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27 septembre 2025
MACKY SALL SE TROMPE SUR LE NOMBRE DE MÉDECINS QUE COMPTE LE SÉNÉGAL
Le 31 décembre 2019, lors d’un face à face avec des journalistes, le président de la République avait déclaré que le pays ne compte que 1000 médecins. Ce chiffre est très loin des données obtenues par Africa Check auprès du ministère de la Santé
Africa Check |
Diomma Dramé |
Publication 14/07/2020
Dans un discours à la nation, prononcé le 29 juin 2020 pour annoncer la levée de l’état d’urgence instauré dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, le président sénégalais a informé que son gouvernement va recruter 500 médecins et 1000 agents professionnels de la santé sur la séquence 2020-2021.
En fin d’année dernière, plus exactement le 31 décembre 2019, lors d’un face à face avec des journalistes (à partir de 30mn), Macky Sall avait déclaré que le pays ne compte que 1000 médecins.
« Il ne faut pas oublier que, qui dit santé dit docteur, et au Sénégal, nous n’avons pas beaucoup de docteurs. Pour le moment ils ne sont que mille. C’est très peu », avait-il indiqué en Wolof (langue la plus parlée au Sénégal).
Selon le président sénégalais, il faut augmenter le nombre de spécialistes, en augmentant les bourses pour chaque étudiant en spécialisation, mais avec une obligation d’accepter les mutations hors de Dakar.
« Il nous faut une cartographie, pour que les régions les plus éloignées ou les plus grandes, aient des hôpitaux qui seront au moins de niveau 2, pour prendre en charge les malades », a-t-il laissé entendre lors de l’entretien.
Africa Check a contacté la Cellule de communication de la présidence du Sénégal pour connaître la source de la donnée sur le nombre de médecins que compte le Sénégal, mais notre sollicitation est restée vaine. Ce texte sera actualisé si nous recevons une réponse.
Docteur et médecin
Tous les docteurs ne sont pas médecins, mais tous les médecins sont (ou seront) docteurs. Docteur, ce n’est qu’un titre ; médecin, c’est le métier explique un article paru sur le site du vocabulaire médical en France.
En fait, toujours selon l’article, un docteur (du latin docere, enseigner), c’est quelqu’un qui a soutenu avec succès sa thèse universitaire de doctorat qu’il s’agisse d’un doctorat en médecine, en pharmacie en science, en droit…
Un médecin est nécessairement quelqu’un qui est titulaire d’un diplôme de doctorat en médecine. Sinon c’est un étudiant en médecine, non encore diplômé, détaille l’article.
« Difficile de connaître le nombre exact de médecins dans le pays »
Au ministère de la Santé et de l’action sociale, la Division de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (Dgpec) indique qu’on compte 1 651 médecins dans le public. « C’est le chiffre des médecins qui exercent, car il y a parmi eux, ceux qui font actuellement autre chose que de la médecine », précise Moussa Diamanka, le chef de la Dgpec.
Diamanka ajoute que 2 175 médecins exercent dans le secteur privé, ce qui fait un total de 3 826 médecins au Sénégal.
Un chiffre, plus de trois fois supérieur à celui avancé par Macky Sall. Toutefois nous n’avons pas pu accéder à une quelconque base de données nous permettant de vérifier les chiffres fournis par M. Diamanka.
« Dire qu’on n’a que mille médecins au Sénégal, ce n’est pas correct », affirme Dr Joseph Mendy, neurochirurgien et vice-président de l’Ordre des médecins du Sénégal.
Il soutient qu’on ne saurait donner le nombre exact de médecins au Sénégal. Selon lui, rien que dans le secteur public, ils sont environ 1 500. « Si on y rajoute ceux du secteur privé, nous dépassons de loin le nombre de mille », déclare-t-il.
Il indique, qu’approximativement, il existe entre 2 500 à 3 000 médecins identifiés à l’Ordre des médecins.
C’est ainsi que sur 1 154 médecins répertoriés dans cet annuaire, 931 sont concentrés dans cinq régions (Dakar, Diourbel, Louga, Saint Louis et Thiès).
Cela représente environ 80 % des médecins que compte le pays pour environ 57,14 % de la population sénégalaise qui était de 14 799 859 en 2016 selon les projections démographiques 2013-2025 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie.
Le coronavirus tend à devenir silencieux avec des statistiques très peu fiables qui risquent de ne satisfaire ni aux critères de l’UE sur la réouverture des frontières, ni à l’évaluation de notre réaction globale face à la pandémie
Pour certains membres de l’élite bien-pensante de notre cher Sunugaal, c’est faire un mauvais procès à nos autorités, que de les taxer d’avoir contribué à démotiver de larges franges de notre population dans l’application des gestes-barrières. Faisant dans un équilibrisme de mauvais aloi, ils accablent le citoyen lambda, prétendument coupable d’indiscipline, relativisant ainsi l’écrasante responsabilité des pouvoirs publics dans l’impasse, dans laquelle se trouve la lutte contre la pandémie.
Entre replis tactiques et arrière-pensées mercantiles
C’est pourtant notre gouvernement, qui a revu et corrigé sa stratégie initiale basée sur les interventions non pharmaceutiques, qu’il ne pouvait plus maintenir dans toute sa rigueur, sans certaines mesures d’accompagnement, notamment celles relatives à la résilience économique et sociale.
Résultats des courses, tous les grands moments, qui devaient consacrer les progrès décisifs vers l’arrêt de la propagation du virus ont, au contraire, acté des replis tactiques successifs qui finiront par occasionner une reddition pure et simple devant le terrible virus.
On ne peut que se féliciter du fait qu’un bémol ait été mis à cette centralisation excessive ayant consisté à procéder à l’internement dans des hôpitaux de niveau III de tous les cas positifs, y compris de sujets asymptomatiques et à isoler tous les contacts dans des hôtels. Rétrospectivement, certains syndicalistes se demandent s’il ne s’agissait pas tout simplement de capter la manne financière de la Covid-19.
