SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
30 septembre 2025
Par Pape Samba Kane
RESSUSCITÉ, FAIDHERBE N'EN CROIRAIT PAS SES YEUX
Ce n’est assurément pas nous sénégalais, qui causerions quelque traumatisme à la France, si nous continuons à refuser de nous défaire de cette réputation de supplétifs du colonisateur
La débâcle française dans la bataille de Diên Biên Phu au Vietnam, en 1954, est un des plus grands traumatismes français sur la fin son aventure coloniale. C’est ainsi que s’est conclu le texte d’un documentaire vu sur la chaine Planète Plus, jeudi 6 août 2020, entre 15 et 17 heures.
Cette fameuse bataille, perdue par l’état colonialiste français, malgré l’Appel au secours entendu par la puissance impérialiste américaine, suivi de son intervention massive, signe la fin de la présence française au Vietnam ; et annonce l’indépendance de l’Algérie tout également arrachée par la force par le front de Libération nationale (Fln) à la France, qui s’accrochait à l’époque, avec l’énergie du désespoir, aux mamelles nourricières qui lui permirent, deux siècles durant - après la traite négrière qui le lui permit pendant quatre siècles - de tenir son rang de puissance mondiale ; et surtout de s’offrir un niveau et une qualité de vie que ses ressources propres n’eussent jamais pu lui offrir.
La traite négrière et la colonisation ne furent jamais rien, et avant tout, que des moyens d’enrichissement d’une immoralité criante, qu’il fallut laborieusement dissimuler derrière des paravents moraux, maquillés de philosophie, de religion, et d’oripeaux idéologiques disparates qui ne firent jamais vraiment illusion.
Dès que les premiers aventuriers blancs - qu’à l’école des Blancs on nous a appris à appeler «explorateurs» - ont mis le pied sur les continents africain, américain, asiatique, ils ont rencontré des résistances. Les expéditions militaires qu’ils annonçaient ont rencontré les mêmes oppositions aux desseins des états commanditaires. Et ils ont ici rusé, là maté, ailleurs massacré les populations autochtones résistantes - s’ils n’usèrent des trois armes simultanément - pour s’implanter ; afin de s’approprier tout ce qui pouvait ressembler à de la richesse. Et puisqu’il fallait durer, ils ont également entrepris, systématiquement, d’aliéner les esprits des autochtones. Et si les résistances multiformes rencontrées n’avaient pas été farouches, constantes, régulières, induisant des drames humains chez les colons, les divisant, les opposant entre eux, oppositions parfois sanglantes, sans parler des guerres de pénétration coloniales et des échos de leurs violences inouïes, traumatisantes en Métropole, jamais il n’y aurait eu d’abolition de l’esclavage, et ainsi, plus tard, de décolonisation.
Ces deux grandes étapes franchies, les sangsues insatiables se sont accrochées à quelque chose de moins formel que la colonisation, une politique plus sournoise, pour continuer de sucer le sang des anciennes colonies. C’est le néocolonialisme, presque exclusivement appliqué aux anciennes possessions d’Afrique noire, celles qui négocièrent leurs indépendances, parmi lesquels notre pays ... - ces indépendances dont Alpha Blondy a dit dernièrement dans une intervention télévisée, qu’elles ne furent qu’un «transfert de compétences», une délégation de pouvoirs administratifs, dirions-nous. Il ne s’agit pas, ici, de refaire l’histoire, elle est d’ores et déjà faite, et bien des questions soulevées autour restent, encore aujourd’hui, sans réponses définitives.
Entre la France épuisée et traumatisée par les issues toujours humiliantes pour elle des guerres de libération et rusant avec ce qui restait de son empire - principalement en Afrique - pour en contrôler les élites suite à des «indépendances octroyées» - « si vous voulez l’indépendance, prenez-la !», avait aboyé le général de Gaulle en août 1958, sur La Place Protet de Dakar» -, et le «réalisme politique» sûrement trompeur de ces mêmes élites acceptant d’entrer dans un jeu dont les règles - Pacte colonial, Accords de coopération, de défense et autres - avaient été écrites sans leur avis, s’insèrent mille autres questionnements, non élucidés également. Le résultat est cependant, là, sous nos yeux, depuis soixante ans, désastreux.
Les entreprises françaises qui, sous la colonisation s’appelaient Maurel et Prom ou Comptoir français d’Afrique occidentale, se nomment aujourd’hui Eiffage, total ou Areva, ou suez. Une des règles non écrites du Pacte, devait être qu’il fallait maintenir nos nouvelles nations dans un état d’arriération chronique - économique, bien sûr, mais aussi culturelle. Tous les spécialistes des questions de développement, entraînant le grand public dans leur sillage, s’accordent, quand il faut mesurer cette arriération économique, pour brandir une comparaison entre notre pays et la Corée du Sud ou le Vietnam qui, au moment où nous accédions à l’indépendance, étaient au même niveau de développement que nous, et qui, aujourd’hui et depuis longtemps, nous ont laissés loin dans les abysses du classement. Et généralement, nous inclinons à nous en imputer l’entière responsabilité, avec des arguments soutenus par des imputations et des indexations vexantes dont nous ne nous rendons pas toujours compte qu’elles sont nourries par les présupposés généralisateurs et le pathologique sentiment de supériorité de l’oppresseur intéressé, «civilisateur» autoproclamé, qui avait besoin de se croire «meilleur homme» que nous et de nous le faire croire. Il s’agirait de notre paresse congénitale, de notre inclination à la jouissance, et j’en passe. Oubliant les règles du jeu, controuvées, que nous évoquions tantôt, et qui ont beaucoup, sinon tout à voir avec la peine que nos états éprouvent à se développer.
