KEEMTAAN GI - RETOUR A LA NORMALE !
Nous sommes assurément entrés dans l’ère de l’après-Covid. Du moins, même si l’état d’urgence a été prolongé de trois mois encore pour que qui l’on sait continue de détenir entre ses mains périssables tous les pouvoirs (exécutifs, législatifs et même, par pantins interposés, judiciaires), on renoue avec nos bonnes vieilles habitudes de Sénégalais ! A preuve, après s’être offert deux semaines de vacances sous couvert de confinement, revoilà donc que le Chef émerge de sa quarantaine — quatorzaine dans le cas d’espèce — pour se livrer à son exercice favori : la présentation de condoléances. Comme nous n’avons cessé de persifler dans ces colonnes depuis des années, le président de la République est le champion du monde des présentations de condoléances. Voilà donc un président de la République qui s’est coupé volontairement de son peuple depuis quatre bons mois et dont les rares apparitions ont consisté à aller passer en revue…des sacs de riz et aussi…présenter des condoléances à une présidente d’institution, un président qui, pour sa première apparition d’après confinement, ne trouve rien de mieux à faire que d’aller présenter des condoléances ! Et pas seulement au Sénégal, du reste. plutôt que d’aller encourager les personnels soignants en première ligne contre la pandémie dans les centres de traitement des épidémies (Cte) ou les forces de l’ordre sur le pied de guerre depuis quatre mois pour faire respecter l’état d’urgence, voire aller dans les pme-pmi, ou même dans les marchés, s’enquérir des effets de la crise sur l’activité économique, notre président, donc, se précipite pour aller présenter des condoléances. pendant que le monde entier s’efforce de maintenir la vie et de chanter une ode aux vivants, notre président, lui, semble opter pour les oraisons funèbres. Un éloge aux morts. De profundis. Le peuple peut crever la dalle, presque 150 Sénégalais mourir de Covid. pas un mot de compassion pour les malheureux ou leurs familles. Mais que des marabouts disparaissent, alors là, il faut, toutes affaires de la République cessantes, aller faire du « dialé ». Sans oublier bien sûr d’emporter de grosses enveloppes en guise de « diaxal »… Kaccoor bi
REPRISE DES VOLS INTERNATIONAUX : L’ETAT DURCIT LE DISPOSITIF ANTI- COVID A L’AEROPORT
Dans le cadre de la reprise des vols internationaux prévu ce mercredi 15 juillet 2020, l’Etat a annoncé de nouvelles mesures pour réduire les risques de contamination et de propagation du coronavirus dans l’environnement du transport aérien. Dans cette panoplie de mesures anti-covid déclinées à travers une circulaire, l’accent a été mis sur l’exigence de tester chaque passager à son entrée comme à sa sortie du territoire national. Ce, pour parer aux risques de « cas importés » et de contamination encourus dans l’environnement du transport aérien. Ainsi, une attention particulière sera portée sur les tests des passagers. « Si des tests rapides (résultats jusqu’à 15 mn au maximum) sont disponibles à l’aéroport, ils doivent être effectués avant la sortie de l’aérogare. Les résultats sont apposés sur la carte d’embarquement, le passeport ou tout autre document pertinent. Si des moyens de tests rapides ne sont pas disponibles à l’aéroport, les passagers doivent être informés de leur obligation de se soumettre à un test dans les 48 heures suivant leur arrivée. Les documents de preuves seront exigés du passager avant d’être autorisé à effectuer son voyage retour. A défaut, il devra s’acquitter d’une amende », précise la circulaire du ministre du Tourisme et des Transports aériens.
FINANCEMENT DE SON DEVELOPPEMENT : LE GROUPE SONATEL OBTIENT AVEC SUCCES 100 MILLIARDS DE FRS DU MARCHE.
Le Groupe Sonatel a pu décrocher facilement les 100 milliards de francs qu’il recherchait sur le marché financier. pour son emprunt obligataire par appel public à l’épargne dénommé « Sonatel Bonds 6.50% 2020- 2027 de 7 ans », le Groupe Sonatel a lancé son opération agréée par l’Autorité du marché financier régional (AMF UMOA) sous le visa numéro : EOp/20-01 pour une période de souscription devant aller du 15 juin au 15 juillet 2020. Elle donne lieu à l’émission de 10 000 000 obligations dématérialisées au prix unitaire de 10 000 FCFA. Cet emprunt sera amorti sur une maturité de 7 ans à un taux d’intérêt brut de 6,50 % par an. L’opération qui constitue à date la plus importante émission obligataire par une société privée de la région a connu un vif succès auprès des investisseurs et a été sursouscrite à plus de 120 %. Les obligations ont été placées auprès d’investisseurs au Sénégal (39 %), de la région UEMOA hors Sénégal (38 %) et hors région UEMOA (23%). La date de jouissance est fixée au 16 juillet 2020. La cotation des titres devra intervenir au niveau de la BRVM dans les semaines qui suivent ainsi que le dépôt de la demande d’admissibilité au refinancement de la BCEAO. Le produit net de cette émission servira au financement du plan d’investissement du Groupe Sonatel au Sénégal pour l’exercice 2020 notamment des investissements sur les infrastructures et les plateformes de service permettant de soutenir le segment voix mais également l’extension des réseaux très haut débit fixes et mobiles, l’accélération des principaux relais de croissance ainsi que le lancement de nouveaux métiers de l’énergie, de la Banque et des contenus multimédias et la modernisation et à l’extension du réseau tout en renforçant le rôle de pionnier de Sonatel en termes d’innovation et de technologie dans le secteur des télécommunications. Le Directeur Général du Groupe Sonatel, Sékou DRAME, a exprimé la satisfaction de Groupe en indiquant « remercier au nom de Sonatel tous les investisseurs qui ont fait confiance aux femmes et aux hommes du groupe avec cette sursouscription malgré le contexte mondial difficile lié à la pandémie Covid-19. L’engagement est pris pour réussir ensemble notre mission par l’atteinte des objectifs fixés et la fructification de ces placements massifs ».