Au total, très peu a été fait pour relever les plateaux techniques hospitaliers, pour améliorer la gouvernance sanitaire, ou résorber les dettes faramineuses dues aux structures de santé et aux mutuelles de santé.
Mimétisme vis-à-vis de l’ancienne métropole
Alors qu’on s’attendait à la rupture d’avec cette démarche bureaucratique et verticale et à la responsabilisation accrue des districts sanitaires ainsi qu’à l’implication des communautés, le ministère de la Santé semble opter pour d’autres solutions.
Il ressort de l’analyse rapide des nouveaux algorithmes dudit ministère, le même esprit de mimétisme par rapport aux recettes appliquées dans l’ancienne métropole.
Une politique de dépistage restrictif, ne ciblant que les patients symptomatiques, ne pourrait, à la limite, se justifier que dans un contexte de réduction drastique des interactions sociales, pouvant aller jusqu’au confinement généralisé, avec en arrière-plan, la hantise de la saturation hospitalière.
Or, notre pays a dépassé, depuis belle lurette le niveau de saturation de ses hôpitaux, comme en témoignent la prise en charge extrahospitalière ou tout dernièrement, celle domiciliaire. Si on y ajoute le non-respect, tant décrié, des mesures barrières par les populations, la décision de ne pas tester des cas-contacts considérés comme "non vulnérables" relèvent, si ce n’est de l’irresponsabilité, tout au moins de l’inconscience. En effet, ignorer les cas positifs asymptomatiques, d’autant plus pernicieux qu’ils ignorent leur statut virologique, revient à augmenter le taux de reproduction et favorise l’extension de la pandémie. À contrario, une personne présentant des symptômes évocateurs pourrait être traitée, sans dépistage, sur la base d’un diagnostic présomptif, et serait plus encline au respect des mesures barrières.
En définitive, en privilégiant le dépistage des patients symptomatiques, le gouvernement met davantage le focus sur la prise en charge curative au détriment des aspects préventifs.
Sans dépistage, l’épidémie devient souterraine
Le dépistage aidera d’autant mieux à contrôler la pandémie, s’il est réalisé dans des réseaux de soins de proximité et non centralisé dans deux grands instituts (Institut Pasteur. IRESSEF).
En Allemagne, par exemple, le dépistage massif (500 000 tests par semaine) et le fait que 8 tests sur 10 étaient réalisés en médecine de ville et non à l’hôpital ont permis de juguler très rapidement la pandémie avec un faible nombre de morts sans commune mesure avec les autres pays occidentaux.
En France, comme au Sénégal, par contre, on s’intéresse surtout aux cas hospitaliers et aux personnes malades, qui ne constituent que le sommet de l’iceberg. Si en France, ces errements ont pu être atténués par le confinement généralisé, les autorités sanitaires sénégalaises se sont elles-mêmes volontairement privées des outils pour identifier les chaînes de transmission individuelle et les sources de contamination.
Par ailleurs, les données statistiques tendent à perdre en vraisemblance. Les nombres de cas positifs et de décès semblent sous-estimés, au regard de la circulation active du virus. Elles pêchent aussi par leur manque de cohérence avec des écarts entre le nombre de cas graves et celui de décès (mortalité de 60% environ selon les sources officielles).
Tant et si bien que la pandémie tend à devenir silencieuse avec des statistiques très peu fiables qui risquent de ne satisfaire ni aux critères de l’Union Européenne sur la réouverture des frontières, ni à l’évaluation de notre réaction globale face à la pandémie de Covid-19. Il s’agit, entre autres, du dépistage, du traçage des contacts ou encore de la fiabilité des informations et sources de données disponibles.
Les tests de dépistage constituent un outil irremplaçable pour contrôler la pandémie selon la formule des 3 T (test, track and treat). Mais dans nos pays, en raison de pesanteurs socioculturelles et de pénuries de toutes sortes, ils doivent s’intégrer dans une démarche d’ensemble basée sur la mise en œuvre de la communication sur les risques et l’engagement communautaire.
Dr Mohamed Lamine Ly est Médecin spécialiste en santé publique
CORONAVIRUS QUEL EST CE FLEAU ?
Votre santé Magazine vous offre ce lexique pour comprendre l'actualité du Coronavirus
Votre Santé Magazine |
Dr Jamil Kahwagi et Dr Momo Ndiaye |
Publication 14/07/2020
La Covid-19 appartient à une grande famille de virus appelée Coronaviridae du genre Coronavirus. Découvert depuis plusieurs décennies, il existe sept principaux coronavirus pouvant contaminer l'humain dont quatre en circulation considérés comme sans gravité et qui seraient la cause de 15 à 30 % des rhumes courants. Plus récemment ont été identifiés trois types de coronavirus responsables de graves pneumopathies, d’abord en 2003 avec le SRAS qui est le premier coronavirus à provoquer chez l'homme des pneumonies sévères puis le MERS en 2012 au Moyen-Orient et enfin le Covid-19 ou encore appelé SRAS-CoV2.
* Lexique pour comprendre son actualité.
Covid19
« Co » correspond à « Corona », « vi » à « virus », « d » à « disease » (maladie en anglais) et « 19 » à l’année de sa découverte en 2019. Il ne doit pas être confondu avec le « SARS-CoV-2 » qui est le nom du virus lui-même.
Epidémie
C’est le développement et la propagation rapide d'une maladie contagieuse chez un grand nombre de personnes et se limiterait à une région, un pays ou à une zone bien définie.
Pandémie
C’est une épidémie avec plusieurs foyers, elle s'étend à toute la population d'un continent, voire du monde entier.
Période d'incubation
L'incubation est la période entre la contamination par un virus et l'apparition des premiers signes de la maladie. Dans le cas du Covid-19, ce délai varie entre deux et quatorze jours
Confinement
C’est un protocole d’urgence visant à limiter les déplacements d’une personne ou d’une population pour limiter la propagation du virus.
Déconfinement
Processus d'élimination des restrictions liées aux déplacements et aux rassemblements qui avaient été imposées à une population pour des raisons de santé ou de sécurité publiques.
