avec leur conscience du fait de la longue pratique de l’esclavage. Près de 400 ans de servilité forgent des mentalités, pas pour les mêmes raisons certainement. Le préjugé de l’infériorité des Noirs est logé dans la mentalité blanche, relève encore, Pr Shelby Steele qui regrette toutefois que ceux qui ont prétendu succéder à Dr. Martin Luther King « n’avaient pas son exigence ».
En clair, ils ont enfoncé le statut de victimes et réclamé de la culpabilité blanche des compensations et des traitements préférentiels au nom de « l’affirmative action ». Celle-ci a fait son temps. Dévoyée de ses objectifs initiaux, elle a laissé s’installer une caste de politiciens qui confisquent cette « discrimination positive » pour fonder un pouvoir racial vigoureusement combattu par l’économiste Thomas Sowell et le constitutionnaliste Stephen Carter, brillants universitaires qui font autorité dans leurs domaines respectifs au sein de l’intelligentsia américaine.
L’Amérique a beaucoup perdu : sa puissance, son prestige, sa grandeur, ses pôles d’attraction, son rêve, son mythe fondateur… Elle n’est plus le chef incontesté d’un monde devenu multipolaire depuis la chute du mur de Berlin en 1989. Pour preuve : elle n’est plus présente simultanément sur plusieurs théâtres d’opérations à la fois. Un signe…
RENEGOCIATION DU CONTRAT D’AKILEE, MAKHTAR CISSE VEUT RENCONTRER BITEYE
Il est le directeur qui avait négocié et signé un contrat léonin au détriment de son entreprise et pour le bénéfice d’un privé, au moment où les Chinois de Huawei lui proposaient les mêmes services à trois fois moins cher.
Il est le directeur qui avait négocié et signé un contrat léonin au détriment de son entreprise et pour le bénéfice d’un privé, au moment où les Chinois de Huawei lui proposaient les mêmes services à trois fois moins cher. Sentant sans doute le vent tourner, le ministre de l’Energie, Mouhamadou Makhtar Cissé a demandé à rencontrer son successeur qui est également son subordonné. Pour trouver un terrain d’entente ?
Le dimanche dernier, sur le plateau de la Rfm, le Dg d’Akilee a montré sa bonne volonté à renégocier le contrat qui lie sa société à la Senelec, comme le souhaite la société de distribution de l’électricité (voir Le Quotidien no 5177 du jeudi 28 mai 2020). Ce serait un début vers un dénouement sans trop de casse entre deux partenaires. Il faut croire que M. Amadou Ly a dû comprendre que la voie contentieuse n’était pas nécessairement la plus judicieuse pour régler ce dossier et s’en tirer sans trop de casse. D’autant plus qu’avec l’entrée en jeu des corps de contrôle que sont la Cour des comptes et l’Ofnac, rien ne garantit que l’issue des enquêtes ne soit pas de casser le contrat purement et simplement.
Outre le fait que le prédécesseur de Papa Mademba Bitèye a attendu quasiment la veille de son départ pour payer à Akilee 2,7 milliards d’avance sur prestations, ce contrat était déjà plombé par plusieurs faiblesses.
D’abord, le contrat a été enregistré aux Impôts et domaines par la Senelec, moyennant des droits de plus 1,8 milliard de francs Cfa, payés avec de l’argent public, alors que cela aurait dû être fait par son partenaire. De plus, à ce stade, tout le monde sait aujourd’hui qu’avec 34% des parts, Akilee est loin d’être la filiale que Mouhamadou Makhtar Cissé avait voulu vendre à l’opinion pour ne pas soumettre ce marché à un appel d’offres, ce qui est une illégalité.