Madiambal Diagne lève 5 milliards pour une tour aux Mamelles
Ce n’est pas pour rien qu’il a quitté la direction du groupe Avenir Communication. Madiambal Diagne est de plain-pied dans le business. C’est la Lettre quotidienne qui donne l’information. Avec sa société immobilière Sci Pharaon, il vient de bénéficier d’une ligne de crédit de 5 milliards de francs CFA de la CBAO pour construire une tour de 15 étages aux Mamelles, avec une quarantaine d’appartements vendus entre 1,3 million et 1,5 million le m2. Ces appartements grand luxe sont actuellement très prisés au niveau des ressortissants de la sous-région qui ont fait de Dakar leur terrain de prédilection. M. Diagne qui travaille sur le projet depuis plusieurs années a signé avec la société́ turque Meva Constructions pour les travaux et la durée du chantier devrait être de 24 mois. Un projet que l’homme a mûri depuis longtemps et qui arrive à sa phase de réalisation. Les premiers décaissements ont commencé et les Turcs sont en train d’installer le matériel de chantier. Les clients également ont commencé les réservations. D’après la même source, la vente finale des appartements devrait générer pas moins de 19 milliards. Un gros coup !
Macky Sall et les rapports de l’Ige
Les vérificateurs ont rattrapé le retard de plusieurs années. Ce qui d’ailleurs avait poussé le Forum Civil à réclamer avec insistance la publication des rapports de l’Inspection Générale d’État (IGE). Eh bien ! C’est chose faite depuis hier dans l’après midi. De retour d’une tournée de présentation de condoléances à Tivaouane et Thiénaba, le président de la République a reçu les inspecteurs généraux d’Etat qui lui ont remis les rapports sur la période 2016-2019. La rencontre a été une occasion de partage des propositions stratégiques sur la gestion de l’Etat et de ses démembrements. Dans ses rapports, l’Inspection Générale d’État a invité à l’introspection, la responsabilité individuelle et collective. A son tour, le président Macky Sall s’est engagé à veiller à la mise en œuvre immédiate et intégrale des propositions.
La Gendarmerie saisit 78 kilogrammes de drogue
Sandiara est devenu un lieu de transit de la drogue. C’est la deuxième fois que les gendarmes saisissent de la drogue dans cette commune qui sert d’escale aux camionneurs maliens. En effet, dans la nuit du 12 au 13 juillet 2020 vers 02 heures, les gendarmes en faction sur la route nationale à hauteur de Sandiara se sont intéressés à la présence suspecte d’une fourgonnette. Ils ont ainsi demandé au conducteur dudit véhicule de se ranger sur le bas côté de la route pour un contrôle. Mais à leur grande surprise, le conducteur, dès qu’il s’est rangé sur la chaussée, a ouvert la portière du véhicule et a disparu dans la nature, abandonnant son véhicule. Ainsi les pandores, en fouillant le véhicule, ont découvert 78 kilogrammes de chanvre indien répartis dans 05 sacs dissimulés dans des paniers. Le conducteur fugitif, formellement identifié, est activement recherché.
Atépa contre Aby Ndour
L’architecte Pierre Goudiaby Atepa avait traîné la chanteuse Aby Ndour devant le Tribunal des référés. Il reproche à la sœur de Youssou Ndour d’avoir aménagé un restaurant à «l’îlot» qui se trouve en face de l’Ambassade du Mali à Dakar. L’affaire qui a été évoquée hier a finalement été renvoyée au 20 juillet prochain pour plaidoirie. Atépa contre Aby Ndour pour diffamation Restons avec Pierre Goudiaby Atépa et Aby Ndour qui vont croiser le fer deux fois au tribunal. L’architecte veut laver son honneur dans l’affaire de chantage sexuel dont la chanteuse Aby Ndour avait parlé via sa page Facebook. Il avait servi une citation directe à Aby Ndour pour diffamation. Les deux parties devront comparaître le 28 juillet prochain devant le tribunal correctionnel de Dakar.
Grève de 72 heures du SYNTTAS
Les techniciens et travailleurs de l’Agriculture ne démordent pas. Le Syndicat National des Techniciens et Travailleurs de l’Agriculture du Sénégal (SYNTTAS) continue de dérouler son plan d’actions. Il a décrété encore un mot d’ordre de grève générale de 72 heures à partir du 15 juillet 2020.
Aftu fait machine arrière
Reculade de l’Association de Financement des Transports Urbains (Aftu). Ces derniers qui avaient décidé d’augmenter les prix du transport sont finalement revenus à de meilleurs sentiments suite à leur rencontre avec la tutelle. Toutefois, ces opérateurs du transport ont suggéré aux autorités étatiques de leur accorder une douzaine de places assises pour combler leur manque à gagner et faire face aux nombreuses charges sociales dont les salaires et les prêts bancaires. Une proposition que les autorités du ministère des Transports terrestres ont laissée à l’appréciation de la commission nationale de gestion de la pandémie.
Le Sytjust paralyse le tribunal de Pikine
Par ces temps, avoir un certificat de nationalité ou un autre document au tribunal de Pikine relève d’un parcours du combattant. La grève des travailleurs de la justice affiliés au Sytjust a tout chamboulé. Ce qui fait que beaucoup de gens rencontrés hier au tribunal de Pikine étaient obligés de rebrousser chemin. Et face à ce préjudice, les populations appellent au dialogue entre le ministre de la Justice Me Malick Sall et les grévistes.
Déclaration du Synpics
Le Synpics se félicite de l’issue heureuse de l’affaire de diffamation présumée opposant le Dage et le Secrétaire général du ministère de l’Environnement et des journalistes. Selon Bamba Kassé, l’implication personnelle du ministre de l’Environnement a contribué à cette solution. Il en est de même pour l’affaire dite des «chroniqueurs judiciaires». Il informe en effet que le ministre de la Justice a donné des instructions pour que cette entrave à la liberté de travail des journalistes au tribunal soit levée. Mieux, ajoute-t-il, ce dernier a déclaré que rien ne peut justifier une pareille décision. Un sacré désaveu contre le juge Diedhiou.