Quarantaine
Mesure de prévention au cours de laquelle une personne ayant peut-être été en contact avec une personne atteinte d’une maladie contagieuse est isolée pendant la période d’incubation de la maladie. Elle peut être forcée ou volontaire.
Quatorzaine
Néologisme établi, la quatorzaine est un processus identique, qui dure quatorze jours. Ce délai équivaut à la période d’incubation du coronavirus.
Asymptomatique
Certaines personnes contaminées par le coronavirus n’en présentent pas les symptômes. Si aucun effet de la maladie n’est visible sur elles, elles sont en revanche capables de transmettre le virus à leur tour, ce qui complique les mesures de prévention.
Comorbidité
On parle de comorbidité lorsqu’une personne est touchée par deux maladies en même temps. Cas positif Toute personne, symptomatique ou non, avec un prélèvement confirmant l’infection par le SARS-CoV-2
Cas guéris
La guérison signifie la disparition du virus par la suite d’un test effectué deux fois en un intervalle de deux jours.
Cas suspect
Personne présentant certains signes ou symptômes d'une maladie ou qui a été exposée à une source d'infection.
Cas communautaire
Ce terme est employé lorsqu’une personne contracte le virus sans qu’on ne sache la source de contamination
Cas contact
Ce terme est employé lorsqu’une personne contracte le virus d’une personne déjà testée positive.
Insuffisance respiratoire
C’est quand le système respiratoire - comme le poumon ou le thorax - ne fonctionne plus de manière normale. C’est l'un des symptômes les plus graves du Covid-19.
Assistance respiratoire
Dans le cas d'une insuffisance, un patient pourra être placé en assistance respiratoire. Il sera alors aidé par un appareil de ventilation mécanique ou artificielle. Ce qui leur permet de s'oxygéner au mieux.
Intubation
Pour la mise en place d'une assistance respiratoire, il faut passer par l'étape de l'intubation. Le patient se voit insérer une sonde dans la trachée afin d'assurer la ventilation artificielle. La sonde ne peut être placée que par des professionnels.
Geste barrière
Les gestes barrières sont censés limiter la propagation du nouveau coronavirus. Ils s'adressent à tous les citoyens.
Gel hydroalcoolique
C’est une solution qui détruit les microbes qui se trouvent sur la peau.
Distanciation sociale
La distanciation sociale est le fait de s'éloigner les uns des autres, d'observer une distance de sécurité. Nous préférons le terme « distanciation physique », c’est-à-dire, respecter une distance de plus d’un mètre entre deux personnes, dans des milieux fermés ou ouverts, pour limiter le risque de recevoir des ‘’postillons’’.
Postillon
Le « postillon » définit les gouttelettes visibles ou invisibles émises par une personne à travers la bouche ou le nez, quand elle parle, éternue, tousse ou crache. Si des microbes sont dans des postillons d’une personne malade, ils sont projetées dans l’air et peuvent être inspirés ou touchés par les autres personnes qui sont dans les alentours.
COMMENT SE FAIT LE DIAGNOSCTIC DE L’INFECTION AU CORONAVIRUS ?
Des spécimens provenant des voies respiratoires supérieures (nez et gorge) doivent donc être prélevés
Les coronavirus forment une famille comptant un grand nombre de virus qui peuvent provoquer des maladies très diverses chez les humains, allant du rhume au SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), et également chez l’animal. Dans l’histoire récente, trois virus du même genre, avec un relai-réservoir animal, ont occasionné des épidémies de syndrome respiratoire sévère. Il s’agit du SARS-CoV, responsable de l’épidémie de 2002-2003 ; du MERS-CoV, qui a émergé́ en 2012 au Moyen-Orient et dont la transmission se poursuit à ce jour ; ainsi que du SARS-CoV-2, responsable de la Covid-19 ayant émergé́ à Wuhan en Chine en décembre 2019. Les tests de détection du virus utilisés actuellement se font directement sur l’échantillon prélevé chez la personne chez qui l’indication est posée. De rigoureuses précautions édictées par l’OMS sont appliquées durant tout le processus, du prélèvement au résultat
Prélèvements, expédition et manipulation des prélèvements pour diagnostiquer le coronavirus
Des spécimens provenant des voies respiratoires supérieures (nez et gorge) doivent donc être prélevés. L’écouvillon velouteux est reconnu plus efficace que la tige régulière. Les tiges d’alginate de calcium et de bois sont à proscrire.
Les échantillons ayant été dilués avec du salin 0,9% ou du milieu de transport viral sont adéquats.
Les crachats remontant des sécrétions bronchiques, les gargarismes de la bouche et les lavages nasals sont tout aussi acceptables. Des cas de résultats négatifs ont été répertoriés lorsque les tests sont effectués trop tôt par rapport à la survenue des premiers signes de la maladie.
Si le test initial est négatif pour un patient chez qui une infection par la COVID-19 est fortement suspectée sur la base des données cliniques et épidémiologiques, de nouveaux spécimens provenant de plu- sieurs sites des voies respiratoires devraient être reprélevés ou d’autres types de prélèvements comme les urines, les selles etc.
Les échantillons peuvent être conservés au réfrigérateur et expédiés dans un colis contenant des sachets réfrigérants de glace s’ils sont reçus au laboratoire en moins de 72 heures. Sinon, ils doivent être congelés et expédiés sur glace sèche. L’emballage, l’expédition et le transport des échantillons doivent être conformes à des exigences internationales strictes.
Les activités diagnostiques sur échantillons primaires (sang, plasma, sécrétions respiratoires, tissus ou autres liquides biologiques) sans mise en culture virale peuvent être effectuées dans un laboratoire de biosécurité́ approprié.
Deux grands types de tests de diagnostic de l’infection par le coronavirus
1. Les tests de détection directe du virus
Ils reposent sur la technique de PCR ("polyme- rase chain reaction"). Ce test est réalisé à partir d’un prélèvement biologique, comme décrit plus haut. L'échantillon est analysé en laboratoire afin de rechercher directement la présence du maté- riel génétique (ARN ou acide ribonucléique) du virus et confirmer ainsi le diagnostic de l'infection. Le délai pour obtenir un résultat avec ce type de test est de trois à huit heures selon les technologies. Le résultat de cet examen est rendu au patient via son médecin prescripteur, avec information aux autorités compétentes pour mise à jour des statistiques nationales.