Également, pendant des siècles, un conditionnement psychologique systémique a insidieusement gangréné notre jugement sur nous-mêmes. Depuis nos indépendances, dans les années 1960, pendant que les grandes puissances étaient occupées par la Guerre froide, et que l’Afrique noire francophone était laissée au plan géopolitique à la «gestion» quasi exclusive de son ancien colonisateur, cette dernière, excessivement gourmande et de courte vue, n’a jamais cru devoir combiner ses intérêts bien compris avec une intelligence stratégique qui lui aurait rappelé que «tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse». Sinon qu’à force de l’étrangler pour en tirer des œufs au forceps, sa poule aux œufs d’or risquait de rendre l’âme. La France, qui avait besoin de main-d’œuvre - seulement parce que le travail forcé n’était plus possible - a maintenu sciemment nos Etats en situation de ne pouvoir offrir du travail à leurs habitants, pour favoriser une émigration ouvrière et manufacturière laborieuse chez elle. Entre autres politiques mesquines, bien évidemment ! C’est cette courte vue seule qui explique qu’après quatre cents ans de présence, dont les soixante dernières en position presque exclusive de puissance partenaire sur le terrain de la coopération au développement, la France n’a même pas construit - ou participé à construire - une usine de fabrication de vélos chez nous. A la place, des savonneries, brasseries et autres fabriques de babioles ...
Chaque fois que j’en parle, je ne peux manquer de penser que c’est grâce à l’Iran, moins développée que la France, et dont la coopération avec notre pays n’est pas vieille, qu’on monte, depuis le début des années 2000, des voitures à Thiès ; et que si nous avons aujourd’hui un aéroport digne de ce nom, c’est grâce aux saoudiens pour le commencer et à la coopération avec la Turquie pour le finir. - N’en jetons plus ... Mais le colonisateur, nous l’avons suggéré tantôt, a tôt fait de nous apprendre l’autoflagellation. D’où cette propension - séculaire comme sa présence - que nous avons à accepter ces tares dont il nous a affublés avec une condescendance insupportable, surtout pour justifier son entreprise funeste d’aliénation-asservissement-exploitation, sans réserve aucune. De sorte que, malgré Senghor et sa négritude, malgré Nkrumah et son panafricanisme, malgré Cheikh Anta Diop et son fédéralisme, malgré Cheikh Ahmadou Bamba, il existe encore dans nos pays, surtout chez les intellectuels et les politiciens, des légions entières de nos frères, victimes des embrigadements psychologiques du colon qui, dès qu’on touche à un fil de l’échafaudage qui lui permet de perpétuer sa domination polymorphe, se dressent comme un seul homme pour sa défense.
Notre littérature foisonne de scènes et de personnages qui illustrent le caractère tragi-comique de cette situation et de ceux qui l’entretiennent. Ainsi, Malick Fall, dans son inaltérable roman La Plaie, nous conte à sa façon, inénarrable, la révolte de son personnage principal, le fier Magamou, contre ces éreinteurs indigènes de l’Afrique et des Africains : « Il détestait ces otages dressés à vilipender l’ Afrique», écrit-il ; car « c’était dans ce lot de privilégiés que se recrutaient les plus assommants pourfendeurs des coutumes africaines» . Et pourquoi donc, ces otages se flagellaient-ils ? La réponse du romancier sonne comme un coup de fouet : «Pour une coupe de champagne à un cocktail ou un bout de chaise à un dîner»(P. 48 et 49). Je ne vais pas hésiter à le dire, rien n’a changé depuis 1967, année de la première publication de ce roman. Aujourd’hui encore, certains intellectuels pensent à leur prochaine demande de visa, quand ils prennent position sur une question qui interpelle la France ... sournois, le néocolonialisme est plus difficile à combattre, puisqu’il est le prolongement de la politique d’aliénation sur des sujets dont la vigilance est maintenant distraite, trompée par l’illusion de l’autonomie politique et culturelle, alors que la simple et élémentaire réciprocité dans le traitement de la question des visas ne peut être appliquée par notre pays à l’ancien colonisateur. Il y a près d’une année, en octobre 2019, dans une déclaration sur les ondes de RFI, le ministre de l’Intérieur sénégalais Aly Ngouye Ndiaye, annonçait, « pour des raisons de réciprocité et de sécurité » le rétablissement de l’obligation du visa d’entrée au Sénégal pour, entre autres Européens, les ressortissants français.
C’est l’ambassadeur de France chez nous, Philippe Lalliot, par une sortie dans la presse sénégalaise, agissant en véritable proconsul, qui a mis fin à cette velléité d’autonomie, en affirmant que ce n’était pas dans l’intérêt de notre pays. Depuis, on n’en entend plus parler. L’ambassadeur de France, gardien de nos intérêts, mieux que notre gouvernement ? On croit rêver. Toute cette politique de domination que nous venons de survoler, depuis les premiers pas des premiers aventuriers européens, ne repose que sur le sentiment de supériorité d’une race sur d’autres. Et l’on ne peut trouver meilleure définition du racisme...
C’est cela, quand tout ce que je viens de dire n’est plus, depuis longtemps, qu’une évidence aveuglante - même pour les enfants -, et quand, dernièrement, la tragique affaire George Floyd est venue donner un de ces coups d’accélérateur dont l’histoire a le secret, mobilisant le monde entier dans une révolte contre les injustices induites - qui fait que je ne comprends pas qu’il y ait encore un ancien colonisé qui puisse s’opposer à ce qu’on remette la statue de Faidherbe dans un musée, ou que l’on songe à débaptiser ces nombreuses rues et avenues dont vous ne trouverez aucun équivalent africain en France. «Rue Aline Sitoé Diatta», martyrisée par la france coloniale, dans un coin de Paris par exemple ! Ou Avenue Samory Touré, et d’autres et d’autres encore du foisonnant martyrologe colonial en Afrique, pour expier les péchés de la colonisation, qualifiée pourtant, de « Crime contre l’humanité» par le président Macron, le 15 février 2017, à Alger ?
