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23 septembre 2025
89 NOUVELLES CONTAMINATIONS RAPPORTÉES CE MARDI
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a rapporté, ce mardi, 89 nouvelles contaminations de Covid-19, ce qui porte à 4516 le nombre de cas déclarés depuis le 2 mars.
Dakar, 9 juin (APS) - Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a rapporté, ce mardi, 89 nouvelles contaminations de Covid-19, ce qui porte à 4516 le nombre de cas déclarés depuis le 2 mars.
Sur 1402 test effectués, 89 sont revenus positifs à la Covid-19, a indiqué le directeur de cabinet du ministre de la Santé.
Lors du point de presse quotidien sur la situation de la pandémie, Docteur Aloyse Wally Diouf a précisé qu’il s’agit de 71 cas contacts suivis, 1 cas importé via l’Aéroport Blaise Diagne et 17 cas issus de la transmission communautaire.
110 patients hospitalisés ont été déclarés guéris tandis que 12 cas graves sont pris en charge dans les services de réanimation.
A ce jour, le Sénégal a dénombré 4516 cas de Covid-19 dont 2809 guéris, 52 décès et 1654 patients sous traitement.
BARS, CLANDOS ET GRAND’PLACES DE KEUR MASSAR ET ENVIRONS ENVAHIS
Avec la décision de recul de l’heure de début du couvre-feu, désormais fixée à 23heures, le moins que l’on puisse dire est que c’était le grand bal dans la commune de Keur Massar et ses environs
Avec la décision de recul de l’heure de début du couvre-feu, désormais fixée à 23heures, le moins que l’on puisse dire est que c’était le grand bal dans la commune de Keur Massar et ses environs. Une folle ambiance y régnait ce weekend. Et malgré les restrictions, des bars autorisés et clandos ont ouvert leurs portes aux consommateurs qui ont retrouvé la belle ambiance de cet univers glauque. Pendant ce temps régnaient dans les rues une ambiance de fête !
Les populations de la commune de Keur Massar et ses environs ont passé un weekend de folie dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 juin 2020. Cette ambiance de folie est aussi l’une des identités de ladite commune. Les jeunes ont fait palabre au-delà même des heures du couvre-feu, qui s’étendent de 23 h à 5 h du matin. A l’unité 12 de Keur Massar, les rues grouillaient de monde avec des regroupements de jeunes à chaque coin de rue. Des jeunes peu soucieux du port du masque et d’autres gestes barrières. A quelques mètres d’un groupe de quelques jeunes qui voulaient profiter des deux heures supplémentaires offertes par le recul du couvre- feu, se trouve un bar à l’enseigne « La Gazelle ». Dans ce bistrot, l’ambiance des beaux jours est au rendez-vous.
Presque toutes les tables sont occupées et très bien garnies de différentes marques de boissons locales et importées. Côté animation musicale, on passe de la bonne salsa au savoureux Mbalax. Et les clients s’en donnent à cœur joie en esquissant des pas de danse du tonnerre. Du fond de la cour de ce bar, une odeur de grillades envahit la salle. Ce qui met l’eau à la bouche des clients. Bref, plus qu’un bar, le lieu ressemble à un maquis. Dans un autre bar clando, les gens dansent et mangent.
Pour eux, le ministre de l’Intérieur a bien fait de réduire les heures du couvre-feu. Surtout le weekend pour permettre aux gens confinés depuis trois mois de se divertir afin d’évacuer le stress. S’agissant des règles barrières, en revanche, il faudra repasser. Elles ne semblent point être le souci de ces bons viveurs encore moins du tenancier. Lequel d’ailleurs dit ne rien pouvoir imposer à ses clients tout en saluant l’assouplissement des horaires. Ce qui lui permet de renflouer sa caisse. Hors de ce bar niché à l’arrière-cour d’une grande maison, l’ambiance se poursuit dans la rue. La boutique du jeune vendeur de prêt-à-porter Modou fall déverse son trop plein de décibels avec un Mbalax endiablé qui fait danser quelques jeunes assis non loin des lieux et qui savourent leur thé. On note une forte animation dans les rues avec le retour des embouteillages. Un décor qui n’était plus visible depuis quelques semaines. Egalement de retour, les mauvaises habitudes avec l’occupation de la rue par des marchands ambulants.
Plus les heures passent, plus la rue s’anime comme si on invitait les gens à l’envahir. La même ambiance était notée jusqu’à Malika avec des jeunes aux portes des maisons, le gaz butane ou le fourneau malgache à côté pour le thé. Tous dans des discussions sans fin et sur tous les sujets qui leur passent dans la tête. Juste que pour ce qui est de la Covid-19, ces jeunes semblent le ranger aux rayons des souvenirs. Et c’est péremptoire que certains disent qu’il n’existe plus de cas et que cette maladie n‘est qu’un business pour l’Etat pour renflouer ses caisses vides. Dans ce contexte de relâchement, la victoire contre le virus n’est assurément pas pour demain…
Par Boubacar CAMARA
TUMBI-19 (2/2)
A la suite de l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, je formule, comme promis, les mesures que je considère comme essentielles pour garantir une sortie de crise réussie
A la suite de l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, je formule, comme promis, les mesures que je considère comme essentielles pour garantir une sortie de crise réussie. Il est vrai que la bataille contre le COVID-19 n’est pas encore gagnée. Pire, si les meilleures stratégies ne sont pas adoptées et mises en œuvre avec rigueur, la victoire souhaitée ne pourra même plus être espérée raisonnablement. Malgré tout, on ne peut pas attendre un hypothétique « clap de fin » pour réfléchir aux voies et moyens de « réparer les dégâts » causés par la pandémie de la COVID-19 et établir un programme pertinent de sortie de crise sur les plans économique, social et sanitaire. Gouverner, c’est prévoir. Le programme que nous proposons est dénommé TUMBI-19 et se décline en dix-neuf (19) mesures et cinquante et une (51) actions. Ce programme se justifie d’autant plus que le Sénégal connaissait déjà une situation difficile avant la déclaration de la pandémie et devait de changer de cap.
