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17 juillet 2025
300 JEUNES MONTENT LA GARDE À BIGNONA
Ces derniers filtrent les entrées et les sorties dans des endroits du département où l’accès est difficile pour les membres du comité départemental de riposte de la localité
En collaboration avec le district sanitaire de Bignona, les élèves et étudiants de la commune de Kata et Diouloulou entendent jouer pleinement leur partition dans la lutte contre le Covid-19. Au nombre de trois cents, ces derniers filtrent les entrées et les sorties dans des endroits du département où l’accès est difficile pour les membres du comité départemental de riposte.
Le département de Bignona mène une lutte acharnée contre le coronavirus. Depuis son apparition dans notre pays, plusieurs initiatives ont été prises, soit par des responsables politiques, soit par des particuliers ou des acteurs sanitaires. Cette fois-ci, ce sont bien des élèves et étudiants qui sont montés au créneau pour jouer leur partition.
Au trois de cents jeunes dont la moyenne d’âge est de vingt ans, ils ont abandonné cahiers et stylos pour se mettre au service des habitants du département de Bignona. Surtout ceux qui habitent dans les villages frontaliers où les entrées et sorties ne sont guère contrôlées. «L’Etat ne peut pas tout faire et être partout. C’est pourquoi, nous avons décidé de le représenter là où il est absent», déclare le président du comité de surveillance, Cheikh Ababacar Diatta.
Pour ce dernier, il est important de surveiller les entrées et sorties, car il n’y a aucun contrôle. «On est prêt à signaler tout cas suspect venant de l’extérieur. On ne va pas stigmatiser, mais juste faire notre travail qui consiste à dénoncer», précise-t-il. Revenant sur l’organisation, il a indiqué que des comités villageois ont été installés dans les villages pour mener une campagne de sensibilisation et veiller à ce que les gens respectent scrupuleusement les mesures d’hygiène édictées par le Ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Selon Ababacar Diatta, les membres du comité n’ont aucun pouvoir ou droit d’arrêter quelqu’un. Mais, explique-t-il, «ils ont le droit de signaler toute personne qui présente les symptômes de coronavirus au district sanitaire avec lequel nous collaborons. Nous représentons le comité départemental de riposte dans des villages où l’accès est difficile, faute de routes». Et d’ajouter : «On a fait des séances de formation sur les symptômes de la maladie. Et les populations sont bien outillées. Elles sont désormais capables de reconnaître des personnes qui présentent les signes de la maladie.» En cette période de crise sanitaire, il faut signaler que les autorités de Bignona sont bien inspirées dans la prise des initiatives afin de contrecarrer le covid-19.
RIEN NE PROUVE QUE LE COVID-19 A ÉTÉ CRÉÉ EN LABORATOIRE
La théorie complotiste de la création d’un virus en laboratoire puis libéré dans la nature a été beaucoup relayée. Rien ne corrobore cette hypothèse mais on peut expliquer pourquoi elle prospère
The Conversation |
Eric Muraille |
Publication 06/04/2020
La pandémie de Covid-19 qui ébranle nos systèmes de santé, nos économies et bouleverse nos habitudes est également à l’origine de ce que le Dr. Sylvie Briand, Directrice du Département Pandémies et épidémies de l’Organisation mondiale de la santé, a qualifié judicieusement d’infodémie, la circulation virale de rumeurs et de fausses informations.
On peut retrouver sur le site Conspiracy Watch un florilège des théories les plus populaires à propos du Covid-19.
L’infodémie du Covid-19
Des journalistes, un ancien agent de renseignement, Dany Shoham, et de pseudo-experts, tels que l’ancien professeur de droit international Francis Boyle, ont évoqué avec sérieux la possibilité que le coronavirus SARS-CoV-2, à l’origine de l’épidémie de Covid-19, aurait été produit dans le laboratoire de biosécurité de niveau 4 (BL4) récemment construit dans la région du Wuhan, épicentre de l’épidémie en Chine.
Une autre théorie populaire chez certains suggère que le virus aurait été introduit par les juifs pour provoquer l’effondrement des marchés et pouvoir s’enrichir en réalisant des délits d’initiés. Enfin, il est également affirmé que le virus aurait été créé et breveté par l’Institut Pasteur. Ces théories sont devenues virales, au point que de récents sondages montrent que 23 % des Américains et 17 % Français sont convaincus que le nouveau coronavirus aurait été intentionnellement fabriqué en laboratoire.
La vague complotiste entourant l’épidémie de Covid-19 est également stimulée par quelques gouvernements, qui se livrent une véritable guerre de l’information en politisant à outrance l’épidémie. Le président américain Donald Trump a insisté sur l’origine chinoise du Covid-19 lors de son allocution du 11 mars 2020, le qualifiant de virus chinois. En réponse, l’un des porte-paroles du ministère chinois des Affaires étrangères a posté sur son compte Twitter un article censé démontrer que le SARS-CoV-2 était déjà présent en 2019 aux USA et aurait été amené en Chine par des soldats américains.
La propagation de fausses informations peut entraver la réponse aux vraies épidémies. Un décryptage des faits vérifiables à propos de l’épidémie de Covid-19 s’impose donc.
Que savons-nous des origines du Covid-19 ?
Les résultats de l’analyse du génome du SARS-CoV-2 sont claires. Sa séquence est à 96 % identique à celle du coronavirus RaTG13 isolé chez une chauve-souris collectée dans la province chinoise du Yunan. La séquence du domaine du récepteur présent à la surface du SARS-CoV-2 et permettant l’infection des cellules humaines (RBD, receptor binding domain) diverge cependant fortement de la séquence équivalente observée chez le RaTG13. La séquence du RBD du SARS-CoV-2 est par contre très proche, 99 %, de celle d’un coronavirus isolé chez le pangolin. Ce qui suggère que le SARS-CoV-2 serait le résultat de la recombinaison de deux virus. Ce mécanisme de recombinaison a déjà été décrit chez les coronavirus.