D’autres tests de détection directe du virus existent, mais restent à être mieux évalués :
• détection d’antigène avec des bandelettes particulières. Leur sensibilité diagnostique est variable ;
• autotests, qui détectent également le génome viral après une amplification
2. Les tests sérologiques
Les tests sérologiques permettent de rechercher la présence dans le sang d'anticorps dirigés contre le coronavirus. Ces anticorps sont appelés immunoglobulines de type M ou G. Ces tests per- mettent de déterminer si la personne a été infectée par le virus au cours des semaines précédentes. Ces tests ne permettent pas de faire un diagnostic précoce de l’infection puisque la production d’anticorps spécifiques par le système immunitaire prend un certain temps qui peut prendre quelques jours à quelques semaines.
Ce type de test est utile pour étudier la diffusion de l'épidémie dans la population (séroprévalence) et pour accompagner la mise en œuvre des mesures d’atténuation/confinement.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
MACKY DOIT LIMOGER ABDOU KARIM SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - Au moment où l’on s’attendait à des actes de résipiscence, le ministre braconnier se contorsionne dans un reptilisme discursif pour se disculper du crime écologique qu’il a commis
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 14/07/2020
« Moi, je sais que je n'ai rien à me reprocher et je suis vraiment droit dans mes bottes. Cette situation ne m'ébranle pas. Je n’ai pas fait quelque chose d'irrégulier. Je suis dans la protection des espèces, comme le veut la mission qui m'a été confiée. C’est dans cette préservation de ces espèces-là que le transfert a été fait », voilà la réponse froide que le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdou Karim Sall (AKS), a servie le 9 juillet dernier aux journalistes de la RFM qui l’interrogeaient sur la mort des trois oryx algazelles. « Etre droit dans ses bottes » signifie « Garder une attitude ferme et déterminée, sans plier. Avoir la conscience tranquille (même à tort). » Jamais une seule fois dans son discours, le ministre AKS ne s’est désolé ou choqué de la mort de ces bêtes. Au contraire, il a fait montre d’une arrogance blessante qui se le dispute avec son sadisme mortifère. Au moment où l’on s’attendait à des actes de résipiscence, voilà que le ministre braconnier se contorsionne dans un reptilisme discursif pour se disculper du crime écologique qu’il a commis avec la complicité du directeur des parcs nationaux.
Le décret n° 2019-794 du 17 avril 2019, relatif aux attributions du ministre de l’Environnement et du Développement durable est extrêmement clair : La Direction des Parcs nationaux, la Direction des Eaux, Forêts et Chasses et de la Conservation des Sols, et l’Autorité nationale de Biosécurité, sont placées sous l’autorité directe d’AKS. Ainsi, ce dernier doit veiller à la protection des espèces les plus menacées, et a autorité sur les parcs nationaux et les aires protégées. Dans l'exercice de ses compétences relatives aux établissements classés, il mène l’instruction des dossiers.
Ainsi, un AKS qui doit être le premier protecteur de notre faune et de notre flore mais qui, malheureusement, est leur premier et vil agresseur. En transportant nuitamment des oryx algazelles (6, 8, 18 ???) dans des conditions nébuleuses, désastreuses, qui détonnent avec la législation nationale et internationale en matière de protection des espèces menacées de distinction, le ministre a commis un crime environnemental passible d’une sanction judiciaire.
Selon le règlement intérieur des parcs nationaux et des réserves de faunes du Sénégal en conformité avec le Code de chasse et de la protection de la faune (Loi n° 86-04 du 24 janvier 1986 et le Décret d’application n° 86-844 du 14 juillet 1986), « les activités ci-après sont formellement interdites dans les aires protégées : la recherche, la poursuite, le piégeage, la capture de tous les animaux, la destruction de leur gîte ou nids, le ramassage des œufs, sauf autorisation spéciale et nominative délivrée par le ministre chargé des parcs nationaux uniquement à des fins scientifiques ou de prophylaxie humaine ou animale ». Dans le cas de AKS, il ne s’agit ni de recherche scientifique ni de prophylaxie humaine mais d’un simple banditisme environnemental qui a fini par un écocide.
D’abord en tant que ministre de l’Environnement, son éthique devait l’empêcher d’user de toute action le plaçant dans une situation prêtant à un conflit d’intérêts. Dans l’affaire des gazelles Oryx mortes durant leur transfert ou leur capture, il y a un conflit d'intérêts dans la mesure où AKS est placée dans une situation, où il est à la fois juge et partie (incapacité de traiter de manière objective et neutre un dossier où son intérêt personnel est en jeu).
Ensuite, la ligne de défense d’AKS semble très fragile quand il déclare avec morgue : « On ne me les a pas offertes ; je ne les ai pas achetées. Ces gazelles oryx restent la propriété de l’État avec un protocole en bonne et due forme avec le gérant de la ferme, comme ça s'est passé partout au Sénégal. Les Sénégalais qui sont capables aujourd'hui de nous aider à préserver et à protéger ces espèces-là, sont les bienvenus. Ils peuvent signer des protocoles, si nous vérifions qu’ils peuvent les accueillir et les recevoir dans d'excellentes conditions. »
Nous mettons au défi le ministre de publier les termes de ce protocole qui autorisent de disposer de ces espèces protégées. Et si l’on en croit le Dr Cheikh Dieng, à part les réserves privées de Bandia et Fathala où l’Etat ne voulait aller à l’encontre de la loi, aucun protocole ad hoc n’a été signé avec des exploitants privés. Donc qu’il nous dise à part les réserves privées sus-évoquées, quelle autre ferme, abstraction faite de la sienne et de celle de cet autre ministre hors-la-loi qui a bénéficié illégalement de deux autres oryx algazelles, abrite des espèces en provenance de nos parcs !