SÉCURITÉ
Renforcement du dispositif sécuritaire frontalier avec des postes mixtes ou juxtaposés entre la police, la gendarmerie et la douane. Renforcement de la contribution de l’Armée nationale à la vie citoyenne et à la sécurisation. Organisation d’un dispositif de surveillance des sites sensibles (centrales électriques, grandes industries, infrastructures de production et d’alimentation en eau, réseau de télécommunications etc.), des routes, ports et aéroports ainsi que des lieux de rassemblements. Institution du label « GM7VI » de sécurisation sanitaire dans les commerces restaurants, bureaux, usines, lieux de culte, et autres services accueillant du public, attestant qu’au moins sept (7) Grandes Mesures contre les virus et autres vecteurs de maladies ont été rigoureusement observées. Le nouveau Service d’Hygiène et de Sécurité sanitaire est chargé de la surveillance de la mise en œuvre de ce protocole. Mise en place d’une nouvelle police municipale dans laquelle doit se fondre l’Agence de Sécurité de proximité.
DEMOCRATIE
Adoption d’un calendrier électoral consensuel et précis. Organisation des élections locales proposée pour juin 2021. Aucun changement ne doit être opéré sur les dates des élections législatives prévues en 2022 et l’élection présidentielle de 2024. Compte tenu du retard enregistré dans l’audit du fichier, organisation des élections avec un nouveau fichier électoral constitué de tous les citoyens en âge de voter et non frappés d’incapacité conformément au Code électoral (L.27). Organisation de périodes de révision auto radiations et de mise à jour des changements personnels de situation. Recherche d’un consensus sur les autres conditions de participation et d’organisation des élections dans le cadre du dialogue politique. Respect par le pouvoir politique des droits et libertés notamment le droit de manifeste sans aucune restriction politicienne et sans arrestations arbitraires.
GOUVERNANCE TRANSPARENTE
Réforme de l’administration publique mettant l’accent sur la promotion du critère du mérite pour l’accès à la fonction publique et aux postes de responsabilité et sur la réorganisation du travail avec un recours aux technologies de l’information et sur la formation efficace du personnel. Réforme de la justice en vue de renforcer son indépendance, accompagnée d’un renforcement des moyens. Traitement diligent des dossiers en instance en justice notamment sur les questions liées à la gouvernance dans les affaires publiques et les litiges dans les affaires économiques pour rassurer les investisseurs et les citoyens. Réorganisation des services de contrôle des finances publiques dans le cadre d’un regroupement des fonctions de prévention, de contrôle et de répression. Réorganisation du commerce intérieur avec le rétablissement des stades de commerce, l’implantation des zones d’emplacement dédiées, en permanence ou provisoirement, la réorganisation des « loumas » (marchés hebdomadaires) et l’instauration de conditions d’exercice du commerce respectant les règles d’hygiène et de sécurité des consommateurs.
CONCLUSION
Le programme TUMBI-19 couvre les cinq axes indiqués dans l’Appel de Kinshasa du 28 mai 2020, à savoir la relance de l’économie, le sauvetage de l’éducation, la Santé et l’Emploi, la sauvegarde de la Démocratie, l’intégration africaine et la situation de la Diaspora et, enfin, le renforcement de la Gouvernance transparente. La cohérence d’ensemble du Programme TUMBI-19 repose sur la nécessité de réduire de façon significative l’endettement public en faisant recours à des financements alternatifs adossés à la valorisation des actifs constitués par les ressources naturelles (ppp et ERI), ce qui renforce les capacités d’intervention de l’état notamment dans le soutien aux personnes vulnérables. Ces mesures vont de pair avec la suppression de certaines institutions et la réduction du train de vie de l’état. Avec le ralentissement inévitable des flux d’import-export, il convient également d’aider les entreprises sénégalaises à réorienter leurs activités vers des secteurs porteurs de croissance inclusive comme l’agriculture, la pêche, l’élevage et l’artisanat de soutien au tourisme, ce qui permet de promouvoir l’emploi et d’augmenter les revenus des ménages durement éprouvés par la crise sanitaire.
L’articulation entre le développement industriel et le renforcement du parc énergétique est proposée pour renforcer l’offre d’emplois notamment pour les jeunes. Pour l’optimisation de la collecte de l’impôt, des réformes sont indispensables dans les régies financières (douane, impôts, trésor) en vue d’accélérer les procédures à travers l’interconnexion et la dématérialisation, l’identification des contribuables et l’adoption de schémas adaptés de localisation du fait générateur de l’impôt. Dans le cadre de l’intégration africaine ouest africaine, le Sénégal devra s’atteler à une meilleure utilisation de l’instrument monétaire et à renforcer les échanges intracommunautaires, le transport et les télécommunications.
