Présidé par le général François Ndiaye, ledit Comité comprend, outre six représentants du gouvernement, trois représentants de l’Assemblée nationale (majorité parlementaire, opposition parlementaire, non-inscrits), deux représentants du HCCT
Le président de la République, Macky Sall, a créé par décret le Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de Riposte et de solidarité contre les Effets du COVID-19 (FORCE COVID-19), a appris l’APS de source officielle.
Le comité est composé de représentants de l’ensemble des forces vives de la nation, indique la même source.
Elle signale que cet organe institué auprès du président de la République, est un rouage essentiel d’une bonne gouvernance du Fonds FORCE COVID-19.
Il est chargé de suivre, de façon proactive et inclusive, l’ensemble des opérations menées par le Fonds et d’en rendre compte au président de la République, fait-elle savoir.
Présidé par le général François Ndiaye, ledit Comité comprend, outre six représentants du gouvernement, trois représentants de l’Assemblée nationale (majorité parlementaire, opposition parlementaire, non-inscrits), deux représentants du Haut Conseil des collectivités territoriales.
Il y’a aussi deux représentants du Conseil économique, social et environnemental , deux représentants des Associations d’élus territoriaux , six représentants des partis politiques (deux du pôle de la majorité présidentielle, deux du pôle de l’opposition parlementaire, deux du pôle des non-alignés) , trois représentants des organisations de la société civile , deux représentants des organisations patronales , deux représentants des organisations syndicales et deux représentants des associations de consommateurs.
"Le Comité pourra s’adjoindre, à l’occasion de ses rencontres, toute personne dont la participation est jugée utile", ajoute la même source.
Le FORCE COVID-19 créé Président de la République pour appuyer des secteurs de l’économie touchés par la montée en puissance de la pandémie, sera doté de 1.000 milliards de francs CFA
Macky Sall a lancé à cette occasion un appel au secteur privé et aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, afin qu’ils apportent leur soutien au FORCE-COVID-19.
Les ressources du Fonds serviront entre autres, à soutenir les entreprises, les ménages et la diaspora. Une enveloppe de 65 milliards de francs CFA est consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence.
FRANÇOIS NDIAYE VA PRÉSIDER LE COMITÉ DE SUIVI DE FORCE COVID-19
Le général de division a été nommé président du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de Riposte et de Solidarité contre les effets de la pandémie, créé par le président Macky Sall
Le général de division, François Ndiaye a été nommé président du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du Fonds de Riposte et de Solidarité contre les Effets du COVID-19 (FORCE COVID-19), annonce un communiqué transmis à l’APS.
Le décret de nomination du président du président du Comité de suivi de la mise en œuvre des opérations du FORCE COVID 19 a été signé dimanche par le président de la République Macky Sall, indique la même source.
Le général François Ndiaye a occupé jusqu’à sa nomination, les fonctions d’Inspecteur général des forces armées(IGFA).
Au cours de sa carrière, le général Ndiaye a assuré les fonctions de chef d’Etat-major de l’armée de terre. Il avait dirigé les forces de la CEDEAO en Gambie.
Le Général François Ndiaye est un parachutiste de formation, sorti de l’Académie militaire royale de Meknès (Maroc). Il a reçu une solide formation aux Etats-Unis, avant d’avoir le grade de colonel à 45 ans, devenant ainsi le plus jeune colonel de l’armée de terre, alors qu’il commandait la zone militaire N° 1 (Dakar).
Né à Joal-Fadiouth (département de Mbour), il a fait plusieurs séjours en Casamance (sud), et a servi pendant 4 ans au Bataillon confédéral en Gambie.
Il a étudié le droit à l’Université Mohamed V de Rabat, avant d’intégrer l’Académie militaire royale de Meknès.
Il est titulaire d’un diplôme supérieur en anglais, obtenu à l’Université d’Ibadan (Nigeria) et d’un master 2 en citoyenneté, droits de l’Homme et action humanitaire à l’Institut des droits de l’homme et de la paix (IDHP de l’UCAD). Il a aussi décroché un master 2 en gestion des ressources humaines et organisation.
Son séjour aux Etats-Unis a été couronné d’un diplôme d’état-major de l’Us Army Command and General Saff College (USA entre 1993-1994). Le général Ndiaye a également obtenu le brevet de l’Ecole supérieure de Guerre du Nigeria National Defense College (major de sa promotion).
Il a aussi une longue expérience des missions onusiennes. En effet, il a été tour à tour chef des opérations de la Mission des Nations unies au Congo (MONUC) et chef des officiers de liaison et de planification de la Mission des Nations unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT).
Le Général François Ndiaye, qui est titulaire de plusieurs décorations sénégalaises et étrangères, fut ancien conseiller militaire du Bureau des Nations unies pour l’Afrique centrale (UNOCA).
Le FORCE COVID-19 créé par Président de la République pour appuyer des secteurs de l’économie touchés par la montée en puissance de la pandémie, sera doté de 1.000 milliards de francs CFA.
Macky Sall a lancé un appel au secteur privé et aux partenaires bilatéraux et multilatéraux, afin qu’ils apportent leur soutien au FORCE-COVID-19.
