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28 septembre 2025
LE PAPE FRANÇOIS PLAIDE POUR UN MONDE PLUS HUMAIN
Urbi et Orbi. C’est la bénédiction que le Pape donne à Rome et au monde entier. Et cette année, à cause de la pandémie du Coronavirus, le Pape François a délivré son message à la ville et au monde à l'intérieur de la Basilique fermée au public.
Mamadou Mbakhé NDIAYE avec le figaro |
Publication 14/04/2020
Le Chef de l’Eglise catholique a délivré, à l’occasion de la fête de Pâques, un message poignant à l’endroit des fidèles chrétiens en particulier et de l’humanité en général. respectant les mesures de confinement, le Pape François a invité depuis la Basilique Saint Pierre à l’annulation de la dette des pays pauvres et aussi à un cessez-le-feu mondial.
Urbi et Orbi. C’est la bénédiction que le Pape donne à Rome et au monde entier. Et cette année, à cause de la pandémie du Coronavirus, le Pape François a délivré son message à la ville et au monde à l'intérieur de la Basilique fermée au public. Toutefois, le public n’a pas répondu présent, indépendamment de sa volonté, mais le religieux n’a pas raté son rendez-vous avec les fidèles en délivrant un message poignant à toute l’humanité. «Ce temps n'est pas le temps des égoïsmes parce que le défi que nous affrontons nous unit tous et ne fait pas de différence entre les personnes», soutient Pape François avant d’ajouter : «En considération des circonstances, que soient relâchées aussi les sanctions internationales qui empêchent les pays qui en sont l'objet de fournir un soutien convenable à leurs citoyens, et que tous les Etats se mettent en condition de faire front aux nécessités majeures du moment, en réduisant, sinon carrément en remettant la dette qui pèse sur les budgets des plus pauvres.» A l’en croire, ce n’est pas le temps des divisions. «Que le Christ, notre paix, éclaire tous ceux qui ont des responsabilités dans les conflits, pour qu'ils aient le courage d'adhérer à l'appel pour un cessez-le-feu mondial et immédiat dans toutes les régions du monde.» De l’avis du saint homme, ce n'est pas le temps de continuer à fabriquer et à trafiquer des armes, dépensant des capitaux énormes qui devraient être utilisés pour soigner les personnes et sauver des vies.
Le Pape François a compati en outre au drame qui sévit en Europe, tout en invitant les habitants du vieux continent à l’introspection. «Il est plus que jamais urgent, surtout dans les circonstances actuelles, que les rivalités ne reprennent pas vigueur, mais que tous se reconnaissent membres d'une unique famille et se soutiennent réciproquement», affirme-t il tout en leur demandant de résister à la tentation de l’égoïsme ou d’un retour au passé.
Par ailleurs, se prononçant sur la question des migrants, il a déploré les conditions indignes vécues par les enfants en Libye et aux frontières entre la Turquie et la Grèce. Il signale aussi que les pauvres, les sans-abris et les réfugiés ne doivent pas être laissés seuls et sans médicament. «Ce n’est pas le temps de l’indifférence», tranche le Pape François. Adaptant son discours aux circonstances du moment, il a estimé qu’il y a une autre contagion qui se transmet de cœur à cœur et qui est celle de l’espérance. Il a encouragé aussi ceux qui sont dans les maisons à cause du confinement d’en profiter pour redécouvrir les joies de la famille.
UNE CACOPHONIE AU SOMMET DE L’ETAT
La gestion du marché des transports des vivres a laissé planer le doute dans l’esprit de certains Sénégalais.
La gestion du marché des transports des vivres a laissé planer le doute dans l’esprit de certains Sénégalais. D’aucuns n’ont pas compris qu’un appel d’offres soit lancé à ce propos ; alors qu’un collectif des acteurs des transports routiers était prêt à acheminer gratuitement les vivres. A cela, s’ajoute la polémique sur le budget prévisionnel pour cette opération.
