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28 septembre 2025
"NOUS DEVONS LA SOLIDARITÉ À L'AFRIQUE"
Dans une interview accordée à RFI mardi 14 avril, Macron explique sa stratégie pour l'Afrique face au coronavirus. À court terme, il espère un moratoire sur la dette contractée par les pays africains, puis à long terme, une annulation massive
Dans une interview exclusive accordée à RFI mardi 14 avril, le président français explique sa stratégie pour aider l'Afrique à faire face à la pandémie de coronavirus. À court terme, il espère dès ce mercredi soir, à l'occasion d'un G20 Finances, un moratoire sur la dette contractée par les pays africains. À long terme, il souhaite une annulation massive de cette dette. Dans cet entretien, le chef de l'État français s'exprime aussi sur la situation militaire au Sahel et sur l'appel du secrétaire général de l'ONU à une trêve dans tous les pays en guerre. Enfin, pour la première fois, Emmanuel Macron s'exprime sur les travaux controversés du professeur Raoult, qu'il a rencontré le 9 avril dernier à Marseille.
RFI : Ce lundi, lors de votre allocution aux Français, vous avez bien sûr parlé essentiellement de la France. Mais vous avez aussi évoqué d’autres pays du monde. Vous avez notamment appelé à une annulation massive de la dette contractée par les pays du Sud. Est-ce à dire que votre inquiétude ne porte pas seulement sur la France, elle porte aussi sur l’Afrique ?
Emmanuel Macron : Oui, très profondément. Parce que je pense que la période dans laquelle nous entrons et que nous sommes en train de vivre collectivement touche aujourd’hui tous les continents. Et nous voyons l’extrême difficulté à affronter ce virus et à apporter des réponses dans les pays les plus développés, les systèmes sanitaires les plus robustes : les États-Unis, l’Europe, la Chine… Quand on regarde aujourd’hui la situation de l’Afrique, sur le plan sanitaire, sur le plan économique, sur le plan climatique, il est évident que nous lui devons la solidarité.
Avant de parler de cette action coordonnée, un mot sur le risque lui-même. Depuis un mois, beaucoup prédisent une catastrophe sanitaire en Afrique. Mais ce n’est pas le cas. L’Afrique est même, pour l’instant, le continent le moins impacté par le virus, et le Pr Raoult, à qui vous êtes allé rendre visite il y a quelques jours à Marseille, dit : « L’Afrique est relativement protégée grâce à la consommation courante de traitements antipaludiques ». Il a cette phrase, puisqu’il est né à Dakar : « En Afrique, la chloroquine, on en a tous bouffé quand on était gosses ».
Moi, je ne suis pas médecin. Je ne suis pas spécialiste des maladies infectieuses comme le Pr Raoult, pour qui j’ai beaucoup de respect et que je suis en effet allé voir, pour comprendre et m’assurer que ce qu’il proposait était bien testé dans le cadre des essais cliniques.
J’attire l’attention de nos auditeurs : nous n’avons aujourd’hui aucun traitement reconnu. Moi, mon rôle, et ce que j’ai fait en me rendant chez le Pr Raoult, c’est de m’assurer que ce sur quoi il travaille, et c’est vraiment une de nos plus grandes sommités en la matière, rentrait bien dans le cadre d’un protocole d’essai clinique, qu’on pouvait aller vite pour s’assurer, en tout cas regarder, avec des méthodes qui doivent être simples mais rigoureuses, si ça marchait ou ne marchait pas. Aujourd’hui, partout dans le monde, il y a des essais cliniques qui sont lancés.
La France est le pays européen qui en a le plus lancé. La combinaison hydroxychloroquine-azithromycine, parce qu’il n’y a pas que l’hydroxychloroquine qui est proposée, c’est une bithérapie que propose le Pr Raoult, il faut qu’elle soit testée. Lui l’utilise et a son propre protocole. Il y a un protocole qui a été autorisé par les autorités compétentes à Montpellier. Et il faut qu’on avance, qu’on montre l’efficacité et qu’on mesure la toxicité.
Je dis ça parce qu’il faut être très prudent. Le président de la République française n’est pas là pour dire « tel traitement est le bon ou n'est pas le bon ». Mon devoir, c’est que toutes les pistes thérapeutiques poursuivies aujourd’hui puissent faire l’objet d’essais cliniques rigoureux, et les plus rapides possibles, pour qu’on trouve un traitement.
Donc en trois heures de présence auprès de lui, vous n’êtes pas sorti entièrement convaincu.
Ce n’est pas une question de croyance ! C’est une question de scientifiques. Je suis convaincu que c’est un grand scientifique, et je suis passionné par ce qu’il dit, et ce qu’il explique. En effet, il nous invite à être humbles, parce que lui-même dit que les choses peuvent varier selon les saisons et les géographies, et qu’un virus réagit selon les écosystèmes. Donc peut-être qu’il y a ça en Afrique. Je dis juste qu’on doit s’assurer que partout, les essais soient faits, donc il faut que l'on reste collectivement très rigoureux.
Maintenant, sur le virus Covid-19 et l’Afrique, je vais être très clair avec vous. Je ne suis ni dans les catastrophistes, je ne veux pas être non plus dans les naïfs. Ce virus, aujourd’hui, il touche tout le monde. Donc, je ne pense pas qu’il faille collectivement dire qu’un miracle préserverait l’Afrique. En tout cas, si ça pouvait arriver, formidable, et je le souhaite profondément. Mais notre devoir est de tout faire pour aider l’Afrique dans ce contexte.
L’Afrique aujourd’hui a une vulnérabilité sanitaire : il y a le VIH, la tuberculose, la malaria… C’est d’ailleurs pour ça qu’on s’est mobilisés à Paris, en octobre dernier, pour le Fonds mondial, pour aider aussi l’Afrique en particulier à se battre contre ces grandes pandémies.
L’Afrique aujourd’hui est le continent le plus touché par le choc climatique et le changement climatique. Je pense à la Zambie, qui vient d’essuyer l’une des plus grandes sécheresses depuis 1981, les cyclones qui viennent de toucher le Mozambique, l’Afrique de l’Est qui est attaquée par les criquets, les difficultés qu’on connaît dans le lac Tchad et la sécheresse qui continue… Donc, on parle d’un continent dont des dizaines de millions d’habitants aujourd’hui vivent dans leur chair ce qu’est le choc climatique.
On parle d’un continent qui vit la grande difficulté économique. Regardons les chiffres, là aussi : en 2012 en Afrique, on a une dette sur PIB qui est de 30 %. Aujourd’hui, elle est de 95 %. Donc, les difficultés que je suis en train de décrire vont s’aggraver même si le Covid n’était pas une catastrophe sanitaire – et je ne sais pas dire aujourd’hui s’il ne le sera pas. Donc, nous devons absolument aider l’Afrique à renforcer ses capacités à répondre au choc sanitaire et nous devons, a fortiori, l’aider sur le plan économique à répondre à cette crise qui est déjà là. Nous devons être à ses côtés.
C’est ce que j’ai voulu lancer au G20, il y a quelques semaines. Nous avons tenu une visioconférence, j’ai utilisé le temps de parole de la France pour dire : « On va se tenir ensemble, agir pour nos pays, et c’est déjà très dur. On doit absolument aider l’Afrique à s’en sortir. C’est un devoir moral, humain, pour l’Afrique et pour nous ». Et c’est ce que j’ai ensuite enclenché avec les leaders africains qui étaient là, dans un travail qui est la méthode à laquelle je crois : mobilisation pour l’Afrique et partenariat avec les leaders. Il y a dix jours, j’ai été invité par le président Ramaphosa à une réunion du Bureau africain par téléphone. J’ai pu échanger avec lui et plusieurs dirigeants, les présidents Abiy [Ahmed], [Paul] Kagame, [Macky] Sall, [Ibrahim Boubacar] Keïta, et Moussa Faki [Mahamat, le président de la Commission]. Et nous avons pu discuter des propositions que j’ai voulu faire à ce moment-là. C’est ce plan pour l’Afrique en quatre axes que nous avons bâti avec les leaders africains. On a aujourd’hui tous les leaders européens du G20, ainsi que l’Espagne, le Portugal et quelques autres, qui sont avec nous.
Concernant ce plan pour l’Afrique en quatre axes, commençons peut-être par l’axe sanitaire. Que peut-on faire pour les pays, africains notamment, qui manquent notamment de lits de réanimation ? Que peut faire l’Europe ? Que peut faire la France ?
Mobiliser des financements de court terme. On a le Fonds mondial, et là-dessus Peter Sands [le directeur exécutif du Fonds mondial], le président Kaberuka [ancien président de la Banque africaine de développement] sont prêts à mobiliser une partie de ce qu’on a justement levé pour aller financer cet axe-là et financer des équipements de première nécessité pour secourir, sauver, protéger...