Impensable, bien sûr - parce que nous, on se contente de mots pour solde de tout compte ! Ou … ? tiens donc ! Qu’on rende la statue de Faidherbe à la France, propriétaire et fabricant, qui aujourd’hui, entreprend de nous refourguer les emblèmes qu’elle a pillés durant cette longue et sombre période de notre histoire, oubliant que dans les mêmes conditions, pendant que se perpétuait le «crime contre l’humanité», des tonnes d’autres richesses inaltérables, comme des blocs d’or et de diamant, étaient soustraites. Si cet élan autocritique de l’actuel successeur des Rois de France n’était pas qu’hypocrisie, il fallait, à défaut de nous les rendre, qu’on en parle au moins.
Plutôt que de se la jouer premier soutien de nos pays qui, aujourd’hui, tendent la main pour l’annulation de la dette africaine … Dette injuste, elle-même inscrite dans ce rapport de force défavorable que tente de renverser - avec ses moyens - cette jeunesse africaine sans «complexes de colonisé», porteuse de ce «sentiment anti-français» qui, oh surprise, semble étonner, sinon énerver Emmanuel Macron, au point qu’il ait convoqué à Pau, en janvier 2020, les chefs d’état du G5 sahel pour leur demander d’y mettre fin. Et ils y ont tous couru se faire sermonner. C’est encore cela notre histoire avec le colonisateur. Histoire qu’il ne s’agit pas de faire semblant d’oublier en débaptisant des rues, oh non !, mais d’arrêter de célébrer, comme avec cette inscription sur la stèle qui porte le fantôme métallique de l’ancien gouverneur du Sénégal : «à Faidherbe le Sénégal reconnaissant».
Comme si nous ne savions pas ce que ce général de l’armée coloniale française - exclusivement pour le triomphe, la puissance, la richesse, la gloire de son pays et le confort des bourgeoisies françaises - a commis d’atrocités, de pillages et d’abus moraux imprescriptibles qui, depuis plusieurs semaines, par des intelligences reconnues, des intellectuels de haut niveau, nous sont rappelés avec rigueur et pertinence ; surtout avec un sens de la mesure dont je serais incapable, si je devais me lancer dans le même sinistre inventaire des exploits de Léon-Louis Faidherbe. Lui-même, ressuscité, n’en croirait pas ses yeux de lire ça : « Reconnaissant ! » Ce n’est assurément pas nous sénégalais, qui causerions quelque traumatisme à la France, si nous continuons à refuser de nous défaire de cette réputation de supplétifs du colonisateur (tirailleurs sénégalais, fut une appellation générique loin d’être innocente ...) et de ses continuateurs, pour nous mettre à son service chaque fois que l’ancien maître fait face à la moindre fronde.
LA POMME DE DISCORDE AU SEIN DE LA MAGISTRATURE
Un conflit générationnel secoue la magistrature. Anciens et jeunes magistrats se regardent désormais en chiens de faïence. Immersion au coeur de cette bataille qui n'en finit pas
Un conflit générationnel secoue la Magistrature. Anciens et jeunes magistrats se regardent désormais en chiens de faïence. Le Témoin a cherché savoir les vraies raisons de ce conflit.
Depuis quelques temps, la magistrature est secouée par un conflit générationnel. Jeunes et anciens se livrent une guerre à fleurets mouchetés. Une situation qui a poussé le magistrat Ousmane Kane, premier président de la Cour d’Appel de Kaolack, à démissionner de l’Union des Magistrats du Sénégal.
Dans un document qu’il avait adressé mercredi dernier au président de l’Ums, Souleymane Téliko, le magistrat avait livré les raisons qui ont motivé sa décision. «Le combat pour le changement du système ne sera pas gagné par I’Ums seule, encore moins par des invectives à l’endroit des magistrats de la hiérarchie qui ne sont pas euxmêmes à l’abri d’abus de ce système dont j’ai été moi-même victime déjà en1994», avait il fait remarquer.
Mieux, il dénonçait le manque de respect dont les magistrats de la hiérarchie font l’objet de la part des jeunes magistrats. « Les chefs de la hiérarchie judiciaire (sont) conspués et insultés par des collègues dont ils ont contribué à la formation », avait relevé le président Kane. Et ne pouvant plus supporter ces invectives, il avait choisi de partir de l’Union des magistrats du Sénégal. «En ce qui me concerne, ne pouvant plus supporter ces insultes, je vous présente ma démission de I’Ums », avait-il déclaré, avant de donner un conseil à ses collègues. « Il serait d’un apport décisif si les magistrats apprenaient à respecter la hiérarchie », suggérait-il.
La prolongation de l’âge de retraite, la pomme de discorde
Suite à sa démission, votre interlocuteur a pris langue avec certains magistrats pour connaître les dessous du conflit entre anciens et jeunes magistrats. « La prolongation de 3 ans pour certains notamment les Chefs de Cour, les rend vulnérables, car la perte de la position y donnant droit, entraîne la retraite avant terme. C’est cela la vraie raison de ce conflit dit générationnel », nous soufflent des sources au sein de la magistrature. Car si ces magistrats triés sur le volet peuvent exercer jusqu’à l’âge de 68 ans pour prendre leur retraite, il n’en est pas de même pour la grande masse contrainte d’ôter la toge trois ans plus tôt. Bien évidemment, du fait de cette sucette offerte par l’Exécutif, les magistrats font tout pour être nommés chefs de juridiction et, s’ils y parviennent, s’accrochent pour ne pas être démis de leurs fonctions. Ce que sachant, l’Exécutif leur fait faire à peu près tout ce qu’il veut !
Poursuivant, nos sources pensent que la Justice a perdu les grands Hommes comme feu Cheikh Tidiane Diakhaté, « qui était un manager hors pair, un grand cœur qui recevait tout le monde, surtout les jeunes Magistrats. « Lorsque Cheikh tidiane Diakhaté était Premier Président de la Cour d’appel, il parvenait à gérer toutes les situations », témoignent nos sources. Lesquelles pensent que « l’actuel Premier Président de la Cour suprême, Cheikh tidiane Coulibaly, est un grand Magistrat qui a ce qu’il faut pour redresser les choses. » « si l’autorité exécutive l’appuie et le laisse gérer le corps, le Président Cheikh Tidiane Coulibaly a toutes les capacités pour réussir ce que le Président Cheikh Tidiane Diakhaté avait réussi », soutiennent nos interlocuteurs…
Par Moussa KAMARA
IMAM
C’était un régal de prier derrière l’imam Mouhamadou Lamine Sarr. Surtout le vendredi, l’aurore et le soir, des instants magiques où il déclinait les versets du Coran avec un art qui vous subjuguait. C’était le délice. Cette page est tournée.
