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26 septembre 2025
TURQUIE, UNE EXCELLENTE DESTINATION POUR LE GENERAL CHEIKH GUEYE
Cette fois-ci, le président de la République Macky Sall ne s’est pas trompé de choix stratégique sur la nomination du général d’armée Cheikh Guèye comme ambassadeur du Sénégal en Turquie.
Cette fois-ci, le président de la République Macky Sall ne s’est pas trompé de choix stratégique sur la nomination du général d’armée Cheikh Guèye comme ambassadeur du Sénégal en Turquie. Comme quoi, la Turquie est une destination de prestige pourrait-on dire contrairement à l’Espagne où la pagaille et l’indiscipline des « Modou Modou » avaient fini par pousser son prédécesseur, le général d’armée Mamadou Sow Nogass, à démissionner de son poste d’ambassadeur. Une démission que « Le Témoin » avait révélée et déplorée à l’époque même si elle était prévisible compte tenu de la situation particulière de l’Espagne. Un pays où s’échouent en masse des émigrés sénégalais en majorité sans pièces d’identification, ni qualification professionnelle. Donc demander à une haute autorité militaire de surcroit un ancien Chef d’état-major général des Armées (Cemga) habituée à se faire obéir sans récriminations ni murmures de mettre de l’ordre dans ce « contingent » hors la loi, c’était l’envoyer au casse-pipe !
Surtout s’agissant d’une autorité militaire comme « Nogass » ayant vécu avec le culte de la discipline militaire, du civisme, du travail et du patriotisme. Lui demander donc d’administrer voire de domestiquer des « Modou-Modou » incultes et indisciplinés en quête permanente de passeports et de cartes d’identité nationale, c’était l’envoyer à Canossa. Pour preuve, la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase des humiliations subies par ce valeureux militaire, c’était les nombreuses manifestations anarchiques de nos compatriotes d’Espagne devant les locaux de notre chancellerie en terre ibérique. D’ailleurs, au cours de ces mouvements d’humeur marqués par des actes de vandalisme injustifiables, certains « Modou-modou » avaient même tenté de séquestrer le général-ambassadeur Mamadou Sow Nogass. N’ayant donc pas réussi à s’adapter à ce terrain inconnu, le général le plus gradé de l’histoire de l’armée nationale avait demandé au président de la République de le décharger de ses fonctions d’ambassadeur. Ce, pour convenance personnelle ! En prenant acte de cette décision à la fois diplomatique et élégante, le président de la République avait enclenché une autre procédure d’accréditation pour faire remplacer l’ancien patron des Armées au pays de Cervantès. Ce qui a été fait depuis !
«Nogass» sous la pression des… dahiras
Il est vrai qu’en nommant le général Mamadou Sow comme ambassadeur du Sénégal en Espagne, le président de la République savait qu’il avait toutes les compétences managériales et capacités intellectuelles requises pour accomplir sa mission c’est-à-dire chargé, sous l’autorité du ministre des Affaires étrangères, de la mise en œuvre de la politique extérieure du Sénégal en Espagne. Non seulement, il y représentait le président de la République dans le pays où il est accrédité mais encore il pouvait négocier au nom de l’Etat et surtout assurer la protection des intérêts du Sénégal et celle des ressortissants sénégalais. Mais quand la plupart de ces ressortissants sont des sans-papiers ou clandestins, analphabètes et incultes qui plus est, la mission ne pouvait qu’être compliquée pour un officier-général moulé, formé et éduqué dans la légalité et le respect des lois et règlements. Malheureusement pour le cas de « Nogass », le président de la République s’était « trompé » de destination en l’envoyant en Espagne. Car, dans la tradition, les anciens patrons de l’Armée étaient affectés en Allemagne ou en République populaire de Chine. Mais aussi aux Etats-Unis d’Amérique (Usa). Des pays où, soit il n’y a pas une immigration sénégalaise de masse et où la communauté de nos ressortissants est « intellectuelle » ou estudiantine. Toujours est-il dans ces pays, il y a moins sans-papiers à régulariser. Et moins de dépouilles à rapatrier de manière officielle sous la pression des Dahiras sénégalais. Ou de « diang » à présider !
La Turquie, allié stratégique du Sénégal, surtout sur le plan militaire puisque ce pays fournit de plus en plus d’équipements à notre armée, fait partie désormais des bonnes destinations pour ex-Cemga. Non seulement, il y a moins de clandestins sénégalais en Turquie, mais encore la population est trop disciplinée sous un régime « policier » où on voit mal des étrangers « Modou Modou » faire prévaloir leur pagaille et leur indiscipline.
En effet, nous sommes convaincus que le nouvel ambassadeur du Sénégal en Turquie, le général Cheikh Guèye, n’aura pas de difficultés majeures pour mener à bien sa mission diplomatique. Surtout, encore une fois, dans un pays dont la coopération militaire avec le Sénégal est appelée à aller crescendo ! Bron séjour sur les rives du Bosphore, Mon Général !
ADHA EXIGE L'OUVERTURE D'UNE ENQUÊTE SUR LES RÉVÉLATIONS DE CISSE LO
La sortie du parlementaire continue de drainer son chapelet de polémiques.
La sortie de Moustapha Cissé Lo continue de drainer son chapelet de polémiques. Cette fois-ci, c’est au tour de l’Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA) d’entrer en scène pour exiger l’ouverture d’une enquête sur les révélations du parlementaire concernant des magouilles qui entacheraient l’attribution des marchés du Ter (Train express régional) ainsi que la distribution des intrants agricoles. A travers un communiqué, cette ONG interpelle la justice et demande à ce que toute la lumière soit faite sur les révélations du responsable récemment exclu de l’APR de sorte que toutes les responsabilités soient situées et les sanctions idoines prononcées
« Dans son message audio diffusé courant juillet 2020, M. CISSE LO a évoqué un détournement de deniers publics portant sur des surfacturations concernant le TER, ainsi qu’une nébuleuse constatée sur des produits de semences agricoles. L’ADHA lance ainsi un appel solennel à la justice afin qu’une enquête soit ouverte et que toutes les autorités impliquées dans les accusations de détournement de deniers publics soient convoquées et entendues conformément à la réglementation en vigueur », a plaidé l’ONG Action pour les Droits Humains et l’Amitié. Ce suite aux bribes d’informations distillés par l’ancien président du parlement de la CEDEAO dans ses enregistrements audio explosifs où il pourfendait des responsables du parti au pouvoir. Pour les membres de ADHA, acteurs connus par leur engagement dans le domaine de la justice, l’activation du levier juridique dans l’affaire dite des insultes du député Moustapha CISSE LO où la Brigade de recherches (BR) de la gendarmerie nationale a été saisie par le procureur de la République du Sénégal est à saluer. Toutefois, interpellant le parquet, l’ONG dit encourager les autorités à aller jusqu’au bout de leur logique et à ne pas s’arrêter en si bon chemin. « Action pour les Droits Humains et l’Amitié invite donc le parquet à tirer au clair ces graves accusations de détournement de deniers publics qui ne sauraient être acceptés, surtout émanant de hautes personnalités ayant en charge la destinée de tout un peuple », ajoutent les activistes judiciaires.
AFFAIRES PETROTIM, PRODAC ET TAHIROU SARR
Faisant l’état des scandales impliquant de hautes autorités dans de supposés détournements de deniers publics, l’Action pour les Droits Humains et l’Amitié évoque une impasse judiciaire. Ainsi, l’ADHA s’interroge sur le sort réservé aux nombreux scandales qui ont vu le jour ces dernières années et impliquant de près ou de loin des autorités publiques. «Il s’agit, entre autres, de l’affaire PRODAC, de celle de PETROTIM, mais aussi de l’affaire TAHIROU SARR pour ne citer que celles-ci. Pour toutes ces affaires, ADHA exige la transparence et la lumière sur tout ce qui concerne le commun des Sénégalais » peut-on lire dans le communiqué publié par l’OGN ADHA suite à ce qu’il est convenu d’appeler l’ « affaire des audios » de Moustapha Cissé Lô.