D’ailleurs, l’éminent juriste Seybani Sougou, estomaqué, indique que les citoyens sénégalais sont en droit d’exiger d’AKS, le document retraçant la régularité de la procédure avant de lancer une série d’interrogations : « Qui est le demandeur ? Qui a été saisi ? A quelle date ? Qui a donné l’autorisation du transfert, qui est le signataire et quels en sont ses termes ? »
Il faut noter qu’à ce jour, aucune preuve formelle (document écrit) n’a été donnée quant à la régularité de la procédure menée, à part des déclarations biscornues dans la presse. Il appartient au ministre de fournir à la presse le document d’intérêt public (qui doit tout retracer), puisque trois gazelles Oryx, qui appartiennent à une espèce protégée, sont mortes durant ce transfert clandestin.
Pour Seybani, évoquer la régularité de la procédure ne suffit pas. Encore faudrait-il fournir un document qui permettre d’attester que le cadre juridique choisi est parfaitement légal et que toutes les conditions administratives ont été respectées. Or, lorsqu’il a été interpellé sur le transfert des gazelles Oryx, le maire de Ranérou a révélé que le transfert a été fait nuitamment pendant le couvre-feu sans que les autorités locales n’en soient informées. Ce transfert clandestin bat en brèche la thèse officielle selon laquelle la procédure a été respectée.
En sus le ministre, qui dit vouloir mettre les bêtes en question dans de bonnes conditions, ne sait même pas, avec ses agents, les dispositions qu’il faille prendre pour assurer une bonne capture et organiser leur translocation dans des conditions optimales. Aucune expertise de police sanitaire n’a été effectuée, ni aucune expertise vétérinaire avant l’embarquement pourtant recommandées en pareille circonstance. Edmund Flach, spécialiste vétérinaire européen en gestion de la santé des zoos, pathologiste de la faune sauvage, ancien agent vétérinaire du zoo de Whipsnade, déclare qu’« une manipulation sûre de l’oryx algazelle nécessite une contention et que cela peut passer par une immobilisation soit physique, soit chimique et la combinaison médicamenteuse la plus commune, et qui demeure la plus fiable, est un mélange d’étorphine (M99) et de xylazine. »
Lorsqu’il s’agissait d’introduire des bêtes sauvages en 1998 dans la réserve de Bandia, la gazelle dama de la réserve spéciale de Guembeul et le cobe defassa (une grande antilope à poils mi-long gris-brun foncé) du Parc National du Niokolo Koba, furent capturés par télé-anesthésie avec la même procédure chimique de Flach.
Les conditions de transports désastreuses des animaux entravés, entassés et convoyés clandestinement pendant le couvre-feu dans des pick-up comme on a l’habitude de le voir impitoyablement avec les moutons de Tabaski ne sont pas étrangères à la mort de certains d’entre eux.
Si en 1999, les huit Oryx en provenance de la réserve de Hai-Bar en Israël réintroduits au parc de Guembeul du Sénégal et transportés dans un conteneur unique n’ont subi aucun dommage lors des 50 heures de route, c’est parce que toutes les conditions requises pour la translocation des algazelles ont été respectées.
Le ministre Abdou Karim Sall, propriétaire de la réserve, le signataire de l’autorisation placé sous son autorité et le directeur des parcs qui a organisé le transfert illégal des gazelles au point de commettre un crime environnemental doivent être limogés de leurs postes et poursuivis judiciairement. Qu’il reste droit dans ses bottes immaculées, mais qu’il restitue à la nation sénégalaise les bêtes qui ont échappé à la mort ! Qu’il paye pour la mort des malheureux animaux et qu’il nous édifie sur le nom de cet autre ministre braconnier qui détient frauduleusement dans sa ferme des oryx algazelles !
Invitée de l'émission Jeeg ak kerem, Maitre Patricia Lake Diop première femme notaire au Sénégal encourage en wolof les femmes à investir la profession qui compte déjà 25 femmes et 25 hommes
Invitée de l'émission Jeeg ak kerem, Maitre Patricia Lake Diop première femme notaire au Sénégal encourage en wolof les femmes à investir la profession qui compte déjà 25 femmes et 25 hommes.
Dans cette émission fort agréable pleine d'élégance et de sérénité, elle explique en wolof the rôle des notaires et l'importantce de faire appel à leurs services pour éviter de se retrouver dans des conflits fonciers comme cela est malheureusement souvent le cas.
Regarder cette interview en wolof de Me Lake Diop à partir de la 21è minute de cette vidéo que vous propose SenePlus.
LE LABYRINTHE DES LITIGES FONCIERS
60 ans que le Sénégal se dit souverain avec son accession à l’indépendance. Mais autant d’années n’ont pas permis de trouver un consensus sur les questions foncières liées à la propriété et à la mise en valeur des terres non immatriculées
La réglementation définitive sur les questions foncières est une patate chaude que les différents régimes en place depuis les indépendances, se sont refilée à la moindre difficulté pouvant menacer leur pouvoir.
Soixante ans que le Sénégal se dit souverain, avec son accession à l’indépendance. Mais autant d’années n’ont pas permis de trouver un consensus sur les questions foncières liées à la propriété et à la mise en valeur des terres non immatriculées. C’est de la bouche du président de la République, Macky Sall, qui présidait, en octobre dernier, le Congrès des notaires, que l’on tenait cet aveu : ‘’Le statut juridique hybride, marqué par la coexistence de terres immatriculées et une grande majorité de terres non-immatriculées, pose problème. Je peux même dire qu'au Sénégal, l'essentiel des alertes que je reçois, au quotidien, pour les risques de conflit, viennent à plus de 90 % du foncier. Il faut tenir compte du potentiel économique des terres non-immatriculées afin d'envisager un nouveau droit d'usage auquel pourrait être attaché le droit réel sécurisé.’’
