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17 juillet 2025
L'ANACARDE POURRIT EN CASAMANCE
La pandémie de coronavirus pourrait entrainer la mévente de 30.000 tonnes d’anacarde et "un manque à gagner" estimé à 50 milliards de francs CFA aux dépens des producteurs de la région
La pandémie de coronavirus pourrait entrainer la mévente de 30.000 tonnes d’anacarde et "un manque à gagner" estimé à 50 milliards de francs CFA aux dépens des producteurs d’anacarde des trois régions de la Casamance (sud), a déclaré l’ingénieur agronome Abdourahmane Faye.
"On annonce une mévente record de 30.000 tonnes d’anacarde et un manque à gagner de 50 milliards pour les producteurs casamançais, qui ne voient pas l’ombre d’un acheteur (…) en ce début de campagne", a écrit M. Faye dans une tribune dont l’APS a obtenu une copie.
"Le désastre sera d’autant plus grand que la campagne précédente était chahutée par une chute drastique des prix aux producteurs, qui était due à une surproduction au niveau mondial", a souligné l’ingénieur agronome et expert chargé de la formation et de l’emploi à l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR), un "espace de réflexion" sur "les politiques publiques dans le secteur agricole et rural en Afrique de l’Ouest".
Ce sont des hommes d’affaires indiens qui venaient souvent acheter la production d’anacarde aux producteurs des régions de la Casamance (Kolda, Sédhiou et Ziguinchor), selon M. Faye.
Un collectif d’acteurs de la filière anacarde locale a fait part de son "désarroi", déplorant l’absence des partenaires commerciaux indiens et mauritaniens, qui ne peuvent se rendre en Casamance à cause de la pandémie de coronavirus, a-t-il expliqué.
La morosité de la filière anacarde va affecter le port de Ziguinchor, qui connaissait chaque année un regain d’activité pendant la campagne de vente des récoltes de noix de cajou, selon l’ingénieur agronome.
Les services portuaires prévoient une baisse importante de leur chiffre d’affaires à cause de la mévente des récoltes d’anacarde.
"C’est toute une filière, à l’entame de son envol, qui prend du plomb dans l’aile avec ce Covid-19, qui n’épargnera même pas la mangue, pour la même raison, le manque d’acheteurs", a souligné Abdourahmane Faye.
"Les deux mamelles principales de l’économie agricole sont ainsi infectées dans cette partie du Sénégal, qui présente déjà une comorbidité lourde liée aux effets des changements climatiques, à la salinisation des terres, à la baisse de la fertilité et de la productivité des sols, au sous-équipement des exploitations agricoles, etc.", a ajouté M. Faye.
Selon lui, à cause de la fermeture des marchés hebdomadaires ruraux, en raison de la pandémie de coronavirus, les paysans sont privés de "débouchés commerciaux" et ne peuvent pas vendre leurs produits agricoles et d’élevage pour subvenir à leurs "besoins monétaires et alimentaires".
"Dans plus de 80% des cas, les ménages agricoles épuisent leurs stocks vivriers six mois après récoltes et dépendent, pour le reste de l’année, de ces marchés pour s’acheter de la nourriture", a expliqué l’expert d’IPAR.
"Les restrictions imposées dans les transports intérieurs et extérieurs ont perturbé le fonctionnement des chaînes logistiques d’approvisionnement et de livraison [des] exploitations agricoles", a-t-il écrit.
par Abdou Latif Coulibaly
COVID-19 : DE LA QUALITÉ DE LA COMMUNICATION !
Il y a parfois beaucoup de brouillage de messages et de confusions préjudiciables à la communication sur le Covid 19 dans des programmes de radio et plateaux de télévisions
En ayant suivi pendant quelques minutes une émission sur les antennes d’une chaîne de télévision privée, j’ai eu la désagréable surprise de tomber sur la prise de parole de quelqu’un qui a été identifié par l’animateur comme un communicant. Désagréable surprise, tant le communicant de service s’est montré très peu humble, certain de ne pas se tromper dans ses affirmations, très peu étayées du reste, en clouant avec force au pilori la communication supposée « nulle » de l’Etat sur le Covid-19. À entendre « l’expert » en communication, il semble y avoir un décalage entre la perception des populations de l’action gouvernementale sur le covid-19, notamment sur le volet sensibilisation. Tout porte à croire que le gouvernement ne communique pas efficacement avec les populations ; qu’il ne s’emploierait pas d’une part, à mieux appréhender les opinions et aspirations profondes des populations et d’autre part, à expliquer et à faire comprendre les actions de lutte contre le covid-19 afin qu’elles soient bien comprises. Même agacé par son ton péremptoire et ses certitudes, je n’ai pas manqué de le remercier, car aussitôt après avoir zappé, j’ai composé le numéro de Moubarak Lô. Je rappelle à certains et informe d’autres que ce dernier opère dans l’une des rares structures, parmi les cabinets d’expertise et de prospective existant au Sénégal, qui consacre un travail quotidien digne d’intérêt sur le Covid-19. Un travail basé sur une analyse qualitative et quantitative fine des données du jour, publiées sur la maladie par le ministère de la Santé. Les publications proposées par ce cabinet traduisent par des schémas graphiques assez parlant l’évolution de la maladie, en utilisant une démarche de modélisation statistique qui, à mon humble avis, permet de mieux comprendre tous les jours ce qui se joue à travers les chiffres déclinés chaque matin depuis le ministère de la Santé et de l’Action Sociale.
Le but de mon appel participait d’un souci d’en savoir plus sur la qualité de la communication faite autour du Covid-19, depuis son apparition le 2 mars 2020 au Sénégal. Seulement, cette fois-ci, j’ai voulu comprendre, à la faveur d’une démarche scientifique d’enquête de type psychologique, en collectant des données statistiques fiables sur la question. Affable et courtois, il l’est par nature. Moubarak accepte sans réfléchir ma proposition. Il me proposa de m’associer à la tâche utile pour concevoir un questionnaire et à en évaluer sa consistance interne et externe. Sans hésiter, j’ai accepté son offre. Il tenait à faire participer un communicant au travail. Après avoir réalisé le questionnaire, nous avons convenu de l’administrer dans les deux zones les plus infectées par le virus, à savoir les régions de Dakar et de Diourbel. Seulement, pour l’instant, ne sont disponibles que les résultats de Diourbel. Aux fins de conduire l’étude, l’économiste statisticien a proposé la méthodologie suivante : une enquête téléphonique réalisée auprès d’un échantillon de 320 personnes à Diourbel. Des personnes sélectionnées selon la méthode des quotas. Les variables de quotas utilisées sont : le sexe, l’âge et le niveau de formation. Ainsi, dans la région de Diourbel précisément, l’univers de l’enquête (ou population cible) étant constitué de l’ensemble des individus âgés de 18 ans ou plus, des communes de Mbacke et Touba, appartenant à un ménage ordinaire. L’enquête a été réalisée par téléphone, le 2 mai 2020, en wolof ou en français, sur la base d’un questionnaire préétabli, avec une répartition en deux sous-échantillons homogènes par commune (dispersion géographique et contraintes méthodologiques identiques). En attendant que le cabinet agrège toutes les données, celles de Diourbel et Dakar, afin de publier l’intégralité des résultats de l’étude, ses responsables m’ont autorisé, pour les besoins de la rédaction de cette tribune, à extraire quelques données majeures du travail effectué par le Bureau de Prospective Économique (BPE) du Sénégal, sous la direction de Moubarak Lo.
Quand on considère les résultats de l’enquête sur Diourbel déjà disponibles, en observant les réponses données par les populations enquêtées, on note que celles-ci ont été bien sensibilisées, afin de comprendre ce qu’est la maladie, ce qu’il faut éviter, dans une proportion de l’ordre de 98,70%, aussi bien dans les villes de Mbacké que de Touba. Par exemple, quand on leur demande comment perçoivent-elles et apprécient-elles la gravité du Covid, les taux de citation : « la maladie est très grave sont de l’ordre de 79,60% et grave 19%. Les personnes enquêtées sont capables de citer au moins quatre des symptômes de la maladie, avec en tête une forte fièvre (79,60%), toux sèche (7%), maux de tête (3%), gorge irritée (0,6%). C’est la télévision qui a sensibilisé et informé, dans une large proportion de 99% les populations de Touba, concernant la réalité de la maladie, sa gravité et sur les gestes barrières. Alors que la radio dans certaines zones est citée à 88,80%, concernant ce même item. Constat majeur : plus de 85% des personnes enquêtées disent qu’elles n’ont pas été du tout informées et sensibilisés par les médias sociaux, non plus par internet de manière générale. Ils font confiance aux média classiques de manière générale et à la communication de proximité pour en savoir sur le Covid 19.