Par Joseph Etienne NDIONE
REFLEXION SUR LE PORT DU MATRICULE ET LA PRESENTATION DE LA CARTE PROFESSIONNELLE
Dans un passé pas très lointain, les policiers, les gendarmes et douaniers, hors la tenue arborée, étaient facilement identifiés ou reconnaissables à leur matricule.
Dans un passé pas très lointain, les policiers, les gendarmes et douaniers, hors la tenue arborée, étaient facilement identifiés ou reconnaissables à leur matricule. On disait, par abus de langage, «numéro de matricule». Numéro unique attribué à chaque policier, gendarme et douanier souvent en fin de formation et plus exactement après titularisation. Ce numéro était incrusté sur une bande mince et réfléchissante souvent argentée. L’agent l’épinglait, de jour comme de nuit, fièrement et bien apparent, sur son uniforme à hauteur de la poitrine, côté droit au-dessus de l’insigne pendant de la police, de la gendarmerie ou de la douane. Ce qu’on ne voit plus. Le matricule n’est plus porté. Ce constat est unanime. Les policiers, gendarmes et douaniers seront d’accord avec moi.
Même s’il n’est plus porté, ce numéro, le matricule, existe encore. Chez le policier, on l’appelle « matricule collet » ou « matricule collé » si vous voulez ! Toujours est-il qu’il est composé de 4 chiffres suivis du numéro de la promotion. Quant au gendarme, il lui est attribué un numéro unique suivant l’ordre d’arrivée ou d’entrée dans la gendarmerie (les numéros se suivent à l’intérieur d’une promotion et promotion après promotion) et selon que l’on est gendarme, sous-officier (gradé), officier ou officier-général. Chez le douanier ou soldat de l’économie, on parle de «numéro carte commission d’emploi» et est composé de 4 chiffres. Donc vous conviendrez avec moi que chaque corps militaire ou paramilitaire a sa méthode d’attribuer des numeros de matricule aux fonctionnaires de forces de sécurité et de défense.
Inutile de vous rappeler l’affaire Georges Floyd, qui a embrasé ces jours derniers les Etats-Unis principalement l’état de Minneapolis et le monde entier, qui avait vu des policiers racistes sauvagement assassiner un citoyen américain dont le seul tort est d’être « black », n’est pas le prétexte de cette réflexion malgré la coïncidence. Je reconnais néanmoins avoir été fortement « percuté » par ce qui s’est passé. Ceci dit, le prétexte est non pas cette douloureuse affaire mais plutôt, un constat fait depuis de longues années et que je m’en vais vous livrer.
Aujourd’hui, il ne se passe une semaine ou tout au plus un mois sans que le landerneau judiciaire ne soit secoué par une affaire d’usurpation de titres et surtout d’usurpation de fonctions, sur fond d’extorsion de fonds ou de tentative d’extorsion de fonds. Délits commis par de faux policiers, gendarmes, douaniers ou par de prétendus militaires, agents des eaux et forêts, agents des parcs nationaux et agents du service d’hygiène.
Et peut-être, avant de lire cette contribution, vous êtes même tombé sur un cas d’usurpation ou après l’avoir parcourue, vous tomberez sur des articles traitant du sujet et ce, pour dire combien le phénomène est récurrent au Sénégal. Pour la petite histoire, notez que, lorsque je pris une pause (dans la rédaction de mon texte), je décidai de surfer et précisément de faire un tour d’horizon de l’actualité nationale et internationale. Incroyable : après seulement quelques minutes de navigation, je tombai, comme par enchantement, sur une affaire rapportée par Opéra News. A. ND, dont le jeu favori était de battre son épouse qu’il avait finie par transformer en punching ball ou sac de frappe pour boxeur, s’était présenté à sa conjointe comme un policier de la 43e promotion en service à la Direction de l’automatisation du fichier (Daf), alors qu’il était vigile. Démasqué par «ses collègues», il fut mis aux arrêts, déféré puis placé sous mandat de dépôt. Selon le site, «La perquisition effectuée au domicile du faux policier a permis aux enquêteurs de mettre la main sur une impressionnante panoplie d’attributs de la police».
« Je n’ai connu qu’un seul cas d’usurpation commis par une femme en presque un quart de siècle »
Ceci dit, j’ai relevé que les hommes, plus que les femmes, sont les champions dans la commission de ces infractions. Ils dament, et de très loin, le pion aux dames si l’on sait que tous ces corps sont aujourd’hui ouverts et accessibles à elles. Je n’ai connu qu’un seul cas d’usurpation commis par une femme en presque un quart de siècle de pratique judiciaire. Et dans cette affaire d’ailleurs, la bonne dame s’était faussement présentée à sa victime comme agent des douanes en service au Port Autonome de Dakar (PAD) et ses complices, plus exactement les instigateurs, étaient des hommes. Ne cherchez donc surtout pas, mesdames, pour une fois et sur ce point, la parité. Laissez-en, s’il vous plaît, le triste record à nous autres hommes.
L’examen de plusieurs cas et le témoignage de nombreux faits m’ont permis de constater, dans la commission des infractions, des motivations bien particulières liées à la personnalité des auteurs mais aussi, un comportement spécifique lié à l’attitude bien singulière, à la limite, compréhensible, des victimes. En effet, chez le délinquant ou auteur, en dehors de la malhonnêteté et de la cupidité, c’est l’attrait ou la beauté de l’uniforme qui se dégage. Eh oui, «teunu bi», en wolof ou la tenue en français, a fasciné et continue de fasciner bien des hommes. Hommes qui n’ont malheureusement pas pu ou ne peuvent voir leur rêve d’enfant d’être policier, gendarme, douanier et autres, se réaliser. Et chez la victime, c’est souvent la crainte, la fameuse peur du gendarme que «l’homme de loi» inspire, qui est relevée. La victime est ankylosée. Elle est complètement paralysée à la seule vue du gendarme, du policier ou du douanier réduisant de la sorte ses capacités d’analyse et de discernement. En fait, que signifient les délits d’usurpation de titres et de fonctions prévus et réprimés par les articles 226 à 229 du Code pénal du Sénégal ? D’entrée, il est bon de relever qu’un individu peut faire des actes qui soient à la fois usurpation de titres et usurpation de fonctions commettant de la sorte un cumul d’infractions. C’est dire que le cloisonnement entre les deux infractions n’est pas si étanche. En sus de l’élément légal et de l’acte matériel, il faut un élément moral appelé intention coupable pour que l’infraction soit consommée.
Que signifie usurpation de titres ? C’est l’usage, sans droit, d’un titre attaché à une profession réglementée. Ce délit suppose le fait d’user de titres mais, de titres protégés. A titre d’exemples : les titres d’avocat, d’huissier, de médecin, de pharmacien, de notaire ou encore de d’Inspecteur Général d’état (IGE). La seule utilisation d’un titre protégé suffit à consommer le délit. De la lecture des articles 226 et 227 alinéa 2 du Code pénal, il est permis de dire qu’est coupable d’usurpation de titres, celui qui se comporte ou se limite à déclarer, alors que c’est faux, qu’il est, par exemple, expert (comptable, fiscal, maritime, automobile etc.) agréé par un organisme.