L’information selon laquelle le budget du transport des vivres est estimé à 6 milliards Fcfa est venue perturber les plans du gouvernement, l’obligeant même à se prononcer sur le sujet. Pourtant, il était plus facile pour le ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale de couper court dès le début à ce qu’il qualifie de fausse information et de donner les vrais chiffres concernant cette opération. Mais il a fallu que la pression s’exerce sur lui pour que le ministre Mansour Faye réagisse. «J’ai suivi comme tout le monde cette fausse information qui a circulé dans les réseaux sociaux. Et j’étais étonné d’entendre les montants avancés sans aucune base réelle», a déclaré Mansour Faye. Rétablissant sa part de vérité, il indique que le transporteur est payé 18.500 Fcfa la tonne pour effectuer le transport des vivres dans les régions périphériques (Ziguinchor, Kédougou et Matam).
Pour les régions du centre (Fatick, Diourbel, Kaffrine et Louga), le coût est de 7.500 Fcfa la tonne. Toujours à l’en croire, pour les régions de Tambacounda et de Saint-Louis, c’est à peu près 15.000 Fcfa la tonne. Après avoir précisé que Dakar ne fait pas partie du lot et qu’elle sera gérée par les camions de l’armée, Mansour Faye a demandé aux uns et aux autres de faire le calcul en se fondant sur les volumes déjà annoncés par région.
Ainsi, il estime que le coût global du transport sera évalué à moins de 1,5 milliard Fcfa. «Ce prix global du transport pourrait éventuellement baisser», soutient-il en rappelant que l’association des transporteurs est venue leur offrir ses services pour les accompagner. Même si le ministre Mansour Faye est sorti pour se rattraper, force est de constater que ce retard dans la communication a installé une cacophonie au sommet de l’Etat.
D’ailleurs, un de ses collègues ministres, en l’occurrence Abdou Karim Fofana a affirmé sur le plateau de la «RTS» qu’un budget prévisionnel de 3,5 milliards Fcfa avait été dégagé pour le transport des vivres. Alors que jusque-là, le ministre en charge de la Solidarité n’avait pipé mot. Attributaire du marché du transport des vivres, le député et non moins opérateur économique, Diop Sy vient en rajouter à la cacophonie. D’autant que ce dernier précise que le montant ne dépasse pas 1,8 milliard Fcfa.
A l’en croire, les six milliards dont on parle est une pure invention. Se montrant catégorique, il estime que le coût du transport ne peut pas dépasser 2 milliards Fcfa. Autre fait qui révèle une cacophonie, c’est la façon dont le gouvernement a traité avec le collectif des acteurs des transports routiers du Sénégal qui était prêt à servir gratuitement l’Etat dans cette opération. Les transporteurs ont soutenu ne pas comprendre que des appels d’offres soient lancés par l’État pour le transport des denrées alimentaires alors que des efforts sont consentis par les routiers pour participer à l’effort de guerre.
Une cacophonie qui ne dit pas son nom, selon Mor Sourang qui appelle le Président Macky Sall à mettre sur pied une commission de gestion Covid-19 qui sera gérée par ses opposants, pour plus de transparence. Et que demain, ajoute-t-il, s’il y a scandale, personne ne pourra le lui imputer.
SOUPÇONS DE MICMAC
La distribution des vivres aux ménages impactés par le covid-19 va faire grand bruit les jours à venir. Au-delà de la polémique sur les appels d’offres, le coût du transport, il y a la distribution des denrées sur le terrain qui pose problème.
La distribution des vivres aux ménages impactés par le covid-19 va faire grand bruit les jours à venir. Au-delà de la polémique sur les appels d’offres, le coût du transport, il y a la distribution des denrées sur le terrain qui pose problème.
A priori, le gouvernement veut s’appuyer sur le Registre national unique (Rnu), un document issu de larges concertations sous la direction de l’Agence nationale des statistiques (Ansd). Sauf que ce fameux Rnu comporte plusieurs incongruités qui jurent d’avec la transparence qui doit être le viatique de cette opération. Sinon comment comprendre, dans certaines localités, que le nombre de ménages dit vulnérables soit supérieur au nombre d’inscrits sur le Registre national unique ?
A la lecture du document qui circule sur le net, on est frappé par cet impair qui ajoute une couche sombre au parfum de micmac qui se répand dans l’atmosphère autour de la distribution des vivres. La lueur d’espoir née du choix de l’armée s’est vite estompée, laissant place à un vent de suspicion, légitime du reste.