Bourses d’accompagnement en Master
Des étudiants en master ne cessent depuis quelques jours de réclamer le paiement de leurs bourses d’accompagnement. La Direction générale de l’Enseignement supérieur (DGES) sort de sa réserve pour apporter des précisions sur la question. Dans un communiqué parvenu à «l’As», le Directeur précise que les bourses d’accompagnement, d’un montant de 360 000 FCFA, ne sauraient violer les critères préalables d’attribution tels que la durée dans le cycle de Master pour un maximum de trois ans, et dont la limite d’âge retenue est de moins de 30 ans. Selon lui, les allocations d’études sont renouvelées en cas de poursuite des études sans redoublement dans le même cycle ou dans le cas d’un seul redoublement dans le cycle. Toutefois, cette allocation d’étude est supprimée en cas de second redoublement de l’étudiant dans le même cycle. En conséquence, le Directeur général de l’Enseignement supérieur souligne que les étudiants qui réclament aujourd’hui ces bourses d’accompagnement ne remplissent pas les critères car totalisant deux redoublements dans un même cycle. Et au regard de ces dispositions réglementaires, la direction estime qu’il n’existe aucune base légale autorisant une quelconque attribution.
Le Sytjust dans la rue aujourd’hui
Après 4 semaines de grève, les travailleurs de la justice seront dans la rue aujourd’hui. Le Sytjust a reçu hier l’autorisation du Préfet de Dakar d’organiser une marche pacifique afin de se faire entendre. En attendant cette procession, les travailleurs de la justice disent vivre dans la douleur et l’indignation l’expérience de la violence de l’injustice, du déni de reconnaissance de la précarisation de leurs conditions de travail, et du mépris de leurs droits les plus légitimes. Ils dénoncent la tentative de faire taire le SYTJUST par la stratégie de l’érosion du mouvement et par l’épuisement découlant de la souffrance d’attendre. Ils rappellent que les acteurs de la justice autant que les justiciables souffrent de cette situation injuste qui perdure, aggravée par l’absence d’un service public minimum, du fait de l’irresponsabilité manifeste du gouvernement. Les travailleurs de la justice invitent le chef de l’État à prendre la justice et le SYTJUST au sérieux en respectant le protocole d’accords et les engagements pris. Ils espèrent une reprise effective, et dans les meilleurs délais, du fonctionnement normal de la justice qui permettra de voir certains dossiers, comme celui de l’Affaire Petro-Tim dans laquelle est nommément cité Aliou Sall, connaître enfin une suite probante et suffisante à même de rassurer les Sénégalais qu’il n’existe pas dans ce pays une justice à double vitesse.
Un nouveau camp militaire à Goudiry
Goudiry aura bientôt un camp militaire au grand bonheur des populations qui pourront dormir du sommeil du juste. Le ministre des Forces Armées, Me Sidiki Kaba, va poser la première pierre du cantonnement en présence du chef d’Etat-major des Forces Armées, le Général de corps aérien Birame Diop et de plusieurs autorités civiles et militaires. L’érection du camp de Goudiry entre dans le cadre du maillage territorial des unités afin de s’adapter à l’évolution du contexte stratégique régional, et de répondre aux besoins de sécurité des populations. En fait, l’unité de Goudiry permettra, de concert avec les forces de sécurité, de lutter contre l’insécurité etles menaces transfrontalières. Dans le cadre de la coopération transfrontalière, elle travaillera avec les armées des pays voisins.
Un 2e décès lié à la covid-19 à Fatick
La région médicale de Fatick a déclaré avoir enregistré un deuxième décès causé par la Covid-19, dans le district sanitaire de Passy. Le défunt est un homme âgé de 70 ans, originaire de la commune de Djossong, dans le département de Foundiougne. Le résultat d’un prélèvement effectué sur son corps prouve qu’il est mort de la Covid19. Le test a été effectué à la suite de suspicions faisant penser à la maladie à coronavirus. Pour éviter des risques de contamination, les autorités sanitaires, les sapeurs-pompiers, la sous-brigade d’hygiène de Foundiougne, la Croix-Rouge et les autorités administratives de Fatick ont «pris toutes les dispositions sanitaires requises pour l’inhumation du défunt», a dit la région médicale à l’Aps. Le premier décès causé par la Covid-19 dans la région de Fatick a eu lieu le 16 juin à Boubane, un quartier de la commune de Fatick. Il s’agit d’un homme âgé de 47 ans, décédé à domicile. Un prélèvement post mortem effectué sur son corps est revenu positif au coronavirus, selon la région médicale.
CHEIKH HAMIDOU KANE, GRAND PRIX DES MÉCÈNES 2019
EXCLUSIF SENEPLUS - L'auteur de "L'Aventure ambiguë", succède à l'auteur kényan Ngugi wa Thiong'o, au palmarès de ce prix qui rend hommage à un écrivain chevronné pour l'ensemble de sa production livresque
C'est une bonne nouvelle pour la littérature sénégalaise et africaine en général, qui célèbre ses grands hommes de lettres.
Cheikh Hamidou Kane vient de rentrer dans le club très privilégié des lauréats du Grand Prix des Mécènes. Il est couronné pour le compte de la sixième édition.
''L'auteur de L'Aventure ambiguë est donc consacré parmi les plus grands auteurs de littérature africaine'', ont notamment commenté nos confrères d’Africultures, parlant du nouveau laurier de Cheikh Hamidou Kane.
L'écrivain sénégalais succède ainsi à l'auteur kényan Ngugi wa Thiong'o, primé lors de la précédente édition.
Le Grand Prix des Mécènes a été lancé en 2014. Il a pour but de rendre hommage à un écrivain chevronné pour l'ensemble de sa production livresque (Wikipédia).
Après l'annonce du lauréat dans les médias, le prix est souvent attribué lors de la cérémonie de remise des trophées des Grands Prix des Associations Littéraires (GPAL), qui se tient d'habitude à l'Institut français du Cameroun à Yaoundé. La cérémonie devant clôturer la septième édition du GPAL n'a toujours pas été annoncée, du fait des complications dues à la pandémie du Covid-19.
par Louis-Georges Tin
L'ÉLYSÉE, PALAIS DU NÉGRIER
Derrière les murs de l’Elysée, errent encore les fantômes des esclaves. M. Macron, c’est du sang des Africains réduits en esclavage qu’est sortie la splendeur du toit qui vous abrite. Sauf à vouloir déménager, cet héritage criminel, vous devez l’assumer
Libération |
Louis-Georges Tin |
Publication 13/07/2020
Le 14 juin dernier, vous avez déclaré : «Le passé est là. Il ne faut surtout pas le réécrire ou le tuer, comme on est en train de le faire avec les statues[…]. Il est là, donc on doit accepter l’histoire.» Tout récemment, sortant de sa réserve habituelle, votre épouse a exprimé une opinion très semblable à la vôtre : «Le passé est là. Il ne faut surtout pas le réécrire ou le tuer comme on est en train de le faire avec les statues, a-t-elle déclaré […]. Ça dit quelque chose de nous, même si c’est quelque chose qui ne nous plaît pas. Il est là, donc on doit accepter l’histoire.»