« Pour le vol d’identité, la victime est décédée et le délinquant en profite pour prendre «sa» place »
La loi n’opère pas cette différence, nous distinguerons l’usurpation de fonctions de certaines infractions voisines que sont : l’usurpation d’identité, le vol d’identité ainsi que la substitution d’identité. Il y a usurpation d’identité lorsqu’une personne prend délibérément, l’identité d’une autre personne, généralement vivante, pour réaliser des actions frauduleuses. pour le vol d’identité, la victime est décédée et le délinquant en profite pour prendre «sa» place. Cela se passe donc sans le consentement de la victime qui d’ailleurs ne peut rien faire, parce que décédée. Dans la substitution d’identité, il y a un échange qui s’effectue avec le consentement de la personne dont l’identité est utilisée. Et à la différence du vol d’identité, non seulement la «victime», en réalité un vrai complice, est vivante mais surtout, elle est consentante. La «victime» participe et aide volontairement à la commission de l’infraction. C’était le cas, avant l’avènement des passeports biométriques, des candidats à l’émigration. Beaucoup d’interpellations étaient opérées à l’aéroport. Ces individus comparaissaient devant le tribunal d’instance (ex-départemental) pour faux et usage de faux dans un document administratif. Ils voyageaient avec le passeport d’un ami, d’une amie, d’un frère ou d’une sœur et étaient souvent munis de la vraie carte de séjour ou de résident du parent complice.
Cette distinction faite, voyons comment la loi présente l’usurpation de fonctions
Si l’on s’en réfère à l’article 226 du Code pénal, elle ne concerne pas seulement, contrairement à l’opinion la plus répandue, les militaires et paramilitaires («hommes de loi» au Sénégal ou «corps habillés» ailleurs en Afrique). Elle vise aussi «les fonctions publiques et civiles».Commet ainsi le délit d’usurpation de fonctions, celui qui se fait passer pour un député, un maire, un gouverneur, un préfet, un sous-préfet, un juge d’instruction, un juge du siège ou un magistrat du parquet (ce sont les fonctions de procureurs qui sont souvent usurpées). pour les fonctions civiles, celui qui se fait passer pour un assureur, un architecte etc. Toutefois, les cas les plus courants, comme en attestent la jurisprudence et les chroniques judiciaires, sont les usurpations de fonctions de policiers, gendarmes et douaniers. Aussi mettrons-nous l’accent sur l’usurpation portant sur ces catégories de fonctions.
Le délit peut découler du port de décoration et d’habillement (article 227 alinéa 1 et article 228 du Code pénal), du comportement et des actes posés par la personne (article 226). D’après l’article 228 du Code pénal, commet le délit d’usurpation et sera «puni d’une amende de 25.000 à 50.000 francs et pourra l’être d’un emprisonnement d’un mois à un an, quiconque aura publiquement revêtu un costume présentant une ressemblance de nature à causer une méprise dans l’esprit du public avec l’uniforme d’un corps de l’Etat tel qu’il a été défini par un texte réglementaire». Dès lors (interprétation stricte), le seul fait de mettre ou de porter en public le costume, c’est-à-dire la tenue, suffit à constituer l’infraction lorsqu’il y a risque de confusion ou de ressemblance à s’y méprendre aux forces de l’ordre. Le délit étant consommé par le seul port en public de l’uniforme et ce, même en l’absence d’un autre acte matériel. (A SUIVRE…)
Par Joseph Etienne NDIONE, avocat à la Cour
PLUS DE 4 MOIS DE FACTURES DE PRIMES IMPAYEES PAR L’ÉTAT
Cette fois ci, ce sont des agents paramédicaux des centres de traitement de Ziguinchor qui laissent entendre leur ras-le-bol face au mutisme de l’État qui doit « plus de 04 mois de primes » à ces agents de santé.
L’État face à ses dettes… C’est l’énième revendication de primes non payées par le gouvernement. Cette fois ci, ce sont des agents paramédicaux des centres de traitement de Ziguinchor qui laissent entendre leur ras-le-bol face au mutisme de l’État qui doit « plus de 04 mois de primes » à ces agents de santé.
C’est encore une nouvelle histoire de primes non payées par l’État qui émerge en plein combat contre Covid-19. Après les étudiants doctorants en médecine désavoués finalement par le ministère de la Santé et de l’action sociale, c’est au tour des agents paramédicaux du centre de traitement de Ziguinchor qui réclament au ministère de la Santé et de l'action sociale près de quatre mois de primes de motivation.
Menaçant d’aller en grève si l’État persiste dans son mutisme, ils sont au total une bonne trentaine d'infirmiers et d'hygiénistes qui crient leur ras-le-bol. « Nous sommes des agents de l'hôpital régional et de l'hôpital de la paix de Ziguinchor. Je suis infirmier, j'ai été affecté ici (Centre de traitement de Ziguinchor) avec l'apparition de la pandémie au Sénégal. On peut compter 20 agents dont 10 issus de l'hôpital de la paix et 10 autres sélectionnés au niveau de l'hôpital régional en plus des hygiénistes. Il y a aussi des médecins contractuels et d'anciens infirmiers qui ont été mobilisés par le ministère de la Santé pour renforcer l'équipe de travail au niveau du centre », laisse entendre un de ces infirmiers.
En effet, même si ce dernier reconnait que les « conditions de travail sont plus ou moins acceptables », tout ne semble pas rose. « En réalité, ces infirmiers retraités sont venus ici en appoint il y a près de deux mois pour nous prêter main forte », révèle l’infirmier et d’ajouter que « contrairement à nous, ils ont des contrats signés en bonne et due forme. Alors que nous avons été cooptés par désignation. Dès que la pandémie s'est signalée à Ziguinchor, nos superviseurs de soins ont choisi des infirmiers au niveau de chaque service pour constituer des équipes au niveau du centre de traitement ».
Mais malgré cet élan patriotique, ce dernier déclare que « depuis que nous avons démarré les soins au niveau du centre, à la date du 22 mars, on est en train de faire notre travail. Une fois que les médecins ont fini de faire les consultations quotidiennes, nous faisons quasiment tout le reste du travail ».
Et de poursuivre : « certes, nous ne sommes pas embauchés par le ministère du travail, mais ils nous doivent des primes de motivation. Depuis le mois de mars, on attend désespérément de rentrer dans nos fonds. D'ailleurs, le directeur du centre qui est également le directeur de l'hôpital régional, nous avait même convoqués en réunion, en présence d'autres médecins, pour nous dire que la situation est visiblement compliquée pour nous. Mais que, d'après ses informations, tout devrait se décanter assez rapidement ». Mais toujours dans une attente interminable, « toujours rien et on n'a reçu aucune motivation de la part du ministère de la Santé », déplore l’infirmier. Le pis, relève-t-il, « il y a des centres de traitement dont les agents ont déjà reçu leurs primes de motivation. C'est assez injuste puisque le centre de traitement de Ziguinchor fait partie des premiers qui ont démarré la prise en charge des malades de la Covid-19. Les agents du ministère nous ont demandé nos numéros de comptes bancaires, des compléments de dossiers, nos diplômes, notre domiciliation de salaire, adresses etc... Mais en vain !
C'est le statu quo depuis un voire deux mois. Que ça soit les médecins ou les infirmiers, nous sommes tous dans la même situation concernant ces primes de motivation » renseigne-t-il. Dans cette même veine, on pourrait se demander qu’en est-il des 360 millions FCFA qui sont annoncées par le ministère de la Santé et de l'action sociale en guise de primes de motivation. Une prime destinée à 7.250 agents de santé, à raison de 50.000 FCFA par mois et par agent pendant au moins 6 mois.