D’autre part, lors de leur passage à la Senelec, les initiateurs d’Akilee avaient eu le loisir de s’informer sur un projet similaire qui devait lier la compagnie d’électricité à Huawei, l’entreprise chinoise. En plus de la fourniture et de l’installation de compteurs intelligents, le projet comprenait la mise en place d’un système d’information et de télécommunications. Le projet était estimé à un peu plus de 51 milliards 459 millions de francs Cfa. Huawei a nommé son système d’information «Ami». Un protocole d’accord avait même été signé en avril 2016 par les directeurs généraux des deux entreprises. Huawei s’était même engagée dans ce document à aider Senelec à trouver des financements concessionnels pour ce projet. Une équipe de Senelec s’était même rendue en Chine, dans les locaux de Huawei, pour étudier la réalisation dudit projet. Parmi ses membres se trouvait celui qui est devenu quelque temps après le Pca d’Akilee, Falilou Sèye.
Nonobstant ce protocole, la Senelec a trouvé le moyen de rejeter ce contrat pour passer un marché quasi similaire avec Akilee, et pour un montant 3 fois plus important. Les cadres de Senelec, qui ont parlé de délit d’initié, n’ont pas manqué d’ajouter «plagiat» à leurs critiques de ce contrat. Ils ont remarqué que la plateforme proposée par Akilee était presqu’en tous points conforme à celle de Huawei. Mieux, les deux systèmes pouvaient être confondus même par leurs noms. Celui d’Akilee se nommait tout bêtement «SenAmi»…
Ces éléments parmi bien d’autres, fortement répercutés dans les médias ces derniers temps, ont sans doute dû convaincre le ministre de tutelle qu’il avait intérêt à sortir de son mutisme. Mouhamadou Makhtar Cissé qui, au temps où il était directeur général de la Senelec, n’avait cure de l’opinion de son ministre de tutelle, au point de tenir Mansour Elimane Kane dans l’ignorance absolue du contrat avec Akilee, a demandé à rencontrer Papa Mademba Bitèye le jeudi prochain. On peut déjà subodorer que le dossier Akilee sera au centre de leurs échanges…
KARIM ENVOIE 5 000 KITS DE TEST RAPIDE
Wade-fils a envoyé un lot de 5000 kits de tests rapides homologués par la Corée du Sud pour soutenir l’Etat dans sa lutte contre le covid-19.
Wade-fils a envoyé un lot de 5000 kits de tests rapides homologués par la Corée du Sud pour soutenir l’Etat dans sa lutte contre le covid-19.
Karim Wade quitte le terrain du soutien théorique pour celui pratique afin de contribuer à la lutte contre le Covid-19. Des sources proches du Parti démocratique sénégalais confient que, depuis Doha, l’ancien ministre «a envoyé la semaine dernière, un lot de 5000 kits de tests rapides fabriqués et homologués en Corée du Sud». Ce pays asiatique a été cité parmi les modèles de gestion et d’endiguement efficace de la pandémie pour avoir procédé à des tests massifs. Les hommes de Wade-fils ajoutent que «les autorités sénégalaises pourraient, dans les jours à venir, recevoir d’autres kits coréens de Karim Wade». Il faut souligner que depuis quelques semaines, les autorités sanitaires ont augmenté le nombre de tests mais qui, jusqu’ici, est encore jugé faible. C’est que les services de Abdoulaye Diouf Sarr tiennent toujours à leur stratégie qui consiste à tester les cas contacts et non à l’élargir aux candidats au dépistage. Et l’accueil et l’usage de ces 5000 kits de tests rapides dépendront de l’évolution ou non de cette stratégie.
En tous les cas, ce geste du chargé de l’Organisation, de la modernisation et de l’élaboration des stratégies politiques du Pds pourrait être interprété comme de la communication politique. Venant d’un opposant, il pourrait gêner le pouvoir. Mais, assure-t-on du côté des proches de Abdoulaye Wade, cet «acte a été bien accueilli par les responsables étatiques». Une chose est sûre, un refus quelconque d’utiliser ces tests mis à la disposition de l’Etat pourrait aussi être mal pris par l’opinion.