En résumé, les populations ont été bien sensibilisées et bien informées par les différentes actions de communication initiées, différemment naturellement, selon les canaux de communication utilisés. La communication dirigée vers la télévision et la radio ont été cependant plus efficaces. Les autres types de communication : communication personnelle de proximité, presse écrite et autres ont aussi joué un rôle important. L’efficacité des actions de communication est incontestablement établie. Plusieurs facteurs, autre que la qualité, peuvent expliquer une inefficience globale ou très partielle dans la mise en œuvre d’une action de communication : barrières culturelles, l’indiscipline ; la défiance voulue et organisée parfois. Tenant compte de l’ensemble de ces facteurs, on devrait parfois se garder de nous montrer trop péremptoire dans notre façon de juger la communication engagée autour du Covid-19. Le gouvernement fait à la fois dans la communication institutionnelle et dans la communication sociale destinée au grand public dans son extrême diversité et sensibilité. Cette communication est portée par les institutions, les secteurs fortement impactés par le covid-19 : la santé, l’éducation, le transport, le tourisme et l’hôtellerie, le commerce, la culture, l’artisanat, l’agriculture, l’élevage, l’environnement, la gouvernance territoriale. Parallèlement, trois catégories de professionnels ont beaucoup pris la parole dans les médias ces temps derniers - lutte contre le Covid-19 oblige -, je veux parler des médecins, des communicants et des journalistes. Généralement ces médecins, à une notable exception près, se sont montrés très prudents dans leur prise de parole, en s’évertuant à faire comprendre aux populations ce qu’est la pandémie, à leur détailler les systèmes mis en place pour y faire face, et enfin, à donner du sens aux gestes barrières, en leur expliquant le pourquoi et le comment de toutes les mesures arrêtées dans le cadre de la lutte contre le Covid 19.
Quant au travail des journalistes professionnels, il a été plus que correct dans l’ensemble, vu les réponses des personnes enquêtées. C’est à leur honneur, surtout en cette journée du 3 mai 2020, consacrant la journée internationale de la liberté de presse. Pour en revenir à la radio et à la télévision, on signalera, à l’appui, cette fois-ci, de constats empiriques, des exceptions qui confirment la règle de bonne tenue de ces canaux. On note en effet, pour s’en désoler, ces cas de plateaux de télévision et « shows » diffusés à la radio et dans lesquels on enregistre la présence de journalistes et qui ont beaucoup fait dans la confusion de genre dommageable. Il y a parfois beaucoup de brouillage de messages et de confusions préjudiciables à la communication sur le Covid 19 dans ces programmes de radio et plateaux de télévisions. Ici, se mêlent souvent des pratiques de talk-show, des éléments de téléréalité, marqués par des désirs individuels d’exister par la seule grâce du seul canal, la télévision en particulier, qui portent en effet des préjudices notables à la communication sur le Covid-19. Ces confusions sont parfois entretenues par la diffusion d’opinions ne reposant sur aucun fait tangible. Les professionnels, les journalistes je veux dire, sont souvent restés dans la collecte primaire et la diffusion de l’information factuelle, en expliquant et en s’appuyant sur des points de vue documentés, émanant souvent de spécialistes.
Quant à certains communicants, il m’est parfois apparu beaucoup d’audace et de l’imprudence dans les propos de certains d’entre eux. J’en ai eu parfois le profond sentiment. Cela a été le cas, quand certains d’entre eux ont décrété urbi et orbi, en affichant en apparence de fortes certitudes, que la communication proposée par les autorités engagées en première ligne dans la lutte n’était pas bonne, pour ne pas dire qu’elle était mauvaise.
par Kako Nubukpo
CONTROVERSE BÉNIN/SÉNÉGAL SUR LA DETTE : LA RENAISSANCE DU DÉBAT AFRICAIN
La tribune du ministre béninois des Finances apparaît comme la contestation du leadership sénégalais en construction et la réponse du ministre sénégalais des finances, comme une « commande » présidentielle
Jeune Afrique |
Kako Nubukpo |
Publication 04/05/2020
Si la pandémie du coronavirus n’avait qu’une seule vertu, ce serait la renaissance du débat africain qu’elle provoque à l’heure actuelle. En effet, rarement les décideurs et intellectuels africains se sont autant exprimés par voie de tribunes, d’articles, d’appels divers et variés.
Dans la foison de contributions plus stimulantes les unes que les autres générée par la pandémie de Covid-19, la passe d’armes récente entre le ministre béninois de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, et le ministre sénégalais des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, autour de la question de l’annulation de la dette africaine, mérite d’être soulignée à plus d’un titre.
En effet, dans une tribune publiée le 23 avril, Romuald Wadagni a exprimé son hostilité au moratoire et a fortiori à l’annulation de la dette africaine, au motif du signal négatif que cette annulation enverrait aux marchés financiers, engendrant de facto une hausse de la prime de risque et donc des taux d’intérêts exigés par les créanciers pour acquérir les dettes africaines futures.
En réponse à cette prise de position, son homologue sénégalais des Finances a publié le 28 avril une tribune intitulée : « Annuler la dette des pays africains est vertueux et bien fondé », dans laquelle il fait explicitement référence à celle de son collègue du Bénin pour la contrer point par point.
Trois raisons justifient l’importance et le caractère singulier de ce combat à fleurets mouchetés :
La tribune du ministre béninois des Finances, qui n’a pu être publiée sans l’aval de son chef d’État, apparaît dès lors comme la contestation de ce leadership sénégalais en construction et la réponse du ministre sénégalais des finances, comme une « commande » présidentielle.
Sur le plan diplomatique, les tribunes des deux ministres s’inscrivent dans un contexte où le président en exercice de l’Union africaine, le Sud-africain Cyril Ramaphosa, vient de désigner quatre personnalités emblématiques d’une Afrique mondialisée pour négocier, au nom de l’Afrique, les moratoires et/ou annulations des dettes africaines.
La tête de file de ce quatuor, Tidjane Thiam, ancien ministre, assureur et banquier franco-ivoirien internationalement connu et reconnu, a d’ailleurs répondu au ministre béninois des Finances sur la chaîne de télévision francophone TV5, en des termes fort peu amènes : « personne n’oblige un État à accepter un moratoire ou une annulation de sa dette ». On a connu des technocrates plus respectueux des ministres et des chefs d’États en exercice…
De fait, l’apparition de « nouveaux acteurs » venus du monde de la finance internationale, mais sans responsabilité exécutive à l’heure actuelle, sort de leur torpeur les ministres africains, généralement peu diserts en matière de partage de leurs convictions théoriques et empiriques.
Ces contestations – celle « par le haut » de la compétence des ministres africains en exercice dans leur capacité à représenter le continent dans les enceintes internationales et celle des commissaires de l’Union africaine (après tout, ils sont payés pour cela) – créent un nouvel espace de jeux et d’enjeux autour du leadership sur la représentation africaine sur le plan international et vient compléter la contestation « par le bas » portée par les organisations de la société civile africaine.
Sur le plan économique, les deux ministres des Finances semblent opter pour deux niveaux distincts de l’analyse économique : le ministre béninois est clairement dans une logique microéconomique, plus précisément dans l’économie du risque, de l’incertain et dans la théorie des jeux répétés. Son raisonnement consiste à dire qu’une suspension ou une annulation de la dette africaine provoquerait dans le jeu répété qui a cours entre débiteurs et créanciers, une perte de confiance de ces derniers engendrant une dégradation de la réputation et de la crédibilité des premiers, dont le coût cumulé sur longue période sera plus élevé que le gain immédiat.