Vous avez raison l’un et l’autre, «on doit accepter l’histoire». Et nous pensons que cette maxime doit être illustrée : il faut donner l’exemple au plus haut niveau de l’Etat. Au niveau même de la présidence. Vous qui êtes locataire de l’Elysée, avec votre épouse, nous souhaitons que les traces de l’histoire de votre résidence soient connues de tous, et d’abord de vous-même.
Inauguré en 1720, il y a trois cents ans exactement, le palais de l’Elysée a été bâti et financé par Antoine Crozat, pour y loger sa fille et son gendre Louis-Henri de la Tour d’Auvergne. Selon Saint-Simon, Antoine Crozat était à l’époque «l’homme le plus riche de Paris», par conséquent du royaume. En 1701, il avait obtenu la fourniture en esclaves des colonies espagnoles, ce qui représentait bien entendu un marché colossal. Il devint bientôt le premier propriétaire de la Louisiane, et créa la Compagnie de la Louisiane, qui était à l’époque une colonie française. Il dirigea également la Compagnie de Guinée. En d’autres termes, Antoine Crozat fut certainement le plus grand négrier de l’histoire de France.
Et c’est dans ce palais négrier qu’est aujourd’hui logé le président de la République française. Un peu comme Donald Trump vit aujourd’hui dans la Maison Blanche, qui a été bâtie en bonne partie par des esclaves noirs. Ce n’est pas un hasard : les grands hôtels de la République, comme le vôtre, les grandes banques, comme la Banque de France, les grandes institutions comme la Caisse des dépôts, sont souvent liés aux capitaux issus de l’esclavage. Mais personne ne le sait, car les «traces» ont été effacées, comme vous l’avez à juste titre noté. Or, «le passé est là. On doit accepter l’histoire».
Evidemment, M. le Président, votre épouse et vous-même n’êtes en rien responsables de cet état de fait. Ce n’est pas vous qui avez causé ces malheurs, mais vous en êtes les bénéficiaires directs. Vous êtes logés dans une résidence somptueuse dont les ors sont l’envers de l’enfer subi par nos ancêtres. Derrière les murs de l’Elysée, errent encore les fantômes des esclaves. Le silence de votre palais résonne des cris et des souffrances des Africains déportés. Vous êtes l’héritier de cette histoire. C’est du sang des Africains réduits en esclavage qu’est sortie la splendeur du toit qui vous abrite.
Sauf à vouloir déménager, cet héritage négrier et criminel, vous devez l’assumer. Que vous le vouliez ou non, ce palais négrier est aujourd’hui votre palais. Il vous appartient, M. le Président, de faire en sorte que les traces de ce passé ne soient pas effacées, car «on doit accepter l’histoire», comme votre épouse et vous-même l’avez à juste titre affirmé. C’est pourquoi, ne pouvant ni déserter les lieux, ce qui serait absurde, ni ignorer le passé, ce qui est (désormais) impossible, vous devez faire en sorte que les «traces» de l’histoire soient clairement connues de tous.
C’est tout le sens de votre engagement. Vous qui avez, pendant la campagne pour la présidentielle, affirmé que la colonisation fut un crime contre l’humanité, vous qui avez fait droit à la demande du Cran en acceptant de restituer les trésors coloniaux, nous vous invitons à créer dans la cour de l’Elysée un mémorial en hommage aux esclaves, qui fasse la transparence sur l’origine des fonds qui ont permis de bâtir l’Elysée. Car ces capitaux, qui étaient des biens mal acquis, sont une trace invisible de ce passé, qui doit être assumée et expliquée.
Nous sommes en 2020. Pour les 300 ans du palais de l’Elysée, et à l’occasion du 14 juillet, nous vous invitons à annoncer lors de votre allocution la mise en œuvre d’une enquête historique approfondie, qui permettrait de connaître tous les liens reliant l’esclavage colonial aux grandes institutions de la République, au-delà du cas particulier de l’Elysée, qui n’est que le haut de l’iceberg. Tous ceux qui ont bénéficié de l’esclavage, et des réparations accordées en 1848 aux négriers, tout cela doit être connu, comme cela a été fait par l’University College of London, qui a mené à cet égard une enquête remarquable. Et vous pourriez annoncer ce 14 juillet la mise en œuvre d’une réflexion sur le mémorial que nous appelons de nos vœux. Ainsi, les visiteurs qui entrent à l’Elysée ne pourront plus ignorer les traces de l’histoire, ce qui est en effet votre souhait et le nôtre.
Louis-Georges Tin est ancien président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN)
LA BATAILLE DE DAKAR N'AURA JAMAIS LIEU
Face aux querelles et convoitises politiques, Abdoulaye Diouf Sarr préfère se concentrer sur la guerre contre le coronavirus et se prononce sur les joutes électorales à venir dans la capitale aux élections locales
Le ministre de la Santé et Coordonnateur de la Convergence des cadres républicains (CCR), Abdoulaye Diouf Sarr, est sur le front contre la Covid-19. Face aux querelles et convoitises politiques, le maire de Yoff préfère se concentrer sur cette guerre contre le coronavirus et se prononce sur la bataille ou non de Dakar, aux prochaines élections locales.
Après quatre mois de riposte contre la Covid-19, si les Sénégalais vivent avec le virus, la réalité est que les chiffres flambent. Les cas, les morts…
C’est ça la réalité de cette pandémie. C’est pourquoi nous n’avons cessé d’alerter que c’est une bataille de longue durée, pour laquelle il faudra naturellement de nouvelles dispositions, tant sur le plan de la riposte médicale que dans l’orientation globale des réponses adéquates.