La comparaison des séquences de coronavirus présents en nature supporte donc une origine naturelle du SARS-CoV-2. De plus, le SARS-CoV-2 ne contient aucune trace d’une quelconque manipulation génétique d’origine humaine. Plus précisément, il ne contient pas de séquences résiduelles apparentées aux systèmes de vecteurs servants classiquement aux manipulations génétiques, ce qui suggère qu’il serait bien le produit d’un processus de sélection naturelle aléatoire.
Laboratoire BL4, manipulations génétiques : réalité et mythes
Il existe effectivement un laboratoire BL4 à Wuhan, le Wuhan National Biosafety Laboratory. Construit en partenariat avec la France, il a obtenu sa certification en 2017. Suite aux épidémies de SARS de 2002-2004 et de H1N1 de 2009, la Chine voulait améliorer sa capacité à lutter contre les épidémies. Il est principalement missionné pour effectuer des recherches sur Ebola, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo et le SARS. Le seul accident documenté lié à un laboratoire travaillant sur les coronavirus en Chine est l’infection de 9 individus en avril 2004 par le virus SARS-CoV-1, responsable de l’épidémie de SARS de 2002-4. Il s’agissait de deux étudiants travaillant au National Institute of Virology Laboratory et de leurs proches.
Une trentaine de laboratoires BL4 sont recensés dans le monde. Leur fonctionnement a toujours été source de polémique et de suspicion. Certains de ces laboratoires étaient autrefois impliqués dans la fabrication d’armes biologiques. La signature de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques de 1972, interdisant le développement, l’acquisition, le stockage et l’usage d’armes biologiques, a modifié leur finalité. Ces laboratoires sont à présent officiellement consacrés à la lutte contre les épidémies et les armes biologiques. Il a toutefois été démontré que certains États, dont l’ex Union soviétique, ont persisté, en dépit de la signature de cette convention, à financer des programmes de recherche, tel que Biopreparat, visant au développement d’armes biologiques.
Des accidents ont effectivement déjà été liés au fonctionnement de ces laboratoires BL4. Par exemple la catastrophe de Sverdlovsk en 1979, qui causa plusieurs dizaines de morts, liés à une dissémination accidentelle de spores de la bactérie Bacillus anthracis, responsable de la maladie du charbon. Les attaques terroristes à l’aide d’enveloppes contaminées au bacille du charbon en 2001 aux USA ont également été reliées à un microbiologiste, le docteur Bruce Ivins, travaillant dans un laboratoire BL4 de l’armée américaine. Ces laboratoires de haute sécurité constituent donc, à juste titre, un terreau extrêmement fertile au développement de théories complotistes.
Enfin, il est également vrai que d’anciens virus mortels ont été ressuscités en laboratoire, que de nouveaux virus sont créés par manipulation génétique à des fins de recherche et que certains virus ont déjà été disséminés dans la nature par des États. En 2005, le virus de la grippe espagnole de 1918 a été reconstruit par génie génétique et testé en laboratoire afin de mieux comprendre son exceptionnelle virulence. En 2012, le virus de la grippe H5N1 a été modifié en laboratoire afin de lui conférer la capacité d’infecter par voie aérienne le furet dans le but de comprendre comment ce virus pourrait muter pour infecter l’humain par cette voie. Le gouvernement australien a autorisé en 2017 la dissémination massive d’une souche de virus (appelée RHDV1 K5) de la maladie hémorragique du lapin afin de réduire les populations de lapins sauvages sur son territoire. Il est donc assez aisé, à partir de ces faits bien documentés, de générer une infinité de scénarios complotistes.
La théière de Russel et le Covid-19
Qu’y a-t-il de commun entre une théière céleste et les théories complotistes du Covid-19 ? Beaucoup plus qu’on ne pourrait le penser de prime abord.
Une théière serait en orbite autour du Soleil, plus précisément entre la Terre et la planète Mars. On ne peut démontrer que cette théière n’existe pas, il faudrait donc y croire. La métaphore de la théière céleste a été proposée par le philosophe Bertrand Russell pour contester l’idée que ce serait au sceptique de réfuter les bases invérifiables de la religion et pour affirmer que c’est plutôt au croyant de les prouver. La théière de Russel constitue la version cosmique du rasoir d’Ockham, également nommé principe de parcimonie ou de simplicité. Ce principe recommande d’éliminer d’un raisonnement les explications complexes d’un phénomène si des explications plus simples s’avèrent vraisemblables. Il reste un principe fondamental du raisonnement logique en Science. Il ne stipule nullement que l’explication la plus simple est forcément vraie, mais qu’elle doit cependant être considérée en premier.
Dans le cas du Covid-19, aucun fait vérifiable ne soutient l’hypothèse que le SARS-CoV-2 aurait été intentionnellement fabriqué en laboratoire. Les diverses théories complotistes ne sont supportées que par des corrélations, telles que l’existence d’un BL4 à Wuhan. Les séquences du RBD du virus pourraient, en théorie, résulter d’une adaptation du virus en laboratoire lors de culture sur des cellules humaines. Mais l’existence d’une séquence de RBD identique à 99 % chez un coronavirus infectant le pangolin supporte une hypothèse plus parcimonieuse : l’infection d’une chauve-souris ou d’un pangolin par deux coronavirus, qui auraient recombiné pour former un nouveau virus qui aurait ensuite infecté un humain ; le fameux patient zéro encore inconnu à l’origine de l’épidémie de Covid-19.