Ce résultat bien connu de la théorie dite des « incitations », produit de la nouvelle économie institutionnelle, plaide en faveur du marché qui serait le meilleur allocataire des ressources en dépit de son caractère d’optimum de « second rang ». Au contraire, le ministre sénégalais opte pour une approche d’emblée macroéconomique, plus étatiste, ciblée sur la nécessité d’obtenir des marges de manœuvres budgétaires additionnelles pour faire face à la pandémie du Covid-19. De ce point de vue, il élargit l’espace d’appréhension de la crédibilité du débiteur en mobilisant l’Etat sénégalais qui aurait « un profil d’émetteur souverain de référence ».
Dans la mesure où en théorie, l’État est le meilleur débiteur par excellence car doté d’une durée de vie infinie, le tour est joué. En s’inscrivant au fond dans la nouvelle macroéconomie keynésienne, il pourrait revendiquer l’incomplétude et l’imperfection des marchés financiers pour justifier sur le plan pratique un moratoire ou même une annulation de la dette africaine.
Pour finir, il convient de souligner l’absence dans les deux contributions ministérielles des causes structurelles des dettes africaines, notamment l’étroitesse de la base productive et l’absence d’une souveraineté monétaire pouvant permettre la monétisation de la dette à l’instar de la pratique actuelle de tous les pays riches et émergents de la planète.
En effet, pour sortir du cercle vicieux de la dette africaine, il faudrait augmenter et orienter le crédit public et privé (bancaire et non bancaire) vers l’investissement productif et la création de capacités additionnelles de production. De fait, la demande africaine pourrait être assurée pour l’essentiel par l’offre africaine de biens et services, avec à la clé une réduction des importations et donc du solde courant de la balance des paiements.
Le processus de production africaine permettrait, pour sa part, de créer de nouveaux emplois, d’engendrer des revenus additionnels et de payer des impôts supplémentaires indispensables à une résorption pérenne des déficits budgétaires récurrents et donc la réduction drastique des stocks de dette extérieure.
La reconquête par l’Afrique de ses instruments de souveraineté politique, diplomatique et économique est la condition permettant de ne plus apporter des réponses conjoncturelles à une question structurelle et de sortir par le haut du débat salutaire entre le Bénin et le Sénégal sur les dettes africaines.
9 CAS POSITIFS À MÉDINA GOUNASS, 67 PERSONNES CONFINÉES
En plus, 107 personnes sont mises en quarantaine dans le département dont 76 à Gounass. Cette situation survint au moment où Gounass continue à organiser les prières collectives du vendredi
10 cas confirmés de Covid-19 ont été détectés ce week-end dans le département de Vélingara, soit 1 dans le village de Kalifourou et 9 dans la cité religieuse de Médina Gounass. En plus, 107 personnes sont mises en quarantaine dans le département dont 76 à Gounass. Cette situation survint au moment où Gounass continue à organiser les prières collectives du vendredi. Depuis le début de la pandémie, le département a comptabilisé 18 cas positifs dont 8 importés et 10 autochtones.
Le cas importé du Covid-19, qui a traversé la frontière guinéenne et testé positif le 26 avril dernier, a pu contaminer une personne dans le village de Kalifourou, frontalier de la Guinée, selon le Dr Omar Sané, médecin-chef du district de Vélingara. Il a ajouté que la cité religieuse de Médina Gounass a eu son lot de 9 cas contacts testés positifs, dont 7 femmes. Ce qui fait un total de 10 cas confirmés durant le week-end.
La personne contaminée à Kalifourou, qui a sa famille à Gounass, serait responsable de l’introduction du virus dans la cité de Thierno Mohamadou Saïd Ba. Pour le compte du département, à ces 10 patients, il faut ajouter le cas importé de la Guinéenne introduite par des Jakarta men dans le département le 26 avril 2020 et les 7 premiers cas de Sénégalais ayant fait le même trajet que la dame et arrêtés à Dialadiang (poste de contrôle sanitaire au Sénégal) le 3 avril 2020. Ce qui fait un total de 18 cas que ce département de la région de Kolda a enregistrés depuis le début de la pandémie dans notre pays. Les 4 sont guéris et rentrés à Dakar, 4 (en plus de la dame) sont internés au centre de traitement de Kolda. Les 10 nouvelles contaminations sont encore en traitement sur place en attendant que le corps médical juge de l’opportunité ou non d’en évacuer tout ou partie à Kolda.
De la capacité d’accueil du centre de traitement de Kolda
Le centre de traitement au Covid-19 de Kolda a une capacité d’accueil de 17 places, selon Dr Omar Sané. Il est loin d’atteindre ses limites puisqu’à ce jour, 13 patients y sont internés : 9 de Sédhiou et 4 de Vélingara. Seulement, au vu de la progression exponentielle des cas et du nombre élevé de personnes en confinement à Vélingara et à Sédhiou, en plus des cas confirmés en observation dans ces 2 localités, il faut craindre que Kolda atteigne très rapidement son seuil de saturation. Cela, à l’image de beaucoup de centres du pays. C’est pourquoi la sensibilisation à l’observance des mesures barrières et la surveillance rigoureuse du confinement régional sont prises au sérieux par les autorités et agents en charge du maintien de l’ordre.
Toujours selon le médecin-chef, 107 personnes sont en confinement dont 76 à Médina Gounass (dans des maisons) et les autres dans un réceptif hôtelier de la ville de Vélingara.
De la prière du vendredi à Gounass
C’est certainement la seule grande cité religieuse du pays qui n’a pas daigné renoncer à l’office de la prière du vendredi… en commun et même aux 5 autres prières quotidiennes. En tout cas pour ce qui concerne la famille du khalife Thierno Amadou Tidiane Ba. Suscitant d’ailleurs un sentiment d’injustice chez l’autre communauté rivale de la même ville qui a obéi à l’injonction présidentielle de renoncer à tous les rassemblements populaires dont la prière musulmane du vendredi. Le dépistage de cas positifs au coronavirus (2 hommes et 7 femmes) et la mise en quarantaine de 76 personnes devraient appeler les fidèles du khalife Ba à renoncer aux rassemblements populaires. Ou que le chef de l’Etat, qui est un talibé de la localité, convainque son marabout et guide à demander à ses fidèles à faire cette prière à la maison.
Par Madiambal DIAGNE
DETTES AFRICAINES : MACKY SALL, LES VOIES DE LA RAISON
Le Bénin partage avec le Rwanda l’ambition de se muer en places financières, en attirant des investisseurs privés. Leurs discours pour les rassurer et les séduire à tout prix peuvent donc être identiques
La question de la prise en charge des conséquences de la pandémie du Covid-19 a relancé le débat sur la problématique de l’endettement des pays pauvres. L’initiative du Président Macky Sall, appelant à l’annulation totale ou partielle de la dette publique et la renégociation des dettes commerciales des pays pauvres, a eu un écho assez favorable auprès de la communauté internationale. Le Fonds monétaire international (Fmi) a immédiatement effacé la dette de vingt-cinq pays pauvres. Aussi, le paiement de la dette de tous les autres Etats est suspendu, selon une décision du G20 qui regroupe les principaux créanciers publics. Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, le 27 avril 2020, a tenu à redire les bonnes dispositions de son pays (Usa) à examiner la situation des pays, «au cas par cas», en vue de l’allégement de leur niveau d’endettement. La Chine va dans la même logique. Le Président Macron, premier acquis à cette cause avec le Pape François, travaille le Club de Paris pour obtenir les mêmes résultats. En outre, les institutions de Bretton Woods et l’Union européenne ont sorti les carnets de chèques pour allouer des liquidités sous forme de dons, car il s’avère nécessaire de soulager le fardeau de l’endettement, mais aussi d’injecter des ressources nouvelles. En plus de l’annulation de la dette pour relancer son économie, l’Afrique demande par exemple le pourvoi de ressources financières nouvelles pour un montant de 100 milliards de dollars.