La crise de la COvID-19 a révélé la place centrale d’un capital humain épanoui dans l’économie réelle. Il convient donc de renforcer de façon significative les investissements dans l’éducation, la santé et la sécurité. La diaspora doit également être soutenue et ses atouts valorisés. Enfin, la gouvernance transparente dans des secteurs sensibles comme l’administration et la justice contribue à rassurer les citoyens et les investisseurs. Chaque mesure du programme TUMBI-19, chaque action, fera l’objet d’un développement détaillé pour en indiquer le bien fondé, les retombées positives, les préalables et mesures d’accompagnement. Fait à Kinshasa, le 3 juin 2020
Par Moustapha DRAMÉ
QUAND TA COULEUR DEVIENT UN DÉLIT
Si vous laissez aux autres cultures la possibilité d’absorber vos normes culturelles au lieu de les greffer ou les intégrer les unes aux autres, la tentation est grande de faire disparaître les vôtres
....l’histoire se répètera souvent jusqu’à ce que récolte et révolution s’en suivent
Si vous laissez aux autres cultures la possibilité d’absorber vos normes culturelles au lieu de les greffer ou les intégrer les unes aux autres, la tentation est grande de faire disparaître les vôtres. La cohabitation des cultures ne peut se faire que dans le compromis, de l’acceptation des différences comme une richesse collective et non sur la logique de l’infériorité et donc du droit de d’envahir ou de dominer... Si vous laissez aux autres la possibilité d’écrire votre histoire, la leur l’avalera au gré de leurs intérêts et dans la perspective de neutraliser, de falsifier ou de faire disparaître votre existence historique. Sans identité historique solide, le présent vacille et le futur est « turfu», (en verlan).
La plume du missionnaire, de l’esclavagiste, du colonisateur, et aujourd’hui des grandes puissances et grandes Institutions internationales qui en sont les émanations héritières, est presque indélébile et reste en leur faveur. Quand ce sont les autres qui écrivent votre histoire, c’est avec la tortuosité de leur plume bien pointue et leur encre bien sordide en ce qui vous concerne et bien majestueusement bienveillante en ce qui les concerne. Et surtout machiavélique quand cet écrit devient un programme scolaire après avoir été le soubassement de toutes les lois et accords internationaux entre «civilisés» et «non civilisés», entre dominés et non dominés, entre sous-développés et développés, entre Noirs et Blancs... Récrire votre vérité historique dans vos dialectes et langues puis dans la langue du colonisateur est le premier devoir. La voir s’institutionnaliser prendra du temps.
Peu importe. De toutes les façons, le noir est une couleur en liberté surveillée partout. Il est temps qu’elle commence à surveiller les liaisons dangereuses à sens unique… Quand les autres vous arrachent votre pensée au nom d’une pensée, votre histoire, sous le prétexte de la barbarie, votre identité, sous l’alibi qu’elle n’existe pas.. , ils en reviennent à nier l’existence même de votre civilisation argumentant qu’elle «n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire».
Autrement dit leur modèle historique... Sans civilisation à vocation perpétuellement civilisatrice et intelligemment conquérante, de façon prioritairement endogène puis, exogène, point de salut en matière de reconnaissance et de respect de la part de l’autre. Celui qui domine est éternellement dans la négation de la vérité. Seuls comptent ses petits arrangements avec le droit, la morale, l’éthique, l’égalité, le respect...La dignité se construit et se maintient par une identité collective forte des personnes s’y identifiant, presque de façon doctrinale, capables de se sacrifier pour elle... Ces maux de la communauté noire…
De ces maux souffre la «communauté» noire en son sein et dans ses rapports avec les autres. Nous avons trop toléré. Trop accepté. Et, j’en déduis toutes les bavures et maltraitances que subissent les « minorités et les faibles,» parce qu’ils ne sont pas reconnus comme « élus de la classe supérieure civilisée et civilisatrice» : la couleur est déjà un délit pour ces in.di.vi.dus.au QI souvent négatif. Il se trouve que la main qui est tendue en premier est celle qui est en dessous.
Dans ces conditions, elle recevra avec les hautes conditions de l’échange sur un marché où dominent les loups. Il faut renverser cette tendance, car les nouvelles générations ont compris très tôt, là où les précédentes ont été soit naïves, soit impuissantes, soit de connivence. Celui qui a pris la plume en premier pour imposer son appartenance identitaire universaliste et universalisatrice, en détient une bonne et exceptionnelle clé de la communication offensive et défensive et, par conséquent, des armes de conquête avec un élan suprématiste. Celui qui a pris la parole pour perpétuer les légendes et les références historiques, est dans un modèle de transmission orale, certes, utile et nécessaire, mais pas universaliste. Il revient donc aux Noirs, de sortir des incantations et de s’imaginer dans un rapport de force inéluctable et inévitable qui ne leur fera pas de cadeau: autant on ne peut pas faire des omelettes sans casser les œufs, autant un sac vide ne peut tenir debout. Votre éternelle et traditionnelle tolérance ne tolère plus l’actuelle et naïve tolérance, surtout devant ces nouvelles formes d’intolérances axées sur la hiérarchisation socio- ethnique. C’est pour cela qu’on rejette ta couleur, on tue les Noirs, puis, «circulez, ce n’est que du noir mixé à la sauce du racisme quotidien.
PRENEZ VOTRE DESTIN EN MAIN AVANT QU’IL NE DESCENDE SOUS LES GENOUX DES AUTRES. C’EST AINSI SYE MOURUT GEORGE FLOYD... ET BIEN D’AUTRES PARTOUT... SI VOUS VOULEZ ETRE DEMAIN SOYEZ AUJOURD’HUI EN VOUS APPUYANT FORTEMENT SUR CE QUE VOUS AVEZ ETE...
Par Collectif de solidarité Afrique-Usa à Georges Floyd
UN NOUVEAU SOUFFLE POUR REBATIR L’HUMANITE
Dans une déclaration de Dakar intitulée «un nouveau souffle pour rebâtir l’humanité», parvenue à notre Rédaction hier, lundi 8 juin, des intellectuels, des hommes d’affaires et hommes des médias africains rendent hommage à George Floyd.
Collectif de solidarité Afrique-Usa à Georges Floyd |
Publication 09/06/2020
Dans une déclaration de Dakar intitulée «un nouveau souffle pour rebâtir l’humanité», parvenue à notre Rédaction hier, lundi 8 juin, des intellectuels, des hommes d’affaires et hommes des médias africains rendent hommage à George Floyd. Un afro-américain assassiné par la police aux Etats-Unis.