Notre ami est parti. Notre vigie est partie. Une notabilité des HLM nous a quittés. Sa disparition a rempli de consternation toutes les générations. Adulé des jeunes et respecté de tous, notre imam, qui avait une façon unique de psalmodier le Coran, nous manquera assurément.
Imam Ratib, il était constamment sollicité dans la cité et ailleurs. Dans tous les évènements heureux et malheureux, il se devait d’être présent. Un homme donc multidimensionnel, d’une convivialité exceptionnelle qui nous a éduqués dans la voie islamique sans nous rabrouer, sans nous abaisser, sans cri ni fouet. Je me souviens encore de cette invitation, trente ans auparavant, à l’accompagner aux Parcelles Assainies pour une conférence.
Bien fringuée dans nos bazins, la délégation a été reçue et installée au présidium. Après des envolées, inévitables dans ce genre de conférences, l’imam m’interpela pour le ramener dans le vif du sujet. Désarçonné et très confus, mon silence pesant m’avait révélé mon ignorance. Et c’est à partir de cet instant là que je me suis mis, dès le lendemain de cette déconvenue, à corriger ce manque grave de culture islamique. Chacun de ses amis pensait cultiver des liens exceptionnels avec lui.
Depuis 1973, nous vivons ensemble. Certes depuis cette date, beaucoup d’évènements se sont naturellement produits mais l’imam Sarr a toujours été présent. Les gamins de l’époque étant devenus de vénérables chefs de famille, la plupart de leur progéniture a été baptisée par notre cher imam. C’est lui et d’autres dignitaires de la mosquée et du quartier qui ont été jusqu’à Kaolack demander la main de mon adorée épouse. Et c’est tout heureux qu’aujourd’hui je vois mon fils ainé collaborer avec les enfants de l’imam !
C’était un régal de prier derrière l’imam Mouhamadou Lamine Sarr. Surtout le vendredi, l’aurore et le soir, des instants magiques où il déclinait les versets du Coran avec un art qui vous subjuguait. C’était le délice. Cette page est tournée.
L’imam est donc parti mais nous a laissé ses frères et enfants qu’il avait bien préparés. En bons musulmans nous devons savoir que quand Dieu veut c’est inéluctable, Il prend. Les nombreux messages venus de partout attestent de la sympathie que tous éprouvaient pour notre très cher imam. C’est si vrai que chaque habitant peut recevoir les condoléances et atténuer sa souffrance d’avoir perdu une forte personnalité de sa cité.
UN JOURNALISTE FRANÇAIS REFOULÉ DE L’AEROPORT DE DIASS
La police des frontières lui a notifié un refus d’entrée sur le territoire sénégalais en application de la réciprocité à l’Union européenne (UE) qui a mis le Sénégal sur sa liste rouge du fait de la pandémie
Hier, un journaliste français a été refoulé à son arrivée à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd) alors qu’il voulait se rendre à Bamako (Mali) à partir de Dakar par la route. La police des frontières lui a notifié un refus d’entrée sur le territoire sénégalais en application de la réciprocité à l’Union européenne (UE) qui a mis le Sénégal sur sa liste rouge du fait de la pandémie.
Finalement, l’application de la réciprocité aux pays de l’Union Européenne (UE) est devenue une réalité. Pour marquer un grand coup dans cette réciprocité, le Sénégal a refoulé hier un journaliste français. Il s’agirait, selon certaines sources, d’un certain Yves, travaillant pour une radio internationale.
En tout cas, ce journaliste toubab s’est vu notifier un refus d’entrée sur le territoire sénégalais alors qu’il était juste en transit à Dakar pour pouvoir rallier Bamako (Mali) par la route. Ce, malgré la mesure de fermeture des frontières terrestres prise par la Cedeao. Toujours est-il que dès son arrivée à l’aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), nous souffle-t-on, le reporter français a été gardé en vue avant d’être jeté dans le premier vol d’Air France en partance pour Paris. Ce qui fut fait hier, jeudi 21 août 2020, aux environs de 23 heures.
Rappelons-le, le Sénégal fait partie des pays africains dont les ressortissants sont exclus de l’espace Schengen par l’UE à cause des mesures sanitaires dues à la Covid19. Pour exprimer sa colère face à cette injustice, le ministre du tourisme et des transports aériens Alioune sarr avait brandi l’arme de la réciprocité en annonçant la fermeture des frontières aériennes nationales aux ressortissants de l’espace Schengen. « Le principe de réciprocité sera applicable à tous les pays ayant pris des mesures à l’encontre du Sénégal », avait-il annoncé courant juillet dernier. Une application devenue effective depuis plus d’un mois mais qui a pris un éclat particulier avec ce refoulement d’un journaliste français. Comme un vulgaire migrant qui débarquerait à Roissy-Charles-de-Gaulle !
Par Mamadou Oumar NDIAYE
MALI, UN COUP D’ETAT SALUTAIRE
Au-delà des condamnations de principe et des gesticulations, pourtant, force est de reconnaître - c’est du moins le point de vue du marginal que je suis ! - que le coup d’Etat survenu mardi au Mali était parfaitement justifié
Les vertueux démocrates s’indignent. Condamnent. Réclament des sanctions mais aussi la pendaison haut et court voire la traduction devant la Cour pénale internationale (CPI) des auteurs du coup d’Etat survenu mardi au Mali.