Mais, Monsieur le président, ce Fonds mondial est contre le sida, contre le paludisme, contre la tuberculose. Est-ce qu’on ne risque pas de déshabiller Pierre pour habiller Paul ?
Non. Alors, vous avez parfaitement raison, il ne s’agit pas de détourner les 14 milliards qu’on a levés, mais de commencer avec quelques centaines de millions pour amorcer les choses.
Qu’est-ce qu’on veut faire avec ça ? On veut permettre d’absorber le choc, et donc de mobiliser les autres puissances du G20 pour permettre de monter les capacités et ce dont les systèmes de santé ont besoin aujourd’hui. On a besoin, vous l’avez dit, de lits, de respirateurs, donc il faut pouvoir acheter ces matériels. Nous, on est en train d’en reproduire pour nos propres systèmes, mais je veux qu’on puisse en produire au-delà pour aussi, ensuite, fournir nos partenaires africains. Et le déphasage entre, si je puis dire, nos pics épidémiques qui ne semblent pas arriver en même temps, j’espère, va nous aider. Il faut tout faire aussi, c’est pour ça que j’ai beaucoup parlé avec nos partenaires africains, pour qu’ils décident au maximum du confinement et qu’ils retardent l’épidémie. Plus ils la retardent, plus les Européens sont en situation de leur apporter de l’aide, parce qu’on n’aura pas les pics épidémiques au même moment.
Les deux maisons ne brûleront pas en même temps...
Écoutez, il faut tout faire, en tout cas, pour le ralentir partout. Et je pense qu’il est très important qu’on ait un peu ce décalage. Mais l’idée, c’est de pouvoir acheter ce matériel, de pouvoir protéger, de pouvoir répondre, et de pouvoir accélérer nos essais cliniques pour un traitement et un vaccin. Et de le faire, là, de manière synchrone. Et je pense que ce qu’on peut réussir, dans le cadre de cette pandémie, c’est ce qu’on n’a jamais réussi à faire et qui est, je crois, essentiel si on veut permettre à l’Afrique de résister et sortir le monde de cette épidémie. C’est de dire : « Sur les traitements et le vaccin, on a une approche qui est la diffusion en même temps, dans nos continents, du traitement et du vaccin, quand on l’aura trouvé ».
Donc l’idée, c’est de dire : on a, au niveau international, le CEPI [Coalition for Epidemic Preparedness Innovations], lancé par la Norvège, financé par beaucoup, qui fait de la recherche sur les vaccins en la matière. Il y a plusieurs initiatives en cours. On a le Gavi [Alliance globale pour les vaccins et l’immunisation], lancé par la France et le Brésil il y a près de vingt ans, qui sert justement à diffuser ces innovations et à avancer. Le Gavi et le Fonds mondial doivent travailler ensemble sur cette pandémie, en particulier pour l’Afrique. On a Unitaid, qui sert justement à favoriser l’accès à la santé, à ses équipements et à beaucoup de choses. On a le Fonds mondial, qu’on évoquait. Tout cela, on doit réussir, avec l’OMS [Organisation mondiale de la santé], à mettre à la fois une partie des financements, l’expertise qu’on a, c’est-à-dire la recherche formidable, mais aussi la diffusion, mobiliser les grandes fondations, je pense à la fondation Gates, à One et à plusieurs, qui ont mis beaucoup d’argent, de capital politique aussi dans cette affaire, et toutes les ONG… Pour dire : « On avance partout sur les essais cliniques et le traitement. Mais on se met en situation, le jour où on a un traitement, de le rendre accessible au continent africain en même temps qu’il sera accessible chez nous ». Donc pas d’histoires de propriété intellectuelle, pas d’histoires de délais, pas d’histoires de sous : on se met en capacité de le faire.
Et pour le vaccin, pareil ! Pour accélérer le manufacturing du vaccin le jour où on l’a, c’est-à-dire sa production en grande quantité, pour permettre aux pays développés comme aux pays en développement et aux pays pauvres d’y avoir accès dans les meilleurs délais. Et donc on brûle les étapes pour permettre de l’avoir au plus vite.
De ce volet sanitaire, on arrive donc au volet recherche. Il y a d’éminents épidémiologistes en Afrique, on l’a vu lors de la riposte contre Ebola. Malheureusement, il n’y a pas toujours les infrastructures nécessaires. Comment faire en sorte que tout soit connecté ?
Il y a beaucoup d’instituts de recherche français, internationaux. Vous parliez du Pr Raoult qui travaille lui-même à l’IHU de Marseille, avec beaucoup de partenaires en Afrique, et qui me disait combien il était frappé de l’excellence de plusieurs centres, et de la qualité à la fois des chercheurs et des infrastructures...
Il a travaillé avec l’IRD [Institut de recherche pour le développement], à Dakar.
Exactement. Il y a aussi l’Institut Pasteur, qui a aussi une présence forte en Afrique. L’idée, c’est qu’on puisse articuler un réseau de compétences, d’expertises, qui permette à la fois de mutualiser le savoir entre ce que l’Asie, l’Europe, les États-Unis ont vécu, pour que très vite, ça se diffuse dans la communauté académique, de recherche, mais aussi de cliniques en Afrique. De permettre les échanges accélérés entre les pays, et c’est aussi pour ça que l’Union africaine a un rôle clef : elle est en quelque sorte ce qui va permettre d’étayer ce réseau. L’idée, c’est vraiment de créer ce réseau d’excellence africain, de centres d’expertise, pour le contrôle, la prévention des grandes pandémies telles qu’on est en train d’en vivre, et de créer une grande coalition pour la prévention de ces pandémies, et de s’assurer que les réseaux qui, parfois, sont séparés les uns des autres, se mettent à travailler ensemble.
Vous savez qu’en Afrique, beaucoup de gens travaillent dans l’informel, et qu’ils travaillent le jour pour manger la nuit. Donc le confinement, ça ne marche pas. Sur le plan humanitaire, quelles sont les urgences ?
Vous avez parfaitement raison, et d’ailleurs beaucoup de présidents et de Premiers ministres africains que j’ai rencontrés m’ont fait part de cela. Il y a de l’économie informelle, il y a de la circulation régionale, le fait que pour manger, on ait besoin d’avoir accès aux lieux où on distribue la nourriture et de continuer à procéder de cette économie… Donc le confinement complet, comme on dit aujourd’hui en Europe, ne peut pas fonctionner exactement de la même manière. Il faut qu’il puisse malgré tout se mettre en place pour prévenir. Et donc il crée, si je puis dire, une situation dramatique au carré, qui est qu’on a les régions les plus vulnérables qui ont, en plus, un sujet d’accès à la nourriture, d’accès aux soins primaires. Et donc une crise humanitaire qui est en train de poindre. On l’a d’ailleurs parfaitement vu à chaque fois qu’Ebola intervient dans certaines régions.
On connaît cette situation. Notre crainte, c’est qu’elle se multiplie avec le Covid-19, qu’elle vienne se rajouter à ce que certaines pandémies créent. Et donc les populations et les régions les plus vulnérables ont en effet un besoin de réponse humanitaire. Là, la réponse passe par l’Organisation des Nations unies, ce qu’on doit mettre derrière le Programme alimentaire mondial. Et donc le troisième volet, en effet, de cette initiative, c’est un volet humanitaire, en lien avec le Programme alimentaire mondial et l’ONU. Avec sans doute une mobilisation de ce que nous avons, par le truchement des Nations unies, partout en Afrique, qui est notre présence, parfois militaire, mais qui peut aider et soutenir cela, et qui est d’accéder aux populations les plus fragiles, les plus loin de ces besoins de base, pour s’assurer qu’ils ont un accès aux soins primaires, à l’alimentation et à la survie.
Le quatrième axe de votre action coordonnée, c’est le volet économique, le volet financier. Les pays africains doivent rembourser quelque 365 milliards de dollars à leurs créanciers. Comment allez-vous convaincre ces créanciers, publics mais aussi privés, chinois, européens, américains, de renoncer à une telle somme ? C’est colossal !
Quand on regarde comment toutes les économies développées ont répondu à la crise, on a fait deux choses : un choc de politique monétaire et un choc de politique budgétaire. Les banques centrales, la Banque d’Angleterre, la FED, la BCE, ont eu une politique monétaire massive au mois de mars, sans précédent en termes de rapidité et de magnitude. Et ensuite, une réponse budgétaire, que les gouvernements sont en train de prendre.
Dans ce contexte, il n’y a pas d’équivalent monétaire sur le continent africain, et c’est la double peine : il n’y a pas la possibilité de faire cette création monétaire et ce mouvement justement nécessaire aux économies. En plus, on assiste, dans ces pays qui étaient en train d’émerger, à une fuite des capitaux qui accroît leurs difficultés. La réponse, l’équivalence, c’est ce que le FMI fait avec les bonds de tirage spéciaux. C’est cet objectif des 500 milliards, et on doit réussir à pousser cela et à allouer le maximum qu’on peut. C’est le premier pilier.