Parmi les signataires de cette pétition que nous publions pour nos lecteurs, on peut citer entre autres Alioune Tine (Afrikajom Center), Pr Babacar Diop dit Buuba (Paalae), Fatou Sow Sarr (Femmes leaders pour la Parité), Amadou Lamine Sall (poète), Bougane Guèye Dani (Groupe D-Media), Babacar Touré (Groupe Sud Communication), Madiambal Diagne, (UIJF), Mamadou Thierno Talla (DG Fondateur de l’Info), Amadou Bâ (DG du Quotidien l’AS), Baïdy Agne (Secteur Privé), Bamba Kassé (SYNPICS), Pr Moussa Seydi (Chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Fann).
Le meurtre de sang-froid d’un citoyen noir, africain-américain par un policier blanc euraméricain, commis en plein jour dans une rue de la capitale du Minnesota est un fait divers qui rappelle tragiquement les pratiques de lynchage d’un passé esclavagiste et ségrégationniste de l’Amérique condamné par l’histoire.
Cette froide et cruelle mise à mort de George FLOYD par l’agent Derek CHAUVIN, couvert et soutenu par ses collègues policiers, pour une « affaire » de faux billet de vingt dollars US va sans doute avoir des conséquences d’une ampleur sans précédent aux USA et dans le monde. Ce crime raciste, insoutenable et ignoble a été retransmis en boucle à travers le monde, provoquant émoi, effroi. Ces images insoutenables ont immédiatement déclenché une réaction massive de colère et d’indignation à Minneapolis, dans les grandes villes du pays avant de se répandre dans le reste du monde. Ces violences policières négrophobes et impunies qui relèvent d’un racisme systémique, institutionnel et structurel, ont dégénéré par endroits en émeutes ; elles manifestent deux (02) nouveautés : d’un côté, la présence significative et parfois majoritaire de manifestants blancs, et surtout de jeunes et de femmes, dans les cortèges et les sit-in jusqu’aux portes de la Maison Blanche, et de l’autre le soutien international à la lutte contre le racisme et pour l’égalité en droit, notamment pour les Noirs le droit sacré de vivre et de respirer.
La marée montante des protestations populaires se poursuit aux Etats-Unis. L’Afrique ne saurait demeurer passive ni silencieuse face aux souffrances de sa Diaspora. Il faut saluer la position courageuse du Président de la Commission africaine et celle du Président du Ghana qui ont dénoncé et condamné les violences racistes subies par la sixième région d’Afrique. Les Africaines et les Africains doivent se mobiliser fermement et de manière continue contre la torture, les traitements cruels, inhumains et dégradants infligés à la communauté d’ascendance africaine par le gouvernement américain : en particulier, les violences policières meurtrières impunies, l’incarcération en masse des jeunes et une justice à deux vitesses qui les dépossèdent de leurs droits civiques.
L’abolition effective de toutes les formes d’esclavage, de colonialisme direct ou indirect et d’apartheid affiché ou voilé, exige la suppression absolue et irréversible de toute forme d’inégalité entre êtres humains. Il faut impérativement l’application d’une même loi pour tous les citoyens, sans distinction de race ou d’ethnie, de genre ou de religion, d’origine, de statut ou de nationalité. Tel est le but principal du combat pour l’émancipation des peuples africains dans le continent-mère et dans les diasporas, en solidarité avec les peuples du monde.
Les organisations signataires de cette Déclaration invitent tous les Africains et tous les démocrates dans le monde, les associations et groupes concernés et intéressés à se rassembler le mardi 09 juin à 17 heures sur le site dédié au Mémorial Gorée-Almadies (Corniche de Dakar). Elles invitent à : Organiser des manifestations pacifiques pour condamner l’immolation, l’assassinat ignoble de George FLOYD et la haine raciale partout dans le monde ; Organiser des cérémonies pour le repos de l’âme de notre martyr commun, George FLOYD.
#I CANT BREATHE
BASES UNILATERALES, POLITICIENNES ET PARTISANES
Selon Djibril Gningue, expert électoral, à part les reports des élections municipales de 1996 et de 2007, tous les autres renvois des joutes locales l’ont été sur des bases unilatérales, politiciennes et partisanes
A part les reports des élections municipales de 1996 et de 2007, tous les autres renvois des joutes locales l’ont été sur des bases unilatérales, politiciennes et partisanes. C’est du moins la conviction de l’expert électoral, Djibril Gningue, qui trouve qu’il est impératif d’établir un chronogramme, dès ce mois de juin, pour lancer le processus électoral, au risque d’assister à un nouveau report des élections locales à venir.
La survenue du Coronavirus a eu un impact politique très fort au Sénégal. Il a, en effet, porté un sacré coup de frein au dialogue politique suspendu, depuis le mois de mars dernier, risquant ainsi de dérègler l’- horloge électorale.
Les acteurs de ces concertations politiques étaient pourtant à l’étape de finalisation des modalités de financement de l’audit du fichier électoral et de l’évaluation du processus électoral. Cela, dans le but de procéder au lancement de l’appel d’offre pour ces deux mesures très attendues par les acteurs politiques. Hélas ! La Covid-19 est en train de remettre très sérieusement en doute la possibilité d’organiser ces élections locales, dans la fourchette temporelle proposée par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, à savoir au plus tard le 28 mars 2021. Ce qui veut dire qu’un énième report des élections locales prochaines est envisageable, si rien n’est fait. Ce qui ne serait pas une nouveauté dans le pays.
Depuis la première alternance à nos jours, les élections locales ont été repoussées à maintes reprises, pour diverses raisons. Si pour les prochaines joutes, l’excuse sera inéluctablement la survenue de la pandémie dans le pays et partout à travers le monde, avec son lot de dégâts sur l’économie du pays, il n’en demeure pas moins que certains reports avaient des bases toutes autres.