Les ressources du Fonds serviront entre autres, à soutenir les entreprises, les ménages et la diaspora. Une enveloppe de 65 milliards de Francs CFA est consacrée à l’achat de vivres pour l’aide alimentaire d’urgence.
par Abdourahmane Sarr
ANNULATION DE DETTES NON, SOUVERAINETÉ MONÉTAIRE OUI
Le nouvel appel de Dakar dont le président Français s’est fait l’écho est une répétition qui ne va pas dans le sens de nos intérêts. Nous n’y gagnerons pas comme nous n’y avons pas gagné depuis 1960
Le président Macky Sall nous a invités le 3 Avril, 2020, soixantième anniversaire de notre indépendance, à réaliser notre destin, mais a appelé quelques jours plus tard à une annulation de notre dette publique en se basant sur des arguments de solidarité internationale. Il nous a aussi dit que cette idée lui est venue lorsqu’il s’est rendu compte que les intérêts sur la dette du Sénégal représentaient presque 50% du budget réel de riposte Covid-19 d’environ 600 milliards qu’il venait d’élaborer. Aussi contre-intuitif que cela puisse paraître de dire non à l’annulation de la dette, nous voudrions par cette contribution convaincre une certaine cible qu’une annulation de dette n’est pas dans notre intérêt, si nous voulons prendre notre destin en main. La plupart des observateurs seraient effectivement d’accord que la dette extérieure est un handicap pour notre développement. Pour le Sénégal, son niveau actuel soutenable est une chance pour que nous changions de paradigme et poursuivre la politique générale annoncée par nos autorités en janvier 2020 et dont ils ne sont en réalité pas convaincus. Nous l’avons démontré dans nos contributions intitulées « Programme Sénégal-FMI : Paradigmes à Revoir » et « Consensus de Dakar : Pas le Choix de la Jeunesse » qui motivent notre opposition à « L’Appel de Dakar ».
Le non-économiste qui demande une annulation de sa dette a une logique budgétaire de gestion de ses finances. En effet, il suppose que l’annulation de sa dette va lui permettre d’économiser le service de la dette (intérêts et amortissements) et dégager des ressources qu’il pourra affecter à des dépenses nouvelles. Ce raisonnement est également valable pour un individu qui gère un budget familial, une collectivité locale, ou une entreprise qui ne peuvent en général s’endetter que pour financer des projets spécifiques. Une fois leurs dettes remboursées, ils libèrent des ressources pour des dépenses nouvelles ou peuvent emprunter à nouveau dans la même logique. Nos Etats ont toujours fonctionné de la sorte, car ils ne sont toujours pas gérés, malgré les indépendances, comme des Etats souverains. Cependant, ils découvrent progressivement avec le développement de marchés financiers nationaux et l’accès aux marchés financiers internationaux, que la gestion de dette d’un état souverain ne suit pas la logique d’un individu, d’une entreprise, ou d’une collectivité locale. Ceux-ci, en général, empruntent pour des projets spécifiques avec des ressources affectées au remboursement, ce qui n’est pas le cas d’un Etat souverain.
Un Etat souverain, dans la quasi-totalité des cas, a un déficit budgétaire en permanence, ce qui n’est pas le cas d’un individu. C’est-à-dire que ses recettes (impôts, taxes, et autres) et ses dépenses (courantes et d’investissements) se soldent généralement par un déficit. Si cet Etat est déjà endetté, cela veut dire, qu’à part les intérêts pris en compte dans ses dépenses courantes, le reste du service de la dette, donc les amortissements, ne provient jamais des recettes. Les ressources d’emprunts qu’un comptable mettrait dans les ressources pour financer des amortissements ne sont pas considérées dans une démarche analytique comme des recettes, mais simplement comme un renouvellement d’emprunts. Le sénégalais lambda qui a une durée de vie limitée, dirait que cette façon de faire est « emprunter pour payer une dette ». C’est vrai, mais pour un Etat qui ne meurt pas, cet exercice peut durer une éternité sans qu’il n’ait à se préoccuper du remboursement de sa dette. La stabilisation de la dette par rapport au PIB du pays est suffisante, bien que les intérêts puissent prendre de l’espace dans les dépenses. Lorsque les intérêts sont payés principalement à des résidents épargnants, l’argent reste dans le pays. En revanche, lorsque ces intérêts sont payés à des non-résidents, il faut avoir les devises nécessaires pour les rembourser, toutes choses étant égales par ailleurs.
Allant plus loin, les gestionnaires de dette des Etats souverains déterminent le volume de dettes qu’ils doivent émettre dans une année donnée par la somme du déficit budgétaire à financer excluant les intérêts (appelé déficit primaire) qui leur vient d’une direction du budget, auquel ils ajoutent les intérêts et les amortissements de la dette existante qu’ils maîtrisent. Ce total devient le montant à rechercher sur les marchés. Dès lors que ce montant est finançable, tout en stabilisant la dette en pourcentage du PIB, il n’est pas nécessaire que la dette existante et les intérêts soient remboursés avec des recettes effectives en réduisant le volume d’investissements ou d’autres dépenses. Il est donc essentiel qu’une croissance soutenable du PIB soit au rendez-vous pour stabiliser la dette en pourcentage du PIB. Malheureusement, la croissance du Sénégal (sans pétrole et gaz) était en décélération sans Covid-19.
Si par ailleurs, le déficit budgétaire global est limité, comme c’est notre cas à 3% du PIB du fait de critères de convergence pour des raisons autrement valables (nous y reviendrons), cela veut dire qu’une annulation de dettes ne libérera que l’espace des intérêts sur la dette. Ceci parce que l’amortissement pouvait ne jamais être remboursé mais toujours renouvelé par un emprunt nouveau non affecté à une dépense spécifique et nous serions toujours limités à un déficit de 3% du PIB. En revanche, si l’amortissement est dû à une banque, il doit être amorti avec des ressources réelles si la banque ne nous fait pas un nouveau crédit non affecté à un projet spécifique d’où l’importance d’avoir accès aux marchés et d’être vu par eux comme étant un souverain solvable qui honore ses engagements. Nous devions déjà atteindre les 3% du PIB de déficit en 2020 et devrons y revenir au plus tard en 2022.
