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12 juillet 2025
BARTHÉLÉMY DIAS DÉNONCE LA MORT D'UN MEMBRE DE SA SÉCURITÉ EN PRISON
Bassirou Diop faisait partie des 83 personnes arrêtées à Saint-Louis par la Brigade d’Intervention Polyvalente (BIP), lors de la campagne électorale pour les élections législatives.
Barthélémy Dias, maire de Dakar et figure de l’opposition sénégalaise, a annoncé avec émotion la mort de Bassirou Diop, membre de son équipe de sécurité. Ce dernier faisait partie des 83 personnes arrêtées à Saint-Louis par la Brigade d’Intervention Polyvalente (BIP), lors d’opérations qualifiées de « barbares » par l’opposition.
Bassirou Diop est la deuxième victime d’un épisode que Barthélémy Dias décrit comme une instrumentalisation des institutions et un acharnement contre l’opposition politique. « Ces décès symbolisent le coût humain inacceptable de la dérive autoritaire que subit notre pays », a déclaré M. Dias dans un communiqué empreint de tristesse et d’indignation.
L’opposant a également fait état d’une autre perte tragique, celle du père d’un des détenus, décédé en venant assister au procès de son fils. Ce double drame illustre, selon Dias, les conséquences directes de ce qu’il qualifie de répression politique orchestrée par le régime en place.
Face à cette situation, Barthélémy Dias a lancé un appel solennel pour la libération immédiate et sans condition de tous les détenus arrêtés à Saint-Louis, y compris les membres de son équipe de sécurité. Il a dénoncé les arrestations comme étant « infondées » et motivées par des objectifs politiques visant à museler l’opposition.
Ces événements interviennent dans un contexte où le Sénégal est marqué par des tensions croissantes entre le pouvoir et l’opposition. Les arrestations massives et les procès controversés contribuent à alimenter un sentiment d’injustice dans une partie de la population.
Dans son message, Barthélémy Dias a adressé ses condoléances aux familles endeuillées tout en appelant les citoyens épris de justice à se mobiliser pacifiquement. « Nous devons nous unir pour mettre fin à cette oppression et défendre la démocratie et la justice sociale », a-t-il conclu.
HANDBALL, L’ANGOLA SACRÉE POUR LA 16E FOIS DEVANT LE SÉNÉGAL
Les Angolaises, favorites de la 28e édition du championnat d’Afrique, ont tenu leur rang, en dominant les Lionnes en finale 27-18.
L’équipe nationale féminine de handball de l’Angola a remporté, ce samedi, à Kinshasa, son seizième titre de championne d’Afrique, en battant en finale, par 27 points à 18, celle du Sénégal qui se console avec la médaille d’argent comme en 1974 et de 2018.
Les Lionnes ratent encore la dernière marche pour se hisser au sommet du handball féminin africain.
Le Sénégal n’a toujours pas remporté le Championnat d’Afrique des nations féminin de handball.
L’Angola, favorite de la 28e édition qui se déroule depuis le 27 novembre à Kinshasa, a tenu son rang, en remportant sa seizième finales sur les dix-sept finales qu’elle a disputées dans cette compétition. C’est également son sixième titre de suite, depuis l’édition de 2016, jouée à domicile.
L’Angola participe au Championnat d’Afrique des nations féminin de handball depuis 1981. Elle a joué à ce jour 23 éditions de cette compétition et a gagné 15 de ses 16 finales.
Les Angolaises avaient été éliminées en 1991 en Égypte. Elles avaient pris la troisième place en 1996 au Bénin et en 2014 en Algérie.
DIOMAYE-WADE, LA POIGNÉE DE MAIN DE DOHA
En visite officielle au Qatar, le président de la République a accordé une audience à Karim Wade. Au menu des discussions selon la présidence : la situation politique, économique et sociale du Sénégal
En déplacement officiel au Qatar, le président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a accordé une audience à M. Karim Wade, ancien ministre de la République.
Les deux hommes ont eu des échanges constructifs sur la situation politique, économique et sociale du Sénégal, abordant divers enjeux importants pour l’avenir du pays.
Le chef de l’Etat s’est également entretenu avec M. Fahad Al-Sulaiti, Directeur fénéral du Qatar Fund for Development.
Selon une source officielle, les discussions ont porté sur la qualité exceptionnelle de la coopération entre le Sénégal et le Qatar, qui sera renforcée par un accroissement significatif des investissements qataris dans les secteurs prioritaires de la Vision Sénégal 2050. Une collaboration accrue entre les secteurs privés des deux nations a également été évoquée.
Outre le DG du Qatar Fund for Development, le président Faye a accordé une audience à M. Jared Cohen, président du Goldman Sachs Institute. Les sujets abordés concernaient les opportunités d’investissement au Sénégal, en mettant l’accent sur des projets structurants dans les secteurs clés de la Vision Sénégal 2050.
Ces rencontres traduisent la volonté ferme du chef de l’État de mobiliser des partenaires autour d’investissements stratégiques pour réaliser les ambitions du Sénégal en matière de développement durable et inclusif.
LE GRAND MALENTENDU CASAMANÇAIS
Le dialogue entre Elgas et Séverine Awenengo Dalberto dessine l'histoire d'une fiction administrative coloniale devenue revendication armée. L'échange éclaire les mécanismes complexes qui ont transformé une construction intellectuelle en conflit meurtrier
(SenePlus) - Dans un entretien accordé ce samedi 7 décembre 2024 à l'émission "Mémoire d'un continent" de RFI, l'historienne Séverine Awenengo Dalberto, chercheuse au CNRS et à l'IMAF, révèle la genèse et l'évolution complexe d'une idée qui a façonné l'histoire d'une région : l'autonomie de la Casamance. Son ouvrage "L'idée de Casamance autonome, possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal" (éditions Karthala) retrace minutieusement cette construction historique aux conséquences dramatiques.
L'histoire de la Casamance commence véritablement au XVe siècle, lorsque le voyageur vénitien d'Ammosto découvre un fleuve majestueux qu'il nomme "Casamansa", d'après le titre du souverain local du Cassa. Cette première trace écrite marque le début d'une longue histoire de singularisation territoriale. À cette époque, la région est morcelée entre différentes entités politiques, dont l'Empire du Gabou qui connaît son apogée aux XVIIe et XVIIIe siècles.
La construction administrative coloniale, qui s'opère à la fin du XIXe siècle, va profondément transformer cette configuration territoriale. Suite à des négociations complexes avec les Britanniques et les Portugais dans les années 1880, la France crée le "district des territoires de Casamance". Cette création administrative résulte d'un échec : l'impossibilité pour la France d'échanger avec la Grande-Bretagne ses comptoirs de Gambie, compromettant ainsi le rêve d'une Sénégambie unifiée.