Frustrés par une telle situation, ces infirmiers menacent d’aller en grève pour ainsi boycotter les malades dans les centres de traitement. « Nous avons plusieurs fois menacé d'aller en grève. Ce sont les superviseurs qui nous demandaient d'obtempérer en attendant de trouver une issue heureuse. Seulement, nous commençons à atteindre le seuil de tolérance face à cette situation. Ceci n'a que trop duré et nous sommes déterminés à passer à l'étape supérieure » a-t-il avert
MACKY SALL FACE À UN DILEMME CORNÉLIEN
Alors que son gouvernement peine à gagner la guerre déclarée au virus de la Covid-19, voilà le président de la République face à une autre urgence à gérer : le couplage ou non des prochaines élections
Alors que son gouvernement peine à gagner la guerre qu’il avait lui-même déclarée, le 23 mars, au virus de la Covid-19, voilà le président de la République, Macky Sall, face à une autre urgence à gérer. A huit mois du 28 mars, date-butoir pour les prochaines élections municipales et départementales, le chef de l’Etat pourrait être amené à décider de l’organisation couplée ou non des élections locales aux prochaines élections législatives. Une proposition agitée en coulisses par des membres de son camp.
Le président de la République, Macky Sall semble vraiment dans une mauvaise passe. Alors que son gouvernement peine à gagner la guerre qu’il avait lui-même déclarée le 23 mars à la pandémie du nouveau coronavirus au Sénégal, voilà qu’il est appelé à trancher le débat sur l’idée d’une dissolution de l’Assemblée nationale et du couplage des élections législatives aux municipales et départementales.
Évoquée par la présidente du mouvement «Osez» l’avenir, Me Aïssata Tall Sall, lors de son passage à l’émission «Grand jury» de la Radio futurs médias (Rfm-privée) le dimanche 3 mars 2019, cette idée de couplage de plus en plus agitée par certains de ses proches collaborateurs n’est pas facile à trancher.
Et pour cause, si le Sénégal a connu depuis son indépendance le 4 avril 1960 quatre couplages de l’élection présidentielle aux législatives, notamment en 1963, 1978, 1983, 1988, jamais les élections municipales et départementales n’ont été organisées concomitamment aux législatives. Depuis le 24 novembre 1996, date de la tenue des premières élections municipales et rurales (en rapport avec les anciennes communautés rurales devenues des communes de plein exercice avec l’acte 3 de la décentralisation), ces élections ont été toujours organisées en solo. Outre ce défi, il y a également le fait que cette idée ne fait pas l’unanimité au sein de la coalition majoritaire au pouvoir.
En effet, si au sein du parti président de la République, les opinions semblent favorables à cette proposition dans le but de coïncider le mandat présidentiel avec celui des maires et des députés, tel n’est pas le cas chez certains alliés dont les Socialistes.
En effet, s’exprimant le 7 mars 2019 à l’issue de la réunion du Secrétariat exécutif national, Me Moussa Bocar Thiam, à l’époque porte-parole adjoint du Parti socialiste a jugé ce débat sur le couplage «inutile et inopportun». «Il est vrai que certains ont agité la possibilité de coupler les locales de 2019 avec les législatives de 2022. Nous, au Ps, nous estimons que c’est vraiment très prématuré de poser ce débat qui est à la fois inutile et inopportun. Puisque nous venons de sortir de l’élection présidentielle, il n’y a même pas une semaine. Le président de la République sortant n’a même pas encore prêté serment qu’on veuille poser ce débat sur la place publique, c’est inopportun» avait-il lancé.
Interpellé par la rédaction de Sud quotidien sur la question le 10 mars 2019, Ababacar Fall, Secrétaire général du Gradec, s’est également démarqué de cette idée en soulignant que «cela contribuerait à alourdir notre système électoral». «Les deux élections (locales et législatives) n’ont pas la même fonction, ni les mêmes objectifs. L’une étant une forme d’expression de la démocratie participative tandis que l’autre est l’expression de la démocratie représentative où le citoyen délègue sa voix aux élus qui sont chargés de voter les lois qui régissent le fonctionnement de la République et de contrôler l’action de l’Exécutif. Ces deux élections n’ont donc pas le même champ d’action et n’obéissent pas aux mêmes règles d’organisation».
INCERTITUDES AUTOUR DU COUPLAGE DES ELECTIONS
L’idée du couplage des élections locales et celles législatives serait en gestation au plus haut sommet de l’Etat dans le but de soulager les caisses de l’Etat, fortement impactées par la pandémie de la Covid-19.
L’idée du couplage des élections locales et celles législatives serait en gestation au plus haut sommet de l’Etat dans le but de soulager les caisses de l’Etat, fortement impactées par la pandémie de la Covid-19. Cependant, des experts électoraux sont unanimes qu’un tel assemblage des deux types d’élections ne serait pas de tout repos pour l’administration qui serait obligée d’installer 3 urnes dans les bureaux de vote, mais aussi cela pourrait créer un flou politique pour les populations et même pour les acteurs politiques.
L’information fait son petit bonhomme de chemin. Le président de la République, Macky Sall, serait tenté, mieux aurait même décidé, de coupler les prochaines élections locales et législatives et qu’il serait en train d’attendre le retour à la normale et la reprise du dialogue politique pour soumettre ladite proposition à la Commission nationale du dialogue politique. Une telle idée serait motivée par les conséquences économiques de la crise sanitaire qui rendraient impossible financièrement l’organisation d’élections locales, actuellement.
LE PRINCIPE DU RESPECT DU CALENDRIER ELECTORAL
Toutefois, l’idée du couplage des deux élections pose un certain nombre de problèmes, qu’ils soient techniques ou politiques, selon les experts contactés par la rédaction de Sud quotidien. Le Directeur exécutif de l’Ong 3D, Moundiaye Cissé et Ababacar Fall, Secrétaire général du Groupe de recherche et d’appui conseil pour la démocratie participative et la bonne gouvernance (Gradec) posent d’emblée le principe du respect du calendrier républicain. En effet, M. Cissé pense que «reporter les élections locales serait un report de trop. On a les moyens de l’organiser en mars 2021, tout au plus courant 2021». Il reste persuadé que si le parrainage est supprimé, il sera possible d’organiser les élections locales en mars 2021. Cependant, «si on garde le parrainage, il faut augmenter 3 mois car tout le processus du parrainage, c’est 85 jours», fait-il savoir. Même son de cloche du côté de M. Fall qui rappelle que si le premier et le deuxième report ont pu s’expliquer, il n’en sera pas de même pour un troisième report. Pour cause, il explique que le dialogue politique interrompu à la suite de la crise sanitaire peut bel et bien reprendre dans la mesure où il y a les mesures d’assouplissement consécutives à la levée de l’Etat d’urgence. Ainsi donc, il pense que «les conditions sont réunies pour la poursuite du dialogue politique et des deux opérations que constituent l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral afin que la date-butoir du 30 mars puisse être respectée ou à défaut être légèrement décalée de 2 à 3 mois».
DES PROBLEMES TECHNIQUES A NE PAS ELUDER
Les deux spécialistes des questions électorales ont, en outre, soulevé des problèmes techniques qu’il ne faut surtout pas éluder. Ils font savoir que dans le cadre du couplage des élections, il faudra trois urnes dans chaque bureau de vote pour les trois scrutins ; une pour le département, une pour les communes et une pour les législatives. Ce qui allongerait, selon eux, considérablement le temps de vote. Quid de la confection des bulletins de vote ainsi que de leur disposition qui pourrait également créer des difficultés réelles pour la majorité des électeurs ? A cela s’ajoute la question du parrainage qui constitue également une difficulté et non des moindres au regard des dispositions actuelles de la loi électorale. A ne pas perdre de vue que les acteurs au dialogue politique avaient décidé d’introduire une nouveauté pour le vote des maires à l’élection uninominale, c’est-à-dire l’élection du maire au suffrage universel directe. Ce qui voudrait dire que ces élections vont être complexes, si toutefois, le couplage est acté.