Ces propos laissent entrevoir le nombre impressionnant d’enjeux que regroupent les questions foncières pour le pays. Au-delà de la sécurité, de la justice, du développement, etc., c’est à des questions sociales et sociétales majeures qu’elles renvoient. Car la politique foncière repose sur des choix qui peuvent limiter ou faciliter l’accès à la terre, renforcer ou atténuer les inégalités sociales, consolider la sécurité foncière des petits agriculteurs ou favoriser la privatisation de la terre au profit des entrepreneurs agricoles. Et comme posée dans la note politique n°6/2015 de l’Initiative prospective agricole rurale (Ipar), la problématique qui lie les gouvernements est claire : ‘’Entre la dynamique de privatisation des terres et la revendication en faveur d’une gouvernance foncière inclusive, les termes du débat sont connus : quelle doit être la priorité à donner aux différents usages possibles du foncier (usages agricoles, pastoraux, urbains, industriels, etc.) ? Ensuite, faut-il donner la priorité à la sécurisation des droits fonciers des exploitations familiales ou bien privilégier la sécurisation des investissements réalisés par les entreprises agricoles ?’’
Droit coutumier vs loi sur le domaine national
Avec la loi 64-46 du 17 juin 1964 (loi sur le domaine national), le Sénégal a versé toutes les terres non-immatriculées (sur la base du décret du 26 juillet 1932) dans le domaine national. Celui-ci regroupe les zones urbaines, les zones pionnières (dans lesquelles sont réalisés les grands aménagements hydro-agricoles publics), les zones classées et les zones de terroir consacrées à l’agriculture et à l’élevage. Le domaine de l’Etat, subdivisé en domaine public et domaine privé, et régi par la loi 76-66 du 2 juillet 1976, est venu ensuite compléter ce cadre juridique.
Seulement, la loi sur le domaine national n’a jamais été totalement acceptée par les populations, qui se sont vues retirer leurs droits coutumiers au profit d’un simple droit d’usage révocable en cas de non mise en valeur de leurs terres. Aussi, elle ne prévoit ni la transmissibilité ni l’aliénabilité, encore moins la cessibilité des terres. Cependant, à travers les pratiques courantes, ceux qui cultivent les sols de façon régulière considèrent qu’ils leur appartiennent, de même qu’à leurs familles. Autrement dit, ceux qui sont considérés comme les propriétaires ne disposent pas de droit réel sur les terres. Pour cela, ils doivent détenir un titre de propriété du régime de l’immatriculation ou de celui du domaine national.
Aussi, aucune réglementation claire n’encadre l’exercice, par les conseils ruraux, de ces pouvoirs d’affectation et de désaffectation. La condition requise d’être membre de la communauté pour pouvoir disposer du foncier, fait l’objet d’interprétations diverses. La notion de membre d’une collectivité locale manque de précision et fait l’objet d’interprétations variées selon les conseils locaux. ‘’Cette disposition est, par ailleurs, contestée par ceux qui estiment qu’elle interdit à un Sénégalais l’accès au domaine national dans certaines portions du territoire. Elle est, en revanche, légitimée par ceux qui souhaitent une protection des habitants des communautés rurales contre l’accaparement des terres de leur terroir. D’autres, enfin, estiment qu’elle bloque l’accueil d’investisseurs étrangers dans le développement rural. De plus, la notion de mise en valeur est restée imprécise et n’a été définie nulle part comme le prévoyait la loi’’, expliquait le Pr. Ibrahima Arona Diallo de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, dans une contribution publiée en 2017.
Avec les lois sur la décentralisation de 1972 et 1996, la gestion du foncier des zones de terroir a été transférée aux communautés rurales, collectivités locales qui regroupent plusieurs villages, mais sans que celles-ci aient vraiment les moyens d’exercer leurs compétences en la matière. Le système de gestion coutumier des terres a donc perduré dans la plupart des régions du Sénégal, avec l’accord tacite de l’Administration et des élus locaux.
La politique foncière plus pertinente que de légiférer directement
Les réformes sur le foncier rural induites par le Plan d’action foncier de 1996, en faveur d’une privatisation des terres, ont soulevé une forte opposition des élus locaux et des organisations paysannes. Le projet abandonné, la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP) promulguée en 2004 a concrétisé la vision du président Abdoulaye Wade sur le foncier rural incluant une privatisation du foncier et de la création de vastes domaines réservés aux investisseurs privés.
Mais comme le suggère la note politique n°6/2015 de l’Ipar, l’expérience de certains pays ouest-africains comme le Burkina Faso, par exemple, montre que l’option consistant à définir en premier lieu une politique foncière est plus pertinente que le fait de légiférer directement : ‘’Avant d’entamer une réforme foncière, il est indispensable d’expliciter les visions des autorités politiques et de définir les orientations et les axes d’intervention de l’Etat en matière foncière. Un tel choix permet non seulement de poser les jalons d’une gouvernance foncière transparente et crédible, mais aussi de mettre en relation les questions foncières avec celles du développement économique et social. La question centrale est de savoir de quelle manière les modes de gestion du foncier peuvent contribuer à impulser une dynamique de développement durable (réduction de la pauvreté, croissance économique, préservation de l’environnement, renforcement de la cohésion sociale).’’
Cette volonté animait-elle le président Macky Sall ? A son accession à la magistrature suprême, il décida de mettre en place une Commission nationale de réforme foncière (CNRF) chargée de proposer un texte de politique foncière. Par une approche multi-acteurs, celle-ci élabore un nouveau document de politique foncière dont les conclusions ont été soumises au président de la République le 7 avril 2017 par une délégation de la CNRF. Les propositions n’ont pas fait l’unanimité et quelques mois plus tard, la CNRF a été dissoute à la surprise générale, maintenant un statu quo qui ne risque pas d’améliorer la situation.
Les problèmes identifiés, les recommandations toujours ignorées
En 2014, le Conseil des ONG d’appui au développement (Congad) présentait un état des lieux des principaux problèmes que rencontre le foncier au Sénégal. Un document qui relate les “bonnes” et “mauvaises” pratiques dans la gouvernance foncière et identifie la non-application de la loi, la politisation du foncier, sa marchandisation, la place importante des marabouts dans le foncier rural, comme les barrières à une utilisation adéquate des terres au Sénégal.