Le deuxième, sur le plan budgétaire, il passe par le sujet du service de la dette, ce que vous avez évoqué. Vous avez rappelé les chiffres, et ils sont cruels. Chaque année, un tiers de ce que l’Afrique exporte sur le plan commercial sert à servir sa dette. C’est fou ! Et on a accru ce problème ces dernières années. Je souhaite qu’on apporte une réponse la plus forte possible sur ce sujet, parce qu’il n’est pas soutenable. Je l’ai dit hier aux Français : je suis favorable à une initiative d’annulation de dette massive, c’est le seul moyen d’y arriver.
À court terme, on a eu une discussion. Il y a quatre représentants spéciaux qui ont été mandatés par l’Union africaine, ils ont fait des propositions que j’ai souhaité qu’on reprenne. Ces propositions, c’était de dire : « moratoire ». Parce qu’on a beaucoup discuté, ils ont beaucoup travaillé. Ils disent : « L’annulation, on n’y arrivera pas tout de suite ». Mais le moratoire, ça veut dire quoi ? Ça veut dire on ne rembourse plus les intérêts, vous nous laissez de l’oxygène. On étale cette dette, et on peut peut-être mettre tout le monde d’accord autour de cette idée.
Mercredi soir, le G20 Finances doit acter, je touche du bois, en tout cas on y a mis tout notre capital politique, de ce moratoire sur les dettes à l’égard de l’Afrique. Moratoire qui touche les membres du club de Paris, mais aussi la Chine, la Russie, l'ensemble des économies du Golfe, et les grands bailleurs multilatéraux. C’est une première mondiale. Ça veut dire que le temps de la crise, on laisse les économies africaines respirer et ne pas servir les intérêts de la dette. C’est une étape indispensable, et je pense que c’est une formidable avancée.
Maintenant, elle doit précéder d’autres étapes sur lesquelles nous devons travailler, qui sont des étapes de restructuration de la dette africaine. Il faut le faire sans évidemment pénaliser les pays africains les plus rigoureux, qui se sont attachés à avoir une politique de soutenabilité. Mais on ne peut pas non plus dire : « Cet effort ne sera fait que par quelques-uns, et les autres ne le feront pas. » Il doit être, si je puis dire, le même chez tous les grands bailleurs.
Les Chinois sont détenteurs de quelque 40 % des créances actuelles sur l’Afrique. Est-ce que vous avez parlé avec le numéro 1 chinois, Xi Jinping ? Est-il d’accord pour rééchelonner cette dette, voire pour l’annuler, comme vous l’avez demandé ?
Je n’ai pas eu une discussion avec lui sur ce sujet. Je sais pour lui l’importance que revêt l’Afrique. Je ne doute pas une seule seconde que pour le président chinois, la situation aujourd’hui de l’Afrique justifie un geste de cette importance. Donc c’est une discussion que nous aurons, soit dans le cadre d’un G20, s’il pouvait se tenir dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines, soit sur un plan bilatéral, parce que je vais le solliciter sur ce point. Mais je pense que c’est un geste important que la Chine doit faire pour accompagner ce travail. Ce qui est sûr, c’est que vous avez rappelé les chiffres : la Chine est aujourd’hui un grand bailleur du continent africain. Tous les bailleurs du continent africain doivent être dans cette logique d’efforts pour aider le continent africain à traverser cette crise. Et donc elle y aura son rôle et sa part.
Et les créanciers privés ?
Je l’ai dit : tous. Moralement, humainement, c’est notre devoir, de manière partenariale avec l’Afrique. Donc je pense que les bailleurs publics, privés, bilatéraux et multilatéraux, doivent s’engager dans cette logique. Moi, j’ai donné un horizon. Maintenant, on doit réussir, tous, à se mettre autour de la table et mener ce travail. C’est inédit.
Un mot sur la question monétaire dont vous avez parlé tout à l’heure en Afrique. Les pays les plus touchés par la crise économique consécutive à ce virus, ce sont les pays pétroliers d’Afrique centrale. Est-ce qu’une dévaluation du franc CFA est à craindre dans la zone Cemac ?
On n’en est pas là, et là-dessus, je pense qu’il faut toujours essayer la stabilité et la cohérence d’une politique régionale. Ce qui est vrai, c’est que plusieurs pays qui ont une forte dépendance au pétrole – mais vous savez, il y a aussi une baisse très forte de plusieurs matières premières, je l’évoquais – sont aujourd’hui en situation extrêmement difficile, sur le plan budgétaire comme sur le plan du régime de change. Donc c’est une discussion, ce n’est absolument pas à moi de dire ça aujourd’hui. C’est avant tout aux leaders de ces pays et aux instances régionales d'en décider.
Notre rôle, c’est d’accompagner les leaders de ces pays, leurs acteurs économiques comme leurs institutions, pour absorber ces chocs et aider à réussir. Et aider à ce qu’on lutte contre la pauvreté et qu’on permette aux opportunités économiques de se multiplier.
Dans une tribune à Jeune Afriqueque vous avez dû lire, un certain nombre de grands intellectuels appellent aussi à la mobilisation, notamment des chercheurs africains, des diasporas africaines, mais ils ajoutent : « Attention au catastrophisme et au paternalisme de certains pays du Nord. [...] La pandémie du coronavirus a offert à certaines chancelleries occidentales matière à réactiver un afro-pessimisme que l’on croyait d’un autre âge ».
Je ne suis pas pour l’afro-pessimisme, ils ont raison. Je l’ai dit à Ouagadougou, en novembre 2017 : je crois très profondément dans l’Afrique, dans la jeunesse africaine, dans les capacités de l’Afrique. Et je pense que le destin de la France dans le siècle qui s’ouvre, ma génération comme les leaders qui viendront, et les autres générations de dirigeants économiques, intellectuels, politiques, français et européens, c’est plutôt d’être des partenaires, d’aider les Africains à réussir, qu’en effet de leur expliquer les choses. Et donc je comprends très bien l’état d’esprit de cette tribune, et je la partage. Et d’ailleurs, moi je pense que notre rôle, c’est de bâtir avec les Africains ce qui est utile pour eux.
Donc, c’est plutôt d’essayer de voir ce qu’en Afrique émerge comme solutions, des Africains en Afrique comme des diasporas, et de les aider à advenir et se multiplier. Les diasporas sont en train d’inventer des choses formidables. Il y a des initiatives, là aussi, pour répondre au sujet humanitaire, sur le sanitaire… Donc, je partage l’esprit qu’il y a là. Je pense qu’il faut simplement ne pas tomber dans le catastrophisme, parce que je crois profondément que l’Afrique a la force morale et la résilience pour résister au virus. Simplement, elle a aussi des difficultés propres, et on doit l’aider à les surmonter, par partenariat.
Le coronavirus et la stratégie… Côté militaire, on apprend que quatre soldats français de l’opération Barkhane ont été testés positifs au coronavirus, et que trois d’entre eux ont été rapatriés. Avez-vous connaissance d’autres cas ? Les engagements pris à Pau pour renforcer le dispositif anti-jihadistes dans la zone des trois frontières vont-ils être respectés ?
On a forcément des aléas liés au virus. D’abord, nous sommes très scrupuleux avec les militaires de la force Barkhane, et c’est normal. On a, dans un dialogue avec les cinq pays du Sahel où ils sont déployés, une politique sanitaire très rigoureuse. Ils sont mis en quarantaine avant d’arriver sur le sol, ils sont testés quand ils ont des symptômes. Et ça vous montre le sérieux avec lequel tout cela est suivi. Je pense que c’est parfaitement légitime.
Nous continuons le travail et d’ailleurs, les semaines qui ont suivi Pau ont montré l’efficacité des décisions que nous avions collectivement prises. Mes amis du Sahel avaient décidé, à Pau, d’accélérer la mise en place d’un centre de renseignements commun à Niamey. Ça a été fait de manière très rapide. On en a obtenu les résultats. On a beaucoup mieux suivi les choses et on a eu des opérations à succès dans le Gourma et quelques autres régions contre les jihadistes. On a eu quelques opérations avec succès au Niger ou au Mali.
L’opération se poursuit. Simplement, il y a deux choses qu’il faut prendre en compte par rapport au plan de charge que nous avions déployé à Pau. La première chose, c’est évidemment le Covid-19 qui ralentit un peu les choses, parce que chacun a ses préoccupations sanitaires à gérer. Mais cela ne les divertit pas pour autant, parce que les armées continuent à être mobilisées, nous continuons les opérations.
Il y a de nouveaux cas dans l’armée française ?