A l’intérieur du pays, au Fouta, dans le Sénégal oriental, dans le Fouladou, on a parfois frôlé des affrontements. A Missirah, département de Tamba, les chefs de village ont reçu une lettre du maire les appelant à sélectionner des familles devant bénéficier de cette aide. Les deux villages les plus peuplés (Tessan et Bidiancoto) ont été sommés de sélectionner respectivement 30 et 20 familles sur des centaines de ménages vulnérables.
Pour les autres villages et hameaux moins peuplés, c’est 8 ou 10 ménages qui doivent être sélectionnés. Conséquence : devant l’impossible compromis, certains ont rejeté les vivres. Ailleurs, à Niaoulin Tanou par exemple, la réunion pour le choix de 8 bénéficiaires a failli virer aux affrontements. Dire que la situation est électrique relève d’un euphémisme. Bref, c’est à se demander quel est le rôle de l’Armée dans cette opération ? Qui plus est, pourquoi demander aux chefs de village de choisir des ménages vulnérables si tant est que le Rnu identifie déjà les ayants droit.
L’absence de transparence sur les opérations risque d’annihiler l’ingénieuse idée d’appuyer les impactés du covid-19 et pire, de déboucher, à l’image du Kenya, sur des affrontements. N’est-ce pas René de Chateaubriand qui disait : ventre affamé n’a point d’oreille mais un sacré nez.
Amadou BA
ONG JAMRA TIRE LA SONNETTE D’ALARME ET APPELLE A LA VIGILANCE
Pour plus de transparence dans l’opération, l’Ong Jamra déplore la cacophonie qui entoure la distribution des vivres et tire la sonnette.
Dans le but de venir en aide aux familles démunies impactées par le Covid-19, le Président Macky Sall a lancé, samedi dernier, le coup d'envoi de la distribution de l'aide alimentaire d'urgence destinée à près d'un million de ménages sénégalais. Pour plus de transparence dans l’opération, l’Ong Jamra déplore la cacophonie qui entoure cette opération et tire la sonnette. Les dirigeants de Jamra appellent le président de la république à faire preuve de beaucoup de vigilance citoyenne afin que tout se passe dans les règles de l’art.
Dans ce contexte de crise économique engendrée par la pandémie du nouveau Coronavirus, 146 000 tonnes de denrées alimentaires vont être distribuées aux ménages ciblés sur l’ensemble du territoire national pour leur venir en aide. Dans un communiqué, l’Ong Jamra appelle le chef de l’Etat à la vigilance et déplore la cacophonie autour des milliards annoncés dans le transport des denrées alimentaires.
Mame Matar Guèye et ses camarades ne manquent pas de s’interroger : «Que signifie cette cacophonie entre l'annonce de milliards de F CFA inscrits au budget prévisionnel du transport des denrées alimentaires en guise de soutien aux populations semi-confinées, et la généreuse et patriotique déclaration des transporteurs routiers qui disent avoir mis gracieusement à la disposition de l'Etat leurs outils de travail pour la distribution des vivres ?»
Les responsables de Jamra trouvent que cette cacophonie est d’autant plus incompréhensible que «le collectif des acteurs des transports routiers du Sénégal" (CATRS) avait annoncé qu'il apportait son soutien à l’Etat dans la lutte contre le Covid-19 en «mettant à la disposition du gouvernement et des organisations contributives à l’aide apportée aux populations en matière de vivres et de médicaments, pendant cette période de pandémie, tout le parc de véhicules, poids lourds ainsi que leurs employés, pour faciliter le transport du matériel et des vivres vers les populations nécessiteuses».
Surpris par ce débat, ils en appellent à la vigilance du Président Macky Sall et au devoir de vigilance citoyenne qui incombe à tous les contribuables sénégalais pour que personne ne puisse transformer cette douloureuse crise sanitaire en corona-business! «Il serait immoral de vouloir profiter du malheur de nos compatriotes victimes du coronavirus, et des angoisses de milliers de familles indigentes et confinées, pour piller les maigres ressources financières dédiées à la "task-force covid-19 », collectées en catastrophe auprès de généreux donateurs, et au prix de mille contorsions budgétaires de plusieurs démembrements de l'État», clament les responsables de l’Ong Jamra qui considèrent que toutes formes de malversations ou de détournement risquent de saper les nobles initiatives de solidarité et d'entraide qui avaient surgi volontiers de plusieurs segments de la société sénégalaise, après l'Appel solennel lancé dès le début de la crise par le chef de l'État.