De l’avis de l’expert électoral, Djibril Gningue, «à part les élections de 1996 et de 2007, les reports d’élections qui ont eu lieu ne l’ont été que sur des bases unilatérales, politiciennes et partisanes. Le pouvoir n’est pas prêt, ou bien on a un autre projet en tête, ou on veut cumuler les élections».
Sur les raisons des reports de ces élections citées ci-dessus, le Secrétaire exécutif de la Plateforme des acteurs de la Société civile pour la transparence des élections (Pacte) indique que le président Diouf avait décalé d’une semaine les élections locales de 1996, parce que les bulletins de vote n’étaient pas disponibles dans l’ensemble des bureaux de vote des 19 arrondissements de Dakar. Pour ce qui est du report par le président Wade des locales de 2007 jusqu’en 2009, il raconte que cela découlait de l’impact que pourraient avoir les inondations sur la carte électorale, de même que sur l’acheminement et la mise en place du matériel électoral.
Pour ces prochaines échéances locales prévues au plus tard le 28 mars 2021, Djibril Gningue pense que les délais peuvent être respectés. Cela, à condition qu’un chronogramme soit établi, dès ce mois de juin, pour lancer le processus électoral. En effet, il fait remarquer qu’il reste juste 8 mois limite pour lancer le processus.
A son avis, il ne faut pas moins de 90 à 120 jours pour l’audit du fichier et l’évaluation du processus électoral. Sur les 4 mois restants, il en faut 2 pour la révision des listes électorales. C’est-à-dire, 1 mois pour que les gens aillent s’inscrire ou se réinscrire, 15 jours pour afficher les listes, c’est-à-dire la période contentieuse et les autres 15 jours, c’est pour la consolidation des listes électorales sur la base des nouvelles inscriptions. Il en restera juste 2 mois pour organiser les élections, notamment la déclaration des candidatures, le parrainage s’il est toujours maintenu, éditer les listes, acheminer le matériel électoral. Il a, par conséquent, prévenu que «si on dépasse le mois de juin, les carottes seront cuites. Je ne vois pas comment le cycle électoral sera respecté.
Le cycle électoral, c’est des délais francs prévus dans le Code électoral». Même s’il admet qu’un consensus pourrait permettre aux acteurs de comprimer les délais, il reste convaincu qu’on ne peut pas réduire au-delà de certaines limites sans altérer l’intégrité du processus électoral et sa transparence qui ont des exigences et des contraintes.
LE CASSE-TETE DES REGIMES
Depuis 1996, le Sénégal peine toujours à organiser les élections locales et départementales. En moins de trente ans, ces élections ont été reportées à cinq reprises.
Depuis 1996, le Sénégal peine toujours à organiser les élections locales et départementales. En moins de trente ans, ces élections ont été reportées à cinq reprises. Si les trois reports ont été effectués sous l’ancien régime du président Wade, son prédécesseur, Macky Sall qui en compte déjà à son actif deux pourrait rattraper son retard avec ce vent d’incertitude qui plane au-dessus du prochain scrutin à cause de la pandémie de la Covid-19.
Va-t-on encore vers un troisième report des élections locales devant être organisées au plus tard en mars 2021 ? En effet, à huit mois de la date butoir pour la tenue des prochaines élections municipales et départementales prévues au plus tard le 28 mars prochain, les acteurs politiques engagés dans les discussions autour du processus électoral au sein de la Commission Cellulaire en charge du dialogue politique ne parviennent toujours pas à s’accorder sur beaucoup de points liés à la gouvernance et à l’approfondissement de la démocratie. Il s’agit entre autres du bulletin unique, de la caution pour les prochaines élections, du maintien ou de la suppression du parrainage, de l’article 80 relatif au délit d’offense au chef de l’état, de l’arrêté Ousmane Ngom, du cumul de fonctions de chef de parti et de président de la République pour ne citer que ceux-là.
Déjà soumis au menu des précédentes rencontres de la Commission Cellulaire en charge de du dialogue politique, les échanges des trois pôles (majorité, opposition et non alignés) engagés dans ces discussions n’ont pas pu aboutir sur un consensus. Il a été ainsi décidé de les verser dans la corbeille des points à rediscuter lors des prochaines rencontres. Lesquelles semblent aujourd’hui hypothéquées par l’avènement de la pandémie de la Covid-19 au Sénégal.
En effet, pour se conformer à la mesure d’état d’urgence prise par le chef de l’Etat dans le cadre de la riposte contre cette maladie, le général à la retraite, Mamadou Niang, président de ladite Commission avait décrété la suspension des travaux de la Commission cellulaire. Cette situation fait donc planer un nouveau report sur ce scrutin initialement prévu pour juin 2019. Car, en plus de cette absence de consensus des acteurs sur ces points précédemment énumérés, se pose également le défi de la mise en œuvre de certains accords qui ont déjà fait objet de consensus comme l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus électoral dont la mise en œuvre devrait aboutir à la révision des listes électorales.
Au regard de tous ces éléments, un nouveau report de ces prochaines élections locales et départementales n’est pas exclu surtout avec la situation économique actuelle tendue du fait de la pandémie du coronavirus.
QUAND MACKY COTOIE ME WADE !
A cela s’ajoute également le fait que le Sénégal semble être un habitué systématique de report de ce scrutin au cours duquel les Sénégalais sont invités à renouveler leurs dirigeants locaux. En effet, en moins de trente ans (de 1996, date de la première élection locale à nos jours), quatre reports ont été notés et parfois sur la base des motifs très étonnants.