Non, il n’y a pas, à ma connaissance, de nouveaux cas. La deuxième chose, c’est qu’il y a eu une offensive extrêmement dure de Boko Haram et associés, si je puis dire, dans la région du lac Tchad. Je veux ici redire notre solidarité à l’égard du Tchad et de son peuple, parce qu’ils ont été durement touchés. L’armée tchadienne a subi des pertes importantes dans un premier temps. Elle a ensuite réagi fortement. Mais ça a conduit l’armée tchadienne à se mobiliser. Non seulement sur son sol, mais aussi au Nigeria, au Niger et au Cameroun. Et je veux saluer vraiment l’esprit de responsabilité, le courage des soldats et du peuple tchadiens qui, alors même que c’est un terrain d’opérations très difficile, se sont mobilisés pour lutter contre ces mouvements terroristes et ont repris le terrain qui était perdu. Ils ont aussi défendu la souveraineté de leurs voisins et se sont battus contre les terroristes. Et le président Déby l’a dit : mobilisé sur cette partie de son territoire, il n’a pas pu déployer le bataillon qui était prévu sur le fuseau central. Ça, c’est un changement par rapport à Pau. Mais il est légitime, parce que le terrorisme n’est pas que dans la zone des trois frontières au Sahel, il est aussi dans la région du lac Tchad.
Donc c’est un coup dur pour le dispositif dans la zone des trois frontières...
Un coup dur, non ! C’est un événement qu’il faut prendre en compte, auquel il faut apporter toute notre solidarité, et il faut noter que l’armée tchadienne a réagi avec beaucoup de force et a conduit des opérations avec de vrais succès militaires et des pertes lourdes du côté de Boko Haram. Donc le front, il est sur plusieurs endroits. Il est normal d’être aussi mobile.
Par contre, les choses avancent. Plusieurs points ont été repris et des pertes lourdes du côté des jihadistes dans la partie sahélienne à la suite de Pau. Donc l’agenda de Pau avance, nous continuerons d’être avec les forces Barkhane, mais aussi avec nos partenaires européens et internationaux en soutien complet des gouvernements et des peuples du Sahel.
Pour moi, la prochaine étape, c’est de faire ce qui avait été prévu il y a quelques semaines, et avait dû être décalé, au niveau multilatéral : aller chercher nos autres partenaires européens et internationaux pour accroître l’association à la lutte contre le terrorisme, et cette fameuse force Tacouba, accroître l'engagement pour aider les armées africaines à monter en capacité, et accroître l’engagement financier pour aider à consolider soit la partie développement, soit la partie retour de l’administration dans toutes les zones difficiles, parce que je vous rappelle que les quatre piliers de Pau, ce sont ceux-là.
Et le rendez-vous de Nouakchott est maintenu?
Le rendez-vous de Nouakchott est maintenu.
Il y a deux semaines, au micro de RFI et France 24, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a lancé un appel vibrant à tous les belligérants de tous les pays en guerre pour qu’ils respectent une trêve coronavirus. Un groupe de séparatistes camerounais a entendu cet appel, l’Arabie saoudite semble avoir entendu cet appel en ce qui concerne le Yémen. Comment se fait-il que vous, les cinq pays permanents du Conseil de sécurité, vous n’avez pas relayé cet appel ?
La France l’a relayé fortement, cet appel. Mais chacun l’a relayé. Ce que nous souhaitons, c’est en effet que pour la première fois, sous cette forme ad hoc, les cinq leaders de ce qu’on appelle le P5, les membres permanents du Conseil de sécurité puissent ensemble faire un point et relayer cet appel, et même porter plus loin plusieurs de leurs préoccupations. Donc je souhaite que dans les prochains jours, nous puissions aller en ce sens.
Le président Xi Jinping m’a confirmé son accord. Le président Trump m’a confirmé son accord. Le Premier ministre Boris Johnson m’a confirmé son accord. Je pense qu’à coup sûr, le président Poutine sera d’accord aussi. Le jour où il l’est, nous pouvons avoir cette visioconférence et donc le relayer avec beaucoup de solennité, de force, et encore plus d’efficacité.
Dans les prochains jours ?
Je l’espère.
Vous avez parlé récemment avec Vladimir Poutine ?
Je lui ai parlé au début du lancement de cette initiative. Depuis que j’ai eu les confirmations fermes des autres leaders, je ne lui ai pas parlé. Et donc je compte le faire dans les prochaines heures.
Les Français de l’étranger. Il y a les non-résidents, touristes et visiteurs, et puis il y a les résidents, les expatriés. Beaucoup vivent dans l’angoisse. Qu’est-ce que vous leur dites, aujourd’hui ?
La France protège tous ses enfants. Et donc dans les pays où vous êtes, il faut suivre les règles de confinement les plus strictes, être en lien avec l’ambassade, le consulat. S’il y a le moindre soupçon, être en lien avec les services de santé, avec un protocole qui est élaboré par le Quai [d’Orsay] en lien avec chaque ambassade, qui permet justement de protéger dans l’idéal, évidemment, compte tenu des contraintes sur le lieu de résidence, mais avec aussi des évacuations sanitaires pour les cas les plus critiques, lorsqu’ils existent.
J’ajoute à cela juste un point : nous sommes en train de travailler pour certaines situations à une politique de soutien aussi pour certains de nos ressortissants qui sont dans la difficulté, compte tenu justement des fermetures de certaines économies, pour qu’il y ait un soutien aussi économique et social à l’égard de certains de nos ressortissants, car je pense que c’est une réponse indispensable. Donc dans les prochains jours, avec le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, nous finaliserons une réponse en soutien sur ce sujet.
Et si les quelque trois millions de Français qui résident à l’étranger se mettent à vouloir rentrer un jour, comment allez-vous gérer un tel rush ?
Il y a une planification qui est justement faite au Quai d’Orsay. Je ne pense pas qu’on soit jamais dans la situation où il y a partout, du monde entier, les Françaises et les Français qui seraient amenés à revenir. Mais nous devons nous préparer, d’abord et dans un premier temps, à gérer, dans les pays, auprès de nos ressortissants, les situations qui viendraient à se compliquer. Et donc c’est la priorité. Ensuite, de nous mettre en situation de rapatrier, si besoin était, mais uniquement en situation de crise et avec du discernement.
Avec des plans en coordination avec le ministère de la Défense.
Exactement.
Monsieur le Président, merci d’avoir reçu Radio France Internationale.
Merci à vous. Courage en cette période, et je veux vraiment avoir un message d’amitié d’abord pour tous nos amis d’Afrique. Je le dis aussi, parce que vous l’avez évoqué : il ne faut pas avoir de catastrophisme. Et je veux le dire aussi parce que j’ai été frappé, comme vous, par des propos inconséquents qui ont été tenus par certains chercheurs français et ont blessé, à juste titre, nos amis africains. Et je veux ici les condamner avec beaucoup de force, et dire que la France n’a jamais considéré que l’Afrique était un lieu d’expérimentation de la médecine.
C’est aussi pour cela que j’ai eu toutes ces précautions quand vous m’avez parlé de la chloroquine. On est en France aux essais cliniques sur l’hydroxychloroquine-azithromycine. Donc ce qui est en France à l’essai clinique, chez mes amis, doit rester à l’essai clinique, et pas au niveau du traitement répandu. Je veux donc avoir ce message d’amitié et d’excuses, et je veux, à l’égard de tous nos compatriotes qui vivent à travers l’Afrique, avoir le même message d’amitié à l’égard aussi de tous vos collègues qui font ce beau métier d’informer. Ils le font parfois dans des conditions encore plus difficiles, avec la peur pour eux et des conditions sanitaires dures, et je veux les en remercier.
par Oumou Wane
COVID-19 : LE SÉNÉGAL RÉSISTE !
L’OMS, les Nations-Unies nous prévoyaient le naufrage, voyez comme on navigue ! Sans une politique réactive et ferme, nous ne pourrions aujourd’hui nous vanter des mesures déployées en un temps record pour endiguer la pandémie
L’ensemble des souffrances infligées par le Covid-19 n’en sont apparemment qu’à leurs débuts.
Le nombre de cas varie, mais une constante demeure. Notre monde moderne, globalisé, et finalement si sûr de lui et de sa toute puissance n’a pas su voir venir le petit intrus, invisible et meurtrier.
Un ennemi vicieux, rapide et invisible, qui en si peu de temps a détruit tant de vies, et mis à plat nos économies, et restreint nos libertés si durement acquises. Cet ennemi de l’intérieur, n’a qu’un leitmotiv : « je frappe donc je suis », de manière aléatoire et sans aucune logique connue aujourd’hui.
Néanmoins, dans cette logique meurtrière, le virus a su trouver en face une grande nation d’irréductibles qui n’a jamais cessé de croire en la protection de Dieu. Un pays alerte qui a su apprendre des vulnérabilités des autres afin de trouver des solutions pragmatiques face à un ennemi invisible.
