Moundiaye Cissé, directeur exécutif de l'ONG 3D, est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
texte collectif
FAUT-IL RAPATRIER LES SÉNÉGALAIS DE WUHAN ?
N’ayant plus de gêne à se déclarer incapable de répondre à l’appel de détresse de ses citoyens, notre gouvernement croit pouvoir se déresponsabiliser de plus en plus, pour peu qu’il se déclare pauvre
Mohamed Camara et Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye |
Publication 09/02/2020
Nous exerçons notre droit à la parole dans cet arbre à palabres des temps modernes. Loin de nous toutes polémiques ou autres attitudes de donneurs de leçons ! Notre contribution s’inscrit dans la recherche de solutions plus acceptables.
Au moins 13 citoyens sénégalais, des étudiants, sont actuellement dans la ville de Wuhan, épicentre du coronavirus 2019-ncov. Ce virus, qu’aucun vaccin ne serait encore en mesure d’arrêter, a déjà atteint 31 475 personnes et en a tué 638. De nombreux pays, comme l’Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie, la Tunisie, ont rapatrié leurs citoyens se trouvant à Wuhan. De nombreuses compagnies dont Kenya Airways, Royal Air Maroc, RwandAir, ont suspendu, quant à elles, leurs liaisons avec la Chine. Le Sénégal, par la bouche de son président, refuse de rapatrier les siens. Monsieur Sall prétend que notre pays ne dispose pas des moyens pour procéder audit rapatriement : « J’ai une pensée très grande à l’égard de nos douze (12) compatriotes qui vivent à Wuhan (…) Leur rapatriement requiert et demande une logistique tout à fait hors de portée du Sénégal (…) » Sa communication a été saluée par certaines personnes, l’ayant trouvée réaliste, empathique et sincère.
Seulement, une telle lecture est-elle soutenable ? Serait-elle la même s’il s’agissait de membres de leurs familles ? Il est vrai que laisser nos compatriotes dans cette ville où leur vie est menacée peut paraître moins coûteux que de les rapatrier. Leur octroyer 1000 euros et leur faire part de l’empathie présidentielle serait plus raisonnable que de les ramener au Sénégal, où ils devront être suivis et pris en charge durant environ 14 jours. L’État évite ainsi d’avoir à supporter leurs frais de transport et de suivi, tout en n’ayant pas à gérer le risque qu’ils ramènent le coronavirus dans notre pays. Aussi n’est-il pas exclu que l’État maintienne ses citoyens à Wuhan dans une volonté de complaire à la Chine : montrer à ce partenaire économique puissant que le Sénégal est un allié fidèle, qui reste à ses côtés au moment où tout le monde déserte son territoire.
Une telle posture pourrait être payante une fois l’épidémie passée. Le Sénégal et ses citoyens en Chine pourraient bénéficier d’une prime de loyauté. Aucune de ces raisons, avancées par le Président, ou qui peuvent légitimement lui être prêtées, ne doit faire obstacle au rapatriement de nos compatriotes. Celui-ci doit être une priorité pour nos dirigeants en raison du devoir d’assistance de l’État à l’égard de ses citoyens et en raison du contrat social liant chaque citoyen sénégalais à son compatriote. Il ne s’agit pas là d’états d’âme ou d’émotions, mais d’un rappel du devoir de responsabilité envers les Sénégalais où qu’ils soient. Il convient, de prime abord, de s’interroger sur la véracité du chiffre 13 avancé par nos autorités. Peuvent-elles nous garantir qu’il n’y a que 13 étudiants sénégalais à Wuhan ? Et pour quelle raison ne parlent-elles que d’étudiants ? D’autres citoyens sénégalais, immigrés avec ou sans profession, ne résident-ils pas actuellement à Wuhan ? Et si oui — ce qui est plus que probable —, pourquoi l’État ne les mentionne-t-il pas ?
L’argument de manque de moyens avancé par le Président est inexact, inapproprié et regrettable. L’aveu d’impuissance n’est pas ce qui est attendu d’un gouvernement. N’ayant plus de gêne à se déclarer incapable de répondre à l’appel de détresse de ses citoyens, le nôtre croit pouvoir se déresponsabiliser de plus en plus, pour peu qu’il se déclare pauvre. Cela constitue un très mauvais message envoyé aux citoyens, qui n’ont point le sentiment d’être protégés, respectés, par leur État, à l’intérieur ou à l’extérieur de nos frontières. Et soyons certains que l’État qui peine à se mobiliser pour sauver la vie d’un seul de ses citoyens ne fera pas plus d’effort lorsqu’il s’agira de sauver une centaine de vies.
En laissant l’État abandonner nos compatriotes à Wuhan, chaque citoyen sénégalais consent à être lui-même abandonné un jour par ce même État. Qu’il pleuve ou qu’il vente, assumons notre Afrique au-delà des TER ! Il va sans dire que moins de détournements et de gaspillage dans nos institutions, un petit effort budgétaire, un recours à la solidarité nationale, une action à l’échelle régionale ou panafricaine, sont autant de leviers pour couvrir tous les frais de rapatriement de nos compatriotes. Notre générosité doit prendre le dessus sur cette phobie collective qui rejette nos sœurs et frères, filles et fils, par pur calcul ou stratégie.
Par ailleurs, l’incapacité déclarée de notre système de santé à faire face à cette épidémie doit inquiéter notre population ou heurter notre personnel soignant. Par elle, la population se rappelle sa vulnérabilité ; tandis qu’au personnel soignant, celui-là même qui a hier dompté Ébola, les autorités ne manifestent aucune confiance. Comment construire une nation sans confiance ? L’émergence tant souhaitée en prend un sacré coup. Or ce genre d’épidémies, aussi tragiques soient-elles, sont justement l’occasion pour notre système de santé d’être éprouvé, pour nos médecins et infirmiers de démontrer et d’améliorer leurs compétences. S’ils ne peuvent affronter cette épidémie, quelle autre épidémie pourront-ils demain vaincre ?