L'invention d'une différence
L'administration coloniale développe rapidement un discours particulier sur cette région. La Casamance est décrite comme une terre "indomptable", dont les populations, particulièrement les Diolas, sont présentées comme "sauvages" et "anarchiques". Cette vision s'inscrit dans une ethnologie raciste de l'époque, portée notamment par Louis Faidherbe, qui établit une hiérarchie entre les différentes "races" du Sénégal.
L'Église catholique joue également un rôle crucial dans la construction de cette différence. Elle voit dans la Casamance une terre d'évangélisation unique au Sénégal, les populations animistes étant perçues comme plus "convertissables" que les populations musulmanes du nord. Cette perception religieuse contribue à forger l'image d'une Casamance distincte du reste du Sénégal, bien que la réalité démographique et religieuse soit plus complexe.
Un tournant majeur s'opère en 1914, lors de la visite du gouverneur général William Ponty. La chambre de commerce de Ziguinchor formule explicitement une demande d'autonomie, portée par une alliance inhabituelle entre colons français, métis portugais et créoles. Cette revendication, initialement administrative et économique, traduit déjà un imaginaire particulariste de la région.
La création du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC) en 1949 marque une nouvelle étape. Fondé par des intellectuels comme Émile Badiane et Ibou Diallo, formés à l'école William Ponty, ce parti ne réclame pas l'indépendance mais cherche à faire entendre la voix de la Casamance dans le jeu politique sénégalais. Une pièce de théâtre, "Bugolo", écrite par ces élites, participe à la construction d'un récit héroïque de résistance casamançaise.
Le pacte brisé et ses conséquences
L'alliance entre le MFDC et le Bloc Démocratique Sénégalais de Léopold Sédar Senghor en 1951 crée un sentiment de "dette morale". Les excellents résultats électoraux obtenus en Casamance par le BDS alimentent cette perception. Le référendum de 1958 sur la Communauté française constitue un moment critique : l'administration coloniale tente d'instrumentaliser les élus casamançais en leur promettant une possible autonomie en cas de vote favorable, une promesse qui restera lettre morte.
La transformation tragique de cette idée d'autonomie survient en décembre 1982, lorsqu'un nouveau MFDC, sous la direction de l'Abbé Augustin Diamacoune Senghor, entre en conflit armé avec l'État sénégalais. Diamacoune réinterprète l'histoire coloniale, affirmant détenir des "preuves formelles" d'une autonomie ancienne de la Casamance. Cette relecture de l'histoire, basée sur des "fragments d'archives" et de mémoire, sert à légitimer une revendication indépendantiste.
Le conflit qui s'ensuit a fait plus de 4000 morts en 40 ans, marqué par des combats acharnés, l'utilisation de mines antipersonnel et des déchirements familiaux. Cette guerre de basse intensité, selon les termes d'Elgas, trouve ses racines dans la construction historique complexe de l'idée d'autonomie casamançaise, née dans le contexte colonial et transformée au fil du temps par différents acteurs et circonstances politiques.
Comme le souligne Séverine Awenengo Dalberto, comprendre cette histoire permet de mieux saisir pourquoi, même parmi les Casamançais non indépendantistes, persiste l'impression d'une "histoire cachée". Son travail d'historienne, fruit de plus de vingt ans de recherches, met en lumière cette "histoire souterraine", celle des "possibles non-advenus" et des interprétations morales du passé, indispensable pour comprendre les tensions actuelles et, peut-être, contribuer à une paix durable dans la région, estime Egas.
Aujourd'hui, alors qu'un espoir de paix définitive se dessine, cette histoire complexe rappelle l'importance de comprendre les racines historiques des conflits pour mieux en appréhender les solutions. La Casamance, avec son potentiel de développement considérable, attend désormais que cette page douloureuse de son histoire puisse enfin se tourner.
LA JEUNESSE S'EMPARE DE LA BIENNALE
Une nouvelle génération, smartphone en main, envahit l'ancien Palais de Justice colonial, transformé en temple de l'art contemporain. Entre selfies et découvertes artistiques, ces jeunes sénégalais réinventent la façon de consommer l'art
(SenePlus) - La Biennale de Dakar, rendez-vous prestigieux habituellement réservé aux collectionneurs fortunés et aux connaisseurs, connaît cette année une métamorphose inattendue sous l'impulsion d'un nouveau public : la jeunesse sénégalaise. Le New York Times (NYT) décrit ce phénomène qui bouleverse les codes traditionnels de l'événement.
Au cœur de cette transformation, l'ancien Palais de Justice de Dakar, témoin majestueux de l'époque coloniale française, joue un rôle central. Ce bâtiment emblématique, fermé en 1992 par crainte d'effondrement, connaît une seconde vie en tant que principal centre d'exposition de la Biennale. Un symbole fort pour une manifestation qui entend redéfinir les rapports entre l'art contemporain et la société africaine.
La présence massive des jeunes visiteurs marque un tournant décisif. "C'est amusant, c'est gratuit, c'est beau et c'est tellement instagrammable", confie au journal américain Sokna Mbene Thiam, une lycéenne de 17 ans venue avec ses camarades de classe. Cette nouvelle génération, qui découvre souvent l'art contemporain pour la première fois, s'approprie l'espace avec une spontanéité rafraîchissante, transformant chaque visite en expérience partagée sur les réseaux sociaux.
Cette démocratisation de l'art trouve un écho politique fort avec le soutien explicite du président Bassirou Diomaye Faye, le plus jeune dirigeant élu d'Afrique. Lors de la cérémonie d'ouverture, il a prononcé des mots qui résonnent particulièrement auprès d'une population dont près des trois quarts ont moins de 35 ans : "L'art distrait, fait rêver et réfléchir ; il enseigne et éduque." Une vision qui rompt avec l'élitisme traditionnel des manifestations artistiques.
Sous la direction de Salimata Diop, commissaire franco-sénégalaise de 37 ans, la Biennale prend une dimension nouvelle. "L'ancien Palais de Justice a été construit pour représenter la justice écrasante de l'empire colonial français", explique-t-elle au quotidien américain. "Nous voulons que chacun se sente légitime pour entrer et habiter cet espace." Une mission qui semble accomplie au vu de l'affluence des jeunes visiteurs, qui arrivent équipés de perches à selfies et de stabilisateurs pour smartphones.
L'exposition, qui s'étend sur 4 000 mètres carrés, aborde les grandes questions qui traversent les sociétés africaines contemporaines. Le changement climatique, le chômage des jeunes et les défis de la migration sont au cœur des œuvres présentées. Des installations comme "Cotton Blues" de l'artiste franco-béninoise Laeila Adjovi explorent l'héritage de la colonisation et de la traite des esclaves, tout en faisant écho aux difficultés actuelles des cultivateurs de coton face aux bouleversements climatiques.
L'exposition a su créer des espaces d'intimité particulièrement appréciés des jeunes visiteurs. La "Bibliothèque haptique" du collectif Archive Ensemble transforme une ancienne salle d'audience en bibliothèque anticoloniale où les visiteurs peuvent étudier ou feuilleter des livres. L'installation "Vines" de l'artiste marocaine Ghizlane Sahli, avec ses fleurs et lianes tricotées, est devenue un lieu de prédilection pour les photos Instagram.