Le premier report de ces élections est intervenu en 2001 sous la présidence de Me Abdoulaye Wade. Et le motif évoqué sur le projet de Loi n° 2001- 10 du 3 décembre 2001 portant report de la date des élections aux conseils régionaux, aux conseils municipaux et aux conseils ruraux jusqu’au dimanche 12 mai 2002 était entre autres les célébrations qui mobilisent une grande partie de l’électorat dont le Ramadan, les fêtes de fin d’année, la Coupe d’Afrique des Nations, le pèlerinage à la Mecque, les fêtes de Pâques et le Grand Magal de Touba.
Le second report est intervenu en 2007 sous la gestion de l’ancien président libéral, Me Abdoulaye Wade. Le motif avait à l’époque était l’impossibilité de coupler cette élection aux législatives du fait de leur organisation matérielle qui n’est pas identique.
Reportées par la Loi n° 2007-24 du 22 mai 2007 qui a prorogé en même temps, le mandat des conseillers régionaux, des conseillers municipaux et des conseillers ruraux élus à l’issue des élections du 12 mai 2002 au 18 mai 2008, ces élections vont être reportées une nouvelle fois au 22 mars 2009 à la suite d’une proposition de loi introduite par Aminata Tall, députée du Parti démocratique sénégalais (Pds) à l’époque. Le motif évoqué pour justifier ce second report jusqu’au 22 mars 2009 était le découpage administratif qui a donné naissance aux régions de Sédhiou, Kaffrine, Kédougou le 1er février 2008.
Arrivé au pouvoir en 2012, l’actuel chef de l’Etat ne mettra pas du temps lui-aussi à imprimer ses marques dans cette anomalie. Ce, en décalant de quelques mois (trois mois plus précisément) les locales initialement prévues le 22 mars 2014.
Le motif évoqué pour justifier ce décalage, sa réforme phare de l’Acte 3 de la décentralisation qui consacre la communalisation intégrale et la suppression des conseils régionaux. Il faut dire que, l’actuel chef de l’Etat compte déjà à son actif deux reports, soit un de moins que son prédécesseur qui, en douze ans de gouvernance, a reporté trois fois les élections locales.
Par Abdoulaye THIAM
ON NE BRÛLE PAS UN CHAMPION
Vouloir humilier Dr Alioune Sarr après tout ce service rendu à l’Etat et à la lutte sénégalaise, en le virant comme un vulgaire délinquant poursuivi par la clameur populaire, ne nous paraît correct
Dr Alioune Sarr, président du Comité national de gestion (CNG) de lutte est sous les feux des projecteurs. Ses détracteurs réclament son départ à la tête de cette structure d’exception qu’il dirige depuis 1994. D’emblée, nous tenons à préciser que nous sommes fondamentalement contre la momification des présidents à la tête des structures d’où la nécessité de limiter les mandats. Parce que comme disait l’autre «le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument».
Surtout qu’il est de coutume de voir certains dirigeants installer un système de gangstérisme pour se faire réélire après avoir verrouillé les portes à trois tours. Ils accordent deux, voire trois interviews par an, aux médias et maintiennent la plupart des journalistes à distance. Ils se construisent des mythes, tentent de devenir des dieux avant de se brûler les ailes. Le rénovateur des Jeux olympiques modernes, le Baron Pierre de Coubertin est resté au pouvoir pendant 29 ans (1896 à 1925). Juan Antonio Samaranch a présidé les destinées du CIO pendant 21 ans (1980-2001) avant de céder le fauteuil à Jacques Rogge.
Pour éviter le culte de la personnalité ou la personnification de l’institution, comme ce fut jadis le cas avec ses prédécesseurs, il a été décidé que désormais personne ne peut faire plus de deux mandats à la tête du CIO. Soit un premier mandat de 8 ans et un second (pas deuxième) de 4 ans.
Au niveau de la FIFA, en plus de Jules Rimet qui a fait 33 ans de présidence (1920-1954), on se souviendra pour toujours, de Joao Havelange (1974- 1998). Le Brésilien a été le premier et unique Président non-Européen à diriger la plus riche institution sportive au monde pendant 25 ans. Il "voit le monde à travers un télescope et non un microscope", disait de lui l'ancien secrétaire d'État américain Henry Kissinger. Mais, son héritage avait été assombri par des accusations de corruption.
Son successeur, Joseph Sepp Blatter (1998-2015) n’ayant pas retenu la leçon, a voulu faire un cinquième mandat de trop. Mais, c’était sans compter avec la perspicacité du FBI et surtout des États-Unis qui ont tenu à faire payer cher aux membres du comité exécutif de la FIFA, leur choix en faveur du Qatar pour la coupe du monde 2022 au détriment de la candidature américaine. Les déflagrations du coup de balai retentissent encore. Nous vous épargnons d’ailleurs l’histoire du déjeuner copieux qui avait eu lieu à l’Elysée le 23 novembre 2010 entre Michel Platini, le président de la République d’alors, Nicolas Sarkozy et le Prince héritier du Qatar. Sans occulter le bakchich de 1,8 million d’euro entre Blatter et l’ancien numéro 10 des Bleus. Last but not least, c’est le baron Issa Hayatou qui est tombé de son piédestal pour avoir tenté un cinquième mandat de trop également. Il sera «humilié» par un illustre inconnu du bataillon, le Malgache Ahmad avec bien entendu la bénédiction d’un ancien secrétaire général de l’UEFA devenu entre-temps président de la FIFA, l’italiano-Suisse, Gianni Infantino.
Toutefois, à la différence des présidents susnommés qu’on croyait indéboulonnable, à cause d’un réseau huilé et bien entretenu, Dr Alioune Sarr, lui semble être blanc comme neige. On ne lui reproche pour l’instant que sa longévité à la tête du CNG de lutte. Une discipline qu’il aime, chérie et qu’il a surtout contribué à faire vendre au-delà des frontières sénégalaises. Sarr n’a jamais été pris en flagrants de combine «bërë».