Nous voyons par ce développement qu’une annulation de dettes extérieures, conjuguée d’une limite sur le déficit budgétaire global en pourcentage du PIB ne libère que deux choses : 1) des dépenses d’intérêts 2) un espace pour plus d’emprunts extérieurs si l’épargne nationale est limitée à court terme. Si ces emprunts extérieurs sont pour des projets spécifiques, il faudra les rembourser ou emprunter sans affectation à des projets spécifiques pour ne pas avoir à rembourser ces emprunts avec des recettes budgétaires. A noter que des projets peuvent avoir des taux d’intérêts concessionnels mais achetés à des prix plus élevés que leur valeur réelle compensant ainsi le créditeur pour les intérêts subventionnés. Il s’y ajoute que si un choc défavorable devait nécessiter une dévaluation de la monnaie du débiteur, la concessionnalité du prêt risque de ne plus être si importante au vu de montants à amortir plus élevés en monnaie nationale. La politique de nos autorités publiée en janvier 2020 prévoyait déjà une réduction à moyen terme de notre dette extérieure, politique à laquelle elles ne croient pas, d’où l’appel à un consensus de Dakar rejeté sur la dette et sponsorisé par des économistes français.
Le nouvel appel de Dakar dont le président Français s’est fait l’écho est une répétition qui ne va pas dans le sens de nos intérêts. Nous le disons au président Macky Sall avec la plus grande sincérité. L’après Covid-19, et le retard d’exploitation du pétrole et du gaz, ne vont que révéler ce qui était déjà connu : l’échec d’une politique de croissance et d’émergence basée sur la dette extérieure et l’état sans les préalables, comme diplomatiquement décrié par les partenaires.
Notre position est donc que nous ne devons pas renouveler des emprunts en devises si l’espace était libéré pour de soi-disant meilleurs projets ou de nouvelles dettes concessionnelles. Nous ne devons pas non plus militer pour des déficits budgétaires plus élevés que dictés par notre critère de convergence pour lever du même coup la contrainte d’endettement extérieur. Nous ne devons pas non plus lever la contrainte de déficit budgétaire pour cause de ressources extérieures, concessionnelles ou non, disponibles si cela veut dire pour nos Etats de prendre des espaces de capacités d’absorption qui devraient aller à notre secteur privé. Nos autorités ont argumenté que le secteur privé devait prendre le relai de la croissance puisque dans notre cas, l’Etat s’était endetté de manière inconsidérée entre 2000 et 2020. Qu’il en soit ainsi car c’est le rôle du critère de convergence.
Il nous faut renforcer notre marché financier national et que les investisseurs étrangers acceptent de nous prêter notre déficit d’épargne en bonne partie en notre propre monnaie. Notre déficit budgétaire devra être limité par cette contrainte de financement en monnaie nationale par des résidents ou non-résidents, et dans une mesure raisonnable d’emprunts en devises de préférence du marché et non de banques pour des projets spécifiques. Les emprunts en devises de banques (multilatérales ou privées) ne devront être que pour des projets aux revenus propres capables de se rembourser hors budget et pour des risques de change maitrisés et partagés.
Nous ne pourrons pas émettre de dettes en monnaie nationale à des non-résidents étrangers à notre zone monétaire si nous n’avons pas une souveraineté monétaire et une flexibilité de taux de change. Ceci, comme nous l’avons maintes fois argumenté, parce que ces investisseurs préfèrent une monnaie flexible qu’ils peuvent analyser par rapport à ses fondamentaux et investir sur des maturités relativement courtes pour pouvoir plus facilement liquider leurs positions. A défaut, ils préfèrent une dette à long terme mais en devises, option qui n’est pas compatible avec la stratégie d’endettement que nous préconisons. Le président de la République a délégué le leadership de cette question au Président Ouattara qui préfère un ancrage rigide du FCFA sur l’euro pour des raisons valables qui ne correspondent pas aux intérêts du Sénégal.
Nous disons donc non à l’annulation de la dette bilatérale et multilatérale si elle vise à nous permettre de la renouveler en devises et poursuivre la politique de 2000-2020. Nous n’y gagnerons pas comme nous n’y avons pas gagné depuis 1960, car cette annulation permettra à nos dirigeants socialisants de reprendre de plus belle les mêmes politiques qu’ils ont reniées sous la contrainte des dettes qu’ils ont déjà contractées en notre nom. Notre salut se trouve dans l’inclusion financière de nos populations dans une monnaie compétitive, un environnement de liberté économique, et la responsabilisation de nos collectivités locales pour focaliser l’état central dans ce qui nous est commun et dont la santé n’est qu’un exemple que notre état découvre subitement.
De ce point de vue, enfin, nous voudrions dire à l’endroit des équipes du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale que la substitution progressive de la dette extérieure en une dette en monnaie locale présentée dans leur dernière analyse de viabilité de la dette du Sénégal pour décaisser les fonds Covid-19 est incompatible avec le cadre macroéconomique présenté. Il est impossible pour le Sénégal d’augmenter la dette intérieure de 30% PIB entre 2024 et 2039 dans un contexte de ralentissement de la croissance et une dette en hausse sans réforme monétaire. Cette analyse est à revoir car ce ne sera possible qu’avec une accélération soutenue de la croissance sans le pétrole et le gaz avec des réformes qui iraient dans le sens du respect des principes de la déclaration « Mobilizing with Africa ». Il s’agit d’une croissance à mener par le secteur privé dans l’après Covid-19. Pour le Sénégal, cela veut dire volontairement respecter les engagements déjà pris en janvier 2020 au vu des résultats 2012-2019 avec ou sans programme FMI/Banque Mondiale de gestion transitoire de crise. Ceci veut dire prendre notre destin en main.