Fort heureusement, le chef de l’Etat, à la pointe du combat, mesure les enjeux et maitrise la situation. Maintenant, nos équipes de soins, dont je salue les performances, ont pris la juste mesure de la maladie. Il reste au niveau communautaire de suivre les indications et, sur le plan individuel, la conscience citoyenne ne doit pas être en reste. Tout pour dire qu’il faut rester vigilant, alerte et apporter les bonnes réponses à temps indiqué pour atténuer la propagation, dans la perspective d’en finir, au plus tôt, avec cette pandémie.
Le chef de l’Etat sort de confinement, mais le pouvoir semble être occupé ailleurs, dans des batailles politiques. Est-ce vraiment le moment de déterrer la hache de guerre entre leaders ?
Je ne crois même pas qu’il y ait une hache à déterrer. Ce qu’il faut dire, c’est que dans ce combat, aucun Sénégalais n’est de trop pour un maillage citoyen pour faire barrière. La réalité du pouvoir, c’est comment en finir avec cette pandémie et, au plus haut sommet de l’Etat, les autorités en sont conscientes et œuvrent, au quotidien, à la recherche de solutions pragmatiques et pérennes. Maintenant, qui pour amuser la galerie ou distraire le travail remarquable des équipes médicales ? Notre parti est assis sur des socles et des valeurs, et les animateurs de la formation créée par le chef de l’Etat savent au moins que le respect, la retenue, la grandeur et la loyauté, bien des valeurs, collent bien à l’éthique républicaine. N’est pas républicain qui veut.
Maintenant, les convoitises sont légitimes, mais ne nous imposent aucun calendrier. Nous ne lâcherons pas la proie pour l’ombre.
Toutefois, les élections locales pointent et la mairie de Yoff ne sera pas de tout repos. Déjà qu’elle profile la grande bataille pour Dakar…
Nous n’en sommes pas encore là. A chaque chose, son temps. En cette veille de Tabaski, avec la réouverture prochaine des universités, suite à la rentrée des classes d’examen, en aval du dé-confinement des activités économiques, je ne peux me permettre un tant soit peu de répit pour parler politique ou asseoir des ambitions personnelles. D’ailleurs, si je suis aphone sur les querelles et accusations fantaisistes de certains de nos concitoyens, c’est parce que je n’ai ni le temps matériel ni envie ou plaisir à me chamailler pour des sinécures, alors que les urgences sont là, encore moins répondre à des personnages qui cherchent à se faire un nom.
Maintenant, pour la bataille de Dakar, comme vous l’appelez, elle n’aura jamais lieu. Pour cause, les populations de la capitale ne mériteraient que n’importe qui porte l’écharpe du premier magistrat de cette ville historique et stratégique. Le moment venu, ce sont les Dakarois qui en décideront.
L'ENCLOS DE KATANÉ, UN PARADIS AU COEUR DE RANÉROU
Les oryx en sont devenus la véritable attraction. En effet, le Ferlo, particulièrement le département de Ranérou (région de Matam), regorge d’une diversité de la faune qui constitue une ligne avancée contre le désert
Samba Oumar Fall, Souleymane Diam Sy (textes) et Mbacké Ba (photo) |
Publication 13/07/2020
Les oryx en sont devenus la véritable attraction. En effet, le Ferlo, particulièrement le département de Ranérou (région de Matam), regorge d’une diversité de la faune qui constitue une ligne avancée contre le désert. Les amoureux de la nature et de l’environnement y trouveront de quoi peupler leurs rêves. Au milieu de la réserve de faune du Ferlo nord, deuxième aire protégée du pays avec ses 487 000 ha, se trouve l’enclos de Katané, un espace clôturé de plus d’un millier d’hectares où plusieurs espèces menacées d’extinction se réadaptent aux conditions de leur milieu naturel. Reportage…
Venir à Ranérou sans visiter la Réserve de faune du Ferlo nord ou encore l’enclos de Katané est un énorme gâchis. Situé à 30 km au nord de Ranérou, cette merveille perdue au plein milieu du Ferlo et presque méconnu du commun des Sénégalais n’est pas facile d’accès. Une vraie gymnastique s’impose pour y aller. Il faut, au risque de se perdre, emprunter un dédale de pistes impraticables que l’abondance des pluies a rendues encore plus cahoteuses. Pour s’y rendre pendant l’hivernage, il faut prier que le ciel n’ouvre pas ses vannes. Et avoir un bon véhicule, un très bon chauffeur qui connait bien la zone. Le déplacement de l’équipe du « Soleil » sur Katané a été rendu possible grâce au Conservateur de la réserve de faune du Ferlo nord. Malgré son calendrier très chargé, le capitaine Serigne Modou Mamoune Fall a accepté de nous guider. Plus la voiture s’enfonce dans la Réserve, plus on se rend compte que cet espace renferme une flore d’une diversité exceptionnelle. Avec la saison des pluies, le sol s’est couvert d’un joli tapis herbacé. Au fur et à mesure qu’on progresse, on croise des troupeaux de bœufs en transhumance, sous la surveillance de bergers peuls.
De temps à autre, virevoltent et s’envolent des pintades et autres perdrix effrayées par cette incursion inopinée. Pour éviter au mieux les nombreuses flaques d’eau, le chauffeur est obligé d’user de moult manœuvres et de slalomer. L’état des pistes met à rude épreuve le véhicule, secoue les passagers obligés d’être alertes pour esquiver les branches épineuses des zizyphus Mauritiana, balanites Aegyptiaca, et autre acacia Sénégalais. Sous le poids des secousses, on traverse quelques hameaux, puis Toubel, le premier gros village au sein de la réserve. Après une longue heure de route, le petit village de Katané, peuplé de Peuls Foutankés et Fafabés, se découvre avec ses habitations éparses, ses cases en paille et ses gamins qui courent inlassablement derrière le troupeau. Sur place, les populations dont l’hospitalité est le dénominateur commun se perdent en salamalecs, rivalisent de générosité. Dans une belle alacrité, les femmes apportent des écuelles remplies de lait caillé pour souhaiter la bienvenue à leurs hôtes qui ne se font pas prier. Après une courte pause, cap sur l’enclos de Katané, créé par le gouvernement vers les années 2000 pour faire face aux nombreuses menaces qui ont pour nom désertification, surpâturage, destruction de l’habitat. Jadis gérée par la direction des Eaux et forêts, la Réserve de faune du Ferlo nord, une aire protégée créée en 1972 a été confiée à la direction des Parcs nationaux. Pour protéger la faune et augmenter des espèces, renseigne le capitaine Serigne Modou Mamoune Fall, la chasse a été fermée dans les départements de Podor et de Matam d’alors. « Il y avait un corridor migratoire qui reliait le Parc national Niokolo Koba et la Réserve de faune du Ferlo nord et sud en passant par le Boundou. Mais les sécheresses des années 60 et 80 ainsi que les installations humaines et leurs corolaires ont contribué à la dégradation de l’environnement », explique le conservateur de la réserve. Mais avec le rattachement de la Réserve de faune du Ferlo nord aux Parcs nationaux en 1996, un programme de réintroduction d’espèces a été lancé avec l’appui de partenaires comme la Coopération espagnole.