Les raisons évoquées pour expliquer l’adhésion d’un nombre croissant d’individus aux thèses complotistes sont multiples. Il est bien établi que la croissance exponentielle des connaissances scientifiques spécialisées a entraîné, paradoxalement, une augmentation simultanée de l’ignorance. Et la tendance lourde de ces dernières décennies de l’éducation à favoriser l’employabilité des étudiants plutôt que leur formation générale, en particulier dans le domaine scientifique, n’a pas aidé à rapprocher les citoyens de la science. Ni à leur permettre de développer un esprit critique.
Cette absence de culture scientifique cumulée avec l’effet Dunning-Kruger, un biais cognitif selon lequel les moins qualifiés dans un domaine surestiment leurs compétences, explique sans doute en partie la grande perméabilité du public aux théories complotistes présentant des aspects pseudo scientifiques. D’autre part, selon la théorie de l’identité sociale d’Henri Tajfel, le raisonnement logique et l’information pourraient en définitive être peu impliqués dans l’adhésion aux théories complotistes. Car adhérer à celles-ci permettrait de rejoindre un collectif et de se parer des qualités présumées de ce collectif qui s’oppose à d’autres collectifs supposés présenter de nombreux défauts. Il s’agirait donc d’une adhésion sociale et non d’une adhésion fondée sur le raisonnement.
Dans le cas précis du Covid-19, on peut aussi se demander si l’adhésion aux théories complotistes ne traduit pas en partie notre besoin viscéral de nous rassurer en inventant une explication simpliste aux phénomènes naturels qui nous terrifient. Quelle hypothèse est la plus insupportable ? Que des savants fous subventionnés par une puissance étrangère seraient à l’origine d’une épidémie capable d’ébranler nos sociétés modernes ? Ou que de nouvelles épidémies émergent naturellement suite à l’invasion et à la destruction des écosystèmes ? Dans le premier cas, il serait facile de mettre fin au cauchemar. Dans le second, c’est notre mode de vie et notre système économique qui doivent impérativement changer.
par Cheikh Oumar Dieng
CORONAVIRUS SÉNÉGAL : PROGRESSION DE LA COURBE ET STRATÉGIE DE TEST
L’évolution des cas se détache d'un doublement tous les 7 jours pour passer à près d'un doublement tous les 10 jours - La tendance de la courbe du Sénégal est sensiblement identique à celle du Japon après le 100e cas
La courbe de l’évolution des cas confirmés de COVID-19 suit des trajectoires bien différentes selon les pays. La capacité d’un virus à se propager dans la population est établie à partir de son indice de contagion (R0) - Selon l’OMS, cet indice est compris entre 1,4 et 2,5 - c’est-à-dire une personne infectée peut infecter entre 1,4 et 2,5 personnes. Ce qui veut dire que la croissance du nombre de cas peut rapidement devenir exponentielle. Des études prévoient un doublement des cas tous les 6 jours dans les différents foyers du monde. Dans les pays qui maitrisent moins la progression du virus, un doublement tous les 2 jours est noté.
Pour le Sénégal, l’évolution des cas se détache d'un doublement tous les 7 jours pour passer à près d'un doublement tous les 10 jours ou plus. Ce qui dénote d’une évolution lente et maitrisée qui ne surcharge pas la capacité de notre système sanitaire pour le moment et on espère un aplatissement de la courbe. La tendance de la courbe du Sénégal est sensiblement identique à celle du Japon après le 100e cas. Rappelons que le Sénégal (premier cas le 02 Mars), à l’image du Japon et de certains pays a rapidement pris des mesures dont le contrôles thermiques à l’aéroport et la batterie de mesures qui s’en est suivi respectivement les 14 Mars, 20 Mars et 24 Mars, à savoir la fermeture des établissements publics, la suspension des rassemblements, le contrôle accru aux frontières, la suspension de liaisons aériennes et l’état d’urgence avec les différentes mesures affiliées. Une série de dispositions prises associées à une campagne de sensibilisation sur des mesures individuelles de prévention.
Encore plus à faire dans les mesures préventives
Cependant, beaucoup reste encore à faire notamment dans la persévérance de l’application des mesures préventives et le respect des dispositions des autorités. Pour ce qui est des mesures prévention, la sensibilisation sur la distanciation sociale (1 à 2m) reste encore à se généraliser dans le pays notamment dans les marchés et autres lieux publics encore en fonctionnement. La lente progression de cas au Japon est d’ailleurs largement attribuée à la distanciation sociale et au port de masques en lieux publics. Le Sénégal devrait sensibiliser plus sur cet aspect et encourager la population au port de masques dans les lieux publics, qu’elle soit malade ou pas. Notre industrie textile et les tailleurs peuvent être mis à profit dans la fabrication de masques.
Faible quantité de tests de dépistages
De nombreux pays ont opté pour une stratégie de dépistage massif du Covid-19. C’est le cas de la Corée du Sud, l’un des pays ayant le plus réussi à ‘’aplatir sa courbe’’, avec le déploiement près de 600 cliniques de dépistage. Une stratégie qui semble être bonne. Cependant, les stratégies différentes selon les pays et selon la disponibilité des moyens de tests. Pour le Sénégal, les autorités ont déclaré ce 03 Avril 2020 que la stratégie adoptée ne nécessite pas des tests de masse. Pourtant l’institut Pasteur a une capacité de test supérieure au nombre de tests réalisés actuellement et a l’IRESSEF en appoint.