Il en résulte que le défaut de moyens est un prétexte grossier, au même titre que le prétendu souci de minimiser le risque d’arrivée du virus au Sénégal. Cet effort de minimisation du risque ne doit pas se faire au prix des vies de nos compatriotes qui, d’ailleurs, d’après notre gouvernement, ne sont pas encore contaminés. Et leur non-rapatriement ne nous met pas à l’abri de ce virus, qui peut entrer dans notre pays par d’autres voyageurs (ne serait-ce que par les commerçants étant discrètement rentrés de Chine depuis le début de l’épidémie).
Enfin, la Chine, à qui nous devons manifester notre solidarité par bien d’autres façons, ne peut nous en vouloir de venir au secours de nos citoyens. Elle qui remue ciel et terre pour freiner la mort sur son territoire sait que la vie humaine n’a pas de prix, tandis que notre gouvernement veut lui en donner.
"CHEIKH ANTA DIOP N'A PAS BESOIN QU'ON L'APPELLE PHARAON DU SAVOIR"
Dialo Diop, revient, entre autres sujets, sur l’actualité de la pensée politique et culturelle de Cheikh Anta Diop et explique pourquoi ses pensées ne sont pas enseignées dans les universités sénégalaises. Entretien
Le 7 février marque l’anniversaire du décès de Cheikh Anta Diop. Trente-quatre ans après sa disparition, le ‘’Pharaon du savoir’’ semble de plus en plus présent dans le cœur des Africains et de la diaspora noire, grâce à ses œuvres. Trouvé à l’Espace numérique ouvert de Dakar (Eno) sis à Mermoz, lors d’une cérémonie d’hommage en l’honneur du savant noir, l’ancien secrétaire général du RND (parti politique fondé par Cheikh Anta Diop), par ailleurs médecin biologiste à la retraite, Dr Dialo Diop, revient, entre autres sujets, sur l’actualité de la pensée politique et culturelle de Cheikh Anta Diop et explique pourquoi ses pensées ne sont pas enseignées dans les universités sénégalaises. Entretien.
Trente-quatre ans après la disparition de Cheikh Anta Diop, que peut-on tirer de ses enseignements par rapport à l’actualité politique africaine ?
Ceux qui se sont intéressés à la pensée politique de Cheikh Anta Diop découvrent, avec ravissement, que la validité scientifique de ses travaux de recherche en histoire, langue, sociologie et en philosophie demeure pleine et entière. En 1960, immédiatement après avoir soutenu sa thèse, il rentre au Sénégal et publie un ouvrage intitulé ‘’Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire’’. Dans cet ouvrage, il dit que si l’Afrique veut se redresser et recouvrer la maitrise de sa propre destinée, elle doit s’unir politiquement sur le modèle fédéral. Sinon, elle est condamnée à la ‘’sud-américanisation’’.
Soixante ans après, cette prédiction s’est vérifiée jusqu’à la caricature. L’Afrique ne s’est pas fédérée, elle s’est sud-américanisée jusqu’à la cocaïnisation. C’est la cocaïne des Sud-Américains que nous recyclons sur toute la côte de notre continent. De l’Angola jusqu’au Maroc. C’était la zone de transit. Maintenant, c’est devenu une zone de redistribution.
Cheikh Anta avait évoqué la question de la sécurité qui, pour lui, précède le développement. Aujourd’hui, il y a le G5 Sahel qui essaie de contrecarrer les desseins des terroristes. Quelle lecture avez-vous par rapport à cela ?
La question sécuritaire est devenue un slogan que tous les chefs d’Etat reprennent, mais qu’ils sont incapables d’appliquer et de mettre en œuvre. Pour le G5 Sahel, il a fallu que Macron leur demande de le créer pour qu’ils le fassent. Ils sont 5 (pays) alors que le réflexe pour se défendre devant l’agression, c’était d’unir les forces. Pourquoi la Mauritanie fait partie du G5 Sahel et pas le Sénégal, la Gambie, la Guinée, etc. ? Cela n’a pas de sens. Il faudra qu’il y ait un attentat, comme ce fut le cas au Grand Bassam de Côte d’Ivoire, pour qu’on dise qu’il faut ajouter le Sénégal. On est dans la dépendance jusqu’à présent et on est dans le mimétisme. Nous continuons à faire ce qui se faisait avant l’indépendance. Ça me rappelle la phrase du général belge qui avait provoqué la mutinerie de la force publique immédiatement après l’indépendance apportée par Lumumba. Il fait un cours devant ses hommes et dit qu’avant l’indépendance égale après l’indépendance. C’était de la provocation, mais ce n’est pas faux.
Cela nous plonge dans vos combats les plus actuels. Par rapport à la politique, le lien est-il déjà trouvé pour dire que pour faire valoir ces idées-là, il faut s’accaparer de l’appareil d’Etat ?
Justement, l’une des contributions substantielles de Cheikh Anta Diop à la pensée politique panafricaniste, c’est de montrer que nous ne pouvons pas réformer les Etats coloniaux que nous avons hérités de l’impérialisme berlinois : la fragmentation du continent. Nous devons repenser un nouveau type d’Etat continental. Et il dit que l’Afrique est confrontée à une tâche sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Que toutes les autres grandes fédérations de l’histoire de l’humanité se sont construites dans le fer, le feu et le sang (la violence). Pour lui, l’Afrique va devoir se fédérer et s’unir, non pas par la force, mais par la persuasion. On doit amener nos compatriotes africains à comprendre que c’est notre intérêt collectif de nous unir et de nous souder en un seul bloc, sous une direction de lutte, et donc avoir un Etat qui soit radicalement différent de l’Etat colonial ‘’nègrifié’’ que nous avons hérité, par exemple, des Français.