Librement
Dr. Abdourahmane Sarr est Président CEFDEL/MRLD
Moom Sa Bopp Mënël Sa Bopp
400 000 TONNES DE GRAINES d'ARACHIDE EXPORTÉES CETTE ANNÉE
Au total, 500 000 tonnes de graines d’arachide ont été collectées depuis l’ouverture de la campagne de commercialisation, selon le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement Rural, Moussa Baldé
Au total, 500 000 tonnes de graines d’arachide ont été collectées depuis l’ouverture de la campagne de commercialisation, dont 400 000 tonnes exportées, a annoncé dimanche, le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement Rural, Moussa Baldé.
"On peut dire que cette année notre production est estimée à peu près à 1 400 000 tonnes. La collecte globale se situe actuellement à 500 000 tonnes et elle correspond à ce qu’on a eu ces dernières années", a-t-il dit sur la Radio futurs médias (RFM, privé), sur la campagne de commercialisation de l’arachide ouverte le 3 décembre dernier.
De ce total de graines d’arachides collectées, "400 000 tonnes sont allées à l’exportation qui s’est taillée la part du lion", a précisé le ministre de l’Agriculture.
Selon lui, c’est parce que les exportateurs ont proposé des prix qui étaient difficiles à suivre.
"A titre de comparaison, la SONACOS qui a collecté 27 000 tonnes a payé le prix moyen du kg à 300 francs, ce qui fait que cette année les huiliers ont eu des problèmes pour collecter" les graines d’arachide, a-t-il fait savoir, samedi.
Au total, 90 000 tonnes de semences ont été collectées cette année dont 52 000 certifiées et près de 40 000 écrémées, a soutenu M. Baldé, soulignant que la campagne a été très bonne.
Il a annoncé que les notifications pour la distribution des semences vont être faites dès la semaine prochaine avant d’entamer la mise en place des semences dans tout le pays.
Le ministre a soutenu qu’il va bientôt arrêter la campagne de collecte du fait de l’approche de l’hivernage et du démarrage de la distribution des semences.
"Il nous faut arrêter [la campagne de commercialisation] pour qu’il n’y ait pas de confusion", a expliqué Moussa Baldé.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LES INTERNETS EN FURIE (1)
EXCLUSIF SENEPLUS - Rayan Hachem a été un prétexte à l’expression du racisme. Nos compatriotes, improprement appelés “Libano-Syriens”, ont été pointés du doigt pour leur supposé “communautarisme” - NOTES DE TERRAIN
Rayan Hachem a fait la Une des journaux ces derniers jours. Toute la semaine, il s’est retrouvé sous les feux de l’actualité. Notre compatriote, à tort ou à raison, est cité dans une affaire d’Etat. Le patron de Planet Kebab a gagné un marché pour faire venir du riz au Sénégal. Deux de ses entreprises, Avanti et Afri and Co, font partie des attributaires de l’achat public de riz en faveur des plus démunis. Pour 17 milliards de F CFA. Comme Rayan Hachem est connu pour être le patron d’une entreprise spécialisée dans le fast-food, il a très vite attiré les suspicions. Dans un pays où la transparence a souvent fait défaut, il fallait s’y attendre. D’autant plus que d’autres soupçons émaillent la mise en œuvre du programme d’aide alimentaire d’urgence, du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du Coronavirus (Force-Covid 19).
Le président de la République a dégagé 69 milliards de F CFA. Pour doter les ménages vulnérables en denrées alimentaires. Tout cela, bien sûr, aurait pu se passer de manière intelligible. Dans la transparence. Si le chef de l’Etat avait installé le comité de pilotage du Force-Covid 19, sans tarder et avant une quelconque opération, personne n’aurait trouvé à redire. Ce n’est pas encore le cas. Et les Sénégalais sont en droits de demander des comptes. Car une grande partie de l’argent récolté reste celui du contribuable. Aussi, en vertu de la Constitution et de l’article 15 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le peuple sénégalais a un devoir de vigilance. Nécessaire dans une démocratie. Macky Sall, Mansour Faye, Demba Diop dit Diop Sy, Rayan Hachem ne sont pas au-dessus de nos lois. Ce qu’ils font en notre nom nous concerne.
“La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration.” Il faut insister sur cette contrainte juridique. Et le rappeler à l’autorité, toujours prompte à mépriser et à abaisser le citoyen, dès que ce dernier réclame des gages de bonne foi dans la gestion de la chose publique. Nos dirigeants ont un devoir d'impartialité et de loyauté envers nous. C’est évidemment une épreuve d’intégrité très difficile. L’auto-émulation des gouvernants, en probité, ne peut pas se faire naturellement. Surtout dans nos Etats africains, où le pouvoir est concentré entre les mains d’une minorité, et les Républiques conçues presque en monarchies présidentielles. La veille citoyenne est souvent le seul moyen de soumettre le chef au contrôle de la légalité. D’élever la conscience du gouvernant, en justice et en vertu. Seulement, ce contrôle citoyen est un exercice moral, qui doit se faire en responsabilité.
Mais voilà, au lieu de se placer du point de vue de la loi et des principes démocratiques, des individus, à l’abri de leur ordinateur, ont épinglé les origines de Rayan Hachem. Proférant pour certains des propos haineux sur les réseaux sociaux. Nos compatriotes originaires du Liban et de la Syrie ont été pris pour cibles. Ce penchant, des esprits étriqués, à toujours chercher un bouc émissaire, et à pointer du doigt l’autre est insupportable. C’est du racisme. C’est injustifiable. Il faut le sanctionner par le blâme absolu. On pourrait circonscrire ces attitudes malveillantes au web. Et dire que le caractère binaire du numérique reste propice à la haine et à la méchanceté. Aux divisions. C’est exact. Les réseaux sociaux virtuels ont donné une puissance inédite à l’intolérance. C'est devenu un problème social qu’il faut interroger.