Le 19 Mars 2020, le Sénégal a connu son premier cas dit communautaire, dont la traçabilité épidémiologique est impossible. En date du 30 Mars, le nombre de cas communautaire était constant et égal à 10 et n’apparaissait plus dans les nouveaux cas, jusqu’à ce jour (04 Avril), où l’on notre un nouveau cas communautaire. Ce sont des cas qui méritent attention et qui devraient pousser nos autorités à réaliser des tests de manière proactive notamment dans les différents foyers atteints en procèdent par échantillonnage volontaire. Par ailleurs, tout le corps médical s’occupant de la prise en charge des cas confirmés et contacts devraient aussi être systématiquement testés si les conditions sont réunies.
par Abdourahmane Ba
DE LA NÉCESSITÉ DE RENFORCER LES CAPACITÉS DE NOS FORCES DE L'ORDRE DANS LA GESTION DE CRISE
. Les populations devront être encadrées et éduquées, non réprimées. Les mises en garde pour le respect strict des mesures de distanciation sociale devront prendre des formes plus softs sous forme d'encadrement et d'éducation plutôt que la répression
Il est connu de tous que nous avons des forces de l'ordre, police, gendarmerie, douane et autres de proximité, qui ont un grand professionnalisme et une compétence avérée. Le Sénégal a des forces de l'ordre qui ont une grande capacité de déploiement et qui sont bien équipées. Pour preuve, la grande prouesse d'avoir pu arrêter et isoler à temps neuf personnes venant du Liberia et infectées du COVID-19 qui voulaient se faufiler à travers les mailles de nos frontières du sud. Combien de milliers de vies ont ainsi été sauvées par les forces de l'ordre en arrêtant ces neuf fugitifs si on connait les capacités de propagation inouïes du COVID-19.
En mettant directement les forces de l'ordre au cœur du dispositif de déploiement des stratégies de distanciation sociale, le gouvernement a certainement assuré une démarche très importante. Cependant, nos forces de l'ordre sont généralement beaucoup plus fortes dans la répression et la punition du fait du niveau encore limité de nos démocraties aussi bien du côté des pouvoirs que du côté de l'opposition et de la société civile.
Le bras de fer est le principe directeur dans le champ politique en Afrique avec un pouvoir utilisant les forces de l'ordre à merveille comme épouvante et l'opposition et la société civile qui ont élu domicile dans les rues pour faire tanguer les pouvoir en place et ouvrir des brèches pour négocier le re-partage du pouvoir. Cela a résulté de la création et la promotion de forces de l'ordre répressives et punitives, ainsi que leur équipement à outrance en matériel de répression : bombes asphyxiantes, équipements projecteurs d'eau chaudes et autres gaz, "liif" électriques, etc.
L'avènement du COVID-19 a révélé que les forces de l'ordre doivent aussi jouer un rôle primordial dans la gestion des crises surtout lors des pandémies qui sont la nouvelle menace à laquelle l'humanité fait face. Cependant, il est clair comme l'eau de roche que nos braves forces de l'ordre ne sont pas bien préparées à cela.
Tout au début de l'état d'urgence et du couvre-feu, la presse a reporté beaucoup d'exactions et des experts du droit et des droits humains ont pointé plusieurs manquements des forces de l'ordre qui peuvent être qualifiés de non-respect des droits des citoyens. Aussi, dans le monde rural et nos campagnes, la répression utilisée pour arrêter les marchés hebdomadaires et autres foras micro-économiques où les populations rurales trouvent leurs moyens de survie, a montré des limites certaines dans l'approche de nos forces de l'ordre dans la gestion de cette crise.
Répression punitive et gestion de crise sont deux aspects différents que les forces de l'ordre devront intégrer dans cette nouvelle situation.
Le Sénégal a joué un grand rôle en Afrique et dans le monde dans la gestion de crises postes électorales ou post-conflits dans des initiatives de stabilisation variées. L'Etat devra mobiliser les experts militaires et paramilitaires, et autres experts de crise qui ont eu cette expérience pour renforcer les capacités de nos forces de l'ordre dans la gestion de cette pandémie.
Tout le monde a vu circuler une analyse prospective de services de renseignement en Europe qui prédit des émeutes qui vont résulter du couple vulnérabilité économique des pays pauvres et mauvaise gestion de la pandémie par les gouvernements. Nous devrons porter une grande attention à cette analyse. Ici, nous devrons assurer que le biais professionnel des forces de l'ordre dans l'utilisation de la répression punitive en lieu et place de la gestion de crise, ne produise des effets pervers qui mèneraient vers des émeutes de la faim.
La gestion de crise nécessite beaucoup de soutien et de l'implication de psychologues et d'économistes. Les populations devront être encadrées et éduquées, non réprimées. Les mises en garde pour le respect strict des mesures de distanciation sociale devront prendre des formes plus softs sous forme d'encadrement et d'éducation plutôt que la répression punitive.
L'expertise existe dans l'armée, les services paramilitaires et la société civile qui ont une grande expérience dans la gestion de la stabilisation post-conflits en Afrique et dans le monde. Le gouvernement devra mettre cela en valeur pour renforcer les capacités des forces de l'ordre et éviter d'éveiller le mécontentement de la population notamment les plus vulnérables, ce qui conduirait certainement à des émeutes de la faim ingérables.