Cette popularité nouvelle n'est pas sans défis. Les médiateurs, parfois débordés, doivent rappeler les règles de base : ne pas toucher les œuvres, ne pas s'asseoir sur les installations, ne pas bloquer les entrées pour les photos. Mais pour Salimata Diop, ces difficultés sont le prix à payer pour une démocratisation réussie de l'art contemporain. "Pourquoi prenons-nous des selfies ? Pour s'approprier l'art", défend-elle, soulignant que "certains sont très touchés par les œuvres."
Le bâtiment lui-même participe à cette transformation. Autrefois symbole du délabrement du centre-ville de Dakar, l'ancien Palais de Justice est devenu un espace accueillant, avec ses carreaux vert et blanc rappelant les tissus traditionnels et ses rideaux évoquant les draps qui flottent dans les cours familiales de la ville. Il est prévu qu'il devienne un Palais des Arts permanent d'ici 2027, incarnant l'ambition de Dakar de s'imposer comme le cœur culturel de l'Afrique de l'Ouest.
La visite surprise du président Faye le mois dernier souligne l'importance politique de ce succès populaire. Comme le rapporte le New York Times, ce geste est perçu comme une reconnaissance de l'influence grandissante des jeunes électeurs dans la vie culturelle du pays. Cependant, rien n'est acquis pour l'avenir, ni le financement gouvernemental de la Biennale, ni même la pérennité de l'ancien Palais de Justice comme lieu d'exposition.
Cette incertitude n'entame pas la détermination des organisateurs. Comme le déclare Salimata Diop au quotidien new-yorkais : "Nous devons continuer à nous battre pour offrir une voix de l'Afrique qu'on n'entend pas assez dans le monde de l'art." Une bataille qui, à en juger par l'enthousiasme de la jeunesse sénégalaise, est en passe d'être gagnée.
CHANTER, C’EST MON DESTIN, MA PASSION, MON METIER…
Coumba Gawlo surnommée « la diva à la voix d’or », avec une vingtaine d’albums dans sa discographie, fête ses quarante années d’une vie artistique ponctuée de succès, d’émotion, mais également d’épreuves. Entretien…
Propos recueillis par Omar DIOUF |
Publication 07/12/2024
Voix d’Or du Sénégal à l’âge de 14 ans au Concours national de chant, plus tard Double disque d’Or et de Platine en Europe, Meilleure Espoir de l’Afrique de l’Ouest et Meilleure artiste de l’Afrique de l’Ouest aux Kora Awards, ambassadrice de bonne volonté du Pnud et de plusieurs organismes internationaux en faveur d’actions sociales et humanitaires, la chanteuse Coumba Gawlo peut s’enorgueillir d’une carrière musicale féconde. L’artiste surnommée « la diva à la voix d’or», avec une vingtaine d’albums dans sa discographie, fête ce mois de décembre quarante années d’une vie artistique ponctuée de succès, d’émotion, mais également d’épreuves. Entretien…
Que représentent 40 ans de carrière musicale pour vous ?
« Ces 40 années de carrière ont été jalonnées d’intenses moments de satisfaction et d’épanouissement, mais aussi de défis et d’épreuves. Une belle et exaltante aventure, mais parfois contraignante et éprouvante, vécue avec beaucoup d’émotion, mais aussi de fierté et surtout de gratitude et de reconnaissance. Je rends grâce à Dieu et me réjouis de l’affection et la solidarité pour ma personne, au Sénégal comme dans d’autres pays, durant ces quatre décennies de carrière, de musique, d’investissement dans le social et l’humanitaire. Cet événement sera célébré par des rencontres culturelles et artistiques, au Sénégal et dans d’autres pays africains, dans la diaspora sénégalaise en Europe, en Amérique, etc., dans le cadre d’un programme qui démarre le samedi 7 décembre, par un concert, à l’Esplanade du Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar ».
Quels sont les grands moments qui vous ont le plus marquée durant toutes ces années ?
« Il y a véritablement eu de grands moments. Très jeune, à l’âge de 7 ans, j’accompagnais ma mère, Adja Fatou Kiné Mbaye, dans ses prestations de chanteuse, faisant ainsi mes premiers pas dans la chanson. Ce fut ensuite le déclic, à l’âge de 14 ans, au Concours national de chant, Voix d’Or 86, que j’ai remporté, avec la chanson Soweto, écrite par mon père Laye Bamba Seck, en hommage à Nelson Mandela et aux enfants de Soweto, véritable cri du cœur contre l’apartheid.
Autres temps forts de ma carrière musicale, l’obtention de titres et distinctions : double disque d’Or et de Platine, Meilleur Espoir de l’Afrique de l’Ouest, Meilleure artiste de l’Afrique de l’Ouest aux Kora Awards, à Sun City, en Afrique du Sud. Je peux aussi évoquer les succès enregistrés sur l’échiquier musical, avec des albums comme Yomalé, Bine Bine, Pata Pata, entre autres, des prestations dans les grandes scènes du monde (Bercy, Zénith, Palais des Sports, Stade de France, etc.), aux côtés des plus grands chanteurs, le duo avec Koffi Olomidé pour ne citer que cet exemple, ma participation au Club des Enfoirés, initié par Coluche, des invitations sur les plus grands plateaux télé, etc.J’ai eu parallèlement à mes activités artistiques, des moments de communion, d’échanges et de partage avec des femmes en quête de leur autonomisation, parfois victimes de stigmatisation et de toutes formes de violences, au Sénégal, à Khossanto dans la région de Kédougou, au Burkina Faso, au Mali, au Niger, en Mauritanie, pour ne citer que ces pays ».
Un album, une chanson dans votre répertoire dont vous êtes le plus fière… ?
« Citer un album ou une chanson dont je serais le plus fière me semble difficile. De Soweto, en 1986, à Toc Toc Toc, en octobre dernier, en passant par Seytané, Yomalé, Bine Bine, Pata Pata, Khasseniya… Chaque chanson représente une part essentielle de ces 40 ans de carrière.Soweto m’a valu le titre de Voix d’Or du Sénégal en 1986. En 1998, le single Pata Pata de l’album Yomalé produit par le chanteur français Patrick Bruel a contribué à renforcer ma consécration sur la scène internationale, et fut hit de l’été 98 en Europe, avec un double disque d’or et un disque de platine.Sorti en 2018, l’album Terrou Waar a été classé peu après sa sortie, dans le Top 10 des meilleurs albums au monde sur ITunes. J’ai ensuite sorti la chanson Sant Rek, un single dans lequel, après une période de retrait de la scène musicale pour raison de santé, je rends grâce à Dieu, hommage à mes parents, au peuple sénégalais, à toutes les personnes qui n’ont jamais cessé de me soutenir au Sénégal, en Afrique et à travers le monde.