Si internet est un incroyable outil pour la démocratie, c’est aussi le lieu des médisances. La barrière physique tombée, les individus peuvent vivre dans une grande hallucination. Et voir leur perception et leur présence dans le monde modifiées. Le sentiment de bienveillance, qui résulte du contact humain, est souvent abandonné. La courtoisie oubliée. Au profit de de l’aigreur et des vanités abjectes. L’opinion se substitue au savoir et à la science. Il n’y a plus cette contingence des sens extéroceptifs. Cela étant dit, il faut observer que les hommes viennent sur internet comme ils sont dans la vraie vie. Avec leurs préjugés, leur capital culturel, leurs croyances. Ainsi, pour prêter attention aux passions qui naissent dans la société, les réseaux sociaux peuvent être utiles.
Rayan Hachem a été un prétexte à l’expression du racisme. Nos compatriotes, improprement appelés “Libano-Syriens”, ont été pointés du doigt. Pour leur supposé “communautarisme”. C’est un faux alibi. Un prétexte vulgaire et sot. L’instinct de survie pousse les humains, qui ont les mêmes origines et valeurs, à la protection mutuelle. C’est ainsi. Il n’y a, dans cette conduite, aucun mal. Tant qu’elle ne remet pas en cause le ferment républicain. Partout, les hommes se rassemblent selon leurs affinités religieuses, ethniques, culturelles ou encore politiques. Par besoin de sécurité et de quiétude. Certes, le grand dessein humaniste est de construire des ponts, de bâtir l’éthique de l’autre. De pousser toujours plus loin la mixité entre les hommes. Mais les relations communautaires, basées sur la tolérance et le respect, doivent rester intangibles. Au Sénégal, ce que nous partageons de plus précieux, c’est certainement notre vivre ensemble. Nous devons rester fermes face à toute tentative de sabotage de cet esprit pacifique entre les groupes ethniques et religieux.
Tristes passions. Pour l’instant, le racisme s’exprime sur les réseaux sociaux. Si nous ne le freinons pas énergiquement, il peut déborder. Devenir un réflexe. S’insinuer dans le sens commun. Il peut être mis en système, publiquement, par les ambitieux et les apprentis sorciers. Qui savent que les hommes et les peuples, malheureusement, sont manipulables dans leurs passions. Ceux qui s’attaquent aux communautés minoritaires sapent les fraternités entretenues par plusieurs générations de Sénégalais. Sans doute, nos aînés savaient que la compréhension humaine est une exigence pour les hommes qui vivent en société. Qu’elle pouvait nous protéger des conflits. A nous de maintenir et de renforcer l’ouverture à autrui. En rappelant toujours ce principe : la sympathie est le fondement de la paix sociale. Toute idée de discrimination ou de haine envers une communauté est un affront fait à tout le corps social. L’acte et le propos racistes doivent être portés en tabous dans notre société. Il faut en faire des interdits au sens moral et religieux. Notre esprit collectif ne doit jamais libérer de la place au racisme. Qu’on le proclame le plus fort possible. Pour le bien de tous.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
VOYANTS ET MARABOUTS DÉSERTÉS POUR CAUSE DE COVID-19
Voyante reconnue au Sénégal, Selbé Ndom a une spécialité : les sacrifices. Avec le coronavirus, plus de clients et sa porte reste fermée. Chez Thierno Amadou Gueye, marabout guérisseur à Saint-Louis, le nombre de séances s’est réduit comme peau de chagrin
La pandémie de coronavirus peut avoir aussi des conséquences économiques parfois inattendues. Au Sénégal, toute l’année, de nombreux Sénégalais vont consulter les marabouts, les voyants et autres guérisseurs plusieurs fois par mois. Des consultations qui ont souvent lieu en face à face, mais la clientèle se fait rare. Le milieu a dû s’adapter aux conditions imposées par la pandémie.
Voyante reconnue au Sénégal, Selbé Ndom a une spécialité : les sacrifices. Avec le coronavirus, plus de clients et sa porte reste fermée.
« Le travail est fini pour l’instant. On attend la levée du couvre-feu et après, on va recommencer à travailler », dit-elle.
Les consultations avaient lieu le plus souvent la nuit… Sauf qu’à partir de 20h00, tous les jours, c’est le début du couvre-feu.
Chez Thierno Amadou Gueye, marabout guérisseur à Saint Louis, au nord du pays, le nombre de séances s’est réduit comme peau de chagrin.
« Normalement, les gens consultent peu le jour. Ils préfèrent la nuit, c’est-à-dire après le crépuscule mais malheureusement, avec le couvre-feu, vous voyez que le manque à gagner se fait sentir, parce que les gens qui viennent le matin, se font rares », explique-t-il, avant d’ajouter que la solution c’est le télétravail, la consultation par téléphone: « La consultation à distance peut se faire en 24 heures pour essayer de compenser certaines pertes et ensuite, il faut assister les gens parce qu’ils en ont besoin en ce moment ».
Beaucoup d’appels concernent le coronavirus et d'éventuels symptômes. Dans ce cas, le marabout redirige ses patients vers la médecine moderne et le numéro vert du ministère de la Santé. Et ce numéro vert c'est le 800 00 50 50.
par Ousseynou Nar Gueye
LA SODAV PAIE LE PRIX D’AVOIR VÉCU SUR SA « SITUATION DE RENTE »
En plus de la copie privée qui est un vœu pieux dans la maison dirigée par Aly Bathily et dont Ngoné Ndour Kouyaté est la PCA, rien n’est fait pour percevoir les droits légitimes des artistes, créateurs et éditeurs, sur le streaming
60% en moins. C’est la baisse spectaculaire des redevances qu’elle perçoit que l’ex Bureau Sénégalais du Droit d’Auteur (BSDA), organisme d’État devenu une société civile privée, sous le nom de SODAV (Sénégalaise du Droit D’Auteur et des Droits voisins), connaîtra en 2020, à cause de la pandémie de coronavirus. Celle-ci a entraîné la fermeture de tous ces lieux que la SODAV taxait (bars, restaurants, hôtels, concerts, etc.) au titre de la musique et autres œuvres de l’esprit qui y étaient diffusées au public.