Les oryx, véritable attraction de l’enclos…
Après avoir franchi la porte principale, deux petits enclos se font face : celui d’acclimatation sur un rayon de 5 ha et celui d’observation sur une superficie de 0, 9 ha dédié aux animaux blessés. Après la traversée de ces deux enclos, nous voilà à l’intérieur du grand enclos de Katané.
Érigé en 2002 sur une superficie de 500 ha pour introduire les premières espèces considérées comme éteintes à l’état sauvage par l’Union internationale pour la conservation de la nature (Uicn), l’enclos de Katané a connu une extension de 700 ha, dix ans plus tard. Dix-huit oryx algazelles acclimatés à la Réserve spéciale de faune de Gueumbeul (Saint Louis) y ont été introduits en 2003 pour leur permettre de s’acclimater à leur nouvel environnement. Cette translocation s’inscrit dans un programme à long terme pour la restauration du patrimoine faunistique pour préparer la réintroduction de l’oryx dans la nature. Pas besoin de jumelles pour apercevoir la colonie d’oryx algazelles. Regroupés en hardes mixtes de plusieurs dizaines d’individus, ces mammifères proches de l’antilope sont reconnaissables à leur pelage court et blanchâtre, à l’exception de la poitrine et du bout de la queue, qui sont de couleur fauve.
De loin, on peut bien les contempler avec leurs belles et longues cornes incurvées vers l’arrière qui dépassent parfois le mètre. Très craintifs, ces ongulés sont toujours sur leur garde, prêt à détaler au moindre mouvement suspect. Au début, ils étaient une communauté de dix-huit. Aujourd’hui, le troupeau d’oryx s’est considérablement agrandi « Nous sommes partis d’une population de dix huit oryx pour arriver à un stock de plus de 300 individus. C’est rare de trouver un tel nombre d’oryx en semi-captivité. C’est une première même dans la sous-région et une fierté pour notre pays », se réjouit le capitaine Fall. Outre les oryx algazelles, on retrouve, à Katané, des gazelles dorcas qui font partie du même programme. Difficile d’apercevoir ces bovidés très craintifs du fait de leur sensibilité. Pour espérer les voir, il faut se lever très tôt et s’armer de patience. D’ailleurs, c’est en nous lançant à leur recherche que notre véhicule conduit par un as du volant, le vieux routier, un grand connaisseur du Ferlo, Amadou Bâ, s’est embourbé.
Heureusement, le capitaine Fall et son équipe avaient pris toutes les dispositions pour parer à toute éventualité. Les gazelles dorcas avaient complètement disparu de leur milieu naturel du fait de la chasse intensive dont elles étaient victimes. L’État du Sénégal, avec l’appui de partenaires, a mis en place un programme d’élevage ex-situ pour assurer la survie de ces bovidés en semi-captivité et de fournir des individus aptes à la réintroduction. C’est ce qui explique, selon le capitaine Fall, le transfert de quelques individus de la Réserve spéciale de faune de Guembeul à celle de Ferlo Nord. Depuis, les 23 gazelles exploitent leur nouvel habitat en compagnie d’autres espèces telles que les gazelles dama mhorr également en danger d’extinction et qui font partie du même programme. Selon le capitaine Fall, l’expérience a moins réussi que celle des oryx, mais assure-t-il, cette tendance sera corrigée. La tortue sulcata, l’une des plus grosses espèces de tortue terrestre a aussi été réintroduite dans l’enclos. Ici, à Katané, ces reptiles originaires des savanes arides du Sahel sont dans les terriers numérotés. Mais nous n’avons pas eu la chance d’apercevoir ces tortues à la carapace marron clair à jaunâtre dotée de grandes écailles quadrangulaires. Le hasard nous a menés au terrier n° 533. Sur place, le décor est triste. Sous l’effet des fortes précipitations enregistrées ces derniers jours dans le Ferlo, le terrier s’est affaissé sur son pensionnaire. Armés d’une pelle, le capitaine Fall et l’agent Sanoussi Touré, aidés par l’équipe du « Soleil », se sont employés à sauver la tortue en dégageant le sable qui avait fini d’obstruer le passage de l’animal.
Un enclos à réhabiliter
La réintroduction de certaines espèces disparues de la zone a connu un certain succès et la flore s’est rapidement régénérée, mais les défis restent nombreux. La réhabilitation de l’enclos de Katané figure parmi les priorités. Le conservateur de la réserve qui a participé à son arrivée en 2015 à un colloque sur la conservation des enclos sahélo-sahariens regroupant tous les experts dans ce domaine n’a pas manqué de faire un plaidoyer pour sa réserve, notamment l’enclos de Katané. La particularité de la réserve de faune du Ferlo, souligne le capitaine Fall, c’est qu’il y a beaucoup plus d’arbres. « La densité est plus importante qu’au centre du pays et dans certaines de ses localités. C’est une exception dans le Ferlo qui est boisé. Il y a des espèces qui étaient là et qui ont disparu. Avec l’appui des partenaires, on les a ramenés. C’est une fierté pour notre pays », explique le conservateur. Et selon lui, des intérêts se sont manifestés lors de cette réunion. « Nous les avons poursuivis », dit-il. Pour la réhabilitation de l’enclos de Katané, le financement est déjà acquis. Des partenaires se sont engagés à soutenir le projet, se félicite le capitaine Fall. Le démarrage des travaux de réhabilitation de l’enclos est prévu à la fin de l’hivernage. Le capitaine Fall et son équipe espèrent que ces contraintes majeures seront levées d’ici à la fin de l’année au grand bonheur des animaux qui se trouvent dans l’enclos et des populations de Katané et ses environs. « En trois mois, nous nous sommes tous battus, avec l’aide des populations pour arriver à ces résultats », ajoute-t-il. L’un des défis que souhaite relever le capitaine Fall et son équipe, est l’introduction d’autruches. « Il y a un axe triangulaire Ranérou-Pétiel-Asré qui va jusqu’à Katané. C’est notre noyau central ainsi que la zone de prédilection des autruches. Nous avons vu des autruchons. Lors de ma dernière mission de suivi écologique, j’ai vu des nids d’autruche et des traces fraîches d’autruchons, des plumes », déclare-t-il. Tout cela prouve, selon lui, que l’autruche est dans le Ferlo. « Ce qu’il y a lieu de faire, c’est d’avoir une population dans l’enclos et en faire une multiplication pour qu’elle puisse atteindre un certain niveau avant d’envisager des lâchers », précise-t-il.