Pour parer à toute éventualité, souligne Jamra, «il est urgent que la représentation nationale, qui avait unanimement conféré au président de la République des pouvoirs exceptionnels, totalement affranchis des labyrinthes des circuits administratifs décisionnels, monte en première ligne pour, de concert avec l'Exécutif, étouffer dans l'œuf toutes velléités de malversations».
L’Ong Jamra invite en outre le chef d’Etat à impliquer surtout l'opposition et la Société civile, dans la gestion financière de cette crise sanitaire et sociale en prenant « des mesures conservatoires urgentes pour prévenir ces manœuvres, alléguées ou avérées, qui seraient indignes d'un pays sanitairement sinistré».
Par Jean Pierre Corréa
L’APPEL DE MACKY SUR LA DETTE FAIT FLORES
Le traitement du coronavirus va s’ajouter à un fardeau déjà bien lourd : l 'Afrique, c’est presqu'un quart des cas de pathologies les plus lourdes comme la tuberculose, la malaria ou le VIH, mais seulement 1 % des dépenses globales de santé.
Le traitement du coronavirus va s’ajouter à un fardeau déjà bien lourd : l 'Afrique, c’est presqu'un quart des cas de pathologies les plus lourdes comme la tuberculose, la malaria ou le VIH, mais seulement 1 % des dépenses globales de santé.
Pour faire face à l'urgence plusieurs gouvernements ont pourtant réussi à débloquer des fonds destinés en priorité à la santé. Secteur on le sait qui avait lourdement pâti des mesures drastiques imposées par nombre de bailleurs de fonds pour stimuler nos économies. Mais pour le moment aucun État africain n’a les moyens de dégainer des milliards comme l’ont fait les pays occidentaux pour soutenir massivement leurs salariés et leurs entreprises paralysées par le confinement.
Pour dépenser plus d'argent public, il faut pouvoir recourir à l’emprunt, or les États africains sont déjà à l’os. Pour stimuler la croissance ils ont emprunté tous azimuts. De quoi s'inscrire dans la logique de la demande d'annulation faite par le président sénégalais Macky Sall se faisant écho de la forte préoccupation de nombre de ses homologues. Parce que l’Afrique va payer le prix de la récession économique mondiale : chute des matières premières, arrêt des entreprises, chute des exportations… Cela va aggraver le chômage et la précarité sociale, sachant que très peu de pays africains ont des mécanismes de protection sociale. Plus de 1300 milliards venaient régulièrement de ces envois des Sénégalais de l’Extérieur alors qu’on sait que les principaux pays d’émigration des Sénégalais que sont la France, l’Italie, l’Espagne, les Etats-Unis entre autres, restent confinés et que plus aucun envoi ne provient de ces pays, depuis les mesures de confinement préconisées par les gouvernements.
Sur le plan national, la morosité économique affecte des pans entiers de l’économie, comme l’hôtellerie, la restauration, les transports aériens, maritimes et terrestres, le secteur des Btp entre autres. L’appel lancé par le Président Macky Sall fait florès, et il est entendu par d’autres leaders mondiaux, comme le Pape François, le Roi du Maroc, l’ancien premier ministre britannique Tony Blair et hier soir par Emmanuel Macron, qui a fait de la solidarité avec le continent africain un élément fort de son allocution de sortie de crise.
C’est une preuve de leadership, d’autant que l’Union Africaine suit et se dote d’un fonds piloté par un de ses fils les plus brillants, Tidiani Thiam. Mais aller au-delà est sans doute nécessaire mais sera hyper complexe à réaliser, car le tiers de la dette africaine est détenu par des créanciers privés. C'est cette dette privée qui génère les intérêts les plus élevés, mais négocier dans l'urgence avec cette nébuleuse d'acteurs, des banques, des fonds, des négociants en matières première relèvera du tour de force. Il sera nécessaire aussi de reconnaître nos errements en matière de gestion de ces endettements contractés, et ne pas donner l’image redoutable d’une partie de notre classe politique et économique qui tirerait profits de ces efforts universellement requis en guise de solidarité face au Covid 19.