Pourtant la SODAV connait le remède, à la fois seul gage d’entrée dans la modernité (enfin !) et unique instrument pour un paiement équitable des droits des artistes, éditeurs, auteurs et compagnie, du Sénégal : c’est la rémunération pour copie privée, censée être instauré depuis le vote d’une loi en janvier 2007. Soit, il y a 13 ans, bientôt trois lustres.
C’est sur la copie privée que le directeur intérimaire (intérim jusque quand ?) de la SODAV, Aly Bathily, a pleurniché jeudi dernier : « il faut concrétiser la mise en œuvre de la rémunération pour copie privée, qui est une redevance prélevée sur les supports d’enregistrement. Le travail technique est déjà fait, et le taux retenu est de 2,5 %. Cette rémunération peut sauver le secteur culturel’ », a supplié Bathily.
Pourtant, cette rémunération est un droit et non une faveur à quémander à l’Etat, pour les ayants-droits. Le Burkina Faso qui l’applique depuis 16 ans perçoit plus de 50% des droits (60% en 2017 !) de son BBDA (Bureau Burkinabé du Droit d’Auteur) par la copie privée. Le BBDA l’applique en coopération avec la douane burkinabé, qui impose ces redevances sur tous les appareils pouvant copier des œuvres et permettre l’enregistrement de celles-ci (tablettes, clés USB, smartphones, disques durs externes, etc.). Et les montants perçus se montent au Burkina, depuis 16 ans, à toujours plus de milliards perçus par le BBDA. A comparer à la pauvre somme que la SODAV a annoncée dans son rapport 2018 : dans son rapport 2018 publié en juin dernier, la SODAV avait perçu 807 millions 906 mille 866 francs CFA au titre des droits d’auteur. En hausse pourtant de 47,88 % sur les perceptions de l’année précédente, cette somme reste ridicule en regard de ce qu’on est en droit d’attendre pour les créateurs et éditeurs avec la rémunération pour copie privée. Quand et si elle est enfin instituée !
Le BBDA burkinabè, sur financement de la CISAC (Confédération internationale des sociétés de droit des auteurs et compositeurs), a envoyé une mission pendant 4 jours à Dakar en juin 2019, pour aider la SODAV à avancer sur ce serpent de mer qu’est la copie privée au Sénégal. Mais comme pour d’autres missions précédentes envoyées par la communauté internationale du droit d’auteur, et après moult séminaires sur la question auxquelles l’ex BSDA et actuelle SODAV ont participé dans l’UEMOA et ailleurs, rien n’a bougé d’un iota sur ce chantier impérieux.
Mais la SODAV ne fait que payer le prix de n’être jamais sortie de sa « zone de confort », qui est de vivre de la « situation de rente » qui consiste à taxer les plus visibles et les plus directement accessibles : hôtels, restaurants, bars, salles de spectacles, concerts, etc.) et les organes de presse audiovisuelle, radios et télés (qui pourtant, sur leurs enregistrements, sont aussi des ayant-droits que la SODAV devrait rémunérer !). Une approche bureaucratique de la SODAV donc, semblable en tous points à celle du fisc sénégalais, qui pour les impôts sur les sociétés, tape toujours sur les plus formelles et les plus visibles des entreprises.
La SODAV, malgré le ravalement de façade de son changement de nom, n’est toujours pas entrée dans le 21ème siècle : en plus de la copie privée qui est un vœu pieux dans la maison dirigée par Aly Bathily et dont Ngoné Ndour Kouyaté est la PCA, rien n’est fait pour percevoir les droits légitimes des artistes, créateurs et éditeurs, sur le streaming. Le streaming, dont les redevances ont décuplé en 10 ans pour les auteurs et éditeurs, ailleurs dans le monde, est pourtant le moyen privilégié d’accès aux œuvres pour les Sénégalais, dont le taux de couverture par téléphone mobile dépasse les 100%! En ces temps de confinement pour cause de « Coronacrise », la consommation d’œuvres de l’esprit par le streaming a bondi dans tous les foyers sénégalais et chez tous les particuliers du Sénégal. Qui peut imaginer un auto-confinement sans livre, sans musique, sans film ?
Enfin, et cela concerne aussi les journalistes sur leurs articles et les éditeurs de presse qui sont des ayant-droits prévus par la SODAV, qu’est-ce qui est fait par l’ex-BSDA pour percevoir des redevances de la part des GAFA, notamment de Google qui indexe les articles des journaux et sites d’info sénégalais, et de Facebook ? Là encore, la SODAV se tourne les pouces, contente (au moins jusqu’au Covid-19!) de taxer les prétendues vaches à lait de sa zone de confort.
SODAV ? Société du Droit d’Auteur Virussé !
Seul motif de consolation ? La communauté des créateurs ivoiriens et leur BURIDA (Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur) courent aussi derrière la concrétisation de la rémunération pour copie privée depuis 15 ans…
Ousseynou Nar Gueyeest Fondateur-Éditeur de Tract.sn,Expert en propriété intellectuelle
L'OMS, UNE MARIONNETTE CHINOISE ?
La chronologie du mois de janvier montre, si ce n’est des retards, a tout le moins des ambiguïtés dans les réactions de l’Organisation internationale
Mediapart |
François Bonnet |
Publication 19/04/2020
Donald Trump suspend les financements américains à l’Organisation mondiale de la santé, accusée d’avoir couvert les mensonges de la Chine et tardé à réagir. Des critiques reprises à demi-mot par la France. L’histoire est plus complexe, l’OMS étant à chaque crise sanitaire mise en cause.