Il faut rappeler que dès mi-mars, l’ancien ministre, condamné à 5 ans de prison ferme et à une amende de 138 milliards de F Cfa, avait, dans une déclaration, exprimé son «soutien» et sa «plus profonde solidarité». «Des mesures d’endiguement ont été prises par le président de la République, M. Macky Sall, je les soutiens», avait-il écrit.
par Siré Sy
ABDOU DIOUF, DÉSILLUSION ET RENONCEMENT (2/4)
EXCLUSIF SENEPLUS - L'ancien président s’est toujours contenté d’administrer les crises jusqu’à ce que le feu devienne cendre. Il aura présidé le pays contre lui-même - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L’adage dit que c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c’est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l’échelle d’une Nation-État, que l’on apprécie les choix, les décisions et le leadership d’un chef d’Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group en partenariat avec SenePlus vous propose Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave !’’.
Pour cette deuxième épisode de votre Feuilleton managérial ''Président et Gestion de crise ‘’quand l’heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Abdou Diouf, ‘’Abdou, le technocrate rénovateur”.
Le président Abdou Diouf, sous sa présidence (1981-2000), a eu à faire lui aussi, face à trois crises d’amplitude ‘’secousse du régime’’ sous l’échelle d’une Nation-État : une crise politico-électorale, une crise scolaire et une crise économico-sociale. Au chapitre de sa gestion de sa crise politico-électorale de 1988, avec l’élection présidentielle de 88, le président Abdou Diouf, va reprendre la situation en main, en élargissant Me Wade et compagnons de prison (sous la facilitation de l’Ambassade des USA au Sénégal), avec à la clé, le code consensuel de 1992 qui en sera la résultante. Au chapitre de sa gestion de la crise scolaire, le président Abdou Diouf n’aura pas pu empêcher une année blanche, celle de 88. C’est d’ailleurs cette génération d’écoliers et de collégiens des années 88, qui vont réaliser démocratiquement, l'alternance en 2000. Au chapitre de sa gestion de sa crise économico-sociale aiguë, celle des Ajustements structurels (1980), le président Diouf n’aura pas pu empêcher la dévaluation du Franc CFA survenue en 1994. Cette crise de la dévaluation du Franc CFA allait rendre le front social et syndical en ébullition qui depuis lors, n’a jamais connu une stabilité durable. Abdou Diouf a présidé le Sénégal durant 19 ans (1981-2000).
L’étudiant Abdou à l’ENFOM, aux idées progressistes (il a fait son mémoire à l’ENFOM sur le sujet ‘’L'islam et la société wolof), devenu le président Diouf en 1981, s’est vite mis dans les habits du Rénovateur. A peine installé dans ses nouvelles fonctions, Abdou Diouf instaure le multipartisme intégral, supprime les délits de presse, libéralise le secteur des médias, permet à Cheikh Anta Diop de devenir professeur d'université et donne son nom à l'université de Dakar (Ucad).
La postérité peut retenir du président Abdou Diouf, à l’origine de l’anarchie politique (multipartisme intégral), l'échec de son modèle démocratique (1981-1993), la privatisation-offre de l'économie sénégalaise, les ajustements structurels (moins d’Etat), l’austérité tous azimut (Plan Sakho-Loum) et la décentralisation-régionalisation plutôt politicienne qu’administrative.
Et pourtant, dès son avènement à la magistrature suprême, le président Abdou Diouf s’est voulu un Réformateur avant de se rétracter pour demeurer et rester Rénovateur. En réussissant avec brio la ‘’désenghorisation’’, le président Abdou Diouf s’est heurté contre une farouche résistance aussi bien dans son propre camp (le PS) que dans l’opposition et les syndicats. Et le président Diouf va abdiquer devant l’adversité et se retrancher dans son tour d’ivoire, et deviendra très déconnecté des réalités de son peuple. C’est comme qui dirait, une sorte de ‘’gentleman agreement’’ entre lui Diouf et son camp le PS, un accord diffus qui consisterait à lui assurer à lui le président Diouf, son pouvoir (ses réélections) et à son camp, de gérer le pays et de faire ce qu’ils veulent.