La loi sur le domaine nationale “est partout”, mais elle “faiblement appliquée” constatait le Congad, surtout en milieu rural où les lois coutumières sont plus connues et plus acceptées par les populations. Le document s’était aussi attardé sur des “pratiques” peu orthodoxes de la gestion foncière, dont ont été parfois coupables des autorités décentralisées comme autorités déconcentrées.
Le Congad avait conseillé à la Commission nationale de réforme foncière (CNRF), qui venait de lancer ses travaux, d’aborder une “démarche inclusive et participative”, en faisant de sorte d’intégrer toutes les parties prenantes, à savoir les jeunes, les femmes, les organisations de la société civile. Toutefois, ce document n’a pas été appliqué. De même que les conclusions de la CNRF après des années de travail dirigé par le Pr. Moustapha Sourang.
L'IMAM MAHMOUD DICKO AU CENTRE DE L'ÉCHIQUIER MALIEN
La principale figure de la contestation qui secoue le pouvoir au Mali, a fait dans la crise en cours la démonstration spectaculaire de sa stature d'incontournable à la croisée de la religion et de la politique
Voilà un homme auquel le Premier ministre Boubou Cissé, dans la tourmente des derniers jours, vient rendre visite pour parlementer à 1H00 du matin dans son fief de Badalabougou, quartier de Bamako au bord du fleuve Niger.
Voilà un homme aussi dont les fidèles avaient, la nuit précédente, transformé la mosquée et ses alentours en camp retranché, inquiets qu'il ne soit arrêté à son tour et prêts à en découdre.
L'imam Dicko était déjà un des hommes les plus influents, sinon puissants du Mali.La crise a renforcé l'ascendant de ce leader musulman radical et patriote.
Dimanche, il a lancé un appel au calme."Nous pouvons vraiment trouver et obtenir tout ce que nous cherchons (par) la patience (et par) les bonnes manières", a-t-il assuré à l'AFP.Le calme est effectivement revenu à Badalabougou, foyer de violences.
"C'est ici que tout se joue, plus à Koulouba", le palais présidentiel, veut croire, un large sourire aux lèvres, Moussa Doumbia devant la mosquée où l'imam prêche depuis les années 80.
Moussa Doumbia, un jeune partisan d'une trentaine d'années, est convaincu que l'imam Dicko est en train de venir à bout du président Ibrahim Boubacar Keïta, alias IBK, cet homme dont le mouvement de contestation réclame la démission, cet homme aussi que l'imam a beaucoup soutenu par le passé et avec lequel il a, à sa manière, participé à l'exercice du pouvoir.
- Imam "malin" -
L'imam Dicko, 66 ans, figure ronde en boubou à petite barbichette, "c'est un malin, peut-être le plus malin", sourit Moussa Doumbia.
Il n'avait jamais cessé de tirer des ficelles, au nom des valeurs traditionnelles et de la Nation qu'il dit défendre contre la corruption, la trahison ou l'indécence.Il est devenu une sorte d'autorité politico-spirituelle du plus large mouvement de contestation anti-pouvoir que le Mali ait connu depuis le coup d'Etat de 2012.
Ce chantre d'une "refondation" sur les bases sociétales et religieuses qui sont celles du Mali n'a pas forcément grand-chose en commun avec les leaders du Mouvement dit du 5-Juin qui s'est agrégé autour de son nom et son aura quand la parole politique est largement discréditée, conviennent les analystes.
Que cherche-t-il, le Tombouctien de naissance qui s'est éduqué à l'islam tendance wahhabite notamment en Arabie saoudite ? Veut-il la démission du président, comme le M5 dont il ne fait pas partie officiellement ?
Il a œuvré pour que le mouvement renonce à une telle revendication, selon son entourage.Lui-même, bien qu'ardent contempteur du pouvoir, ne demande pas publiquement le départ du président.
"L'imam cherche ce qu'il a toujours cherché: influer sur la politique et la gouvernance", répond Ibrahim Maïga, chercheur à l'Institut d'études de sécurité à Bamako.
Quitte à assumer des responsabilités politiques ? "Faire de la politique politicienne ne m'intéresse pas", disait-il en 2019 à l'AFP.
- Imam "constant" -
"Il a toujours flirté avec les questions politiques sans mettre officiellement le pied dedans", explique le chercheur.Il se fait représenter au sein du M5 par un proche, Issa Kaou Djim.
Il a par le passé pesé de tout son poids de président du Haut conseil islamique (HCIM, de 2008 à 2019), principale organisation islamique dans un pays à 90% musulman, pour mener des batailles idéologiques: en 2009 en faisant réviser un nouveau Code de la famille qui accordait davantage de droits aux femmes, en 2018 en obtenant l'abandon d'un projet de manuel scolaire d'éducation sexuelle.
En 2015, après l'attentat à l'hôtel Radisson Blu de Bamako (20 morts), il évoquait une "punition divine".
En avril 2019, il participait au rassemblement de dizaines de milliers de Maliens contre les violences dans le centre du pays.Le Premier ministre avait alors été poussé à la démission.
C'est aussi un homme de l'ombre, qui avait été chargé par Bamako d'une mission de médiation avec les jihadistes.Il veut "la paix", dit-il, et prône le dialogue, y compris avec ces jihadistes avec certains desquels lui est prêtée une relation privilégiée.Les divergences sur ce sujet passent pour une des causes de la rupture avec IBK.
L'imam est "constant dans son discours", souligne Brema Ely Dicko, sociologue à l'Université de Bamako.Le sociologue ne voit personne "d'autre que Dicko qui puisse créer un cadre de dialogue" entre le pouvoir et la contestation.
"Peu importe l'issue de ce bras de fer avec IBK, l'imam Dicko jouera un rôle clé dans le Mali de demain", tranche l'expert Maïga.
MALI, À L'HEURE DE CHOIX ARDUS
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta et le mouvement qui réclame son départ soupèsent leurs options dans une crise qui continue à secouer le pouvoir après des troubles sans précédent depuis des années à Bamako
La capitale renoue progressivement avec la vie ordinaire après l'agitation qui a fait au moins onze morts entre vendredi et dimanche.