Le pire pour l’Afrique ne sera pas le nombre de ses morts, mais le fait de voir son économie ravagée par cette pandémie, sans qu’elle ait su tirer les leçons du passé, qui confinaient tout de même à une certaine forme excessive de gabegies.
Jean Pierre Corréa
DES TALIBÉS CHERCHENT À ÉCHAPPER AU CORONAVIRUS
Les restaurants qui offraient à ces jeunes démunis un peu de nourriture sont fermés. Et les passants qui leur faisaient l'aumône se détournent d'eux, sans parler de la police qui les déloge sans ménagement de leurs points de chute habituels
Décriés par une population craignant la contamination, pourchassés par les policiers chargés de faire appliquer le couvre-feu, les enfants et adolescents qui vivent dans les rues de Dakar se tournent vers une association pour reprendre des forces et échapper au coronavirus.
Dans la capitale sénégalaise, ville de plus de trois millions d'habitants où résidences de luxe côtoient des quartiers surpeuplés, ils sont des centaines, voire des milliers, parfois âgés de cinq ans à peine, à vivre dans la rue.
Ils ont rompu avec leur famille, fui les maltraitances d'un maître coranique ou rejoint la rue simplement par "soif de liberté", explique Cheikh Diallo, l'un des responsables de Village Pilote, une association franco-sénégalaise qui leur vient en aide depuis près de 30 ans.
Ils vivent de petits boulots, de larcins ou de mendicité, dormant à même la rue ou dans des immeubles en construction.
Mais depuis que le coronavirus a fait son apparition dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, contaminant quelque 300 personnes et causant la mort de deux d'entre elles, "la mendicité, ça ne marche plus", explique Bamba Seck, 18 ans.
Ce jeune homme aux traits juvéniles passe d'habitude ses journées et ses nuits près du Palais de justice et de la prison de Rebeuss, aux portes du centre historique et administratif de Dakar.
A l'ombre des acacias
Dans un pays où une rumeur de contamination peut rapidement enflammer un quartier, les gens ont "commencé à se méfier de nous" quand "un gars (du voisinage) a été soupçonné d'avoir attrapé le coronavirus", raconte Bamba, assis à l'ombre d'un acacia du centre d'hébergement de l'association Village Pilote.
Comme une centaine d'autres enfants de la rue, il s'est réfugié il y a quelques jours dans ce vaste domaine aux allures de camp de vacances, implanté dans un paysage de dunes, de baobabs et de fromagers à proximité du Lac Rose, à une heure de route au nord de Dakar.
Dans la capitale, les restaurants qui offraient à ces jeunes démunis un peu de nourriture sont fermés ou tournent au ralenti depuis près d'un mois. Et les passants qui leur faisaient l'aumône se détournent d'eux, explique un responsable de l'association, pour qui ils vivent une "galère" sans précédent.
Les jeunes rencontrés par l'AFP se plaignent surtout d'être délogés sans ménagement de leurs "points de chute" habituels par les forces de l'ordre chargées de faire respecter le couvre-feu nocturne instauré dasn tout le pays.
"Ils jouent au chat et à la souris avec la police, ils se cachent, ils n'ont plus d'endroit où dormir... Ils sont très fatigués", souligne Cheikh Diallo, le responsable du village du Lac Rose.
Avec l'apparition du virus, l'association avait décidé de ne plus accueillir de nouveaux pensionnaires, pour éviter les contaminations. A la place, elle a organisé des distributions de vivres dans les rues de Dakar.
Quarantaine, repos et rugby
Interpellée par des jeunes en détresse, elle a finalement décidé de leur rouvrir ses portes, tout en plaçant les nouveaux arrivants en quarantaine pendant deux semaines, séparant les "petits" des "grands".
Tous les matins, un infirmier vient relever leur température.