Dans son Style et sa Méthode de gestion de crise ‘’quand l’heure est grave !’’, contrairement à son prédécesseur Senghor, le président Abdou Diouf a été plus ‘’le commis d’Etat’’, ‘’un Administrateur de crise’’, plus qu’un redoutable homme politique, un fin stratège. Parce qu'il n’avait (peut-être) pas cette légitimité politique tant au niveau du PS qu’au niveau des masses, le président Abdou Diouf s’est reconverti en homme de dialogue, de compromis et de consensus. Toujours un Rénovateur mais jamais un Réformateur. A partir de 1983, jamais le président Diouf n’a cherché à influer, ni à peser sur le cours de l’histoire et sur la trajectoire historique du Sénégal. Le président Diouf s’est toujours contenté d’administrer les crises jusqu’à ce que le feu devienne cendre (présidentielle 88, année blanche en 88) ou alors, rester et demeurer un gentil spectateur des événements jusqu’à ce que la Case de Birima brûle (Congrès sans débat, PAS). Le président Abdou Diouf aura présidé et gouverné le Sénégal, contre lui-même – hélas - et s’est plus tourné vers l’extérieur, plus préoccupé par son image personnel que par une véritable mutation-transformation du Sénégal. La preuve par la Francophonie (OIF). Avec Diouf, le Sénégal aura connu une parenthèse (économique, sociale et politique) douloureuse de vingt ans. Toute une génération perdue.
Jeudi 4 Juin 2020, l’épisode (3/4) de votre feuilleton managérial ''Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave!’’, portera sur le président Me Ablaye Wade.
OUSMANE SONKO RENOUE AVEC LE TERRAIN POLITIQUE
Dans une vidéo en live sur Facebook intitulée message à la jeunesse, le leader des patriotes a émis son souhait de réinvestir le terrain politique après plusieurs mois sans contact direct avec ses partisans
Les activités politiques sur le terrain étaient au point mort. Le Coronavirus et son lot de restrictions sont passés par là. Dans une vidéo en live sur Facebook intitulée message à la jeunesse, le leader des patriotes a émis son souhait de réinvestir le terrain politique après plusieurs mois sans contact direct avec ses partisans. Il s’agit, à en croire Ousmane Sonko, de lancer la première édition des vacances agricoles avec les jeunes et d’organiser une semaine patriotique du don de sang.
Les bains de foule sont incompatibles avec le Covid-19. C’est pour cela que depuis le début du Coronavirus, l’activité politique est circonscrite pour la plupart sur les réseaux sociaux. Et pour la déconfiner, Ousmane Sonko entend, si la situation le permet, de mobiliser dans les jours à venir ses partisans à travers des programmes pour aborder des questions liées à l’agriculture et d’autres sujets. « Nous allons lancer les vacances agricoles aux côtés de la jeunesse plutôt que de la laisser dans l’oisiveté et la distraction contreproductive », a-t-il déclaré en live.
Toujours, à en croire le leader des patriotes, pour la première édition, ce programme sera mis en œuvre avec tous les jeunes Sénégalais, origines et antécédents professionnels confondus, au nord, au centre et au sud du pays pour un ensemble de trois foyers. Selon Ousmane Sonko, si la situation le permet, ils vont tout faire pour avoir un nombre important de semences et d’engrais. Pour ensemble, dit-il, procéder à l’ouverture de la campagne agricole.
Poursuivant, l’opposant indique qu’il a eu l’information qu’il y a une rupture dans les banques de sang. Et pour participer à leur alimentation, il compte lancer une semaine de don de sang. « Je lance un appel à tous les citoyens sénégalais d’aller faire un don de leur sang. Dieu Seul sait à qui reviendra la poche que nous donnons aujourd’hui. C’est ainsi que nous allons lancer la semaine patriotique du don de sang », informe-t-il.