La Cedeao montre les muscles et sanctionne déjà. L’Union Africaine a déjà suspendu le pays de toutes ses instances et menace de ses foudres. L’Union Européenne et l’ONU brandissent le bâton et s’étranglent. Au-delà des condamnations de principe et des gesticulations, pourtant, force est de reconnaître — c’est du moins le point de vue du marginal que je suis ! — que le coup d’Etat survenu mardi au Mali était parfaitement justifié. Et s’imposait au vu du blocage que connaît ce pays voisin depuis plusieurs semaines, plus exactement depuis que le Mouvement du 5- Juin, dirigé par l’imam Mahmoud Dicko, a engagé un bras de fer avec le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
Une crise dont l’élément déclencheur est constitué par les dernières élections législatives au Mali au cours desquelles 30 circonscriptions électorales gagnées par l’opposition…ont été attribuées sans autre forme de procès au parti présidentiel, le Rassemblement du peuple malien (RPM) par une Cour constitutionnelle aux ordres du président Keïta. Quelques semaines après le début de la contestation du M5, cette Cour constitutionnelle fantoche — dont on trouve l’équivalent dans tous nos pays hélas ! — était dissoute (de fait) et ses membres remplacés par d’autres plus convenables, en tout cas moins laquais du régime en place. Et alors que les manifestations de l’opposition, ou de ce qui en tenait lieu, le M5 en l’occurrence, étaient réprimées dans le sang, nos glorieux chefs d’Etat de la Cedeao sont intervenus pour…réaffirmer la légitimité du pouvoir de leur homologue IBK dont tout le monde voyait pourtant qu’il était nu !
A juste raison, le M5 a persisté dans son exigence de démission du président de la République « triomphalement » réélu il y a deux ans. Mardi pourtant, à l’annonce de son renversement, le même peuple malien qui l’avait plébiscité en 2018 est descendu dans la rue pour jubiler et acclamer ses tombeurs, les militaires de la garnison de Kati. Cherchez l’erreur… Une fois de plus, la CEDEAO, syndicat de chefs d’Etat parmi lesquels beaucoup d’illégitimes, ou en tout cas disqualifiés moralement, est passée à côté de l’Histoire.
Car enfin, quelle leçon de démocratie voulez-vous que des présidents grabataires comme Alassane Dramane Ouattara et Alpha Condé, qui ont tripatouillé les Constitutions de leurs pays pour briguer un troisième mandat quitte à verser le sang de leurs peuples, puissent donner au peuple malien ? De quelle autorité morale peuvent se prévaloir les présidents Macky sall et Mahamadou Youssoufi pour rappeler les principes démocratiques à ce même peuple ?
Le premier nommé n’a-t-il pas jeté en prison ses deux challengers potentiellement les plus redoutables à la présidentielle de 2019 pour être sûr de gagner ? Youssoufi n’en a-t-il pas fait de même pour son opposant Hama Amadou accusé de « trafic de bébés » et embastillé lui aussi à la veille de la dernière présidentielle ? Ouattara n’est pas en reste pour avoir lancé un mandat d’arrêt contre son ancien président de l’Assemblée nationale Guillaume soro, coupable d’avoir voulu se présenter contre son poulain finalement décédé. Certes, le président nigérien s’est quelque peu racheté par la suite en respectant la Loi fondamentale de son pays qui dispose qu’un président de la République ne doit pas faire plus de deux mandats. Comment donc moralement des chefs d’Etat aussi disqualifiés peuvent-ils espérer se faire entendre par les contestataires maliens ?
En se faisant les défenseurs d’une illusoire légitimité du président IBK, semblant oublier par là que la souveraineté appartient toujours aux peuples, nos chefs d’Etat de la glorieuse Cedeao étaient voués à l’échec dans leur tentative de médiation. Car le renversement d’IBK était une oeuvre de salubrité publique tellement l’homme a échoué dans sa mission sinon de développer le Mali, du moins de ramener la paix et la stabilité dans ce pays meurtri. Voire de nettoyer les écuries d’Augias de la corruption. Lorsqu’il prenait le pouvoir, la rébellion touarègue du MNLA et les islamistes d’Ansar Dine ne contrôlaient que le Nord du pays. Aujourd’hui, les djihadistes sont aux portes de la capitale après avoir conquis le Centre. Milices peules et Bambaras s’entretuent allègrement et les massacres communautaires se succèdent.
Un régime kleptomane
L’armée malienne mal entraînée, sous équipée, indisciplinée est en débandade depuis longtemps face aux forces djihadistes qui contrôlent désormais la plus grande partie du pays. Une armée qui compte plus de 100 généraux d’opérette parmi lesquels aucun, bien sûr, n’a gagné ses étoiles sur le champ de bataille. Ni sans doute pris part à ne serait-ce que des manœuvres militaires !
Des généraux salonnards qui sont à Bamako en train de faire du business tandis que leurs troupes se font massacrer par les combattants islamistes. A coups de surfacturations, voire de listes falsifiées, les primes destinées aux hommes sur le front sont allègrement détournées par la hiérarchie. On a parlé à ce propos d’un détournement de 40 milliards de francs. Quant aux armes destinées à la troupe, le président IBK a confié le soin de les acheter à un homme d’affaires ivoirien, un certain Kagnassy qui, à coups de surfacturations lui aussi, s’est fait énormément de blé, livrant des équipements inutilisables à l’armée malienne. Condamné par la justice malienne en première instance après qu’un très intègre magistrat, Malick Coulibaly, eut rouvert le dossier, le sieur Kagnassy a été miraculeusement blanchi en appel et grassement indemnisé. tiens, tiens, à propos d’homme d’affaires ivoirien, ça ne vous rappelle pas un certain Adama Bictogo, grassement indemnisé lui aussi… mais au Sénégal.