Dans un mélange de sagesse et d’extrême lucidité, le Sénégal a su préparer ses atouts pour contrer la trajectoire macabre du Covid-19.
Une fois le constat établi, je ne peux m’empêcher de saluer l’effort présidentiel.
Sans une politique réactive et ferme, nous ne pourrions aujourd’hui nous vanter des mesures déployées en un temps record pour endiguer la pandémie.
Etant depuis six semaines captive des politiques balbutiantes italiennes, pour ne pas dire européennes, les tergiversations ont révélé les failles d’un système que l’on croyait à tort inébranlable.
C’est par l’addition de ces constats et d’une vision teintée d’expériences que je me dois d’annoncer une triste nouvelle à ceux qui profiteraient de la confusion pour fustiger un pays, qui fait l’admiration du monde entier dans sa gestion de la crise.
L’OMS, les Nations-Unies nous prévoyaient le naufrage, voyez comme on navigue !
Oui, actuellement, le Sénégal est en train de faire un sans faute.
Non, nous ne ferons pas partie de ces nations qui au sortir de la crise auront honte de leur chef d'État. Macky Sall a pris immédiatement les mesures justes pour préserver les populations. Il a consulté toutes les composantes de notre société et mis 1000 milliards de francs cfa sur la table pour contrer le virus… De plus, il a appelé la communauté internationale à annuler la dette de nos pays, appel qui a reçu des échos favorables !
Oui, les temps seront difficiles, mais une guerre ne se gagne pas sans efforts.
Dès le début de la crise Macky Sall a su s’entourer de lumières dans leurs domaines, pour faire front à ses côtés dans le combat contre le coronavirus.
Indéniablement, nous pouvons lui reconnaître ceci : un dévouement extrême à l’exercice de ses fonctions, donnant l’impulsion nécessaire à celui qui veut maîtriser plutôt que celui qui ne cherche que constats pour établir des critiques… En politicien aguerri, il a su que les enjeux étaient autres cette fois-ci, que ses actions auraient une réponse dans l’Histoire.
Je me permets un instant de sortir de mes constats pour vous parler de faits plus factuels, mais tout aussi aberrants.
Confinée en Italie, s’il venait à m’arriver quelque chose, je demande à l’Etat sénégalais de m’assurer une tombe ici.
Dans un pays comme l’Italie où même mourir est devenu un casse-tête chinois, je pense qu’il n’est pas sérieux de la part de certains de nos compatriotes de véhiculer certaines peurs. Il serait responsable d’approfondir la réflexion et d’étudier avec les autorités toutes les options. En effet, il n’y a plus de place dans les morgues, encore moins dans les cimetières et la crémation n’arrive même plus à absorber tous ces morts.
Je n’ai alors qu’une question : pourquoi est-ce que le contribuable sénégalais débourserait-il tant d’argent pour rapatrier des dépouilles dans un espace aérien fermé ? A noter d’ailleurs, si les décès de nos compatriotes devaient être plus élevés, comment l’Etat pourrait-il affréter des avions cargo à cout de milliards pour des rotations journalières avec des escales qui ne seraient certainement pas autorisées par certains pays ?
Nous sommes d’accord sur la réponse. Pour autant, cela n’empêche pas certains sénégalais d’Italie, qui, abandonnant toute logique, préfèrent s’adonner à une politique de comptoir, feignant d’ignorer les vrais enjeux auxquels nous sommes confrontés au quotidien. Il est aisé de demander à l’Etat de faire l’impossible mais restons raisonnables. Le Covid-19 est une situation exceptionnelle !
Notre terre n’a rien à envier à quiconque, même pas à New-York qui enterre ses citoyens dans des fosses communes, sur une île au large de la ville.
C’est pour cela que nous nous devons d’être solidaires.
Solidaires avec nos médecins. Solidaires avec nos champions.
Solidaires avec nos ministres.
Solidaires avec notre président.
Solidaires ensemble, pour faire face à la chevauchée infernale du coronavirus.
Solidaires et à nos places, les hommes qu’il faut à la place qu’il faut pour : revaloriser l’éducation, hisser la santé en priorité absolue. Développer notre agriculture et notre petite industrie. Etre autonomes et autosuffisants !
C’est sans détour que je dédie cet éditorial à nos champions, qui pour y arriver ont besoin d’une discipline nationale et citoyenne.
Au gré de ma mémoire, je cite : Dr Abdoulaye Bousso, Pr Moussa Seydi, Pr Mboup, Dr Amadou Sall, Dr Aloise Waly Diouf, et tant d’autres dans les tranchées et en première ligne…
Cher président Macky Sall, que ces mots du Marechal Joffre puissent vous accompagner le temps de cette crise et bien après :
« Mon aile droite est enfoncée, mon aile gauche faiblit, excellente situation, j’attaque au centre ! »
Sur cette citation, je vous laisse méditer et vous incite à continuer à nous préserver de tous les obscurantismes pour que notre Sénégal sorte de cette épreuve plus forte et plus unie.
LES CRAINTES DU SECTEUR PRIVÉ
Tout licenciement autre que celui motivé par une faute lourde du travailleur est désormais interdit au Sénégal durant cette période de crise sanitaire du coconavirus. Certains dénoncent une initiative gouvernementale "digne des économies dirigistes"
francetv.info |
Martin Mateso |
Publication 15/04/2020
Des dizaines de milliers d'emplois en danger. C'est l'une des conséquences tant redoutées au Sénégal pour cause de pandémie de coronavirus. Comment préserver l'emploi, surtout dans le secteur privé fragilisé ? Le président sénégalais Macky Sall a pris les devants pour dissuader ceux qui "prendraient prétexte" de la crise sanitaire pour se débarrasser de leurs employés. Il a interdit par ordonnance tout licenciement, sauf en cas de faute grave.
La crainte "d'un cycle de licenciement massif"
Selon le ministre sénégalais du Travail, Samba Sy, une enquête menée par les inspections du travail et de la Sécurité sociale indique une baisse significative de l'activité économique dans des secteurs tels que l'hôtellerie, le commerce, le tourisme, la restauration et les transports.
"La crise sanitaire commence à générer des réductions ou des pertes de salaires pour des milliers de travailleurs. Si l'on n'y prend garde, tout cela peut déboucher sur un cycle de licenciements massifs et menacer la stabilité sociale" - Samba Sy, ministre du Travailà la presse sénégalaise
Pas question donc de licenciement. Pas question non plus de rémunérer un travailleur en chômage technique en dessous du salaire minimum requis. L'employeur est tenu de le payer à hauteur de 70% de son salaire moyen net dès trois mois d'activité. La mesure a suscité l'émoi dans le secteur privé du Sénégal.
"L'Etat confine le patronat"
Les employeurs du secteur privé dénonçent une mesure aux conséquences graves. "L'Etat confine le Patronat", commente le journal Sud Quotidien. Un titre qui résume l'état d'esprit qui règne dans le milieu du patronat sénégalais. Les patrons jugent insuffisantes les mesures annoncées par le gouvernement pour accompagner cette nouvelle. Elles portent notamment sur des remises et des suspensions d'impôts. Pour le président de la commission sociale du Conseil national du patronat (CNP), les entreprises ne seront pas en mesure d'honorer les salaires imposés par le gouvernement.
"En réalité, il s'agit d'un arrêt tout simplement des activités. Il n'y a pas de rentrée d'argent. Ce sont ces recettes qui aident à payer les salaires. C'est le désarroi total" - Charles Faye du Conseil national du patronat du Sénégal à RFI.
Afin d'éviter le chômage technique, les employeurs sont invités à rechercher avec les délégués du personnel "des solutions alternatives", telles que la réduction des heures de travail, le travail par roulement, l'anticipation des congés payés ou le travail à temps partiel. Les syndicats sont bien sûr ravis. Ils saluent une mesure humanitaire destinée à protéger les travailleurs contre l'arbitraire.
"Les patrons sont obnubilés par leur intérêt personnel. Ils ont voulu nous sacrifier sans se soucier des pères de familles qui ont travaillé avec eux pendant des années. On a peur qu'il y ait des réticences, mais nous n'allons pas accepter", avertit Pape Berenger, président de l'Association des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration, dans les colonnes du journal Sud Quotidien.
"Une mesure digne des économies dirigistes"
Le site du quotidien sénégalais Tract pointe une initiative gouvernementale "digne des économies dirigistes" qui risque de remettre en cause la viabilité économique des entreprises du pays. "Il est à craindre, hélas, que ces mesures contraignent beaucoup de petites et moyennes entreprises (PME) à mettre la clé sous le paillasson", commente le journal en ligne.