LE DEBRIEFING DU MINISTRE AMADOU HOTT
Amadou Hott revient largement sur les tenants et aboutissants du discours à la nation du président Macky Sall
Sur les 1000 milliards à mobiliser pour faire face au Covid-19, le ministre de l’Economie, de la coopération et du plan, en mission de débriefing du discours du président de la République du 3 avril a affirmé qu’ «une bonne partie du fonds de Force Covid-19 viendra de nos partenaires au développement multilatéraux et bilatéraux en prêts concessionnels, et surtout en dons». Avant de préciser: «De ces partenaires, on note la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Banque africaine de développement, la Banque islamique de développement, l’Union européenne, l’Agence française de développement, l’Allemagne, le Luxembourg, le Canada, le Japon…». A l’en suivre: «Le concours de tous ces partenaires nous permettra de ne pas creuser trop le déficit budgétaire, qui sera absolument creusé comme tous les pays du monde». Amadou Hott est par ailleurs largement sur les tenants et aboutissants du discours à la nation.
337 milliards de perte de recettes attendues
Pour ce qui est de la perte en recettes, Amadou Hott laisse entendre que «l’Etat a décidé de réarranger le budget pour dégager une économie de 159 milliards et il n’aura 178 milliards à financer les pertes de recettes». Parce que, dit-il: «Ce que nous attendons en perte de recettes pour l’Etat, c’est dans l’ordre de 337 milliards, pour financer 178 milliards dans le plan Force Covid-19 et 159 milliards d’économie budgétaire sur certaines dépenses de fonctionnement». A suivre ses explications: «Toutes les administrations sont sollicitées, de la présidence à toutes les structures de l’Etat pour réduire les dépenses de fonctionnement, ainsi que les dépenses d’investissement à reporter jusqu’à l’année prochaine». Sur la contribution des Sénégalais à la Force Covid-19, le ministre fait savoir qu’ «à ce jour (samedi 3 avril) nous sommes à 9 milliards de francs CFA mobilisés par le secteur privé national et des bonnes volontés. Ces fonds sont issus de différentes personnalités, de différentes entreprises, de différents patronats, de différentes associations et des bonnes volontés manifestant ainsi leur solidarité à l’Etat par la remise de chèques ou faisant des virements bancaires sur le compte dénommé trésorier général du Sénégal covid-19 ouvert à la Banque centrale». Il mentionne également: «Ceci est valable dans n’importe quelle agence du trésor du pays».
Sur les mesures sociales, Senelec, eau…
Pour ce qui est de l’éligibilité de la tranche sociale des ménages concernés par la paie de la Senelec, le ministre clarifie: «Nous partirons sur la base de données de la Senelec, qui est de 952 500 connus qui sont dans la tranche sociale. Mais de cette tranche sociale, une partie de ces ménages sont au-delà de cette tranche sociale pour qui on paie la partie de la tranche sociale». En clair, dira-t-il : «Si un particulier paie jusqu’à 15 000 francs CFA, c’est l’Etat qui paie. Si un autre paie jusqu’à 25 000 francs CFA, l’Etat paie les 15 000 francs CFA et le reste c’est le particulier lui-même qui paie le reste de la facture. C’est-à-dire les 10000 francs restants. Au total, c’est 975 522 ménages qui sont concernés, soit une enveloppe de 15,5 milliards de francs CFA que le président de la République a jugé important de reverser à ces ménages en difficultés. Ceci est valable pour l’eau», tout en précisant que: «Le tout pour un bimestre».
69 milliards de vivres pour 1 million de ménages
Au titre de l’aide alimentaire aux ménages concernés, Mr Hott soutient qu’une bonne partie de la tranche sociale est concerné. Sur ce, il fait savoir qu’ «aujourd’hui, nous avons une base de données de 588 000 ménages pauvres, le président a décidé d’augmenter 412 000 ménages supplémentaires qui seront déterminés à partir d’études faites dans toutes les collectivités locales, de concert avec les maires, les sous-préfets et les associations, de manière transparente et ouverte pour atteindre ce million de ménages, soit environ 8 millions de personnes concernées par ces mesures. Pour l’obtention de cette aide, le ministre se veut clair: «On ne donne pas d’argent, pas de cash». En clair: «En dehors du Programme national de Bourses de Sécurité familiale (Pnbsf), il n’y a pas de transfert de cash supplémentaire. Ce sont des transferts en vivres. Chaque famille recevra en vivres à peu près 66 000 francs CFA équivalent de vivres (riz, huile, sucre, pâte alimentaire, savon)».
12 milliards pour les hôtels réquisitionnés, des entreprises exonérées de l’impôt sur le salaire
Pour le secteur hôtelier, «ce que nous budgétisé en appui direct en réquisitionnant 4000 lits pour deux mois, soit environ 12 milliards de francs CFA, est une manière de soutenir le secteur. Pour le moment, il n’y a pas de fixation sur tel ou tel autre hôtel. Cela dépendra des sociétés impliquées. Les autres pourront avoir accès à ces facilités de financement aux fins de résoudre des besoins de trésorerie immédiat qui les permettront de ne pas licencier et à continuer à payer les salaires», explique le ministre sachant que l’Etat renonce à l’impôt sur le salaire pour ces entreprises en difficultés.
Autres mesures et pas des moindres pour les entreprises en règle avec les salaires des travailleurs, le ministre dira: «Les salaires qui seront payés, l’Etat va exonérer l’impôt sur le salaire pendant trois mois pour ces entreprises en difficultés». D’autres mesures prises par l’Etat souligne-t-il «vont permettre à ces entreprises des besoins de trésorerie plus satisfaits. Par exemple sur le remboursement de crédits sur la taxe sur la valeur ajoutée (Tva). Sur ce volet, en général, le ministère de l’Economie prend du temps, mais là le ministère va mettre en place une procédure en mode fast-track pour que les entreprises puissent être remboursées le plus rapidement possible. Et ainsi faire face à des besoins de trésorerie…».