Les populations africaines ont tendance à vouloir aller dans cette direction-là. La faille ne se trouverait pas au niveau de la classe dirigeante ?
C’est pour cela que Cheikh Anta a également dit que si les classes dirigeantes échouent à faire fédérer l’Afrique, alors c’est une lame de fond qui partira des bases populaires et fera comme un raz-de-marée pour imposer l’unification, parce que ça sera devenu une question de survie pour nos peuples.
Est-ce que c’est cela qui explique la naissance de certains mouvements tels que France dégage ?
Ce sont des prémices. Il faut que ça soit des mouvements organisés et coordonnés à une échelle continentale.
Croyez-vous que l’approche culturelle, qui est d’une importance capitale, a été peu perçue ?
Cheikh nous a expliqué pourquoi nous devons nous réunifier sur la base de la persuasion et non sur celle de la violence. Parce qu’au-delà de nos diversités apparentes, il y a une profonde unité culturelle des peuples africains. Nous sommes le seul continent au monde où le désir d’unité des populations est aussi fort. Il est lié à notre sentiment d’avoir subi le même sort stoïquement, au moins dans les temps modernes. Mais Cheikh nous montre que c’est un sort commun, depuis l’origine de l’humanité. Et que c’est sur ça que nous devons nous appuyer. Mais la clé, c’est de nous doter d’une langue de travail. Et, bien sûr, ça ne tuera pas les autres langues, parce que nous ne sommes pas sectaires, exclusivistes, mais nous voulons être opérationnels. Aujourd’hui, la langue la plus utilisée dans le monde, ce n’est plus l’anglais ; c’est le mandarin. Dans toutes les universités du monde, les gens manifestent leur envie d’apprendre le chinois. C’est parce que la Chine a renversé les rapports de force à l’échelle mondiale. Et l’Afrique pourrait faire pareil.
Actuellement, est-ce qu’il est facile de trouver une langue d’unification ?
Oui, les intellectuels africains ont travaillé sur ça. Et c’est depuis le 1er Congrès des écrivains et artistes noirs de Paris, en 1956. On dit que c’est le kiswahili qui est la langue la plus apte qui soit pour cela. En outre, en Afrique, on a plus de locuteurs de kiswahili que d’Anglophones et de Francophones réunis (quantitativement).
Vous luttez pour que les ouvrages de Cheikh Anta soient enseignés. Et vous avez évoqué un projet qui a été bloqué. De quoi s’agit-il exactement ?
C’était la pétition de nos compatriotes du Canada, qui ont recueilli des dizaines de millions de signatures et qui ont fait initier une procédure par l’Inspection générale de l’éducation nationale et non pas, malheureusement, par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
En effet, c’est l’éducation nationale qui a fait les fiches pédagogiques, mais le blocage se trouve dans la décision de commencer à enseigner l’œuvre de Cheikh Anta. Parce qu’elle fait peur.
Pourquoi est-ce qu’elle fait autant peur ?
Parce qu’elle émancipe, libère les esprits. Elle déverrouille l’esprit créateur chez les Africains. Et c’est la caractéristique de tous les gens qui lisent Cheikh Anta. Ils disent qu’ils ne sont plus les mêmes, après avoir lu ‘’Nation nègre et culture’’. Les œuvres de Cheikh Anta Diop ne sont pas enseignées au Sénégal, à cause de l’adversité politique et le veto de l’académie des Français. Ce n’est pas l’institution académique française, mais de l’université française. Ils se sont rendu compte de la portée subversive, au sens propre et positif, des thèses de Cheikh Anta Diop. Et ils préfèrent qu’elle soit méconnue et ignorée par les jeunes intellectuels africains, parce qu’elle contribuerait au déverrouillage de leur esprit créateur, et donc à leur engagement plus résolu dans la libération, dans la reconstruction autonome de notre continent.
Quel message voulez-vous partager avec ceux qui ne la connaissent pas assez ?
Nous, notre message, c’est que Cheikh n’a pas besoin qu’on l’appelle le ‘’Pharaon du savoir’’ ou que l’on le momifie dans un sarcophage pour en faire un pharaon. Ce qu’il souhaite, c’est que son œuvre soit enseignée ; et que, surtout, la jeune génération se l’approprie et s’accommode en particulier de sa méthode d’investigation, d’analyse, qui lui a permis de faire des découvertes et des conclusions qui restent valides, un demi-siècle après.
Ainsi, nous souhaitons que la jeunesse fasse, à son tour, des découvertes et contribue à la construction souveraine de notre continent.
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« KARIM WADE VEUT RENTRER »
Invité de l’émission Jury du dimanche sur Iradio (90.3), Doudou Wade, secrétaire général adjoint chargé des conflits au PDS a expliqué les raisons pour lesquelles le grand frère de Sindièly Wade ne rentre toujours pas au Sénégal
Son retour au Sénégal a, à plusieurs reprises, été annoncé par les leaders politiques du Parti démocratique Sénégalais. Que nenni ! Karim Wade demeure toujours à Doha. Invité de l’émission Jury du dimanche sur Iradio (90.3), Doudou Wade, secrétaire général adjoint chargé des conflits au PDS a expliqué les raisons pour lesquelles le grand frère de Sindièly Wade ne rentre toujours pas au Sénégal.