Sous un autre registre, le leader du Pastef a, aux allures d’un cours inaugural, livré un message à l’endroit des jeunes pour les sensibiliser sur les faits de violences qui sont souvent déplorés entre les forces de l’ordre et les populations, surtout les jeunes. Sur ce point, Sonko condamne d’emblée toute forme de violence. Regrettant des cas de violences qui ont été répertoriés au début de couvre-feu, notamment l’introduction des forces de l’ordre dans une maison à Thiaroye, l’opposant estime que les deux parties doivent collaborer mais ne doivent pas se regarder comme des ennemies. « Les populations et les forces de l’ordre ne sont pas des ennemies. Les relations entre la jeunesse et les forces de l’ordre doivent avoir comme soubassement la fraternité et la collaboration. C’est pour cela que nous lançons un appel aux deux bords », a-t-il souhaité avant de se désoler des actes de violences qui ont été notés au Cap Skring. Pour cela, il rappelle au gouvernement ses engagements envers les populations. Par ailleurs, il estime que ces dernières sont en droit d’attendre des services minimums de la part de ceux qui les gouvernent.
En outre, il s’est également désolé des récentes manifestations contre l’enterrement de victimes du Covid-19. Pour lui, cela n’honore pas le Sénégal en tant que peuple uni et solidaire. Ousmane Sonko a aussi appelé la population, surtout les jeunes, à faire attention et à n’exercer aucune forme de violence envers les forces de l’ordre. « Nous les populations, nous devons arrêter d’attaquer des édifices publics. Ce n’est pas parce qu’on est en colère qu’on s’attaque à des édifices publics ou à des bus publics », a-t-il soutenu.
A cet effet, il a invité à ne pas se tromper de combat et d’assumer ses responsabilités. « Nous devons identifier nos priorités pour ne pas nous tromper de combat. Nous devons manifester toujours et partout notre fierté d’être africains et sénégalais. Nous devons nous regarder en face et assumer nos responsabilités afin de rectifier les comportements des autres à notre égard », a-t-il dit. Parce qu’à ses yeux, il est temps que le Sénégal rattrape les occasions ratées avec les patriotes panafricains que sont Mamadou Dia et Cheikh Anta Diop. « Chers frères et sœurs, en attendant d’avoir les dirigeants qu’il nous faut, que chaque jeune n’attende rien de ceux qui nous dirigent. Il faut qu’on ait confiance en ce qu’il y a en chacun de nous. Que chacun s’assume et assume son destin ! » conclut-il à ce propos.
LE SYTJUST DEPLORE LE NON-RESPECT DES MESURES PREVENTIVES
Alors qu’il a ordonné la reprise des audiences publiques dans les Cours et tribunaux à partir d’aujourd’hui, le garde des Sceaux Malick Sall n’a pas jugé nécessaire de prendre une seule mesure préventive au sein du Palais de justice
Alors qu’il a ordonné la reprise des audiences publiques dans les Cours et tribunaux à partir d’aujourd’hui, le garde des Sceaux Malick Sall n’a pas jugé nécessaire de prendre une seule mesure préventive au sein du Palais de justice. Selon le Secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Justice (Sytjust), Me Boune Ayé Diop, cela est dû au manque de concertations qu’il impute au ministre de la Justice. Par contre, Me Assane Dioma ndiaye pense que la reprise est inéluctable après trois mois d’inactivité et de rupture de la chaîne judiciaire.
Après plus de deux mois de paralysie, le palais de justice va recommencer à fonction à partir d’aujourd’hui, suite à l’arrêté du ministre de la Justice. Une décision déplorée par Me Boune Ayé Diop, secrétaire général du Syndicat des Travailleurs de la Justice (Sytjust). «Nous constatons que les mesures préventives n’ont pas été prises, notamment en dotation de masque, de thermo flash, de gel hydro-alcoolique et même la désinfection du palais de justice», se désole-t-il en ajoutant qu’il n’y a pas eu de concertation. «Je l’impute au ministère de la Justice. On ne peut pas gérer un département aussi important que la justice dans lequel vous comptez des partenaires comme le Sytjust, l’Ums, le barreau et qu’au moment de la reprise, vous ne vous concertez pas», s’insurge-t-il.