Donald Trump a donc trouvé le coupable. Mis en cause pour sa gestion catastrophique de la pandémie de Covid-19, toujours en campagne électorale, le président lynche sur la place publique le « bad guy » : l’OMS, et son directeur général, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Mercredi 15 avril, Trump a annoncésuspendre les financements américains à l’Organisation mondiale de la santé, pendant au moins deux ou trois mois, « le temps d’une enquête ». Les États-Unis sont les premiers contributeurs de l’OMS, avec plus de 400 millions de dollars, dix fois plus que la Chine. Mais cette décision a peu de chances d’être appliquée, le Congrès ayant déjà adopté le versement des fonds pour l’année 2020.
La décision a été critiquée par presque tout le monde, en Europe, en Afrique, en Asie et aux États-Unis même, en particulier par Bill Gates dont la fondation est l’un des gros contributeurs de l’institution. Cette nouvelle fureur trumpienne relaie bruyamment des accusations faites depuis des semaines à l’OMS. Sa direction serait sous influence chinoise. Elle aurait pris grand soin de ne pas fâcher Pékin en couvrant ses retards et ses mensonges sur la réalité de l’épidémie. Un temps précieux aurait été perdu en janvier, facilitant la propagation de l’épidémie devenue pandémie.
Mercredi, la France reprenait en des termes plus tempérés ces critiques, par la voix de Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères, à l’occasion d’une audition à l’Assemblée nationale. Tout en « regrettant » la décision américaine, le ministre a estimé qu’il y avait « peutêtre un manque de réactivité, d’autonomie par rapport aux États, peut-être un manque de moyens de détection, d’alerte et d’information, de capacité normative ». « Mais ce n’est pas automatiquement la responsabilité des acteurs de l’OMS,
c’est aussi dans les fondamentaux de l’institution », ajoutait-il.
Les critiques faites à l’Organisation mondiale de la santé ne sont pas nouvelles. À chaque grande crise sanitaire ou presque, l’OMS, énorme agence créée sous les auspices des Nations unies en 1948, qui compte 7 000 employés et un budget de 4,4 milliards de dollars en 2018-2019, est montrée du doigt. En 2003, elle est accusée d’avoir loupé l’émergence du Sras. Mais c’est alors surtout la Chine qui est mise en cause pour avoir tardé à informer, avoir menti et dissimulé.
En 2008-2009, l’OMS est cette fois accusée d’avoir surréagi à la pandémie de grippe H1N1. Mais l’erreur la plus spectaculaire fut en 2013-2015 son incapacité à se saisir dans les temps de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. L’organisme mit cinq mois à déclarer « l’urgence de santé publique de portée internationale », une alerte censée obliger
les pays à s’organiser et agir fortement.
Ce loupé majeur a été reconnu par l’OMS qui a déclenché une enquête interne, fait publiquement acte de contrition en 2015 et promis de fortes réformes. Parallèlement, un ancien consultant de l’organisation, Charles Clift, publiait en 2014 un long rapport d’audit fortement critique. L’OMS est « trop politisée, trop bureaucratique, mal organisée, trop
timide quand il s’agit de problèmes sensibles et trop lente à s’adapter », résumait-il. Un diagnostic partagé, par exemple par l’historien de la santé Theodore Brown, coauteur en 2019 d’un livre de référence sur l’histoire de l’organisation.
Ce constat, de longue date sur la place publique, donne-t-il raison à Donald Trump ? Certainement pas. D’abord parce l’OMS est après tout ce que les 194 États membres en ont fait. Ensuite parce que l’institution demeure un acteur majeur de santé publique, indispensable en particulier pour les pays les plus pauvres et avec de réels succès à son actif. Enfin, parce que Donald Trump, tout occupé à faire oublier ses erreurs et turpitudes, choisit une fois de plus de tirer sur ses deux cibles préférées : le multilatéralisme et la
Chine.
L’OMS aurait donc favorisé la propagation « du virus chinois ». Cela fait un tweet mais pas pour autant une vérité. Contacté par Mediapart, un membre du « comité d’urgence » de l’organisation, qui ne peut s’exprimer que sous garantie d’anonymat, assure que « les décisions prises en janvier n’ont certainement pas été dictées ou influencées par la Chine ».
Ce comité d’urgence rassemble quinze scientifiques et spécialistes du monde entier (la liste est ici). Le directeur Tedros Adhanom Ghebreyesus est obligé de le consulter. Il ne peut décider seul même si ses interventions lui permettent d’accompagner en des termes parfois très politiques les décisions techniques et sanitaires prises.
La chronologie du mois de janvier montre, si ce n’est des retards, a tout le moins des ambiguïtés dans les réactions de l’Organisation internationale. Le 31 décembre, la Chine se décide à informer l’institution de cas de pneumonies d’origine inconnue. Le 3 janvier, quarante-quatre cas lui sont rapportés. « L’OMS surveille de près la situation et est en contact étroit avec les autorités chinoises », est-il précisé (voir ici la chronologie des actions).
Le premier reproche fait à l’organisation concerne le mode de transmission du virus. Le 14 janvier, l’OMS déclare que « de premières enquêtes faites par les autorités chinoises n’ont pas établi de preuves claires d’une transmission humaine ». Or, à cette date, de premières études publiées par des médecins chinois et des informations en provenance de Wuhan ne laissaient guère de doute sur cette transmission humaine. Pourquoi l’OMS reprend-elle alors sans distance une information des autorités chinoises ?
Ce n’est qu’une semaine plus tard, les 22 et 23 janvier, que cette transmission humaine est officiellement reconnue par l’OMS. Le comité d’urgence s’est réuni ces deux jours. Des experts ont fait une brève visite à Wuhan les 20 et 21 janvier. Les choses s’accélèrent, sans doute facilitées par un changement radical en Chine où le pouvoir central et Xi Jinping en personne ont décidé de prendre les choses en main, écartant les autorités locales dont il sera établi qu’elles ont depuis novembre dissimulé la réalité sanitaire.