Ensuite, le single Soleil, en octobre 2023, un appel à un retour aux sources et à la résilience. Et en octobre dernier, le single Toc Toc Toc, réalisé par Gelongal, dédié à mes fans en hommage à leur fidélité. Toc Toc Toc comme pour dire que l’aventure continue.
Un concert, ou une tournée, vous a-t-il marquée particulièrement ?
« Dans le cadre de mon engagement pour la cause des enfants, des femmes et des démunis, je me suis rendue avec le Pnud, à Bouaké, en Côte d’Ivoire, en pleine rébellion, pour, à travers ma musique, contribuer à l’instauration de la paix définitive entre le Nord et le Sud, en convainquant des chefs rebelles à déposer les armes et à œuvrer pour la paix.En mars 2010, déplorant le peu d’actions provenant du continent africain en direction du peuple haïtien et consciente que la musique est le meilleur vecteur de communication, j’ai mis en œuvre l’initiative « Afrik for Haïti » à laquelle j’avais invité les plus grands ténors de la chanson africaine pour enregistrer, ensemble, une chanson commune écrite par Lokua Kanza à ma demande ».
Une collaboration musicale, une rencontre avec un ou une artiste dont vous vous souviendrez toujours ?
« « Afrik for Haïti » fut une belle expérience humaine et professionnelle qui a réuni des artistes musiciens de talent pour ensemble exprimer notre solidarité au peuple de Haïti, avec la participation de Oumou Sangaré, Wasis Diop, Sékouba Bambino, Lokua Kanza, Papa Wemba, Alpha Blondy, Youssou Ndour, Omar Pène, Baaba Maal, Aïcha Koné, Idrissa Diop, Ismaël Lô, etc. »
Quel mécène, bienfaiteur ou personnalité publique vous a le plus soutenu dans votre carrière ?
« Parmi ceux qui m’ont fait confiance et m’ont témoigné de leur attachement et leur confiance, je peux citer Maître Abdoulaye Wade qui, étant dans l’opposition, avait accepté de rehausser de sa présence un de mes spectacles au Théâtre national Daniel Sorano et dont j’apprécie l’affection paternelle comme en témoignent ses propos, lorsqu’il est venu chez moi, me présenter ses condoléances, suite au rappel à Dieu de mon père Laye Bamba Seck.Je peux aussi citer mon premier producteur Robert Lahoud qui a très tôt cru en moi, les réalisateurs Frères Gelongal, Papis et Samba, de regrettée mémoire, ainsi que Moussa, les parents, les amis et les proches, les musiciens, les techniciens, mes collaborateurs, les fans, la presse nationale et internationale… ».
Avec le recul, peut-on mesurer le rôle de vos parents, votre papa notamment, dans votre carrière musicale ?
« Mes parents m’ont mis le pied à l’étrier, m’ont motivée, coachée et accompagnée. À l’âge de 7 ans, j’accompagnais ma mère Fatou Kiné Mbaye, lors de ses prestations de chanteuse. Avec une rigueur toute paternelle, mon père m’a encouragée, soutenue et galvanisée. C’est avec la chanson Soweto qu’il a écrite que j’ai gagné, à l’âge de 14 ans, le Concours national de chant, Voix d’Or du Sénégal. Mes parents ont toujours été à mes côtés, avec moi, pour me motiver, m’encourager, me soutenir. Leur rôle a été déterminant dans ma carrière. »
Avec le temps, avez-vous des regrets ou remords par rapport à des choix dans votre trajectoire musicale ?
« On ne peut échapper à son destin. Le mien est de chanter : « Woy reka ma war » (Je suis tenue de chanter). Comme ne cessait de me le répéter mon père : « Da nga wara woy » (Tu dois absolument chanter). Je suis née pour chanter. C’est dire à quel point ce fut dur à supporter, mon retrait de la scène musicale pour raison de santé, de 2021 à 2023. Une épreuve que j’ai pu traverser par la Volonté divine, la foi, le soutien et la solidarité de mes parents, mes proches, mes amis, mes fans, mes musiciens, mes collaborateurs et le public au Sénégal, en Afrique et de par le monde ».
Après 40 ans d’expérience musicale, avez-vous toujours l’envie de continuer à chanter ?
« Entre la chanson et moi, c’est une longue histoire. C’est ma passion et mon métier. J’ai la volonté et la motivation, pour ne pas dire le devoir et l’obligation d’écrire de nouvelles pages de cette aventure, comme y invite ma nouvelle chanson Toc Toc Toc, réalisée comme tant d’autres de mes albums et singles par Gelongal. Je voudrais saluer la mémoire de Samba Mballo dit Bathie Gelongal, un frère, un ami, un confident, récemment arraché à notre affection, et avant lui Aziz Dabala, un fils et un proche qui a apporté ses talents en danse et en chorégraphe dans nombre de mes productions et prestations. Toutes nos pensées et nos prières à tous nos regrettés disparus ».
Si vous n’étiez pas artiste chanteuse, quelle autre profession aimeriez-vous exercer ?
« Je ne m’imagine pas exerçant une profession autre que celle d’artiste musicienne, auteure-compositrice. C’est mon destin, ma vocation, ma passion, mon métier. Si ce n’était pas ma profession, j’aurais peut-être pu être journaliste, ou dans la communication et l’événementiel, domaines qui me passionnent par ailleurs et dans lesquels je m’investis à travers Gawlo Office Médias (Go Media) que j’ai créé en 2016, avec la radio des Femmes de l’Enfant et de la Musique (Fem Fm), Go Media Tv et d’autres supports.
Dans l’événementiel parmi les événements de référence, on peut retenir le Festival international Chant des Linguère, la Kermesse Noël pour Enfants avec Coumba Gawlo…
Le social et l’humanitaire sont aussi parmi mes domaines de prédilection, et c’est pour concrétiser mon engagement dans ce cadre que j’ai créé l’association Lumière pour l’Enfance (Lpe).Ce qui me permet d’apporter ma modeste contribution à la satisfaction de la demande en infrastructures scolaires et sanitaires, entre autres, à l’image de la réhabilitation de l’école Pikine 17… »
SOUS LES PONTS, LE PARADIS DES SANS LOGIS
L’absence d’aménagement sous les ponts routiers attire des individus d’horizons différents. Un terreau fertile au banditisme qui pose aussi un péril environnemental mais surtout sécuritaire. Le pont de la Cité Diamalaye est loin d’être une exception.
L’absence d’aménagement sous les ponts routiers attire des individus d’horizons différents. Un terreau fertile au banditisme qui pose aussi un péril environnemental mais surtout sécuritaire. Le pont de la Cité Diamalaye est loin d’être une exception.