ME ASSANE DIOMA NDIAYE : «LA REPRISE EST INELUCTABLE APRES TROIS MOIS D’INACTIVITE »
Ce sentiment n’est pas partagé par Me Assane Dioma Ndiaye qui estime que la reprise est inéluctable, après presque trois mois d’inactivité et de rupture de la chaîne judiciaire. «C’était nécessaire de prendre des mesures adéquates, mais maintenant qu’on a maîtrisé plus ou moins la maladie avec le système de contamination et les mesures barrières à prendre, je pense qu’on doit apprendre à vivre avec le virus. Mais on ne doit pas négliger la maladie en tant que telle. Même les pays les plus touchés sont en train d’amorcer un confinement partiel», affirme la robe noire avant d’ajouter : «Comme l’a souligné le ministre, les chefs de services doivent s’organiser pour ne pas mettre en danger les justiciables et les acteurs de la justice. On ne doit pas pénaliser le système de la justice, car il est le socle de la société. Si les contentieux augmentent et qu’il n’y a pas de résolution judiciaire, cela peut être source de danger. Il ne faut pas, tout en évitant un drame, en créer une autre. Aujourd’hui, il faut essayer progressivement de s’adapter à cette maladie et que la justice reprenne son cours comme les autres secteurs ont eu à le faire.»
DEMEMBREMENT DE LA DAME DE 116 ANS, UN SUSPECT ARRETE PAR LA POLICE
Quasiment méconnue de son vivant, la dame Sokhna Oumy Kandji est bien partie pour devenir très célèbre après sa mort.
C’était la consternation et l’émoi hier à Touba, après que des membres d’une vieille femme de 116 ans, décédée, ont disparu à la morgue. Une situation étrange qui a mis les proches de la défunte dans tous leurs états. Le responsable de la morgue nie, mais les laveuses confirment les allégations de la famille éplorée. Des actes ignobles qui, d’après certains témoins, sont récurrents dans cette morgue. Retour sur cette journée qui sort de l’ordinaire.
Quasiment méconnue de son vivant, la dame Sokhna Oumy Kandji est bien partie pour devenir très célèbre après sa mort. Décédée de mort naturelle après une courte maladie, Sokhna Oumy Kandji avait tiré sa révérence dimanche dernier à l’âge de 116 ans. Et quand ses proches ont constaté son décès vers 20 heures, ils sont allés déposer sa dépouille à la morgue située près de l’ancien cimetière de Touba. Mais à la surprise générale, lorsque les proches de la disparue sont allées préparer la toilette mortuaire, ils ont constaté des choses assez bizarres.
Surpris, ils ont fait appel aux dames chargées d’effectuer les toilettes mortuaires pour les femmes décédées. Et lorsque ces dernières ont enlevé le linceul qui couvrait le corps, ils ont découvert que plusieurs parties du cadavre avaient été coupés et emportés, dont les doigts et les orteils, en plus du menton. Du coup, l’inhumation a été retardée, les responsables de la morgue convoqués et la police alertée. Des déclarations que le chef de la morgue a vainement tenté de minimiser. Car, selon Mamadou Sène, il s’agit plus d’exagération que de faits avérés. « Ici c’est moi le responsable, bien que je travaille avec des gens à qui j’impute certaines tâches. Quand j’ai été informé que des parties d’un corps qui était gardée ici ont disparu, je suis aussitôt venu m’enquérir de la situation. Mais j’ai vite constaté que des membres du corps du cadavre en question n’avaient pas disparu, mais que la défunte avait une blessure ancienne au menton. Je n’ai vu que des égratignures sur le corps qui était au tiroir numéro 4 », dira-til. Des propos qui contrastent clairement avec les déclarations des proches de la défunte. Lesquelles déclarations sont étayées par celles des dames chargées de la toilette mortuaire dans cette même morgue. Mieux, d’après ces dernières, ces pratiques sont courantes en ces lieux. « Notre grand-mère est morte naturellement chez nous. Et c’est moi même qui me suis occupée d’elle avant d’informer les enfants, puis le reste de la famille. Elle n’était ni blessée ni malade. Elle s’est éteinte dimanche soir après la prière du crépuscule Mais c’est lorsque nous sommes allées la voir ce lundi matin à la morgue où nous l’avions déposée la veille, que nous avons vu qu’il lui manquait des parties de son corps », révèle Sokhna Fatou Mbacké.