Ne pas se faire d’illusions
Le levier sur lequel l’Afrique pourra s’appuyer sera assurément l’effacement de la dette. Après les désastres économiques et sociaux du Covid-19, le monde sera dans une situation économique et sociale telle que tous les pays auront besoin de financer leurs déficits. Il s’avèrera particulièrement difficile pour les Etats, de façon générale, de recourir à l’instrument de la fiscalité pour éviter de fâcher davantage leurs populations. La seule alternative sera de recourir aux marchés. L’Afrique se tournera donc vers les marchés en même temps que tous les autres pays du monde et on peut considérer que ce sera une compétition inégale. En effet, les prêteurs seront plus enclins à aider à sauver les économies de leurs propres pays. Il sera question de l’exacerbation d’un certain égoïsme des Peuples. Aussi, les garanties de solvabilité des pays riches sont sans commune mesure avec celles des pays pauvres. L’Afrique aura intérêt à voir son stock d’endettement allégé pour pouvoir emprunter, de nouveau, ou qu’elle aura besoin de n’avoir pas à rembourser des dettes et ainsi rediriger les ressources qui devaient être destinées à payer des dettes, à faire face à d’autres priorités. Les dons et autres aides des pays riches seront assez limités, en raison de leurs propres urgences nationales.
La légitimité juridique d’une demande
Demander l’annulation de la dette ne doit pas souffrir d’un complexe ou de scrupules. D’ailleurs, la demande portée aujourd’hui par l’Afrique a toujours été celle de militants politiques ou de la société civile, pour des rapports internationaux justes et équitables. Ainsi, ne devrait-on pas avoir honte à demander l’annulation d’une dette publique. Ce n’est pas non plus une revendication idéologique, encore moins une demande de charité. Une telle revendication a des fondements d’ordre juridique, économique et moral.
Par des principes généraux bien établis, le droit international a fini de justifier des demandes en annulation de dette des Etats. Les dettes contractées contre les intérêts des populations locales sont juridiquement frappées de nullité. La doctrine de la «dette odieuse» trouve son origine au 19ème siècle. Une de ses applications remonte à 1898, lorsque les Usa prirent le contrôle de Cuba. Les Usa avaient refusé d’assumer la dette cubaine vis-à-vis de la couronne espagnole. Le contentieux sera éteint à l’aide d’un traité international, signé à Paris, au terme duquel l’Espagne renonça à la dette.
En 1923, une banque britannique établie au Canada va renoncer à des prêts consentis au Costa Rica. Les prêts avaient été considérés, suite à un arbitrage dirigé par le juge Taft, président de la Cour suprême américaine, qu’ils avaient été consentis selon l’intérêt personnel du Président Tinoco du Costa Rica.
Les mouvements citoyens invoquent souvent ce principe de la dette odieuse. D’ailleurs, l’Administration Bush avait relancé ce principe en 2003, en demandant à des pays comme la Russie, la France et l’Allemagne d’annuler la dette de l’Irak contractée par le régime de Saddam Hussein. Le Club de Paris finira par annuler 80% de la dette de l’Irak, mais en prenant soin de ne pas la qualifier de «dette odieuse» ; sans doute pour éviter de faire des émules. On retiendra qu’une dette peut être qualifiée de «dette odieuse» si elle a été «contractée par un régime despotique, dictatorial, en vue de consolider son pouvoir, ou si elle a été contractée non dans l’intérêt du Peuple, mais contre son intérêt et/ou dans l’intérêt personnel des dirigeants et des personnes proches du pouvoir, ou enfin si les créanciers étaient en mesure de connaître la destination odieuse des fonds prêtés».
On peut aussi soutenir l’annulation de la dette et la suppression de son remboursement en convoquant l’argument de la force majeure et celui du changement fondamental de circonstances. La Commission du droit international de l’Onu définit ainsi la «force majeure» : «L’impossibilité d’agir légalement (…) est la situation dans laquelle un événement imprévu et extérieur à la volonté de celui qui l’invoque, le met dans l’incapacité absolue de respecter son obligation internationale en vertu du principe selon lequel à l’impossible nul n’est tenu.»
La jurisprudence en matière de droit international reconnaît qu’un changement dans les conditions d’exécution d’un contrat peut l’annuler. Cela signifie en substance que les contrats qui requièrent l’accomplissement d’une succession d’engagements dans le futur sont soumis à la condition que les circonstances ne changent pas.
Un autre motif pour fonder le refus de payer est l’argument de «l’état de nécessité». L’état de nécessité peut être invoqué lorsque la poursuite des remboursements implique pour la population des sacrifices qui vont au-delà de ce qui est raisonnable, en affectant directement les obligations fondamentales de l’Etat à l’égard des citoyens. A ce propos, la Commission du droit international de l’Onu déclare : «On ne peut attendre d’un Etat qu’il ferme ses écoles, ses universités et ses tribunaux, qu’il supprime les services publics de telle sorte qu’il livre sa communauté au chaos et à l’anarchie, simplement pour ainsi disposer de l’argent afin de rembourser ses créanciers étrangers ou nationaux. Il y a des limites à ce qu’on peut raisonnablement attendre d’un Etat, de la même façon que d’un individu.»
L’exemple éloquent de l’annulation de la dette de l’Allemagne
La communauté internationale avait mis ensemble ces différents principes juridiques pour décider, à l’initiative des Usa, de l’annulation de la dette allemande en 1953. On se rappelle que Alexis Tsipras, chef du gouvernement de la Grèce en 2015, un pays plongé dans une grave crise économique, faisait du précédent de l’annulation de la dette allemande son argument de taille pour titiller l’inflexibilité de Angela Merkel qui refusait toute annulation de la dette grecque.
L’économiste Eric Toussaint, qui soutenait la Grèce dans ce combat, décrit les conditions des faveurs accordées à l’Allemagne. En effet, après la seconde Guerre mondiale, de multiples conditions ont été réunies pour permettre à l’Allemagne de l’Ouest (Rfa) de se développer rapidement en permettant la reconstruction de son appareil industriel. Non seulement la dette contractée par l’Allemagne en-dehors des deux guerres mondiales a été réduite de plus de 60% et des aides économiques sous forme de dons lui avaient été octroyées. L’Allemagne a pu développer d’impressionnantes infrastructures publiques et soutenir ses industries afin de satisfaire la demande locale et de conquérir des marchés extérieurs. L’Allemagne a même été autorisée à rembourser une grande partie de sa dette restante dans sa monnaie nationale. Elle remboursa par exemple à la Belgique, à l’Angleterre et à la France une partie de ses dettes en Deutsche marks. «Ces fonds qui n’avaient pas d’intérêt dans les échanges avec le reste du monde, Anglais, Belges et Français ont essayé de s’en débarrasser rapidement en achetant des marchandises et des équipements fournis par l’économie allemande et contribué à refaire de l’Allemagne une grande puissance exportatrice.» L’allègement radical de la dette de la Rfa et sa reconstruction rapide après la seconde Guerre mondiale ont été rendus possibles grâce à la volonté politique de ses créanciers. De surcroît, l’accord établissait la possibilité de suspendre les paiements pour en renégocier les conditions si survenait un changement substantiel limitant la disponibilité des ressources. Les concessions pour une relance rapide de l’Allemagne furent nombreuses de la part des créanciers.
Les petits calculs du Bénin et du…Rwanda
On a pu être interloqué en entendant des intellectuels africains qui voudraient prendre le contre-pied de leur gouvernement, au risque parfois d’apparaître incohérents. Ils ont toujours considéré que la dette africaine auprès des pays occidentaux était injuste et encourageaient à rompre la spirale de l’endettement. Voilà que les Etats africains demandent l’annulation de la dette et que les créanciers se montrent disposés à accéder à la demande, que des élites africaines trouvent à objecter ! Ce serait plus que faire de la fine bouche pour un débiteur de renoncer à une offre généreuse de son créancier de lui effacer une dette. Le cas échéant, devrait-on se demander ce que ce débiteur aurait bien derrière la tête ?