Les PME exonérées de l’impôt forfaitaire
Pour les Petites et moyennes entreprises (Pme) dont le chiffre d’affaires est inférieur ou égal à 100 millions francs CFA, explique le ministre: «Le président a décidé de supprimer l’impôt minimum forfaitaire de 500 000 francs CFA. C’est-à dire quel que soit votre résultat, l’Etat a décidé de renoncer à cet impôt. L’autre chose qui me parait important, c’est l’accès aux financements à travers les sociétés de micro-finance qui financent les Groupements d’intérêts économiques (Gie) puissent avoir accès auprès des banques avec des taux de sorties réduites».
L’ETAT D’URGENCE LIE AU COVID-19 INQUIETE !
Les producteurs de la filière anacarde du département de Goudomp, l’un des plus gros pourvoyeurs du département de Sédhiou, commencent à développer le spectre d’une précarité sociale et économique du fait de l’état d’urgence assorti de couvre-feu
Les producteurs de la filière anacarde du département de Goudomp, l’un des plus gros pourvoyeurs du département de Sédhiou, commencent à développer le spectre d’une précarité sociale et économique du fait de l’état d’urgence assorti de couvre-feu. La fermeture des frontières terrestres, l’interdiction de tout regroupement et la fermeture des marchés hebdomadaires « confinent » la noix de cajou en zone de production menaçant ainsi la sécurité alimentaire et étale le rouleau compresseur d’un endettement sans précédent en milieu rural.
Des voix s’élèvent de plus en plus pour faire observer les risques de mévente de l’anacarde dans le département de Goudomp qui en est le plus grand pourvoyeur à l’échelle de la région, selon Famara Kalbert Mané, le maire de Simbandi Balante. Evoquant le contexte de post-conflit dans cette partie méridionale du Sénégal, le journaliste Mamadou Lamine Bâ originaire de Bakidioto près de Tanaff note que « dans cette zone de la Casamance les conséquences de la crise armée sont toujours perceptibles. Les principales sources de revenus des populations sont l’agriculture, la cueillette, l’élevage. Ici, de nombreux producteurs comptent sur les revenus pour nourrir leur famille mais aussi pour traverser l’hivernage réputé être la période la plus difficile », dit-il.
Et de poursuivre : « la campagne devrait démarrer en avril et malheureusement avec la fermeture des frontières, ni les Indiens ni les Pakistanais encore moins les Mauritaniens ne viendront acheter les noix de cajou cette année ». Mamadou Lamine Bâ de conclure : « donc, la campagne de cette année est hypothéquée. Les populations sont désemparées à quelques jours du démarrage du Ramadan (24 avril-ndlr). Il y a un risque d’insécurité alimentaire. Et c’est pourquoi, nous invitons l’Etat du Sénégal à mettre très vite l’aide alimentaire pour circonscrire ce foyer potentiel de précarité », a-t-il notamment alerté.
Des fluctuations qui ouvrent la voie aux spéculateurs
Le maire de la commune de Simbandi Balante ne va pas par le dos de la cuillère pour dénoncer le diktat des spéculateurs : « la commune de Simbandi Balante est la première productrice d’anacarde de la région de Sédhiou. Ce sont des mannes financières qui entrent ici mais le malheur, c’est qu’il y a une chaine de bandits qui sont là et qui imposent leurs prix aux producteurs. Tantôt, c’est 200F CFA, tantôt s’ils sont contraints c’est au plus 300F CFA », a déclaré Famara Kalbert Mané.
Et comme ces produits passent par Ziguinchor, ajoute-t-il « toute la fiscalité revient à Ziguinchor au détriment de Sédhiou. A ce niveau, l’Etat doit prendre ses responsabilités et assurer la filière aux producteurs et au Trésor à l’image de Sabodala qui a son or et Taïba qui a son phosphate ». L’édile de Simbandi Balante de relever ensuite : « cette situation ne saurait perdurer car elle crée un cycle d’endettement aux producteurs. Nous irons vers la création d’une coopérative des producteurs. Le ministère du Commerce a convoqué les maires dans le cadre de la mise en œuvre de l’économie solidaire et sociale mais quand il n’y a pas de revenus, c’est quasiment impossible. Il faut aller vers la création des coopératives où les opérateurs vont s’y rendre pour acheter les cajous ». D’autres acteurs du secteur informel, que ce soit de la chaine de valeur de l’anacarde ou non, commencent tout aussi à sentir l’austérité économique consécutive à la prévalence du coronavirus qui n’a pas encore dit son dernier mot.
«CE SONT DES THEORIES QUI EXISTENT MAIS QUI, AUJOURD’HUI, NE SE FERONT PAS»
Les théories sur des tests du vaccin contre le Covid-10 à réaliser en Afrique existent bel et bien, mais ceux-ci ne sont pas possibles au Sénégal. Ces assurances sont du Docteur Amadou Alpha Sall, Administrateur général de la Fondation IPD
Les théories sur des tests du vaccin contre le Covid-10 à réaliser en Afrique existent bel et bien, mais ceux-ci ne sont pas possibles au Sénégal. Ces assurances sont du Docteur Amadou Alpha Sall, Administrateur général de la Fondation Institut Pasteur de Dakar qui, sur les ondes de la radio privée Rfm, à l’émission Grand jury, rassure que le pays dispose d’un Comité national d’éthique au ministère de la Santé et que les filles et fils du pays qui travaillent dans les différentes institutions ne laisseront pas faire.