Abondant dans le même sillage, Daouda Mbacké, fils de la disparue de déclarer : « La vérité, c’est que nous avons déposé ici un corps entier que nous avons retrouvé démembré. C’est totalement injuste et aberrant pour notre défunt parent qui, toute sa vie durant, a été un exemple de paix et de piété. Maintenant, ce que nous voulons, c’est que toute la lumière soit faite sur cette affaire et que les responsabilités soient situées », peste Daouda Mbacké.
Pour sa part, Sokhna Mariama Thioye, une des laveuses de la morgue, confirme la version des proches de la défunte et révèle : « Ces pratiques ne sont pas nouvelles ici. Dernièrement, quatre corps venus de Touba Darou, Touba-Alieu, Kaolack, Dakar ont subi les mêmes atrocités. En tant que mères de famille, nous ne pouvons que dire la vérité. Pour cette affaire, quand j’ai moi-même été appelée par les proches de la disparue pour constater, j’ai effectivement vu des coupures sur différentes parties du corps », précise-t-elle. Mais dans tous les cas, une enquête a été ouverte par les éléments du commissariat urbain de Dianatoul Mahwa. Et déjà, un individu sur qui portent de sérieux soupçons a été entendu par les enquêteurs, hier lundi dans l’après-midi, sans être placé en garde à vue. Une affaire qui, très certainement, est très loin de livrer tous ses secrets.
«ON S’EST TOUS JETES SUR LUI POUR LE DESARMER»
Can 2002 : Souleymane Camara évoque la bagarre entre Coly et Pape Sarr
Recordman du nombre de matchs joués avec Montpellier (D1 France), Souleymane Camara a mis un terme à sa carrière de footballeur. Dans un entretien accordé à «L’Equipe», l’ex-international sénégalais a évoqué son parcours, mais aussi quelques moments chauds en sélection…Par exemple, il révèle la bataille rangée entre Ferdinand Coly et Pape Sarr, ses anciens coéquipiers chez les «Lions»
Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué ?
Il faut remonter loin… Je pense à Marcelo Gallardo, à mes débuts à Monaco. Lui, il m’a marqué. Techniquement, il était très fort, et surtout, tout ce qu’il faisait, c’était efficace. Quand il fallait éliminer, il éliminait. Quand il fallait passer, il faisait la passe. Moi, à l’époque, j’étais un jeune attaquant. Et c’était un vrai plaisir de jouer avec un meneur comme lui derrière soi. À mon poste, Marco Simone et Shabani Nonda m’avaient aussi beaucoup impressionné, j’essayais de m’inspirer d’eux et je leur demandais conseil.
Et le plus fort que vous avez affronté ?
C’est Ronaldinho, en premier. Il était au PSG, il n’avait pas encore vraiment explosé. Mais qu’est-ce qu’il était fort… Tout le monde le voyait. Ses appuis, c’était incroyable, impressionnant. Sinon, j’ai été bien marqué par Eden Hazard et Karim Benzema. Benzema, à Lyon, il était tout jeune, il avait 19 ans… Mais il jouait avant-centre, il n’avait pas peur et il savait tout bien faire. Fort techniquement. Ses déplacements, c’était du très haut niveau. Et il était très adroit devant le but.
Le joueur le plus méchant que vous avez rencontré ?
Rigobert Song. Alors lui, c’était… (il soupire) Très dur. Un jour, à Bollaert contre Lens, Ferdinand Coly fait faute sur moi. Je tombe, et Song vient me marcher dessus volontairement. Devant l’arbitre ! Il a pris rouge. Lui, il faisait genre qu’il ne faisait pas exprès, mais il était venu juste pour me marcher dessus. Dans le jeu aussi, il était très dur.
Le moment où vous vous êtes senti le plus seul ?