Les alentours du pont de la Cité Diamalaye deviennent le point de ralliement d’une frange de la population, lucifuge cette fois. Des individus aux visage crispé, qui se lèvent quand le soleil se couche, et qui se couchent quand l’astre se lève, car menant la vie à l’envers. Ils trouvent, dans cet endroit dont une partie se trouve dans la commune de Yoff et l’autre aux Parcelles Assainies, les conditions de leur épanouissement. Il est 22h, ce vendredi 29 novembre 2024, un vent frais annonce le début du froid. A côté du mur du cimetière musulman de Yoff, aux murs glauques, se mène une vie pleine d’activité : gargotes, ribambelle de mototaxis « Jakarta », briquetiers…
Cet espace non aménagé est le lieu de toutes les fréquentations par des hommes et femmes venant d’horizons différents. « Vers 00h, je vais quitter et rentrer chez moi parce que ce lieu n’est pas sûr », avance d’un ton peureux, Abass Ngom, 22 ans, conducteur de moto, posté devant un fast food. Son ami et collègue Pape Sarr raconte sa mésaventure survenue le lundi 25 novembre 2024. « Vers 00h, je devais livrer un repas à une dame qui habite à Nord-Foire. Mais, j’ai surpris deux agresseurs qui dépouillaient une dame de ses biens. J’ai braqué les phares de la moto sur eux et ils ont fui. Malheureusement ils ont emporté le téléphone et le sac de la femme qui contenait ses pièces d’identité. De Diamalaye à Nord-Foire, c’est une autre vie qui s’y déroule la nuit avec des hommes qui squattent les lieux, souvent des malintentionnés », narre-t-il.
Les communes indexées
Le pont de Diamalaye semble être victime de la tumeur généralisée qu’est l’exode rural et dont les métastases se manifestent sous forme de bidonvilles lépreux, érigés à flanc de banlieue. Tas d’immondices, cases en bois qui servent de maison à des sans domicile fixe, gravats à la pelle, aire de repos pour charretiers et leurs chevaux… Dans ce décor, se sont implantés de sordides lupanars, des bars glauques, réceptacle des pauvres. « Si les communes de Yoff et des Parcelles Assainies avaient pavé ces lieux avec une présence régulière de la police, on n’en serait pas à ce niveau de criminalité. A partir de 22h, j’interdis à mes enfants de fréquenter le rond-point 26 », dit Moussé Sy, instituteur à la retraite. Debout devant sa maison dont l’un des étages surplombe l’infrastructure routière, il appelle à plus de sécurité dans ce milieu.
Samedi 30 novembre 2024, à côté du climat paisible du cimetière, un fait tranche d’avec l’atmosphère de ce lieu de repos éternel. Dès la nuit tombée, un calme monacal se substitue à l’effervescence diurne. Le silence, tel un voile céleste, s’abat sur le quartier. Mais ce calme n’est qu’apparent. Dessous, se déroule une autre vie, en sourdine mais bouillonnante. La preuve, ces silhouettes furtives qui se succèdent : trublions, voleurs, fêtards, trafiquants de drogue, agresseurs y ont pignon sur rue. « En dessous du pont, c’est du grand n’importe quoi », se désole le sexagénaire Pape Sow, qui habite Nord-Foire. D’après cet ex-gendarme, des rafles permanentes doivent être effectuées dans cet espace.
Sous le pont de Diamalaye coincé entre Yoff et les Parcelles Assainies, c’est une autre vie qui se déroule. Une ville dans une ville. Des kilomètres sablonneux par endroit, cloitrés entre les allées routières où foisonnent rébus, sans domiciles fixes, dealers, trafiquants, déflatés, entre autres rejets du corps sociétal. Médoune Thiandoum alias « Thian » dort encore à la belle étoile à 9h ce samedi 30 novembre 2024. Allongé sur une éponge déchirée en partie, noircie par des années d’usage, l’homme à la barbe poivre et sel est en contradiction avec sa famille. « Je ne suis pas un fou », rassure-t-il avec hargne, maîtrisant à merveille la langue de Molière.
« Je suis un apatride »
Sa musculation gringalet et son abord rébarbatif lui donnent l’air d’un sauvage. Emigré en Espagne de 2009 à 2013, « Thian » a divorcé avec sa femme à cause de problèmes conjugaux. Ruiné et de retour au Sénégal, il demande sa part d’héritage de la maison familiale sise à Guédiawaye suite au décès de ses parents. « Mes frères et sœurs ont dit niet. Donc, j’ai décidé de quitter la maison pour m’installer ici. Le voisinage m’aide à manger et parfois quelques automobilistes m’offrent des pièces d’argent. Je n’ai pas de vie sociale, ni association, ni communautaire. Comment peut-on vivre alors ? Je ne suis pas un délinquant car je n’ai jamais eu de problèmes avec les services de sécurité. Pourtant, je ne suis pas un citoyen dans mon propre pays. Je suis un apatride », se résigne-t-il, ton mélodramatique. A 52 ans, hypertendu et divorcé deux fois, « Thian » dit vouloir chanter les maux du monde.
Au Rond-point 26, les travailleurs de la Société nationale de gestion des déchets (Sonaged) sont d’arrache-pied pour nettoyer les amas de détritus laissés par les occupants. Les lieux grouillent de gargotes, de mécaniciens, de « coxeurs ». « Beaucoup de personnes passent la nuit ici et la plupart sont des bandits. Il ne faut pas fréquenter cet endroit la nuit car ce n’est pas sûr. Ils nous rassemblent trop d’ordures », déplore Linda Gomis, tenant un balai. A quelques mètres, un jeune homme se laisse tomber sur le matelas et porte la main gauche sur son front. Sa migraine réveille sa douleur pulsatile qui lui vrille le temps. Nerveusement, Pathé se tâte la poche, y sort un mégot de cigarette qu’il allume illico presto. Il en tire quelques bouffées et contemple la fumée qui s’élève en spirale avant de se dissiper. « Je suis de Grand Dakar », expose-t-il, l’air menaçant.
« Je mène ma vie ici tranquillement »
Ce drogué aux yeux rougis, en besoin intense de cannabis, livre les raisons de son installation dans cette partie de la commune des Parcelles Assainies. « Je faisais partie de ceux qui squattaient les abords du Stade Léopold Sédar Senghor. Je me suis replié ici. A Grand Dakar, je ne pouvais plus vivre chez nous parce que je devais attendre que mes deux frères aillent au boulot pour me coucher. Je mène ma vie ici tranquillement », explique-t-il aspirant avec frénésie sa cigarette. Pour ceux qui veulent s’extirper de la grisaille existentielle des réalités de la vie difficile, vivre sous les ponts offre un cadre d’épanouissement.
Par Bachir FOFANA
BARTHELEMY DIAS, PREMIERE VICTIME DU CYNISME DE PASTEF
Le premier coup fourré de cette nouvelle majorité mécanique de Pastef est de déchoir Barthélemy Toye Dias de son mandat de député.