L’ancien ministre des Sports, Mbagnick Ndiaye n’a t-il pas confié à nos confrères de Sunu Lamb, le weekend dernier, que «Alioune Sarr a assaini l’arène» ? Dans cette mare aux caïmans où l’argent sale coule à flot et/ou des dessous de table sont souvent étalés sur la place publique avec les montages plus ou moins nébuleux des combats entre des gladiateurs qui renvoient à des «mortals kombats» de la Rome antique, aucun média, aucune accusation sérieuse n’a pas été, à ce jour, portée sur le chirurgien de l’arène sénégalaise. Il a su rester droit dans sa blouse blanche, fidèle à ses principes, le Serment d’Hippocrate en bandoulière pour servir la lutte sénégalaise et vanter toute sa belle chorégraphie. Voilà pourquoi, les trois régimes qui se sont succédé, ont préféré laisser Dr Sarr au pinacle. Au début, il avait un bail d’un an seulement, renouvelable. Il en sera ainsi jusqu’à l’avènement de la première alternance politique intervenue dans notre pays en 2000.
L’éphémère ministre des Sports, Faustin Diatta, va octroyer un bail de 4 ans à l’équipe du Dr Alioune Sarr, nommée par arrêté ministériel. Avec le ministre, Matar Ba, le bail va passer à deux ans renouvelables. Mais, peu importe d’ailleurs la durée du mandat, le plus important c’est que Sarr aura toujours et encore la confiance de l’Etat. Il appartient alors à ce dernier et à ce dernier seulement, qui lui a délégué son pouvoir, d’amorcer les changements nécessaires en procédant à une large concertation, si ce n’est d’ailleurs déjà pas fait.
Mais vouloir humilier Dr Alioune Sarr, après tout ce service rendu à l’Etat et à la lutte sénégalaise, en le virant comme un vulgaire délinquant poursuivi par la clameur populaire, ne nous paraît correct. Sous d’autres cieux, on élève les champions comme lui vers l’olympe. A défaut d’imiter le reste du monde, gardons-nous quand même de les brûler.
Par Alpha Amadou SY
LES ÉTATS-UNIS, ENTRE LA COVID 19 ET LE VIRUS RACISTE
Tout laisse croire que la seule image à laquelle l'Amérique sait rester si fidèle est celle d’être le lieu de cristallisation de bien de paradoxes !
Tout laisse croire que la seule image à laquelle l'Amérique sait rester si fidèle est celle d’être le lieu de cristallisation de bien de paradoxes ! Le samedi 30 mai 2020, les USA ont démontré à la face du monde toute leur puissance. La réussite spectaculaire du décollage suivi de l’amarrage du Crew Dragon a certainement posé l’acte inaugural de l’ère du tourisme spatial. Enthousiaste, le chef de l’exécutif américain a salué les deux astronautes, Bob Behnken et Doug Hurley, comme de « vrais génies », tout en promettant à ses compatriotes le meilleur.
Au même moment, les USA enregistraient le plus grand nombre de victimes de la Covid 19, 100.000. S’ajoutent à ce lot, les effets collatéraux engendrés par le nécessaire confinement pour rompre la chaine de contagion. Aussi dénombrait-on, dès avril, des millions de chômeurs. Cette situation, en s’aggravant, a fait resurgir avec force, cet autre virus beaucoup plus pernicieux que la Covid 19, à savoir le racisme. Ainsi, cinq jours francs avant le triomphe spatial, sur terre américaine, par le biais des réseaux sociaux, le monde assistait en direct, à l’abominable assassinat de George Floyd par un policier blanc.
Les États-Unis, puissance économique, financière, militaire et « pays phare de la démocratie », étalaient au grand jour toute leur impuissance à intégrer tous leurs fils. Le mode d’exécution de la victime a été tellement ignoble que des Américains, toutes races confondues, ont manifesté leur indignation scandant Black Lives Matter, « les vies noires comptent ! ». Ainsi, le président américain jubilait suite à la prouesse de ses génies de l’espace, alors que plus de 100 villes étaient la proie à des émeutes en réaction aux violences policières, une des modes de déclinaison les plus brutales du racisme. Non satisfait de n’avoir point compati avec ses compatriotes éprouvés, Donald Trump ne trouva pas mieux que de brandir … la Bible.
Pire, il menaça de mobiliser l’armée contre la frange la plus déshéritée de son peuple. Si l’endiguement de la pandémie peut être envisagée en terme de jours, il en est tout autrement pour le racisme. Ce virus, dont la persistance donne la fâcheuse impression qu’il est inscrit dans l’ADN des Américains, pose au moins ces deux questions. Pourquoi Barack Obama, avec ses deux mandats, n’a pas réalisé des avancées significatives dans la conquête des droits civiques des minorités ? Quel remède à ce fléau multiséculaire qui, malgré les sacrifices des figures emblématiques du refus, tels Martin Luther King et Malcom X, continue d’enfermer les minorités dans un cycle infernal ? La première question en soulève cette autre : de quelle marge de manœuvre disposait Barack Obama pour secouer le socle économique, politique et institutionnel qui constitue le lit du racisme ?
La focalisation sur la couleur du nouvel homme, pourvu de cet art oratoire et de ce charisme si impressionnants, avait fini par réintégrer des millions de désespérés dans le jeu électoral, convaincus que désormais rien ne sera plus comme avant. De la passion suscitée par l’ascension fulgurante du Noir qui avait battu à plate couture une adversaire de la trempe de Hilary Clinton avait vraisemblablement résulté une méprise sur les enjeux politiques du jeu électoral. Un recul, il est vrai difficile dans un contexte électoral, aurait permis de réaliser que, pour avoir bénéficié des combats des “utopistes” comme Marcus Garvey, Martin Luther King et Malcom X, Barack Obama ne s’était pour autant inscrit dans aucune de leurs trajectoires. Ni idéologique ni politique.