« Karim Wade ne peut pas rentrer comme ça au Sénégal parce que le moment n’est pas opportun pour qu’il le fasse »,a d’emblée précisé Doudou Wade. Il rappelle, sur ces entrefaites, que Karim Wade n’est pas sorti du pays de son propre gré. « Dans l’histoire du Sénégal jusqu’à la fin du monde, on ne verra jamais quelqu’un en prison à qui on fera un passeport pour le faire sortir, même s’il était un Chinois ou un Japonais. On prend un Sénégalais, on le met sous scellé, on le sort tardivement dans la maison d’arrêt, et on le déporte », explique-t-il pour dénoncer les conditions dans lesquelles Karim Wade a été « exilé ».
« Karim Wade est attendu par les Sénégalais. Il veut rentrer. Il ne rentre pas parce que ce n’est pas encore opportun. Vous l’avez entendu plusieurs fois dire que s’il arrive on le met en prison », se souvient-t-il. « Est-ce qu’il a alors peur de retourner en prison », interroge le journaliste. « Ce n’est pas une question de peur, c’est une question de responsabilité », répond Doudou Wade qui, sur un autre registre, s’est prononcé sur la situation du Parti démocratique sénégalais. Et c’est pour recadrer le débat et dire, de façon formelle, que leur formation politique ne traverse aucune crise.
Pour lui, l’exclusion de Oumar Sarr et Cie ne peut pas être considérée comme une crise. Puisque, justifie-t-il : « Oumar Sarr a été considéré comme démissionnaire du parti à partir des instructions qui lui ont été données de ne pas aller à la rencontre avec le président Macky Sall sur le dialogue national ».
D’après Doudou Wade, le Pds est en train de se réorganiser pour aller d’abord présenter un autre projet aux Sénégalais et aux militants du parti. Mieux, il signale que les instances du Parti sont en train de travailler sur des questions dont elles sont compétentes. Ce qui lui fait dire que « notre parti vit une vie heureuse avec des jeunes, des femmes et d’autres personnalités. Et nous avons un parti d’avenir. Le Pds est et sera un parti qui compte au Sénégal ».
Concernant Karim Wade, il indique que ce dernier n’a écarté aucun leader pour s’imposer. Selon lui, tous les libéraux qui ont tourné le dos à Karim Wade aujourd’hui avaient fait acte d’allégeance envers lui. « Oumar Sarr et Cie ont toujours dit un oui courbé à Karim Wade. Ils ont porté sa candidature. Ils ont parcouru le Sénégal pour vendre Karim Wade. Ils ont fait une tournée partout : à la radio, à la télévision, devant les juridictions, sous la pluie. Ils sont partis à Doha », a rappelé Doudou Wade pour dénoncer le faux procès qu’on fait à Karim Wade.
LA DANSE DU VENTRE D'AÏSSATOU GLADIMA CHEZ TOSYALI
La ministre des Mines est allée en mission commando jusqu’à Istanbul, signer au profit du géant turc de la sidérurgie, un contrat léonin qui dépasserait les plus folles espérances de n’importe quel industriel ordinaire
Sophie Aïssata Gladima, la ministre sénégalaise des Mines, est allée en mission commando jusqu’à Istanbul, en Turquie, signer au profit du géant de la sidérurgie Tosyali, un contrat léonin qui dépasserait les plus folles espérances de n’importe quel industriel ordinaire… On ne sait pas combien le richissime fabricant de ferrailles paie ses avocats mais, pour ce coup-ci, les gens d’Istanbul ne sont pas les têtes de …Turcs. Notre ministre est assurément d’une gentillesse inqualifiable. Une p’tite promenade entre les lignes de cette nouvelle forme de colonisation, ça vous parle ? Suivez le guide…
Visiter la Turquie avant de mourir ? Que diable s’est-il donc passé dans la tête d’Aïssata Sophie Gladima, la ministre sénégalaise des Mines, pour qu’elle aille jusqu’à Istanbul signer un contrat pareil le 09 octobre 2018 avec Tosyali, une société privée turque ? En dépit des apparences, elle représente un Etat que l’on considère jusque-là comme souverain. Cet accord concerne l’exploitation de ressources minières, le fer de la Falémé en l’occurrence, qui se trouvent en terre sénégalaise. La coupe est pleine, si l’on y ajoute que les quantités annoncées (630 millions de tonnes de minerais d’une teneur en fer plafonnant à 57 %) font saliver bien des multinationales de la sidérurgie, dont l’Indien Mittal que ses mésaventures sénégalaises ont dû refroidir.
Aïssatou Gladima est définitivement une âme trop charitable. En principe, sauf s’il y a des trucs que les Turcs ne nous disent pas, c’est Fuat Tosyali, le PDG, tout copain du président turc Erdogan qu’il est, qui aurait dû affréter un vol spécial pour venir à Dakar cirer les escarpins de Madame la ministre. Au lieu de cela, c’est la brave dame à la bonté inoxydable qui se farcit des dizaines de milliers de kilomètres pour signer des accords que l’on assimilerait facilement à la danse du ventre ! On douterait pour bien moins… Dans des affaires qui se chiffrent en milliards de dollars, les irréprochables enfants de chœur ne sont pas légion.
Si ce n’était que ça… Un manager tout ce qu’il y a de sérieux, après avoir jeté un œil sur le fameux document, lâche avec amertume : « avec un contrat pareil, n’importe quel ferrailleur sénégalais pourrait être plus riche que Mittal en un rien de temps… ». Il exagère à peine !
D’abord, cadeau, la concession d’un terrain de 100 hectares « près de la mer où un port existe ou bien peut être développé pour couvrir les futurs investissements ciblés pour la première étape ». Ils vont même plus loin, puisqu’ils demandent d’autoriser « la réalisation et l’exploitation d’un port privé ». Un aménagement pour lequel il faudra à l’Etat sénégalais « établir les frais de port à un prix préférentiel » et l’utiliser « en priorité dans les opérations de commerce extérieur ».