LE FLOU POLITIQUE DU COUPLAGE DES LOCALES ET LEGISLATIVES
Nos deux experts électoraux ont, par ailleurs, relevé des problèmes politiques. Le Directeur exécutif de l’Ong 3D, M. Cissé trouve que le couplage de deux élections aussi différentes que les locales et les législatives créerait un «flou». A son avis, «on ne saura pas qui veut être député, qui veut être maire surtout avec cette nouvelle donne d’élection uninominale des maires». Les mêmes remarques sont faites par Ababacar Fall du Gradec qui estime que la plus sérieuse difficulté résidera dans les stratégies d’alliances électorales des différents acteurs politiques. En effet, il est d’avis que «la nature des deux élections n’étant pas la même, les objectifs et les enjeux non plus, il sera difficile à une pluralité de partis, pour des raisons de cohérence, de conclure une alliance au niveau national sur les listes de députés et de se combattre au niveau local ou les stratégies d’alliance ne sont pas les mêmes, compte tenu des réalités et vice-versa». Poursuivant sur les difficultés politiques, M. Fall et M. Cissé feront remarquer que la campagne électorale pour les deux types d’élections se tenant au même moment, il y a un risque de cacophonie réel dans le discours des uns et des autres. Pour toutes ces raisons non exhaustives, les deux experts restent persuadés qu’il serait mieux d’organiser ces deux élections de façon séparée tout en respectant autant que possible le calendrier électoral. Cela, selon eux, pour ne pas dévoyer le suffrage et la volonté des citoyens d’autant plus que le mandat des équipes départementales et municipales est épuisé depuis belle lurette.
Par Ousseynou Ndoye
COVID 19 ET RESTAURATION DES PAYSAGES AU SENEGAL
La restauration des paysages à travers les plantations d’arbres permet d’obtenir le même impact que la Covid 19 sur l’environnement
La pandémie de la Covid 19 a fortement réduit les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’air dans le monde entier en général et au Sénégal en particulier, ce qui est très bénéfique pour la santé humaine, l’équilibre écologique et la lutte contre le réchauffement climatique. La restauration des paysages à travers les plantations d’arbres permet d’obtenir le même impact que la Covid 19 sur l’environnement.
En outre, elle permet d’atténuer les vagues de poussière venant du Sahel très fréquentes à Dakar et dans les autres régions du Sénégal. La restauration des paysages a pour objectif de planter des arbres dans différentes formes d’utilisation des terres gérées de manière intégrée. Les bénéfices attendus sont entre autres, l’augmentation du couvert forestier qui permet la séquestration de dioxyde de carbone, l’augmentation de la biodiversité, la réduction de la pollution de l’air dont Dakar souffre énormément, le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, l’octroi d’emplois verts pour les populations (surtout pour les femmes et les jeunes) et la lutte contre la pauvreté. Une étude scientifique a montré que pour chaque dollar USA investi dans la restauration des paysages, un bénéfice au moins égal à 30 dollars USA pourrait être obtenu. Cela veut dire que la restauration des paysages doit être une priorité pour le Sénégal. En outre, elle doit être considérée comme une approche de développement durable et de lutte contre les changements climatiques.
ARBRES POTENTIELS POUR LA RESTAURATION DES PAYSAGES AU SENEGAL
Le choix des espèces d’arbres à promouvoir dans la restauration des paysages doit être discuté avec les communautés pour intégrer leurs besoins et leurs intérêts, qui sont entre autres, le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, les emplois verts, la disponibilité du bois de feu, l’obtention de revenus et de l’ombrage pour atténuer la chaleur, etc…
Au moins deux catégories d’arbres peuvent être utilisées pour la restauration des paysages au Sénégal. Les arbres appelés produits forestiers ligneux (PFL) et ceux connus sous le nom de produits forestiers non ligneux (PFNL).
Dans cet article, les PFNL sont définis comme des produits d’origine végétale autres que le bois d’œuvre, issus des forêts, des terres boisées et des arbres hors forêts. On peut citer les feuilles, les graines, les noix, les fruits, les champignons, les racines, les tiges, les écorces, les lianes, les sèves.
Les PFNL les plus populaires au Sénégal sont les suivants: Karité (Vitellaria paradoxa), Baobab ou Bouye (Adansonia digitata), Ou le ou Nététou ou Néré (Parkia biglobosa), Neem (Azadirachta indica), Madd (Saba senegalensis), Toll (Landolphia heudelotii), Sap Sap ou Nebeday (Moringa oleifera), Gomme arabique (Acacia spp), Dakhar ou Tamarin (Tamarindus indica), Ditakh (Detarium senegalensis), Dankhe (Detarium microcarpum), Soump (Balanites aegyptiaca), Jujube ou Sidème (Ziziphus mauritiana), Kooni (Borassus aethiopum), Noix d’acajou (Anacardium occidental), Dimbe (Cordyla pinnata), Guerte Tubaab ou Badamier (Terminalia catappa), Leungue (Vitex doniana et Vitex madiensis), Neb-Neb (Acacia adansonii),Nèw ou Pommier du Cayor (Parinari macrophylla), Solom (Dialium guineense), Taba (Cola cordifolia), Xewer ou Cerisier du Cayor (Alphania senegalensis), Marula ou Beer en Wolof ou Prunier d’Afrique (Scerocarya birrea), Dugoor ou Pomme cannelle du Sénégal (Annona senegalensis), Mame patan ou Prunier de Guinée (Parinari excelsa), etc…
Ces produits sont riches en vitamines A, B, C, D, E, K et en minéraux: calcium, magnésium, fer, potassium, sodium, zinc, phosphore, manganèse. C’est pourquoi il faudrait recréer des peuplements de ces arbres dans la cadre de la restauration des paysages au Sénégal.
L’importance des PFNL peut être appréhendée à travers leurs contributions:
a) Au renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations par la consommation directe après la collecte primaire ou par l’achat d’autres denrées alimentaires à partir des revenus obtenus de la vente des PFNL.
b) A la lutte contre la pauvreté rurale à travers les revenus qu’ils génèrent. Ces revenus peuvent permettre d’acheter d’autres biens.
c) Aux emplois des femmes et des jeunes. A ce titre, les PFNL contribuent au développement de l’entrepreneuriat et des Petites et Moyennes Entreprises (PME).
d) A l’amélioration de la santé des populations à travers l’utilisation des plantes médicinales que fournissent ces arbres.
e) A la résilience des populations et à l’adaptation aux changements climatiques à travers l’incorporation des PFNL dans les espaces agricoles.
f) Aux Objectifs de Développement Durables (ODD) notamment ODD1 lutte contre la pauvreté comme indiqué au point b) ci-dessus; ODD2 faim zéro comme mentionné au point a) ci-dessus; ODD3 bonne santé et bien-être (à travers l’utilisation des plantes médicinales) comme indiqué au point d) ci-dessus; ODD4 accès à une éducation de qualité (en effet dans le monde rural, les femmes vendent des PFNL pour payer la scolarité et les fournitures de leurs enfants); ODD11 villes et communautés durables (les arbres permettent d’embellir les rues, les avenues et les espaces publics créant ainsi des villes vertes); ODD 13 et ODD 15, mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques et vie terrestre (les arbres permettent de séquestrer du carbone et d’augmenter le couvert forestier, voir également le point e) ci-dessus.