15 NOUVEAUX CAS TESTÉS POSITIFS AU CORONAVIRUS
Dans le communiqué du 15 avril du ministère de la Santé et de l'Action sociale, qui a fait le point sur la situation du jour sur le Covid-19 dans le pays, il est mentionné que sur 227 tests réalisés, 15 sont revenus positifs.
Le Sénégal dépasse la barre des 300 cas infectés au coronavirus ! Dans le communiqué du 15 avril du ministère de la Santé et de l'Action sociale, qui a fait le point sur la situation du jour sur le Covid-19 dans le pays, il est mentionné que sur 227 tests réalisés, 15 sont revenus positifs.
La directrice générale de la Santé publique et présidente du Comité national de gestion des épidémies, Docteur Marie Khémesse Ngom Ndiaye d'indiquer que d'après les résultats des examens virologiques, il s'agit de 14 cas contacts suivis par les services du ministère et d'un (1) cas issu de la transmission communautaire.
Elle a, par ailleurs, annoncé que 7 patients hospitalisés ont été contrôles négatifs. Non sans déclarer que l'état de santé des malades hospitalisés est stable.
La présidente du Comité national de gestion des épidémies a rappelé qu'à ce jour, 314 cas ont été déclarés positifs au Sénégal. Il s'agit 190 guérisons, 2 décès, 1 évacué et encore 121 patients sous traitement dans les hôpitaux.
En outre, le ministère de la Santé et de l'Action sociale a exhorté les populations "au respect scrupuleux des mesures de protection individuelle et collective".
LA COURBE DES CONTAMINATIONS AU COVID-19 ET L’AIDE D’URGENCE À LA UNE
Dakar, 15 avr (APS) – Les quotidiens reçus mercredi à l’APS s’intéressent toujours à l’évolution de la courbe des contaminations au Covid-19 et à l’attribution des marchés relatifs à l’acquisition et au transport de l’aide d’urgence destinée aux familles vulnérables.
En attendant les nouveaux chiffres du ministère de la Santé, prévus à 10h, le Sénégal compte à ce jour, 299 cas de coronavirus dont 183 guéris. Deux patients sont décédés et un autre évacué en France. Au total, 113 patients sont sous traitement dans les établissements de santé. 8 nouvelles contaminations au nouveau coronavirus dont deux issues de la transmission communautaires ont été rapportées mardi.
Encore deux nouveaux cas de transmission communautaire du Covid-19 aux Parcelles-Assainies et à Mbour, dans la banlieue de Dakar, selon le journal Libération.
’’La propagation de cas communautaires dans la région de Dakar préoccupe au plus haut les autorités sanitaires’’, écrit le quotidien après avoir appris que le ministre de la Santé ‘’va réunir cette semaine tous les spécialistes impliqués dans cette guerre pour adopter une +stratégie très ferme+ devant permettre de faire face à cette bombe communautaire’’.
Le Quotidien s’intéresse à la région de Louga où 27 personnes ont été testées positives en une semaine. ‘’Louga, lot d’inquiétude’’, selon la publication.
Dans sa livraison du jour, L’Observateur livre ‘’les témoignages poignants’’ de l’émigré qui a contaminé une dizaine de personnes à Touba. ‘’Quand j’ai appris qu’on m’a décrit comme le premier patient Sénégalais à avoir introduit la maladie au Sénégal, cela m’a créé beaucoup d’émotion (…) Je demande pardon à tous les Sénégalais (…)’’, confie Yaram Mar.
Concernant l’attribution des marchés relatifs à l’acquisition et au transport de l’aide d’urgence destinée aux familles vulnérables, Source A met en exergue ‘’le défaut de publication de l’attribution du marché de convoyage des denrées alimentaires filé’’ au député et homme d’affaires Diop Sy. ‘’ça sent louche’’, dit le journal.
La publication estime que si le ministre du Développement communautaire ‘’souhaite éclairer les pans d’ombres qui entourent le jackpot qu’il a filé à l’homme d’affaires et député Demba Diop Sy alias Diop Sy, ‘’il lui suffira juste de procéder à la publication de l’attribution de ce juteux marché’’.
Mansour Faye, le ministre du Développement communautaire a assuré que ‘’les frais de transport vont coûter au plus 1, 5 milliards de francs Cfa’’. De son côté, le député Demba Diop Sy dont l’entreprise a gagné une partie du marché répond : ‘’ (…) ça tourne autour de 1, 5 à 2 milliards de francs Cfa. Ce montant est destiné à convoyer l’aide à un million de familles. (…) le transport réel pour convoyer l’aide alimentaire est de 2000 francs Cfa par famille’’.
Parlant de ‘’nébuleuse autour des denrées destinées aux familles démunies’’, Vox Populi titre : ‘’Le virus infecte le riz de Mansour Faye’’. ‘’En cause, selon le journal, deux marchés de riz pour 17 milliards attribués à Avanti et Afri and Co appartenant au propriétaire de Planet Kebab’’.
Dans le journal L’As, Rayan Hachem dont les sociétés ont gagné ce marché du riz déclare qu’il n’a ‘’rien à cacher’’. ‘’Ma société Avanti suarl importe du riz depuis maintenant 4 ans, je fais partie des majors. Le prix de la tonne dans l’appel d’offres est inférieur au prix sur le marché, donc c’est par patriotisme que j’ai soumissionné. Je ne sais pas quand est ce qu’on me paiera mon argent, j’ai pris un risque’’, explique-t-il.
Le Soleil a interrogé le philosophe Souleymane Bachir Diagne sur le coronavirus depuis New-York où il est confiné. Selon lui, ‘’l’homme vaincra par sa science et sa raison’’.
BIRAHIM SECK CRACHE SES VÉRITÉS !
Le coordonnateur du Forum Civil, Birahim Seck aussi, n’y va pas par le dos de la cuillère. Il parle d’aberration et de manque de transparence dans l’attribution du marché.
La polémique ne faiblit toujours pas autour de l’attribution des marchés d’acquisition et de transport de l’aide alimentaire d’urgence destinée aux ménages vulnérables. «Bizarrerie, incohérence, discrimination, favoritisme», chacun y va de ses mots pour commenter cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive. Le coordonnateur du Forum Civil, Birahim Seck aussi, n’y va pas par le dos de la cuillère. Il parle d’aberration et de manque de transparence dans l’attribution du marché.
Aberration, subterfuge pour surfacturer
«Rien ne nous surprend dans cette situation. Parce qu’en réalité, lorsque le ministre en charge du développement communautaire, à travers le commissariat à la sécurité alimentaire, avait lancé un avis de commande d’urgence pour l’achat des vivres et le transport de ces vivres, nous avions alerté et attiré l’attention du ministère sur le fait que les critères de sélection des transporteurs étaient discriminatoires.
Autrement dit, c’est des critères basés sur le favoritisme. Il n’y a pas d’objectivité, sur le fait de demander aux soumissionnaires d’avoir au moins 50 camions pour participer au marché. On dit que c’est une aberration, mais également un ………. pour faire de la surfacturation.», a déclaré le Coordonnateur du Forum Civil, joint par Igfm.
Barahim Seck qui ne cache pas ses réserves quant à la transparence dans l’attribution des marchés de l’acquisition et du transport des vivres, soutient avoir alerté et tenté d’attirer l’attention des autorités sur le jeu bizarre qui était en train d’être organisé autour de ce marché.
Risques de collusion et de rétrocommissions
«Ces genres de pratiques ont souvent pour but de créer des collusions, des ententes entre des entreprises ou politiques. Ce sont des pratiques qui ont pour objectif de favoriser ce qu’on appelle la rétrocommission. Nous avions attiré l’attention du ministère pour corriger cela. Mais on se rend compte qu’il y a toujours ce jeu bizarre auquel on assiste pour l’attribution de ce marché.
Déjà pour l’acquisition des vivres, nous avons lu dans un journal de la place, un avis d’attribution assez bizarre pour quelques entreprises, et on nous a seulement donné le montant gagné par chaque entreprise. Alors que lavis d’attribution ne renseigne nullement sur le nombre de tonnes attribué à chaque fournisseur.
Egalement, l’avis d’attribution ne donne aucune information sur le prix de la tonne que chaque soumissionnaire a présenté au ministère. C’est un Grand problème sur la question du marché des vivres.», a-t-il regretté.
Violation du règlement intérieur de l’Assemblée nationale
Birahim Seck s’est surtout montré très critique sur la procédure d’attribution du marché de transport de l’aide alimentaire au député Diop Sy.
«Sur la question du transport, on ne voit pas un seul avis d’attribution. Un avis de commande d’urgence a été lancé, mais jusqu’au moment où je vous parle, je n’ai pas vu d’avis d’attribution pour les transporteurs choisis. C’est aussi une aberration. On se lève un bon jour pour nous dire que, c’est Monsieur Diop Sy qui a gagné le marché du transport, alors qu’on sait très bien qu’il est député.