Ensuite, à ces braves et industrieux Turcs, il faudra « attribuer des permis d’exploitation de minerais tels que le minerai de fer, de charbon, le calcaire, la pierre de dolomite, le minerai de manganèse etc. dont l’usine a besoin ». En plus d’une « licence de récupération des déchets de ferraille et droit de préemption d’achat de la ferraille sur l’étendue du territoire sous réserve d’en revendre aux Sénégalais dans le besoin ».
Fermer des entreprises sénégalaises pour les beaux yeux des Turcs…
En un mot, comme en cent, la ferraille sénégalaise appartient dorénavant à Tosyali. On pourra cependant compter sur son bon cœur pour partager avec les Sénégalais qui se montreront gentils. Les autres, qui feront les fortes têtes ou ne seront pas respectueux des règlements, une clause les attend : les services de l’Etat se chargeront d’ « inspecter les établissements qui opèrent de manière illégale sans certificats de conformité (…) et réalisent des chiffres d’affaires en dehors du système judiciaire et fiscal ». Bien entendu, il faudra également « fermer les entreprises qui ne répondent pas aux standards environnementaux et fiscaux ». Sortez les mouchoirs et faites vos adieux, pendant qu’il est encore temps, à votre habituel fabricant de fourneaux, marmites et d’écumoires niché à Niayes Tioker…
Ceci étant réglé, il sera accordé à Tosyali, une « exonération de la taxe douanière et de la TVA sur les équipements et services » en plus d’imposer « le droit de douane aux produits finis tels que le fil à machine et rond à bétons ». On ne vous a pas dit ? C’est justement le fil à machine et le rond à bétons que Tosyali projette de produire au Sénégal. C’est-à-dire que donc des mesures drastiques sont prises à l’encontre de tout ce qui est susceptible de le concurrencer au Sénégal… Autre gâterie : il est question de « supprimer les parts de l’Etat et diverses taxes sur les prix de l’électricité, du gaz et de l’eau utilisés dans le complexe ». Outre, pendant dix interminables années, une exonération d’impôts sur les bénéfices, sans oublier « un soutien de prime d’exportation ».
Je serais Tosyali, je ferais des bénéfices les dix premières années avant de voir mes profits chuter et mes comptes s’équilibrer à grand-peine.
Mieux, l’Etat sénégalais sera à côté de ce misérable Tosyali dans la …recherche de financements, parce qu’il devra « contribuer aux intérêts du prêt d’investissement bancaire » et même faire « prendre en charge par la trésorerie du Sénégal la garantie accordée aux institutions financières pour le prêt d’investissements ».
Faudrait-il aussi border le chérubin et lui faire un bisou sur le front pour qu’il s’endorme en souriant le soir ?
Quant aux emplois attendus, la douche froide : l’Etat sénégalais doit « autoriser les recrutements d’expatriés à hauteur de 50 % du nombre total d’employés dans les dix premières années ». Aucune obligation pour Tosyali : à compétences égales, pour les postes de cadres et même intermédiaires, si ça leur chante, ils font venir des Turcs ou autres expatriés. A la limite, l’Etat Sénégalais encouragerait même la pratique, puisqu’il devra également « prendre en charge des primes de sécurité sociale des employés pour les dix premières années ». Alors, moins il y a de Sénégalais, mieux ce sera ?
Si ce n’était que ça… Quand on aime, on ne compte pas : l’Etat sénégalais s’engage à « couvrir les frais de raccordements d’électricité, de gaz, d’eau, des sources d’alimentation vers le complexe ». En plus de « réaliser les liaisons routières et ferroviaires nécessaires pour la viabilisation du complexe ». Bref, avec Tosyali, ce ne sera pas comme les villages du Fouta qui ont voté Macky en 2012 et attendent encore les routes, le train, l’eau courante, l’électricité et le téléphone… Comment ça, ils ont aussi voté pour Macky en 2019 ? Ben alors, où est le problème ?
Voilà donc ce que la ministre Aïssata Sophie Gladima est allée signer l’an passé à Istanbul. C’était, à n’en pas douter, un beau voyage… Tout cela en contrepartie de quoi ? Vous allez penser que nous sommes mesquins mais, pour le Sénégal en tout cas, pas grand-chose, en termes d’engagements précis. Par exemple, dans une première phase, Tosyali devra « mener des études de faisabilité », ou encore, « mobiliser les financements des projets », et aussi « soumettre au ministère de la Géologie (…) dans un délai de 12 mois, une offre technique et commerciale détaillée ; une offre financière avec une structure des prix détaillée et un schéma de financement »… Quand ils auront signé le protocole définitif avec les autorités sénégalaises, les gens de Tosyali s’engagent à « financer et réaliser une usine de ronds à béton d’une capacité d’un million de tonnes » dans les 22 mois suivants la signature. Ils promettent également de « transférer leur savoir-faire de production d’acier au Sénégal » et « substituer toute l’importation desdits produits » voire en exporter dans l’espace CEDEAO… Puis, deuxième phase : pendant que la première usine fonctionne à pleins régimes, ils envisagent d’installer « une unité de production des billettes de substitution à partir du minerai de la Falémé ». Problème : ça dépend de la réalisation du chemin de fer que l’Etat du Sénégal est censé faire traverser de Dakar à la Falémé ! Ils promettent d’autres petites sucettes, comme créer « un nombre significatif d’emplois » (dont les 50 % viendront de Turquie ?) ou même, selon le charabia habituel, de « mener des travaux à fort impact social dans les régions impactées par le projet ». Une ligne de chemin de fer, peut-être ?
Eh oui… Tout ça, pour ça. Et défense de ricaner !