Le premier coup fourré de cette nouvelle majorité mécanique de Pastef est de déchoir Barthélemy Toye Dias de son mandat de député. Pendant que les Sénégalais attendent les premières mesures en faveur de l’amélioration de leurs conditions (Loi de finances rectificative, Loi de finance 2025, Déclaration de politique générale), l’Assemblée nationale, qui promettait la rupture, vient d’enclencher le cycle de la tyrannie de la majorité écrasante de Pastef.
Le dossier Ndiaga Diouf impliquant l’actuel maire de Dakar (jusqu’à quand d’ailleurs ?) est l’exemple d’un dossier judiciaire avec un traitement éminemment politique. En effet, c’est en 2011, à la veille du Congrès d’investiture de Abdoulaye Wade, qu’un convoi de nervis a quitté le siège du Parti démocratique sénégalais (Pds) pour se rendre à la maire de Mermoz-Sacré Cœur en vue de l’attaquer. S’en sont ensuivis des tirs à l’arme, et le jeune Ndiaga Diouf a perdu la vie. Dias-Fils est alors arrêté par le procureur Ousmane Diagne qui, finalement, sera, au début et à la fin de cette histoire, son bourreau, avec deux régimes différents. Comme quoi…
Quand Macky défendait Dias avant de chercher à le condamner
Lorsqu’il a été mis en prison pour homicide volontaire, Macky Sall, opposant, exprimait une «réaction d’indignation» devant les caméras de la 2sTv. «Tristesse devant la mort du jeune Ndiaga Diouf qui a perdu la vie dans une opération commando dans laquelle on l’a entraîné face à l’agression contre Barthélemy Dias et son institution municipale», disait le candidat Sall devant Pape Alé Niang et Momar Diongue. Avant d’ajouter : «Mais l’affaire Barthélemy Dias, il faut la prendre dans le cadre global de l’enchaînement des événements depuis le 23 juin (2011). Tout le monde a constaté que devant le refus citoyen de valider l’imposture de la loi constitutionnelle qui fixe le ticket (présidentiel) et la suppression du second tour, le pouvoir (de Wade) avait décidé de passer à la vitesse supérieure et avait décidé de recourir à des mercenaires. (…) Aujourd’hui, il est clair qu’on a payé des gens pour verser du sang et instaurer un climat de terreur dans le pays. Et ça, c’est le fait du pouvoir. Le pouvoir Pds nous a installés dans une violence institutionnelle, dans une violence verbale. Maintenant, la violence est devenue physique et mortelle (…) C’est tout cela qui a fait qu’on a assisté à une violence d’une bande armée devant la police médusée, qui était là, impuissante. Ils sont venus agresser. Les vrais responsables de cette affaire, ce sont ceux qui ont commandité et financé cette opération. (…) L’Etat a une responsabilité pleine et entière dans ce qui s’est passé devant la maire de Mermoz-Sacré Cœur. (…) J’en profite aussi pour exiger la libération de Barthélemy Dias puisque l’enquête piétine. Pour la paix et la stabilité, le pouvoir a intérêt à libérer Barthélemy Dias…»
Dias-Fils aura fait 6 mois de détention et humera l’air de la liberté accordée par le pouvoir de Macky Sall qui avait décidé d’en faire un député. Car le fils de Jean-Paul Dias, qui était de tous les combats pour faire chuter le régime Wade, ne devait sous aucun prétexte rester en prison. C’était comme une récompense politique, comme une vengeance, voire une revanche à l’endroit du régime sortant, qui avait assouvi son désir de tenir le tonitruant leader des Jeunesses socialistes éloigné de la révolution anti «Wade».
Ousmane Sonko, le «doomou ndey de Barth’», qui dénonce une instrumentalisation de la Justice
Devenu député, Dias se retrouve dans les bonnes grâces de Macky Sall et son dossier est bizarrement oublié par la Justice. De 2012 à 2016, dans le parfait amour que vivaient le Parti socialiste et l’Alliance pour la République (Apr) dans le cadre de Bby, ce dossier Ndiaga Diouf a été oublié par la Justice. Mais après le refus du clan Khalifa Sall de faire voter le Oui au référendum de mars 2016, le dossier a été subitement réactivé, et l’immunité parlementaire de Dias est levée.
S’ensuit un premier procès au Tribunal correctionnel, au cours duquel il est condamné pour «coup mortel ayant entraîné la mort» et à payer 25 millions d’intérêts civils à la famille du défunt. Un verdict qui n’a satisfait ni le Parquet ni la défense. Et tous deux ont fait appel.
Mais entretemps, le landerneau politique a vu la naissance d’un parti politique dénommé Pastef et d’un leader qui s’appelle Ousmane Sonko, le «doomou ndey de Barth’». Macky Sall ayant ouvert trop de fronts avec ses opposants (Karim Wade, puis Khalifa Sall), une (sordide ?) alliance est vite nouée entre tous les opposés. Et Barth’ va bénéficier de cette alliance car, lors de sa convocation en novembre 2021 pour son procès en appel, il sera accompagné par Ousmane Sonko, qui dénonce une instrumentalisation de la Justice pour éliminer leur candidat à la mairie de Dakar. Après le renvoi du procès après les Locales, le leader de Pastef accusait Macky Sall, lors d’une manifestation publique, d’utiliser la Justice pour rendre inéligible Dias, afin de lui arracher la mairie que les Dakarois lui ont donnée. «S’il (Macky Sall) arrache la mairie de Dakar des mains de Barthélemy Dias, nous allons lui arracher le Palais», menaçait Sonko. Dans une autre vidéo, le même Sonko mettait en garde Sall par rapport à sa volonté d’«arracher les mandats de Barthélemy Dias en tant que maire de Dakar et député à l’Assemblée nationale par l’instrumentalisation de la Justice». Il disait que c’est le Peuple qui a mûrement réfléchi avant de choisir Dias, malgré l’accusation d’assassinat qui pesait sur lui. Donc pour Sonko, dès l’instant que le maire de Dakar est un «choix du Peuple de Dakar» qui en a fait son maire et député, nul n’a autorité pour remettre en cause cela. Ni même la Justice.
Aujourd’hui, c’est Sonko qui remet en cause le choix de 220 000 citoyens Sénégalais avec un cynisme effarant. En effet, dire que Dias est exclu de l’Hémicycle «suite à une demande du ministère de la Justice» n’est que la procédure administrative pour habiller une volonté politique de Ousmane Sonko. Ne nous a-t-il pas dit ici que le ministre de la Justice obéit à ce qu’il veut ? Quand on vous dit que le Premier ministre est dans des règlements de comptes, en voici la preuve. Quel intérêt a le parti Pastef de voter pour la radiation, à part tout simplement permettre à Sonko de prendre sa revanche sur Barth’ qui, au moment du parfait amour avec Pastef, a même avoué avoir commis pour l’actuel Pm «quelque chose passible de la Cour d’assises» ? Même si lui ne dira pas ce qu’il a exactement commis comme crime pour Sonko, il reste que Madiambal Diagne, dans son livre «Adji Sarr, l’histoire», a clairement affirmé que les deux sont allés voir le chef rebelle César Atoute Badiate en Guinée-Bissau, pour voir comment déstabiliser la capitale sénégalaise. Et face à cette grave accusation de collusion avec l’ennemi, ni Dias ni Sonko n’ont démenti.