Ce 22 janvier, le confinement est mis en place à Wuhan. 557 cas sont alors signalés. « Il existe une transmission interhumaine du virus », déclare le comité. Tout en soulignant l’urgence de la situation, en demandant à la Chine « davantage d’informations », il n’est pas pour autant déclaré une « urgence de santé publique de portée internationale » (USPPI).
« Le comité était alors totalement divisé, à 50-50, or il doit fonctionner au consensus », dit le membre du comité d’urgence de l’OMS, interrogé par Mediapart. « Il y avait alors 557 cas, nous avons demandé au directeur général de nous réunir à nouveau les jours suivants, ce qu’il a fait. Certes, nous n’avons pas de pouvoirs de vérification des informations transmises, mais je n’ai pas d’arguments aujourd’hui pour dire que nous n’avons pas été informés dans les délais en ce mois de janvier », ajoute-t-il.
Nouvelle réunion, une semaine plus tard. Cette fois, l’urgence USPPI est déclarée. Il y a alors « 7 711 cas confirmés et 12 167 cas suspects » en Chine. Le virus est sorti du pays et 83 cas sont enregistrés dans 18 pays. « Le Comité est d’avis qu’il est encore possible d’interrompre la propagation du virus, pour autant que les pays prennent des mesures fortes pour détecter rapidement la maladie, isoler et traiter les cas », note le compte-rendu de cette réunion.
Un directeur général jamais avare de compliments sur la Chine
Dès lors les alertes de l’OMS vont monter crescendo dans les semaines suivantes. Une mission conjointe OMSChine, à laquelle participent des experts américains, enquête sur le terrain du 16 au 24 février (leur rapport est ici). Le 11 mars, l’organisation déclare l’état de pandémie.
Mais plus encore que les retards supposés et discutables, c’est sa relation complaisante avec les autorités chinoises qui est dénoncée. L’OMS est « Chinacentric », s’indigne Donald Trump. Sous influence, donc, et son directeur général ne serait qu’une marionnette entre les mains de Pékin.
De nombreux spécialistes de l’organisation soulignent son incapacité à heurter frontalement la Chine au risque de ruiner toute coopération et information. Dans la revue Science, l’expert Lawrence Gostin estime que le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus se trouve « dans une situation quasi impossible ».
Mais au-delà de cette complexe diplomatie sanitaire, il demeure les étonnants hommages rendus à Pékin tout au long de la crise par Tedros Adhanom Ghebreyesus. Ce n’est pas nouveau. La Chine a appuyé de manière déterminante sa candidature et son élection à la tête de l’OMS en 2017, avec les voix de la totalité des États de l’Union africaine.
Premier Africain a être élu à la tête de l’OMS, le nouveau directeur a aussitôt accédé à une demande chinoise : la suppression du statut d’observateur de Taïwan, épousant le principe d’une « seule Chine ». Le conflit est depuis récurrent. Taïwan dispose d’un des meilleurs systèmes de santé au monde, est aux portes de la Chine et a remarquablement géré la crise du Covid-19.
Dans une note très récente, publiée par la Fondation de la recherche stratégique (FRS), la chercheuse Valérie Niquet fait l’histoire d’une longue stratégie d’influence de la Chine dans les grandes agences de l’ONU. En s’appuyant sur les voix des pays africains, Pékin a pu conquérir des places importantes et contrôler ainsi directement ou indirectement des organismes internationaux.
« Tedros Adhanom Ghebreyesus n’a aucune distance politique par rapport au régime chinois », dit Valérie Niquet, interrogée par Mediapart. « La Chine est par ailleurs la première source d’investissements étrangers et le premier partenaire commercial de l’Éthiopie », pays du directeur général, où il a été successivement ministre de la santé et
ministre des affaires étrangères.
Autre spécialiste de la Chine, François Godement reprend en des termes à peine plus mesurés, les analyses de Valérie Niquet : « La réticence du directeur général à critiquer la Chine sous quelque forme que ce soit saute aux yeux », estimet-il.
Il est vrai que dans chacun de ses discours, avant et après la crise, le directeur général multiplie les compliments et se coule parfaitement dans l’agenda international de Pékin. La chercheuse Alice Ekman explique dans la revue Le Grand Continent comment « le docteur Tedros a, dès 2017, complètement intégré les éléments de langage du pouvoir chinois ». « Par sa voix », ajoute-t-elle en analysant un de ses discours prononcés à Pékin en août 2017, un mois après sa prise de fonction, « l'Organisation se rangeait aux côtés de Pékin dans la promotion d'une “route de la soie sanitaire” ».
Le 28 janvier, Tedros Adhanom Ghebreyesus se rendait à Pékin pour y rencontrer Xi Jinping. « Nous apprécions le sérieux avec lequel la Chine traite cette épidémie, et tout spécialement l’engagement de ses dirigeants et la transparence dont ils ont fait preuve. » Pas un mot sur les médecins lanceurs d’alerte, les rapports censurés et les journalistes poursuivis.
Mais il est aussi vrai que dans les semaines suivantes, il est un autre dirigeant qui félicitait la Chine et Xi Jinping. C’était Donald Trump qui, par poignées de tweets et avant de parler de « virus chinois », s’en remettait à Pékin.
De fait, l’Occident, États-Unis et pays européens en tête, découvrent aujourd’hui qu’ils ont perdu pied dans bon nombre d’organisations internationales, souvent négligées, voire méprisées. L’OMS a longtemps été considérée comme l’agence sanitaire des pays pauvres du Sud. Le Covid-19 vient leur rappeler que leur négligence ou leur hostilité à un multilatéralisme efficace a aujourd’hui un prix politique et sanitaire.