Pour en revenir au sieur Kagnassy, son avocat a été, cerise sur le gâteau,…nommé ministre de la Justice à l’issue de la médiation de la Cedeao. En remplacement de l’intègre Malick Coulibaly. Défense de rire ! Conséquence : pour la première fois sans doute au monde, on a vu des procureurs refuser de collaborer avec la Chancellerie ! (Lire en page 2). s’agissant de l’Armée, toujours, deux hélicoptères qui lui étaient destinés n’ont jamais volé une fois livrés au pays de soundiata Keïta. Le régime du président Keïta était devenu kleptomane, faisant main basse sur toutes les ressources du pays. tandis que les Maliens s’enfonçaient dans la misère, des fortunes scandaleuses se sont constituées. « Conseillé » par son ami français Michel tomi, propriétaire de casinos et de salles de jeux et dont la presse française avait révélé à l’époque qu’il lui avait offert plein de costumes après avoir financé sa campagne électorale, IBK a commandé un vieil avion de commandement là aussi très largement surfacturé. Notoirement incompétent, fainéant, débordé par sa famille, notamment son fils Karim au centre de toutes les magouilles, IBK était devenu un président fantôme. Ainsi allaient les affaires au Mali sous le règne du président renversé mardi dernier.
Encore une fois, l’armée elle-même était gangrenée par la corruption et…le trafic de drogue. Dans ces conditions, évidemment, il n’est pas étonnant que le régime vermoulu du président IBK se soit effondré. Et ne le pleureront sans doute que les vertueux et hypocrites démocrates, des ONG à la solde de l’Occident ainsi que les syndicats de chefs d’Etat que constituent l’Uemoa, la Cedeao et l’UA. Une Cedeao dont j’ai dit dans ces colonnes tout le mal que j’en pensais lors de la crise postélectorale en Gambie ayant abouti à l’intervention du président Macky sall pour chasser Yaya Jammeh.
Pour le reste, évidemment, les peuples africains ne peuvent qu’être satisfaits à chaque fois qu’un des kleptocrates qui les gouvernent est renversé. Les élections ne pouvant les renverser, la rue ou…l’Armée demeurent donc désormais les seuls arbitres pour débloquer les situations. Pour le meilleur ou pour le pire, hélas ! Espérons seulement que la junte qui a renversé IBK fasse mieux que Amadou Haya Sanogo qui avait renversé un autre président malien démocratiquement élu, Amadou Toumani Touré « Att ». Et qu’elle se contentera de faire une transition la moins longue possible pour rejoindre les casernes à l’issue d’un scrutin dont on espère qu’il sera enfin transparent…
AU-DELA DE LA GESTION DE LA CARRIERE DES MAGISTRATS, LIMITER LE POUVOIR DU PROCUREUR
Au-delà de la gestion de la carrière des magistrats, l’indépendance de la justice, avec le retrait de l’exécutif et du Garde des Sceaux du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), est un gage pour une grande confiance des justiciables en leur justice
Au-delà de la gestion de la carrière des juges, la sortie de l’exécutif (le Président de la République et le Garde des Sceaux) de la gestion du Conseil supérieur de la magistrature (Csm) traduirait aussi la non immixtion du ministère de la Justice dans les affaires judiciaires, en passant par le parquet. Une meilleure gestion des dossiers judicaires en sera le résultat, ont jugé à plusieurs occasions, des acteurs de la justice et des défenseurs des droits de l’homme.
Au-delà de la gestion de la carrière des magistrats, l’indépendance de la justice, avec le retrait de l’exécutif et du Garde des Sceaux du Conseil supérieur de la magistrature (Csm), est un gage pour une grande confiance des justiciables en leur justice. Dans des procès qui se sont tenus et impliquant de grandes célébrités, des citoyens ont souvent comme impression que la justice n’a pas été bien rendue. Mieux, ce sont parfois les acteurs même de l’appareil judiciaire qui décèlent des failles dans la manière de rendre les décisions. Cet état de fait, le président de l’Union des magistrats de Sénégal (Ums), Souleymane Téliko, l’a regretté à plusieurs occasions. Pour lui, un magistrat du parquet ne doit pas avoir d’ordre à recevoir du ministère.
Dans ses toutes dernières sorties au jury du dimanche, il l’a réitéré. «Dans l’articulation des rapports entre la Justice et l’exécutif, il y a deux impératifs qu’il faut tenir en compte. Le premier, c’est de reconnaître à l’exécutif tous les pouvoirs, toutes les prérogatives nécessaires à l’organisation du secteur de la Justice. Le second impératif, c’est de faire en sorte que l’exercice de ce premier pouvoir, dévolu à l’exécutif, ne conduise pas à remettre en cause l’indépendance de la Justice». Il ajoute : «c’est là où il y a un problème au Sénégal. Le premier, c’est le parquet. Tel que c’est fait, le ministre a la possibilité de s’immiscer dans les affaires judiciaires. Le parquet est une autorité judiciaire qui a des attributions juridictionnelles, qui peut ordonner des arrestations, requérir le mandat de dépôt, exercer des voies de recours qui maintiennent la personne en détention. Quand vous mettez une telle autorité sous la subordination de l’exécutif, indirectement vous donnez à l’exécutif la possibilité d’avoir une influence sur le traitement des affaires judiciaires».
A cette occasion aussi, M. Téliko avait reconnu des manquements dans le procès de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. «La Cour de justice de la Cedeao a effectivement considéré que dans l’affaire Khalifa Sall, par exemple, il y avait eu une violation d’un des principes qui garantissent cette justice équitable, c’est notamment la présomption d’innocence et les droits de la défense», a-t-il soutenu. Il trouve, par ailleurs, que cette situation pouvait être évitée. «Le Sénégal a toutes les ressources humaines de qualité qui ont été bien formées et qui peuvent nous épargner ce genre de déconvenue parce que c’est une déconvenue pour la justice sénégalaise».
Les manquements notés et qui sont à l’origine de la privation de libertés des citoyens ont poussé le président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh), Assane Dioma Ndiaye, à plaider pour une instauration d’un juge de la détention et des libertés. «Je pense que ça va être un moyen d’amoindrir les pouvoirs exorbitants du Procureur ; mais ça va donner l’impression d’une procédure beaucoup plus juste et équitable».
Le directeur exécutif d’Amnesty international section Sénégal, Seydi Gassama, est également du même avis. «Le seul vrai pouvoir, c'est celui du président de la République qui a tous les moyens de pression et de manipulation sur les juges», disait-il, après la condamnation du maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall.