Pour preuve, la clé de son élection est son identification au citoyen américain lambda en exerçant son droit de solliciter des voix dans toutes les franges de la société. Et le libéralisme qui a l’intelligence de ses intérêts fondamentaux, de la même manière qu’il profite abondamment de la « fuite des cerveaux » toutes les couleurs confondues », ne se prive guère de l’opportunité de confier aux hommes de couleur qui ont le profil de l’emploi les plus hautes responsabilités. En l’occurrence, son choix porté sur Barack Obama était d’autant plus justifié que, en plus de ses compétences avérées, son origine raciale constituait un atout majeur pour accoler une ferveur populaire à un jeu électoral monotone.
Une fois installé à la Maison blanche, il s’attelle à redorer l’image d’une Amérique ternie par l’état désastreux de son économie et par ses expéditions punitives à travers le monde. Ses déplacements à travers le globe, ponctués par des discours majeurs de l’envergure des deux prononcés respectivement au Caire et à Accra, ont concouru à redynamiser le multilatéralisme malmené sous le règne de son prédécesseur. Toutefois, ses initiatives hardies laisseront en rade des questions aussi complexes que celles de la Palestine, de l’Afghanistan et de l’Iran. Au plan intérieur, hormis l’instauration de l’Obama care, son bilan reste mitigé, particulièrement sur le front des luttes pour l’égalité. L’assassinat, par six coups de feu, du jeune Michel Brown en août, 2014 à Ferguson, en est tout un symbole ! Quid de son silence sur la délicate question des réparations au bénéfice des descendants d’esclaves ?
Dans le respect scrupuleux des grandes logiques macroéconomiques, Obama a réussi à relancer la puissance économique américaine, non sans contribuer à rendre son pays moins vulnérable à bien des reproches ! Pour avoir sauvegardé les intérêts vitaux des USA, il a fait deux mandats sans connaitre le même sort que Abraham Lincoln et John Fitzgerald Kennedy. La seconde question découle de cette incapacité de la voie démocratique à fournir une réponse au mal-être des minorités. Ainsi, depuis 1865 l’équation de l’intégration des Afro-américains dans l’ordinaire de la république américaine reste à résoudre. Tout se passe comme si Marcus Garvey avait raison de considérer comme utopique tout projet envisageant l’émancipation des Noirs ailleurs que sur leur continent d’origine. Mais, dans la mesure où son mouvement Back to Africa n’a pas non plus été couronné de succès, d’autres perspectives ont été dessinées. Au nombre de celles-ci, la remise au goût du jour de l’idée de la réparation des descendants d’esclaves. Considérée comme une des tentatives avortées du président Abraham Lincoln, elle est agitée dans l’intention d’aider les Afro-américains à surmonter leur handicap d’origine.
Dans cet esprit, la députée Sheila Jackson Lee lança une commission parlementaire en juin 2019 pour en voir les modalités. Ce projet sera renouvelé à la faveur des émeutes, suite à l’assassinat de George Floyd. Ainsi, Robert Johnson ira jusqu’à évaluer cette répartition à plus d’une douzaine de milliards de dollars. Ce sera une curiosité que de voir le traitement que lui réservera le candidat démocrate Joe Biden à la présidentielle de novembre 2020. Toute autre est la perspective de Malcom X qui milite pour le combat pour l’égalité. Cependant, invité au Sommet de l’OUA, au Caire, en 1964, il insistera sur le nécessaire soutien de ses frères africains. Mais pas plus que l’Afrique sous les régimes dictatoriaux des années 1960, les États plus ou moins inscrits dans la trajectoire de la démocratisation, n’ont prêté suffisamment d’attention à son imploration.
L’Afrique noire surtout francophone aura davantage manifesté sa capacité d’indignation avec l’attentat perpétré contre le journal Charlie hebdo en 2015 que pour l’exécution de Floyd ! Wole Soyinka qui ne se méprend guère sur la capacité des Africains à prêter une oreille attentive aux luttes en cours invitera les Noirs à s’inscrire dans cette unique alternative : s’évertuer « à l’excellence et à la conquête du pouvoir économique et politique partout où ils vivent ». Cette perspective, en tant qu’elle met les Américains devant leur propre responsabilité, est digne d’intérêt. Toutefois, la difficulté qu’elle soulève est que la volonté d’être excellent est très souvent soumise à rude épreuve par l’état de privation du minimum vital. En tout état de cause, aucune solution durable ne saurait faire l’impasse sur l’exigence des luttes citoyennes. Certes, jusqu’ici aux revendications démocratiquement exprimées par les Américains, le pouvoir a répondu par la répression. Mais la lutte pour l’égalité, s’inscrivant dans la dialectique même de l’oppression, demeure irréductible. Avec le temps que prennent les changements sociaux, les militants des droits civiques pourront compter sur les aspirations à la paix et à la justice du peuple américain.
Se greffe à cette dynamique, ce phénomène que constitue le comportement d’un nombre de plus en plus important d’entreprises américaines « en véritables leviers du changement sociétal et politique ». Édifiant à ce sujet est ce propos de Guillaume Foucault rapporté par Claudia Cohen : « Les marques prennent les devants et se mettent aussi à l’abri de boycott. Elles prononcent des actes de foi ou affirment des positions, et se drapent derrière l’éthique. » Ce paradoxe susmentionné des USA, pour être si frappant, ne leur est pourtant pas exclusif. Les « puissants » de notre monde restent obsédés par la conquête du ciel, alors que le sol menace de s’effondrer sous leurs pas. Pour preuve, l’Europe et la Chine ne sont-elles aussi malades de leurs minorités. ?