C’est dire que l’opinion exprimée par Mme Louise Mushikiwabo, qui voudrait que l’Afrique devrait plutôt préférer le gel de la dette, ne manque pas de poser problème. La secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) rame à contre-courant de la plupart des chefs d’Etats membres de l’Oif. A ce que l’on sache, aucune instance de l’OIF n’a eu à discuter de la question pour adopter une telle position qui est en porte-à-faux manifeste avec les engagements officiels des Etats membres. Il sera difficile de ne pas entendre les voix qui voudraient croire que Mme Mushikiwabo exprime ainsi une position que le Rwanda, dont elle a été le ministre des Affaires étrangères avant d’être élue à la tête de l’OIF, ne pouvait porter officiellement. Il s’avérerait incongru que Paul Kagame, qui coordonne la Commission de l’Union africaine pour le Nepad, se démarque officiellement d’un projet aussi consensuel pour l’Union africaine que la demande d’allégement de la dette des pays pauvres. En outre, le Rwanda a été tout heureux de faire partie des 25 pays les plus pauvres du monde et qui sont déjà bénéficiaires de l’annulation de leurs dettes auprès du FMI, du 13 avril 2020.
On peut dire la même chose du Bénin, autre pays bénéficiaire de cette opération. Après avoir fini de bénéficier d’une annulation par le FMI, le chef de l’Etat du Bénin, Patrice Talon, a écrit aux institutions de Bretton Woods pour appeler à la «mobilisation urgente de liquidités nouvelles en lieu et place des annulations et moratoires de dette». Le Président Talon semble perdre de vue que la demande d’annulation des dettes publiques et de réaménagement des dettes commerciales des Etats est aussi accompagnée d’une autre demande non moins importante, à savoir l’allocation de ressources financières nouvelles. A sa suite, Romuald Wadagni, ministre des Finances du Bénin et président du Conseil des ministres de l’Uemoa, s’est autorisé d’en rajouter une couche. Dans une tribune publiée par le magazine Jeune Afrique, il soutient que «les annulations de la dette, malgré la marge budgétaire immédiate qu’elles offrent, ne répondent pas aux enjeux et présentent d’importants inconvénients».
Romuald Wadagni plaide que de telles mesures donneraient une perception négative aux agences de notation. Le ministre Wadagni est alors en porte-à-faux avec tous ses autres collègues de l’Uemoa et, à le lire, on croirait qu’il est toujours l’employé de Deloitte Afrique. La grosse faiblesse de son argumentaire demeure que si le Bénin ne bénéficie pas de mesures d’allégement de sa dette, ce pays ne pourrait nullement profiter des marchés financiers. C’est le serpent qui se mord la queue !
En effet, le Bénin est déjà lourdement endetté et le ratio de sa dette dépasse 56% de son Pib, en dépit d’une opération de restructuration de sa dette conduite par justement Romuald Wadagni en 2018. La restructuration de la dette du Bénin (opération très décriée à Cotonou du fait de son opacité) lui avait quand même permis de pouvoir lancer une opération d’Eurobonds en mars 2019, pour lever 500 millions d’euros avec la maturité la plus courte (7 ans) et surtout le taux d’intérêt (5,75%), le plus élevé de tous les pays de l’espace Uemoa, sachant que le Sénégal et la Côte d’Ivoire avaient réalisé la même opération. Il s’y ajoute que des annulations de dettes avaient bénéficié aux pays africains, dont le Bénin, en 1999 et en 2005, et cela n’a pas empêché les «fameuses» agences de notation de continuer à accorder du crédit à ces pays.
On regrettera toujours en Afrique que des autorités politiques puissent garder des agendas particuliers au détriment des intérêts des populations. Les exemples sont légion, de voir de hauts cadres publics, privilégier les intérêts de la Finance internationale ou poursuivre des projets de carrière dans de grandes institutions internationales, jusqu’à sacrifier les intérêts de leur pays.
Au demeurant, l’attitude des autorités du Bénin suivrait aussi la logique que ce pays, se sachant pas très éligible aux financements publics, voudrait recourir davantage aux financements commerciaux. Ce choix stratégique répondrait aussi à plus de facilité à lever des fonds avec moins d’orthodoxie sur le choix des créanciers ou sur les taux d’endettement. Le Bénin partage avec le Rwanda l’ambition de se muer en places financières du genre Dubaï, en attirant des investisseurs privés, leur accordant des conditions particulières. Leurs discours pour les rassurer et les séduire à tout prix peuvent donc être identiques.
ABDOULAYE DAOUDA DIALLO SIFFLE LA FIN DU LAXISME DANS LE FONCIER
Le ministre des Finances et du Budget corse les procédures d’attribution ou de régularisation par voie de bail pour mettre fin aux litiges fonciers, source d’insécurité juridique et de frustration pour bon nombre d’usagers
Le ministre des Finances et du Budget corse les procédures d’attribution ou de régularisation par voie de bail pour mettre fin aux litiges fonciers, source d’insécurité juridique et de frustration pour bon nombre d’usagers. Désormais, les baux seront établis par les bureaux des domaines sur la base de critères que le ministre des Finances et du Budget mentionne dans une note qu’il a adressée à la Direction Générale des Impôts et Domaines.
Face aux nombreux litiges qui, parfois, mettent à nu les failles de l’administration des Domaines, le ministre des Finances et du Budget déclare la fin de la frénésie foncière. Le Ministre Abdoulaye Daouda Diallo tient à l’orthodoxie dans l’instruction des demandes d’attribution ou de régularisation de terrains par voie de bail. Il l’a fait savoir d’ailleurs dans une note de service adressée au Directeur général des Impôts et des Domaines dans laquelle il indique désormais la procédure à suivre. Cette décision est motivée par le constat du ministre des Finances et du Budget que l’appréciation des services rendus par «la DGID dans l’exécution de la mission foncière, domaniale et cadastrale révèle une multiplication de litiges fonciers, source d’insécurité juridique et de frustration pour bon nombre d’usagers». Il veut la transparence d’autant que le président de la République avait souligné qu’il reçoit plus d’alertes sur des problèmes fonciers. «En vue de favoriser un mode de gestion transparent et conforme à la réglementation, il apparaît nécessaire d’une part, de procéder à un rappel des règles qui gouvernent les procédures d’instruction des demandes d’attribution ou de régularisation de terrains par voie de bail et d’autre part, de préciser encore une fois les diligences édictées par le manuel de procédures domaniales, à observer lors de la présentation des actes issus des dites procédures à l’approbation», indique Abdoulaye Daouda Diallo dans la note.
A ce propos, il précise que les baux devront désormais être établis par les bureaux des domaines sur la base de la liste nominative des attributaires cités dans les procès-verbaux approuvés par la commission de contrôle des opérations domaniales (CCOD). «En vue de prévenir la survenance de conflits fonciers préjudiciables à la bonne marche des services et à la notoriété de la DGID, les bureaux des domaines devront désormais, préalablement à toute instruction pour une demande de bail ou de régularisation de bail, s’assurer de la disponibilité physique et juridique des assiettes foncières», informe Abdoulaye Daouda Diallo.
Pour ce faire, on doit consulter les services techniques (cadastre urbanisme) et visiter les lieux, exiger un état de droit réel et un plan cadastral portant un NICAD visé par le chef du bureau cadastre. Pour ce qui concerne la présentation des actes à l’approbation, le ministre des Finances et du Budget exige maintenant que les dossiers soient obligatoirement accompagnés du procès-verbal de la commission de contrôle des opérations domaniales comportant la liste nominative des attributaires ; le rapport de la commission de contrôle des opérations domaniales et le plan cadastre portant le numéro d’identification cadastre (Nicad). Quant aux lotissements administratifs, Abdoulaye Daouda Diallo veut que le dossier soit constitué de l’acte portant autorisation de lotir, le plan de lotissement et la liste nominative de tous les attributaires. Par ailleurs, le ministre des Finances et du budget précise que les dossiers ayant reçu un avis favorable de la CCOD datant de plus de deux ans devront être ré instruits avant l’établissement des baux y afférents.
RETOUR A L’ORTHODOXIE OU COUP BAS CONTRE MAME BOYE DIAO ?
Pour beaucoup de nos interlocuteurs, le grand argentier de l’Etat fait ainsi un rappel à l’orthodoxie que ses services violaient depuis des années. Seulement, il se dit dans les chaumières que la note de service de Abdoulaye Daouda Diallo est dirigée contre le directeur des Domaines Mame Boye Diao avec qui il ne serait pas en odeur de sainteté. « Tout le monde sait que c’est Aïssatou Ndiaye qui était le candidat d’Abdoulaye Daouda Diallo à la direction des Domaines. Il est en train de mettre les bâtons dans les roues de Mame Boye Diao qui prend du galon auprès du boss. Il veut le ferrer et exiger que tout passe par lui, mais il s’y est très mal pris, parce qu’il ne sait même pas que cette note n’est pas faisable dans la pratique d’autant plus que les lotissements administratifs sont du ressort du Ministère de l’Urbanisme», confie un inspecteur des Domaines.