Par Anta FALL
MAME BABACAR, TU VAS ME MANQUER
En Grand Homme tu es venu et un Grand Homme tu resteras ; tu n’es pas « mort », ton esprit vit toujours à travers la flamme du Groupe Sud Communication.
Ce 26 juillet 2020, tu as emporté jalousement avec toi tous ces moments que tu savais rendre si légers grâce à ta rare générosité. Oui, tu maîtrisais l’Art de la Pointe (Calame) à merveille et tu savais frapper là où il fallait et comme il fallait.
Ta carrière l’a prouvé : Aujourd’hui tous saluent le risque que tu as pris dans un Sénégal balbutiant encore sa démocratie de lancer la première radio indépendante : Sud FM.
En Grand Homme tu es venu et un Grand Homme tu resteras ; tu n’es pas « mort », ton esprit vit toujours à travers la flamme du Groupe Sud Communication. Un feu que toi et ceux qui ont eu l’ « outrecuidance » de t’accompagner avez allumé et que les jeunes journalistes d’aujourd’hui continuent de nourrir par la fougue et d’attiser par la fraîcheur du vent de leur jeunesse. En pionnier tu t’es hissé au sommet de la pyramide de la presse africaine tel un baobab surplombant et veillant sur la savane.
Ton amour pour la liberté reste et restera pour toujours la colonne vertébrale de la presse sénégalaise, qui, après tout, n’est en grande partie, que fille de la souche de tes pensées et de ton âme si généreuse. Ce Grand Homme que tu étais tu ne l’étais pas avec nous, tes petits-enfants. Ces souvenirs soit me consolent, soit me torturent et je ne sais pas si je dois rire ou pleurer en entendant tous les témoignages de ta bonté et de ton accessibilité auprès de tous ! Ô que je te regrette aujourd’hui, ta bonhomie, ton humour, ta gentillesse vont grandement me manquer !
Le seul grand-père biologique que j’ai eu la chance de côtoyer et qui était une véritable source de motivation pour moi et certainement pour tous ses neveux et petits-enfants. Jamais tu n’as hésité à te mettre à notre hauteur, tellement que certains d’entre nous ne se rendaient même pas compte de ce que tu représentais pour le Sénégal, pour l’Afrique. Mieux vaut tard que jamais : la Maison de la Presse Sénégalaise portera à présent ton nom ! Je te remercie de m’avoir inspirée et de m’avoir insufflé ta droiture, ton honnêteté, ta franchise, ta rigueur, l’amour de la paix et de la culture, des peuples et de leur liberté ! De défaut, je ne t’en trouvais pas, mais aujourd’hui je l’ai trouvé.
Cruellement et sans aucun scrupule, le Temps m’a rappelé que tu étais mortel. Je ne sais pas si du haut de mes 20 ans il m’est permis de prétendre à marcher sur tes pas. Néanmoins je peux me hisser sur tes épaules et me servir de tout ce que tu m’as offert pour grandir et devenir meilleure. Je revois encore l’éclat de ton visage à l’annonce de ma réussite au concours d’entrée à Sciences Po Saint-Germain en France ! « Nous sommes des nains juchés sur les épaules de géants. » Cette citation de Bernard de Chartres n’est pas une manière de se dévaloriser mais plutôt une métaphore de la quête du savoir.
Tout comme Socrate était conscient avec humilité qu’il ne savait presque rien, nous nous devons conscients de n’être que des nains de savoir juchés sur les épaules des savants qui nous ont précédés. Juchés sur les épaules de ces géants, nous les nains avons le pouvoir de voir encore plus loin que ceux qui nous ont précédé grâce à leur précieux héritage brillant et savant. Lisant tes écrits et grimpant de plus en plus haut sur les branches du Baobabacar, peut-être qu’un jour je verrais aussi loin que toi ?
Anta FALL
VIDEO
UN PRÉSIDENT DE TRANSITION CIVILE OU MILITAIRE SERA MIS EN PLACE
La junte travaille pour la mise en place d'un conseil de transition dirigé par un président va
La junte qui a renversé le président malien Ibrahim Boubacar Keïta va mettre en place "un président de transition", qui sera "un civil ou un militaire", a affirmé, jeudi, son porte-parole dans une interview accordée à France 24.
Trois jours après le coup d'État militaire au Mali, la transition est en cours, assure la junte. Dans une interview exclusive accordée à France 24, son porte-parole, le colonel-major Ismaël Waguë, a affirmé que la junte était en train de rencontrer "des forces vives" de la société civile et de l'opposition, "pour mettre en place un conseil de transition avec un président de transition qui va être soit un militaire soit un civil".
Ismaël Waguë est le colonel-major qui a annoncé, en pleine nuit sur la télévision nationale, que l'armée avait pris le pouvoir. Chef d'état-major de l'armée de l'Air, considéré par ses pairs comme "rigoureux", il a appelé les Maliens à "vaquer librement à leurs occupations", les fonctionnaires à retourner au travail et demandé l'"arrêt des actes de vandalisme".
Interviewé par France24, Ismaël Waguë a rejeté le terme de "coup d'État" et a justifié l'intervention des militaires par les "souffrances" de la population et par les "dysfonctionnements dans l'armée", et une corruption "trop élevée".
Avec les autres militaires qui ont pris le pouvoir, ils ont instauré un Comité national pour le salut du peuple (CNSP) pour mettre en place la transition. Assimi Goïta qui s'est auto-proclamé chef de la junte est le nouvel homme fort du Mali. Le colonel de 37 ans commandait jusqu'alors le Bataillon autonome des forces spéciales et des "Centres d'aguerrissement", selon un communiqué publié par la junte. Par le passé, il a été engagé en opération extérieure au Darfour et a été décoré par la France et l'ONU.