Dans la note de présentation de son entreprise, il est mentionné Directeur général de l’UDE. Le règlement intérieur de l’assemblée nationale est assez clair, un député ne peut pas gagner un marché. Il y’a manifestement un conflit d’intérêt», dénonce le coordonnateur du Forum civil.
LE SYNDICAT DES GROS PORTEURS BRANDIT LA GRATUITE
Le syndicat des gros porteurs et transporteurs du Sénégal n’arrive toujours pas à comprendre le choix de l’Etat, qui selon eux, a préféré payer alors qu’il avait la possibilité de se faire acheminer l’aide d’urgence dans les régions sans bourse délier.
Le syndicat des gros porteurs et transporteurs du Sénégal n’arrive toujours pas à comprendre le choix de l’Etat, qui selon eux, a préféré payer alors qu’il avait la possibilité de se faire acheminer l’aide d’urgence dans les régions sans bourse délier. Ce syndicat entendait contribuer à sa façon à l’effort de guerre demandé par le Président de la République. Ce qui est aussi le cas du collectif des acteurs des transporteurs routiers du Sénégal (CATRS) qui dans une lettre adressée au ministre Oumar Youm décide de mettre à la dispostion de l‘Etat tout son parc de véhicules poids lourds en vue de transporter gratuitement les matériels, les vivres et médicaments.
Hélas ! «En tant que syndicat des gros porteurs et transporteurs, quand on a appris que l’Etat veut distribuer des vivres aux populations et qu’il avait des personnalités qui ont répondu à l’appel du Chef de l’Etat, en donnant de l’argent, nous avons voulu, nous aussi, apporter notre soutien. C’est alors que nous avons décidé de mettre à la disposition de l’Etat, nos camions sans frais. Nous avons juste demandé du carburant pour transporter les vivres, gratuitement. Nous l’avons annoncé depuis le 28 mars», a soutenu M. Diallo leur porte-parole à la télévision Walfadjiri.
Et de s’étonner, «mais personne ne nous a répondu». «Après, on a appris que l’Etat a lancé un appel d’offres et cet appel d’offres ne concerne que les entreprises qui disposent de 50 camions. C’est ainsi que vendredi dernier, on est allés rendre visite au ministre (Mansour Faye, Ndlr). Il n’avait même pas le temps pour nous recevoir. Nous étions une délégation de 16 personnes. Il y’avait des gens qui ont fait 20, 30, voire 40 camions. Les plus petites entreprises avaient 20 camions. On leur a dit qu’on n’a pas besoin d’argent». «Achetez juste le carburant. A Dakar, la location est un casse-tête pour les populations. On a pensé que cet argent peut aider les populations ailleurs, notamment dans le transport à Dakar.
Il (Mansour Faye, Ndlr) nous a mis en rapport avec son secrétaire. Il a préféré aller s’entretenir avec Diop Sy et l’ancien footballeur El Hadj Diouf. Le lendemain, on l’a appelé pour lui dire qu’on est toujours dans cette dynamique de les soutenir dans le transport. On nous a encore demandé d’attendre», confie M. Diallo.
Par rapport aux prix, il dira que «le ministre a dit qu’ils vont payer 18500 pour Ziguinchor, Sédhiou, Matam et Kédougou. Diop Sy a proposé 16.000 pour Ziguinchor et 15.000 pour Matam. Alors que nous, nous étions dans une dynamique de soutenir l’Etat. Gratuitement. Nous avons rassemblé 100 camions. Par la suite, ils ont préféré traiter avec Diop Sy». «Mais, ce qui est intrigant c’est comment peut-on refuser la gratuité et préférer payer dans une situation pareille», s’interroge-t-il.
Par MOUSTAPHA AMAR
DE QUI SE MOQUE-T-ON ?
Vous vous êtes certainement rendus compte de la différence des prix annoncés par le ministre Mansour Faye et l’autre qui est passé sur RTS. J’ai juste envie de me demander de qui se moque-t-on?
Vous vous êtes certainement rendus compte de la différence des prix annoncés par le ministre Mansour Faye et l’autre qui est passé sur RTS. J’ai juste envie de me demander de qui se moque-t-on? Pourquoi aussi ne se prononce-t-il pas sur l’adjudicataire du marché?
Qui n’est personne d’autre que Demba Diop Sy. Le même à qui on avait confié la gestion du renouvellement du parc des gros porteurs et qui vendait des camions chinois (shinotruck 380 cv et une semi-remorque 3 essieux) à 128.000.000 de francs cfa
Pour rappel, ces camions étaient exonérés de droits de douane et de TVA. Un camion en TTC ne coûte pas 40.000.000. Faudrait-il rappeler que le sieur en question n’est pas transporteur dans le jargon de la profession qui liste cette dernière en 3 catégories le transport conventionnel, conteneurisé ou les pondéreux.
Diop Sy fait partie de la catégorie qui ne fait pas de transport mais plutôt du ramassage d’ordures. On nous aiderait si on nous éclairait sur les critères qui ont prévalu à son choix. En tant que professionnel de ce secteur j’ai été contacté par les courtiers de Diop Sy. Ne serait-on pas tenté à la lumière de Bergson de demander un supplément d’âmes à ces vautours qui n’hésiteraient pas à tirer sur une ambulance?
MOUSTAPHA AMAR
PRÉSIDENT DE LA COOPÉRATION DES GROS PORTEURS DU SÉNÉGAL
Par Emeline Nsingi Nkosi
ÊTRE MERE, UN SACRIFICE POUR BEAUCOUP DE SPORTIVES
"J'ai eu quelques coéquipières qui ont eu des enfants et pendant la mi-temps. Elles doivent soit allaiter, soit tirer le lait et ensuite retourner sur le terrain", se souvient Italee Lucas, basketteuse américano-angolaise
"J'ai eu quelques coéquipières qui ont eu des enfants et pendant la mi-temps. Elles doivent soit allaiter, soit tirer le lait et ensuite retourner sur le terrain", se souvient Italee Lucas, basketteuse américano-angolaise
«Voir cela et en faire l'expérience... c'est comme si elle avait une différente forme de force". Il n'est pas facile de jongler avec le fait d'être une mère et être une joueuse de basket de haut niveau. Des questions sur les effets de la grossesse sur votre corps à la peur de la réaction de votre employé, mettre au monde comporte ses propres défis dans l'univers du sport.
Lors de l'Afrobasket de l'année dernière, le tournoi de basket-ball africain le plus en vue qui s'est tenu au Sénégal, seuls 25 des 144 joueurs étaient des mères, soit environ deux mères en moyenne dans une équipe de 12 personnes.
On peut dire que l'exemple le plus connu de femme faisant du sport pendant sa grossesse est celui de Serena Williams. En 2017, Williams a remporté son 23e titre du Grand Chelem à l'Open d'Australie alors qu'elle était enceinte de sa fille Alexis Olympia Ohanian. "J'ai joué au basket toute cette année-là, j'ai reçu des coups,... comme d'habitude. Dès que j'ai arrêté de jouer, c'est à ce moment-là que ma bosse est apparue", raconte la Camerounaise Baleta Mukoko. Elle n'a réalisé que plus tard qu'elle était enceinte. Elle jouait pour l'équipe de France des moins de 16 ans lorsqu'un mal de dos l'a envoyée chez le médecin, qui lui a révélé qu'elle était déjà enceinte de sept mois. "J'ai eu le temps d'accoucher, car c'était en juin et la saison a recommencé en août, donc j'ai eu le temps de récupérer".
Comme Serena Williams, Mukoko a pu revenir au sport de haut niveau. Mais l'un des thèmes clés autour du fait d'être une mère et une athlète est le "sacrifice". En 2019, la championne olympique de sprint Shelly-Ann Fraser-Pryce a célébré sa victoire aux Championnats du monde d'athlétisme avec son fils Zyon. Elle a évoqué le fait qu'elle avait manqué la première journée sportive de Zyon en raison de ses engagements à l'entraînement et combien cela avait été difficile pour elle. Mukoko comprend parfaitement le dévouement et le sacrifice nécessaires pour être une athlète de haut niveau. "Mon premier (enfant) vit avec ma mère car le sport me prend beaucoup de temps, et je ne le vois déjà pas beaucoup". "Je ne le vois que pendant les vacances et certains week-ends. Je pense que pour mon prochain, je ferai une pause côté carrière".
Une interruption de carrière est elle nécessaire ? Quel sera l'impact de cette interruption de carrière sur une carrière sportive ? Seraije pénalisé financièrement ? Allyson Felix, six fois championne olympique, a engagé son sponsor Nike après avoir affirmé que le géant du vêtement de sport voulait la payer 70 % de moins après qu'elle soit devenue mère. C'est un combat que Félix a fini par gagner, mais ce sont quelques unes des questions qui traversent l'esprit de certains des athlètes avec lesquels j'ai parlé lors du tournoi. Et qu'en est-il d'avoir un bébé quand on ne peut physiquement pas jouer ?