LES DIRIGEANTS DU FOOTBALL AFRICAIN PRIS EN FLAGRANT DÉLIT DE DÉTOURNEMENTS
Le New York Times s’est procuré un audit des comptes de la Caf, la confédération africaine de football. Celui-ci met en évidence l’utilisation à des fins personnelles de 24 millions de dollars sur les 51 millions donnés par la Fifa entre 2015 et 2018
Francis Gaitho a été comme souvent le premier à dégainer. Le Kenyan a publié un large article mentionnant l’utilisation frauduleuse de 24 millions de dollars par des dirigeants du football africain.
Voyages en jet privé, mariage et même funérailles : les fonds alloués originellement pour le développement du football africain ont en réalité été utilisés pour satisfaire le train de vie dispendieux des présidents de fédération, notamment l’inamovible Constant Omari, patron de la FECOFA en République Démocratique du Congo depuis deux décennies.
Ce samedi, Tariq Panja du New York Timesconfirme les informations de celui que certains dans l’entourage de la CAF considèrent comme “un franc-tireur tirant même s’il n’a pas de cartouche”. Selon le rapport de PWC, une société mandatée pour auditer les comptes de la CAF, la situation financière est dramatique.
Sur une enquête concernant 40 payements, 35 sont intraçables et personne ne sait qui a reçu les millions de la Fifa…
En enquêtant 40 payements équivalant à 10 millions de dollars, les auditeurs ont pu seulement tracé 5 payements pour 1.6 million. Les 35 autres sont intraçables, fautes d’informations nécessaires ou manipulation des données.
Moralité, les auditeurs sont incapables de savoir qui a réellement bénéficié de l’argent…
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CHEIKH ANTA DIOP ÉTAIT UN GÉANT
Même sans ses travaux scientifiques, l'envergue morale de Cheikh Anta, aurait suffit à faire de lui un exemple pour l'Afrique - Tant d'africains méprisent leurs langues par manque d'estime de soi - ENTRETIEN AVEC BOUBACAR BORIS DIOP
Même des décennies après sa mort, Cheikh Anta Diop continue de résonner en Afrique et bien au-delà, à travers sa contribution historique dans la restauration de l'homme noir. Comme une revanche sur l'histoire, l'égyptologue sénégalais dont les thèses scientifiques avaient suscité tant d'acrimonies est aujourd'hui de plus en plus célébré.
Pour évoquer la vie, l'oeuvre et le legs de l'illustre savant, le grand entretien de Jotna TV, reçoit l'écrivain, journaliste et éditorialiste de SenePlus, Boubacar Boris Diop. L'invité évoque son combat pour la promotion des langues nationales, inspiré de Cheikh Anta Diop.
par Eric Felley
DE LA COULEUR DE L'ARGENT À LA COULEUR DE LA PEAU
Démissionné de Credit Suisse, Tidjane Thiam avait deux défauts, il était trop français et pas assez clair. Pour le reste, on n'avait rien à lui reprocher
Vu de Suisse romande, la démission du CEO de Credit Suisse Tidjane Thiam n'a pas le même impact qu'en Suisse alémanique, où le Credit Suisse a son siège à Zurich. Certes les Romands ont pu faire connaissance récemment avec ce banquier de haut-vol dans l'émission «Pardonnez-moi» de Darius Rochebin. Ils ont sans doute découvert un personnage plutôt sympathique.
Premier noir à la tête d'une banque suisse
Au moment de sa nomination, en 2015, son origine africaine avait crée une surprise, pour ne pas dire un choc. Comme Barack Obama à la présidence des Etats-Unis, on n'avait jamais vu un noir diriger une banque suisse, qui plus est la seconde en importance. Mais le choix était bon. Tout le monde admet – et en premier ceux qui l'ont poussé dehors – que le nouvel homme fort a redressé et dépouisséré la banque helvétique durant quatre ans. Alors quid ?
Un double obstacle
Cela ne veut pas dire que le directeur général s'est fait beaucoup d'amis. Tidjane Thiam est franco-ivoirien. Dans la mentalité alémanique, cela peut constituer un double obstacle à son intégration à un haut niveau. Que la deuxième grande banque suisse soit dirigée par un Français suscite déjà une réticence épidermique des milieux économiques helvétiques. Ensuite, la couleur de la peau est, plus ou moins consciemment, un élément dérangeant dans un milieu où tout le monde est blanc. Jusqu'à l'affaire de la filature, les compétences de l'homme avaient cependant fait taire ces petites voix intérieures.
Un écart entre la banque et son public
La «Neue Zurcher Zeitung» (NZZ), qui a fait campagne ces dernières semaines contre Tidjane Thiam, se félicite aujourd'hui qu'il soit remplacé par quelqu'un de moins voyant, de moins coloré dans la grisaille des éminences de la Bahnhofstrasse: «Contrairement à Thiam, qui n’avait aucun lien avec la Suisse, écrit-elle, son successeur, Thomas Gottstein, connaît le pays et ses habitants. Il devrait permettre de combler l’écart entre la banque et le public qui s’est creusé ces dernières semaines et ces derniers mois.» Un écart qui a surtout été entretenu pour obtenir sa démission. A moins que ce soit pour qu'il retourne en Côte d'Ivoire, où certains verraient bien Tidjane Thiam en président !
TIDJANE THIAM, L'"OBAMA DE LA FINANCE" AU PARCOURS CAHOTEUX
Brillant étudiant en France, ministre en Côte d'Ivoire, premier Africain à diriger un groupe coté au Royaume-Uni, puissant banquier en Suisse... il a ajouté un rebondissement à un parcours déjà hors normes en prenant la porte vendredi du Credit Suisse
L'arrivée en juillet 2015 à Zurich du Franco-Ivoirien, qui dirigeait jusque-là le groupe britannique d'assurances Prudential, bouscule le milieu feutré de la banque helvète.Précédé d'une réputation de fin stratège, Tidjane Thiam, a pour mission de rééquilibrer le paquebot Credit Suisse, alors en eaux troubles entre actifs toxiques, scandales financiers et banque d'investissement hypertrophiée.