Les produits forestiers ligneux (PFL) sont ceux qui fournissent le bois d’œuvre. On peut citer, entre autres, le bois de Venne (Pterocarpus erinaceus), le Fraké (Terminalia superba), le Bentégné ou Fromager (Ceiba pentendra), l’Acajou ou Cailcedrat (Khaya senegalensis), le Flamboyant (Delonix regia), l’Ebène (Diospyros sp.), le Tulukuna (Carapa procera), le Kadd (Acacia albida ou Faidherbia albida), les Figuiers (Ficus lutea ou Ficus platyphylla ou Ficus umbellata ou Ficus polita) etc.
L’Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte (ASRGM) qui vient d’être créée au sein du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) devra tenir compte de ces types d’arbres (PFL et PFNL) dans son programme de restauration des paysages au Sénégal.
En outre, l’agence doit mener des campagnes en utilisant les médias pour mieux sensibiliser les populations rurales et urbaines sur l’importance des arbres dans la lutte contre les changements climatiques et la conservation de la biodiversité.
Les mairies et les collectivités locales devraient être mobilisées pour prendre en charge les plantations d’arbres le long des différents axes routiers et dans les espaces publiques de leurs circonscriptions dans le cadre de la promotion des villes vertes. Les ministères de l’Urbanisme, du Logement, et de l’Hygiène Publique; de l’Education Nationale; de l’Enseignement Professionnel; de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation devront également être sensibilisés pour les plantations d’arbres le long des autoroutes et certaines routes qui ne sont pas du domaine administratif des mairies et des collectivités locales; et dans les écoles primaires, les lycées, les écoles professionnelles et les universités. Tous ces efforts de restauration permettront au Sénégal de mieux se prémunir contre d’éventuelles autres menaces post Covid 19 que sont les changements climatiques, la pollution de l’air et le déséquilibre écologique. Il faut souligner que le Ministère de l’Urbanisme, du Logement, et de l’Hygiène Publique est en train de faire un travail très important qu’il faut magnifier.
CULTURE DES ARBRES ET PAS SEULEMENT DE LES PLANTER POUR REUSSIR LA RESTAURATION DES PAYSAGES AU SENEGAL
Le concept de culture des arbres doit se substituer à celui de planter des arbres. La culture des arbres inclut l’acte de planter ainsi que le suivi et la prise en charge de toutes les étapes en aval jusqu’à la maturation pour la réussite totale de l’opération. Chaque année, la journée internationale des forêts est célébrée le 21 mars, celle de la biodiversité le 22 mai, la journée mondiale de l’environnement le 5 juin et celle de la lutte contre la désertification et la sécheresse le 17 juin. Des centaines de milliers d’arbres sont plantés dans ces journées mais malheureusement les taux de survie ne sont pas toujours satisfaisants car une fois plantés la majorité des arbres sont laissés à eux-mêmes et ne sont pas suivis.
La culture des arbres doit être la nouvelle stratégie qui doit être adoptée. Ce concept doit être porté par l’ensemble de la population en général, et en particulier par les communautés rurales avec qui l’administration forestière pourra signer des contrats d’entretiens et de suivis des arbres pour en retour obtenir un droit d’usage commercial sur les arbres dont les fruits pourront être récoltés tout en veillant à la préservation de l’arbre même.
Ainsi les communautés villageoises auront le droit de consommer et de commercialiser les fruits des arbres plantés pour satisfaire leurs besoins de premières nécessités ce qui les motivera davantage pour le suivi et l’entretien. Pour lutter contre les comportements individuels opportunistes, les communautés devraient être organisées en coopératives ou en associations ou en petites et moyennes entreprises (PME) où les membres travailleront en groupes pour l’entretien et le suivi des arbres. Avant la maturation des arbres plantés, les membres des coopératives ou des associations ou des PME devraient être formés à l’entrepreneuriat pour mieux comprendre les avantages de travailler et de vendre en groupes pour augmenter leur pouvoir de négociation; ils devront également être formés à la comptabilité simplifiée, à la gestion des bénéfices, à l’élaboration des plans de développement d’entreprises ou plans d’affaires, à la transformation des produits pour créer une plus grande valeur ajoutée, et sur les choix d’investissements productifs pour diversifier leurs activités et leurs revenus.
La Covid 19 montre l’importance de cultiver les arbres et de les pérenniser pour la restauration durable des paysages au Sénégal. Celle-ci permet de renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, de lutter contre la pauvreté, d’augmenter le couvert forestier, la biodiversité, et la séquestration du carbone, de réduire la pollution de l’air afin de doter le Sénégal de forces endogènes durables pour la lutte contre les changements climatiques et le déséquilibre écologique qui sont des menaces potentielles post Covid 19.
Par Babacar TOURE
L’ARC DE FEU SOUS-RÉGIONAL DE LA VIOLENCE
Notre pays, si on n’y prend garde, pourrait subir les effets telluriques de ce déferlement de violence contagieuse qui se propage dans l’arc de feu ravageur de notre voisinage immédiat
Après avoir montré que la violence est consubstantielle à l’histoire politique et sociale du Sénégal, il est question dans ce second jet de son impact sous régional. Un Arc de feu marqué par l’onde de choc de la faille malienne, la déflagration en Guinée, la résurgence irrédentiste en Mauritanie. Il en ressort que, tout en se posant à la fois en termes de géopolitique sous-régionale et régionale, la question sécuritaire n’en revêt pas moins le caractère d’un impératif de politique intérieure.
L’ARC DE FEU SOUS-RÉGIONAL
« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine, la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l'enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre, ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci, pourront ne pas être inutiles. » Victor Hugo. Les Misérables
Notre pays, si on n’y prend garde, pourrait subir les effets telluriques de ce déferlement de violence contagieuse qui se propage dans l’arc de feu ravageur de notre voisinage immédiat. En effet, la guerre de libération de la Guinée-Bissau, les conflits armés du Libéria, de la Côte d’Ivoire, du Nord Mali et quarante ans de guérilla en Casamance sur le flanc sud de notre pays, ont favorisé un important trafic et une circulation massive d’armes de guerre dans la sous-région. Aux soldats perdus de ces guerres de pauvres qui se sont dispersés dans notre espace soudano-sahélien, se sont ajoutés des rescapés de l’internationale terroriste, chassés d’Algérie et de Libye, repliés dans notre aire géopolitique avec armes et idéologie, pratiquant assassinats, vols, agressions, enlèvements contre rançons et protection, détruisant au nom de Dieu, adeptes de la contrebande, du trafic de drogue d’organes et d’êtres humains. Cependant, la violence de masse la plus horrible qu’il nous a été donné de vivre en ce vingtième siècle finissant fut la véritable boucherie subie par des Sénégalais et des Mauritaniens en avril 1989.
Tout est parti d’un conflit classique ayant abouti à mort d’homme, côté sénégalais entre éleveurs et agriculteurs à Doundé Khoré, dans le Diawara, zone frontalière entre les deux pays. La rumeur dévastatrice, s’est rapidement propagée, d’une attaque armée de gardes Arabo Berbères mauritaniens contre des paysans négro-africains sénégalais. La maladresse (?) du ministre mauritanien de l’Intérieur, Gabriel Cimper (qui se rebaptisera Djibril Ould ABDALLAH), dépêché à Dakar pour apaiser la tension a mis de l’huile sur le feu attisé par les extrémistes des deux pays, les suprématistes baathistes (du parti « Baath « et leurs compères nasséristes, prônant l’arabisation hégémonique de la Mauritanie. Ils avaient cependant leurs répondants chez les activistes et hommes politiques négro-africains, à cheval sur les deux rives du fleuve Sénégal, qui au nom de la conservation ou de la sauvegarde des terres ancestrales, voulaient contenir les Maures à une centaine de kilomètres au-delà du fleuve. Ils contestaient ainsi les limites frontalières imposées par l’arbitraire colonial.