par Momar Dieng
BABACAR NGOM, UN CAPITALISTE EN QUÊTE EFFRÉNÉE DE PROFITS
Lorsqu’il rappelle, hors contexte, que sa fille Anta Babacar Ngom, gestionnaire de l’entreprise familiale, a soutenu le candidat Macky Sall à la présidentielle de 2012, n’est-il pas dans le trafic d’influence actif et le chantage contre l’Etat ?
Lors de sa « prise de parole » sur l’affaire l’opposant aux populations de Ndingler, l’homme d’affaires Babacar Ngom s’est prévalu de sa nouvelle posture de propriétaire exclusif et légal de terres qui seraient même situées dans le périmètre d’une localité voisine de…Ndingler. Là n’est pas la question fondamentale que cette polémique pose. A partir du moment où il y a litige sur une question aussi sensible que l’attribution de surfaces cultivables à des puissances d’argent, il devient urgent que l’Etat prenne la situation en main.
Les « arguments justificatifs » de sa propriété sur les terres « volées » aux populations de cette localité située en pays sérère ne font pas du fondateur de Sedima un propriétaire légitime. L’histoire a documenté des centaines ou milliers de cas où des personnes physiques et/ou morales, sénégalaises et étrangères, ont acquis « légalement » de grands espaces en milieu rural mais que la justice a fini par renvoyer dans les cordes pour vices ou violations volontaires de procédures à un moment ou à un autre du circuit administratif. Est-il dans ce registre ? Rien n’est moins sûr !
Son empressement à avaliser auprès des autorités une stratégie du fait accompli, son choix curieux (suggéré par l’Etat ?) de rémunérer la force publique de la gendarmerie nationale pour assurer la sécurité des lieux (8 millions de francs CFA toutes les deux semaines, selon lui), sa manœuvre consistant à identifier et à « communiquer » avec une presse et des journalistes a priori favorables à sa cause, discréditent une bonne partie de son argumentaire-propriétaire. Pourquoi refuser le contradictoire et la diversité des propos devant l’opinion publique si l’on est sûr et certain de son bon droit ?
Trafic d’influence ?
Pour sortir de cet enfer terrien, il n’y a que l’Etat pour le faire. Ce n’est pas à Babacar Ngom de décréter la fin de cette affaire même s’il a accumulé assez d’argent (et d’influence) pour perpétuer la présence des gendarmes dans ce territoire disputé. Il faut que l’Etat intervienne. Mais l’Etat est-il neutre dans ce dossier ? Ce n’est pas évident.
A cet égard, les propos tenus par M. Ngom sont interprétables comme un avertissement à ceux qui sont tentés de lui barrer les chemins de la « spoliation » en bonne et due forme. Lorsqu’il rappelle, hors contexte, que sa fille Anta Babacar Ngom, héritière gestionnaire de l’entreprise familiale, a soutenu le candidat Macky Sall à l’élection présidentielle de 2012, n’est-il pas dans le trafic d’influence actif et le chantage contre l’Etat et ses démembrements ? Ne voudrait-il pas rappeler au chef de l’Etat, publiquement, qu’il attend de lui un retour d’ascenseur qu’il ne voit pas venir ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Au Sénégal, au Cameroun, au Tchad... des meurtres de civils surviennent en temps de paix comme en temps de guerre, dans l'impunité - La vie d’un Africain compte encore bien peu en Afrique
Le Noir compte désormais aux Etats-Unis, et même en Europe. Grace à la mobilisation de la communauté noire et des mouvements progressistes des Etats-Unis, initié par le mouvement Black Lives Matter. La vie du Noir, sa sécurité physique ainsi que ses droits humains sont désormais respectés. Du moins, le promet-on.
Une véritable révolution politique, sociale et culturelle est effectivement lancée pour l’éradication du racisme institutionnel et pour assurer la sécurité physique du citoyen Noir et le respect de ses droits humains. Autant que de ceux de l’Américain blanc et de l’Européen.
En Afrique, encore aujourd’hui, 60 ans après les indépendances des Etats, on ne peut pas dire la même chose. La vie de l’Africain compte souvent peu. Autrement que sur le papier, dans les Constitutions et les lois.
Par exemple, ici, au Sénégal les morts de violences policières et militaires sont encore fréquents.
On se souvient de la mort de « l’étudiant de 25 ans » de l’Université Gaston Berger, Mouhamadou Fallou Sène, à la suite de l’intervention de la police contre une manifestation d’étudiants Berger le 15 mai 2018. Malgré les dénonciations des organisations de protection des droits de l’homme. Malgré l’engagement du président de la République de « faire toute la lumière et de situer les responsabilités », justice n’a toujours pas été faite.
Elimane Touré lui a été retrouvé mort le 19 Février 2017 dans les locaux du Commissariat spécial du Port où il était place en garde et se serait suicidé selon la Police.
Il y a aussi l’affaire dite « Lamine Koita » « du nom de ce jeune conducteur de vélotaxi mort le 10 janvier dernier suite à une course-poursuite avec des éléments de la Brigade de recherches de la police de Fatick » que rappelait récemment SenePlus.