Pour un autre agent des Domaines joint par «L’As», il s’agit juste d’un retour à l’orthodoxie, salutaire du reste. « Les Domaines gèrent les assiettes et nous nous occupons de l’aménagement. Malheureusement, ils ont toujours passé outre en zappant l’urbanisme. C’est ce qui explique les bidonvilles, les inondations, maintenant la note remet de l’ordre dans la gestion des domaines », déclare une autre source qui souligne en revanche que la note s’attribue un pouvoir dévolu à son collègue de l’urbanisme.
Quoi qu’il en soit, dans les chaumières politiques, il se dit que le ministre des Finances et du Budget Abdoulaye Daouda Diallo, fidèle parmi les plus fidèles, et le directeur des Domaines Mame Boye Diao, devenu un de plus grands défenseurs du chef de l’Etat, la relation est tombée de Charybde et Scylla. A moins que leur dénominateur commun Macky Sall arbitre et mette fin à cette guéguerre ambiante, ça risque de jaser.
LES AUTORITES SANITAIRES REAJUSTENT LEUR PLAN DE RIPOSTE
L’appel des médecins urgentistes est entendu. Ces derniers craignaient une saturation des structures hospitalières avec la multiplication exponentielle des nouveaux cas de covid-19
L’appel des médecins urgentistes est entendu. Ces derniers craignaient une saturation des structures hospitalières avec la multiplication exponentielle des nouveaux cas de covid-19. Ils avaient ainsi proposé que certains malades soient maintenus dans des hôtels où ils seraient suivis. Même si l’option pour le moment n’est pas de loger les patients dans des réceptifs hôteliers, le ministère de la santé a aménagé des sites spéciaux, extra hospitaliers, où seront pris en charge des cas asymptomatiques ou peu symptomatiques.
Le flux de cas positifs au Covid19 dans les structures hospitalières complique la gestion de cette épidémie avec un fort risque de saturation des centres de traitement. Pis, dans un tel contexte, les hôpitaux vont éprouver énormément de mal à s’occuper des autres malades pas atteints du nouveau coronavirus. Pour pallier cet état de fait, le Ministère de la Santé et de l’Action sociale a décidé d’adapter sa stratégie de riposte à l’évolution de la pandémie. Pour ce faire, parallèlement à l’augmentation du nombre de tests, Abdoulaye Diouf Sarr a demandé, samedi dernier, au comité national de gestion des épidémies et au groupe opérationnel d’intégrer dans leur stratégie la prise en charge extra hospitalière des cas asymptomatiques. Le hangar des pèlerins de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, parmi les trois sites de prise en charge extra hospitalière
Prenant la parole samedi dernier, toujours lors du point mensuel, le Directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire (COUS) a indiqué que l’objectif d’un tel réajustement du plan de riposte, c’est de ne pas perturber nos établissements de santé. «On ne veut pas faire de nos hôpitaux «des hôpitaux Covid-19 » qui peuvent porter préjudice aux autres malades », a fait savoir Dr Bousso. Qui rassure dans la foulée que la prise en charge extra hospitalière ne va pas baisser la qualité de la prise en charge pour ces cas asymptomatiques ou peu symptomatiques. Il informe également que des sites ont été déjà identifiés pour accueillir ces patients asymptomatiques. Il s’agit, dit-il, du hangar des pèlerins de l’aéroport Léopold Sédar Senghor ; de la base aérienne de Thiès ; et du centre des armées de Guéréo. «Ces sites vont accueillir des patients asymptomatiques ou peu symptomatiques. Et dans chaque site, il y aura une équipe médicale et une ambulance médicalisée positionnées 24 heures sur 24», confie-t-il. Selon Dr Abdoulaye Bousso, aujourd’hui, 400 lits sont disponibles dans ces sites et «cela permettra de pouvoir réserver l’hôpital aux personnes qui ont plus de symptômes».
Auparavant, la Directrice de la Santé, Docteur Marie Khémesse Ngom Ndiaye a indiqué que les équipes opérationnelles vont commencer l’isolement en situation extra hospitalière pour les cas asymptomatiques. «Un travail a été déjà fait avec toutes les équipes cliniques», a-t-elle relevé. Poursuivant, elle affirme en outre que les équipes opérationnelles ont déjà commencé la stratégie de recherche active de cas à travers les registres de consultation au niveau des postes de santé, des centres de santé et également des hôpitaux. Il s’agit, précise-t-elle, d’identifier toute maladie répondant à la définition des cas et dépister tous les cas à haut risque comme à bas risque.
UNE DES DOLEANCES DES MEDECINS URGENTISTES SATISFAITES
Revenant sur cette mesure préventive du Ministère de la Santé tendant à préserver les hôpitaux d’une saturation, il faut dire que les autorités ont bien entendu l’appel de l’Association sénégalaise des médecins urgentistes. La Présidente Dr Corinne Tchania avait indiqué dernièrement que 30 à 40% des malades de covid-19 peuvent être infectés sans présenter de signes ou même le savoir. En plus, elle affirmait que souvent, pour ces cas asymptomatiques, les gens guérissent spontanément. C’est pourquoi elle avait suggéré, vu le peu de lits dans les structures hospitalières, que les «Covidsimples», les patients dont les cas ne sont pas compliqués, soient maintenus dans des hôtels en ayant un œil sur eux à travers des gardes médicaux ou paramédicaux. L’idée a été retenue par les autorités qui ont préféré simplement garder les patients dans des sites dédiés et non dans des hôtels. Pour le reste, la présidente de l’Association des urgentistes avait également proposé que les personnes contacts restent chez elles et qu’on utilise une application pour les suivre comme c’est le cas dans certains pays asiatiques. Une manière d’apprendre aux gens à vivre avec le virus. Mais cette dernière proposition n’est apparemment pas pour le moment dans les plans des autorités sanitaires.
Par Bamba Kassé
MOT DU SECRETAIRE GENERAL DU SYNPICS A L’OCCASION DE LA JOURNEE MONDIALE DE LA PRESSE
Informer Juste et Vrai ! Ceci n’est pas un cahier de doléances, mais une feuille de route, à amender au besoin, pour que la Liberté de la Presse au Sénégal, soit une réalité quotidiennement vécue
Chers amis, Nous voici une nouvelle fois face au rituel de la célébration du 3 Mai, la journée mondiale de la Liberté de Presse. Partout dans le monde dit libre, des discours sont produits, des messages initiés et diffusés, des initiatives de revendication ou de réitération du sacro saint principe de la Liberté des Médias, prises.
Chers amis, chez nous au Sénégal, ce 3 mai est particulier à plus d’un titre. Non pas parce que nous sommes tous englués dans les travers des conséquences de la pandémie du Covid19, mais parce que à y regarder de près, le début de 2020 s'avère être une période de paradoxes pour ce qui est de la liberté de la presse. 2020 devait être dans notre calendrier, l’année de la consécration de notre nouvel écosystème institutionnel des médias avec la mise en application effective du Code de la presse, la mise en place de la HARCA en remplacement du CNRA, l’amorce de la réforme du code de la publicité et le début de la régularisation des cartes nationales de presse. Sans oublier d’autres chantiers comme la mise sur pied d’une sorte d’assurance maladie pour les travailleurs des médias et leurs familles. En lieu et place qu’avons-nous obtenu ?
A part une amélioration de notre classement dans le registre "Reporters Sans Frontières" où le Sénégal est passé de la 49e à la 47e place dans l’indice de la liberté de presse, notre pays fait du surplace. Les réformes institutionnelles qui devaient se matérialiser par la mise en application de textes consensuels sont encore à l’arrêt.
Cette inaction charrie le plus grand danger qui guette l’avenir de la presse : l’Incertitude ! Incertitude quant à la pérennité de son modèle économique chahuté par son manque d’ancrage à la digitalisation.