Certains médias mauritaniens, sénégalais, et internationaux dont Radio France internationale (RFI) apportèrent au conflit une amplification dramatique, contribuant à surchauffer les esprits et à titiller les bas instincts de groupes manipulés. Le chauvinisme des uns, le nationalisme étroit des autres, exacerbés par l’opportunisme politique et le populisme de certains ténors ayant cru leur moment venu de prendre le pouvoir, provoquèrent une situation d’une violence inouïe. Dans les deux pays, de paisibles citoyens furent, égorgés, éventrés, démembrés ou émasculés par des hordes en furie vengeresse, assoiffées de sang. Des deux côtés, aucune force de l’ordre, ne s’est manifestée, ni n’a reçu l’ordre d’empêcher les tueries et de protéger les personnes en danger et leurs biens pillés ou confisqués.
Aucune interpellation, aucune arrestation, aucune poursuite judiciaire à ce jour. Au-delà des morts atrocement et sommairement exécutés et enregistrés dans leur communauté, les Mauritaniens Noirs expulsés de leurs maisons et de leurs lieux de travail, victimes de bannissement, de destruction et de confiscation de leurs biens ont été refoulés vers le Sénégal. Les autorités mauritaniennes de l’époque considéraient que tout Noir était Sénégalais, en particulier Wolof et /ou Halpulaaren.
Au Sénégal, les Maures qui tenaient le secteur de la petite distribution de proximité dans les quartiers et dans les villages ont subi la loi du talion avec autant de barbarie que nos compatriotes de l’autre rive. Ce fut le triomphe de la raison du plus fou qui est toujours la pire. C’est le lieu et l’occasion d’évoquer la remarquable solidarité, l’empathie et la générosité de cœur et d’esprit de citoyens Sénégalais et Mauritaniens, voisins, simples connaissances ou témoins, qui n’ont ménagé ni leur énergie, ni leur temps, pour arracher à la mort des victimes de ces véritables pogromes. On distinguera parmi les sauveteurs, l’ancien Recteur de l’Université de Dakar, le regretté professeur Souleymane Niang rencontré à plusieurs reprises au consulat de Mauritanie à Colobane, convoyant lui-même, au volant de son véhicule des étudiants arrachés aux griffes d’escadrons de la mort sortis de partout et de nulle part.
Ou encore les actions salvatrices des camarades de la Gauche sénégalaise: Landing Savané, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily. Et mauritanienne : Ba Boubakar Moussa, Mohamed Ould Maouloud, Lo Gourmo Abdoul, Traoré Ladji, Daffa Bakary, Isselmou Ould Abdel Kader, Sy Hasmiou, Sy Mamoudou Longo et bien d’autres qu’il me serait fastidieux de citer.
LA THESE DU BOUCLIER TAMPON
Les navettes de rapatriement par air et par le fleuve, des rescapés de cette éruption de folie meurtrière ont débarqué des personnes semblables à des zombies, des familles disloquées. Elles apparurent polytraumatisées dans leur esprit et dans leur chair, sans repères, ayant pour la plupart lâché prise sous le choc de cette barbarie qui s’est soudainement abattue sur elles. Désignés pudiquement « réfugiés mauritaniens » au Sénégal, ces victimes de la déportation, sont à distinguer des Sénégalais dépouillés et expulsés vers leur «pays d’origine».
A en croire certains historiens spécialistes de l’aire civilisationnelle soudano- sahélienne, ceux-ci comptaient d’ailleurs dans leurs rangs nombre de Mauritaniens de souche établis dans la Vallée et dans certaines parties du Sud-Est du pays, avant l’arrivée des Almoravides et des Berbères, dont certaines tribus se sont mélangées avec des autochtones pour diverses raisons et par divers moyens. Aujourd’hui encore, le travail de deuil, les réparations et même l‘’exigence morale d’une quête mémorielle sont déniés à ces déracinés et à leur descendance persécutée, devenus apatrides dispersés aux quatre coins du monde où on a bien voulu les accueillir.
Plus tard, des officiers Négro-africains seront arrêtés et exécutés dans la garnison-prison de Jreida, près de Nouakchott. D’autres membres de cette communauté, cadres et intellectuels pour la plupart, révoltés par le racialisme des tenants du pouvoir arabe aux allures de nettoyage ethnique ciblant en particulier leur groupe, des Halpularen, dénoncent cet état de fait. La publication d’un «manifeste du Négro-africain opprimé » vaudra à l’immense écrivain Téné Youssouf Guèye, au journaliste Sarr Ibrahima, à Djigo Tafsirou, au Capitaine Boye Alassane Harouna et à leurs compagnons d’infortune, les rigueurs d’une condamnation aux travaux forcés et la déportation au fort pénitentiaire de Oualata, d’où certains ne sortiront pas vivants. Déjà en 1966, un premier manifeste dit des « 19 » avait attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale sur le sort inique infligé à la composante Négro-africaine de Mauritanie.
En réponse, leurs auteurs furent traqués et sauvagement réprimés. Les différents régimes qui se sont succédés au Sénégal ont pris le parti de tourner la tête et de se détourner face à cette question qui nous concerne, nous interpelle intimement et qui ne manquera pas de nous rattraper encore. Comme en 1989.
Dans le même registre, on pourrait évoquer l’annonce de la création d’un éphémère et intrigant «Front de Libération du Waalo, du Fouta et du Guidimakha », espace habité respectivement par des Wolofs, des Halpulaaren et des Soninké, à cheval sur les deux rives du fleuve Sénégal. L’analyste et journaliste sénégalais Babacar Justin Ndiaye attribue la création de ce mouvement improbable à une volonté de l’ancien président de la République du Sénégal Léopold Sédar Senghor, de tenir à distance et en respect l’Algérie progressiste de Ouari Boumediene. Elle était devenue la Mecque des révolutionnaires de tous bords et n’a ménagé ni ses ressources, ni ses relations, dans sa volonté de faire triompher l’indépendance de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) et de son fer de lance le Front Populaire de Libération de la Saguiet El Amra et du Rio de Oro (Front Polisario). Une décolonisation tronquée selon Alger et ses alliés puisque la puissance colonisatrice, a cédé aux prétentions marocaines et mauritaniennes sur les parties Nord et Sud du territoire convoité, au lieu d’en transmettre la souveraineté aux indépendantistes sahraouis.
Ce front du Walfougui, dont le chef présumé Alioune Diaw avait servi dans la gendarmerie mauritanienne avec des états de service peu valorisants et à l’équilibre suspecté, devait tomber rapidement en désuétude. La Mauritanie s’était entretemps retirée de la partie annexée du Sahara récupérée par le Polisario. Si la thèse du bouclier tampon prêtée à Senghor devait être retenue, cette fonction serait dès lors remplie par la RASD et La Mauritanie, suite au renversement d’alliance ayant abouti à la partition du Sahara occidental.
DEVOIR D’INVENTAIRE
Passer par pertes et profits, une séquence aussi dramatique et traumatisante pour les peuples sénégalais et mauritaniens, tout en réclamant reconnaissance et réparation pour des crimes et exactions commis par l’administration coloniale, voilà le paradoxe monumental de certains politiques, y compris des gouvernants.
Et pourtant, le feu couve sous la cendre La sous-région ne peut se soustraire au devoir d’inventaire des relations intercommunautaires des populations qui y vivent au sein d’entités « nationales» et territoriales aux équilibres fragiles. La question nationale éludée par la problématique coloniale et la doctrine du gel des frontières «héritées» de la colonisation imposée en 1963 par l’Organisation de l’union africaine, (OUA), ancêtre de l’Union africaine (UA), est bousculée par le besoin d’accès à des ressources découvertes dans des espaces transfrontaliers disputés. Le terrorisme des pseudos djihadistes ainsi que les rebellions séparatistes Touaregs, ces mystérieux « hommes bleus » fantasmés dans la littérature d’une certaine anthropologie romanesque, présente bien des aspects particularistes et identitaires.