Barth’ a pactisé avec le diable. Il a nourri la bête
Aujourd’hui, le citoyen est sidéré par le comportement et la nature de nos politiques qui changent en fonction des intérêts du moment. La bonté et l’intégrité sont cautionnées dès lors que la personne incriminée est de mon bord. Si elle est distante, tous les superlatifs seront usités pour le déplumer. Aucune ligne directrice, si l’on conjugue les propos de Ousmane et l’acte perpétré à l’encontre de Barthélemy, consistant à désavouer l’onction populaire, le mandat des citoyens électeurs.
Que voulez-vous ? C’est cela le cynisme. Et le cynisme fait partie de la politique. Mais ce qui est dommage, c’est de voir le Conseil constitutionnel participer au cynisme de Pastef. En effet, quand la Coalition And liggey sunu reew/Alsr a demandé aux juges politiques de procéder au rejet de la candidature de Barthélemy Dias, les 7 «Sages» se sont réfugiés derrière le fait qu’il revenait au ministre en charge des Elections (ministre de l’Intérieur) de les saisir, alors que la décision était du domaine public depuis une année. Trois jours après son installation, le ministre de la Justice demande sa révocation en raison d’une condamnation définitive, connue du ministère de l’Intérieur lors de l’examen de son dossier de candidature.
Si les critères d’éligibilité ne posaient pas de problème avant son élection, pourquoi remettre en question son droit de siéger maintenant ? Les juristes sont interpellés, mais déjà la crédibilité des ministres de l’Intérieur et de la Justice en a pris un gros coup. Pourquoi avoir attendu maintenant pour appliquer une décision de Justice qui date de décembre 2023 ? Pourquoi pas, dès le début de leur installation, si tant est qu’ils voulaient vraiment appliquer le Jub-Jubal-Jubanti ? Dans la même veine, pourquoi Macky Sall n’avait il pas appliqué cette décision ? Va-t-on vers la révocation de Dias à la mairie de Dakar ? Va-t-on vers son arrestation pour association de malfaiteurs, détention et port d’armes en période électorale, et violences en réunion ayant entraîné des coups et blessures graves à autrui dans l’affaire des violences de Saint-Louis ?
Quelque part, nous sommes tristes pour le maire de Dakar, mais force est de reconnaitre qu’ils ont pactisé avec le diable. Faut-il avoir de la peine pour ceux qui ont contribué à faire émerger la bête ? N’est-ce pas que les premiers coups de corne du bélier sont destinés à celui qui l’a engraissé ? Aujourd’hui, tout le monde sait que Sweet Beauté est un lupanar. Et pourtant les Barth’, Khalifa Sall et autres Bougane ont tous dit que c’est un lieu de soins thérapeutiques et que l’affaire Adji Sarr était un complot ourdi par Macky Sall.
PLUS DE 25% DES FEMMES JOURNALISTES VICTIMES DE VIOLENCES PHYSIQUES ET SEXUELLES
Aucun secteur d’activité n’est épargné par les violences faites aux femmes et aux filles. Dans le milieu des médias, c’est plus de 25% des femmes journalistes qui sont victimes de violences physiques et sexuelles.
Aucun secteur d’activité n’est épargné par les violences faites aux femmes et aux filles. Dans le milieu des médias, c’est plus de 25% des femmes journalistes qui sont victimes de violences physiques et sexuelles.
Les violences basées sur le genre ont toujours existé mais elles se sont accentuées avec l’avènement des réseaux sociaux. Michel Kenmoe, conseiller Afrique de l’Ouest pour la communication et l’information, chef secteur communication et information UNESCO qui faisait une présentation sur les violences faites aux femmes et aux filles facilitées par les technologies émergentes avec un focus sur les femmes journalistes lors du forum de Remapsen, estime que les femmes journalistes qui ont participé à l’enquête réalisée par l’Icfj et l’Unesco disent avoir été victimes de plusieurs formes de violences en ligne. Il s’agit de menaces, d’agressions sexuelles et physiques, de propos injurieux, de harcèlement via la messagerie privée, de menaces visant à salir leur réputation professionnelle ou personnelle, des atteintes à la sécurité numérique, de la manipulation trompeuse d’images et du chantage financier. «Parmi elles, 25% ont été confrontées à des menaces de violences sexuelles, 25% à des menaces de violences physiques. Mais 13% de ces femmes journalistes disent aussi avoir reçu des menaces de violence à l’encontre de leurs proches. 4% déclarent s’être absentées de leur travail de crainte que les agressions en ligne ne se propagent hors ligne», révèle-t-il. A l’en croire, la majeure partie de ces agressions est facilité par la technologie qui peut prendre plusieurs formes, que ce soit l’intelligence artificielle, l’usage des drones, des logiciels espions, du cyberharcèlement «qui consiste à utiliser l'Internet ou d'autres moyens numériques pour harceler une personne, que ce soit les abus basés sur l'image, mais également l’utilisation des caméras et le contrôle coercitif numérique», indique-t-il. Cependant, affirme Michel Kenmoe, il y a des cas où des partenaires font recours aux technologies pour pouvoir contrôler, pour pouvoir menacer l'autre ou encore les cas de violences basées sur des préjugés, qui sont assez répandues.
M. KENMOE : «DES FEMMES JOURNALISTES ONT SOLLICITE UNE AIDE MEDICALE OU PSYCHOLOGIQUE POUR SURMONTER LE CHOC»
Toutefois, indique M. Kenmoe, «13% de ces femmes journalistes ont décidé de ne pas se laisser faire en renforçant leur sécurité physique à la suite de violences en ligne. Certaines de ces femmes, pour éviter les violences en ligne, pratiquent l’autocensure sur les réseaux sociaux. Elles sont 20% à éviter toute forme d’interaction en ligne et 18% à s’abstenir de tout échange avec leur public». D’après le chef du service communication information à l’Unesco, Michel Kenmoe, les violences en ligne exercées contre les femmes journalistes causent un grave préjudice psychologique, en particulier, lorsqu’il s’agit d’actes qui se répètent et se prolongent. « En effet, l’impact des violences en ligne le plus cité par les femmes journalistes ayant répondu à l’enquête concerne la santé mentale. Nombre d’entre elles disent avoir sollicité une aide médicale ou psychologique ou pris un congé pour surmonter le choc qu’elles ont subi», révèle-t-il. En outre, il souligne que les violences en ligne ne sont pas cantonnées à l’univers numérique. « Elles se déversent également hors ligne, ouvrant des blessures tant physiques que psychologiques», souligne Michel Kenmoe.