Notre presse n’a pas assez apprivoisé le numérique qui pourtant sera la plateforme de diffusion par essence dans un avenir très proche. Ce qu’on appelle trivialement ‘’presse numérique’’ ou en ligne, ne fait l’objet d’aucun encadrement au point que les sites internet qui pour la plupart ne répondent pas au vocable ‘’entreprise de presse’’, se débattent dans la mare de ‘’l’Infodémie’’ et le ‘’Buzz Système’’ non pas pour informer, mais orienter. Ou désorienter. Le décret portant statut de l’entreprise de presse devrait permettre de régler ce problème. Il est toujours malheureusement dans des tiroirs. L’autre décret portant mise en place du Fonds d’Appui et de développement de la presse, un outil indispensable pour accompagner l’initiative de création des médias d’un genre nouveau, ou qui au moins devrait permettre aux médias existants de pouvoir amorcer leur mutation économique réelle, manque toujours à l’appel.
Dans un contexte où les sociétés d’information voient le jour pour réclamer plus de considération économique, où le débat ailleurs est de voir comment contraindre les GAFAM à rémunérer à leur juste valeur les médias qui leur fournissent du contenu, le surplace qui sévit dans notre pays est inquiétant.
Doublement inquiétant lorsqu’on se remémore les mots du Président de la République demandant le 1er mai 2019 à ses ministres de la communication et du Travail de faire le Job. Un an après, à l’actif du premier nous notons un arrêté mettant en place la commission nationale de la carte de presse, et pour le second, nous pouvons souligner les efforts administratifs qui aboutiront "si tout se passe bien" à l’arrêté d’extension de la Convention Collective des travailleurs du secteur des médias.
Chers membres de la famille des médias, dignes travailleurs souvent méprisés - la plupart du temps en violation flagrante de la Loi - la partition de chacun d’entre nous est attendue pour, qu’ensemble on provoque le dernier acte de sursaut qui devra faire de notre pays un exemple achevé de démocratie. Qui dit démocratie dit presse libre. Qui dit presse libre, parle d’une liberté fondamentale : celle d’assurer le contrôle des productions d’information par des professionnels assujettis aux règles éthiques et déontologiques. Sommes-nous dans ce cas lorsque l’on voit de plus en plus de publications gérées par des lobbies et des intérêts économiques et politiciens ? Dans un pays où l’actionnariat des médias est occulte l’information peut elle être fiable ?
Lorsqu'un ancien ministre reconverti en homme d’affaires ou porteur de valise met en place un organe médiatique n’est-il pas légitime de se demander si ce média produit de l’information ou si au contraire il n’est qu'un outil pour faire passer des messages ? Que dire alors de ce phénomène qui a été vécu avec acuité lors de la dernière présidentielle, en février 2019 !
Des médias et non des moindres qui se mettent ostensiblement au service d’un des camps engagés dans la course au scrutin ! Ce, au nez et à la barbe d’un organe de Régulation dépassé puisque dépossédé de tout pouvoir réel de coercition et dont la composition aurait été, de toutes les manières, perçue comme un frein à la neutralité. En ce jour de célébration de la Liberté de Presse partout dans le monde, faisons ensemble un serment. Jurons d’expier de ce secteur les intérêts partisans qui bloquent le processus de renouvellement de notre écosystème.
Barrons la route à la routine paresseuse d’un journalisme de ‘’compte-rendu’’. Remettons nous tous ensemble sur la ligne de départ pour une Presse de Qualité, dotée de moyens économiques mais aussi et surtout légaux et règlementaires pour lui permettre de faire son travail, son seul travail : Informer Juste et Vrai ! Ceci n’est pas un cahier de doléances, mais une feuille de route, à amender au besoin, pour que la Liberté de la Presse au Sénégal, notre cher pays, ne soit pas seulement une date inscrite dans un calendrier de festivités et de commémoration, mais une réalité quotidiennement vécue. Pour le bien exclusif de notre Démocratie.
Bamba Kassé
SG Synpic
Par Mamadou Lamine Dianté
RÉOUVERTURE DES CLASSES LE 2 JUIN, UNE ÉQUATION A PLUSIEURS INCONNUES
Dans le cadre du plan de riposte contre le COVID-19, plusieurs mesures ont été prises par Monsieur le Président de la République, afin de rompre la chaine de transmission du virus hautement transmissible.
La pandémie du COVID-19, apparue officiellement dans notre pays le 02 mars 2020, poursuit sa progression fulgurante. Le Sénégal a franchi la barre symbolique des mille (1.000) cas de contamination au nouveau coronavirus en moins de deux mois. Dans le cadre du plan de riposte contre le COVID-19, plusieurs mesures ont été prises par Monsieur le Président de la République, afin de rompre la chaine de transmission du virus hautement transmissible.
L’apparition du premier cas importé enregistré le 05 mars à Touba a créé une psychose dans la population, jusque dans des établissements scolaires de Mbacké qui accueillent des membres de la famille du patient. Ce qui n’a pas manqué de provoquer des remous dans ces écoles. Et pour éviter que les établissements scolaires et universitaires ne deviennent des foyers de propagation du nouveau coronavirus, Monsieur le Président de la République a décidé, le 14 mars, de les fermer jusqu’au 06 avril 2020.
L’évolution de la pandémie dans notre pays a obligé les autorités à prolonger cette fermeture jusqu’au 04 mai. Il revenait dès lors aux ministres en charge de l’Education et de la formation de mener des « concertations urgentes avec les partenaires sociaux en vue d’évaluer l’impact global du COVID-19 sur le secteur éducatif » ; d’élaborer une feuille de route pour la poursuite des enseignements, de même qu’un agenda des évaluations (examens et concours), tout en tenant compte aussi de l’impact sur les établissements d’enseignement privé.
Entretemps, l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu de 20h à 06h du matin a été décrété. Dans le même ordre d’idée, la nécessité du respect de la distanciation sociale dans les transports publics a fait l’objet d’une nouvelle réglementation, limitant le nombre de passagers dans les véhicules de transports en commun. En outre, de nouveaux horaires ont vu le jour dans l’administration, où la journée de travail s’étend désormais entre 09h et 15h. Le port de masque est devenu obligatoire dans les lieux publics, etc.
Au moment où l’on constate avec M. le Ministre de la Santé que « la maladie ne faiblit pas, le nombre de cas a plus que quadruplé », le gouvernement a arrêté, au cours du Conseil des ministres du 29 avril, la date de reprise des cours, « à compter du 02 juin 2020 pour les élèves en classe d’examen ».
Les modalités de reprise globale des enseignements dans la période du 02 au 14 juin seront étudiées au niveau des académies. Toutefois, un certain nombre d’inconnues subsistent :
1° L’état d’évolution de la maladie à coronavirus : A moins que le gouvernement soit dans le secret de la propagation du COVID-19 au Sénégal, on ne saurait présager de l’état d’évolution de la pandémie à la date du 02 juin 2020. Et si la tendance actuelle venait à se maintenir ou se renforcer ?
2° L’état psychologique des acteurs : Avec la propagation fulgurante de la pandémie, comment les élèves, les parents et les enseignants vont – ils aborder cette échéance ? Seront-ils dans les dispositions psychologiques et mentales pour une reprise normale des cours, du fait de la psychose engendrée par le COVID-19 et sa folie meurtrière à travers le monde ?
3° La reconfiguration des classes pédagogiques : Les établissements scolaires et universitaires se caractérisent par un déficit criant en infrastructures, caractérisé par un nombre de salles de classe ou d’amphithéâtres très limité. Dans ces conditions, comment réduire la taille des groupes pédagogiques en vue de respecter la distanciation sociale dans les salles de classe ?
4° Les zones à forte densité d’abris provisoires : Ce type d’infrastructure faisant office de salles de classe ou de bloc administratif font encore légion dans les régions du sud et sud-est, où l’hivernage s’installe précocement, souvent au mois dès le mois de mai. Comment ces abris provisoires, qui sont même souvent en nombre insuffisant, pourront-ils permettre une reprise de cours en contexte de COVID-19 ?