Le reste du temps, ils se reposent dans de jolies bâtisses de briques ocres, sur des matelas posés à même le sol. Certains parmi les plus âgés s'improvisent tatoueurs, pendant que d'autres s'échangent des passes avec un ballon de rugby --l'une des spécialités du centre-- ou lavent leur linge à l'eau d'un puits.
A la fin de la crise sanitaire, ils pourront retourner dans la rue, tenter de renouer avec leurs familles ou rester au Village Pilote pour y suivre des cours d'alphabétisation ou une formation aux métiers de l'hôtellerie, de la menuiserie ou de la mécanique.
Ansu Sané, 19 ans, fait partie du groupe des adolescents en quarantaine, uniquement composé de garçons. Cinq ans après avoir quitté la Casamance, dans le sud du pays, cet "apprenti chauffeur" accompagnait jusqu'il y a peu les cars de voyageurs, juché à l'arrière du véhicule.
Mais depuis l'instauration de l'état d'urgence, la circulation entre les régions du Sénégal est interrompue et il "ne gagne plus rien", dit-il.
Au village, il prend bien soin de se laver les mains et s'inquiète pour sa famille, restée en Casamance. Fataliste, il pense que si "Dieu veut qu'il attrape le coronavirus, (il) n'y peut rien".
8 TESTS POSITIFS DONT 2 CAS COMMUNAUTAIRES
Selon les examens virologiques reçus par le ministère de la Santé, ce mardi, 14 avril 2020, sur les 272 testés qui ont été réalisés, 8 sont revenus positifs. Il s’agit de 6 cas contacts suivis et de 2 cas communautaires.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale a fait le point de la maladie du Coronavirus au Sénégal. Selon les examens virologiques reçus par le ministère de la Santé, ce mardi, 14 avril 2020, sur les 272 testés qui ont été réalisés, 8 sont revenus positifs. Il s’agit de 6 cas contacts suivis et de 2 cas communautaires.
La bonne nouvelle est que 5 cas ont été testés négatifs donc guéris. Le ministère de la Santé informe que l’état de santé des patients est stable.
A ce jour, le Sénégal compte 299 cas déclarés positifs dont 183 guéris, 1 évacué, 2 décès et 113 sous-traitements.
Le ministère de la Santé rappelle aux Sénégalais le respect des mesures de prévention.
VIDEO
DAAN CORONA
Le roi est sorti pour faire face au Corona. Pour ce combat planétaire, Youssou Ndour a ratissé large pour faire passer le message au Studio Sankaré dirigé de main de maitre par Didier Awadi
Le roi est sorti pour faire face au Corona. Pour ce combat planétaire, Youssou Ndour a ratissé large pour faire passer le message au Studio Sankaré dirigé de main de maitre par Didier Awadi. ''DAAN CORONA'' est le titre de ce nouveau single de 4 minutes 58 secondes qui a regroupé autour du leader du super étoile des rappeurs et des mbaalaxmanes. Ensemble ils mènent le combat contre la propagation du virus au Sénégal.
LA PANDÉMIE DU COVID-19 TOUJOURS À LA UNE DES QUOTIDIENS
Dakar, 14 avr (APS) – Les quotidiens reçus mardi à l’APS s’intéressent largement au Covid-19 avec des sujets se rapportant à l’évolution de la courbe des contaminations, la polémique sur le coût du transport des vivres destinés aux familles vulnérables et aux ’’échos considérables’’ à l’appel de Macky Sall pour l’annulation de la dette des pays africains.
Libération s’inquiète de la transmission communautaire et affiche à la Une : ‘’Dakar sous tension’’. ‘’Presque tous les districts de la région de Dakar ont enregistré des cas de transmission communautaire, du coronavirus (…). La situation de la région de Dakar est plus que préoccupante : à la date du 13 avril, elle enregistrait 189 cas positifs depuis l’apparition de la maladie sur un total national de 291 cas’’, écrit le journal.
La Tribune pose ‘’l’équation’’ du coronavirus au Sénégal et note que 25 cas positifs ont été identifiés à Louga tandis que 20 personnes ont été placées en quarantaine à Touba.
Le journal Source A donne ‘’les raisons de paniquer’’ après l’annonce des 26 cas testés positifs en 72 heures, avec à la clé, le retour des cas communautaires.