Les Sénégalais n’ont pas à craindre d’être les cobayes du vaccin contre le Covid-19. C’est en substance les assurances du Docteur Amadou Alpha Sall, Administrateur général de la Fondation Institut Pasteur de Dakar. L’invité de l’émission Grand jury de la radio privée Rfm du dimanche 5 avril, rassure les populations sur l’impossibilité de faire des Sénégalais les cobayes de ce vaccin, tel que révélé par un chercheur de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale de France, concernant le test en Afrique du Bcg. Pour cause, Docteur Sall explique qu’au Sénégal «que ce soit dans le domaine de la recherche sur les vaccins et les médicaments, il y a un comité national d’éthique qui regarde au niveau du ministère de la Santé, l’ensemble des recherches». Pour lui, cela constitue la première barrière dans la mesure où ce comité voit si le médicament ne présente pas de dangers pour les Sénégalais.
Ne s’en limitant pas là, il a estimé aussi que les autorités du pays regardent de façon très claire l’intérêt des Sénégalais et toute la polémique autour de cette affaire. Mieux, il rappelle que les filles et fils du pays travaillent dans ces différents instituts et qu’ils œuvrent aussi à protéger leurs pays et leurs populations contre toute initiative hasardeuse. Par conséquent, il reste formel que «ce sont des théories qui existent mais qui, aujourd’hui, ne se feront pas».
Pour autant, le Docteur Amadou Alpha Sall admet que sur le plan scientifique, il y a des étapes à suivre, comme par exemple l’évaluation de vaccins candidats. Prenant à titre d’exemple le vaccin d’Ebola, il a expliqué qu’en Guinée et en Rdc, deux pays qui ont accepté le vaccin candidat, cela avait permis de juguler l’épidémie. C’est pour cette raison qu’il pense «qu’il ne faut pas avoir une approche complètement idéologique par rapport aux vaccins car les vaccins en termes de santé publique, c’est la meilleure action à faire en termes de co-efficacité».
L’administrateur général de la Fondation Institut pasteur de Dakar n’a pas manqué par ailleurs d’informer que son institution n’est pas en train de chercher le vaccin contre le Coronavirus. Tout en affirmant qu’à ce jour, il n’existe que des vaccins candidats, il indiquera que l’institut, sous sa tutelle, la seule accréditée par l’Oms, travaille en collaboration avec toutes les initiatives qui se font autour du vaccin, pour que si toutefois le sérum existe, il puisse être produit au Sénégal. Cela, afin qu’il soit accessible aux Sénégalais et aux Africains.
«QUE NOS DIRIGEANTS N’ACCEPTENT PAS ÇA ET QU’ILS FASSENT LE TRAVAIL DE POLICE»
Pr Mamadou Diouf de l’université de Columbia se prononce sur la polémique autour des vaccins-tests de covid-19 en Afrique
Ce n’est pas la première fois que l’Afrique a constitué, pour l’Occident, de laboratoire d’essai pour certains vaccins ou autres produits nocifs. Prenant l’exemple des déchets nucléaires, le Professeur d’histoire à l’université de Columbia, Mamadou Diouf s’offusque que les élites africaines acceptent que les vaccins soient testés en Afrique. L’invité de l’émission Objection de la radio Sud Fm d’hier, dimanche 5 avril, demande aux Africains de rester vigilants et de pousser leurs autorités à faire un travail de police.
La polémique suscitée autour de la volonté des Occidentaux de tester le vaccin contre le Coronavirus en Afrique ou encore de diminuer la population mondiale en commençant par l’Afrique, ainsi qu’évoqué par le président Poutine, serait à prendre très au sérieux. Ou du moins, le fait de prendre l’Afrique comme le laboratoire de certains vaccins ou autres produits très nocifs n’est pas nouveau. Invité à l’émission Objection de la radio privée Sud Fm du dimanche 5 avril, le Professeur d’histoire à l’Université de Columbia, aux Etats unis, s’est offusqué du fait que des élites africaines acceptent que les vaccins soient testés en Afrique. Convaincu qu’il est impossible de tester un vaccin dans un pays sans l’accord des autorités du pays, Mamadou Diouf pense que c’est aux Africains de rester vigilants.
Pour lui, «la question pour nous Africains, c’est de faire en sorte que nos dirigeants n’acceptent pas ça et qu’ils fassent le travail de police, qu’ils fassent le travail institutionnel pour que cela ne passe pas en Afrique et que si cela se passe en Afrique, que ça se passe dans les conditions qui sont acceptées par les Africains». Citant la question des déchets nucléaires, il a rappelé qu’il y a des Etats africains qui ont accepté des traités et qu’il y a des élites qui se font payer pour cela. Donc, pour lui, la solution reste pour les Africains de surveiller leurs autorités.
Le professeur d’histoire à l’Université de Columbia est par ailleurs choqué de la communication entretenue par certains autour de l’Afrique et des effets de cette crise du Covid-19 sur le continent. Faisant la comparaison entre la situation du Covid-19 en Afrique et dans le reste du monde, notamment en Chine, Italie, France et aux Etats unis où elle est plus «désastreuse», il se demandera «pourquoi continue-t-on à ne parler que de l’Afrique et de la crise en Afrique alors qu’elle n’est pas encore là ?».
Mieux, le Professeur Diouf estime que l’Afrique a une «grande culture de gestion des épidémies», citant ainsi au passage «celle d’Ebola dans des conditions qui sont beaucoup plus dures, avec des déficits de ressources humaines, d’infrastructures, d’équipements, de produits sanitaires même d’eau potable». Par conséquent, il pense que c’est aux communicants de prendre leur responsabilité.
CES CONSULTATIONS ONT ÉTÉ UNE SORTE DE DIALOGUE NATIONALE BIS
Le Directeur exécutif de l’Ong 3D dit se retrouver dans le message à la Nation du chef de l’Etat. Mondiaye Cissé approuve les «fortes» mesures sociales et économiques annoncées pour lutter contre le Covid-19 et ses impacts.