5° Le retour des acteurs dans leurs établissements : La première décision de fermer les établissements scolaires et universitaires a coïncidé, à une semaine près, avec les vacances du deuxième trimestre, communément appelées ‟vacances de pâques” ou encore ‟quinzaine de la jeunesse”. Ce qui a fait que la quasi-totalité des étudiants ont été convoyés chez eux ; de nombreux élèves et enseignants ont aussi rejoint leurs familles. Dans un contexte d’interdiction des transports interurbains, comment organiser le retour de tout ce beau monde ? Comment s’y prendre si certains se trouvent dans des localités mises en quarantaine ? Comment prévenir les risques de propagation du nouveau coronavirus et la prolifération des cas communautaires, dans ces conditions ? Quelle est la date de reprise des activités pour l’administration scolaire et universitaire, et les enseignants ?
6° Les conditions de transports des acteurs : Avec la nouvelle réglementation dans les transports publics, comment assurer le déplacement régulier des acteurs scolaires et universitaires dans le respect de la distanciation sociale ?
7° Les contraintes en cas prolongation du couvre-feu : Les acteurs n’auront pas le droit d’être dehors ni avant 06h, ni après 20h. Les aléas de la circulation dans des agglomérations comme Dakar, combinés à la limitation du nombre de places dans les véhicules de transports en commun, permettront-ils aux acteurs scolaires et universitaires de respecter le couvre-feu en vigueur ?
8° La confection des nouveaux emplois du temps : Elle doit obéir à divers facteurs tels que les nouveaux horaires dans l’administration et les services publics, la réduction de la taille des groupes pédagogiques, la disponibilité des salles physiques, l’exigence de respect de la distanciation sociale dans les salles de classe et la cour de récréation. Par quelle alchimie va-t-on essayer de permettre à la mayonnaise de faire semblant de prendre ?
9° La conduite des cours d’EPS : L’éducation physique et sportive est pratiquée dans nos établissements. En fonction des risques encourus par les élèves, va-t-on les obliger à courir avec les masques, en faire des séances individuelles ou simplement suspendre ces cours ?
10° Les cours de philosophie : La philosophie fait partie, avec les mathématiques, l’espagnol, etc. ; des disciplines dites ‟en péril”, du fait d’un déficit d’enseignants dans ces matières. Il est très fréquent de trouver un seul professeur de philosophie dans un lycée à trois ou quatre classes de terminale, ou qui est à cheval entre plusieurs lycées. Avec une taille moyenne des groupes pédagogiques de 60 élèves, comment organiser les cours de philosophie ?
11° Le respect des mesures barrières dans les établissements : Audelà de la distanciation sociale dans les salles de classe et dans la cour, les acteurs doivent être équipés en masques et les établissements en dispositifs de lavage des mains. Selon les instructions des autorités sanitaires, le lavage des mains doit se faire au minimum toutes les heures ; et les masques doivent être changés toutes les trois heures.
Ainsi, pour une durée de séjour quotidien de six heures dans les établissements, chaque acteur doit au moins se laver les mains 6 fois et changer de masque 2 fois par jour au sein de l’institution. En outre, il serait d’un bon ton de désinfecter les cartables et matériels scolaires à l’arrivée et à la sortie des élèves et étudiants. Quelle garantie a-t-on que ces dispositions idoines seront prises ?
12° Le dispositif « apprendre à la maison » : Pour assurer la « continuité pédagogique », les ministères en charge de l’éducation et de la formation avaient annoncé un dispositif d’enseignement-apprentissage qui devait palier les cours habituels. S’est-on ravisé face à l’impréparation des acteurs par rapport à ce dispositif, et par rapport à ses propres limites ? Toujours est-il que le processus doit poursuivre sa maturation, pour le bien des acteurs. Par ailleurs, quelles qu’en soient ses performances, ce dispositif continuera de trainer une grosse lacune que constitue l’apprentissage de la sociabilité, essentiel dans les processus d’enseignement-apprentissage.
13° Le choix des acteurs : Selon le Pr Moussa Seydi, « laisser le COVID-19 circuler pourrait mener à une catastrophe » au Sénégal. Dans un contexte de prolifération des cas issus de la transmission communautaire, qui sera exacerbée par le retour des acteurs qui étaient dans d’autres contrées, les élèves, étudiants et enseignants vont – ils devoir choisir entre la poursuite des enseignements-apprentissages et le COVID-19 ? Les parents seront-ils contraints à choisir entre les études et la santé (ou la vie) de leurs enfants ?
En tous cas, le sérieux des effets néfastes du COVID-19 et la faiblesse de nos moyens médico-sanitaires ne laissent aucune place au tâtonnement, encore moins au faire semblant dangereusement hasardeux. Et pourtant, notre pays a une longue tradition en matière de ‟sauver l’année” et regorge de techniciens de l’éducation capables de proposer des schémas adéquats de réaménagement du calendrier scolaire et universitaire. Nous avons aussi les exemples de 2007 et 2012 qui peuvent servir de jurisprudence. Là où le Sénégal a réussi à sauver des années pendant qu’il était seul en situation, en faire autant ou mieux dans ce contexte inédit où il se trouve pratiquement au même niveau que tous les pays du monde, ne sera pas impossible. Par conséquent, attendre que la situation du COVID-19 le permette est la décision la plus sage.
Mamadou Lamine Dianté
Ancien coordonnateur du Grand cadre
POURQUOI Pr MOUSSA SEYDI NE VALIDE PAS L’ARTEMISIA DANS LE TRAITEMENT
Annoncée Andriy Rajoelina, comme comme un remède efficace contre le Covid-19, la boisson Covid Organics à base d’Artemisia annua fait polémique à propos de son utilisation dans le traitement du nouveau coronavirus.
C’est le cas notamment du Professeur Moussa Seydi, qui ne valide pas l’utilisation de ce médicament dans son protocole de traitement. Selon lui, l’Artemisia agit sur certains virus, mais on ne sait pas s’il agit sur le coronavirus. Le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann estime qu’il y a certains préalables qui ne sont pas encore acquis pour qu’il puisse utiliser l’artemisia dans son protocole.
« Moi, en tant que médecin, je ne l’utiliserai pas. En tant que chercheur, il faut que le médicament puisse agir au niveau du laboratoire, mais également que ce médicament puisse agir aussi chez l’être humain avant que je ne puisse prendre de décision. C’est ce que j’ai fait avec l’hydroxychloroquine et l’azithromycine. En laboratoire, on sait depuis longtemps, que ça agit sur des virus. Les Chinois l’avaient démontré d’ailleurs. On sait que ça peut agir chez l’être humain à partir d’une étude préliminaire avec toutes ses imperfections. Mais là (avec l’Artemisia), je n’ai pas tous les éléments. Je ne peux pas l’utiliser comme ça. Il me faut une étude, avec des tests réalisés sur des êtres humains », explique-t-il. Pour le chef de file de l’équipe de traitement du coronavirus au Sénégal, les normes requises ne sont pas encore disponibles pour qu’il puisse s’engager à l’utiliser chez ses patients, malgré la commande faite par le chef de l’Etat du Sénégal, Macky Sall. Pr Seydi consent juste que cela peut être considéré comme un complément alimentaire et dans ce cas, il n’y voit pas d’inconvénient d’autant qu’il n’y a pas besoin d’une prescription médicale pour en prendre. « Quelqu’un qui n’est pas dans ma position a le droit de le considérer comme un complément alimentaire et de l’utiliser, argumente-t-il. Un complément alimentaire ne nécessite pas forcément une ordonnance. Je n’ai pas le droit de donner comme ça un médicament à un patient, il faut que les gens le comprennent. La rigueur de mon métier ne me permet pas d’agir ainsi. Si je le fais, j’emprunte une autre voie différente à celle de la médecine ».
Connue en Occident sous le nom d’Artemisia annua, la plante dont est issue l’artémisinine appartient à la famille des armoises. C’est aussi de ce végétal utilisé traditionnellement en décoction, que des chercheurs chinois avaient pu extraire, dans les années 1970, un principe actif, dénommé « Qing hao su ».
En 2001, l’OMS aussi avait annoncé que le plus grand espoir mondial de fournir un traitement au paludisme vient de Chine en parlant du « Coartem », première bithérapie comportant de l’artémisinine qui avait rejoint la liste des médicaments essentiels même si cela n’avait été que d’une courte durée.