Le 19 avril dernier une patrouille de la gendarmerie en charge du renforcement du couvre-feu instauré dans le cadre de la « riposte contre le Covid 19 » à Kédougou a engagé une course poursuite avec un groupe de jeunes qui a abouti à la mort de deux jeunes gens.
On pourrait citer encore plusieurs cas de morts de jeunes hommes aux mains de la police ou de la gendarmerie ou à la suite de leur intervention. Sans que cela suscite une réaction vigoureuse de l’Etat et de la société.
On pourrait citer de tels cas dans tous les pays en Afrique.
Des meurtres et des massacres de civils qui surviennent en temps de paix comme en temps de guerre. Sans que cela soit suivi d’effets. A part les rapports des organisations internationales de défense des droits humains.
Au Cameroun en Février, les forces gouvernementales ont tué dans le village de Ngarbuh dans la région séparatiste au moins 21 civils, dont 13 enfants et une femme enceinte…
En RDC, la semaine dernière encore, le dernier massacre survenu en Iturie dans le Nord Est du pays a fait une vingtaine de femmes, d’hommes et d’enfants.
Au Mali, au Nigeria, au Niger….
Alors, non, la vie d’un Africain est encore bien peu de choses en Afrique.
Et cela ne changera pas avec l’avènement du Black Lives Matter aux Etats-Unis et en Europe.
A moins que les Africains, les jeunes, garçons et filles s’en inspirent pour lutter, selon leurs propres termes, avec leur propre programme pour faire valoir enfin leurs droits humains et leurs droits de citoyens.
C’est ce qu’ont fait des habitants des bidonvilles de Nairobi, au Kenya, pour dénoncer la brutalité de la police qui a causé la mort de 15 personnes et blessé une trentaine pendant la période du couvre-feu anti Covid-19..
Le 8 juin dernier, des manifestants, des jeunes et des mères de famille brandissant des pancartes avec des photos de leurs proches victimes de violences policières ont envahi les rues de la capitale aux cris de « plus jamais ça » !
Voilà peut-être là, l’exemple dont la jeunesse de l’Afrique devrait s’inspirer au lieu de se satisfaire béatement des images du Black Lives Matter.
La sacralité de la vie de l’Africain, le respect effectif de ses droits d’homme lui sont promis depuis la Charte du Mande proclamée à Kouroukan Fouga qui en 1222 annonçait déjà : « Une vie est une vie » ; « Une vie n'est pas plus ancienne ni plus respectable qu'une autre vie, de même qu'une autre vie n'est pas supérieure à une autre vie ».
Il est temps que cette promesse se réalise enfin !
Il est inadmissible qu’un responsable à ce niveau de l’Etat, de surcroît ayant la charge principale de protéger la faune sauvage, se livre à de tels actes indignes, assimilables à un crime environnemental - COMMUNIQUÉ DU PDS
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du PDS, daté du 9 juillet 2020, relatif à l’affaire des gazelles oryx transférées dans une réserve présumée appartenant au ministre de l’Environnement.
« L’opinion publique nationale et internationale est scandalisée par le transfert frauduleux de gazelles oryx, espèce figurant sur la liste rouge de l’UICN parmi celles menacées de disparition et bénéficiant d’une protection intégrale au titre de la sauvegarde de la biodiversité mondiale.
A la faveur de la coopération internationale environnementale de notre pays, cette espèce disparue du milieu naturel au Sénégal avait été réintroduite dans la Réserve de Guembeul dans les années 2000 pour servir au repeuplement de la Réserve du Ferlo, son habitat naturel.
C’est pourquoi, le transfert clandestin de six (6) sujets de cette espèce de la Réserve du Ferlo Nord vers la ferme privée du ministre de l’environnement M. Abdou Karim Sall à Bambylor, qui évoque un « protocole » avec la Direction des Parcs Nationaux, service qui est sous sa tutelle administrative constitue à la fois un acte odieux de mal gouvernance entaché d’un conflit d’intérêt manifeste.
Les justificatifs fallacieux fournis par le ministre de l’environnement sont nuls et non avenus aux termes de la loi 86-04 du 24 janvier 1986 portant Code de la Chasse et de la Protection de la faune qui réglemente les modalités de capture de la faune sauvage et ne prévoient nulle part un tel dispositif. Ainsi, la capture des gazelles oryx de la Réserve du Ferlo Nord constitue un acte de braconnage dans une réserve protégée, délit prévu et réprimé par les articles L30 et L31 du Code de la Chasse dont le PDS exige l’application sans aucune complaisance.
En effet, au moment où toute l’attention de la communauté internationale est concentrée sur la lutte contre le Covid19 qui monopolise notre attention et nos efforts pour garantir la sécurité des populations, il est inadmissible qu’un responsable à ce niveau de l’Etat, de surcroît ayant la charge principale de protéger la faune sauvage, se livre à de tels actes indignes, assimilables à un crime environnemental.
Aussi, le Parti Démocratique Sénégalais attire respectueusement l’attention du chef de l’État sur le comportement délictuel du ministre de l’Environnement pour ce comportement immoral aux antipodes des valeurs éthiques et morales qui fondent une République et lui demande des sanctions immédiates.
C’est pourquoi en ce qui nous concerne, le chef de notre parti informé m’a instruit de porter plainte entre les mains du Procureur de la République pour que force reste à la loi et que les délinquants en col blanc comme le ministre de l’Environnement ne puissent plus s’abriter derrière leur fonction étatique pour commettre des délits, en l’espèce un délit puni aussi par la loi internationale.
Le PDS reste solidaire avec toutes les associations environnementales nationales et internationales qui sont engagées dans cette lutte pour la sauvegarde des ressources naturelles fauniques de notre pays et, demande au Secrétaire Général National de notre parti, en son nom et au nôtre ainsi qu’avec toutes les associations de protection de la faune, d’engager sans délai toutes les actions judiciaires nécessaires pour que ce crime contre la nature, puni par la loi nationale et la loi internationale, soit ferment sanctionné.
En l’espèce nous demandons à notre Secrétaire Général National de porter plainte contre l’indigne ministre de l’Environnement pour que nul ne soit plus tenté de s’approprier indument la propriété de l’État, c’est-à-dire du peuple Sénégalais. »