LOI D'ORIENTATION SOCIALE, L'HEURE DES GRANDES DECISIONS
Les députés en situation de handicap ont fait sensation lors de l'installation de la quinzième législature. Parmi les sept personnes vivant avec un handicap qui ont été investies par la majorité au pouvoir, deux seront des représentants du peuple...
Les députés en situation de handicap ont fait sensation lors de l'installation de la quinzième législature. Parmi les sept personnes vivant avec un handicap qui ont été investies par la majorité au pouvoir, deux seront des représentants du peuple les cinq prochaines années. Une nouvelle donne qui laisse entrevoir visiblement l'effectivité de la loi d'orientation sociale quasiment en sourdine depuis son adoption en 2010.
L'image a fait le tour du monde. L'entrée à l'hémicycle du tout nouveau député non voyant tenu par la main par ses collègues notamment Guy Marius a ému plus d'un. Amadou Lamine Diouf, 61 ans, entrepreneur, technicien supérieur en génie électrique, élu sur la liste Pastef Afrique du Nord fera en effet partie des voix du peuple pour les cinq prochaines années, nonobstant son handicap. Il en sera de même aussi pour Awa Seck. Vice-coordinatrice du Mouvement national des patriotes handicapés (MONAPH) et membre du bureau politique de Pastef, elle était investie à la 18e place sur la liste nationale du parti. Interpellée sur sa nomination lors de l'installation de la quinzième législature, la nouvelle parlementaire est sans équivoque sur son objectif à l'Assemblée nationale : «Je suis une femme, je suis handicapée et je représente Mbacké. Toutefois, ma mission principale dans l'hémicycle sera d'être la voix des personnes vivant avec un handicap comme moi», soutient-elle avant même de fouler pour la première fois le parvis de l'Assemblée nationale. Il faut dire que le nouveau régime a fait des efforts sur l'inclusion sociale avec cette quinzième législature en prenant en considération les personnes vulnérables. Ce qui semble d'ailleurs être une volonté affichée du président de la République qui a rappelé, lors du Conseil des ministres du 27 novembre dernier, «la place primordiale de cette importante frange vulnérable de la population dans les politiques d’équité et d’inclusion sociale».
Invitant ainsi le ministre de la Santé et de l’Action sociale et le ministre de la Famille et des Solidarités à renforcer les interventions de l’Etat en leur faveur, ainsi que l’évaluation de l’application de la loi d’orientation sociale relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées. Notamment, d'après le chef de l'État, le système des cartes d’égalité des chances.
NOUVELLE STRATEGIE NATIONALE D'ACCOMPAGNEMENT
Le Président Faye a demandé aussi lors du Conseil des ministres de préparer une nouvelle stratégie nationale d’accompagnement des personnes vivant avec un handicap. Il a indiqué par la même occasion au Premier Ministre l’importance de faciliter, selon les diplômes obtenus et des critères établis, les recrutements et les nominations des personnes vivant avec un handicap dans les secteurs publics et parapublics. De même que l’insertion des personnes vivant avec un handicap au sein des entreprises privées doit tout aussi être encouragée par le biais du dialogue social avec les organisations d’employeurs. Cette préoccupation du chef de l'Etat vient visiblement à son heure, après plusieurs années «d'hibernation» de la loi d’orientation sociale adoptée depuis 2010 mais dont l'effectivité a considérablement fait défaut ces 14 dernières années. Et ce, malgré les résultats de l'ANSD de 2013 et 2023 qui montrent à suffisance la nécessité d'accorder une attention particulière à ces couches vulnérables. Les résultats du 5e Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-5) effectué par l'ANSF il y a quelques mois, confirment cet état de fait. En effet, en 2023, le taux de prévalence du handicap est estimé à 7,3% à l’échelle nationale, en légère augmentation par rapport aux 5,9% enregistrés en 2013. L'étude avait montré aussi que les femmes sont plus touchées, avec une prévalence de 7,8%, comparativement à 6,7% chez les hommes.
Soulignant dans la foulée que parmi les personnes âgées de 35 à 64 ans, la prévalence du handicap visuel atteint 7,1%, tandis que celle liée à la mobilité se situe à 5,9%. Et pourtant la loi d'orientation sociale offre tous les gages d'une bonne prise en charge des personnes vivant avec un handicap. Elle prévoit par exemple que toute personne handicapée reçoit une carte spécifique prouvant son handicap et appelée «carte d’égalité des chances». «Cette carte est délivrée par le ministère chargé de l’Action sociale sur proposition des commissions techniques départementales. La carte d’égalité des chances» permet à son titulaire de bénéficier des droits et avantages en matière d’accès aux soins de santé, de réadaptation, d’aide technique, financière, d’éducation, de formation, d’emploi, de transport, ainsi qu’à tout autre avantage susceptible de contribuer à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées. La personne qui assiste une personne lourdement handicapée peut bénéficier de privilège en vue de lui permettre d’assurer au mieux sa mission d’assistance. La loi dit aussi qu'il est réservé aux personnes handicapées, un quota des postes de formation dans les centres publics de formation professionnelle.
Ainsi que la création à la Présidence de la République, une Haute Autorité chargée de la promotion et de la protection des Droits des personnes handicapées, ayant pour objectif d’appuyer les efforts de l’État dans l’élaboration des politiques nationales et les stratégies sectorielles dans tous les domaines touchant le handicap. En tout, c'est 49 articles révolutionnaires concernant la prise en charge des personnes vivant avec un handicap. Il faut rappeler que le président de la République Macky Sall avait lancé en grande pompe en 2015 la remise des cartes d'égalité des chances.
FAIRE MIEUX QUE LE REGIME DE MACKY SALL
Et de 2015 à 2023 73 756 cartes d’égalité des chances ont été données. Mais force est de dire que plusieurs associations de personnes handicapées ont fustigé le manque d'utilité de ses cartes qui n'ont donné les conséquences positives escomptées. C'est pourquoi le défi de ce nouveau régime sera l'effectivité de la loi d'orientation sociale. L'arsenal juridique existe mais la difficulté est de le mettre en pratique pour une prise en charge idoine des personnes vivant avec un handicap. Les députés Amadou Diouf et Awa Seck ne doivent pas être les deux arbres qui cachent une forêt d'attente de ces couches vulnérables. Et même sur ce plan, la Commission nationale des droits de l’Homme du Sénégal (Cndhs), présidée par la professeure Amsatou Sow Sidibé, ces députés doivent exercer dans les meilleures conditions leur rôle. Lançant ainsi un appel aux autorités compétentes à prendre des mesures visant à garantir aux députés en situation de handicap l’exercice complet de leur mandat au sein de l’Assemblée nationale. La Cndhs souhaite la mise à disposition d’outils adaptés pour les députés en situation de handicap tels que des documents en braille pour les nonvoyants, ainsi que l’aménagement des infrastructures afin de rendre les locaux accessibles aux personnes à mobilité réduite. Des préalables déjà pris en charge par la loi d'orientation sociale.