C'était le cas de la capitaine de la Côte d'Ivoire, Mariama Kayoute: "J'avais été opérée des deux genoux, je m'étais déchiré les ligaments. C'est après l'opération du premier genou que j'ai pensé : "Ok, pourquoi ne pas avoir un enfant et continuer le basket après ? Maintenant, je suis très fière d'avoir mon enfant". Avec l'évolution des temps et des mentalités, la question de la maternité comme obstacle à la carrière d'une femme est une question qui ne devrait pas être posée, selon Natosha Cummings-Price, l'entraîneur national de Mukoko: "J'ai vu des femmes jouer un an à l'université, avoir un enfant, et revenir pour finir championnes de la conférence".
Cummings-Price, entraîneur d'une équipe de basket-ball universitaire aux États-Unis, déclare "Le choix d'une femme ne définit pas sa carrière sportive. Si vous êtes prête à faire le dur travail et à vous engager à vous remettre en forme parce que c'est la chose la plus difficile pour la plupart des femmes qui reviennent d'une grossesse, c'est de remettre réellement le corps dans la condition physique qui est nécessaire pour jouer au basket".
Cependant, Cummings-Price ajoute que "c'est leur choix s'elles choisissent d'avoir une famille, et ce que nous les encourageons à faire, c'est de ne pas abandonner leur carrière". Mais M. Cummings souligne qu'il y a une chose qui fait toute la différence pour les athlètes qui ont donné naissance ou qui cherchent à fonder une famille tout en jouant: "Il s'agit du soutien que vous recevez de la part du personnel d'entraînement et de votre administration. Tant que le soutien est là, le ciel est la limite pour tous ceux qui veulent jouer au basket".
Par Emeline Nsingi NkosiBBC Sport Africa
Par Hakim Ben HAMMOUDA
COVID-19 ET LA FIN DE LA GLOBALISATION HEUREUSE !
En plus des peurs et des fureurs, cette crise sanitaire de grande ampleur est en train de remettre en cause nos modes de pensées et nos pratiques politiques, économiques et sociales au cours des décennies passées.
La pandémie du Covid-19 est en train de bouleverser notre monde comme nous ne l’avons jamais vu en temps de paix. Par l’ampleur de ces pertes humaines, la rapidité de sa transmission et notre incapacité à arrêter sa propagation, ce virus est à l’origine d’une grande angoisse et d’une peur sans précédent depuis la seconde guerre mondiale. Mais, en plus des peurs et des fureurs, cette crise sanitaire de grande ampleur est en train de remettre en cause nos modes de pensées et nos pratiques politiques, économiques et sociales au cours des décennies passées.
Cette pandémie est venue nous montrer grandeur nature les dérives de notre monde et un productivisme globalisé qui a eu des effets effrayants sur la nature et la société. Parallèlement aux angoisses et aux effrois, le Covid19 est à l’origine d’une réflexion majeure sur le monde d’avant et nos dérives passées et notre monde à venir.
Plus rien ne sera comme avant avaient prévenu responsables politiques, acteurs de la société civile, intellectuels et penseurs. C’est un autre monde que nous devrons nous attacher à définir et à reconstruire ensemble. Et, probablement l’une des premières grandes révisions concerne la globalisation dont les douces certitudes nous ont bercés pendant plus de trois décennies. Le projet de la globalisation néo-libérale s’est présenté à nous comme la réponse à la crise du modèle de l’Etat-nation héritée du système westphalien et qui a régi le monde depuis le 17ième siècle.
La globalisation nous offrait d’échapper au monde de la modernité et de nous inscrire dans celui plus joyeux et moins contraignant de la post modernité. Mais, elle favorisait également une sortie de l’Etat-providence qui éprouvait les plus grandes difficultés à faire face aux incertitudes et aux difficultés du monde d’après-seconde guerre mondiale. La crise du Covid-19 est en train de remettre en cause la globalisation heureuse qui a dominé le monde depuis les années 1980 et qui a offert le nouveau cadre de formulation des politiques économiques et des grands choix de politique publique. Mais, il faut dire que cette pandémie n’est pas la crise du monde global et qu’elle vient probablement donner le coup de grâce à cette dynamique en panne depuis des années. Nous avons eu la grande crise financière de 2008 qui a montré les dérives de la globalisation financière et l’instabilité qu’elle fait régner sur le monde.
Les années post-crise financière ont été aussi marquées par les débats et les critiques sur la montée des inégalités que la globalisation a renforcée. La pandémie du Covid-19 est venue renforcée la crise de la globalisation et la mélancolie qui la couvre depuis quelques années. Les politiques mises en place aujourd’hui et les choix et les décisions des acteurs économiques sont en train de façonner un nouveau monde et une nouvelle architecture qui vont renforcer la sortie de la globalisation débridée mise en place depuis quelques décennies. Cette sortie de la globalisation heureuse s’observe nous-semble-t-il autour de six points essentiels.
Le premier concerne le retour de la notion de souveraineté et de frontières. Or, rappelons-le la globalisation a été fondée sur l’abandon de cette souveraineté politique, comme économique, au profit des grandes institutions multilatérales comme des grandes firmes transnationales. Ce dogme est en train d’être remis en cause aujourd’hui et les grands pays sont en train de se rappeler au bon souvenir de la souveraineté nationale notamment dans la production des industries stratégiques, comme les industries pharmaceutiques, pour faire face aux effets des crises sanitaires. C’est aujourd’hui que le monde, et particulièrement les pays développés, ont découvert leur dépendance pour les produits actifs à la Chine et à l’Inde qui produisent aujourd’hui près de 80% de la production mondiale de ces produits. Et, les voix de s’élever sur la nécessité de sortir de ce mythe de fin de la souveraineté pour reconstruire les activités stratégiques abandonnées jusque-là.
La second point dans la remise en cause de la globalisation concerne le retour de l’Etat et le rôle prépondérant qu’il est en train de jouer dans la gestion de cette crise et qu’il continuera à jouer dans le monde d’après. Ce retour fracassant de l’Etat dans la lutte contre les effets sanitaires de la pandémie comme dans la gestion de ses dimensions économiques et sociales ont fait voler en éclat les anciennes conceptions du rôle régulateur de l’Etat et la nécessité de limiter ses interventions dans la correction des imperfections du marché qui étaient au cœur de la globalisation triomphante. Or, aujourd’hui on assiste à ce retour qui ne s’arrêtera pas de sitôt.
Le troisième point de cette remise en cause de la globalisation heureuse concerne le retour du social. La montée des inégalités et les débats majeurs qu’elle a suscités ont montré les limites de la globalisation et sa contribution dans cette marginalité croissante. Aujourd’hui, la pandémie de Covid-19 est à l’origine d’un retour du social et d’une plus grande prise en compte de l’effort de solidarité et des investissements dans la santé et dans l’éducation par l’Etat et pour créer une nouvelle sociabilité.
Le quatrième point est lié à la globalisation de la production et le développement des chaînes de valeur mondiale qui a favorisé une grande division du travail au niveau mondial et qui a fait de notre monde un petit village. Certes, cette tendance a été fortement remise en cause au cours des dernières avec la montée des guerres commerciales, particulièrement entre les Etats-Unis et la Chine. La pandémie du Covid-19 est en train de remettre en cause cette tendance et d’appeler à un retour des Etats-nations et des régions.
Le cinquième point est en rapport avec la financiarisation qui a constitué un fondement essentiel de la globalisation et un pendant essentiel de celle de la production. Certes, la crise de 2008 a contribué à égrener ce mythe et les normes de risques mises en place avec Bâle 3 ont été à l’origine d’un repli des grands groupes bancaires et financiers sur leurs bases nationales ou régionales. Cette tendance va s’accentuer avec la nouvelle crise et la démesure financière de la globalisation sera certainement remise en cause.
Enfin, le dernier point concerne la gouvernance de la globalisation et la tentation de limiter le rôle et la place des institutions de gouvernance mondiale comme les Nations-Unies, l’OMC, la Banque mondiale ou le FMI. Or, la crise de la pandémie du Covid-19 a montré l’importance des institutions multilatérales dans la gestion des crises globales, pourvu qu’elles soient à l’écoute des plus faibles et des plus démunis. La pandémie Covid-19, comme toutes les épidémies dans l’histoire de l’humanité, est en train d’ouvrir une nouvelle ère dans l’histoire de l’humanité. Parallèlement à la lutte contre la propagation de l’épidémie, nous sommes en train d’assister à l’émergence d’une nouvelle expérience humaine plus solidaire, ouverte et démocratique.
HAKIM BEN HAMMOUDA
ECONOMISTE ET ANCIEN MINISTRE DE L’ECONOMIE ET DES FINANCES