‘’Entre samedi, dimanche et lundi, 26 nouveaux positifs ont été enregistrés. Il s’agit de cas contacts et de cas issus de la transmission communautaire. Sur la liste des 11 cas recensés, hier, Louga caracole en tête, avec sept malades. Ensuite Guédiawaye, le district Dakar-Sud ; Yeumbeul et Goudiry (Tamba) (ont enregistré) chacun 1 patient’’, informe le journal.
L’augmentation des cas communautaires fait dire à Waa Grand-Place que ‘’les Sénégalais narguent le danger’’. Et le journal note que le président Macky Sall, ‘’fâché’’ en appelle à ‘’la conscience citoyenne et au respect des mesures’’.
A propos des mesures de protection, Sud Quotidien aborde l’éventualité d’un confinement et affiche à la Une : ‘’L’alerte de Macky Sall’’. Le chef de l’Etat n’écarte pas le confinement général si la maladie du Covid-19 ’’arrive à un certain niveau’’ de propagation au sein de la population, déplorant le non respect des consignes sanitaires édictées par les autorités.
’’Si nous continuons à ne pas respecter les consignes sanitaires, la pandémie va demeurer et se propager. Si ça continue, on sera obligé de faire ce qu’on ne voulait pas faire, qui est d’ arrêter complétement la circulation. Si la maladie arrive à un certain niveau, on va vers le confinement général’’, a-t-il dit.
Le président sénégalais Macky Sall s’exprimait samedi au Port autonome de Dakar, lors du lancement de l’opération de convoyage des vivres dans les régions, dans le cadre de l’assistance aux ménages vulnérables.
L’As aborde le transport des vivres destinés aux populations et titre : ‘’Micmac autour des vivres’’. ‘’L’information selon laquelle le budget du transport des vivres est estimé à 6 milliards de francs Cfa est venue perturber les plans du gouvernement, l’obligeant même à se prononcer sur le sujet’’, souligne la publication.
Selon L’As, ‘’la gestion du marché du transport des vivres a laissé planer le doute dans l’esprit de certains Sénégalais. D’aucuns n’ont pas compris qu’un appel d’offres soit lancé à ce propos, alors qu’un collectif des acteurs des transports routiers était prêt à acheminer gratuitement les vivres. A cela s’ajoute la polémique sur le budget prévisionnel pour cette opération’’.
Le Témoin parle de ‘’polémique’’ sur les milliards du transport des denrées et note que Mansour Faye, ministre du Développement communautaire, qui pilote cette opération, est ‘’rattrapé par une nouvelle affaire de …bennes’’.
’’Après les bennes tasseuses, le ministre du Développement communautaire se retrouve au centre d’une autre affaire de bennes. Plus précisément, il s’agit de facturation du parc de camions-bennes chargés d’acheminer les vivres aux populations’’, écrit le journal.
Dans le journal L’Observateur, Mansour Faye assure que ‘’les frais de transport vont coûter au plus 1, 5 milliards de francs Cfa’’. De son côté, le député Demba Diop Sy dont l’entreprise a gagné une partie du marché répond : ‘’(…) ça tourne autour de 1, 5 à 2 milliards de francs Cfa. Ce montant est destiné à convoyer l’aide à un million de familles. (…) le transport réel pour convoyer l’aide alimentaire est de 2000 francs Cfa par famille’’.
Le Soleil note ‘’des échos considérables à l’appel de Macky Sall’’ pour l’annulation de la dette des pays africains. ‘’Le Pape François, le président Emmanuel Macron, le Roi Mohamed VI, l’ancien Premier Tony Blair (sont) en phase avec le président sénégalais’’, selon Le Soleil.
Le Pape et Macron ‘’rejoignent’’ Macy Sall à propos de l’annulation de la dette de l’Afrique, dit Le Quotidien qui affiche à la Une : ‘’Vaccins en bonne voix’’.
Par CALAME
MA MAISON, LA RUE !
Abandonnés par leurs parents biologiques, confiés à des « daaras » portés par « des maîtres » qui les jettent dans la rue avec la mission d’assurer leurs rentes journalières, ils sont tenus de rapporter une somme d’argent, du sucre, du riz (…).