Il lance une vaste restructuration pour donner la priorité à la banque privée et à la gestion de fortune.D'abord saluée, sa stratégie est ensuite critiquée après trois exercices consécutifs de pertes et une chute du cours de l'action.
Près de cinq ans après, la rupture semble déjà consommée avec l'intelligentsia bancaire suisse."Tidjane Thiam contre l'establishment" titre fin janvier le site local financier Finews.com en relatant le bras de fer engagé entre le patron et l'élite zurichoise, après l'éclatement d'un scandale d'espionnage d'anciens cadres du Credit Suisse et de l'ONG Greenpeace.Scandale dans lequel Tidjane Thiam nie toute implication.
Finalement, l'"Obama de la finance", comme l'avaient surnommé certains tabloïds suisses, jette l'éponge, éclaboussé par l'implication dans l'affaire de son fidèle bras droit, le Français Pierre-Olivier Bouée.Il quittera le Credit Suisse le 14 février après la présentation des résultats annuels.
Agé de 57 ans, que va faire le grand patron?Se lancer à nouveau dans une aventure politique en Côte d'Ivoire, où il est né?Tous les paris sont ouverts pour celui dont le nom avait circulé pour succéder à Christine Lagarde à la direction du FMI.
Né en juillet 1962 dans une famille baignant dans la politique (son père, diplomate plusieurs fois emprisonné pour ses opinions, a épousé une nièce de l'ancien président Félix Houphouët-Boigny), l'homme fait figure de pionnier dès ses études supérieures.
Il est le premier Ivoirien à entrer à l'Ecole Polytechnique, couronnement d'études brillantes en France.
Il est recruté en 1988 par le célèbre cabinet de consultants américain McKinsey, au sein duquel il travaille à Paris et New York, avant d'être appelé en 1994 par le président ivoirien Henri Konan Bédié.Au départ haut fonctionnaire, il devient en 1998 ministre de la Planification.
Mais cette carrière en politique s'écroule fin 1999, quand le gouvernement est renversé alors qu'il se trouve à l'étranger.Il rentre au pays mais se retrouve assigné à résidence, et repart en France au bout de six mois.
- "Plafond de verre" -
Les déconvenues ne s'arrêtent pas là.L'homme, à la haute silhouette et au sourire tranquille sous sa paire de lunettes, connaît en France, selon ses propres termes, la "fatigue de (se) cogner le crâne contre un plafond de verre parfaitement invisible mais ô combien réel".
Il racontera plus tard comment un ancien camarade d'école devenu chasseur de têtes lui avait avoué avec embarras qu'il ne le présentait plus à ses clients français, "parce que la réponse invariablement était : profil intéressant et impressionnant mais vous comprenez…".
Il part alors pour le Royaume-Uni en 2002, embauché par l'assureur Aviva, où il gravit les échelons jusqu'à devenir responsable pour l'Europe, avant de rejoindre Prudential en 2008, comme directeur financier, puis d'en prendre la direction générale en octobre 2009.
Un an après sa nomination à la tête de la "Pru", le carrosse menace de se transformer en citrouille, lorsque qu'il renonce à racheter l'assureur asiatique AIA, faute d'avoir pu renégocier à la baisse le coût colossal de cette transaction (35,5 milliards de dollars).
Ce fiasco laisse une facture salée (450 millions de livres) à Prudential, fait hurler certains actionnaires et manque de lui coûter son poste.
Malgré cet échec cuisant, Tidjane Thiam a redoré son blason en dégageant année après année de bons résultats, et développé fortement Prudential, notamment dans les pays émergents.
Peu connu du grand public en France, ce père de deux enfants et fan du club de football d'Arsenal s'est vu remettre en 2012 la Légion d'Honneur, des mains de l'ancien patron de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet.
Ce dernier avait alors salué son "cursus éblouissant", et souligné "ne pas connaître d'autre exemple de personne ayant trois dimensions aussi fondamentales, africaine, française et orientée vers +le vaste monde+".
«NOO LANK» A LA CROISEE DES CHEMINS!
Depuis deux mois, le collectif «Noo Lank» met la pression sur les autorités. Il veut les contraindre à annuler la mesure augmentant le prix de l’électricité et à libérer Guy Marius Sagna, arrêté au cours d’une manifestation devant le palais présidentiel
Seydina Bilal DIaLLo et Abou Sy |
Publication 08/02/2020
Depuis deux mois, le collectif «Noo Lank» met la pression sur les autorités. Il veut les contraindre à annuler la mesure augmentant le prix de l’électricité et à libérer Guy Marius Sagna, arrêté au cours d’une manifestation devant le palais de la République. Face à un gouvernement qui fait la sourde oreille, le mouvement entend revoir sa stratégie et intensifier son combat.
«Noo Lank» peut se permettre une pause d’une semaine après le succès éclatant de sa dernière marche. Une manière également de reculer pour mieux sauter face à un gouvernement insensible à ses différentes doléances et qui à la limite même semble mépriser les actes posés par les membres du collectif regroupant des entités hétéroclites. Joint au téléphone, Dr Babacar Diop estime que les autorités suivent très bien ce qui se passe et qu’elles sont même inquiètes. La preuve, dit-il, le médiateur de la République, Alioune Badara Cissé les a reçus pour soulever ensuite l’éventualité d’une rencontre avec le président de la République.