Le Directeur exécutif de l’Ong 3D dit se retrouver dans le message à la Nation du chef de l’Etat. Mondiaye Cissé approuve les «fortes» mesures sociales et économiques annoncées pour lutter contre le Covid-19 et ses impacts. S’il se réjouit de l’implication de la Société civile dans le comité de pilotage du fonds, M. Ndiaye salue également les audiences accordées par le Président Sall aux différentes couches de la société qui sont, à ses yeux, un «dialogue national bis».
Quelle lecture faites-vous du message à la Nation du chef de l’Etat ?
Je pense que le président de la République a fait un discours responsable dépouillé de tout parfum politicien. Un discours à la hauteur des attentes des populations parce que rassurant. Je veux citer le renforcement du système sanitaire avec plus de 64 milliards, les factures d’eau et d’électricité qui ne seront pas payées pour ce bimestre, la distribution d’aides alimentaires à hauteur de 69 milliards, les mesures fiscales en faveur des entreprises pour les encourager à préserver beaucoup d’emplois… Globale ment, le chef de l’Etat a annoncé des mesures fortes qui peuvent contribuer à prendre en charge les impacts du Covid-19 et à soulager les communautés. On ne demandait que ça.
Que dites-vous de la mise en place d’un comité de pilotage pour la gestion du fonds de Force Covid-19 ?
C’était une préoccupation de la Société civile pour prévenir toute contestation qui pourrait naître durant la période post Covid-19. Il est heureux d’entendre que ce comité de pilotage chargé de superviser la gestion du fonds est ouvert à l’Assemblée nationale, toutes sensibilités confondues, donc y compris l’opposition parlementaire, mais aussi la Société civile. C’est une initiative salutaire parce que notre préoccupation était cette double équation de gérer avec diligence, les préoccupations des populations mais en prenant en compte les exigences de bonne gouvernance.
Nous savons déjà que ces dépenses liées au Covid-19 ne seront pas soumises au Code des marchés publics, ce qui est normal. Mais cela n’exclut pas un mécanisme de supervision et de reddition des comptes.
A votre avis, est-ce que le Dialogue national a contribué à faciliter cette dynamique inclusive autour de la lutte contre le Covid-19 ?
Je crois même que ces audiences accordées par le chef de l’Etat à toutes les couches de la Nation pour lutter contre le Covid-19 ont été une sorte de dialogue national bis. Je pense d’ailleurs qu’il faut instituer des consultations de ce genre à la veille de chaque fête de l’indépendance du Sénégal parce que nous avons vu qu’à travers ce discours-là, les Sénégalais se retrouvent.
C’est bien pour un président de République d’avoir des conseillers mais ce serait aussi bien de consulter souvent les forces vives de la Nation comme il a eu à le faire à la veille de son discours pour prendre des décisions qui agréent tout le monde.
En écoutant et consultant son Peuple, tout Président peut parvenir à faire adhérer à sa cause l’ensemble des forces vives de la Nation. Le chef de l’Etat a écouté des mouvements citoyens, comme Y’en a marre qui avait plaidé pour la gratuité des factures d’eau et d’électricité. Il nous a écoutés en tant que Société civile sur cette préoccupation de bonne gouvernance, mais aussi le secteur privé qui avait besoin de soutien. C’est comme ça qu’on doit gérer un pays.
S’il devrait y avoir un bémol dans ce message à la Nation, quel serait-il ?
Je crois que le seul secteur qui ne semble pas avoir été pris en compte dans son discours, c’est celui de l’agriculture. Je n’ai pas entendu des mesures dans ce sens alors qu’on doit également prévenir la famine pour la période post Covid-19. Aujourd’hui il est clair que nous sommes dans une politique de consommation qui consiste à prendre en charge les difficultés du moment. Mais il faut aussi dès à présent commencer à pen
ser à l’accumulation en anticipant sur des situations dramatiques qui risquent de se produire après le Covid-19. N’oublions pas que les pays dont on dépend en vivres sont en difficulté et, par conséquent, on pourrait être confrontés à un problème de disponibilité de certaines denrées. Voilà pourquoi il faudrait penser au secteur agricole pour prévenir la famine, la malnutrition, etc.
La Société civile devraitelle être impliquée dans la distribution des vivres pour plus de transparence ?
Le Président a insisté sur la nécessité de réunir les conditions d’inclusion et de transparence en mettant en place au niveau national un comité de pilotage. De même, au niveau décentralisé, on devrait impliquer la Société civile dans la supervision de la distribution des vivres. Cela ne ferait que crédibiliser davantage le système de distribution de l’aide alimentaire et éviter les suspicions.
10 PATIENTS GUÉRIS, 4 NOUVEAUX CAS POSITIFS
Faisant la situation de la maladie du Coronavirus au Sénégal, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr a annoncé, ce lundi, que sur les 95 tests réalisés, il y a eu 4 cas qui sont revenus positifs
Faisant la situation de la maladie du Coronavirus au Sénégal, le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr a annoncé, ce lundi, que sur les 95 tests réalisés, il y a eu 4 cas qui sont revenus positifs, dont 3 cas contacts et 1 cas issu de la transmission communautaire.
Bonne nouvelle : le ministre de la santé a également annoncé qu’il y a 10 patients qui sont guéris. A ce jour, informe Diouf Sarr, il y a 226 cas positifs dont 92 guéris, 2 décès déplorés, un patient évacué à sa demande, en France, et 131 autres qui sont encore sous traitement. Le ministre appelle les Sénégalais à respecter les mesures de prévention pour rompre la chaine de transmission.