Il vous est certainement arrivé, dans la rue, à un carrefour, au coin d’un feu rouge, d’avoir été interpellé par de petits talibés tendant la sébile, le regard un peu hagard, parfois plein d’intelligence, illuminant un visage marqué par les souffrances d’une vie malmenée par la précocité des épreuves intimes.
Abandonnés par leurs parents biologiques, confiés à des « daaras » portés par « des maîtres » qui les jettent dans la rue avec la mission d’assurer leurs rentes journalières, ils sont tenus de rapporter une somme d’argent, du sucre, du riz (…). A un âge censé être celui des insouciances heureuses, flottant dans des habits sales, trop amples par endroit, la peau parsemée de cicatrices, ils affichent sur des corps et des visages lavés par des larmes de tristesse, l’indignité et la brutalité de leurs quotidiens.
Combien sont-ils de petits talibés ? Combien sont-ils d’enfants dont la maison est la rue, abandonnés de tous, chapardant dès qu’ils peuvent, soumis aux intempéries, exposés aux risques de tous ordres, au viol, à la maladie, à l’alcool, à la drogue ?
Selon des chiffres publiés par l’Ong Human Watch Rights et le Samu Social, ils sont quelque 100.000 pour les premiers, 7000 pour les seconds, à avoir basculé dans les expériences douloureuses de l’arrachement et du déchirement.
Loin des parents, loin de leurs repères. Il n’est donc pas étonnant, à la lecture de l’émouvante lettre ouverte des enfants-talibés (lire ci-contre), que leur demande fondamentale soit de se rapprocher de leurs parents. « Au nom de l’humain », ils exhortent le chef de l’Etat à les « aider à retourner pour toujours » auprès des leurs.
Echaudés par leurs expériences, ils appellent à la construction de « daaras modernes intégrant l’enseignement général ». Tout en précisant ne pas vouloir d’internats, afin que leurs parents puissent assumer leurs responsabilités. Bien que lourd, le traumatisme de l’abandon ne devrait pas pour autant les pousser à jeter le bébé et l’eau du bain. Les internats ont en effet eu à jouer un rôle important dans la vie de nombre d’élèves, pour leur avoir permis de se retrouver dans des conditions matérielles et pédagogiques propices à l’apprentissage.
L’envie de retrouver la chaleur et la sécurité du concon familial rencontre toutefois des situations empêtrées dans les difficultés à satisfaire les besoins vitaux : boire, manger, dormir. Aussi, nombre de familles de talibés ont-elles préféré se défaire de leur progéniture. On ne saurait cependant s’en arrêter là, pointer du doigt la seule irresponsabilité parentale. Il en est une autre relevant des prérogatives exclusives de l’Etat. Il a en effet, à l’endroit des talibés et des enfants de la rue, une obligation de réparation, pour avoir précisément manqué à ses obligations constitutionnelles. Ainsi la loi d’orientation de l’Education nationale indique-t-elle, en son article 3 bis, que « la scolarité est obligatoire pour tous les enfants des deux sexes âgés de 6 ans à 16 ans ». Qu’elle « est assurée gratuitement au sein des établissements publics d’enseignement ».
Et elle précise : «Il est fait obligation aux parents, dont les enfants atteignent l’âge de 6 ans, de les inscrire dans une école publique ou privée. Les parents sont tenus de s’assurer de l’assiduité de leurs enfants jusqu’à l’âge de 16 ans ».
A défaut, « tout enfant âgé de moins de 16 ans et n’ayant pu être maintenu dans l’enseignement général, est orienté vers une structure de formation professionnelle ». Parce que la loi définit de façon claire et cohérente les droits et devoirs de chacune des parties, la détresse exprimée dans la lettre ouverte au président de la République met à nu les graves manquements de l’Etat par rapport à ses propres engagements. Il reste alors aux associations civiles et politiques d’ester en justice car la condition insoutenable des talibés et des enfants de la rue raconte, surtout en cette période de pandémie de coronavirus, le non-respect de la loi.
A ces organisations donc de contraindre les décideurs à remplir leurs obligations.