Selon le Secrétaire général des Forces démocratiques du Sénégal (FDS), Macky Sall a désormais l’obligation de négocier et de parler avec le peuple. «Il doit écouter et entendre la clameur et la colère du peuple pour arriver à prendre une mesure juste et raisonnable telle que l’annulation de la hausse du prix de l’électricité. Surtout que cette augmentation entraine par ricochet la hausse du prix des denrées de première nécessité et du transport », explique-t-il. «Noo Lank» dit être aujourd’hui bien outillé et mieux armé pour maintenir la mobilisation. A en croire le leader des FDS, le collectif a appris des erreurs de Aar Li Nu Bokk qui, à moment, peinait à mobiliser les citoyens. «Aujourd’hui, la réalité est que le mouvement social n’est pas mort. Depuis plusieurs semaines et bientôt deux mois, ‘’Noo Lank’’ arrive à mobiliser le peuple sénégalais. Il faut maintenir cette mobilisation et impliquer l’intérieur du pays, la banlieue et la diaspora », préconise-t-il.
IMPORTANTE REUNION DE «NOO LANK» DEMAIN
Dr Babacar Diop laisse entrevoir aussi qu’il y aura des changements dans leur stratégie. «On a une rencontre très importante demain dimanche au siège de Noo Lank pour décliner une nouvelle feuille de route. Et vous constaterez des changements dans la démarche du mouvement. Les Commissions y travaillent et il y a de nouvelles propositions», indique-t-il. Le leader politique, originaire de Thiès, fait savoir que les marches seront maintenues, mais qu’il y aura à côté d’autres types de manifestations, de mobilisations et d’informations. «Tant que Guy Marius Sagna restera en prison, il n’y aura pas de stabilité dans le pays. Je pense que maintenir Guy en prison est une défaite pour le mouvement social et le mouvement citoyen au Sénégal», laisse-t-il entendre. Un autre membre du collectif «Noo Lank» en l’occurrence Daouda Gueye soutient qu’effectivement, il y a d’autres méthodes pour poursuivre le combat. «Déjà, il y a un mémorandum qui va paraitre la semaine prochaine. Un document dans lequel nous avons consigné l’ensemble des arguments qui démontrent qu’il y a matière à soupçonner une fraude organisée par la Senelec. Mais également, une volonté de l’Etat du Sénégal de crever davantage les revenus des Sénégalais, en complicité avec la Commission de régularisation des secteurs de l’électricité», révèle-t-il.
Il indique également que d’autres initiatives vont être prises, notamment allant dans le sens d’exiger la libération du camarade Guy Marius Sagna non sans confier qu’il se pourrait que ces actions soient spectaculaires. «On n’acceptera pas que Guy Marius Sagna soit enterré au Camp pénal. Nous allons mettre la pression sur l’Etat pour qu’ils comprennent en fait qu’on ne peut pas jouer avec la liberté des gens et qu’on ne peut pas non plus accepter cet acte arbitraire à arrêter Guy Marius Sagna. Nous ne lésinerons sur aucun moyen, nous userons de toutes les méthodes pour exiger sa libération», martèle-t-il. Daouda Gueye informe ainsi qu’en début de semaine prochaine, «Noo Lank » va tenir une conférence de presse pour dévoiler certains de ses plans d’actions qui, au-delà, des marches, sit-in et des distributions de flyers, présentera d’autres stratégies. «Nous avons continué les contacts en allant rencontrer les chefs religieux mais également les notables et autres personnalités de ce pays là tout cela allant dans le sens de maintenir cette démarche inclusive et participative », confie-t-il.
RENCONTRE EVENTUEL AVEC MACKY SALL : «A CONDITION QUE GUY MARIUS SAGNA FASSE PARTIE DE LA DELEGATION»
Par ailleurs, interpellé sur une possible rencontre avec le chef de l’Etat, le Secrétaire général des Forces démocratiques du Sénégal estime que rencontrer Macky Sall n’a jamais été à l’ordre du jour du «Noo Lank». C’est Alioune Badara Cissé qui avait émis l’idée mais la question n’a jamais été débattue au sein de l’organisation hétéroclite. A l’en croire, il n’y a pas eu de demande formelle ou une attitude formelle des autorités visant à rencontrer Noo Lank. Pour Dr Diop, à leur niveau, ils maitrisent le terrain et leur principal interlocuteur, c’est le peuple. « Il s’agit de mobiliser et de conscientiser le peuple et arriver à faire entendre raison au gouvernement», ajoute-t-il. Toutefois, Babacar Diop affirme que le jour où il sera question d’une audience avec le chef de l’Etat, le mouvement donnera sa position. Mais pour l’heure, ditil, au sein de «Noo Lank », ils pensent que le gouvernement doit revenir sur la hausse du prix de l’électricité et libérer Guy Marius Sagna. «Elargir Guy Marius est une question centrale surtout qu’il ne peut être maintenu en prison de façon injuste en violation flagrante du droit», soutient Monsieur Diop.
Quant à Daouda Gueye, il pense qu’il n’est pas cohérent qu’ils aillent rencontrer le chef de l’Etat au Palais alors que Guy Marius Sagna est derrière les barreaux. « Il faut que Guy Marius Sagna soit libéré pour qu’avec lui nous puissions, dans une délégation éventuellement, aller rencontrer le président de la République. Ce qui permettrait à nos camarades Guy Marius Sagna, Pape Abdoulaye Touré et les autres respectivement Babacar Diop à retourner au Palais pour parachever effectivement leur souhait qui avait été au départ de le rencontrer et qu »ils avaient été entravés par cette arrestation-là. C’est ça que nous avons dit. Et je pense que c’est une question de bons sens. Parce que ce serait quand même incohérent d’aller rencontrer le chef de l’Etat sans la présence des camarades qui ont été arrêté parce qu’ils ont voulu rencontrer le président de la République», conclut Daouda Gueye.