"On n'est manipulés par aucun parti politique"
Quand Assimi Goïta a affirmé mercredi sa volonté d'assurer "la continuité des services de l'État", la coalition d'opposition du M5-RFP s'est dit prête à élaborer avec la junte une transition politique. Mais Ismaël Waguë assure auprès de France 24 "n'avoir aucun contact" avec le M5. "On n'est manipulés par aucun parti politique", a-t-il ajouté.
Le CNSP se compose également de Malick Diaw, le premier vice-président et Sadio Camara, le meneur d'hommes. Le colonel Malick Diaw est considéré comme le coordinateur de l'intervention des militaires qui a mené à la destitution du président Keïta. Il était avant le coup d'État adjoint du commandant de la zone militaire de Kati, dans la banlieue de Bamako.
De son côté, le colonel Sadio Camara exerce une emprise sur ses troupes qui apprécient sa "rigueur" et son "sérieux". Il a servi dans le grand nord malien et a encadré la Garde nationale. En détachement dans une école militaire à Moscou, il était en vacances à Bamako lors du déclenchement du coup d'État.
La progression fulgurante du virus de la Covid-19 à Ziguinchor affecte bien le personnel médical de la région. Sur les centaines de cas positifs détectés dans la région figure une bonne trentaine d’agents de santé touchés par la maladie.
Des infirmiers, aides-soignants et autres agents de santé qui ont choppé le virus et qui trainent la maladie de la Covid-19 dans la partie sud du pays. Une situation d’autant plus inquiétante que ce sont des agents de santé en premières lignes dans cette croisade contre la Covid-19 dans la région où la flambée des cas installe la psychose totale. Aujourd’hui l’inquiétude va crescendo dans la région qui enregistre chaque jour des cas positifs.
Une vingtaine de cas recensés en 48 heures dans la région où la maladie a bien installé ses quartiers. Et s’il y a une ville qui est en passe de devenir l’épicentre de la maladie dans la région, c’est bien la commune de Ziguinchor qui comptabilise plus de trois cent cas positifs sur les 420 que compte la région de Ziguinchor. Dans ce groupe de personnes atteintes de la Covid-19, depuis le début de la pandémie à Ziguinchor, figure un lot de 187 cas de la redoutable transmission communautaire détectés à Ziguinchor.
Les Centres de traitements épidémiologiques (CTE) des malades atteints de Covid-19 sises à l’hôpital Régional de Ziguinchor et au Stade Aline Sitoé Diatta débordés, certains malades sont traités à domicile. La flambée de cas positifs à Ziguinchor a même poussé les autorités municipales à établir une cartographie des cas selon les quartiers de la commune.
Sur les 36 quartiers que compte la commune de Ziguinchor, 30 sont touchés par la maladie et Boucotte Ouest, avec 35 cas positifs, reste le quartier le plus touché dans la commune, suivi des quartiers Escale et Lyndiane qui complètent tristement le podium des quartiers les plus infectés dans la commune de Ziguinchor. Une région sud où la pandémie étend bien ses tentacules.
UNE DECISION QUI IMPACTE LE SENEGAL
La fermeture des frontières terrestres et aériennes de l’espace Cedeao à l’Etat malien, entraînera un coût économique et commercial qui risque d’asphyxier la population malienne.
La fermeture des frontières terrestres et aériennes de l’espace Cedeao à l’Etat malien, entraînera un coût économique et commercial qui risque d’asphyxier la population malienne. Cette mesure induit également des contrecoups dans l’ensemble des pays de la Cedeao, singulièrement à l’économie sénégalaise dont le flux, très important concentre près de 70% des imports et exports maliens.
L a situation actuelle du Mali ayant amené des militaires putschistes à renverser le président Ibrahima Boubacar Keita, est plus préoccupante. Après plusieurs mois de contestations populaires, pour cause de mal gouvernance du pays, aux tueries et autres enlèvements dont le plus connu est celui de Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la démocratie (Urd) et chef de file de l’opposition malienne, le 25 mars dernier la situation politique et social devenait de plus en plus délétère.
Le coup d’Etat du 18 août 2020 a fait prendre à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) la décision de fermer toutes les frontières terrestres et aériennes avec le Mali, isolant ainsi un pays qui en est membre. Ce pays traversé par plusieurs crises depuis plusieurs années, consacre 22% de son budget à l’effort de guerre. Ses ressources sont essentiellement tirées des secteurs secondaire et tertiaire qui sont très peu développés. L’agriculture est en proie à la récurrence des cycles de sécheresse depuis les années 1970.
Les bas prix des matières premières sur le marché international (le coton par exemple concurrencé par l’Egypte) la hausse des coûts de production (intrants et carburants), font du Mali un pays à la balance commerciale déficitaire. La production aurifère est importante mais son secteur industriel étant peu développé. Le Mali importe une grande partie des biens de consommation principalement du Sénégal et des pays de l’espace communautaire.
La dette malienne est pesant, ce qui a amené les institutions de Breton Woods à faire adopter l’Etat malien des politiques d’ajustement structurel avec la privatisation de certains secteurs de l’économie (transport ferroviaire, distribution de l’eau et de l’électricité et récemment la Compagnie malienne pour le développement du textile).
Cette fermeture de frontières impacterait-elle seulement le Mali? Quelles conséquences au Sénégal avec qui le flux commercial est très important. Bamako est un partenaire stratégique du Port autonome de Dakar (Pad). «Le trafic du Mali représente 17 à 18 % du trafic du port de Dakar», révèle le directeur général du Pad Aboubacar Sadikh Bèye, dans le numéro 23 (nov-dec 2018) de «Tam-Tam du Docker», bimestriel édité et publié par du Port.
Mieux, d’après les statistiques du Port autonome de Dakar, le trafic avec le Mali a été multiplié par 10, en l’espace de 10 ans. Dans le même numéro dudit journal, le directeur général des Entrepôts Maliens au Sénégal affirmait ceci: «Quand tu prends les statistiques de 2002, on était à 500 000 tonnes. Aujourd’hui, on en est à 3 500 000 tonnes». En définitive, le Sénégal concentre 65 à 70 % des imports et exports maliens. Cela donne un trafic entre 400 à 500 camions par jour.