Les Peulhs d’Amadou Kouffa Diallo, chef de la Katiba Macina, alliée d’ AnsarDine puis au Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans et les Dozos, chasseurs Dogons sédentarisés, s’affrontent mortellement, faisant des centaines de morts parmi les populations civiles. Certes, les conflits autour de la maîtrise de l’eau et des terres, entre agriculteurs et éleveurs sont monnaie courante, ici comme ailleurs. Ces contradictions sont cependant accentuées parla pratique d’une agriculture extensive, le défrichement et l’exploitation de nouvelles terres arrachées à la forêt et au parcours de transhumance des nomades et de leurs troupeaux.
Sur ce terreau fertile, les Djihadistes recrutent, arment et entretiennent des phalanges pseudo-islamistes. Ils ont en face d’eux des milices d’autodéfense encouragées par Bamako pour pallier les carences et l’impréparation des Forces Armées Maliennes (FAMA), tout aussi incapables de défendre le territoire et les populations que la lourde et paralysée Mission des Nations-Unies au Mali (Munisma). Depuis 2013, l’Etat malien a perdu le Nord, puis le Centre du pays, au profit de groupes armés qui tiennent Bamako en joue, dans leur ligne de mire.
La Mauritanie voisine, est apparemment en intelligence avec les différents mouvements djihadistes et servirait de base arrière à certains d’entre eux dont AnsarDine, qui, jusqu’à une période encore récente, avait pignon sur rue à Nouakchott. En état de cause, ce pays charnière entre le Maghreb et le Sahel est curieusement épargné au moment où le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Tchad, le Nigeria et le Cameroun sont perpétuellement frappés par des colonnes de terroristes, enlevant, dépouillant et massacrant des populations sans défense et des soldats peu motivés et pauvrement armés et entraînés. Il est vrai que les Touaregs se rebellent aussi au nom d’une arabité bridée, raillée, comme étant les seuls membres de la «nation arabe» dominés et gouvernés par des Noirs, dans un rapport inversé de la dialectique du maître et de l’esclave.
On comprend dès lors, le refus systématique opposé à la participation du Sénégal au cadre du G5 Sahel, alors que notre pays est parmi les plus importants contributeurs en hommes et en logistique des forces de la Minusma présentes au Mali. Le rôle ambigu de la France, dont les opérations Serval, Barkhane et l’intervention militaire avalisée par une Union Européenne trainant des pieds, n’a pas empêché l’occupation des deux tiers du Mali. La Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), brillera pour son inefficacité opérationnelle sur le terrain miné par des querelles de leadership et de captures du butin de l’aide internationale. L’inextricable accord de paix d’Alger souscrit et parrainé par des parties peu soucieuses de son applicabilité.
Dans ce contexte de repli et de fractures identitaires, le Sénégal est suspecté par certains de ses voisins de travailler à l’avènement d’une hégémonie peuhle dans l’espace sénégambien. C’est le sens prêté au soutien manifeste et revendiqué de son Président aux chefs d’Etat de Gambie et de Guinée Bissau, voisins remuants, qu’il vaut mieux pour notre pays, avoir avec soi. Le Sénégal est suspecté par certains de ses voisins de vouloir ressusciter la Sénégambie originelle, englobant le Gaabu et travaillant ainsi à l’avènement d’une hégémonie peulhe dans l’espace sénégambien ainsi reconfiguré.
L’histoire récente a démontré les risques majeurs encourus par le Sénégal, avec les interférences des voisins mauritaniens et guinéens qui n’ont pas manqué de déclencher le courroux de Dakar et failli faire capoter un régime ami à Banjul. Sans oublier que pendant la crise sénégalo-mauritanienne, le consulat de Mauritanie a servi de transit logistique d’armes et de munitions mais aussi d’argent, avec la bénédiction agissante des autorités de Banjul. Celles-ci, hantées par l’expédition anti putschiste et de «maintien d’ordre» de l’armée sénégalaise parachutée dans leur pays à la faveur des opérations Fodé Kaba I et II en 1981et 1982, vivaient très mal l’attitude paternaliste du voisin sénégalais. Les autorités comme les populations gambiennes ne tarderont pas à rejeter toute forme de tutelle.
100 MILLIARDS DANS LA NATURE EN MOINS D’UN AN
Afin de se dégager de l’étau sénégalais, la Gambie signera d’ailleurs un accord de défense avec le Nigéria et entretiendra des relations particulièrement surveillées par Dakar avec la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo, la Libye de Kadhafi, le Burkina Faso de Compaoré et ...l’Iran des Mollah, suspecté de fournir des armes au Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC). Le soutien de l’homme fort de Banjul aux rebelles du MFDC, l’imprévisible Yaya Jammeh, tenait autant de considérations géopolitiques qu’ethniques. Au total, tous les ingrédients d’un cocktail explosif sont en train de mijoter autour de nous, par conséquent chez nous, dont personne ne sortira indemne. La question sécuritaire se pose à la fois en termes de géopolitique sous régionale et régionale. Elle n’en revêt pas moins le caractère d’un impératif de politique intérieure.
La formulation d’une politique extérieure proactive et pragmatique, servie par une diplomatie pour sa mise en œuvre par des professionnels qualifiés, compétents chevronnés, et loyaux (à l’Etat), non choisis parmi la clientèle politique locale ou de la diaspora, nouvelle coqueluche des gouvernants, relève d’une impérieuse nécessité.
La sécurité, c’est d’abord les voisins Aucune action, amicale ou hostile, ne peut être entreprise sans que leurs auteurs ne puissent bénéficier de corridors dans les espaces aériens, terrestres ou maritimes des pays voisins. On ne voit pas comment ni dans quelle mesure le Sénégal pourrait contenir l’onde de choc de la faille malienne, d’une déflagration en Guinée ou encore d’une résurgence irrédentiste en Mauritanie. L’afflux massif de réfugiés perturberait gravement l’écosystème économique, l’habitat social et environnemental, exacerberait les sentiments et reflexes particularistes voire xénophobes. Les systèmes de solidarité et de régulation sociale sont désormais mis à rude épreuve par la raréfaction des ressources, les conflits de nécessité et la compétition sauvage pour le pouvoir et l’avoir.
Des signalements inquiétants alertent sur des flux de transferts massifs d’argent hors des circuits financiers officiels. Rien que la période allant de juillet 2019 à ce jour, une centaine de milliards de francs Cfa et en devises étrangères ont été échangés entre le Sénégal, la Mauritanie, le Mali et la Gambie. Cette masse monétaire invisible inquiète jusque dans les milieux européens et au sein des institutions financières internationales. Si on considère les données non disponibles sur les deux Guinée (Bissau et Conakry), l’ampleur des dangers encourus par la sous-région fait frémir. D’où provient cet argent, à qui profite-t-il, pour quels usages, qui protège les passeurs et les destinataires?
La déperdition administrative qui n’a pas épargné les services de renseignements n’est pas sans conséquence sur l’absence d’informations sur des circuits pourtant repérables, en dépit d’une certaine omerta de rigueur dans certaines sphères officielles. L’Afrique peut et doit se sortir de la domination étrangère et du jeu des puissances tutélaires au profit d’un destin maîtrisé et au service de ses hommes et femmes valeureux, déterminés et endurants- résilients comme le veut la mode aujourd’hui A condition de résoudre l’équation de l’extraversion du leadership des gouvernants et des élites.