À Nice (2005-2007), après Monaco. Là-bas, ça s’est mal passé. J’avais signé quatre ans mais je n’étais pas bon du tout. Au bout de six mois, Frédéric Antonetti m’a demandé de chercher un autre club. Ça a duré comme ça deux ans. C’était très compliqué, les supporters m’insultaient, car je venais de Monaco. J’étais mal en rentrant chez moi. Heureusement que j’avais ma femme et mon fils aîné, à l’époque. À chaque fois que je jouais, je n’étais pas bon et je me faisais siffler… Et puis ma nature timide m’a amené à encore plus me refermer sur moi-même. J’avais honte d’aller en ville, c’était très compliqué. C’est à partir de là que je me suis pris en main, des gens m’ont beaucoup aidé, comme Éric Buracchi et Patrick Legain, un médecin et un préparateur physique que j’avais connus à Monaco. Ils m’ont fait travailler et m’ont permis de me relever.
Quel est le transfert qui a failli se faire ?
Benfica, en 2003. Mon agent avait tout calé avec eux. Didier Deschamps était même venu me dire que Giovanni Trapattoni, l’entraîneur de Benfica à l’époque, l’avait appelé pour parler de moi. Même le préparateur physique Antonio Pintus était au courant, c’était déjà fait, tout était réglé. Sauf que moi j’ai été le dernier au courant! Donc par principe, j’ai refusé, au dernier moment. Je n’avais pas aimé la façon de faire de mon agent. Il n’avait pas pris le temps de me demander mon avis… C’était le dernier jour du mercato en plus.
Votre plus beau but ?
Je pourrais citer une reprise de volée du gauche contre Toulouse avec Montpellier en 2009 (le 13 décembre). Mais je vais plutôt dire un but contre Caen, en 2017 (le 5 août, 1-0), l’année où le président Loulou Nicollin est parti. C’était le premier but depuis son décès (le 29 juin). C’était une tête piquée, normale. Mais le plus fort, c’était pendant la célébration. On jouait avec des maillots noirs, floqués «Loulou». J’ai montré le nom derrière le maillot, ce but était pour lui. Quand tout le monde est venu me féliciter, c’était un moment très émouvant. Loulou, c’était beaucoup plus qu’un président. C’était notre papa. Il nous engueulait, mais surtout, il nous aimait comme ses fils.
La plus grosse dispute à laquelle vous avez assisté ?
C’était plus qu’une dispute, une bagarre, lors d’un entraînement du Sénégal pendant la Coupe d’Afrique 2002. Il y avait une embrouille entre Ferdinand Coly et Pape Sarr, qui était quelqu’un de nerveux. Ferdi avait mis un coup à Pape, ils s’étaient chamaillés, et Pape était sorti du terrain. On pensait qu’il était allé bouder. Mais en fait, le mec était parti chercher un cairon ! Il est revenu sur le terrain avec ce parpaing caché dans son dos… Quand on s’en est rendu compte, on s’est tous jetés sur lui pour le désarmer. Il voulait le frapper avec ça ! C’était vraiment chaud, je ne l’oublierai jamais. Notre entraîneur, Bruno Metsu (décédé en 2013), savait faire la part des choses. Il nous laissait nous rentrer dedans, il nous laissait nous taper. Pour lui, ça voulait dire que le groupe vivait bien. Et après, sur le terrain, on était ultra solidaires, tous ensemble. Je me rappelle aussi qu’en pleine Coupe du monde 2002, Salif Diao et Lamine Diatta s’étaient battus à coups de poings dans le train (rires). Quelques jours plus tard, ils tapaient la France et se serraient dans les bras.
FICHE DU JOUEUR
Date et lieu de naissance (22 décembre 1982 à Dakar
Taille : 1,73 m, Poids : 74 kg
Début de carrière : 2001 AS Monaco (juillet 2001-janvier 2004),
Guingamp (janvier 2004-juin 2004),
Monaco (juin 2004-août 2005),
Nice (août 2005-juin 2007),
Montpellier (juillet 2007-juin 2020).
PALMARES
Champion de France en 2012 avec Montpellier.
Vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2003 avec Monaco.
35 sélections avec le Sénégal (7 buts)