Pour la première fois depuis vendredi, deux des trois ponts qui relient les deux parties de Bamako sur le fleuve Niger et qui avaient été coupés par les protestataires se sont rouverts à une circulation aussi fluide que possible selon les standards bamakois, sans slalom imposé entre les obstacles et les blocs de béton.
Des forces de sécurité ont été déployées aux abords de ces axes cruciaux.
"Nous étions pharmacie de garde dans la nuit", disait Aïcha Noutoume, 34 ans, pharmacienne travaillant près du pont des Martyrs, il n'y a pas eu de problème.Il n'y a pas eu de casse cette fois-ci et la police a vraiment veillé".
Retour au calme aussi dans le quartier de Badalabougou, fief de la principale figure du mouvement, l'imam Mahmoud Dicko, et théâtre samedi soir de scènes de guerre entre Bamakois et forces de sécurité.
Badalabougou a été l'un des foyers des violences qui se sont emparés vendredi de différents quartiers, point culminant d'une crise qui alarme les alliés et les voisins, inquiets d'un élément de déstabilisation supplémentaire dans un pays confronté au jihadisme, aux violences de toutes sortes et à la pauvreté dans une région elle-même tourmentée.
Après les législatives contestées de mars-avril, une coalition hétéroclite de personnalités religieuses, du monde politique et de la société civile s'est agglomérée autour de l'imam Dicko, éminente figure publique et farouche adversaire du pouvoir.Elle réclame la démission du président Keïta, parmi d'autres exigences radicales.
Elle canalise les mécontentements contre la dégradation sécuritaire et l'incapacité à y faire face, le marasme économique et social, la défaillance de l'Etat, ou le discrédit répandu d'institutions suspectes de corruption.
Comme redouté depuis un certain temps, la mobilisation a dégénéré quand ce mouvement dit du 5-Juin (M5) est entré en "désobéissance civile" vendredi.
- Recherche de pistes -
Après l'effusion de sang, la confrontation laisse chaque camp face à des décisions lourdes de conséquences, dans un contexte toujours hautement volatil.
Le président a tenté différentes ouvertures, dont aucune n'a satisfait le mouvement: offre de gouvernement d'union nationale, dissolution de la Cour constitutionnelle, législatives partielles là où la Cour constitutionnelle avait invalidé les résultats initialement proclamés en avril.Cette invalidation est considérée comme un déclic.
Dans ce qui est vu comme un geste d'apaisement, les autorités, après avoir réprimé la révolte, ont relâché dimanche soir et lundi les leaders du mouvement qu'elles avaient fait arrêter.
Le président doit à présent concrétiser les offres qu'il a faites.Pas question à ce stade d'accéder aux demandes du M5 comme la dissolution de l'Assemblée nationale, la nomination d'un Premier ministre que le mouvement choisirait et que le président ne pourrait révoquer, encore moins sa propre démission.
Le mouvement de contestation doit lui aussi faire des choix, à présent que ses leaders ont recouvré la liberté.Il n'a donné aucun signe de vouloir transiger jusqu'alors.
La communauté internationale s'emploie discrètement à désamorcer la crise.Dimanche soir, les représentants de l'Union africaine, de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de l'ONU et de l'UE au Mali avaient appelé tout le monde à la retenue et réclamé la libération des opposants arrêtés.
Ils avaient réitéré les préconisations récentes d'une mission de bons offices de la Cédéao: formation d'un gouvernement d'union, organisation de législatives partielles.
Des membres de ces organisations ont rencontré lundi des responsables du mouvement de contestation.
"Ils nous ont dit qu'ils avaient pesé pour la libération des leaders arrêtés, et nous ont demandé des pistes de sortie de crise", a dit à l'AFP un responsable du mouvement, Bassy Diarra, "nous devons nous revoir mardi" en début d'après-midi.
Le M5 a annoncé une conférence de presse mardi en milieu d'après-midi.
«JE N’AI PLUS DE CONTRAINTE MORALE POUR REFUSER UNE OFFRE DU PRESIDENT»
Il n’est pas encore parti, mais Babacar Gaye est prêt à travailler avec le chef de l’Etat. Il faut dire qu’il avait déjà ouvert ce boulevard en juin dernier sur Sénégal 7 Tv.
Il n’est pas encore parti, mais Babacar Gaye est prêt à travailler avec le chef de l’Etat. Il faut dire qu’il avait déjà ouvert ce boulevard en juin dernier sur Sénégal 7 Tv.
«Je n’ai plus de contrainte morale pour refuser une offre du président de la République, y compris Ousmane Sonko, demain», a-t-il répété hier à la Matinale «Toc toc» d’Itv.
Le camarade de Oumar Sarr, El Hadj Amadou Sall et autres membres de Suqali sopi s’explique : «Ma seule gêne, c’est que j’étais avec le Président Abdoulaye Wade et je ne pouvais pas passer pour un traître. Cet obstacle est derrière moi. Il reste maintenant avec qui doisj e parler. Quiconque me demande de venir travailler avec lui dans l’intérêt du pays, je lui répondrai. Et puis, ce que je dis là engage Oumar Sarr et les autres. Nous avons quand même travaillé pour le Président Wade. L’heure est venue de travailler en tenant compte aussi de nos intérêts.»
Et peut-être même que l’ancien porte-parole du Pds se prépare à affronter les critiques contre une éventuelle transhumance, qu’il définit lui-même. «Ce que vous appelez ‘’transhumance’’, c’est le fait de combattre quelqu’un au plan politique. Vous allez aux élections, celui-ci en sort vainqueur et vous le rejoignez. Cela fait 12 ans que Macky Sall est au pouvoir. Nous étions dans un même parti. Le seul problème que nous avions avec lui était lié à l’affaire Karim Wade. Mais tous ceux qui étaient au Pds savent que nous n’avons jamais eu un problème personnel», a dit M. Gaye.